Mon Carnet de bord... Suivez mes aventures, semaine après semaine!

Juillet 2009

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Mercredi 1

On fait l’ouverture pour compléter à Béthune, le chargement est un peu long car la place est comptée, et il faut tout caler et sangler. En fin de matinée on passe au dépôt, surtout parce que j’ai soif, et pour des affaires personnelles qu’elle me dit.

Je prends la route vers midi, pour une descente tranquille, routinière même.
Les heures nous amènent au nord de Lyon, sur une petite aire inconfortable à cause du bruit et de l’espace très réduit, je ne dors que d‘un œil en craignant de me faire arracher une oreille à chaque instant. Dur dur de trouver le sommeil, en plus il fait vraiment chaud.

Jeudi 2

7h00, pas une minute à perdre. Bien sur Lyon nous fait ralentir, puis on s’engouffre dans la vallée du Rhône. 15’ de pause pour le café et roule sur Bollène. Un gros chantier qu’elle a déjà livré avec le Gros à plusieurs reprises, apparemment ça peut être tout bon ou tout mauvais pour vider rapidement.
A l’entrée principale on nous dirige vers une autre entrée, elle passe un moment à faire les papiers pour accéder au site, la nana de l’accueil l’a un peu gonflé: elle se bornait à nous renvoyer à l’entrée principale car c’est-ce qui est indiqué sur les papiers…
On attend patiemment qu’un collègue finisse de vider pour avoir l’ accès au site vers midi. Le lieu est autement sécurisé il y a de quoi car c‘est une centrale nucléaire! J’ai droit à l’inspection en règle avant de mettre une roue dans l‘enceinte, et encore, sous escorte!

On passe un moment en plein cagnard et en pleine poussière. La seule ombre disponible est la mienne et elle s’y réfugie. Elle profite d’avoir ouvert les bâchesz pour remettre de l’ordre dans les lots suivants: ça a glissé. Apparemment quelques colis ont des traces, faut dire que les palettes ne m’inspiraient pas confiance au départ.

13h 45, on ressort toujours sous escorte, et on se dépêche de disparaitre sur la grande A7. Ce qui est sur c’est qu’on ne videra pas tout aujourd’hui, je la sens désespérée. Ca sent encore un retour à la maison samedi…. Vu qu’on est plus à 5 minutes elle en prend 10 à la première station. C’est le bordel à cause des touristes, même pour aller aux toilettes c’est le parcours du combattant. L’autoroute est chargée, c’est l’intro de ce qui nous attends dans les semaines à venir qu’elle m’explique.
Au péage le bip bip ne fonctionne pas. Ce qui met les nerfs c’est de voir la fille au péage manuel le nez dans son bouquin alors que j’avance et recule plusieurs fois pour essayer de déclencher le bazar. Erreur d’appréciation, elle m’a dit d’y aller en voyant la barrière ouverte, en fait ce n’était pas la bonne. Vu la hauteur de la barrière baissée je comprends qu’elle ne la voie pas du poste de conduite. Je m’en tire avec une belle rayure tout du long de la cabine. En frottant le plus gros de la trace va partir, mais en attendant j’ai l’air fin!

On bifurque sur Manosque pour poser un petit lot. Les gars sont bien sympas, on évite la boulette du colis oublié vu qu’elle en avait mis à terre. Un bon contrôle et tout rentre dans l’ordre. Maintenant direction Gap par la belle et déserte A51. Coup de fil au chef qui lui conseille de trouver un arbre pour nous mettre à l’ombre.

Je sors à Sisteron car elle m’indique un resto pour qu’elle prenne sa douche: horaires d’ouverture seulement le midi, on se casse. Du coup on monte par la route Napoléon en espérant trouver un relais: pas un rade, rien de rien.
Je termine sur un bout de trottoir dans la zone commerciale que nous livrons demain, vers 19h. Les boutiques ferment, adieu le lèche vitrine et l’idée de faire les soldes!

Je la sens fatiguée: la chaleur, la course, le fait d’être seule et isolée

vue du gps

en live ça donne ça

Vendredi 3

07 h 30 on se présente au magazin, le chef nous indique une autre entrée ou il faudra attendre 8h. Pendant ce temps on se fait griller la place, tant pis! Les palettes étant un peu bancale ça met du temps à les décharger délicatement. Le réceptionnaire est conciliant en ne pipant mot des colis éraflés, pourtant ça méritait la réserve.

Le chef nous dit de patienter, indécis sur la direction à prendre. Dans la zone il y a un petit bar, elle en profite pour prendre son café et me ramène deux croissants. Miam les miettes j’adore, vite la souflette!
Pour passer le temps on regarde l’ atlas en rêvant de col de l’ Arche, et autres routes de montagne.
Le verdict arrive à 10 h 45: cap sur Turin via Briançon et le Mont Genèvre. Je la sens toute excitée, moi aussi, une route un peu mythique dont tout les anciens parlent souvent.

La N94 roule à merveille et est très jolie. Avant Briançon quelques villages sont étroits mais ça passe tranquille, on croise plus de motos que de voitures. A une quinzaine de km avant d’ attaquer la grimpette un panneau lumineux nous interpelle: le col est fermé aux PL et il y a un alternat pour les voitures. Si on passe pas on est mal, très mal, pris au piège car on n’aurait plus qu’ à redescendre d’où on vient pour changer d’itinéraire. Il faut trouver des renseignements et vite, elle appelle la gendarmerie du secteur. Une charmante dame explique qu’un camion portugais est en mauvaise posture dans le col, mais que la patrouille vient de l’ avertir que la circulation reprend normalement. Ouf, fausse alerte, on l’a échappé belle!

Que dire du périple à suivre? Que du bonheur, une petite pointe d’adrénaline en plus. Je prends vraiment mon pied. C’est pas large, il faut s’ arrêter pour croiser les voitures, c’est chaud même mais palpitant. Elle aussi se régale, c’est con, beaucoup ne peuvent pas comprendre ce genre de plaisir. Elle me dit que descendre avec 25t au cul, ça ça doit être flippant!

Coup de fil pour les instructions précises: pas de temps à perdre car on a deux enlèvements à faire avant 16 h30 et bien sur les deux à l’opposé l’un de l’autre. On a 10 minutes pour souffler au Gran Bosco et on poursuit notre course folle. 1er enlèvement, le chef sait qu’on est pressé et on ne reste de 15 minutes sur place. 2ème enlèvement, c’est encore du vite fait, cool. 16h elle déclare mission accomplie au téléphone, on a assuré comme des rois. Gap Turin 2 enlèvements en 4 h 29 de conduite…. Qui dit mieux?

Remontée brides abattues du Fréjus, et douche à la Total en France. Elle tarde a revenir car elle a retrouvé Yvan son ancien collègue et son beau frigo italien. Je lui tiens la dragée haute jusqu’à l’entrée de Lyon on la joyeuse troupe s’ arrête pour la nuit.
Ca papote des heures sur le parking, je veux bien mais demain si tu veux pas rentrer trop tard, va falloir songer à dormir!

Samedi 4

Forcément…. Le réveil est hard!
On est dans le bon sens car dans la descente, à 7 h il y a déjà 4 km de bouchon à Villefranche!

9h, parking. Ciao Ciao!!

Dimanche 5

Lundi 6

Cette fois elle abuse vraiment: ok il ne faut pas vider trop tôt, mais 8 h passées ça fait tard pour partir.
On ne déroge pas au traditionnel café à Auxerre, puis il faut passer à la pompe sinon je ne tiendrai pas le choc. Quand je disais que ça faisait court pour vider avant midi à Montargis, il est moins une pour qu’on attende la réouverture.
Rechargement non loin d’ Orléans, rendez vous 16 h, pas besoin de se bousculer donc pour une fois elle prend une demi heure pour manger tranquillement. Ceci dit on anticipe quand même l’arrivée à l’usine sous l’insistance du chef car la suite du programme est speed. Si on était arrivés quelques minutes plus tôt c’était bon pour griller quelques tours, manque de bol tout le monde arrive en même temps et il faut bien laisser passer ceux qui ont rendez vous plus tôt devant nous.
Il est presque 17 h quand on prend la route, reste à prier que Paris ne soit pas trop embouteillé. La jonction A10/A86 est bien encombrée, de quoi perdre une demi heure, mais le reste roule bien.
La remorque devant repartir de bonne heure demain matin il nous faut absolument arriver au dépôt ce soir. In extremis mais ça le fait, 22 h 45 je me range proprement dans un petit recoin de la cour pour une petite nuit.

Mardi 7

J’ai rendez vous à 8h chez le contrôleur de limiteur de vitesse, ça ne dure vraiment pas longtemps, puis le mécano veut me voir. Juste quelques graissages, un complément d’huile, et une inspection générale. Il en profite pour me faire bouger quelques remorques avant de m’en redonner une pour redescendre au dépôt. Elle la charge de gros blocs de bétons bien répartit puis va se chercher un méga américain à la baraque à frites.
13 h 30, elle m’emmène voir le docteur, encore un… celui-ci a l’air bien sérieux! Il me fait faire un essai de traction pour voir comment je suis fort, me secoue sur des plaques pour voir si je suis assez costaud, me fait freiner sur des rouleaux pour tester ma nervosité. Sans compter que je lui montre mes yeux, mes dents, et mon … Nan, je rigole. Verdict: un beau tampon « apte » sur la carte grise et un totocollant de récompense au pare brise. Merci m’sieur!
Après toutes ces pitreries on fait quoi? Déjà aller poser les gueuses puis on reprend le boulot avec un chargement sur Valenciennes.
Dés l’arrivée on est fixés: au moins deux bonnes heures d’ attente. Quoi on voit ce qu’il y a à prendre ça fait peur. Mais grand groupe, petite vitesse, et pas de jugeote: le cariste nous charge n’importe comment, du grand n’importe quoi. Mais il est plus de 21h et elle en a franchement marre et plus la patience de demander à ce qu’on refasse le chargement. Je lui conseille de sangler, elle m’envoie paitre, ça ira bien comme ça, la priorité est de se casser car demain il faut livrer 2 clients avant midi en région parisienne. En effet ça fait court!
Autoroute obligatoire pour finir sur une petite aire sans confort, avec la circulation d’un coté et la ligne TGV de l’autre, youpi.

bon anniversaire chef! (zoomer)

Mercredi 8

On décampe au plus vite pour rejoindre les beaux quartiers de St Denis. Qu’est ce que c’est moche! Notre chantier nous donne du fil à retordre: il y en a 4 dans la même rue et il faut trouver le bon; forcément c’est le dernier et le plus dur d’ accès. J’ attends un moment dans la rue, pas vraiment rassuré, l’ordre de rentrer. A l’intérieur ça joue des coudes entre les engins, c’est le souk. Bien sur en ouvrant la bâche c’est le triste constat de voir qu’un fardeau de matériaux a glissé et à moitié basculé. Le responsable n’est pas content, il appelle le sous chef, qui appelle le chef, qui lui-même attend le patron. On est mal! Elle suggère de descendre les quelques plaques à la main, il y en a que pour 10 minutes. Mais on lui répond que non pas question, pourtant ce serait si simple. Au final le gros manitout bien serviable et habile n’a aucun mal à aller repêcher le fardeau en mauvaise posture puis le reste. Le chef veut mettre des réserves sur les docs de transport, pas de problème. Sauf qu’il n’y a rien d’ abimé… Elle commence à en avoir marre et l’heure tourne, en fait elle a compris aussi que le chef ne sait pas trop écrire le français correctement alors elle note elle-même « sous réserve de déballage ». Le gars ravi la remercie vivement, nous on se marre car cette mention n’a aucune valeur.
Le temps de trouver notre adresse suivante il est midi et la boutique fermée. Mais vu qu’on bouche la rue on est obligé de nous ouvrir. Un bonhomme prêt de la retraite nous dit que vu qu’il est là, il décharge de suite, faut dire qu‘il n‘y a qu‘un coup de fourches à donner. Youpi!! 12 h 30, vide!

Les ordres arrivent de suite: deux enlèvements dans le secteur puis changement de remorque. Aller, courage. Mais la ruelle en sens unique de la première ramasse est étroite pour s’y faufiler, de plus il y a des travaux. Les ouvriers me guident au cm pour pas que je tombe dans le trou. Elle ne trouve pas le numéro dans la rue, et enfin s’ aperçoit qu’elle cherche le 18 alors qu’on va au 54... Pfffffff. Rebelote, on refait le tour du quartier pour reprendre la ruelle, et les travaux. Les gars sont pliés de rire on me voyant débarquer à nouveau, elle explique son étourderie ce qui lui vaut quelques plaisanteries.
Une fois à bon port je charge à cheval sur le trottoir et elle tire les palettes au fond de la remorque. Pas de temps à perdre pour aller au nord de Meaux dans un petit village. La fatigue et l’ excitation sont là, je l’oblige à prendre quelques minutes dans une station, histoire de faire descendre la pression. Il se met à copieusement pleuvoir, le dernier lot est à prendre au fond d’un chemin en cailloux d’où il faut ressortir en marche arrière, encore une montée d’ adrénaline.
Sans attendre on trouve une petite zone avec un peu de place pour poser la remorque, le collègue arrive aussitôt. Quelques mots sans s’ éterniser, j’ai de la route. 1000 km environ, soit 24h pour rejoindre Cremona (une heure au sud est de Milan). Go!

Auxerre, il faut faire une coupure complète, enfin un peu de repos. Elles me laisse seul le temps de prendre une douche, cela lui fait du bien. Décision est prise de garder l’autoroute jusqu’à Chalon pour pas perdre de temps. La Bresse est tellement déserte à cette heure tardive (les bressans se couchent comme les poules lol) que j’ arrive presque jusqu’au péage de Bourg, plutôt cool qu’elle me dit.

23 h 30, dodo. Le tumulte de Paris, la course, sans compter la vie personnelle, la pression a du mal à redescendre ce soir. Quelques mots gentils et rassurants en direct du 26 et enfin elle s’ apaise.

va falloir rentrer le ventre pour se glisser par là

qui croirait que c'est une usine?

autre configuration d'usine

Jeudi 9

Pas le temps de lézarder, un café, deux croissants et roule vers le Mont Blanc. Avec 5 tonnes aux fesses c’est royal, j’avale toutes les côtes en laissant la concurrence sur place. Petit détour par Bonneville pour le ravitaillement, hier soir on a fait l’impasse pour ne pas perdre de temps.
A la sortie du grand tunnel ça bouche un peu: à cause du sommet Gsais pas combien il faut montrer patte blanche pour entrer dans le pays et c’est le contrôle d’identité. Bonheur de voir une pancarte sur le coté pour indiquer une voie spéciale PL: on y échappe, pied de nez aux touristes et en avant dans la descente. Comme à chaque départ en vacances il faut se méfier des plaques étrangères, beaucoup sont déstabilisés de se savoir dans un pays étranger. Là on tombe sur un irelandais qui se traine à 70, puis un français qui freine tout ce qu’il peut dés qu’il entre sous un tunnel pour accélérer dés la sortie. A la station service aussi c’est la pagaille, sont tous perdus. Nous on a pas trop le temps mais il faut faire avec.
Je connais l’adresse sur le port de Cremona et file directement au bon quai, quand on connait pas on perd inutilement son temps au bureau. Pas de mystère, la fille toujours aussi gentille indique le parking pour attendre. Pas de panique, l’essentiel étant de vider ce soir, même tard peu importe. Pour info il est 17h pile et le calcul était exact à la minute près. Nous rejoint un collègue et la papote fait passer le temps. Notre retour est noté: un complet à prendre en fin de matinée ou début d’ après midi sur Parme soit une petite heure plus au sud. Cela la réjouit, peut être enfin rentrer demain soir. Le baume au cœur elle sort mon éponge préférée, c’est la grande toilette à l’eau et au savon s’il vous plait. Vu la chaleur ça sèche vite.
Libéré à 20 h 30 on descend dare dare à Parme, là encore on connait la zone. Devant l’usine un collègue a entamé sa nuit, les rideaux sont tirés alors je ne fais pas de bruit en m’installant prés de lui.
Pique nique géant en piochant les maigres restes dans le frigo et vla ti pas qu’elle pique du nez sur son yaourt. A la niche et Zzzzzzzzzzz………… Par sécurité je lui ai mis le réveil à 10h car elle est capable de quand même s’oublier.

toujours trop fort en déco les ritals

Vendredi 10

8 h, c’est le collègue, un ancien, qui frappe gentiment à la porte. Celui là je l’aime bien car il est toujours de bonne humeur. Il nous dit que sa commande est presque prête et qu’il va rentrer dans l’usine, et qu’au passage il va indiquer notre présence. Sympa. Elle s’habille et part à pied à la station toute proche prendre son cappuccino brioche. En revenant elle va tout de même montrer son nez à la porte de l’usine: notre commande n’est pas prête, le gars de l’interphone dit qu’il viendra nous chercher, ça aussi c’est cool. Moi il faut surtout pas que je bouge trop tôt pour rentrer ce soir voir dans la nuit. Ca ne m’empêche pas de travailler sur le carnet de bord, c’est du boulot au black mais chuuuuut!
10h, en ressortant le collègue nous dit qu’on peut rentrer, chouette alors. Je prends place sous le grand pont, elle ouvre le toit et un coté. De grandes plaques d’aciers viennent prendre place à bard, soigneusement posées, calées, protégées et sanglées avec l ‘aide d‘un ouvrier. Celui-ci a même mission de donner la main pour refermer la semi, très rare.

Midi, en avant toutes sur Turin. Avant d’arriver on nous indique une palette à prendre chez un transporteur, celle-ci est dispo donc on ne perd pas de temps.
Là nous nous trouvons nez à nez avec une chauffeuse italienne d'une cinquantaine d'année, très gentille, mais qui me fait réfléchir. En Marcel et sans soutient goerge, en jupe et chaussures de sécu, gros tatouage masculin sur un bras... J' espère ne jamais la voir ainsi tellement c'est laid!
A la sortie on fait le point au téléphone et la surprise est de taille: grand week end en vue! C’était plus qu’inespéré… Le revers est que le week end prochain on plantera peut être.

Reste plus qu’ à rentrer, pied au plancher et ventre à terre car ça le fait juste. Et avec les interdictions de demain, pas question de moisir sur un parking.

22h15, mon parking, profites bien de ces quelques jours de repos!

j'veux pas finir comme ça un jour

Samedi 11
Dimanche 12
Lundi 13
Mardi 14

Mercredi 15

Revers de grand week end, il faut partir très tôt, 2 h du mat. Pour ne pas être en retard elle n'a pas dormi, ça promet. Il pleut des cordes et elle arrive en claquettes et splash dans la flaque d'eau devant la portière, holala la bourde. 
Bref, sous l'orage on monte sur Beaune, Chaumont, Reims, la route habituelle pour finir à Soissons. Le déchargement est rapide bien que minutieux. Puis on se grouille de rejoindre la région de Valenciennes. A vouloir couper à travers on se retrouve dans des déviations de travaux à répétition, donc le gain de temps est nul. Après avoir posé la dernière palette en tout début d'après midi il faut se dépêcher d'aller recharger, tout au cul. Dur dur la conduite sur la route du dépôt, heureusement qu'il n'y a pas loin car je tords du croupion. Et il n'y a pas de descentes vertigineuses (on est dans le 59!) sinon mémère remorque aurait bien voulu passer devant. Non non, c'est moi le chef et je reste devant.  
Le disque est plein, on complète vite fait à l'avant de la remorque et zou, je recule dans le fond de la cour. 
Elle m'abandonne un bon moment dans les bureaux, moi j'ai déjà les rideaux tirés. 

Jeudi 16

5h30, ouste je décampe à la fraiche. Pause dés qu'on trouve un troquet ouvert pour le petit dèj et on enfile la descente. Après Reims il y a une déviation à suivre, je la trouve bien longue mais la perte de temps n'est que d'une bonne dizaine de minutes. On a la mauvaise idée de s'arrêter à la station de Dijon, c'est bondé de touristes et il faut se frayer un chemin entre les voitures et les caravanes, c'est chaud pour pas en écraser un au passage.
Je file à la première livraison, elle transpire un bon coup même à l'ombre en débâchant. C'est du vite fait et on termine les heures à la sortie de Lyon. 
17h30, youpi la coupure en plein soleil, c'est coton pour dormir et il faut partir tôt dans la nuit, c‘est pas gagné!  

Vendredi 17

Le départ se fait avec 45 minutes de retard, pas facile de dormir avec cette chaleur et d'être d' attaque à toute heure du jour et de la nuit. On passe le Fréjus sans encombre ainsi que la descente. Elle préfère faire la pause avec anticipation avant Turin, pourtant on aurait pu aller jusqu'à l'usine sans problème. Mais vu qu'il s' agit d'un grand site, pas sur que l'on puisse rester sans bouger assez longtemps. 
Sur place il faut patienter un petit moment, dommage. L'ambiance est bonne, un cariste marocain est tout content de pouvoir discuter en français avec nous. A chaque fois qu'il passe et repasse on a droit à un mot gentil. Puis il finit par nous servir de guide au moment de se mettre en place car elle a pas tout pigé pour s'orienter dans le labyrinthe des allées. 

10h, on nous annonces « quelques » ramasses… elle s'amuse du terme employé. D'abord descendre à une centaine de km au sud de la ville, je file sans attendre. La boite est facile à trouver et on nous charge de suite. Par contre l'accès au quai est hilarant: d' énormes murets de béton dans tout les coins, une benne très mal placée et une rampe étroite. Pourtant ce n'est pas la place qui manque. 

On remonte sur Turin pour la suite, en prenant 30 minutes pour le casse croute. Déception à l'arrivée: il y a une file d'attente, on aurait mieux fait de venir directement planter ici. Malgré tout ça ne traine pas trop, sauf que l'orage menace de minutes en minutes, et le bâchage s'annonce humide. Notre tour arrive avec les premiers grêlons, juste le temps de tirer la bâche pour protéger la marchandise déjà chargée et de se mettre à l'abris. Ca tombe dur, ça fait très mal en ricochant sur ma carlingue, je craints même d‘avoir des bosses. La cour se remplit vite d'une épaisse couche de glace, puis d'un torrent d'eau, les chariots ne peuvent plus travailler et l'heure tourne. Quand l'accalmie se fait sentir je tente une périlleuse manœuvre pour me rapprocher de la porte de l'entrepôt, le sol étant en pente le cariste arrive à ne pas noyer son engin. 

Du coup on arrive qu'à 16h30 chez un transporteur on l'on est déjà venu il y a quelques semaines. Autant la dernière fois le chef nous avait accueillit froidement, autant là il nous reconnait et est chaleureux. Il ne tarde pas à enfiler la marchandise bien gerbée, du vrai groupage à l'italienne, mais il manque quelques palettes et il faut attendre, un autre camion qui a été retardé par l‘orage de grêle. 
Nous on regarde l'heure qui défile et on calcule, avec l'interdiction de circuler demain on est marron. 

18h 30 on décolle enfin, à nouveau sous des trombes d'eau, la circulation en est forcément ralentit pour sortir de Turin. Coup de fil au chef pour faire le point, on va faire au mieux pour rentrer demain soir. Avant de raccrocher il lâche quelques mots «c'est bon pour ton déménagement, je suis prêt à faire l'essai ». Ca veut dire quoi? Je lui demande des explications car j'aime pas qu'on mijote des trucs dans mon dos…. Tout bonnement elle a demandé ma mutation un peu plus au sud, sans grande conviction vis-à-vis de l'exploitation et des soucis d' organisation que cela peut créer. Et voilà qu' avec surprise l'idée à une issue positive! Je pense que l'on fait une bonne équipe et que l'on ne veut pas nous perdre. Elle me précise tout de même qu'il n'y a rien de ferme ni de définitif, ces choix n'étant pas encore arrêtés.

Je cogite à tout ça dans la montée au tunnel, tout heureux et anxieux en même temps. J'espère seulement que son choix sera le bon.
On s'installe à la Total de St jean de Maurienne, déserte. Je choisis une place le long des arbres pour m' abriter du soleil demain. Pas besoin de réveil, on va rester là toute la journée. 

Samedi 18

J'ouvre un œil à 9h et le referme aussitôt, rien ne presse. Madame émerge enfin vers midi, faut dire qu' il y avait des semaines de fatigue à rattraper. Il ne fait pas beau, un petit 10 degrés, je suis même obligé de lui mettre le chauffage le temps du réveil. Puis il faut passer le temps: ménage, rangement, café, ordi…. 

19h, enfin on prend la route de la maison. En route notre ami Christian nous apprend une triste nouvelle: la disparition d'une femme chauffeur qu'elle connaissait un peu dans un terrible accident. Ainsi en est le monde de la route, des joies mais de lourdes peines aussi.
23h, maison, à lundi!   

Dimanche 19

Lundi 20


Bah ça c'était du week end éclair, mais après tout on était prévenus d‘avance! Puis vu le temps qu'il a fait on a pas perdu grand-chose. À 2 h 30 elle vient me chercher, départ vers la région parisienne par la N6 puis l' A6, et reN6, A5, A104, N19... Je connais mes classiques à force. La halte pour le café est toujours la même: Auxerre. 
Le premier client est une petite entreprise, l' idéal aurait été de vider au pont, mais il y en a pour la matinée à faire de la place dessous tellement c'est encombré. Le plan B est simple: on débauche quelques belles paires de bras pour trainer les lourdes piles de matériel jusqu'au cul de la remorque. Même le vieux transpalette m'en peut plus. 

On ne sera pas bien tard dans le nord parisien pour vider 6 mètres de bazar chez un grand transporteur que l'on a déjà visité il n'y a pas longtemps. Depuis le gardien a révisé: il sait dans quel pays se trouve Turin aussi que la définition du mot groupage. C'est bien, en net progrès, mais Hélène ça s' écrit pas Ailène, même pas foutu d'au moins recopier la plaque du pare brise, ça aurait été moins pire…  
Au bureau miracle on nous attendait presque et en moins de 2 je suis «  amarré à quai » . 45 minutes plus tard je patiente devant l' « office » (ils ont vraiment un langage de fou dans cette boite) qu'elle récupère le cmr dûment tamponné et signé. Forcément c'était trop beau pour durer, elle poireaute une heure pour avoir son sésame, et encore, avec une crise de nerf à cause de la tartine de réserves. Un colis abimé à droite, écrasé à gauche, voir même déchiré et autre blabla. Cette fois elle avait bien insisté pour assister au contrôle mais on l'a foutu dehors du quai. Bien sur elle le stipule sur le document, le responsable lui dit qu'on l'a laissé assisté au déchargement donc que c'est pareil. A la différence près qu' à ce moment personne ne lui a fait constaté les colis en question… Le chef de quai s'en mêle, comme quoi on doute de sa parole et qu'elle a qu'à se démerder à aller retrouver sa marchandise dans les travées. Ils ont vite fait d'arranger l'affaire. Elle ne démord pas et se bat pour pas qu'on lui raye sa contre réserve. Le cmr en revient tout chiffonner. Bande de …. Pffffffff

Bref on s'arrache dés que possible, de mauvais poil. Cela se ressent sur la conduite pour sortir de la grande poubelle de l' A1, que font-ils tous à 80 sur la file du milieu? Ils leur faut bien 30 km pour s'apercevoir qu'ils ont quitté le périf! Heureusement que les vacances se font sentir et qu'il y a moins de monde qu‘à la normale. 
Casse croute en vitesse pour penser à autre chose, 13 h 30 on a à faire à un charmant gardien dans une petite usine à 50 km de Compiègne. A quai on a une chance incroyable: initialement on devait déposer de la marchandise à deux entrepôts différents mais le petit camion de navette arrive et il a largement la place de nous délester de la corvée. Merci gars, très serviable ce ptiot M 220 même s'il est pas tout jeune. 

Allô chef? Direction la région de Creil, une usine qu'on connait, pas de soucis et sourire du personnel en prime. Sauf qu'elle fait x aller retour du quai à moi: une fois pour lever la suspension, une autre pour mettre la cale, puis pour mettre les chaussures de sécu, ou pour prendre le carnet de cmr, et aussi pour les gants. Bref, c'est l' effet de la fatigue sinon elle aurait pensé à tout d'un seul coup. 

Allô chef? Plus bas à 30 km y'a une grosse caisse pour nous. Ok, on va voir bien qu'on arrive un peu tard. Elle s'excuse poliment et l‘affaire est dans le sac, à l'heure ou tout le monde débauche le cariste prend 10 minutes de rab pour nous poser ça proprement dans la remorque. Pour ne pas bloquer le portail elle me fait avancer le long du trottoir pour rebâcher tranquillement. 

Allô chef, il est 17 h 30 et on en a marre… repos accordé après avoir noté les deux dernières ramasses pour demain. Ca risque d' être le casse tête avec les répartitions de charge, faudra ruser. Mais demain il fera jour comme on dit par chez elle! 

Parce que là, mon dernier effort sera de grimper sur le trottoir d'en face et de dormir  




Mardi 21

De bon matin il fait un peu frais et on profite du peu de trafic pour s'esquiver. Café croissant pour qu'elle finisse de se réveiller à la première station, et on se dépêche d'aller sur Meaux prendre un lot. Le temps de trouver le bon dépôt que je me fais grillé la place à quai par un complet. Dommage! Ca va tout de même pas trop mal. Le cariste ne comprend pas pourquoi on lui fait placer les palettes toutes du même coté, t'occupe et charge. Si on laisse tout au cul je risque le porte feuille, et si on met ça au milieu on ne pourra pas vider. 
Ensuite il faut cavaler dans la région de Montereau prendre le dernier lot. On nous prend de suite, et on charge là deux immenses tourets de câbles. Impressionnant quand on en a jamais chargé. Elle se faisait un peu de souci quand à la place que cela prendrait. Et bien ça tient pile poil dans l'espace laissé vide et c'est le soulagement. Je ne suis pas trop rassuré de la manière dont c'est calé: seulement en appui sur des chevrons cloués au sol. On m'assure que ça ne peut pas basculer, de toute façon on ne peut pas sangler. Je fais confiance, on verra bien…

Midi, en route pour la descente. En forçant un peu on arrivera peut être sur Valence ce soir. Qu'est ce qu'il ne faut pas faire pour contenter madame! Mais vu que madame fait un caprice je sors à Avallon, on va dire bonjour à un ami. Je lui accorde 10 minutes et pas une de plus, c'est que j'ai un boulot moi!
Ensuite c'est le pompon, on se tape tout ce qui n'avance pas: bonbonne adr, benne céréalière chargée à bloc, convoi agricole, et bien sur mamie qui rentre du super U. Bref, on avance pas. 

Chalon, station, tout shuss sur la piste de lavage. Je prends ça pour une récompense de ma patience, elle dit que si on prend pas le temps on ne l'aura jamais. Quelle bonne parole censée pour une fois! Elle aussi file à la douche. On se retrouve tout propres tout les deux une demi heure plus tard. Cette fois plus question de trainer. Néanmoins avant Macon elle craque: je l'arrête au tabac. Pourtant elle m'avait dit qu'après le dernier paquet il n'y aurait pas de prochain, c'est bien plus dur que prévu apparemment. 

Plus question de s' arrêter à tout les coins de rue, il faut rouler. 
On ne dépassera pas Vienne, tant pis, et bien fait, na! Il y a de la place à revendre sur la grande station mais je vais me caler tout au fond du parking pour avoir du calme et surtout de l'air car il fait bien chaud.

Mercredi 22

Une fois de plus on ne profite pas des meilleures heures de sommeil puisse qu'elle me fait partir dés 5h 30. Descente endiablée de la vallée du Rhône, et même de si bonne heure on trouve pas mal de touristes. A force il ne va plus rester grand monde par en haut! 
Nous on va à Aubagne vider un premier lot dans une petite boite ou il faut tirer les palettes au cul de la remorque, mais peu importe vu que c'est vite fait. Pour la prochaine livraison elle doit prévenir le client car c'est un peu spécial. Rendez vous est pris pour 13h à Draguignan au Mc Do. Rigolez pas. 
Donc on se pointe là bas en pleine heure de bourre, elle me fait patienter à cheval sur le trottoir. Je me gratte la tête de savoir comment je vais passer au drive car c'est le nouveau guichet que j' amène. Elle ça la fait marrer, moi pas. Le client arrive, elle m'emmène faire le tour. C'est pas pratique, je décline toute responsabilité si on accroche, je voulais pas y aller! Je vous raconte pas la tête des clients en me voyant m'installer en double file de celle du drive devant la guitoune… Et pour vider ils vont faire comment sans engin? Les deux gaillards sont bien batis… et n'ont pas trop de mal à descendre par le coté tout les éléments. Une fois refermé la bâche elle part au restaurant se laver les mains mais elle est bien longue à revenir, le client lui a payé un grand coca bien frais. C'est sympa mais je suis bon pour faire des pauses pipi toutes les 15 minutes maintenant! 
15h déjà! Et il reste deux clients à livrer à Nice! T'inquiète qu'elle dit, on est en avance. Ha bon? 
16 h 30 je manœuvre sous une grue dans la cour d'un transporteur pour m'oter les 2 tourets de câbles qui n'ont pas bougé d'un poil par chance. 
A présent il est vraiment trop tard pour la dernière livraison, le chef est néanmoins satisfait de nous, et je vais me caler sur un bout de parking dans le fond de la zone. 
Il fait trop chaud, et je la sens pas vraiment dans son assiette. Un petit coup de calgon de se retrouver à s'ennuyer au milieu de rien en plein cagnard. Aller courage, écoute les cigales… 

Jeudi 23


Faut pas tarder même si la dernière livraison n'est pas très loin. Il faut que je passe à la pompe et elle veux prendre son petit déjeuner. Direction la zone du Pal. Pas moyen de se garer proprement, elle m'abandonne devant un quai en priant que ça ne gêne pas pendant 10 minutes. C'est fou ces zones industrielles on ne peut même pas rester 5 minutes tranquille. Si on nous hait jusque là, ça devient très grave. 
Livraison faite on doit rejoindre l'Italie. Cette fois elle prend soin d' éviter le fameux pont on je me suis cogné la dernière fois. On file pépère mais l'œil à l'affut car il y a beaucoup d'étrangers et franchement ils roulent n'importe comment. 
Savonne, coup de fil, vite vite, une urgence: il faut charger pour un collègue qui s'est fait mal au dos et lui amener au plus vite la remorque sur Turin. Pas de blèm on fonce. Le chargement était prévu en vrac, mais le client a eu la bonne idée de tout mettre sur d‘immenses palettes pour réduire la manutention. Bonne idée sauf que… les palettes sont trop hautes pour pouvoir étre gerbée. Vu qu'il s'agit ni plus ni moins que de mousse, on trouve la solution de comprimer les palettes le temps de les rentrer. Mais après, que ce passe t il??? La nature reprend ses droits et la mousse soulève le toit. Eclat de rire général, mais c'est pas bien malin quand même. Elle insiste pour trouver une autre solution car c'est un coup à casser les traverses de toit, et même à être refusé au tunnel. Et puis je veux pas me transformer en chamalow géant. Bref, il faut reconditionner, charger autrement. 
15h 15, en route pour Turin ou le collègue nous attend avec impatience. Le pauvre est content d'avoir un peu de compagnie et nous raconte son douloureux malheur. Ce matin ce sont des chauffeurs italiens qui se sont occupés de vider sa bobine d'acier. On lui décroche sa remorque et lui raccrochons la notre sans qu'il ait rien à faire sinon tenir le volant. Il est un peu gêner et elle refuse les remerciements, à titre de revanche tout simplement. On ne sait jamais de qui on peut avoir besoin un jour! 

Après lui avoir souhaiter bon courage nous descendons au sud de la ville trouver un parking pour la nuit. Il n'est que 18 h 30, et il fait très chaud encore. 

Vendredi 24

En route vers 7h pour éviter le coup de bourre vers un minuscule village à 25 km à l'extérieur de l'agglomération, le long d'une nationale. Le tour du bled est vite fait: quatre rues, une coopérative agricole, et un bar…. Moi je dis qu'il y a un truc qui colle pas, je sens le coup foireux. Après avoir fait demi tour je file tout droit aux renseignements, pas la peine de tourner en rond. Un café et 3 minutes plus tard on est fixé: l'adresse que l'on cherche n'existe pas, pas ici tout du moins. 
Il est encore tôt et attendre l'arrivée du chef, et le temps qu'il se renseigne, l'heure va tourner. Elle dégaine son super méga téléphone avec internet, et en moins de deux elle trouve la boulette: une lettre déformée dans le nom de la ville. Le gps localise sans mal le lieu: c'est à 60 km, tout au nord de Turin: GO!

On s'en tire bien en arrivant à 8 h 15, la boite n'ouvre qu'à 8 h 30. Là il y a un autre camion français, le chauffeur nous dit qu'il est heureux de nous voir arriver: nous on charge complet et lui le complément, c'est-à-dire qu'il devait nous attendre quoi qu'il arrive. En effet le chargement n'est pas simple à cause du format batard des palettes, et impossible de dire à l'avance combien il va en tenir dans la remorque. C'est même une belle prise de tête pour arriver à refermer les poteaux et les portes. Mais tout le monde s'y met pour gagner du temps et à 9 h 45 on est tirés d'affaire. 

Ne reste plus qu'à rouler vers la France. 
Au fur et à mesure que la journée passe la circulation s'intensifie, nous on arrête à 17 h 30 et ça fait du bien une petite semaine tranquille comme ça pour une fois.  

Samedi 25
Dimanche 26

Lundi 27

Bon bah on y retourne dés 4h. Le jour se lève sur l’ auxerrois, une belle journée s’annonce. Dans les champs les moissonneuses commencent à s’activer un peu partout créant de jolis spectacles. Elle regrette feue son apn, pas de beaux clichés cette année, dommage. On file sans encombres aux Ulis (sud ouest de Paris) pour vider notre cargaison. Si on arrive si tôt c’est parce qu’ on nous avait dit au chargement que ce serai peut être un peu long à vider vu que tout a été rentré en force. Au lieu de se prendre la tête elle ouvre tout simplement un coté de la remorque, ainsi il n’y a plus de problème, même à quai.

Résultat pour 10 h 30 on réclame du boulot, ça tombe bien il y en a à une bonne heure de route plus au sud. Petite pause à la grande station de l’ A10, quel cauchemar! Y’en a partout, garé en vrac, en long, en large, en travers, saloperies de caravanes.
A l’usine, malgré le monde qui attend déjà et la pause de midi je suis libéré peu après 14h, c’est une affaire qui roule. Par contre il pleut copieusement, et moi qui rêvais d’une belle journée… D’ailleurs elle me fait la réflexion qu’elle n’a même pas pris un pull ni son k way.

Paris roule mal, très mal. Non pas à cause des parisiens pour une fois, beaucoup de plaques sont étrangères à la régions: ils flippent tous de se planter et n’avancent pas. Faut dire que pour celui qui n’a pas trop l’habitude, les changements de file à répétition ont de quoi affoler un peu.

On trace vers le nord, avec un peu de chance on rejoindra le dépôt. Effectivement il était moins une, il reste tout juste 5 minutes sur le disque, même pas je prends le risque de rentrer dans la cour car c’est l’heure de pointe, le trottoir tout neuf (à peine fini de poser) fera l’affaire.

Alors que la fatigue se ressent fortement, elle me laisse pour partir au resto avec un collègue. Elle rentre qu’il est presque 23h, limite si je commençais pas à me faire du souci.

c'est la saison des moissons

Mardi 28

Le programme est un peu chaud: on doit livrer un magasin Cambraisien (ça se dit?) qui ouvre à 9h, et un autre Lillois (là j’ai bon) avant 11 h 30. De plus il faudra repasser au bureau récupérer une batterie de téléphone, la notre est morte. Pas question donc de se mettre à la bourre, je fais le pied de gru une heure à l’avance devant l’entrée des livraisons de la première enseigne. Dés l’ouverture un gentil cariste prend sa dizaine de palettes au coté. On ne traine pas au bureau et je file sur Lille ou j‘arrive pour 11h. C’est cool; sauf qu’avant de rentrer en marche arrière il faut aller faire demi tour dans une zone d’immeuble toute proche, bonjour l’angoisse. Les allées sont tellement peu large que j’ai trop peur pour mes pneus avec les bordures de trottoir et privilégie une belle manœuvre et 50 m dans un sens interdit. Je sais, c’est pas beau, mais ni vu ni connu le Dédé. En fait je me demande si elle avait bien compris ce que lui avait dit le réceptionnaire quand même.

Rechargement dans une usine que l’on connait à une petite centaine de km plus bas. Direct on se met à quai, notre commande est prête, tout va bien. Sauf que je suis inquiet de voir les bâches se gonfler petit à petit. Elle revient me voir en pétard pour appeler le chef. Y’a de quoi: on risque de se voir refuser la traversée des tunnels vu la gueule de tonneau que j’ai! Après une petite prise de tête avec le cariste qui ne comprend pas ou est le problème elle obtient qu’on charge autrement, à mon grand soulagement. Par contre ça tient plus de place que prévu, aïe aïe aïe

Retour à la base pour compléter en fin d’ après midi. Une douche et roule ce qui reste à rouler, soit environ 4 heures, ce qui nous emmène du coté de St Dizier. Par sécurité on ne fera que 9h de coupure, pour assurer le coup jeudi sur Milan.

on attends que le convoi passe, c'est long

Mercredi 29

La journée s’annonce ensoleillée et tranquille, il n’y a qu’à rouler. On admire les belles moissonneuses dans des nuages de poussières terribles, ça ne chôme pas non plus pour eux. Petit détour pour aller dire bonjour à Titine, juste le temps d’aller lui demander l’oreillette du téléphone.
Check up à Chalon: pleins et lavage, faut en profiter même si je ne suis pas bien sale. Pendant ce temps elle va manger au resto puisse que c’est l’heure. Et aussi surtout parce que grace à moi elle a eu des repas gratuits (en échange de points gagnés à chaque lavage). Merci Dédé! Une fois ma toilette terminée c’est mon pote le laveur (celui qui me fait si bien les gratouilles sous les ailes) qui prend les commandes pour me mettre au parking. A vrai dire je ne suis pas trop rassuré au départ, jamais personne n’a pris sa place, mais il y met tellement de cœur que je me laisse faire docilement. Il a juste un peu peur au démarrage et opte pour la 1ère petite, évidemment ça ronfle beaucoup pour pas beaucoup avancer! Le gars est tout heureux quand même, ça fait plaisir à voir.

Elle ne tarde pas à réapparaitre, félicite le laveur et l’encourage. Alors, bien mangé? Oui mais le chauffeur de la table d’ à coté l’a légèrement dragué, sympa mais un peu balourd. Ok je vois. Au passage j’ai eu de la chance d’ échapper à ça… lol

Mine de rien on a été arrêtés presque 2 h, il ne faut plus s’amuser. Direction la Bresse et des chars de paille tout les 5 km. Certains se poussent, d’autres non, et vive les grandes lignes droites car avec mes 20 tonnes je ne fais pas des miracles à l’accélération.

Je crains un peu le pire en grimpant la nationale avant le tunnel: il y a un peuple fou. Mais ils tournent tous à Chamonix et nous voila tranquille pour la traversée du tunnel. Je note tout de même un truc hallucinant: juste avant de rentrer au contrôle thermographique on a fait un passage piéton pour les randonneurs. Rien de bien extraordinaire sauf qu’en cette période cela m’oblige à m’arrêter d’extrême urgence car il ne pigent pas qu’ils sont une la voie PL et s’ arrêtent en plein milieu pour observer le paysage. Non seulement c’est un peu dangereux, mais cela m’oblige à un superbe démarrage en cote, sympa l’ écologie! Profitez bien du paysage m’sieurs dames!

On se grouille à la descente, car il faut bien tout ça de temps pour aller jusqu’à la petite station service avant de reprendre l’ A 4. Ainsi nous sommes bien placés au niveau des heures pour faire notre tournée sans être ennuyés avec la sacro sainte coupure de 45’ demain. Et oui, tout se calcule.

Par contre ici en bas il fait hyper chaud, c’est soirée portes ouvertes chez Dédé. On ne dormira pas avant minuit…

moisson rime avec tracteurs

Jeudi 30

Aller courage ma grande, 6h15, il est grand temps de te lever car on part dans 15’! Ok, je t’accorde 10 de plus pour le cappuccino brioche car on a du pain sur la planche.
Ca se bouscule sur la traversée nord de Milan, mais on a vu pire. Le plus dur se trouve à notre sortie, y’a pas idée d’y faire des travaux à l’heure de pointe. Je joue des coudes pour les changements de files délicats.
Notre premier client ouvre à 8 h 30 et il est 8 h 32, youpi tralala je suis le premier. J’ai chaud pour faire le tour du batiment, mon dieu que c’est étroit. Le cariste est un beau black qui parle français. Elle donne un coup de main pour attraper les palettes de derrière avec une perche. Ainsi pas besoin d’ouvrir les deux cotés. Avec les papiers elle a droit à un petit café, que c’est gentil. Le gars nous raccompagne à la sortie, non pas par galanterie mais pour me guider car c’est encore plus chaud que l’entrée pour tourner.

Sorti du guêpier je m’en vais chez un transporteur que je connais non loin. En moins de deux c’est fait. 9 h 30, on a 30’ d’avance sur ses prévisions. Pour éviter le plus gros des bouchons qui persistent on s’en va faire un détour mais on y gagne largement en temps. De plus cela nous met directement sur la bonne route. Le 3 ème client nous attendais, aller hop encore une de faite.

11h, le dernier est à environ 25 km sur un itinéraire qui ne roule jamais bien vite. Mais on a quand même bon espoir de vider les 2 dernières palettes avant midi.
11 h 15, téléphone, le chef nous dit de pas courir car à priori on ne rechargera que demain. Bon bah, on fait quoi? On passe juste devant chez Antonello ça tombe bien… Le parking de ce resto est toujours aussi petit et poussiéreux mais le patron nous réserve toujours un aussi bon accueil. Moi je suis heureux de discuter avec Sandro un vieu Scania série 2 du sud, et aussi Enzo le ’Vico 500 plein de chromes. Il y a aussi Simone et Michéle les deux porteurs, et pleins d’autres. On est tous entassés, on se pousse au fur et à mesure que les nouveaux arrivent, impressionnant combien on tient dans si peu d’espace. Ca finit par bouchonner et klaxonner, ha c’est ça la dolce vita!

Pendant ce temps Antonnello prend soin des estomacs de nos chauffeurs, à grands coup d’assiettes de penne all’ arabiata , spaghetti bolognese, risotto, etc etc.

13 h 30, on va tranquille voir notre client. Je tourne et vire dans une petite zone, pas moyen de trouver l’enseigne. C’est en retournant les papiers dans tout les sens que l’on fait le rapprochement entre des semi publicitaires à quai et un nom sur les papiers. Bingo, c’est bien là.

14h, il fait chaud et y’a pas une seule place à l’ombre! Je la sens un peu fatiguée alors je lui fais grace en laissant tourner le moteur pour avoir la clim. Et rideaux tirés pour ne pas surchauffer inutilement l’intérieur de la cabine.
Elle s’occupe avec des paperasses et un petit jeu sur le téléphone.

16h30, on nous file le programme pour demain. Holala misère! 3 ramasses dont du groupage et en plus en plaques oranges. Pffffffff. En plus demain y’a interdiction de rouler ici de 16h à 24h, et chez nous samedi de 7h à 19h. Et Adr rime avec Fréjus et détour pour éviter les tunnel après Chambéry. Le pied quoi!

On monte la mort dans l’âme du coté de Bergamo devant le 1er enlévement. Demain sera un autre jour.
Je me renseigne de savoir si mon pote Victor est pas dans le coin, et ben lui a plus de chance car il est déjà en train de rentrer. Y’en a qui ont la belle vie quand même.

une usine qui sent la bonne humeur

Vendredi 31

07h30 on se lève tranquille et surprise en ouvrant les rideaux: ça se bouscule devant la porte, si j’ avais stationner de l’autre coté de la rue on serait dans la file d’attente. Le soleil a disparu mais la chaleur chargée d’humidité est écrasante dés le matin. Dés l’ouverture ça se bouscule en direction du petit bureau, un chauffeur italien lui indique de bien prendre la patente (le permis) avec elle, ça lui évite un aller retour pour rien. J’attends patiemment qu’elle revienne pour rentrer car l’heure tourne vite le vendredi. Les autres n’ont pas été trop vaches et ont bien compris qu’elle était là depuis la veille et un peu pressée aussi et donc on passe en seconde position. Le chargement est ultra rapide, seulement deux palettes.

9h, en route vers la seconde ramasse au sud est de Milan. On connait bien la route, ça roule assez bien malgré qu’on coupe à travers par des pseudos raccourcis, tout du moins on évite l’interminable tengenziale. Manque de chance ça bouche sur les derniers kilométres, un bazar pas possible. A 500m de l’arrivée il y a un énorme chantier pour la construction d’ un pont, me voici embringué dans une déviation sans être vraiment sur de trouver le bon chemin pour arriver à l’usine toute proche. A 11h on y est enfin, par bonheur il n’y a personne. A peine arrivé qu’ une porte de quai s’ouvre et un gars me fait signe de m’y installer. Un chef déboule et demande de montrer tout l’attirail équipement adr. Pas de soucis, pendant ce temps la semi a été chargée, reste plus qu’à faire les papiers et ne pas oublier mes magnifique plaques orange. Pfff que j’aime pas ça, surtout un vendredi.

Allo chef? On est chargé, mais on a seulement 4 palettes au total. C’est tout? Bah ouais! Bouge pas je me renseigne… ha non, l‘heure tourne! Midi, apparemment c’est normal, feu vert pour la remontée.
Il ne faut pas trainer car il y a restriction cet aprèm à 16h en Italie, le convoi à prendre au Fréjus, un tunnel à Chambéry à contourner (interdiction adr le vendredi à 17h) et les restrictions demain matin chez nous. Bref, on est pas sortis de l’auberge d’autant plus que le bouchon nous a bouffer une petite heure de conduite pour quelques kilomètres.

Dare dare je grimpe, dare dare je file, dare dare je rentre, sans quitter l‘autoroute. C’est quand même trop juste, elle désespère.

Au final on fait une petite entorse de 12 minutes pour arriver. Merde à la fin!

tout ce qui reste de Frigazur, une pancarte oubliée

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