Mon Carnet de bord... Suivez mes aventures, semaine après semaine!

Avril 2008

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Mardi 1 avril

Donc, je me présente de bonne heure pour vider, on passe toujours un temps fou chez ce client, une heure d'analyse et, bonne pioche, c'est au moment où je sors que 3 camions se présente sur la bascule, le temps d'enregistrer ces braves gens, j'ai perdu pas mal de temps. Direction Marseille avec un Mistral qui se lève et qui a la bonne intention de nous secouer pour la journée. J'aime bien ce client, il faut traverser deux fois Marseille, une première fois pour aller contrôler la citerne à l'usine et, une deuxième fois pour aller charger sur le port. Une heure de perdue, mais j'ai de la marge. IL y a u grand soleil et il fait bon sur la citerne pendant le chargement, le printemps arrive petit à petit. Je sors quand même avant les encombrements du soir, et je monte le plus haut possible, en calculant pour avoir une amplitude de 13h00. Ça fera la deuxième de la semaine je suis donc tranquille pour cette fois ci. Je dors au Creux de la Tine, le Mistral s'est calmé, je ne serai pas trop secoué cette nuit.

Avignon

Mercredi 2

Si je ne traîne pas trop, je dois pouvoir arriver à Lyon avant que ça ne merde pour de bon. Bon, d'accord, je suis arrivé un peu avant l'ouverture, mais c'est quand même mieux que de perdre du temps dans les embouteillages. En me mettant en place, le voyant d'ABS s'allume. Ce truc aura marché même pas deux semaines, je sens que je n'ai pas fini d'être emmerdé avec ça. C'est beau le modernisme, on a des moteurs qui ne tombent pratiquement plus en panne mais on est emmerdé avec des bidules de rien. D'habitude ça vide bien ici mais, ils ont des problèmes dans le transfert des cuves et je ne sors qu'à midi, direction Grenoble pour laver, heureusement, il n'y a personne et le retard est rattrapé. J'ai quand même sauté le repas de midi. Je sors du chargement en fin d'après midi, et je monte ce que je peux. La pluie me rejoint vers Macon et les essuies glace me bercent jusqu'à Avallon.

Lyon

Jeudi 3

Réveil sous la pluie, la journée commence bien. Pour corser un peu la chose, le mouchard électronique ne veut pas reconnaître la carte. J'ai bien essayé de l'éjecter mais, impossible, je deviens le roi de la panne électronique moi. En attendant, je pars comme ça, on va bien voir plus tard. Le bazar a quand même mis 50 mn à s'apercevoir que je roulais sans carte, c'est vachement au point ses trucs là. Finalement, je téléphone à l'ouverture des bureaux pour avoir une explication. On me dit de débrancher les batteries Trois mn pour réinitialiser le bidule. Arrêt sous la pluie, ouverture de la trousse à outils, il n'y a qu'un tournevis, une paire de pinces et une clef à molette. Heureusement que j'ai ma caisse dans le coffre parce que, je n'aurai pas été loin avec ça. La manip a marché, je peux rouler plus sereinement. En discutant avec des chauffeurs, je me suis aperçu que ce genre de panne arrive souvent. Arrivé sur Corbeil, c'est bouché, je m'arête boire un café le temps de laisser les choses se calmer et je repars. Je ne sais pas ce qui se passe ce matin, d'habitude ça ne passe pas trop mal à partir de 10h00 mais, là, c'est vraiment le bordel et je ne sors de la région parisienne qu'à 11H00. En prenant quand même un peu de temps pour le casse croute, j'arrive à Honfleur en début d'après midi, une heure plus tard, je suis reparti. Je passe au garage Renault du Havre pour faire réparer mon truc, ils sont débordés mais ils ont un peu de place pour moi. On a trouvé la panne, toujours la même roue qui a un problème, sauf que ce n'est plus la même pièce et qu'ils ne l'ont pas en stock. Ca commence à m'inquiéter ces pannes à répétition, il doit y avoir un problème dans le circuit et ça fait lâcher les pièces les unes après les autres, le temps de trouver la panne principale, je sens que je vais souvent passer au garage. Je vais laver à Lillebonne et j'ai fini ma journée. La pluie de ce matin a laissé la place à un temps printanier

Le Havre

Vendredi 4

Inutile de courir, le client est juste à côté. Comme d'habitude, une bonne partie de la matinée pour charger. Le temps de mettre la citerne en pression et de vérifier qu'il n'y a aucune fuite, il s'est déjà passé une heure. Petite attente supplémentaire, l'analyse n'est pas bonne, encore une heure. Finalement, je sors à midi. Malgré tout ça, j'aime bien charger ce produit même si c'est une vraie merde, dommage, réorganisation oblige, cette fabrication va s'arrêter et c'est un des derniers voyages. Je m'enfile un plat du jour en vitesse au resto du coin et je file sans perdre de temps pour passer Paris avant les départs du week end. Je suis passé sans trop de bobo, juste un peu de bouchon à Chily Mazarin. IL y a un beau soleil, c'est plaisant de rouler par un temps pareil. Une coupure à Courtenay, un repas vers Beaune' j'ai vraiment les crocs, et je rentre une fois de plus le dernier au dépôt. La routine.

Retour à la maison

Samedi 5
Dimanche 6

Lundi 7

Ce matin, il fait froid, j'ai l'impression que l'hiver, qui s'est oublié au mois de janvier, essaye de faire du rab en débordant sur le printemps. Pour une fois que je ne suis pas pressé, il faut que j'aille chez Renault pour faire réparer ce bidule qui n'arrête pas de lâcher. Je sens que je vais y passer la matinée et ça va me mettre bien en retard. Donc, je me prépare à passer la matinée à attendre dans la salle chauffeur du garage. Il y a une télé avec une chaine de clip, Vanessa paradis et ses consœurs me braillent leurs daubes. J'ai été un peu pessimiste, à 10h00, le camion est prêt, d'après le mécano, c'était juste une connexion mal clipsée qui mettait le système en défaut. Je pars donc sous un soleil radieux qui ne chauffe pas beaucoup l'atmosphère mais, avec le chauffage, il fait bon dans la cabine. La radio annonce la neige sur la région parisienne, mais je m'en bats l'œil, je m'en vais en Espagne. Avec mes 21 t de poids total, je ne change pratiquement pas de vitesse et j'arrive tranquillement à la Selva, dernier parking où on a une chance de trouver de la place. J'ai mon amplitude de 13h, ça va me faire la première coupure de 11 h de la semaine.

Et dire qu'il y a de la neige à Paris

Mardi 8

Un peu plus d'une heure de route pour arriver chez le client, moi qui pensais trouver le soleil, je trouve les routes humides d'une pluie récente. Il fait quand même plus doux qu'en France et je ne verrai pas la pluie aujourd'hui, c'est déjà ça parce que, je commence à avoir le nez qui coule comme une fontaine, une bonne crève en perspective. J'arrive sur le coup des 7 h 00, on me prend tout de suite. Comme d'habitude, on met le branchement en lace et, il n'y a qu'à attendre l'analyse, 2h. Moi, je vais prendre ma douche, je commence à avoir es repères ici, dommage que ce trafic s'arrête. Ca a bien été ce matin, je sors bien avant midi et, je rentre directement en France. Le boulot est vraiment calme, ça faisait un bon moment que je n'étais pas revenu en charge d'Espagne. Phil est sur Barbera Del Valles, je vais passer pas loin de lui et nous n'allons pas nous voir, c'est un peu frustrant. Entre les travaux et un accident, pas moins de quatre ralentissements, ça roule vraiment mal aujourd'hui. J'ai un beau ciel bleu à Perpignan mais ça ne dure pas et je retrouve la pluie à Nîmes. Lavage dans une station où je suis toujours bien accueilli et, je mange à L'oasis de Bellegarde, je ne regarde même plus le menu quand je viens ici, soupe de poisson, steack bleu, salade.

C'est ma journée embouteillage

Mercredi 9

J'ai mal dormi et j'ai toussé toute la nuit, la mode est de ramener des coups de soleil d'Espagne, je dois être le seul à ramener un rhume. Chargement à Lavera pour la Suisse, je ne sais plus depuis combien de temps je n'y suis plus retourné. Passage au dépôt pour poser les rapports et faire lire ma carte. En la remettant dans l'appareil, re panne, je vais devoir débrancher les batteries trois fois de suite pour réinitialiser le bidule, c'est vraiment pas au point et Siemens refuse de prendre ce défaut en garantie, on n'a pas fini d'être emmerdés avec ça. Je retrouve la pluie vers Lyon, et elle ne me lâche plus d la journée. Je fini a route à l'Isle sur le Doubs, un petit resto sympathique connu seulement des initiés mais on peut se garer sur la place du village. Il pleut toujours et ça va durer toute la nuit.

La légende prétend, qu'au pied de l'arc en ciel, se trouve un tonneau de pièces d'or

Jeudi 10

Toujours la pluie, mais mon rhume va un peu mieux, je dois être sur la voie de la rémission. La frontière de Bâle est bloquée, avec la taxe en Allemagne, tout le monde passe par là et ça met un beau bazar. Une heure pour rentrer sur le parking de la douane. Il faut à peu près une heure pour faire les formalités et, Nico que j'ai contacté me file rencard à Pratteln. Nous faisons une rencontre helvéto française, ça va faire remonter mon score. L'autoroute est bloquée au sud de Bâle, j'apprendrai plus tard qu'il y a des travaux, en attendant, ça me fait arriver chez le client juste avant midi, on a quand même le temps de prendre l'échantillon avant la pause mais je vais vider cet après midi. Je ressors de là complètement trempé et, je me pose sur un parking en attendant les ordres, une bonne heure plus tard, on me dit de redescendre sur le sud, Traversée de la Suisse en longeant le lac de Neufchâtel et le Léman, j'ai fait un trajet que nous pourrons qualifier de… touristique. Dommage, j'ai raté le doublé, Antony 112, qui est souvent dans le coin, est à l'autre bout du pays aujourd'hui. J'ai donc traversé la Suisse du nord au sud, j'ai cherché la marmotte qui met le chocolat dans le papier, je ne l'ai pas vue, je n'ai même pas vu la vache mauve, il faut dire que le temps était bien bouché. IL me reste de quoi aller jusqu'à Chambéry, on verra le reste demain.

Il y a bien longtemps que je n'ai pas fait la queue à une frontière

Accueil en Helvétie par Nico

Vendredi 11

Réveil sous la pluie, et, je fini mon parcours jusqu'au dépôt de Grenoble. Un petit peu d'entretien pour Mémère, des bricoles mais je n'aime pas laisser traîner ces petits détails qui peuvent devenir des grosses pannes si on n'y fait rien. Il n'y a pas de boulot, cette baisse d'activité est vraiment inquiétante, les amerloques s'endettent n'importe comment et c'est toute la planète qui va payer la facture. Vive la mondialisation. En attendant…… j'attends dans la cour. J'aurai bien pu laver l'attelage mais, vu le temps qui s'est encore remis à la pluie, je me demande si ça vaut le coup de dépenser du savon pour se retrouver avec un camion dégueulasse au bout de trois kms. Finalement, c'est un peu avant midi qu'on me donne le voyage, direction Roussillon en prenant le temps de manger quand même. J'ai bien fait de prendre mon temps, il y a encore un monde fou au chargement. Je sens que je vais encore rentrer de bonne heure ce soir. Finalement, je rentre avant l'heure de l'apéro, c'est la première fois que je rentre si tôt depuis le début de l'année.

Pour trouver la file télé péage, c'est facile, c'est la plus longue

Samedi 12
Dimanche 13

Lundi 14

Il pleut, il ne fait pas chaud, cet hiver qui ne veut pas finir commence à me fatiguer. Je sais bien que les nappes phréatiques ont besoin d'eau mais, ces départs bien avant l'aurore sont déjà assez fatigants comme ça, inutile de rajouter la pluie pour me déprimer d'avantage. Direction la Maurienne via Chambéry. Les traversées de tunnel permettent de reposer un peu les essuies glace et après Epierre, la pluie s'arrête, miracles des vallées alpines. En attendant, ça me permet de vider au sec. Retour à Aiton pour changer de remorque et, je retourne vider le même produit chez le même client. J'ai fini de vider la deuxième remorque à midi, je ne me suis pas levé tôt pour rien. Retour à Aiton pour récupérer Mémère et, retour à Lyon. Ca me fait tout drôle de rentrer un après midi et un jour de semaine en plus moi qui suis un habitué des vendredis soirs ou des samedi matin, je ne suis pas habitué à garer mon camion de si bonne heure. Les enfants sont en vacances, je vais profiter de ma progéniture le temps d'une soirée, plaisir assez rare pour un routier.

 

Mardi 15

Pour expliquer ce petit break, j'ai demandé une demi-journée de RC. Cette matinée va être mise à profit pour faire un aller retour express dans la Maurienne, j'ai rendez vous avec le responsable conducteur d'une boite de transport. Ceux qui connaissent la Maurienne auront deviné de qui il s'agit, les autres devront attendre un peu. J'arrive à Modane sous la neige, ça me donne une envie folle d'aller faire du ski. L'entretien se passe bien, je n'ai pas pu voir le patron, il était occupé, mais on me promet une réponse rapide. J'ai l'impression d'être dans une société bien carrée, on verra plus tard si la première impression est la bonne, il faut quand même avouer que je me suis renseigné avant de m'inscrire et je n'ai pas envoyé mes Cv n'importe où. Retour directement au dépôt pour remonter aussitôt dans le camion. Chargement à Roussillon pour….. Rotterdam. C'est drôle, c'est au moment où je vais quitter Goubet que je me remets à faire des grands tours. La réponse arrive au moment où je vais charger, je suis pris, les 3OO kms de ce matin auront été un bon investissement. Outre le fait que je ne m'attendais pas à une réponse aussi rapide, cette nouvelle me redonne de l'optimisme et je reprends la route avec sérénité. J'ai passé trois heures au chargement quand même, mais, je ne vide que jeudi et j'ai largement le temps. Je roule jusqu'à Beaune, c'est un peu le bazar pour arriver au centre routier, il y a un rallye de voitures anciennes, j'en croise quelques unes, mais je n'ai pas eu le temps de sortir l'appareil photo.

L'Om s'en va au match

Mercredi 16

Une journée à ne faire que rouler, ça me donne le temps de réfléchir, De remuer quelques souvenirs. Bon, allons-y pour la séquence nostalgique.

Je suis rentré dans cette société au printemps 2001 en me demandant un peu où je mettais les pieds mais, j'étais un peu pris par le temps, la boite où j'étais payais au raz des pâquerettes. Premium 400 petite cabine, mais la paye semblait bonne, c'était le principal. La bonne surprise n'a pas tardé à venir, au bout de trois semaines, je partais en Pologne à une centaine de kilomètres de la frontière biélorusse. Des beaux voyages, je peux dire que j'en ai fait quelques uns, quelques uns en Hongrie, Slovénie, Tchéquie et même un tour en Croatie avec un beau festival d'emmerdes avec les paperasses mais, quel beau souvenir d'une côte méditerranéenne encore ignorées des bétonneurs et des hordes de touristes (ça a bien changé depuis). J'en ai raconté quelques uns dans la rubrique « zoom » mais comment relater l'émerveillement des mes yeux. Quelques belles galères aussi comme cette ferme où je suis arrivé accroché derrière un tracteur tellement ça montait ou cette tempête de neige il y a deux ans où je suis passé miraculeusement pour être chez moi le samedi midi alors que des milliers de camions étaient plantés sur les autoroutes. Ces deux aventures sont dans le CdB. Dans la rubrique souvenirs, l'arrivée de « Pépère » qui fut un vrai plaisir même s'il n'était pas le plus beau du marché. Bizarrement, l'arrivée de « Soldos » ne m'a procuré aucun plaisir même si la motorisation est excellente. Quelques copains débauchés de chez ND dont Sumo qui a quitté la boutique pour les mêmes raisons que moi. Des grands voyages, il en reste encore dont certains tours en Finlande où je n'ai jamais mis les pieds, mais ils sont réservés pour certains dont je ne fait plus partie. Bien sur, je refais de l'inter depuis un certain temps mais, du mois d'Aout au mois de février, je me suis morfondu en France et je n'ai jamais eu l'explication de cette punition. Ces cinq mois ont suffit pour m'enlever le plaisir que j'avais à travailler ici et je me suis retrouvé dans la position de Philou. J'ai donc fait comme lui, j'ai cherché et, comme lui, j'ai trouvé. Je ne sais pas si je fais une erreur mais, il faut parfois prendre des risques. Risques limités quand même, avec la pénurie actuelle, un pro trouve facilement, c'est un des avantages de ce métier, l'âge n'est pas un handicap, c'est même un atout, l'expérience ne s'apprenant pas à l'école. Je trouve quand même affolant que, dans un pays qui compte tant de chômeurs, on ait tant fait pour éloigner les jeunes de cette profession, générant du même coup une pénurie que les importations de « slave » n'arrivent pas à résorber. J'arrête là mon introspection et je profite de ce qui sera peut être mon dernier voyage en Hollande, cette destination n'étant pas dans les habitudes de mon prochain patron. Ce soir, je mange à la frontière belgo hollandaise, à Meer, j'y ai passé quelques week end, encore des souvenirs….

Frontière Luxembourg Belgique

Jeudi 17

Je suis à une soixantaine de kms du client mais, si les travaux sont presque terminés entre Meer et Rotterdam, il reste le pont sur la Meuse et je perds une bonne demi-heure. J'ai bien fait de partir en avance, j'arrive un peu avant le dépoteur, il y a près d'un an que je ne suis pas revenu, dommage, j'aimais bien cette usine où j'avais mes habitudes. La pompe a la bonne idée de tomber en panne mais, c'est vite résolu, les mécanos sont plus rapides que chez nous et je ne perds pratiquement pas de temps. Le temps est ensoleillé mais, un vent bien froid est là pour nous rappeler que l'été n'est pas encore là. Lavage dans le même patelin, pour une fois, il n'y a personne. J'avais mes habitudes aussi dans cette station, une bonne omelette au lardons à la cafet et je vais charger sur le port. Là, pas de chance, il y a quatre camions au poste, je sors en fin d'après midi, ça va me faire traverser Anvers aux heures de pointe. Je descends par Lille histoire d'éviter les bouchons de Bruxelles, surtout qu'il y a des travaux entre Bruxelles et Namur. J'ai pris des photos des frontières, je ne suis pas près de remettre les pieds par là. J'ai encore du temps pour rouler mais, je m'arrête à Carvin, Luc et Natacha, sa nouvelle conquête, me rejoignent pour passer une soirée fort sympathique.

Hollande Belgique

Vendredi 18

Descente sur Lyon, je musarde, j'ai le temps n'est ce pas ? Avant, je coupais par la nationale entre Reims et Chaumont mais, vu le remerciement que j'ai eu, il y a un bon moment que je ne sors plus de l'autoroute, le surcout est justifié par ce qu'on m'a amputé sur la prime de fin d'année. On a l'art de contrarier les bonnes volontés chez Goubet. En court de route, le chef m'appelle pour me faire changer de remorque avec un collègue. Ca tombe bien, nous ne sommes pas loin l'un de l'autre et nous avions même prévu de manger ensemble. Le changement s'effectue vers Beaune et je laisse ainsi Mémère. J'aurai pu prendre une dernière photo, ça ne m'est même pas venu à l'idée, j'ai déjà la tête ailleurs. La remorque que je prends est chargée pour l'Italie, c'est drôle, c'est au moment où je quitte la boutique que je refais de l'inter. Comme si on voulait me faire comprendre que je perds quelque chose. Il aurait fallu y penser un peu avant, je n'aurais pas pris cette décision. Il ne me reste plus qu'à finir mon parcourt en passant par le tunnel de Fourvière. J'ai le droit, je suis en trafic local. Bonne pioche, il y a un accident et le tunnel est fermé. Je passe par l'ancienne déviation MD mais, je ne suis pas le seul à avoir cette idée et je déborde mon amplitude de conduite. Je ne vais quand même pas faire la coupure sur un trottoir du centre ville. Ce soir, j'ai enlevé mes affaires du camion ne laissant que le strict nécessaire, le couchage et la bouffe. Ca à été rapide, je ne m'étais jamais vraiment installé dans ce camion

Ca fait des années que ce lac est presque à sec, on voit bien qu'il a plu ces derniers jours.

Samedi 19
Dimanche 20

Lundi 21

C'est la dernière ligne droite, j'y vais sans trop de conviction mais, je fais le boulot jusqu'au bout. Il pleut pour changer, je vais prendre le train pour un tour d'Italie, le deuxième de l'année. Le train part à l'heure, je n'étais pas habitué. Il pleut en Italie aussi, c'est gai je vous jure. Normalement, ma lettre doit être arrivée mais je n'en ai aucun écho, je n'en attendais pas non plus. Descente sur Luca en passant par Gêne, la pluie ne s'arrête pas et il y a même de l'eau dans les rivières alors qu'elles sont à sec pratiquement toute l'année, j'aurai au moins vu ça une fois dans ma vie. Je prends mon temps, et je fini ma journée sur la dernière aire de service. IL me reste le minimum dans le camion, un atlas italien, un peu de nourriture et des mots croisés. Le couchage et de quoi me laver et me changer aussi bien sur.

Ca fait un moment que j'essaye de prendre cette chute en photo

Mardi 22

IL pleut toujours et je traverse Luca au petit matin pour aller vider un peu plus loin en pleine cambrousse. Un client bien sympa et, chance inouïe, le camion est sous un auvent, je ne serai pas mouillé pendant le déchargement. IL tombe des cordes et je suis à côté d'une rivière dont le débit est impressionnant. Le lavage n'est pas loin et, la vallée de l'Arno à ceci de particulier, c'est que les routes sont bien étroites et qu'on est constamment en train de traverser des patelins. Je me souviens que, la première fois que j'étais venu laver dans cette station, j'avais bien galéré pour trouver. Aujourd'hui, a force de venir, je trouve du premier coup. Je recharge à Carrare, autant dire à côté, je vais regretter ce client où on restait une demi heure maximum et, je remonte tranquillement pour prendre le train de demain matin. Je pourrai prendre celui du soir sans problème mais, le matin c'est moins cher, il n'y a pas le repas à payer et tant pis pour le sommeil du chauffeur. En montant le Turchino, je peux apprécier la puissance du moteur VOLVO, si l'intérieur de la cabine n'avait pas été raté, ce camion aurait été une petite merveille. La pluie se calme en arrivant dans la plaine du Po et j'ai droit à un temps printanier en arrivant à Turin. Il est 18 h 00, le train n'est que demain, je commence à bien nettoyer la cabine, c'est rapide mais je veux laisser un camion propre.

Les Apennins sont cachés sous les nuages

Je vous jure, je n'y suis pour rien

Mercredi 23

Dernier voyage sur le train, on a droit au wagon de secours qui est moins confortable, pour mon dernier voyage, la SNCF aurait pu faire un effort. Les disjoncteurs du wagon n'arrêtent pas de sauter, impossible de prendre des passagers dans ces conditions, question de sécurité. Vérifications, tergiversations, finalement, nous allons partir en France en taxi. Avec tout ça, le train part avec une heure de retard. Le taxi met deux heures pour aller à Aiton, voyage sous un beau ciel bleu en Italie et sous un ciel gris en France. Je vais attendre le train pas loin de deux heures, on m'a bien soigné pour mon dernier voyage, je sens que je n'ai pas fini de regretter ce tas de ferraille. Je me la coule douce, et je traîne un peu pour finir de vider juste pour midi. Téléphone à mon chef, ce n'est pas lui qui répond mais sa collègue, elle me confirme ce que je devinais déjà, je n'ai pas besoin de finir mon préavis,o n me met en RC pour la fin de la semaine. J'admire quand même le courage de mon dispacheur, il est vrai que je ne ramenais jamais à boire pour avoir les beaux voyages, je peux enfin le dire, je ne suis plus tenu au devoir de réserve. Je fais mes adieux au resto où nous nous retrouvions entre chauffeur Goubet, ce ne sont pas de vrais adieux je repasserai bien par là mais, une dernière tournée pour marquer le coup (et de l'eau à table, ne pas abuser) et je rentre au dépôt. Pendant qu'on lave l'intérieur de la citerne, je passe un coup sur le tracteur, il ne sera pas dit que j'ai laissé une poubelle. Le directeur passe en voiture, lui qui me faisait un grand signe d'habitude, il tourne la tête, le courage de ces personnages m'épate. Je me souviens de l'époque où il m'aimait bien, m'appelant pour que je débauche des chauffeurs, ce temps est bien loin. Dans tout ces chauffeurs débauchés, un super pote qui, maintenant ne m'adresse plus la parole, c'est beau la gratitude. Je fais la restitution des cartes de crédit et des papiers, mes adieux au personnel du bureau, et je pose « Soldos » au garage. Je fais aussi mes adieux aux mécanos avec qui je m'entendais bien et, je n'ai plus qu'à rentrer à Lyon. Rentrer par mes propres moyens bien sur, le dispacheur de Grenoble, pour qui un chauffeur n'est qu'un rouage indigne du moindre respect, n'a rien prévu pour me rapatrier. Je ne lui ai rien demandé non plus, j'avais prévu le coup, je n'ai même pas dit au revoir à l'exploitation. C'est Jérôme qui me ramène dans son SCANNIA Top Line.

Une page se tourne, je n'ai même pas de regret, juste la nostalgie d'une époque où je faisais de beaux voyages, il faut dire que, depuis la disparition des douanes, on va pas mal de gars se vanter d'être des spécialistes des « pays de l'Est » et courir faire des passeports alors qu'on ne les avait jamais vu faire la queue dans une douane.

Je savoure d'avance les deux jours de vacances et je pense à mon futur boulot. Il va falloir tout reprendre à zéro, apprendre à conduire un camion remorque, faire mes preuves…. Merde, 47 ans, c'est pas si vieux ; Vive la vie.

Une dernière photo du train

Mon taxi pour le retour

Jérôme ne m'a pas laissé tomber

Jeudi 24
Vendredi 25
Samedi 26
Dimanche 27

Lundi 28

C'est donc le premier jour, un chauffeur doit venir me prendre au dépôt qui est à côté de chez moi. A l'heure dite, Thierry arrive avec le fameux camion remorque. Il est prévu que je dois récupérer cet attelage, je peux donc mettre pas mal d'affaire dedans. La couchette est ainsi pleine de nos sacs respectifs. Je fais la connaissance de mon professeur, un gars sympa, je sens que nous allons bien nous entendre. Première surprise, malgré ses 900 000 kms, le camion est propre et la canine est nickel. Thierry est un maniaque et on voit qu'il entretient son matériel avec amour. Direction Villeurbanne pour la livraison, c'est Thierry qui conduit. On rame pas mal pour trouver le client je ne connais pas bien par là, mais on y arrive quand même. La cours n'est pas bien grande et je n'ai qu'une envie, partir en courant « maman, au secours, je veux reprendre une citerne en semi » et en plus, il pleut. C'est notre tour de vider, à moi la manœuvre, il y a bien 20 ans que je n'ai as reculé un truc comme ça. Je fais bien 4 marches arrière pour poser la remorque sur le côté. Thierry me donne un cours sur le crochet et, je mets le porteur à quai. Ca commence bien, je pars à l'envers, il va falloir perdre l'habitude de la semi. Raccrochage de la remorque, re cours sur le crochet, c'est un MG, la Rolls des attelages. Maintenant, il faut mettre la remorque à quai, en plus c'est en pente. Je ne m'en sors pas trop mal, je n'ai vidé les bouteilles d'air qu'une fois. La remorque est en travers, le camion aussi, il n'y a rien de droit mais on peut vider quand même. Je sens que je n'ai pas fini de rire avec ce truc. Retours au dépôt, sous la pluie. C'est à moi de conduire, je prends les ronds points comme avec une semi, bien large j'ai droit au sourire en coin de Thierry, la remorque passe à la même place que le camion, encore une habitude à prendre. Par contre, je suis agréablement surpris par le confort de conduite, ça secoue nettement moins que la semi. Thierry enlève ses affaires pour les mettre dans un beau camion tout neuf et moi, je garde l'ancien. Je jette mes affaires vite fait dans les coffres, on s'organisera plus tard. L'après midi, on change le limiteur qui est HS et je vais chez DAF faire l'attestation du nouveau. Il pleut toujours et la rocade est bien bouchée. Je file en direction de la Maurienne au dépôt de St Jean pour charger. Ce temps perdu m'inquiète un peu, le rendez vous de demain risque de ne pas être tenu. En attendant, je prends le camion en main, ça change, si en semi on a la remorque juste derrière, le camion remorque on ne sent pas vraiment la remorque. Je passe la moitié de mon temps à regarder dans les rétros, en plus, c'est vachement long ce truc. Arrivée au dépôt, il faut se mettre à quai, c'est ma première manœuvre tout seul. La cour est grande et j'y arrive sans trop de peine. Finalement, le rendez vous est pour demain après midi, ça me laisse de la marge. Je roule jusqu'à Chambéry, il ya encore un peu de place, mais il faut se mettre à contre main. Je demande à un collègue de me guider, et je tente le coup. Bon, c'est passé mais, heureusement qu'il y avait de la place. Le repas terminé, je commence à ranger un peu le foutoir, il y a plein de coffres sur le DAF et ça me change du premium. Turbo me téléphone pour prendre des nouvelles et m'encourager, je trouve ça bien sympa de sa part. Bilan de la journée, je ne m'en suis pas trop mal sorti, et je ne regrette pas (pas encore lol) d'avoir essayé le camion remorque.

Ce grand machin m'intimide

Mardi 29

Départ tôt pour passer Lyon avant le bordel matinal, En partant, toute l'eau qui s'est accumulée sur le toit (il a plus toute la nuit) dégouline sur la cabine, heureusement que les vitres sont fermées, sinon j'avais droit à la douche gratuite. Encore un réflexe à prendre, ce genre de mésaventure ne risquant pas de m'arriver en citerne. Montée par l'autoroute, j'aurai pu prendre un bout de la RN6 mais, je ne connais pas encore assez bien le camion et, je ne sais pas si ça passe sous le pont de la Roche en Brénil. Il va falloir que je me renseigne. Arrivée dans la banlieue Ouest de Paris une heure avant le rendez vous il y a un monde fou sur le parking et je rame pour me garer en marche arrière. Je me présente au bureau en expliquant que je débute, ça se passe bien, on m'explique tout et, à l'heure dite je rentre pour vider ; Il y a plusieurs point de déchargement et, au premier, il suffit de mettre ligne droite pour débâcher. Le cariste voit bien qu'il a affaire à un débutant et il me donne un coup de main. Sympa merci. En plus, il y a des ridelles, je préfère, ça maintient le bas des palettes et, pour le chargement en vrac, on n'abime pas la bâche. Au deuxième poste, il faut y aller en marche arrière en cassant tout. Inutile de préciser que je rame un max et que je ne suis même pas dans la case matérialisée pas les bandes blanches. Les gars me vident quand même, ils sont indulgents avec les débutants. Un des cadres rempli de tubes s'ouvre quand le cariste le prend et nous jouons au mikado géant pendant les heures de travail. Qui a dit que ce boulot n'était que larmes et peines ? Je ressors sur le coup des 18 h 00 et je dois recharger demain dans la banlieue nord. Inutile de me lancer dans les bouchons, je me pose à Morainvillier, J'arrive à branche un allume cigare (celui d'origine est cassé) grâce à un collègue qui a un testeur, je vais enfin pouvoir brancher mon ordi et surtout le chargeur du téléphone. Une bonne douche et au dodo.

Bonne surprise, la cabine est nickel

Mercredi 30

Passage de Paris de bonne heure, maintenant, je peux prendre le Périph sans me soucier des interdictions aux matières dangereuses et je trouve le client assez facilement. Problème, il faut se mettre à quai entre des plots en béton et je rame encore pour poser la remorque mais j'y parviens en une dizaine de manœuvres. Le problème, c'est que je n'ose pas casser la remorque du premier coup, je veux toujours la rattraper trop vite. Je commence à sentir la remorque, mais ce n'est pas encore ça. Finalement, le camion remorque c'est : « aujourd'hui moins dur qu'hier. Mais bien plus que demain ». En repartant, le camion tire pas mal à droite, je vérifie les pneus, ça ne vient pas de là. Je fais la connaissance d'un problème que je ne connaissais pas en citerne, le chargement mal équilibré. Je rentre à Lyon en prenant mon temps, je n'arrête pas de m'extasier devant la grandeur de la cabine, moi qui avait l'habitude d'être à l'étroit dans le Premium, je me sens comme un coq en pâte. Le temps se met au beau, présage d'un premier mai sans intempérie. J'arrive à Lyon en début de soirée et je ne plante pas pour le jour férié.

Ne pas oublier la Tite Mère