| Carnet de bord de Décembre 2016 | Partager sur Facebook |
Le troquet ouvre tard, café au camion et zou ! Je ne sais pas comment j'ai fait mon compte mais je retrouve dans Voiron centre, c'est tout interdit normalement. En piscines je m'en fous un peu, beaucoup même, mais là je suis vide, si je me fais serrer va falloir ramer pour expliquer. Il me semblait qu'on ne passait pas dans Voiron, qu'on prenait un boulevard au Nord... Je dois confondre avec Tombouctou ou Katmandou. Bref, je n'ai pas vu de flics. A 7h et demi je suis à St Laurent du Pont. Barrière, interphone, gilet jaune, ça se confirme je ne suis plus en piscines. On me fait entrer de suite alors qu'un panneau indique 8h. J'explique ma venue aux expéditions, le mec est au courant. Je charge deux bobines en retour sur palettes. En général dans les usines tu rames, personne n'est au courant, faut attendre le mec de la qualité... Seul hic une bobine est bien lourde, le tire-pal électrique n'en peut mais. Avec le bout de la fourche du Fen il lève un peu, le tire-pal devait penser à autre chose il n'a pas compris l'astuce. Vous allez me dire... Mais pourquoi il n'a pas chargé direct avec le Fen ? Parce qu'on charge sur une plate-forme, le Fen ne peut pas monter sur la plaque. Une sangle là-dessus pour faire joli et je m'enlève du quai. Je trouve des chiottes corrects, je vais me repudrer le nez. En partant deux polono-espagnols de chez Sertrans viennent me voir. Ils me demandent pour descendre à Lyon. C'est vrai que c'est bien le bordel, c'est interdit de partout. Je les fais passer par Les Échelles et Le Pont de Beauvoisin, je pense que j'ai bon.
Moi je vais éviter Voiron, je vois une petite route un peu plus au nord. Mon atlas me dit que le col de la Placette est interdit aux 7t5. Arrivé à la route je ne vois pas de panneaux, allez zou ! Si j'avais su j'aurais fait pareil à l'aller. Pas grave.
Vers Moirans je croise notre héros. Non ce n'est pas le Fabrice héros de Stendhal, c'est Phil héros de FDR. On fait ce qu'on peut... Tel Fabrice Del Dongo il passe les frontières pour combattre, mais il est incapable de m'aider à trouver la base Lidl de Rives , tssss, je te jure.
Mon gps m'amène directement chez le client. En fait ce sont les gros bâtiments neufs qu'on voit depuis l'autoroute. GT qui font Lidl sont juste derrière King Jouet. Je bois un café et j'attends scrupuleusement 10h, c'est la consigne. Au quatrième top d'Inter je vais voir le gardien, et bien sûr c'est pas prêt, faut attendre. Le gars est évasif, ça s'annonce mal. Il fait soleil, je passe mon câble TIR en attendant. Même pas le temps de jeter un œil à FDR, mon téléphone sonne. Une fille apporte les palettes deux par deux, ça file. Papiers, plomb, à 11h je me casse.
Le gasoil crie famine, merde, je voulais couper au travers. Me vlà à descendre à St Quentin, Fallavier pas dans le 02 quand même. J'en mets un minimum.
J'ai l'après- midi pour me rentrer, je prends tout par la nationale bien sûr. Je vais compléter le gasoil au dépôt, je fais coucou au bureau. A 18h30 je suis à la maison, je ne décroche pas, je reste devant la porte, le câble TIR attise les convoitises même si ce n'est que de la merde du Lidl.
Bien fait de programmer le Vieuxbasto moi, ça meule ce matin. C'est le seul truc bien chez Merco, le chauffage. L'air pulsé sort par les bouches du chauffage, pas de buée le matin et pas de givre.
Je pensais livrer au Lidl en ville mais non, ils montent un nouveau magasin à la sortie de la ville, direction Besac'. Facile, c'est juste à côté de l'Intermarché tout neuf. La concurrence fait rage. Ceux qui doivent être bien dégoûtés ce sont les voisins. Il y a là quelques maisons qui étaient dans la campagne jusque là, désormais ils ont deux grandes surfaces au bout du jardin, adieu la bronzette au calme pour la manman... Comme tous les chantiers c'est un gros bordel, des véhicules, de la merde, des palettes partout. Un type me dit de me mettre à quai, mais c'est impossible ! Qu'à cela ne tienne, avec le chariot j'attrape une pile de palettes perdues et je fais le chasse-neige, le chasse-poubelles quoi ! Ça fait rire deux mecs d'un côté, beaucoup moins un autre gars. Ma foi hein ! Chacun sa merde. On nous prend pour des cons, ok, je suis un con, je me fais de la place. C'est un peu long, le gars emmène les palettes direct dans le magasin, c'est loin, il doit slalomer, chiant.
Juste avant 11h je suis à Pont de Roide chez Aperam, c'est anciennement Ugine puis Mittal. On me donne une porte mais je vois qu'il n'y a pas de quai. J'explique au pontier que ça va être compliqué...
Même en ouvrant le toit par l'avant j'ai serré les bobines il ne pourra pas passer le palan. On finit par trouver un quai, quai pris évidemment, faut attendre. Dans la demi-heure c'est vide.
J'appelle Pauline pour la suite. C'est compliqué, Sevket est en panne avec les freins de sa remorque et Marc est bloqué chez ITM à Dôle. Elle me garde en soupape au cas où. Donc je glande sur un parking en attendant. Dans le quart d'heure Sevket m'appelle, il s'est demerdé avec ses freins, puis c'est Marc, il est vide. Il s'est arrangé avec Christophe le patron de chez Pierrat, ils ont échangé leur créneau de chargement. Du coup me vlà libre. J'appelle Pauline, il est ok.
A 13h je décroche à la maison, bon week à toutes et tous. Le ciel vous tienne en joie.
Explication de l'habile trucage...Marcel Gotlib est mort. Dans la Rubricabrac il donnait des astuces comme au cinéma alors que c'était dessiné, l'écharpe qui tenait dans le vent, énorme!
Je commence à prendre l'habitude de ne pas bosser le lundi matin. Après déjeuner je vais faire mon tour dans le bois, pas eu le temps ce week-end. Je fais le même tour que lundi dernier si des fois je retrouvais la télécommande de mon garage. Peine perdue, dans les feuilles mortes c'est impossible. Dans quelques milliards d'années quand le soleil va grossir grossir, s'expanser et finir par engloutir la Terre, puisqu'il est sur une colline, mon plip de garage sera peut-être le premier truc à fondre. Va savoir ? J'ai un peu de peine pour lui.
A 13h je décolle, limite en retard. C'est toujours comme ça, quand on a le temps on traîne. En plus il y a une déviation. La voie ferrée entre Belfort et la frontière est en cours de réhabilitation, les Suisses auront accès au TGV. Donc à Granvillars on va se balader dans la pampa. Au flair je coupe au travers, pour me retrouver à Seppois. J'ai 10 min de retard c'est supportable. Je pensais être le dernier de la semaine à charger mais non, il y a Sylvain qui termine puis Seb et enfin le Salem. C'est la fête quoi! Du coup je m'affole un peu. On charge, c'est un peu compliqué. Seb arrive, on va boire le café, et je lui laisse la place.
A 16h30 je suis de retour à la maison. A bas les cadences infernales. Mon Panzer a été fabriqué un 8 décembre, j'ai donc la visite du controlographe avant cette date, visite demain. Je ne vais quand même pas aller dormir à Besançon...
Plein de courage je me lève à 5h30, c'est dingue, je sais. A 8h je décroche dans la rue de chez DAF Besançon, la station électro-diesel est juste à côté. Le gars m'attaque de suite, il monte dans la cabine avec ses godasses, tssss. Je m'installe dans la salle d'attente avec mon téléphone et un Sudoku pour passer le temps. La procédure est toujours aussi ridicule, le gars s'enferme à clef dans la cage pour que je ne vois pas ce qu'il fait. S'il savait combien je m'en tape ça lui donnerait une idée de l'infini... Au bout d'un moment un gars vient me chercher, c'est la pause, ils m'offrent le café et les croissants, la classe. A 10h moins le quart c'est fini, je récupère ma calèche et je vais laver.
Personne au lavage chez Jeantet, je ne passe pas mon badge pour les rouleaux, un bon coup de Karcher c'est propre et ça fait un lavage gratuit. Je passe voir le Ludo à l'atelier, je lui demande des disques de vitesse et des bandes réfléchissantes. Avec le temps et les lavages les disques sont devenus moches, déchirés, ça fait dégueulasse et les zinzins réfléchissants se barrent en couilles sur le chariot, faut que je refasse ça proprement pendant les vacances.
A 11h zou ! Pause pain à Buvilly sur la 83, c'est bien commode ici.Sachant que j'avais la visite du tachy je ne me suis rien mis aujourd'hui, je commence demain, j'ai le temps de descendre tranquillou par la nationale. Une ou deux coupures par ci par là, un peu d'autoroute, un peu de N7, tout ça m'amène gentiment aux Gravières à Pujaut. Il est 19h je n'ai pas franchement mérité mon kir mais tant pis je vais le boire quand même.
Café douche, un peu de bouchon à l'entrée d'Avignon, normal, à 8h je suis à Aramon, patelin au bord du Rhône connu pour son usine Sanofi. Hélas je ne vais pas dans une usine mais chemin du Belvédère. Rien que le nom, ça évoque un promontoire, une côte, quelque chose qui surplombe. Effectivement ça grimpe dans le bled. Le commercial a écrit : stationnement à 1km. A 1km5 de l'arrivée je suis encore sur une bonne route, au gps la distance diminue, la taille des rues idem. 1 km4, 1 km2, 800m, 500m, ça se précise. Arrivé à 300m je lâche l'affaire. Je trouve une rue qui fait un Y pas trop serré, je fais demi-tour en deux trois fois, ouf ! J'apporte le kit et l'escalier en premier, quand je reviens pour les margelles, un pépé tourne autour de la semi. Allez c'est bon, le vieux va me prendre le chou. Mais non. « Oh je n'ai jamais vu un camion si gros ici. Vous êtes un bon chauffeur. » Je la joue sur le thème, à mon âge j'en ai vu de pire, normal . Je fais le modeste. Ce que je ne suis pas puisque je le raconte. La cliente est une ch'ti, elle m'offre un café, normal.
Je redescends de la colline pour Vergèze, le bled de la source Perrier. Le lotissement est tout près du relais routier de la Source. Facile. On range tout dans le garage, un chèque, je file.
Pas loin. Je me claque le long du Super U d'Aimargues. A 13h je suis dans un lotissement tout neuf, hyper étroit. C'est quoi la norme ? Ils ne roulent qu'en voiturette sans permis ici ? Les rues sont coupées au carré, impossible de tourner tellement c'est petit. Palettes dans le garage, papiers, zou !
La suite est à St Brès, pas loin des transports Coullon, où bosse Swedish. C'est bien le bordel, ils font une piscine municipale, ils nous cassent le boulot là ! Gros travaux, déviation, puis encore une déviation pour accéder à ma rue, un train de pneus ruiné pour une palette rénovation.
Je roule un peu, jusqu'à Béziers. A 16h15 je tourne dans Espondeilhan. Ma rue est au milieu du pays, je tourne autour, ça ne va pas. En tournant au coin de la rue, j'ai la fenêtre ouverte, j'entends un bruit de frottement, je m'arrête... c'est quoi ? Putain j'ai frotté un miroir, ces zinzins en haut d'un poteau où il n'y a pas de visibilité. Ben je l'ai pas vu ! Par chance le miroir est bien bombé, ça n'a fait aucune trace sur ma bâche, gros coup de bol. Le client me dit que le maire a aussi une Waterair, il n'habite pas loin, deux rues à côté. Oui oui, je me souviens bien d'avoir livrer le maire d'Espondeilhan il y a quelques années mais je ne me rappelle plus où c'est. Je termine la livraison avec la nuit.
J'appelle mon client de demain matin mais ça ne répond pas, merde, c'est con c'est le village à côté. Je m'en doutais j'avais comme consigne : tous les jours sauf mercredi après-midi. J'ai tenté, tant pis. Je descends à l'Oppidum, bonne adresse et il reste un peu de place.
Café-douche à 7h en route. J'ai eu le client hier soir après mangé, je voulais des explications. Je trouve la rue qu'il m'a dite pour me situer, mais pas la sienne. Je l'appelle, il me dit à droite. C'est étroit, je me gare, débâche et j'y vais avec la palette de margelles. Je fais le tour, nada, mais elle est où c'te rue ? Je rappelle le client qui me dit : « ah non à gauche. » A droite ou à gauche ? Je finis par le trouver, il me dit : «on s'est mal compris ». Mouais, on va dire ça... En fait ce pauvre gars est complètement illettré. Quand on signe les papiers il met bien 10 secondes à écrire la date, impressionnant ! Où sont passés les milliards que déverse l'état à l'éducation nationale ? Pas par lui visiblement.
Laurence m'a envoyé mon retour, faut vraiment que je me magne. Autoroute de Béziers jusqu'à la sortie vers Mirepoix, là il y a un bout pas facile vers Fanjeaux ensuite c'est du billard jusqu'à Foix. A 11h je suis chez mon dernier client vers Pamiers. Un retraité sympa, fastoche.
Le rechargement est à Perpi. Si je fais le tour par Carca, Narbonne, Perpi j'en ai pour 3 heures. Allez ! Je passe à l'ancienne par Quillan puis l'interdiction. Je franchis l'interdiction à 13h, je me dis que les gendarmes sont à la soupe à cette heure-là... Franchement faut pas regretter, déjà la route de Lavelanet à Quillan est magnifique mais ensuite, ce défilé entre les rochers est sublime et spectaculaire. Qui est le con qui a décidé de nous interdire de voir ça ?
A 14h15 je suis à Case de Pene. Il y a un conteneur à un quai, un LT à l'autre, un Doumen et un Slovaque en attente. Ça va assez vite quand même. Pour charger les sacs de calcium dans le conteneur le cariste a un Fen avec un compas, il pose l'équivalent d'une palette à chaque fois, ça file.
A 16h je suis lesté de 26t, il peut neiger. Même si ici la neige on ne fait que la voir sur les montagnes. Je suis dans le Sud donc mon réservoir est vide, premier arrêt à Narbonne. Une seule piste libre, c'est toujours blindé ici, faut dire que c'est pas loin de l'autoroute. Piste libre mais pistolet de merde, à peine tu augmentes le débit que le pistolet se déclenche comme quand c'est plein. J'arrête à 400l au bord de la crise de nerf. Oui même moi parfois je m'énerve...
J'ai déjà 6h de volant, je ne vais pas faire de miracle sur la remontée. Montpellier passe tranquillou, j'ai l'impression que c'est fini le bordel à Mtp, je me trompe ?
A 20h je suis à Loriol, j'ai 9h30 de volant, inutile de couper pour repartir si peu. Le Disque Bleu et son parking fermé me tend les bras, nickel pour le gas-oil. En plus il n'y a plus de supplément pour le couscous, tout va bien.
Ça meule bien ce matin, réveil 5h, je chope un gros coup de flemme, pas envie de sortir de la cabine douillette, je boirai le café plus loin de toute façon faudra que je coupe. En route. Arrivé sur l'autoroute, je réfléchis... j'ai changé d'avis, ok, mais ma coupure de 9h ? Putain le boulet ! J'avais prévu le café-douche comme tous les matins. Putain, voilà, de changer mes habitudes... Je suis vraiment trop con. Bon ce coup là c'est mort, inutile de m'arrêter. Là je suis bien réveillé, fin énervé. J'ai bien fait de démarrer tôt, Lyon à 7h moins dix passe à la régule. Enfin la régule pollution, 70km/h. Circulation alternée entre les immats paires et impaires ici aussi, je ne vois aucune différence, impossible de dire sur la rocade s'il y a plus ou moins de monde.
A 8h et des boulettes je suis à Villemotier, je vais déjeuner, me laver et un prendre un gros bout de pain pour aujourd'hui et demain. Arrêté, je jette un œil au tachygraphe. Arrêt hier soir 19h11 UTC, départ ce matin 4h11 UTC, j'ai le cul bordé de nouilles...9h00 sans le faire exprès. Pendant 10 secondes je crois en Dieu.
10h40 je suis chez Armstrong à Pontarlier. La gardienne a une voix de petite fille qui n'a pas mué. Terrifiante ! Je la vois bien jouer dans un film d'horreur, la petite fille gentille qui a la tête qui fait quinze tours... Le cariste termine un camion et m'attaque juste après. Sur le millier de sac, un est percé, ça coule. Je demande au cariste comment ça se passe, il me dit : « tu rigoles ? Si je te mets des réserves faut que je remplisse une tonne de papiers, ils vont faire un avoir d'un sac sur le prochain voyage, j'en ai pour deux plombes de paperasse, c'est bien. » Parfait. Pis de toute façon j'aurais mis une contre-réserve, le sac percé est entre deux, donc percé au chargement.
A midi je me casse. Pauline m'a demandé un service, Jeantet Pontarlier nous doivent une chiée de palettes Europe, c'est à côté je vais les récupérer. Le cariste est encore là, je lui dis que j'ai le temps, je vais casser la graine mais non il veut me charger de suite. Entendu.
Je casse la croûte sur le premier parking correct, puis je vais déposer mes 110 Europe chez Jeantet Besançon, on leur en doit une chiée pis un tas... Personne au lavage, comme lundi je vais mettre un coup de Karcher sauvage. C'est pas que le camion soit bien sale mais j'ai pas mal roulé dans le brouillard, ça fait des coulures noires. Jamais compris pourquoi le brouillard ça salit... Enfin si, je sais, les gouttelettes de brouillard mouillent la carrosserie, ensuite la merde se colle sur le mouillé, mais c'est bizarre quoi ! Donc je lave un coup, je vide et je rentre au dépôt.
Je fais les pleins, je décroche pour prendre une semi blanche, blanche pas trop, mais avec une fosse surtout. Elle est chargée pour le 54, avec Micka on rajoute du 67 devant. C'est bien ça va m'occuper lundi, je n'ai piscine que mardi. Nickel tout ça. A 18h je décroche à la maison, bon week', le ciel vous tienne en joie.
Décollage à 5h15 tel le vrai routier motivé, qui croit en la grandeur de son métier. Vous imaginez ? J'arrive en retard pour livrer mes bobines, l'usine ne fabrique pas de rondelles, les constructeurs ne sont pas livrés, les bagnoles perdent leurs boulons, des centaines de morts sur les routes à cause de moi. C'est trop de responsabilités, à 8h je suis à Pont à Mousson, bien sage. Bon au bruit des machines, le boum boum régulier et lancinant, ils découpent de la tôle, ils ne sont pas en rupture de stock. Aucun risque, je suis le troisième camion en attente avec de la matière. Un mec du 51 entre dans le hall, un Belge de Bratislava est aussi devant moi mais il vide en latéral dehors. C'est chiément long. Arrive encore un allemand de la Sarre puis un autre du 51. Le gars vient me voir, il n'a qu'une bobine au bout de la fosse, un coup de pont suffira, il me demande si je peux le laisser passer ? Oui ok mais l'allemand n'est pas d'accord. En bon sarrois il parle bien français, mais ne veut rien savoir. Honnêtement ça m'arrange un peu quand même, c'est toujours dix minutes - un quart d'heure de gagné. Le Bratislaboy libère la cours, le premier du 51 sort aussi, je me mets en place, à 10h15 je suis enfin vide.
Direction Strasbourg pour le deuxième client. N4 puis A4, pas de boulangerie à l'horizon, je prends une baguette monstrueusement blanche et industrielle à la Carrouf' avant Strass. A midi 20 je suis à Hoerdt. Je vois sur la porte que le pause est de 13 à 14h, bizarre comme horaire. Je sonne, une dame charmante ouvre une fenêtre, me dit qu'elle en pause pour 20 minutes encore. Pas de problème, ça me va, j'attaque mon bout de pain dégueu. Pas le temps de manger mon yaourt j'entends la lèvre du quai sur mon plancher. Cette femme est gracieuse, souriante c'est tellement rare dans les usines. J'attrape un tire-pal électrique et je me vide les 12 palettes, 6 au sol. J'aime pas bien faire ça, les palettes du dessus tanguent dangereusement. Je n'ai rien foutu par terre, c'est un miracle.
Laurence m'a donné mon retour depuis vendredi, je vais à Hochfelden, c'est à 20 bornes de là près du grand péage de l'A4. La brasserie est bien facile à trouver, dans le pays. Météor c'est de la bière de ménage, je m'attendais à voir une chiée de camions venus charger pour la grande distrib'. Que nenni, faut dire que c'est pas trop la saison de boire de la bière de soif. Je suis tout seul là dedans. On me donne un quai de suite. Une heure plus tard montre en main, je me casse, chargé, papiers, café bu.
Je me tâte, chépakoifèr. Faut que j'aille décrocher à Devecey, sachant que je charge aux piscines à 9h30, j'y vais ce soir ou demain matin ? Je roule, selon les heures je me déciderai. Vers Colmar, Pauline met fin à mes tourments existentiels, elle voudrait si je peux que je décroche la semi à Dôle, elle a du monde demain chez ITM, ça arrangerait bien ses affaires. C'est mort pour ce soir, ça passe pas en 10h. Je compte et recompte avec mon cerveau malade, je lui dis oui. Elle me demande un truc, je le fais. Je serais bien ingrat, on ne peut pas dire que je n'ai pas la paix chez ATS... A hauteur de Belfort elle me rappelle : « ça va aller demain ? J'ai compté de mon côté, ça va être juste avec les heures. Je suis inquiète. » Meuh non, je m'en occupe.
Maintenant que la commune a enfin arrangé les trottoirs j'arrive à me garer devant la maison sans trop empiéter sur la route, boh et pis hein ! On est à la campagne. Les caisseux, z'ont qu'à se serrer. Je ne décroche pas, c'est toujours 5 min de gagnées demain matin.
Démarrage à 4h30, c'est encore plus tôt qu'hier, va falloir que ça cesse... Il ne gèle pas bien fort mais en bas du village le long du Rupt ça schlitte. La route mouillée, le brouillard givrant, au stop ça reschlitte. Le verbe reschlitter ne doit pas exister, reglisser non plus d'ailleurs. Donc je ne brille pas, pas comme la route. Soulagé d'arriver à l'autoroute à Baume les Dames. A 6h15 je décroche sur le parking d'Inter Rochefort. La boulangerie dans le rond-point est déjà ouverte, je vais me chercher une baguette et un pain aux raisins, en solo c'est bien commode. En semi faut se garer en face du rond-point mais ça vaut le coup de marcher 100m, très belle boulan'.
En trois quarts d'heure je suis au dépôt, personne au gasoil je complète le plein et je récupère ma caravane. Retour au gasoil pour le chariot, je ne me souvenais plus qu'il criait famine. Personne au bureau à cette heure, je pose mes papiers sur le comptoir et je file.
A 9h et quart je suis à Seppois, pour rdv 9,30 ça va, ça a bien marché mon histoire. Cyril l'ancien exploitant de chez ATS a fini de charger dans la semi verte. Il a retrouvé la joie de vivre, il en avait plus que ras le cul du bureau. Je prends sa place, comme d'hab' en hiver il fait un froid de canard sous le auvent. C'est incroyable, il y a un micro climat sous ce truc …
Fabrice veut que je cadre, il y a trop à charger, je lui dis que non, ça va passer. Au fur et à mesure du chargement je vois qu'il a raison mais non finalement ça va. J'ai le triomphe modeste c'était juste juste. Surtout je suis quitte de me faire chier avec des cadres dans la semi pour recharger je ne sais où. Un café et je file.
A 11h15 je suis derrière le Mammouth à Éxincourt , c'est un Casino maintenant mais on dit toujours comme ça. Je crois me souvenir que ça a été la première grande surface du coin dans les années 70.
Grande surface mais petite rue pour accéder chez mon premier client. Le quartier est très ancien, pas adapté. Le client est super cool, il bosse évidemment chez Peugeot à côté mais roule en Audi. Son jardin est tout petit, on passe l'escalier par dessus le grillage et on le descend direct dans le trou. Il est content,le reste est une formalité, je prends mon chèque et zou !
Maintenant j'ai le temps, je mange un bout avant Besançon. Je prends l'A36 Besançon Dôle pour la troisième fois aujourd'hui ! Impressionnant ! Je m'accorde une demi-heure de sieste vers Chalon, ça remet les compteurs à zéro.
Je termine à bout d'heures à Deux Chaises. Aux infos ils parlent d'Ibrahim Maalouf. Avec le mec assis en face de moi on en parle. Là soit tu tombes sur le gros beauf qui trouve qu'il y a trop d'arabes à la téloche soit tu tombes sur le gars qui parle de musique. Par chance je suis avec le deuxième. Au fil de la conversation je comprends qu'il ne vote ni Le Pen ni Fillon, un pur bonheur.
Café douche en vitesse, à 6h15 décollage. Après la Croisière je prends la route de Poitiers, et je franchis l'interdiction de Magnac-Laval, j'ai le droit. A 8h et demi je suis dans un lieu-dit un peu au-dessus. Chemin à l'équerre, c'est fin, au bout il y a une mare, le chemin fait un T, je me retourne, sauvé. Ce couple de jeunes retraités est bien sympa, on vide, ils m'offrent un café, tout bien.
La suite est à Bussière-Poitevine au bout du 87. Personne à la maison, j'appelle le gars, il me dit de commencer à décharger dans la cour, il arrive. Je commence, je pose tout dans les graviers, il n'est toujours pas là. Je referme, j'attends, toujours personne. Je me vois déjà remballer la piscine... Il se pointe comme une fleur, au calme. Contrôle, un chèque, je file.
C'est bizarre mais je n'ai jamais pris la route Bellac Limoges, il y en a plein d'autres c'est clair mais celle-là j'ai déjà beaucoup tourné autour mais pas là. C'est mon baptême...
Coupure de midi entre Limoges et Brive, à 14h et quelques je suis à St Viance, banlieue nord de Brive. Je ne trouve la rue ni sur le gps ni sur Google. Je me pose à l'entrée du pays sur un arrêt de bus, j'appelle le client. Il me demande de décrire où je suis, il me dit d'attendre, et je vois un gars me faire des gestes. Il est artisan et bosse par hasard à deux maisons d'où je suis, le bol ! Je le suis jusque chez lui. Sa rue est hyper étroite, obligé de desceller un panneau de céder le passage sous peine de déchirer ma bâche. Je me gare en travers sur un petit carrefour, je bouche la circulation, pas le choix. Je me fais juste engueuler par une femme en 306, il faut qu'elle retourne pour prendre la rue d'avant, c'est énorme comme contrainte.
Je me fais une rénovation dans le bled d'à côté. Grosse maison d'architecte, énorme piscine. Les clients ont 80 balais bien sonné. Super gentil il veut m'aider à porter le liner. Surtout pas ! Le machin fait le poids d'un âne mort, j'emprunte son diable, je lui range au sec. On entre dans la maison pour signer les papiers, sa femme est là aussi. Je vois une photo délavée presque sépia où elle est en mini jupe sur un cours de tennis. C'est typiquement la photo qui est là pour dire à leurs petits-enfants : « tu vois, je suis vieille mais je fus une bombasse et je t'emmerde. »
Ma dernière livraison est en haute Corrèze demain matin, j'avais prévenu ma tante que j'étais dans le coin. A 19h, posé sur la place du pays.
A 7h et demi je quitte ma tantine. Ça meule bien en Corrèze ce matin. A 8h et des boulettes je suis à Meymac, un lieu-dit au nord du bled, interdit aux 9t, pas grave. La route est étroite, compliqué. C'est une maison en construction, la cliente n'est pas encore là, je vais voir le pelliste qui visiblement fait les abords, il me dit que je peux aller faire demi-tour plus loin. C'est chaud, le chemin où j'envoie le cul de la semi est en grimpette, c'est mouillé, ça patine, limite, limite. Retour à la maison, la cliente est arrivée entre-temps, j'attaque. Il fait assez froid, elle laisse sa gamine au chaud dans la bagnole avec le moteur qui tourne. La petite qui doit avoir 2 ou 3 ans se détache, passe devant et joue avec tous les boutons. Bien sûr elle active la condamnation des portes. « Appuie sur le bouton du bas ma chérie, non en bas, non, …, bon alors tire sur la poignée, non la poignée. »Et ça dure... Bon moi je continue mon petit bazar. La petite finit par appuyer sur le bon bouton au grand soulagement de la mère qui se voyait devoir casser un carreau... Deux signatures et je file.
J'ai reçu mon retour hier, c'est à Egletons, à une trentaine de bornes. Je trouve une boulangerie dans un patelin, je me prends une tourte de seigle, la fille me demande si elle la tranche ? N'importe quoi ! C'est un crime contre la boulangerie que je lui dis. Après on met ce pain merveilleux dans un sachet en plastique, ça devient comme du pain de mie. La honte ! Elle est d'accord avec moi, mais doit s'adapter aux demandes des clients. Tsss je te jure !
A 10h moins le quart je suis devant la scierie, pour rdv 10h c'est nickel. Je vais au bureau sans le gilet jaune, je me fais refouler. Retour au camion, un gars me dit : « c'est ça quand on est une star d'internet. » Je ne capte pas bien en continuant à marcher, le temps que l'info monte à mon cerveau... Hein quoi ? Je vais voir ce gars, il me dit qu'il est lecteur de ce carnet. Je vais chercher mon gilet et je reviens discuter avec lui. Il s'appelle Sébastien, il est à son compte ici, et c'est un homme de goût puisqu'il lit les cdb. Au bout d'un moment un belge libère une place, je m'y mets, d'ailleurs en passant devant plusieurs camions mais le chef au bureau me dit qu'ils sont en avance et que moi je suis à l'heure. Ok, ok. L'ami Sébastien finit largement avant moi, il part vider dans la foulée par là. Je comprends qu'il n'y a qu'un cariste, qui fait plein de trucs à la fois. C'est bien longuet, même si je ne suis pas franchement pressé. A midi et quart je me sauve avec 28t de pellets de chauffage. En sortant de l'autre côté de l'usine je reconnais je suis déjà venu il y a des années pour charger du sciage mais on entrait devant. Et pis les pellets ça n'existait pas.
Je me fais une remontée tranquille, bon l'A89 avec 28t plus le chariot c'est pas bon pour la conso. Même en y allant molo, faut quand même grimper les côtes.
A 13h j'attaque mon pain de seigle, je finis mes 30 restantes sur la rcea. Je verrouille ma journée de demain avec Micka et Pauline. Comme un jeudi retour de Damazan je finis la journée chez le José, tout est normal.
J'avais prévu, calibré, pensé, réfléchi la journée et bien sûr j'avais oublié un détail, on est dans le transport... A 7h je suis chez Jeantet pour laver histoire d'aller aux Mines avec le cul propre, et bim, le lavage est fermé. Ça commence mal. Pas trop grave je descends chez Iveco, je me dis Ghislain doit commencer de bonne heure. 7 h30 fermé, 7h45 personne, 8h personne, bordel j'ai rendez-vous au contrôle technique à 8h et demi, plus le temps de laver. C'est pas loin, la rue à côté mais le gars est loin d'être souple... Je croise mon laveur qui se pointe comme une fleur.
On passe l'ensemble complet, tout est ok sauf mon pare-brise. J'ai une fissure à droite qui a été stoppée par le mec de genre Carglass. L'an dernier c'est passé, cette année il me claque une contre-visite ! Il me dit que ce ne sera qu'un contrôle visuel, il me passera entre deux mais ça fait chier quand même. Pas le temps de laver, j'ai rendez-vous chez U à 10h30.
Le temps d'ouvrir les côtés pour tout dessangler il est 10h15. Oui à la scierie il a fallu sangler. Ça sert à rien bien sûr, les pellets s'écrasent en roulant, les sangles sont détendues mais à l'usine ça avait l'air de leur faire plaisir... Hier le cariste m'a dit que ça bougeait, que c'était de la merde, je suis loin d'être le mec détendu au volant mais tout est en place. Bon... On me donne le quai 20, mais quand un Rouillon l'aura libéré. Je me vide, le contrôle est super rapide puisqu'il n'y a qu'une référence. Il est midi moins le quart je vais enfin pouvoir laver.
Pauline m'appelle et me demande de lui charger une remorque à fosse à 14h. Oui mais j'ai l'entretien ! Pas grave je prendrai le mulet. J'appelle Micka, il est chez Man, il vient me chercher chez Merco en passant.
A Devecey j'accroche une magnifique semi Profil C et je vais charger à Besac'. Retour au dépôt, Gérald est là, il transvase son chargement de Waterair. Ce n'est pas lui qui a chargé, on se fait des nœuds au cerveau pour tout remettre. 6 clients, 6 escaliers différents, la totale. Putain c'est rentré dans l'autre remorque, y a pas à chier ça doit rentrer dans celle-ci... On y arrive.
A 16h il rentre chez lui et me dépose chez Mercedes en passant. Ce n'est pas tout à fait fini, ils ont fait ce que j'ai demandé à ce que je vois. Une reprog' de l'autoradio. Ce poste me rend hystérique. Et plus important reprog' de la boîte. En léger ce con de camion démarre en 5°, j'ai mal pour l'embrayage donc je démarre en manuel. Ils l'ont reprogrammé pour qu'il démarre en 4° maxi. Ça m'a l'air de fonctionner. Je repasse au dépôt pour laisser mon chariot. Manuloc va venir me faire la fuite d'huile de la roue arrière, c'est une histoire qui traîne depuis un moment mais c'était compliqué en pleine saison.
A 19h je suis à la maison, pour le lavage je sortirai la Karcher j'ai le temps.
Le foyer de mon gamin ferme pour 15 jours, je vais donc faire le papa-poule. Voilà une année qui se termine, pour rigoler mon collègue Sevket a fait une statistique, voici la mienne : 43 semaines de piscines : 8 semaines de régional, 1 de Belgique, 5 Rhône-Alpes, 2 Nord-Ile de France, 13 semaines de sud-ouest et 14 de Méditerranée+Espagne. Moi qui pensais avoir fait plus de sud-ouest, c'était juste une impression. Au vu du boulot général des routiers français en 2016 même s'il n'y a rien d'extraordinaire, je m'estime plutôt privilégié, pourvu que ça dure.
On se retrouve en début d'année, passez tous de bonnes fêtes. Le ciel vous tienne en joie.