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Les Routiers du bout du monde.
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BALI
par Rascalsister
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Lorsque je suis partie à Bali l'année dernière j'avais reçu pour consignes du frangin Rascal de prendre le maximum de camions en photos, mais avec une variante cette fois, à savoir prendre des photos «en situation». Je ne voyais pas trop ce qu'il entendait par "en situation" mais n'ai rien demandé. Résultat, quand à mon retour, toute fière de moi, je lui ai envoyé les quelques photos prises sur place, même s'il a pu en tirer quelque chose il m'a fait remarquer que «en situation» ne voulait pas seulement dire un camion qui roule ou un chauffeur qui fait le plein d'essence.
Ok. J'ai imprimé. Et me voilà repartie en Indonésie cet été, les consignes bien à l'esprit et bien décidée à revenir avec un beau reportage pour FDR. Je ne suis pas restée à Bali, cette fois, et suis partie pour découvrir d'autres îles indonésiennes (l'Indonésie en compte plus de 17 500): Lombok et les trois Gilis: Gili Trawangan, Gili Melo et Gili Air. Ces trois dernières étant des îlots de quelques km2 et où il n'y a… pas de véhicules motorisés!!! Râté, ce ne sera pas cette fois encore que je rentrerai avec un reportage digne de FDR. Désolée.
Mais j'ai découvert une partie de l'Indonésie encore pittoresque et presque vierge. Et des moyens de locomotion et une circulation... originale !
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Pour aller de Bali à Lombok, j'ai pris le ferry et ai assisté à l'embarquement et au débarquement des camions. D'abord chacun attend son tour, en plein cagnard, tranquillement, où il y a de la place (c'est à dire partout). Ensuite, lorsque le ferry arrive et a débarqué ses engins et son petit monde, on peut embarquer. Piétons, scooters et camions, voire camions chargés de scooters (pas de voitures), tous en même temps et par le pont. Tant qu'il y a de la place, on remplit le ferry. Et s'il n'y a plus de place, on fait sortir un "gros" camion, en marche arrière, pour en faire entrer un plus petit et... refaire entrer le plus gros, en travers pour combler le moindre espace libre (photos camion jaune et camion chargé de bananes). A tout problème, une solution. Zen attitude.
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Lombok est plus petite que Bali et un peu moins touristique mais en plein essor. Dans les "villes", pour ce qui est de la conduite c'est comme à Bali, c'est à dire l'anarchie la plus totale. Voitures, camions, 4X4, pick-up, mobylettes, vélos… plus les carrioles tirées par des poneys-chevaux ! Les «Cidomos» (c'était encore le seul moyen de locomotion il y a quelques années) qui circulent parmi les véhicules à moteur en toute tranquillité. C'est à la "pousse-toi-de-là-que-je-passe" mais dans la joie et la bonne humeur, beaucoup à coups de klaxon, à chaque croisement ou dépassement (à se demander si ce n'est pas pour saluer plus que pour se signaler, ou par réflexe) et pas d'accidents ni incidents. Pour les occidentaux ça peut surprendre, mais là-bas tout le monde pratiquant la même conduite, personne ne s'énerve ou ne s'affole. En un mois, je n'ai vu qu'un seul petit incident et c'était deux scooters qui se sont frôlés.
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Les trois Gilis sont donc trois îlots encore à l'état brut. Pas ou très peu d'électricité, quelques heures par jour (ou plutôt par nuit), pas d'eau chaude et donc pas de véhicules motorisés. Ravitaillées par bateaux à balanciers, on y circule en carrioles. Bien sûr il n'y a pas de routes, que des chemins en terre ou en sable. Seule la partie habitée, et relativement aménagée depuis l'arrivée des touristes, est un peu bétonnée mais sur à peine quelques mètres. L'autre moyen de locomotion, plus moderne, est le vélo. Mais pour rouler dans le sable mieux vaut encore descendre du vélo et poursuivre à pieds, en poussant ou trainant le vélo jusqu'à la prochaine partie en terre. Sinon on se déplace à pieds (on fait le tour de Gili Trawangan en à peine une heure en marchant tranquillement). Mais même sans engins motorisés les déplacements peuvent être dangereux, puisque sur les chemins de terre, on se fout de conduire ou marcher à droite ou à gauche. On passe où on peut et on évite ce qu'on peut. Quant à la circulation la nuit.... Bon courage ! Je n'ai vu qu'un seul vélo avec la lumière (j'étais avec un jeune docteur de Jakarta, qui s'est tordu de rire en le voyant !), les carrioles n'en ont évidemment pas mais se prennent quand même pour Fangio et il n'y a bien sûr pas d'éclairage public. C'est presque pire qu'en pleine jungle urbaine, mais c'est ce qui fait le charme de ces îlots, avec ses paysages de rêve, ses plages paradisiaques et ses fonds marins magnifiques.
De retour à Bali, pour me ré-acclimater à la circulation en douceur mais sans me laisser rouler sur les pieds, j'ai moi aussi passé mon permis poids-lourds : à dos d'éléphant !
Selamat mari à tous !
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