Mon Carnet de bord... Suivez mes aventures, semaine après semaine!

Decembre 2009

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Mardi 1

Voilà un nouveau mois qui commence, le dernier de l’année, déjà…..!!
Je déguerpis du parking pourri de Lesquin vers 6h45 après avoir pris un café et ma taxe au bar. Et oui, on est de corvée pour se rendre en Belgique. Mais je finis presque par m’y faire et le Gps me rassure. Ma livraison se passe bien malgré un peu d’attente car ça ne commence qu’à 8 h 30 et il y a 2 camions complets devant moi.
10h, je prends la direction d’une petite ville à 50 km de là pour poser une pile de palettes Europe (consignées). La grande usine à frites (c’est pas une blague) est impressionnante au vue de la file d’attente à la bascule, essentiellement des frigos et des bennes, mais ça va relativement vite. Les vendeurs de frites congelées ne connaissent pas la crise apparemment. Il y a un coin spécial emballage dehors, pas besoin d’ aller visiter les bureaux et c’est plutôt cool.

Ensuite je repasse en France par Valencienne ou je dois faire un petit enlèvement. Je me fais des cheveux blancs en découvrant le quartier: une petite rue ou je n’ose emmener Dédé. En warning sur un trottoir, je vais voir à pied et on m’indique par ou passer. « Ca passe à l’aise » qu’on m’a dit. Oui, en roulant à cheval sur le trottoir sur 300 m, heureusement qu’il n’y a pas d’enseignes de magasin qui dépasse.
Sortie de là je m’ accorde 30 mn de pose et attends encore un peu la suite. Au final je repasse au dépôt vider. Il n’y a pas de boulot pour moi avant demain matin, je prends donc mon temps pour passer à la douche, faire les pleins en entier cette fois, et monter dans la région de Béthune.

en Belgique

"ça passe à l'aise"

Valenciennes

Mercredi 2

6h00 je suis à l’ouverture de l’aciérie pour prendre une énorme bobine, les choses sont rapides et à 7h j’ai quitté l’endroit. Mine de rien à la sortie j’ai déjà 23 minutes de conduite, à savoir que j’ai dormi sur le parking devant l’entrée. Ca ne m’arrange pas trop.
Cap sur Boulogne sur Mer charger de grosses caisses. Je poireaute et tape du pied, le chargeur est tout simplement injoignable et ça ne semble affoler personne. Si je restais ainsi muette pendant une bonne heure, sur qu’interpole serait déjà à ma recherche!
On finit tout de même par venir me chercher pour m’emmener dans un terrain boueux comme j’ai pas vu depuis longtemps. Je débâche sous la pluie, les pieds dans 5 cm de flotte, youpi.

Il est déjà presque 11 h quand je prends la route, et 2h de volant au compteur. Pour être sur Reggio Emilia demain avant 17h, va pas falloir chômer. Je calcule que ça peut le faire, mais en tirant mon disque au maximum. Ce sont les 23’ de ce matin qui vont m’embêter, saloperie de chrono numérique!

Il pleut toute la journée et je vois à peine le jour, c’est triste et lassant ce genre de journée.
En tirant à l’ extrême limite je m’ arrête au sud de Dijon, satisfaite mais limite quand même.
Je m’ accorde un repas à la cafétéria, rien d’ exceptionnel mais ça à l’avantage d’ être rapide. Je regrette qu’il n’y ai pas de douche dans cette station fraichement refaite à neuf. Je pense que ce ne serait pas du luxe que ça devienne une évidence pour les concepteurs de ce genre d’endroit.

sms de pub, faut que j'aille faire les boutiques avec Dédé pour avoir des réducs

gris gris gris, les feux toute la journée

Jeudi 3

Je pars avec une demi heure de retard, pas bon. Néanmoins c’est plutôt le nombre d’heures au chrono qui me chagrine. Je descends donc au plus pressé en trainant mes kilos. Dédé est plutôt courageux dans les cotes et ça ne se passe pas si mal. Sauf que si j’avais pu prendre l’autoroute sur l’intégralité du parcours j’aurai gagné la demi heure qui me manque à l’arrivée pour rejoindre l’usine pour vider ma bobine. C’est un peu la haine, mais bon, tant pis!

Alors que je suis déjà arrêtée depuis un moment mon chef m’explique le programme pour demain: une vrai usine à gaz comme plan, ça ne me plait pas du tout. Une parole un peu plus sèche que d’habitude au téléphone, dans le sens qu’il va falloir s’activer me déplait, à croire que j’ ai l’ habitude de prendre les choses à la légère. Une fois raccrocher les larmes me viennent, la fatigue, le stress… C’est à croire que l’on pense que je ne fais rien le reste de la semaine, donc que le vendredi il faut que je me bouge.

J’en ai du mal à m’endormir, et rumine toute la nuit

Vendredi 4

C’est avant 7 h que je prends la route pour aller poser ma bobine, histoire d‘ être en pôle position. La file de ces qui ont dormis sur place m’ effraye. Néanmoins passé l’ épreuve de l’ attente à la bascule les choses vont très bien et à 9h je suis en route vers ma première ramasse, que je redoute car il faut que le client accepte (et puisse) bouger mes grosses caisses pour mettre ses palettes à l’ arrière de la remorque.
En route je rencontre de la neige fondue, pas très bon signe. Le cleint me fait une grosse frayeur en me disant que la marchandise n’est pas prête, en fait c’est juste une question de filmage. Penaude je lui explique le souci de mes caisses, il accepte sans broncher, victoire! C’est sous une pluie glaciale que je débâche tout et explique au gars comment gerber et déplacer mes caisses. Il faut la jouer serrer mais ça le fait. J’ai froid et je suis trippée, le reste du chargement se fera au transpalette. Les 19 palettes sont lourdes mais je me débrouille comme je peux.

11h, je prends la route de Florence, à la bourre sur le programme. Il me faut aller vider mes caisses puis remonter à Bologne compléter. D’emblée j’annonce la couleur au bureau: ne m’attendez pas avant la fin d’ après midi. Juste 15 min de pose pour un pipi et un café dans la cohue des touristes. Ici se prépare un grand week end (mardi férié) donc il y a du monde sur la route. Dans la montée des Appenins je trouve la neige, rien de dramatique mais tout le monde lève le pied, déjà qu’en temps normal cette autoroute n’est pas pratique… vivement que sa déviation soit finie, en tout cas les travaux vont bon train et on met les moyens en viaducs et tunnels à 3 voies.
La traversée de Florence se fait au pas à cause d’un camion en rade au milieu des voies. Je ralie mon client à 15h15, devant le portail clos une voie éclate de rire à l’interphone quand je dis que je viens vider. En gros ça veut dire « mais vous avez vu l’heure »? Bah quoi? En fait je suis chez nos homologues de la SNCF… travailler un vendredi après midi, faut être fou! Après 5 minutes de blabla avec un chef le portail s’ouvre et un énorme engin me vide en deux coups de cuiller à pot. Il pleut toujours, je suis à nouveau trippée et congelée.

A présent il faut remonter dare dare, je donne ma position et précise que j’ai 30’ de coupure à faire en route. C’est pas le moment, je sais bien, mais hors de question de s’en passer. A vrai dire elle m’est bénéfique pour relâcher un peu la pression avant de me jetter dans une remontée infernale: sous la neige avec un poids un peu trop en arrière qui me fait patiner à chaque démarrage, à 30 km/heure accrochée au cul de celui de devant sur 70 km.

Le temps me parait long, on se charge de faire patienter mon client de Bologne. En espérant que celui-ci pourra me charger au coté, sinon il faudra se bourrer mes 19 palettes à vider puis recharger!

Après la corvée du trajet Florence / Bologne c’est le bazard de la tengentiale qu’il me faut affronter, un truc de fou.
19h15 j’ arrive enfin dans la petite zone on l’on m’attend avec impatience. Au lieu de me faire une quelconque remarque on me demande si ça n’a pas été trop dur, etc, plutôt réconfortant comme acceuil.
Il n’y a pas de quai, à mon grand soulagement, je débâche une fois de pluie sous des trompes d’eau. Mes gants trippés font que j’ai les mains congelées. Pendant que l’on me charge une femme m’ appelle pour les papiers, elle prend pitié je crois bien en m’offrant un café et les toilettes avant même que je lui demande. Surprise en mettant le nez dehors, les gars on remis en place mes planches et tirent les bâches. Ils ne trouvent pas comment marchent les tendeurs, je leur montre…
Après les avoir bien remercié du coup de main et de l’hospitalité je file sur la remontée.

Je déchante arrivé à sur Modena, les 4 voies sont à l’ arrêt sur 10 km. Une fois de plus je prends mon mal en patience et finit comme bon nombre de camions sur le 3ème file: toute le monde prend la bifurcation du Brennère. Même pas la peine de viser un refuge pour la nuit au lieu de cramer des heures, ils sont tous pris. Je termine donc sur Reggio Emilia sur l’un de ces petits parkings de fortune.
Je serai donc bercée toute la nuit, mais pas le choix!

première neige

quel bazar pour finir une mauvaise journée

Samedi 5

En route dés 6 h 30, pas une minute à perdre. Je roule tranquille jusqu’à 8h, ensuite il faut se faire tout petit car à cause de se grand week end il y a une interdiction de rouler pour les gros cul.
Il ne pleut plus mais c’est le brouillard qui a pris la relève, je ne vois rien au paysage.
La neige redoutée au Mont Blanc n’est heureusement pas présente, et à même laisser place au soleil, ça fait du bien!

17h, ciao ciao Dédé… avec tes 3700 km de cette semaine, tu as bien mérité un peu de repos toi aussi!
Il était tout de même moins une: je me gare avec 4h31 de conduite continue et 8h55 de conduite journalière.

le soleil pointe enfin son nez sur les Alpes

Dimanche 6

Lundi 7

L’ « avantage » d’ être rentrée samedi en fin de journée est de ne repartir qu’à 14h. J’ai voulu profiter de mon dimanche soir pour voir mes amis, résultat j’ai peu dormi et ne tiens pas une forme olympique.
Mais il n’y a qu’à rouler jusqu’au nord de la région parisienne. En fin d’après midi on me tient informé que le transporteur chez qui je vide a des horaires de fonctionnaire, ce sera pour demain matin.
Je repère la rue dès mon arrivée et pousse dans la zone voisine du port de Gennevilliers pour y trouver une place. Ce n’est pas aisé mais j’y parviens quand même, sur un trottoir. Une fois de plus je trouve cela lamentable que rien ne soit prévu pour notre confort.
Tout le monde me dit que l’endroit n’est pas sur, mais que faire? Je ne suis néanmoins pas dans un coupe gorge mais le long d’une grande artère. Cela ne m’ empêche pas de dormir sur mes 2 oreilles.

Mardi 8

Mon petit dèj pris au troquet tout proche, un peu cher et de qualité industrielle au passage, je m’en vais vider mon premier lot. J’ai un gros doute devant le portail en me disant que ce n’est pas une entrèe pour camion, mais au vu de la configuration des lieux c’est bien par ce trou de souris qu’il faut rentrer. L’endroit est fraichement construit et je ne donne pas long feu à la grille, quelques rétros et coins de cabines vont s’en souvenir. . . Seconde surprise, ici on ne commence qu’à 8 h 45! Faut dire que ça ne se bouscule pas non plus, seulement un camion roumain et moi-même.

Une demi heure plus tard je ressors, direction le nord dans le foutoir de l’ A1 sur ses premiers kilomètres. Ensuite je bifurque sur Compiègne puis Saint Quentin pour y vider mon second et dernier lot.
Le gardien de l’immense usine me prévient de suite: à cause de manque d’activité il me faudra attendre un peu. Ma fois! Devant les quais un gars sort à ma rencontre et m’explique qu’il doit me vider mais ne sait même pas comment fonctionne les rampes. Ca promet. Pas de soucis, c’est un vieu quai à bascule comme j’appelle ça, le système bascule quand le cul de la remorque appuie dessus. Le gars est désolé en me tendant un transpal à main. Je lui demande ce qu’il se passe, d’habitude ça grouille de monde. Et bien tout simplement c’est le chômage technique et les réceptions ne sont plus assurées que . . . le lundi! Hé bé! On a pas le cul sortit des ronces!

Midi, je me cale sur la seule place de parking de la zone et mange un bout tranquille car on a rien pour moi dans l’immédiat.

Pour passer le temps il y a l’ordi et un vieux bouquin que je ne sais pas pourquoi j’ai fourré dans mon sac. Une prémonition?? Ca raconte l’histoire de chez moi, je me plonge dedans et ne vois pas l’heure passer. 18h, une message tombe: 2 ramasses pour demain, 5 palettes au total. C’est mieux que rien mais ça n’arrange pas mes affaires. Bref, je prends la direction d’ Amiens et dors au péage sud de la ville.

y'a pas de rabe de largeur dans ce portail

Mercredi 9

08h 05 je rentre à l’usine prendre mon 1er lot, 08h25 j’en ressors, bredouille… ma maigre commande ne sera prête que demain. Ca commence fort! On me dit de rester sur place, on me cherche autre chose. J’abandonne Dédé pour aller trouver un bar prendre un méga café crème. Ensuite je ressors mon bouquin j’ai bien fait de l’emmener.

11h, on vient de me trouver un gros lot au sud de Beauvais, go! Je descends tranquille par la nationale, mais sans trop perdre de temps quand même. En cours de route je reçois un second message avec un complément sur le nord est parisien. Rien à signaler de particulier, je suis servie de suite sur les deux enlèvements. Cap sur la descente vers la région de Bergamo.

La nuit tombe vite, je traverse le Morvan sans encombre, puis un bout de la vallée de la Sâone. Je remarque que peu de villages ont sorti les décos de Noël, ou alors très sobre. Ca fait bizarre en comparaison de l‘extravagance de ces dernières années. D’un autre coté ça changeait un peu la monotonie de certains itinéraires devenus trop communs. Seul Sennecey le Grand (71) a sorti le grand jeu sur la N6. Je contemple donc les illuminations comme une gamine juste avant de m’ arrêter.
Non, cette année Noël n’a rien d’une fête dans les esprits, pas dans le mien tout du moins.

Jeudi 10

9 h 30, agglomération lyonnaise, après avoir perdu du temps dans les bouchons je vide enfin mon premier lot en débâchant dans le fond d’une rue étroite, en warnings sur un rond point.
Le second lot se vide à quai à une dizaine de km. A l’accueil j’y retrouve une vieille connaissance, affairé chacun d’un bout du dépôt on n’a pas la chance de boire un café ensemble ni de papoter, dommage.

Midi, en route pour la région de St Etienne. J’aime pas ce coin. Mon usine se trouve dans une grande zone bien indiquée, une chance. Dés l’arrivée on s’ aperçoit que l’immatriculation annoncée n’est pas la bonne, il va falloir attendre 14h pour rectifier le tir. Au final ça va vite et la secrétaire fait la manip dans l’ordinateur sans rien demander et à 14h30 je suis prête à prendre la route, direction l’ Italie et la région de Bergamo.

Je tire mes 10h, et échoue non loin de Milan. Demain je vais traverser pile poil à la mauvaise heure, pas cool. C’est un peu de ma faute car j’ai pris un peu de temps afin de régler des affaires personnelles au téléphone.

un scania a fait un tout droit dans le rond point

Vendredi 11

Après la corvée de la traversée de Milan au pas je vide chez deux petits transporteurs distants de 20 km l’un de l’autre. C’est du rapide à chaque fois, ce qui me ravi en ce vendredi. Il me reste même un peu de temps avant d’avoir les infos pour aller recharger. Ca tombe bien je prends le temps d’aller grignotter quelque chose au bar du coin.

11h30 je pointe dans un dépôt pour recharger complet. Le temps de faire les paperasses et les gars se cassent manger, pas de chance, il faudra attendre 14h pour se mettre à quai. Je peste un peu car le cariste joue la montre pour me retenir jusqu’à 15h l’heure de la débauche.

Il ne reste plus qu’à filer sur la remontée, avec une traversée laborieuse de Milan. Sans les bouchons du matin et du soir j’aurai pu rentrer à la maison, tant pis.

ce panneau doit rester allumé 24/24 ou presque

bienvenu à Milano

Samedi 12

Je rentre à une heure raisonnable, 9h45 j’ abandonne Dédé pour le week end.

Dimanche 13

Lundi 14

7h30, on y retourne. Le dernière de l’ année. Je réalise pas trop que c’est bientôt les vacances. Je sais seulement que j’ai besoin de repos et de m’occuper de moi. A force d’être dans ce rythme soutenu de la route j’en perd petit à petit mes repères. C’est à cela que je pense en montant ma Nationale 6 en direction de Paris. Je devais croiser un ami et prendre le temps de lui dire bonjour, aussi je ne suis pas partie en retard. Mais celui-ci jouera de malchance et l’imprévu le détournera de ma route, ça me rend triste.

J’arrive donc un peu en avance sur mon rendez vous en début d’après midi au nord ouest de Paris et vide sans souci majeur. En cour de route j’ai déjà reçu un ordre de rechargement, l’avantage du nouveau système est d’ainsi pouvoir, pour une fois, savoir à l‘avance. La marchandise n’ étant dispo que pour 18h et qu’il me faut retraverser toute la région parisienne, cela me laisse le temps d’y aller tranquille et de faire une pause en route. Sauf que c’est un jour sans, ou plutôt avec les bouchons et mettrai 2 h 30 pour faire 80 km… Du coup j’arrive à l’usine avec pas tant d’avance que ça, et sans m’ être arrêté!

Deux bobines d’acier prennent rapidement place dans la fausse et à 18 h 30 je prends la route du nord, avec une nouvelle traversée de l’ Ile de France via la Francilienne. Bien sur je vais au casse pipe car il ne me reste qu’une petite heure à rouler. Avec le chrono numérique les bouchons ne sont pas visibles à la lecture du ticket, tandis qu’avec le bon vieux disque c’ était une évidence.
Bien sur les quelques parkings qui existent sont archi combles, il faut dire qu’ils ne disposent de pas plus de 10 à 15 places chacun. Je tente ma chance sur la grande station de Vémars sur l’ A1: j’ai jamais vu un souk pareil, à la limite de pouvoir traverser, et 15 minutes pour se frayer un passage de l’entrée à la sortie. Si un jour il venait à y avoir ici un incident grave au milieu de la nuit, ça pourrait être une catastrophe.

Je trouve enfin une place sur le parking suivant, dénué de tout service, avec une bonne dizaine de minutes en trop, ça m’ énerve grave!! En relation avec la grève qui n’a pas eu lieu, je ne critique pas l’augmentation de salaire obtenue (si je l’obtient concrètement) mais je pense qu’il serait temps de s’occuper de ce genre de conditions à la limite de l’admissible tellement quelques fois on dort à nos risques et périls tout ça à cause d’une machine électronique.

Mardi 15

6h50, en avant toutes après ces 11h de repos. Je prends la nationale vers Roye et m’ arrête à un petit bar tabac de village prendre mon déjeuner. L’endroit est toujours convivial et ça fait du bien.
Il a bien gelé cette nuit, la première fois de la saison. Par -5 je poursuis mon petit bonhomme de chemin. Le givre fait son apparition en couche assez épaisse rendant les ronds point incertains. Mes bobines étant de grande circonférence mais peu large j’y vais mollo, ce ne seront jamais 2 sangles qui les retiendront, même avec toute la bonne volonté du monde.
Je passe à la boite déposer une grosse liasse de documents et vider ma carte chauffeur sans m’attarder et file à Douai chez un constructeur automobile pour vider.
Evidemment chaussures de sécurité et gilet fluo sont à la mode dès le poste d’entrée. Je m’attendais à de grandes formalités au poste de garde mais il n’en est rien, on me montre mon bâtiment sur le plan et je file directement. Dans le grand hall je n’attends guère non plus après la pince qui vient m’ôter par le toit mes bobines. Une chose me frappe: ici le port du casque n’est pas demandé, surprenant!
Je m’en vais aussi vite que je suis venue et me cale sur un coin de parking pour attendre les ordres.
On me dit d’aller manger, je pousse jusqu’à la station de Dourges, au moins si l’attente perdure j’ai les services essentiels.
En fin d’ après midi je fais un enlèvement sur Béthune. Il fait toujours aussi froid, les bâches raidies sont un peu capricieuses à tirer mais rien de catastrophique. Même le sanglage ne me réchauffe pas, c’est avec hâte que je retrouve ma cabine et mon poêle Webasto.

Je complèterai demain sur Cambrai donc je rentre tranquillement par la route et m’arrête faire quelques courses en route. Non pas que je n’ai pas de quoi survivre mais j’ai zappé les courses ce week end à cause de la foule dans les magasins.

Au fond de la cour du dépôt, au calme, à moi la bonne nuit!
Je discute avec un collègue qui fait de même, lui aussi ressent la tension palpable du moment et a hâte de voir venir les vacances. . .

Mercredi 16

7 h 15 me v’là en route pour la zone voisine visiter un transporteur. Evidemment les infos que j’ai ne correspondent à rien de concret, dans le doute il faut attendre 8h l’ouverture des bureaux pour confirmation des références. Il fait vraiment froid, autour de - 8 et l’une des portes de la remorque me fait une frayeur en ne s’ouvrant qu’à moitié. Je n’ai pas cogné de quai récemment, les gonds ont tous l’air en bon état. Ca craque un peu en forçant, j’en déduit que c’est le gel dans les charnières. Le chargement tarde a se faire, on m’explique le manque de personnel, le bordel dans les stocks, le collègue qui s’en fout, etc etc, le bla bla habituel. Je ne pars qu’à 10h, à moi de gérer et de faire avec.

J’ai bien du mal à me réchauffer sur tout le trajet et pour une fois fais ma première coupure d’un seul bloc sur la N4. Sur Dijon c’est la pause douche, l’eau bouillante fait du bien mais quel contraste de devoir sortir les cheveux mouillés quand il gèle!

Toutes les radios rabâchent la même chose: il va neiger à Paris dans la nuit et on envisage les pires sénarios car la couche pourra atteindre 2 à 3 cm… Ca me fait sourire et m’exaspère de voir les gens se laisser abrutir ainsi. Bien sur viennent les conseils révolutionnaires d’un expert en conduite hivernale qui glissera une marque de pneus et le nom d’un magazine dans son discourt, on profite de la cata pour placer sa pub. Pour finir, on pleure le cas de Johnny, et en avant le marketing. Bref, ça me gonfle.

Je termine la pause avant Lyon et retrouve un collègue sur le parking. Je mange en 4ème vitesse, comme d’hab, et tire jusqu‘à Valence pour y passer la nuit.

premières traces de neige sur Chaumont

Jeudi 17

Pendant que la catastrophe nationale du jour est Paris paralysé sous la neige à en écouter les infos, je dévale la vallée du Rhône. Mon chantier à livrer à l’ouest de Marseille me donne du fil à retordre tellement c‘est inexplicite sur les papiers. Le nom de 4 entreprises, une direction un peu vague, et une commune immense. . . Je tente ma chance en direction d’une centrale électrique, la direction semble correspondre. La route étroite ne me convient pas mais croisant plusieurs camions de chantier je garde espoir. Bingo, je frappe à la bonne porte.

Une bonne demi heure d’attente avant de pouvoir pénétrer sur le site, le client a bien reçu mon identité et celle de Dédé mais le gardien ne nous trouve pas dans son listing… on me rassure: ce n’est pas grave, quelqu’un a seulement « oublié » et on va y remédier. Dans la vie il y a les baisers et les baisés, les oublieurs et les oubliés, bizarrement c’est souvent les mêmes. Moi aussi ça me donne envie de faire des oublis , et me dire que c’est pas grave, que quelqu’un derrière rattrapera mes boulettes et que surtout je ne serai pas inquiétée. Partout il y a toujours un oubli et à chaque fois. . . j’attends. . .

Le vent glacial, lui, n’a pas oublié d’être là quand je débâche ma remorque. Les gars prennent leur temps mais dans une bonne ambiance.

Midi, je prends la route de Nice et m’accorde une demi heure de pause pour manger et prendre un café.
La température finit par remonter, et atteint jusqu’à 8 degrés lorsque je tire mes palettes chez un petit transporteur niçois. Là les choses ont été ultra rapide: 25 minutes pour me débarraser de 15 palettes, le sourire en prime.

Après avoir fait mes pleins on me dit de passer la frontière, mes ordres arrivent un peu plus tard. Au programme: faire une grande coupure et charger un complet en début d’ après midi sur Turin.
Le bon plan? Oui et Non, je craints le revers de la médaille, si si!

Mes heures m’ amènent sur Savonne et la température chute très vite avec la nuit tombante. Je double une saleuse en action, mauvais signe!
C’est un peu juste mais j’ai envie de grimper les 20 premiers kms du Turchino ce soir, me mettant ainsi un peu plus en sécurité vis-à-vis de la météo. J’aurai ainsi gravi le plus dur de la rampe au cas ou il neigerai, d’autant plus que je suis à vide et donc adhérence incertaine.
C’est un peu gonflé car la station en haut est vraiment riquiqui, mais forte du constat qu’il n’y a pas grande circulation de camions étrangers je m’y risque (tout les concurrents lointains rejoignent leur foyer en prévision de Noël). Bonne analyse, il y a miraculeusement de la place et je n’ai dépassé que de 6 minutes… par prévoyance!

Vendredi 18

Je m’octroie une bonne grasse matinée et je retrouve un semblant de sourire en ouvrant un coin de rideau: pas l’ombre d’un flocon de neige en vue, mais le ciel est néanmoins bien chargé.
Après le méga petit dèj d’usage et un brin de ménage (juste un brin) je quitte mon emplacement pour 10h. Mon chargement n’est dispo qu’à 14h mais je tente le coup à midi.
Peine perdue, la fille du bureau d’entrée me dit d’attendre dans la cour. A 14h 15 le chef me dit « bientôt » mais ne me fait pas mettre en place. Je piaffe, je trépigne, je fais les 100 pas. J’ai les heures pour rentrer, alors de grâce magnez vous le trognon!

15h à ma grande surprise on me fait rentrer Dédé au chaud dans l’entrepôt par une porte pas plus grosse qu’un trou de souris. J’exagère un peu mais n’empêche que c’est juste. Le chef me dit qu’il fait trop froid pour mettre le nez dehors, si j’accepte de pousser les palettes… Ce que j’ exécute sans broncher malgrès la lourdeurs des caisses. Le vieux transpalette manuel est bien usé et il me faut user de rage pour aligner les 46 colis dans la remorque. Les derniers arrivent au compte goutte, s’il bien qu’il est presque 17h lorsque je termine.
Le chef rigole en voyant ma réaction quand la grande porte de sortie s’ouvre avant moi: il a neigé et une bonne couche! Mamma mia, nous y voila.

A la sortie de la zone industrielle je me gare 2 minutes pour charger deux caisses supplémentaires: une d’oranges et une de clémentines toutes fraiches, 18 kg au total.
Je tombe dans un énorme bouchon sans raison apparente, 4 km en une heure, c’est pas gagné pour rentrer, d’autant plus que je dois changer de remorque en cours de route.

Je retrouve la neige en grimpant le Fréjus, rien de bien catastrophique mais les voies sont blanches tout de même. Avec mes 24 tonnes bien réparties l’ adhérence est au top. Je crains surtout les voitures qui doublent au pas et se rabatte au ras du nez de Dédé, il déteste ça. Ca roule tellement bien à pleine charge que je double moi aussi certains moins assurés.

J’appelle mon collègue une fois en France, il est déjà sur l’entrée de Lyon et va y stationner pour la nuit. Il me dit que ça tombe dur sur le secteur et que les bouchons se forment. Je décide de l’y rejoindre, et d’y passer la nuit car je perds encore un peu de temps en levant le pied sur certaines portions dans un état pitoyable. Ma grande sœur m’informe que l’accès à mon village est périlleux, autant ne pas tenter le diable en pleine nuit.

Ce qui me frappe est le flot de circulation dans l’autre sens, rien n’arrête un vacancier décidé, même les autoroutes mal dégagées!

J’arrive à 23h près de mon collègue à L’Isle d’Abeau, la couche de neige est bien épaisse, pourvu que l’on sorte de là sans mal demain matin car il commence à geler fort.

ça y est c'est l'hiver mon pauv' Dédé

Samedi 19

Débout à 7h, je bois le café avec mon collègue, à la polonaise, c’est-à-dire à la bonne franquette. Nous sommes pris dans une bonne couche de glace, hors de question de décrocher les remorques là dedans, nous verrons plus tard après Lyon.
Toujours un énorme ruban de touristes dans l’autre sens, et beaucoup de camions aussi. Tout ceux qui ont été coincés un peu partout hier.
Nous faisons notre décroche sous les pompes dans une station après Villefranche, dans la bonne humeur. Il recommence à neiger, je me sauve.

J’angoisse un peu pour les 15 km de nationale jusqu’à mon parking car il y a des interdictions. La route est plus ou moins noire, j’arrive sans mal et par chance il reste une place bien large sur le parking, arrive ainsi à m’y glisser sans faire plusieurs manœuvres au risque de rester plantée.

Reste à déneiger et dégeler ma pauvre Titine, dont j’ai bien du mal à réussir à ouvrir une portière… je souffre pour ma poignée et mon joint. Je la laisse décongeler tranquillement, vive la technologie moderne du dégivrage avant et arrière! Pendant ce temps je prends la précaution de purger toutes les bouteilles d’air de la remorque car il fait un vent glacial. Mieux vaut prévoir, hors de question de pas partir lundi, ce sera la dernière ligne droite pour les vacances!

Avec Titine je grimpe prudemment la cote de la Rochepot dans un état désastreux vue l‘heure, qu’une ex nationale ne soit pas dégagée à 6h du mat, soite, mais à presque midi. . .
Les 3 km avant ma maison sont une vrai patinoire, je rentre tout doux. Un passage a été dégagé de la rue à ma porte d’entrée, j’ apprends que c’est mon petit neveu qui a eu cette petite attention et vraiment ça fait chaud au cœur.
Pour commencer le week end il y a distribution d’oranges, cette fois ça sent vraiment Noël!

toujours dans la neige, et fatalement en panne de lave glace

je préfére la neige vue sous cet angle

les 3 derniers km avant la délivrance

Dimanche 20
Lundi 21
Mardi 22
Mercredi 23
Jeudi 24
Vendredi 25
Samedi 26
Dimanche 27
Lundi 28
Mardi 29
Mercredi 30
Jeudi 31

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