Mon Carnet de bord... Suivez mes aventures, semaine après semaine!

Mai 2008

Retour menu

Jeudi 1

Je flemmarde la matinée sous la couette, le soleil tape sur la cabine. Tient, on dirait une belle journée qui commence! Vers 16 h Chouchen et son ami viennent me chercher avec une surprise: on va à la plage. C'est trop cool, je vais patauger dans l' étang de Berre. Nous passons un long moment étendus à discuter de nos expériences, comme trois vieux amis. Je suis bien, ça fait trop longtemps que je ne me suis pas sentie ainsi. Moi qui suis en pleine crise de remise en question, je me sens presque perturbée par ce moment... Nous finissons la soirée à table, toujours dans la bonne humeur. Dodo assez tard, heureusement la fin de semaine n'est pas loin.

 

un moment d' amitié

le reflet de mon esprit

Vendredi 2

Je vais charger mon complet de matières dangereuses vite fait et prends la route du retour. En fait je n'ai pas vraiment la tête à la route, mon âme est restée au bord de la plage... Je fais ma coupure sur Lyon, un chauffeur viens taper la causette mais j'ai pas envie d' entendre ses malheurs. Je file sur Tournus ou je m' arrête pour changer de remorque. Je fais la connaissance d'un nouveau collègue, très sympa et lucide. Je rentre vers 19 h à la maison, des coquillages plein les poches.

Samedi 3
Dimanche 4

Lundi 5

L' avenir appartient à ceui qui se lève tôt, dés 3 h je déguerpis sans avoir dormi beaucoup. Auxerre, Sens, contournement est de Paris, à 9 h je déballe mon chargement à Chelles. L' engin qui vide mes palettes d' eau est si énorme qu'il prend les palettes 4 par 4 au coté de la remorque, ça ne traine pas mais c'est presque dommage de ne pas voir la tronche du cariste qui est dedans. On n'a à faire qu' à une machine pratiquement. Le rechargement est prévu au nord de Creil, le temps d'y aller et de trouver le bon portail il est midi, tant pis. Le temps de m'installer et de grignotter un morceau un gars me fait signe d'entrer. Il est à peine 13 h et je commence à charger dans la cour. Le cariste n'a pas l'air bien futé à compter alors j' ouvre l'oeil. Sortie de là, avec mes belles plaques oranges, je file sur le nord. Je suis complètement dans le gaze, je sens bien que je n'ai pas tout mes réflexes, mas il faut continuer.  Passage rapide à Cambrai poser mes documents et je continue sur Valenciennes. Le coeur n'y est vraiment pas, je me traine pour arriver jusque devant mon client. Je prends place devant le portail au fond du cul de sac, ce qui est cool c'est que j'aurai la paix. Il est 18 h, une soupoe et au lit mais j'ai bien du mal à trouver le sommeil. Des ennuis très personnels me travaillent. Ca bouillonne à l'intérieur, grosse remise en cause de tout.

Mardi 6

7 h 20 j' émerge, complètement stone, je me suis loupée. 10 minutes plus tard je suis chez le gardien qui m'indique le chemin. Rien dans le ventre et la gueule enfarinée, je tape une bonne suée en plein soleil matinal à ouvrir mes deux cotés de remorque. Surtout que je ne chôme pas, à 8 h je suis déjà sur le parking de sortie. Le programme tombe: chargement de bobines sur Maubeuge pour Pérugia puis complément. Cool je vais rouler un peu, sauf que je suis morte physiquement et moralement. Petit dèj à la station toute proche pour tenir le choc puis je me rends au chargement. Je retrouve un collègue que je vois peu souvent mais que j' apprècie, ces blagues me font oublier le temps d' attente car je ne ressort qu'à midi et demi. Le temps de remonter sur Valenciennes, il ne reste pas longtemps à attendre pour que le cariste me charge, à piene de quoi avaler une tartine et un café. Le colis tout en longueur passe de justesse à coté des bobines, il était moins une de ne pas pouvoir remettre le poteau en place et refermer. Je passe en vitesse prendre une dernière palette au dépot. J' aurai bien pris une douche pour me réveiller mais ça ne colle pas avec mes coupure, et je prends donc la route sans grande conviction. La descente est d'une banalité effrayante, mais ça roule bien. le poids est là mais la répartition est impéccable: peu à l'avant et tout sur les essieux. Heureusement quelques amis pensent à moi au téléphone, ça passe le temps. Je tente la douche à Chalon en Champagne mais c'est l'heure de pointe et la douche réservée aux femmes a été réquisitionnée aussi: je me vois donc pas l' intéret d'en avoir une! Pour une fois je bifurque à Dijon sur le Jura. Toutes les aires de repos sont prises d'assault, faut dire qu'il n'y a pas beaucoup de place. Et à la grande station, le parking est commun aux deux sens de circulation. Je m'en vais squatter le parking de l'examen au permis de conduire à l'entrée de Lons, j'ai entamé ma dixième heure de conduite une deuxième fois. L'idée de dormir sur la piste ou j'ai obtenu mon papier rose il y a 10 ans m'amuse... Je suis naze mas ne dors que d'un oeil une fois de plus.

 

Mercredi 7

En route après mes 9 h de repos, j'aurai bien fait du rab. Je suis à l'ouverture au magazin pour poser ma palette, les horaires ne laissent pas de marge: 9h/11h. Je sort pas la nationale jusqu'à Bourg pour enquiller l'autoroute. Première station, je demande la douche. On me répond que non, elle est trop crade et la femme de ménage ne passe pas maintenant. Youpi. Une honte au prix ou l'on paie, on pourrait avoir un service 24/24. Je profite de la douche gratuite en haut du col de Ceigne, après avoir fait la queue derrière des touristes anglais casse bonbon à la caisse. J'ai cru que le caissier allait péter un boulon. La douche n'est pas très propre, mais depuis le temps que j' attends après! Puis je continue non stop sur le Mont Blanc, pose après Aoste pour casser la croute vers 15h et reroute sans perdre de temps jusqu'à Bologne. Je calcule que demain je peux faire mes deux livraisons dans la matinée sans traîner évidemment.

Un beau convoi

Jeudi 8

la route Cesena/Perugia http://video.google.fr/videoplay?docid=2658895617278459647&hl=fr

Pas le temps de flemmarder, je mets en route à la première heure. Je descends sur Perugia via Cesena. Ainsi j' évite la traversée de Florence, et en plus c'est gratuit, revers de la médaille: la route est toujours défoncée. Quoique le revêtement a été amélioré sur certaines portions, d'autres sont encore en travaux. Malgré ma charge je grimpe à l'aise, je suis à 9 h 30 chez mon premier client qui prend ses colis rapidement. J' arrive à 11 h pour poser mes bobines à 60 km au sud de Pérugia (je ne suis qu'à une cinquantaine de km du nord de Rome), avec un peu d'attente je suis libérée à midi. J'ai ordre de remonter sur Cesena, j'ai un chargement de carrelage prévu mais on cherche un petit complément. Je profite de l'heure creuse pour m' enfiler la remontée d'une traite, il faut beau et le décor est splendide. Ma pause est faite avant de reprendre la grande autoroute. Pas de complément pour aujourd'hui, je mets le turbo pour tenter le chargement de carrelage aujourd'hui. Je me pointe sans conviction à 17 h 15 dans la région de Sassuolo à mon adresse. Le gardien me fait signe d' entrer, il n'est visiblement pas trop tard. Par contre au bureau on m'informe que je suis prévue pour demain matin, il faudra attendre, à moins que le chef soit décider. Ce dernier me fait patienter, je ne bronche pas et garde un espoir. Et ça paye car il me dit de me dépêcher d' ouvrir un coté de la remorque, vu que c'est un "complet" ça va vite. 18 h, satisfaite, je ressors. Direction la première station pour un rafraîchissement bien mérité et un brin de toilette. Je redescends sur Modena, plus exactement à Campogalliano (très connu pour sa douane). Je trouve une place in extrémis entre deux camions turcs. Enfin une méga coupure, je ne dois me tenir que pour 9 h.

Vendredi 9

J' émerge à 8 h et prends mon petit dèj tranquille au camion. Comme je vais poser un sac à la poubelle voisine, les chauffeurs turcs me saluent, visiblement surpris de voir une femme. Au retour ils m'invitent à prendre un café "au coffre à palettes". Un peu plus tard, alors que j'attends le coup de fil pour démarrer, un marchand ambulant vient me déballer son bazar. Je n'arrive pas à m'en défaire, les deux turcs viennent me le virer, merci Messieurs! 9 h 15, rien dans le secteur pour moi, route sur la remontée. Gasoil café à Reggio, à peine ressortie on me donne un ordre pour Turin. Pour y être avant 14 h il ne va pas falloir traîner... Mais le plan tombe à l'eau deux heures plus tard. J'attends patiemment 14 h 30 s'il y a du nouveau: cap sur la maison. Cela m'arrange bien car j'ai juste le taf d'heures pour rentrer, sans m' amuser. Je pose le camion à 21 h 30.

calandre pleine de moustique=routier heureux

Samedi 10
Dimanche 11
Lundi 12

Mardi 13

Après ce long week end de Pentecôte, il faut songer à reprendre la route du nord, fraîche et dispose, dés 5 h. Il n'y a pas grande foule sur la route, ce qui me va très bien. J' assiste à un beau lever de soleil brumeux sur Chaumont, le reste du trajet est classique. J' arrive peu après 13 h sur mon chantier à coté de Cambrai. Les gars n' embauchent qu' à 14 h et ne sont pas violents à reprendre le boulot. Une fois vide il faut patienter un moment avant d' avoir les ordres: chargement demain pour la région de Siene, Cool, encore un joli tour, mais avec la semaine raccourcie, il va pas falloir traîner. Je vais tranquille sur Maubeuge et termine à 18 h, petite journée.

au détour d'une route, superbe batiment

Mercredi 14

Je suis à 7 h à mon rendez vous, mais le gardien m' annonce qu'il y a un peu d'attente. c' était bien la peine de se lever si tôt... si j' avais su je serai venue dormir sur le parking de l'usine pour éviter de cramer de l'amplitude pour rien. Un italien m' offre le café, et essaie de monnayer mon tour à Siene comme le sien en Allemagne: non, rien à faire, je le garde! Puis arrive un collègue, son tracteur est bien amoché. La conversation est rapide car il se plaint dejà qu'il va rentrer tard, mon bippe sonne, ça tombe bien je fonce à la bascule. Il me faut faire deux portes pour charger, je ressort à 10 h 30. passage au dépôt via Valenciennes, la voie rapide est coupée pour travaux, je me perds un peu car la déviation qui est indiquée n'est pas la bonne, merci les gilets fluos. Je charge en vitesse une grosse caisse pour Grenoble, et roule. Il ne faut pas perdre de temps, pourtant j'ai un peu de mal. Alors que je fais ma coupure sur Reims un collègue s' arrête me dire bonjour et discuter. Il me raconte sa mésaventure de la semaine dernière: il s'est fait rentré dedans par un autre camion, grosse frayeur. Apparemment c'est la série noire en ce moment. Je continue ma descente, pour finir au nord de Macon. Si seulement j' avais pas bouffer mon amplitude j' aurai rejoint Lyon. Il est 22h

le temps est à l'orage

merci pour la poussière cher collègue

Jeudi 15

On annonce un gros bouchon sur le nord lyonnais, mais avec la nouvelle interdiction en direction de Fourvière je n'ai pas trop le choix que de foncer dedans: 10 km, 1 h 30. Ca ne m' arrange pas. Arrivée à la sortie de l' agglomération on annonce une citerne de matière dangereuse accidentée juste derrière moi. (Lyon va être paralysé jusqu'en soirée, je l'ai échappé belle). Je file sur Grenoble, pose ma caisse en vitesse avant midi et loupe Mumu de peu. Si je l'avais appelé 10 minutes plus tôt on se faisait la bise. Dommage. Je continue après une demi heure pour le casse croûte sur le Fréjus. Coté italien je ne traîne pas, me faufile en slalom dans la cohue de Turin. Je descends ainsi jusque sur Modéna, calcule le temps perdu dans le bouchon du matin. Hors de question que je plante ici, il faut continuer. Sur Bologne la station service est un cauchemar à traverser tellement il y a de camions garés en vrac. J' entame donc la montée vers Florence et me trouve un petit parking en bord d' autoroute. C'est bruyant mais pas trop le choix. En enlevant le temps passé dans le bouchon , j'ai pile poil 10 h de volant.

j'aime ce genre de déco colorée

Vendredi 16

A 6 h je suis en marche, ça descends pas trop mal sur Florence, puis je ne lâche pas le pied jusque chez mon client au nord de Siene. Celui ci me réceptionne de suite, café en prime. 8 h 30 j' entame à remonter. Florence traverse doucement car c'est l'heure de bourre, la montée vers Bologne est une catastrophe, comme toujours. Au moins j'ai le temps d' admirer le paysage: 50 km coincée derrière des citernes et interdit de doubler tout du long. J' arrive néanmoins à 11 h 15 à mon adresse. L' enseigne n'a rien à voir avec ce que l'on m'a indiqué, je me présente et l'on m'annonce que ... ceux que je cherche ont déménagé! Youpi! 10 minutes plus tard mon chef a trouvé les coordonnées, je rebrousse chemin, dégoûtée car je suis passée devant à l'aller. Résultat: une demi heure de route fichu en l'air. Pour la peine les gars font un peu de rab pour me charger pendant la pause. Je repars vers ma ramasse de céramique, évidemment c'est une boutique perde dans la montagne, ce qui réduit mes chances de dormir en France ce soir. J'y suis à 14 h à l'ouverture et on décide de me faire passer devant bien qu'il ait du monde dans l'allée de chargement. Ça passe au millimètre entre les remorques et les palettes. Tellement juste qu'il faut rabattre mes deux rétros. On me guide en douceur, mais au dernier obstacle je me retrouve coincée contre une pile de carrelage. Stop tout, j'attends que les camions arrivent à se pousser un peu, sans m' accrocher l'autre coté. J' essai de manoeuvrer pour me dégager: rien à faire pour ne rien casser, d'autant plus que les palettes étant gerbées sur 4 hauteurs, il ne faudrait pas les faire bouger et tomber. La technique est périlleuse mais marche: un énorme chariot vient soulever le cul de la remorque pour le décaler d'une dizaine de cm. J' arrive enfin à me dégager, et à charger. Bilan: une attache de bâche HS et un petit accroc dans la bâche. Ca me rend triste, encore une prime qui va sauter. Au bureau je redoute que l'on me présente un constat car il y a quelques paquet cassés sur la palette que j'ai touché. Rien, je prends mes documents et ne demande pas mon reste!! ca circule énormément sur la route du retour, je suis fatiguée. A Tortone j'ai presque mes 9 h de volant, beaucoup de temps perdu pour rien, je me mets en coupure pour la nuit, il est 18h

Vignola, région de Modena

Samedi 17

Mon réveil sonne peu avant 3 h mais je le zappe aussitôt. Quand j' émerge j'aperçois le jour à travers le toit ouvrant, mince déjà 6 h passé!! Plus rien ne presse et je prends un copieux petit déjeuner à la station et vais me débarbouiller. De retour au camion, force est de constater que je suis de toute façon coincée, devant, derrière, à coté, pas moyen de faire plus de 3 mètres. Fallait s'y attendre. Je prends mon mal en patience, ce qui est récompensé assez vite car le camion de devant veut partir aussi et le chauffeur réussit à en faire bouger un autre pour nous laisser de quoi s' échapper du parking. La remontée sur le Fréjus est calme, je fais ma coupure de l'autre coté après Chambéry. Les choses se corsent sur Lyon, il y a un accident assez sérieux dans la bretelle de la rocade, puis il faut compiler avec la circulation très denses en direction du nord, on se croirait en départ en vacances. Je pose le Gros à 15 h 30, je suis stone.

Dimanche 18

Lundi 19

Démarrage pénible à 6 h, je traîne mes kilos vers le nord de la France, le lundi matin devient banal. Je passe poser mes papiers au dépôt avant de continuer sur Douai pour une première livraison. Je n'ai tellement pas la tête à ce que je fais que je tourne en rond dans la zone alors que je suis déjà venue. Puis le téléphone se met à sonner, un vrai standard, je suis étonnée de voir qu' autant de monde s'inquiète de moi. Ca fait plaisir et ça remonte un peu le moral. Je termine de vider à Dourges, un peu en avance sur mon rendez vous. Il me reste un peu de temps à rouler donc je continue sur Maubeuge ou je dois charger demain matin à 7h. La centaine de km à faire interminable. Sur un bout de 4 voies, un camion, que je n'avais même pas vu arriver à ma hauteur, me klaxonne et me fait un geste amical. En se rabattant il me met les warnings de façon insistante. Je me rends compte que je suis en pleurs, joli tableau... Les nerfs ont pris le dessus. 19 h 30 je me range sur le parking de l'usine, tout au fond pour avoir la paix.

Mardi 20

6 h 55 je m'enregistre à l'entrée de l'usine, je passe sans attendre en bascule puis vais visiter mes deux portes d'enlèvement. Cela est relativement rapide car en une heure et demi j'ai chargé. Je vais compléter à quelques kilomètres avant de repasser au dépôt trier tout ça. Je profite de la coupure de midi pour manger tranquille et prendre une bonne douche, ça rafraîchit les idées aussi. 14 h 30 je mets les voiles, une fois de plus je suis bien chargée, mais bien répartit. Pas d'escale jusque Chalon en Champagne ou je mets du gasoil. J'entame la discution avec mon voisin de pompe, puis me rend compte qu'il est ni plus ni moins en train de me draguer. Je me dépêche d'aller au parking finir ma pause. Forcément l'autre me suit... je suis sauvée par un ancien collègue qui arrive au même moment. Je peux donc aller boire le café sous bonne escorte! Je continue sur la descente en prenant 30 minutes pour le casse croute, puis trace jusqu' à ma première livraison pour demain sr Dijon. Par chance il y a un immense parking en face la petite boite, au milieu des près, ça me va très bien car il est 22 h et je n'en peux plus.

Mercredi 21

A peine 8 h que ma première livraison est faite, la journée s' annonce bien. Cap non stop sur Lyon pour poser le deuxième client, chose faite avant midi. Avec un peu de chance ça passera pour le 3 ème sur Turin. Je ne perds donc pas de temps, si ce n'est la coupure obligatoire et le plein pour être tranquille. Ca bouchonne au Fréjus et commence à abandonner l'idée de vider ce soir à Turin. Je mets néanmoins la gomme dans la descente, mon gps me calcule l'adresse dans une rue que je connais déjà, c'est cool. J'arrive sur place à 17h02. La secrétaire arrive à me trouver un mautentionnaire, il me faut plus de temps à ouvrir un coin de rideau qu' à descendre le colis. Le gars m' aide à faire demi tour car la cour est un peu juste et le poids de la remorque n'aide en rien. 17 h 30 je reprends ma route vers Piacenza, soulagée. Pour sortir de l' agglomération à l'heure de pointe, c'est slalom garanti afin d' éviter les coups de frein intempestifs. Je tire au maximum de ce que le disque le permet afin d' anticiper la fin de semaine, j' aimerai rentrer vendredi. Cela me fait échouer sur un refuge à l'entrée de Piacenza. Mon ami Fly mange à Tortone, dommage, la pizza en tête à tête sera pour une autre fois!

Jeudi 22

En route à la fraîche, j'ai mal dormi à cause du passage. J' enquille la descente vers Florence puis Siene avec un seul arrêt de 15' pour le petit dèj. Ça roule tellement bien que je suis en milieu de matinée chez mon client, la porte étant libre, je suis de suite en place sous le pont. Le temps que l'on me débarrasse de mes bobines je bois le café avec 2 autres chauffeurs français dans la bonne humeur. Une fois la fosse refermée et le matériel rangé je prends mes instructions: la première ramasse est à 10 km, de plus je connais, sans traîner je peux faire l'enlèvement avant midi. C'est chose faite, mais il y a une palette supplémentaire et le temps d'avoir la décision des mes responsables, il est midi passé et je dois attendre 13 h 30 pour charger. Il ne va pas falloir freiner pour remonter sur Modéna faire mon carrelage! Je calcule que je peux y être avant 17 h, c'est cool. Mais je déchante vite car ça plante en beauté sur la traversée de Florence, une heure et demi à l'arrêt. J' arrive à 18 h 30 sur la région de Sassuolo, peine perdue. Ne trouvant pas mon marchand de céramique, je demande dans un restaurant. Finalement j' établit le campement sur le petit parking, ce soir ce sera menu pasta. Ça fait du bien de voir un peu de monde, il n'y a là que des chauffeurs français, des habitués de la région. L' ambiance est très conviviale, la papote dure jusqu'à minuit. Vite, au lit...

Vendredi 23

Je décolle à 7 h 30 pour ne pas être en retard, mon client n'est qu' à 2 km. Néanmoins je tourne et vire avant de trouver, l' enseigne n'est pas la même que celle indiquée. Rien de bien méchant mais en attendant le parking s'est rempli, il va falloir faire la queue d'autant plus que ça charge un camion à la fois. Devant moi une bétaillère, son chargement dur un bon moment car ce n'est vraiment pas prévu pour ce genre de manipulation. Heureusement tout les chauffeurs présents sont sympas, il y a là deux anciens des pays de l'est qui se retrouvent, un vrai moment de plaisir à partager. Je ressort tout de même de là vers onze heure. Ma dernière ramasse sur Turin est annulée, mais je dois changer de remorque coté français donc je ne chôme pas. L'amplitude est un peu juste pour rentrer, mais sans lever le pied ça dois passer coté heures. En route je reçois un appel d'une vague connaissance du site, au bout d'un moment nous nous rendons compte que nous nous connaissons bien, ça remonte à une petite dizaine d'années! Je pose le camion à 23h

Samedi 24
Dimanche 25

Lundi 26

Après un week end rempli de merveilles (j'ai pris le large), je retrouve mon volant en milieu de matinée. Gasoil à la première pompe puis route vers le nord, tranquillement. La pause à Chalon en Champagne, puis un café entre Laon et St Quentin, je passe au bureau poser mes papiers en fin d' après midi. Il commence à pleuvoir, juste de quoi se faire tremper en traversant la cour. Je sers quelques mains mais ne m' attarde pas, sur le quai ça fourmille. Les choses se corsent en direction de Lille : il pleut à verses, je lève le pied et augmente les distances car les routes sont inondées. 19 h 30 je m'installe sur l'une des dernières places libres du centre routier de Lesquin, la manoeuvre est compliquée à cause de la buée qui a envahit la cabine, même la clim n'en vient pas à bout. Le temps de remplir mon rapport de la journée, la pluie se calme et tel un escargot, un collègue garé à coté vient tailler la bavette. Je mange au camion, un petit tour sur internet et dodo.

Mardi 27

Le réveil est lourd car je porte un an de plus aujourd'hui. Pas le temps de pleurer sur mon sort: un café et zou je pars sur Lille vider mon complet. Les opérations se font à quai, donc je suis tranquille une bonne heure. Sortie de là mamie se grouille de redescendre à Lesquin prendre la remorque d'un collègue qui a un ennui mécanique. La livraison urge, je ne perds pas de temps. Il y a plusieurs paires de bras et en une heure le complet de vrac est vidé dans la cour du client. Je referme les bâches de justesse avant l' averse. Je redescends au Crt, et en profite pour mettre du gasoil. Manque de chance la grande station est fermée pour dégazage et à la petite aucune pompe ne fonctionne pas. J'ai un peu de rab, mais sans plus. Après avoir mangé tranquillement les ordres tombent: sur Douai je ramasse une moitié de remorque à quai pour le sud. Puis il ne reste qu'à descendre sur la nord de Paris pour demain matin. Je tente le plein à Arras: la borne ne veut pas de ma carte, cela arrive parfois, mais ça me fout les nerfs. Je poursuis, ma réserve s' épuise vite donc je grimpe sur l' autoroute jusqu'à Roye. Je croise les doigts au moment de mettre la carte dans le lecteur: youpi ça marche! Suite de la descente par les nationales jusqu'à ma zone. Je termine à 20 h 15. Il se met à faire de l'orage, je suis bercée.

Mercredi 28

Je me présente au grand entrepôt à 8h, on me donne un quai de suite. Je vérifie scrupuleusement le chargement car certaines palettes ne m'inspirent pas confiance, heureusement tout est bien protégé, je porte néanmoins une liste de réserves sur les documents. 9 h je suis sur le trottoir à attendre la suite. 10 h 30: cap plus au sud. Juste avant midi on me rappelle pour savoir si je peux être avant 17 h sur Beaune: pas de soucis. J' écourte donc la pose repas, prends une douche en vitesse à Auxerre et roule vers le minuscule village ou je fais mon dernier enlèvement, dans la vallée de l' Ouche, magnifique endroit à une cinquantaine de km de chez moi. Je persiste à penser que ma région est splendide. Il fait beau, limite un peu lourd, le moindre effort et me met en nage. Débachage des 2 cotés de la remorque, avant de charger on me prête un transpalette pour bouger quelques palettes afin de mettre la marchandise dans le bon ordre des livraisons. Le gars d'une bonne cinquantaine d' année est assez bourru sur le coup, je crois que le fait d' avoir a faire à une femme le perturbe un peu. Puis il se radoucit en voyant que je maitrise mon matériel, la disposition, le calage et le sanglage des gros éléments. On dira que je m'en sors bien. 17 h je prends la petite route qui coupe à travers pour descendre sur Beaune. Elle n'est pas bien pratique mais je me fais plaisir tellement la vue est grandiose. Puis c'est l'autoroute, je n'ai pas de temps à perdre: on m' attend avant 11 h demain sur Toulon. Gasoil en vitesse à Chalon et je poursuis de nuit. Sur Valence, le ciel est zébré d' éclairs dans tout les sens, j' adore. Puis l' orage éclate, certaines rafales sont violentes, me fesant ralentir sérieusement. Je trouve refuge à Monthélimar à 23 h, j'ai ma dose pour aujourd 'hui.

Jeudi 29

Pas de quoi chômer aujourd'hui: on se lève pour décoller à 7 h. Je ne pose pas pied à terre jusqu'à ma première livraison sur Toulon. On me prévient de suite que le contrôle va être pointilleux car il s' agit de matériel de bureau et tout ce que cela comporte, d' ailleurs on s' étonne que le camion ne soit pas plombé, mais toutes les palettes sont sécurisées. A l'heure ou je ressors il est trop tard pour vider à Fréjus avant midi, je m'informe auprès du client de l'heure d'ouverture et du chemin à prendre car il se trouve prés du centre ville. Surprise en arrivant, je n'ai qu'une piste cyclable pour stationner et vider au coté. De plus le peu de place qu'il reste pour le chariot élévateur est parsemé de quilles. Il faudra une bonne heure et demi pour venir à bout de la mission. Il me reste tout juste le temps de rejoindre Nice avec en prime un bouchon sur l'autoroute. A destination il me faut plus temps à manoeuvrer qu'à vider tellement l'espace est encombré. Mais le client est bien sympa et me guide. Je m' échappe de la France via Vintimille jusqu'à Savonne ou je recharge demain, non pas pour rentrer, mais pour monter sur Turin. Cela ne me réjouit pas, de plus j' accuse la fatigue. Il fait toujours très lourd, je supporte mal. Sous l'orage je cherche mon adresse, avec hâte de me garer pour la nuit et de manger. Je me plante, me retrouve sur le bord de mer et pas moyen de faire demi tour. Je fais donc quelques kilomètres avant de trouver un inespéré rond point pour retourner mes 16 m 50. Mais le fameux rond point est petit et en travaux. Il me faut une bonne quinzaine de minutes pour en faire tout le tour: j' avance par 2 m à la fois, en descendant au fur et à mesure dégager les balises de chantier dont certaines, remplies d' eau, sont extrèmement lourdes. Pour corser le tout il y a quelques coups de klaxon dans la file derrière. De retour sur mes pas je ne trouve toujours pas ma route, je finis par aller demander à la grande station à la sortie de l'autoroute. Le pompiste me renseigne: ce n'est pas compliquer, il faut prendre là ou il y a les grands panneaux d'interdiction poids lourd. Évidemment, c'est si simple! et en effet, mon client est à 300 m en face. Encore fallait il le savoir. Je ne cherche même pas une place de parking, devant le portail ça me va bien. Je me renseigne vers Fly et Sweden de savoir pourquoi on affiche partout de ne pas emprunter les tunnels transalpins (je crains la grève), ils me répondent en coeur qu'il s' agit des intempéries. Vu ce qui dégringole, ça ne m' étonne pas. Il fait chaud mais je ne peux pas aérer la cabine sans en mouiller l'intérieur, quelle plaie!

Vendredi 30

Reveil toujours humide, j'ai mal dormi. Il pleut encore et je cours chez le gardien, il y a sanitaires et machine à café. Je charge derrière un italien qui a l'air bien ennervé et pressé. Heureusement les opérations ont lieu à quai mais dans un espace semi couvert, pas moyen de rester réellement à l'abris. Trippée je prends la route vers 9 h vers Alessandria et Vercelli. J'ai situé mon adresse proche du centre ville, je décide de faire confiance au gps en prenant l'interdiction PL mais en évitant tout de même certaines rues étroites. J' atterrit dans ce qui a du être une ancienne gare, tout y est à l' abandon. Je redoute de faire chou blanc jusqu'à ce que je découvre la pancarte toute neuve du client à l'entrée d'un chemin, ou plutôt d'un passage dans une friche. Stupeur en découvrant le vieux portail au bout, il est pris dans les ronces... En regardant bien je trouve une sonnette, et miracle de voir la porte s'ouvrir. Immense soulagement. Je retrouve mon italien énervé du matin, il est nettement plus souriant et me guide pour prendre place au vieu quai qui manque de visibilité. Midi, je suis libérée, direction sur Turin pour enfin recharger pour le retour. La grande usine à café est stricte mais sympathique, café offert. Le chargement traîne un peu. Je passe pas mal de temps à me battre avec mon cordon TIR, plombage oblige. D'un coté l' embout est tordu et rouillé, ça va très mal à passer dans tous les boucles des attaches de bâche. Il faut dire que les trous prévus à cet effet ne sont pas très gros non plus. 16 h je fais les papiers de sortie. Le gars me demande par ou je passe, je lui réponds "par le Fréjus" ne voyant pas en quoi ça l'intéressait. Je me précipite au portail de sortie, ravie de voir que je peux rentrer dans la soirée. Le gardien m'indique le parking. Comment? mais pourquoi? je veux me casser au plus vite moi. Le gardien me répond "mais pour attendre la police". La police????? "mais oui Madame, je ne peux pas vous laisser partir, il faut que la police vous escorte jusqu'à la frontière!" (j'ose pas imaginer les yeux que j'ai du faire). Ils arrivent une petite demi heure plus tard, et je traverse Turin sous escorte, mes gardes du corps me lâchent au dernier péage et je rentre tranquille à la maison. J' avais déjà entendu parler de cela par des anciens, mais je pensais cela révolu, voir même qu'ils en rajoutaient un peu. Et bien non! 23 h 30, bon week end...

Samedi 31