Mon Carnet de bord... Suivez mes aventures, semaine après semaine!

Fevrier 2010

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Lundi 1

Et c'est repartit à 9h (wahou) par -10C, ça pince dur. Dédé est pris en glace mais par chance il était garé le museau face au premier rayon de soleil si bien que le givre du parebrise gicle en quelques coups d' essuie glace. Pour les fenêtres latérales c'est pas la même histoire et du haut de mes 158 cm je fais ce que je peux. 

J'hésite à enquiller la N6 car elle peut se révéler verglacée mais tant pis on verra bien. En effet il faut ouvrir l'œil et lever le pied quelques fois mais le spectacle devient vraiment beau dans les hauteurs congelées. Passé Saulieu le givre disparait et la température remonte en flêche, à -2 l'humidité se fait sentir et aussitôt pris l'autoroute à Avallon s'ensuit une méga tempête de neige à ne plus rien voir à 30m. Cela finit par se calmer mais c'est une alternance de bourrasques parfois violentes jusque du coté de Fontainebleau. A Auxerre je me suis accordée le 1/4h café habituel bien je ne sois pas bien en avance. En fait ça ne roulait plus qu' à 40 km/h car les voies devenues blanches effrayaient les automobilistes qui avaient la sale manie de se coller les uns aux autres alors que la logique suppose le contraire. Les saleuses devaient être à l‘origine du ralentissement. Après ma pause les voies sont à nouveau « au noir » et je reprends ma vitesse normale. Du coup je ne pense pas avoir perdu de temps.

J'arrive pile poil à 13h à mon rendez vous à l'entrée de la région parisienne. Aussitôt à quai, aussitôt déchargée, mais la manière de faire m'exaspère: on dépote tout les colis un à un pour coller une étiquette dessus et les mettre sur un tapis roulant. De l'autre coté quelqu'un remet tout ça sur palette… Au moins ça fait travailler du monde! Résultat des courses: 1h30 pour vider 22 palettes. 
De là je fais un petit enlèvement à 20 km plus haut, toujours en bordure de l'A6, du vite fait en une demi heure. A présent direction le nord, je me grouille de traverser Paris via l' A86 pendant qu'il n'y a pas trop de monde.  
Avant d'arriver au dépôt c'est la panne de lave glace, je pense que mon bocal fuit, et avec le sel le pare brise est vite blanc, puis une ampoule qui grille. S'ensuit le voyant d'abs de la remorque… Rien de bien grave mais que des trucs emmerdant quand il est 19 h 30 et qu'on a envie de tracer pour faire 11h de coupure. 
Je regarde tout ça sur le parking à l'entrée de la zone ou je livre demain de bonne heure. Puis au chaud plus bouger.

N6 givrée


sur Auxerre 

Mardi 2

7h, ça caille! A la sortie de la couette c'est presque traumatisant. Je vais livrer quelques palettes à 700 m de là. Je n'en crois pas mes yeux des horaires de réception: 6h00/19h30 sans interruption, c'est tellement rare. Pourquoi s' être levé si tôt? Parcequ'on a une autre livraison à faire impérativement avant midi sur Arras et qu'entre temps Dédé doit aller voir son pote le mécano, c'est jour de visite. Prudence sur les petites routes, ça brille bien sur les ronds points, le verglas est de toute évidence bien présent. 
Sur la fosse on lui fait un bon graissage, les niveaux, change quelques ampoules, répare le bocal de lave glace qui fuit, contrôle les chaussettes et surtout refaire les réserves d'huile parce que Môsieur le Glouton en boit pas loin de 0,5l au 1000km. A priori c'est normal… 
On fait notre dernière livraison juste dans les temps puis c'est une bonne pause car j'ai rendez vous à 16h à l'aciérie un peu plus loin que Béthune. Le gardien est à deux doigts de me faire passer bien en avance puis s'excuse platement, c'est l'informatique qui l'en empêche. Ma foi… Je ressors à 17h, avec deux bobines en fosse et une troisième debout, solidement sanglée. Ne reste plus qu'à aller compléter à la boutique et roule sur la descente. C'est la pluie qui m'accompagne et un ami au téléphone. A Chalons en Champagne la station est pleine, je reviens sur mes pas pour aller squatter le centre routier. Là aussi le parking dégueule et je trouve une place un peu en vrac le nez devant un muret, tête bêche entre deux frigos. M'en fout, et avec 4h32 de conduite continue hors de question de bouger. 

Mercredi 3

En route dès 7h, petite pause café plus loin et on continue vers Dijon ou je bifurque par les routes touristiques. Brazey en Plaine, St Jean de Losne, un autre visage de la Bourgogne coté Saône. Dés que celle-ci est traversée l'ambiance change carrément. Chaussin, nous v'là dans le 39. Je me trompe plus ou moins de route et continue sur Chaumergy. Le genre d'endroit où il faut vraiment avoir à faire pour y aller. J'ai rien à y faire sinon y passer. Arrive les 4h30 et il faut se garer, je ne trouve que la place de l' église d'un minuscule village. 3 km plus loin il y avait un petit resto routier, dommage. 

J'arrive à 13h30 dans la grande zone industrielle de Lons ou j'ai une palette à poser. Là les horaires de réception sont réduis 8h30/11h30, cool. Une dame, après m'en avoir fait la remarque que si tout le monde arrive n'importe quand comment voulez vous qu'on fasse? (!!), finit par accepter que je déballe mes colis (parce qu'en plus il fallait un hayon). Bref je me tape 40 colis d'une dizaine de kg à descendre à la main, qu'à cela ne tienne hors de question de planter ici. 

J'hésite à rejoindre l' A40 via les massifs du Jura, à priori je ne dois pas perdre de temps. Mais je baisse les bras devant mes 24tonnes de charge et pas courageuse du tout je redescends sur Bourg via la nationale puis grimpe le col de Ceigne pépère par l'autoroute. 
Arrêt douche/café/lifting en haut et zou, cap sur le Mont Blanc. Passage obligé à la pompe avant, dans une file de camions de pays de l'est à n'en plus finir. Au total j'y perd une petite heure. 
Dans la rampe du tunnel c'est un italien qui n'en secoue pas une, dans le boyau il me traine à peine à 60, et dans la descente c'est à 30 puis 70. Dés que possible tout le monde le déboite, le pauvre a du en prendre plein la tronche… Il me manque dix minutes pour aller jusqu'à l'autoport, ce sera refuge pour la nuit. De toute façon, vue l'heure, je doute que j'y aurais trouvé de la place.

Dédé chez les francs comtois

neige et ciel bleu

Jeudi 4

J'ai un peu mal dormi bercée par la circulation donc le réveil est dur à 4h 45 et je décolle avec une petite demi heure de retard. Je ne fais pas pour autant l'impasse sur le déjeuner dans une station, rien de tel pour finir de se réveiller. 
Pour aller chez mon client au nord ouest de Milan je suis un peu trop sure de moi et ne regarde qu'à peine la carte. Résultat je sors un peu trop haut, tatillonne à trouver ma direction, me jette aux abord d'une ville que je n'aime pas trop, suis une déviation poids lourd. Au vue du gps je ne suis pas bien loin, je retombe sur mes pattes et entre dans la cour déjà bien remplie à 8h30. Un camion du 62 qui sort me salut au passage, puis un second. Le nord en force!! Je désangle tranquillement, le toit me donne un peu de sueur à déverrouiller. Un bon moment à batailler alors que c'est tout simplement la porte ouverte qui appuie sur le rabat et m'empêche de le soulever, bizarre quand même. J'ouvre aussi un coté. L'attente est un peu longue mais dans la bonne humeur. Je discute avec un vosgien qui bosse pour une boite italienne. Le chef m'appelle juste au moment ou je suis à la machine à café, forcément. Je me grouille de reculer dans le hall et 10 minutes plus tard je remballe mon matériel dehors. Un coup de tampon et hop, on file. 
Milan traverse bien, je roule tranquille jusque dans la région de Vérone pour vider mon dernier lot. J'arrive à 13h et attends devant le portail de la petite entreprise. De toute évidence je ne pourrai pas entrer dans la cour alors j'ouvre ma bâche sur le parking extérieur. 13h40 un gars arrive en voiture et saute aussi tôt sur son chariot, 13h50 l'affaire est classée. 

Come pressentit les choses sont calmes et je plante une partie de l'après midi à attendre le coup de fil magique. 16h30, cap sur le sud est de Padova. A Padova Ouest machinalement je me décale d'une voie pour laisser rentrer un bolide, je réagis que l'ensemble m'est famillier, un duarig! Dédé peine a essayer de monter à hauteur de sa cabine mais c'est perdu d'avance, ça file trop vite pour lui. Au moment de reprendre ma place derrière j'ai droit à un petit appel de clignotant en remerciement, trop peu commun? Je me dis que ce serai bien du Phil tout craché, un sms pour en avoir le cœur net: et bé nan! Tant pis! 
Je bifurque pour rejoindre le sud de la ville puis en bave un peu à trouver ma route craignant de devoir traverser un centre ville en pleine cohue, mais c'est bien la bonne route et ça n'avance pas. Ma zone est en fait la bordure d'une grande route, peu de parking en vue. Je trouve mon client mais suis obligée de filer tout droit et plus loin c'est la montagne. Par chance on a planté un rond point 2 km plus loin, demi tout toutes. En fait il y a de quoi se garer juste en face le portail de l'usine, et une station bar à 200 m plus loin pour le café demain matin, le panard quoi!

Vendredi 5

A 8h je suis au chargement, manque de bol la place est déjà prise. La marchandise de l'italine n'est pas prête mais pas moyen de moyenner, il faut attendre derrière. Je m'énerve, me fait envoyer sur les roses, mon chef aussi, on invoque un pseudo souci d'ordre de chargement. J'obtient mes 4 colis peu avant midi, les références sont bien celles que j'avais au départ, on nous a bien mené en bateau…
Pour palier au retard il faut rouler, rouler sans s'arrêter pour compléter à l'ouest de Milan. Depuis ce matin il pleut, à grosses gouttes et cela ne s'arrange pas au fil de km. Sur Brescia je trouve même que le temps s'alourdit et que les gouttes deviennent épaisses. A Bergamo il neige, de la bonne neige bien lourde qui blanchit rapidement la route. Milan se traverse pas trop mal vu les conditions mais sortit de l'autoroute plus personne n'ose avancer. C'est même risible le voir le comportement des gens: distances de sécurité phénoménales, clignotants sur les ronds point, arrêts au feu orange, etc. Les 4 derniers km sont interminables et je n'en finit plus d'arriver à destination. 
L'usine ferme à 16h me fait remarquer le cariste, ça tombe bien il est 15h45! Il fait quand même un peu la tronche mon pauvre homme. Mais quand il me voit manœuvrer avec peine pour essayer de mettre le coté du camion le plus possible à l'abris il se radoucit et finit par me remercier quand je l'aide à mettre en place les grosses palettes. Je me dépêche de rebâcher sous la tempête de neige qui s'intensifie. 

16h45, fin de chantier, je suis trippée et glacée jusqu'à la petite culotte. Gros bazard pour aller reprendre l'autoroute, puis vitesse de croisière 60. Vue que ça me gonfle vite je slalomme un peu quand les voies sont dégagées et double pas mal par la droite. Je sais que ce n'est pas bien mais quand ça roule à 40 sur la voie du milieu il le faut bien. Sur Novara les choses se gattent et la neige durcit et devient glissante. Alors que ça freine Dédé joue de l' abs, je le laisse gérer crispée sur le volant. Voyant le cul d'un fourgon arriver un peu trop vite (à moins de 10 à l'heure) je dégage un peu sur la file de gauche, la remorque finit par partir un peu trop en travers je fais de l'huile. In extrémis la circulation repars et je peux redonner un tout petit coup d'accélérateur pour tout ramener en ligne. On a frôlé la cata, promis je reste sage maintenant!  

Je m'octroie une demi heure de pause pour laisser passer le trafic et fondre la neige car la tempête s'est calmée et les saleuses et chasses neige font leur boulot. Ainsi quand je repars il y a moins de monde et la route est propre. 

Je retrouve la neige en France, la descente du Mont Blanc est dans un état très moyen. Je descends très tranquille, derrière moi personne ne bronche dans la file de voiture. 
Tout en bas je fais un échange de remorque vite fait avec un collègue qui n'a pas beaucoup eu à m'attendre et file faire ma coupure du coté de Nantua après avoir pris quelques cheveux blancs tant tout les parkings sont plein à craquer. 10h04 de conduite, on l'a échapper belle. 

tombera, tombera pas? 


on n'attend pas pour dégager les aires de services 


une saleuse

Samedi 6

Ca roule pas mal dans le sens opposé, première vague de vacanciers, ceux que j'aurai le bonheur de me taper la semaine prochaine!! 11h15, parking, bon week end!  

Dimanche 7

Lundi 8

Départ banal à 4h, il ne fait pas trop froid et c'est l'éternel routine par la n6, toujours les mêmes coupures, rien de spécial à signaler sinon que j'apprends trop tard que Christian est à 10 minutes tout au plus derrière moi. C'est pas malin ça!

Je suis à 10h au nord de Paris pour vider un groupage, toujours la même chose: le camion n' était pas annoncé. Néanmoins on me vide et contrôle en un temps raisonnable (2h environ)

Je recharge un premier lot à 20 km, le temps d'y aller il me reste juste une petite heure à attendre. Pour une fois on a vu large en place et la marchandise tient sur la moitié de l'espace demandé. Une seconde ramasse ne tarde pas à arriver, à l'extrême sud ouest de la région parisienne donc il faut mettre la gomme. Je fais faire une demi heure de rabe au cariste qui finit normalement à 16h. Il n'a pas intérêt à broncher car la dernière fois que je suis venu j'ai attendu une soirée, une nuit, et une matinée!
Comme la fois passée le métrage de plancher a été calculé trop juste, heureusement que j'ai du rabe grâce au client précédent. Je sangle soigneusement en intercalant des bouts de cartons pour pas salir la marchandise relativement fragile. 
3ème ramasse demain matin dans un minuscule bled au nord de Pithivier. Les derniers kilomètres ne sont pas les meilleurs: pas large, route défoncée et accotements inondés. Je regrette de n'avoir pas remis le périple à demain matin de crainte de ne pouvoir stationner. A l'arrivée je trouve une espèce de grande cour non fermée avec plusieurs petites entreprises dont celle qui m'intéresse, après une savante marche arrière je me cale au fond. Seule au milieu de rien, loin de la route (qui est loin d'être beaucoup fréquentée), à moi la longue et paisible nuit  

SOS pneu en détresse

Mardi 9

8h je chope un cariste, 8h10 je suis chargée, c'est une affaire qui roule. Mais on me demande d'attendre un peu pour compléter la place restée libre. Manque de bol y'a pas un rade dans le village, ni dans celui d'après et je prends mon mal en patience sur un coin de trottoir en regardant tomber la neige qui finit au fil des minutes par tout recouvrir. La route est déjà bien blanche quand je tire la sonnette d'alarme au bureau, alors hop on déguerpit!

Orléans, café à la vieille station à la sortie de l'agglomération. Je n'y passe plus souvent mais l'endroit défraîchit est toujours sympa car on peut toujours y boire le café au bar, c'est toujours plus agréable je trouve. Route vers Gien puis l'A77. Vu que je dois rappeler le chef sur Nevers au cas ou mais qu'il est plus de midi, pour une fois je m'arrête au resto. On ne va pas se battre car nous ne sommes que 4 camions sur le grand parking alors que la station toute proche est bondée, mais peu de français. 

Rien sur Nevers, on continue. A la sortie de la ville l'autoroute est fermée, déviation pas la route et un détour de 40 km, ça fait râler mais pas le choix. Je souris du regard des badauds dans les rares petits villages traversés en voyant la grande colonne de camions passer. Vous inquiétez pas, vous n'en revenez pas de ci tôt de ces engins polluants et bruyants puisse que dans quelques jours le territoire de l'Allier nous sera purement et simplement interdit! Retournez donc à votre isolement paysan mais ne venez jamais vous plaindre de devenir une région morte. 
En étudiant un peu la carte il est flagrant de voir qu'en effet sur la N7 les aménagements modernes stoppent nets aux portes du département pour reprendre aussitôt après. N'y a-t-il pas là un souci de politique purement locale et que ça ne date pas d'aujourd'hui? 

Bref, je passe sans même consommer, et rejoins Roanne ou je trouve les premiers flocons et une autoroute boueuse. Toujours la même histoire: ça roule au mieux à 70 sur la voie centrale, c'est casse c… (même si j'en ai pas) à la fin!
St Etienne, ça roule mal car les mêmes ont décidé de la jouer à 40. J'en profite pour aller faire le plein au point de ravitaillement tout proche. La station est en légère en pente et Dédé s'y traine comme il peut dans 20 cm de bonne neige bien fraîche. 
Quand je reprends la route ça va un peu mieux mais un peu seulement. Sortie de Lyon, A7, méga bouchon alors qu'il est 20h. 30 minutes de perdues à cause de travaux, on est plus à ça prêt. 
Nord de Valence, j'ai presque mes 9h et j'en ai marre, dodo parking tout au fond pour avoir la paix. 

la N7, ça circule pas mal, c'est vrai. trop? peut être...


la neige apparait sur les hauteur de La Palisse

Mercredi 10

En route à 6h30, par chance sans neige. Cap sur le sud en espérant voir un peu le soleil. 

08h30 téléphone, c'est le premier client qui s'excite… J'arrive vers lui à 10h (sur mes documents c'est marqué « entre 8 et 11h » donc je suis dans les clous) sur un chantier. L'accueil est sec, on m'attend depuis 8h, on avait demandé à être livré en priorité, et patin couffin. Que répondre? Rien, car j'ai pas envie de m'énerver. Pour déballer il faut que je bouche l'accès du chantier pour être en face du portail, ce qui a le don d'énerver les autres entreprises qui travaillent sur le site. On se grouille, ça m'arrange bien, et ainsi j'ai le temps de livrer quelques palettes une dizaine de kms plus loin avant midi. Là le cariste me charrie en me voyant m'emmitoufler avant de descendre « il fait froid hein? » en fait ça fait longtemps que je n'ai pas vu un ciel si bleu, un temps si sec, et une température si douce, presque 10 degrés à l'abris car le fond d'air est frais. 

Me reste plus qu'à descendre à La Ciotat poser les 3 dernières palettes. Je m'octroie une pause d'une heure pour souffler et grignoter un bout, me doutant que rien ne presse vraiment. A 13h30 je trouve ma rue et là, horreur! Il y a un pont à 3m80 et de toute évidence mon client que je n'ai pas vu avant est à coup sur derrière. On fait quoi Dédé, qu'es ce que t'en pense? Réponds, dis moi? Moi je tenterai bien de tout baisser les suspensions, et toi? …?? T'es chiant à la fin de jamais savoir!!! En concertation avec moi-même j'ai trop la trouille, le pont se trouve dans une cuvette et la pente est très raide au cas ou il faudrait faire marche arrière. Demi tour pendant qu'il y a de la place et on va faire le tour du quartier pour contourner l'obstacle. Pas moyen, les rues rétrécissent vite et tout est interdit à juste titre. Essayer de choper le no de la boite pour demander. Ouai mais ça m'étonne quand même sachant que l'entreprise a ces propres camions et pas des moindres. Je reviens vers le pont mais par une rue transversale. Et là, ho surprise! Face à moi, mon enseigne. Quelle idiote, fixée sur ce pont je n'ai pas regardé le dernier portail tout à l'heure et fait demi tour devant, pffff 

Sortie de là il me faut me garer mais pas moyen, je regagne l'autoroute et la station toute proche pour attendre les ordres. Vu que de toute évidence il faut attendre un peu encore je file à la douche puis profite du beau temps pour aérer les puces à Dédé, ça ne lui fait pas de mal. Le vent qui se lève fait la poussière en même temps, le pied. J'use tout de même de la balayette et de l' éponge. Un chauffeur du 16 dans le même cas que moi fait de même, ça sent le ménage de printemps! 

Au final je ne rechargerai que demain à Fos, je descends tranquillou et fais des courses au passage dans un centre commercial. Le vent souffle de plus en plus fort et par moment mieux vaut avoir les mains fermes sur le volant. Dédé déguisé en planche à voile, non non 

18h30, j'investis le grand parking de l'usine et prends l'une des dernière place libre. Une dizaine de camions bâchés qui sont là pour les même raisons que moi, va pas falloir louper le réveil demain matin!! Ce qui est certain, c'est que je vais être bercée cette nuit…

La baie de Cassis

 


ho ho pas cool!

Jeudi 11

Bien sur je suis sur le pied de guerre dès 06h15. L'enregistrement au poste de garde est rapide, par magie le bureau de chargement est déjà ouvert et je fais la queue derrière ceux qui ont été plus courageux que moi.

Peu avant 7h on attend que les ouvriers prennent leur poste au chargement, ils n'attaquent le premier camion qu'à 7h30. A 8h45 je suis enfin sous le pont, à attendre ma bobine. 9h 10 le pontier me dit d'aller au parking, il y a un défaut sur ma bobine. Après une petite attente je prendrai un chargement destiné à un collègue. Faire changer l'immat relève de l'exploit, de plus il y a à nouveau un souci sur la marchandise, on me trouve enfin une autre bobine. Autre souci: 100 kg de trop, il faut négocier avec le poste de garde pour enregistrer la tolérance de la carte grise sans que je me tape l'aller retour à la bascule.

Bref je sors à 10h45 après avoir encore renseigner un chauffeur belge qui doit aller dans Marseille. « Mais je sais pas y aller une fois! » Regarde bien ma carte car je t'expliquerai pas deux fois! 

Grand ciel bleu et vent de face, Dédé en bave un peu dans les cotes pour rejoindre Aix puis l' A8. Après tout on a le temps, on ne va qu'à Turin. Par hasard j'allume la radio et tombe sur 107.7 et les infos ne sont pas très bonnes: neige après Fréjus, stockage en vue. Punaise! 
Arrêt obligatoire avant Brignoles, je négocie avec le gendarme pour pouvoir sortir et rejoindre un collègue sur Vidauban au resto. Quitte à planter, autant je faire sereinement. Accordé! 
13h, on discute de tout ça à table avec d'autres naufragés, il n'y a plus qu'à patienter patiemment

17h, pas d' évolution, dilemme de savoir s'il faut essayer de dormir ou non, si l'on repart dans la soirée ou pas, s'il faudra partir demain de bonne heure ou dés que possible (à condition d' être encore éveiller pour suivre les infos). C'est pas simple à gérer et impossible d'anticiper sur quoi que ce soit. 

En sortant du restaurant vers 21h30 c'est le soulagement de voir les camions a nouveau circuler sur l'autoroute toute proche. 

du mauvais coté des quilles, c'est la voie de stockage obligatoire

du bon coté des quilles....!!! courage les gars 

on est pas mieux là? 

Vendredi 12

Départ à 3h, on m'a demandé de profiter de la grande coupure forcée pour rattraper mes heures manquantes du week end dernier, c'est toujours ça de pris. L'autoroute a été bien nettoyée, visiblement il est tombé une bonne couche de neige sur Cannes. Les palmiers font un peu la tronche et ça parait insolite de les voir plier sous la neige tels les sapins du Mont Blanc. 


Sur Nice il y a de belles plaques de verglas, mieux vaut ouvrir les yeux, notamment aux entrées et sorties des tunnels.

 
Coté italien le scénario est un peu le même, sur Imperia c'est même un peu délicat, on lève le pied. 
Savonna, direction Turin, et la pause en route. Je suis bien fatiguée mais courage, c'est bientôt la fin de la semaine. 

Satisfaite je suis à 9h30 devant la porte de mon client, une petite boutique ou c'est toujours rapide. On a modifié les installation et à présent il faut entrer dans le hall par l'ancienne sortie et de suite je juge que rien n'est gagné car l'entrée est en pente et bien sur pas dégagée. De plus on arrive en braquant. Dédé prend de l'élan depuis la rue, braque tout, patine, hurle, ça ne le fait pas. En reculant j'arrive à tout mettre droit, tant pis si je me retrouve à bloquer la route. Il faut quelques tentatives pour grimper la pente verglacée. Mais le plus dur reste à venir: une fois le tracteur à plat sur le béton lisse (et mouillé) dans le hall, la remorque est toujours dans la pente et avec 24tonnes bien calées sur le premier essieu toute la charge est transférée vers l'arrière, si bien que Dédé n'a plus rien sur le cul pour l' aider à accrocher le pavé. Il faut à nouveau reculer, baisser au maximum les suspensions au risque d' accrocher les ailes. Mais tant pis! C'est in extremis que ça le fait, au prix de quelques peines et je prends une petite crise de nerfs. Une demi heure pour rentrer, l'installation d'avant était tellement mieux avant cette idées farfelue. 

Bref, je déclare « vide » à mon chef qui m'annonce pas moins de 3 ramasses et la suite à venir. Et bé!! 2 autres arriveront dans les minutes qui suivent. S'ensuit une course folle autour de Turin, de Villanova d' Asti à Settimo en passant par Sito.

Pour essayer de faire les choses plus ou moins dans l'ordre pour livrer il faut jongler et faire des détours. Malgré deux beaux bouchons tout se passe pas trop mal et à 18h00 je sors de chez le dernier client. 9h59 de conduite, j'avise le trottoir d'en face.

Morte, naze, réduite à néant, moins d'une demi heure après je ronfle. 

 

plein de neige partout

on sale sans compter, à priori on connais pas les rupture de stock ici

cabinet de radiologie

oh les mômes! 

Samedi 13

On remet en route à 3h, direction la maison. Hors de question de trainer et à 7h précise je suis sur le contournement de Lyon, sauvée à temps du couvre feu à cause des départs en vacances. On rentre donc soulagés, 9h30 week end!  

Dimanche 14

Lundi 15

A la bourre dés le départ d'une vingtaine de minutes. Les raisons? Toutes bêtes: descendre le sac poubelle, mettre du courrier à la boite, etc… Quand on a peu de temps à soi, voilà comment ça se passe! 
Bref, ces soucis d'intendance ne font pas partie du boulot mais le boulot a quand même une influence dessus. Il est donc 7h22 quand je quitte le parking en direction d'un village à une bonne 50aine de km de chez moi. Avec le retard du début et le temps pour dénicher l'adresse (la seule boite qui ne se trouve pas dans la zone industrielle évidemment) j'arrive à 8h30. La grosse caisse et les quelques petits colis sont vite descendus mais tout de même il a fallut se gratter la tête pour trouver la meilleure façon de la saisir.
Cap sur le 60 pour vider un second lot. J'avais annoncé mon arrivée pour 15h mais un crochet à la pompe me retarde un peu, c'est surtout la lenteur du débit qui me fout dedans… Je vide tout de même après m' être fait rabattu les oreilles car l'usine ne veut plus décharger en latéral pour des questions de soit disant sécurité qui ne tiennent pas debout, et surtout m‘exaspèrent... Le cariste me vide quand même, heureusement! 
En me dépêchant j'arrive à 16h57 dans une entreprise de taille moyenne de St Quentin. Videra ou videra pas mes 3 palettes? Je trouve des quais allumés, un camion en attente, et un réceptionnaire qui s'excuse de devoir partir en pause, il me videra à 17h30. En fait la boite reste ouverte tard dans la soirée, fait rarissime. 
Je passe par le dépôt pour bouger deux énormes caisses qui risquent de m'ennuyer demain pour le reste des livraisons. Au bureau on m'apprend une triste nouvelle, Dédé a été pris en flag d'excès de vitesse par la Polizia : 86 au lieu de 80 sur l‘autoroute du Fréjus! 89 Euros. Non pas la somme qui est dure à avaler (quoique!) mais le fait en lui-même… N'importe qui qui aura fait de l'Italie comprendra l'injustice, pour pas dire l'incohérence de la chose  
Plus d'heures au compteur, je me cale dans le fond de la cour. 

Mardi 16

A 8h00 sonnantes je suis à la porte d'un mini entrepôt de stockage pour vider 9 colis, soit la valeur de 4 palettes. Aussitôt on me dit de me mettre à quai, cependant un chef me reprend dans mon élan: c'est jour d'inventaire et on ne peut me réceptionner avant… vendredi! Y'en a marre, partout ou je passe y'a un truc qui cloche. Bien sur mon chef est très joyeux d'apprendre ça, je patiente le temps de trouver une solution. Vers 9h00 je retourne voir le bureau pour prendre un renseignement et là miracle on décide de tout de même me réceptionner. 9 h 15 je mets les voiles vers le sud de Lille. Au vu du gps l'accès n'a pas l'air aisé car en centre ville, en fait tout se passe bien à condition de jouer serrer dans deux intersections. La cour de l'usine est riquiqui et je me laisse guidée dans un périlleux demi tour après avoir vider deux énormes caisses par le coté. 
Aussitôt arrive une liste de ramasse, on commence dans une zone à l'est de Roubaix, il faut se faufiler sur les boulevards fraichement réaménagés de la ville, encore un truc truffé de pièges: arrêt de bus, feux camouflés, chicanes etc. L'accueil dans la petite usine est convivial, ce qui compense une mise à quai un peu short. 

Midi, on fait la pause sur l'autoroute en direction de Valencienne. La ramasse suivante est au cœur d'un petit village dont je fais deux fois le tour avant de trouver une rue adéquat au gabarit de Dédé pour rejoindre mon adresse. Je trouve un genre de pavillon de ville tout rideaux fermés, ça sent le coup foireux. Je sonne quand même sans conviction: au bout de quelques longues minutes une voie me répond, après explication de ma présence on me répond qu'on m'envoie quelqu'un. J'ai oublié de demandé: quand? Parce que je suis mal garée et gêne un peu la visibilité dans la rue. Au bout d'une vingtaine de minutes un gars arrive et je tire ma dizaine de palettes au fond de la remorque. 
Une troisième ramasse rapide dans le bled d'à coté, puis à la sortie de Valenciennes chez un grand transporteur. 16h, je peux rentrer au dépôt poser et trier tout ça. 
Ensuite je me dépêche d'aller faire réparer ma remorque au garage d'à coté car une goupille s'est barrée d'une espèce de biellette qui maintient les suspensions en position « route ». Je me doutais bien de quoi il s'agissait mais le tourne volant que je suis n'avait pas trouvé le temps ni l'endroit pour se glisser sous la remorque pour faire cette réparation de fortune. 

Journée presque finit, je passe à la pompe qui une fois de plus ne débite pas grand-chose. Décidemment c'est gonflant! Pendant ce temps je fais ma BA du jour: un italien me demande ou trouver un restaurant avec douche etc. Pas facile de lui expliquer comment traverser Cambrai, et lui propose de l'emmener car c'est sur mon chemin. L'italien ravi me suis puis je trace ma route en direction d' Avesnes sur Helpe, une petite ville au sud de Maubeuge. Je profite d'un restaurant à quelques km de là pour faire une copieuse coupure. Le parking est dans un état désastreux à cause du mauvais temps, ça dissuade presque. A table on parle météo, on annonce de la pluie verglaçante dans la nuit. 

Mercredi 17

Je suis un peu avant 8h00 à mon usine pour charger. Comme d'hab il y a une tripotée de containers devant moi. En descendant de la cabine je remarque un gros pchiiiiiiiiiit. Je penche pour une main de flexible mal positionnée, et bé nan, c'est la grosse fuite en règle, le flexible jaune est percé juste dans un renfort. J'avise la caisse à outil et retourne tout mes coffres dans la quête désespérée du flexible de rechange. De toute évidence je n'en ai plus, bizarre. J'appelle donc mon chef qui me fait rappeler par le patron: on a plus de flexible de dépannage, c'est dommage. Le concessionnaire ne voulant pas se déplacer et moi n'ayant pas le temps de faire 50 km en solo pour ça, mon patron joue le système D et me fait dépanner par un petit transporteur du coin. Je suis persuadée que ce genre de coups de main à de beaux jours devant lui par les temps qui courent… 

A 10h00 Dédé a un beau flexible neuf et moi mes papiers, et roule sur la descente via la vieille N2.  

Je trace jusqu'à la maison ou je prends le temps de me restaurer et de prendre une bonne douche. J' hésite à y passer la nuit mais préfère jouer la sécurité pour demain et descends dormir à Chalon sur Saône à quelques centaines de mètres de mon client. L'ancien centre routier, désormais fermé depuis un moment, fait grise mine. J'ai toujours trouvé cet endroit austère. Mais tu vois Dédé, c'est sur ce parking qu'un soir d' aout 1998 mon ami Chris (celui qu'on a vu il y a quelques mois à Lesquin) m'a fait prendre le volant pour quelques tours de parking… 

Jeudi 18

J'angoisse un peu en allant livrer mon client car Christian m'a prévenu que c' était juste pour rentrer, que le cariste était grognon, qu'on y faisait tout juste demi tour etc etc. Sans vouloir le vexer, on a vu pire, pas besoin de m'empêcher de dormir non plus!! Ok, on a vu plus gracieux aussi quand j'ai dit qu'il fallait prendre les palettes au coté. Bref, 8 h 30 je prends la route de la descente via la pompe pour un plein complet à débit normal cette fois, et un grand crème croissant grand débit aussi. 
Cap vers le Mont Blanc, c'est raide à pleine charge… et les heures défilent, défilent, c'est mort pour la seconde livraison ce soir. 
Big bouchon sur Milan comme j'avais pas vu depuis longtemps. Cette fois plus besoin de courir. Je retrouve par hasard un collègue dans une station, le temps de se raconter nos malheurs réciproque et je continue vers ma destination finale: une aciérie à l'est de Brescia. L' usine est immanquable vue de l'autoroute, mais je me trompe de route dans la zone, faut dire que mon adresse ne correspond à rien sinon à une ancienne entrée désaffectée. J'aime tourner en rond sous la pluie dans le noir… les phares m' éblouissent, il faut se coller le nez aux anneaux pour les lire, pff. Je finis par apercevoir deux bennes à ferraille, et les suis bêtement. Bingo, ils m'amènent tout droit au portail de l'usine. La file d'attente est déjà longue, longue, longue… J'apprends que ça ouvre à 7h mais qu'il faut se tenir prêts bien avant. Bon, c'est pas gagné l'histoire

Vendredi 19

A 7h c'est la foire d'empoigne pour avoir accès à la bascule. Un gars qui fait le tour du parking vient à moi. Ca tombe bien car je suis indécise sur la file à prendre. Au final il m'indique de sentir de ce souk et d'aller directement à une autre entrée, 500 m plus loin. Là il n'y a personne, on me donne un plan pour aller au magasin général. Je débâche complètement sous une pluie froide torrentielle. Le cariste a beau se dépêcher, je crois qu'il a un peu pitié, je suis trippée et glacée jusqu'au os. 

Webasto à fond pour me réchauffer et tenter de sécher un peu je prend la route vers un bled à une cinquantaine de km plus au nord. Manifestement j'ai choisi l'itinéraire touristique et me tape une bonne parti de la cote d'un grand lac (magnifique du reste). Dans le village il faut encore dénicher l'adresse car dans la rue très longue et il a une multitude de petites allées. Bien souvent les numéros sont indiqués aux entrées de ces ruelles mais là non car le quartier est tout neuf. Au final je vais sonner à la porte du transporteur local qui lui-même me dit ne pas connaitre encore toutes les nouvelles entreprises implantées dans cette extension de zone. Néanmoins on prend le temps de faire une recherche dans les Piagine Gialle ( nos bonnes vieilles pages jaunes version italie) et même de donner un coup de fil à mon client. Grazie Mille du coup de main!! Une heure plus tard je n'ai plus qu'à rejoindre Brescia, par une belle route fraichement réaménagée, c'est-à-dire directe jusqu'à l'autoroute avec une belle station pour un cappuccino bien mérité. 
J'arrive à peine à me réchauffer et il tombe des cordes tout du long jusqu'à Milan. Là je file chez un transporteur compléter en groupage. Les gars attaquent de suite à vider les 21 grandes palettes que je viens de prendre pour gerber en vrac par-dessus. La technique pourrait en choquer pas mal, ici c'est typique. Pourquoi faire 2 camions alors qu'il y a le volume dans un seul? Economiquement et écologiquement rentable! Cela demande juste un peu d'organisation et de soin. J'avoue que c'est chaud pour fermer les portes et que l'on a placé une plastique sur les dernières piles pour éviter de mouiller la marchandise, les joints de portes n' étant jamais vraiment étanches. 

15h30, en route vers le Mont Blanc avec les essuies glace tout du long. Coté français il neige un peu, voir pas mal dans la rampe. Mollo, piano, ça le fait bien. Bien sur les heures ne me permettent pas de rentrer, dodo à Bonneville après une journée encore bien remplie. 

un véritable groupage à l'italienne à l'ancienne

Samedi 20

Je rentre tranquille mais avec tout de même pas mal de circulation en ces premiers retours de vacances. 8h45 Dédé est parqué.

Dimanche 21

Lundi 22

Départ tranquille vers 9h, encore un peu de plus (expression très locale je crois) et je partais à la bourre. Quand je pars tard j'adore toujours la réaction des proches que j' aperçois: « Tu travailles pas? T'es en vacances? Un grand week end? Tu t'es loupé? Quelque chose qui va pas? » pfff 

Aujourd'hui il n'y a qu'à rouler, de surcroit sous un beau soleil. Du moins sur une partie du parcours car sur Reims les choses se gâtent, à Laon il pleut et vogue la galère. Crochet au dépôt pour la partie administrative du métier et je m'en vais dormir au centre routier de Roncq. 19h30, le parking est plein en grande partie de plaques étrangères mais aussi pas mal de remorques décrochées, chose qui me fait un peu hurler de rage. Je tente ma chance là ou je vide demain car la cour est ouverte et il y a de la place ce qui fait bien mon affaire. 

mauvais endroit pour tomber en panne

Mardi 23

A 7h je pointe mon nez sur le quai, vite vite on t'entend. Ok, arrivo subito! Il n'y a qu'un gars tout seule pour déballer tout mon bazar mais il a une technique bien à lui et efficace car à 9h tout est terminé et mes 21 palettes initiales remises en place, ni vu ni connu! Je peux aller poser ça dans la région d' Hazebrouck. Là je tombe dans une petite boite qui me surprend: des gens travaillent à faire de l'emballage dans un entrepôt ou il fait très froid, sans éclairage sinon la lumière qui transperce par le toit. Le manut qui me vide n'a qu'un vieu transpal manuel, ça sent la misère à plein nez. 
Mes ordres d'enlèvements arrivent alors que je sors du quai, le chef a eu bon flaire. Direction le nord de Lens, toujours dans le gris de l'hiver qui n'en finit pas, cependant il ne pleut plus. Je trouve mon client à 12h05 dommage. J'avise un parking proche pour manger et attendre l'ouverture. 5 énormes et très lourdes caisses à destination de Marseille prennent place à l'avant de la remorque après en avoir pris les mesures exactes pour les disposer intelligemment, jouant à la fois sur le gain de place et la répartition du poids. Je continue à la frontière belge au nord ouest de Lille prendre des fardeaux tout en longueur. A l'entrée on pèse Dédé sur une balance miniature: d'abord le tracteur, ensuite la remorque, surprenant! 
A l'entrée du magasin une affichette me fait sourire: il est marqué que pour éviter les transmissions de grippe, gastro et autres saloperies « un sourire charmant et un bonjour courtois valent mieux qu'une poignée de main empoisonnée» pas idiot, poétique, enfin quelqu'un qui s'est creusé un peu pour éviter les banales notes qu'on trouve partout et qui veulent rien dire. 
Ma marchandise solidement attachée je redescends après un moment d' hésitation à Cambrai pour compléter un lot sur palettes. Demain je compléterais sur Soissons ou je file car j'ai largement d'heures. 
Dans la grande zone c'est la croix et la bannière pour stationner, y'en a marre! 

Une petite note spéciale: il y a 10 ans ce soir à 22h… je partais pour mon premier tour d' Italie chez TFC! Je revois toujours le chauffeur dont je prenais le camion en relais et sa réflexion en me jaugeant de la tête au pied devant tout le monde « ils auraient pu lui filer un autre camion que le mien », ainsi commençait une grande aventure. Que de kilomètres sont passés depuis…

Mercredi 24

Dans la petite boite on me charge avec un soin infini 6 palettes dont je comprends que c'est fragile, important, presque précieux. Avec les papiers 1000 consignes prévenantes et un café gentiment offert. 
En route sans trop perdre de temps car je dois passer chez Iveco en route, Dédé à cassé son lève vitre conducteur et disons que c'est assez gênant même si ce n'est pas extrêmement grave. Dans la première concession on m'explique qu'on a pas le temps alors qu'ils étaient prévenus… Bref, on reprend un rendez vous ailleurs, à Chalon sur Saône dans l'après midi. Il ne faut pas trainer et je file sans arrêt superflux. Dans ce garage je suis très bien reçue et Dédé réparé en une heure de temps ce qui est très raisonnable. De là je vais au ravitaillement en gasoil pour descendre sans attendre vers le sud. Grosse stupéfaction devant les pompes… VIDES!! Pas grave on verra à Macon: idem… sur Lyon? Même musique. Au total (sans jeu de mot) se seront 8 stations visitées et même constat. Pour ma part je peux tirer jusqu'à Marseille mais sans plus, d'autres sont bien désespérés car à sec et finissent par être obligés de camper sur place en attente. 
Résultat j'ai perdu pas mal de temps avec ça et ne dépasse guère Valence. Je ne dors pas trop tranquille j'avoue. Au pire on utilisera la petite réserve d'argent de sécurité versée par la boite, mais j'imagine le souk à trouver une pompe qui marche. 

réparation rapide


remorque cintrée

Jeudi 25

Sans conviction je fais le crochet par la pompe de Montélimar: bingo le ravitaillement a été fait. Bien sur je ne suis pas seule mais c'est un gros poids qui s'envole. 

Route vers Apt poser le premier lot. En route c'est mon gps qui finit définitivement par me lâcher, le pauvre est pas tout jeune et il faut dire qu'il travaille plus ou moins 80h par semaine. Il prend donc une retraite bien méritée au fond d'un sac, snif. Je ne suis pas sentimentale pour lui mais n'empêche qu'il me manque assez vite. L'instinct de lui jeter un coup d'œil, notamment voir le nombre de km restant, le prochain bled, etc. A nouveau je replonge dans l'atlas, le regarde de temps en temps, mais c'est emmerdant en roulant. En fait je sais ou je vais et je sais que je ne vais pas me perdre sur L'A7 entre Avignon et Marseille mais non, ça le fait pas, il me manque un truc. Dans une station je regarde les quelques modèles proposés, l'un d'eux me convient bien à pris correct, aller hop! 
Dédé est ravit de son nouveau jouet mais a du mal à s'y faire avec tout ces logos dans tout les sens. Pourtant il est plus « beau » que l'ancien. 
Pour rentrer dans Marseille je ressors la bonne vielle carte. Ma première adresse est simple car je suis déjà passée devant. La seconde n'est pas bien loin pour avoir chargé un jour juste à coté. Sauf qu'il s'agit d'une traverse ou même pas une Fiat 500 passerait, il faut faire le tour du quartier, passer sous des pont en arches limites, jouer des coudes avec les voitures mal garée, tout ça pour arriver du bon coté de la « rue » et surtout arriver à tourner dedans! Croyant avoir fait le plus dur je grimpe jusqu'en haut car on m'a indiqué ma boite tout au bout. En effet c'est bien là mais c'est un cul de sac très mal famé, un coupe gorge au premier degré. Le client avant même de me dire bonjour m' avertit de ne pas laisser Dédé sans surveillance sous aucun prétexte. D'un coté un camps de manouche et ça rode déjà autour, de l'autre des ruines très glauques. Punaise, qu'est-ce que je fous là !! Discrètement le cariste me dit que l'on est épié de partout, je veux bien le croire et j'ai envie de me casser, franchement. 
A moitié soulagée de retrouver mon volant une fois la livraison faite, mais encore faut il redescendre… environ 150 mètres en marche arrière, puis rentrer en avant dans l'entrée de droite, s'aligner, couper la route pour foutre le cul de la remorque dans le chemin d'en face et enfin repartir dans le bon sens. Rien de plus simple sauf qu'il est interdit de descendre sous aucun prétexte de la cabine pour aller jeter un œil, et même pas faire attention à la voiture qui tente l'intimidation en me disant que j'avais faillit lui rentrer dedans, que j'avais rien à faire ici etc etc, chaud chaud chaud!!! Mais quoi qu'il arrive ne pas paniquer, c'est ma devise depuis 11 ans …  
Idem au carrefour d'en bas ou ça passe à ras des pare-chocs des voitures garées en vrac, na pas descendre même si j'accroche!  
Autant dire que je ne demande pas mon reste pour me tailler au plus vite de ce satané quartier.
Je respire enfin en retrouvant l'autoroute puis la direction d' Arles et du village ou je fais ma dernière livraison. Un resto routier, ça tombe bien… une bonne douche pour effacer mes péripéties marseillaises. A table je me retrouve avec 3 chauffeurs bien sympathiques et l'ambiance et franchement bonne, que quoi oublier la fatigue (morale pour aujourd'hui). 
Je ne dors pas de suite, installe correctement son nouveau Gps à Dédé et me familiarise un peu avec. 

23h, ouste à la niche

champs de lavande


ne pas paniquer quoiqu'il arrive 

Vendredi 26

Je n'ai rendez vous qu'à 10h mais me présente à 7h30 sur une petite plateforme pour poser mon dernier lot. Bonne idée, je ressors vers 9h. Cap dans une zone commerciale d' Aix en Provence prendre un premier lot, du matériel de chapiteau dans l'arrière cour d'un magasin. Les démonteurs veulent me faire rentrer, je refuse car je juge l'endroit trop juste. C'est le directeur qui vient calmer le jeu en ma faveur, le premier et dernier qui a essayé la manœuvre à embarqué un coin du bâtiment. On m' amène donc les éléments dans la rue, il faut faire gaffe à la circulation car personne ne ralentit en voyant ce camion bâche ouverte et l'engin de manutention en train de manœuvrer. 
J'ai un pff de désespoir quand on m'annonce le second enlèvement dans … Marseille! En fait c'est vers le MIN, un coup de fil à l'ami Chouchen qui me rassure de suite, pas de plan foireux ou craignos à craindre. D'ailleurs il vient me dire bonjour malgré la fatigue pendant la coupure de midi. 
14h je suis enfin prete à prendre la route. Ciao ciao le sud et votre soleil, j'ai envie de revoir ma grisaille et surtout retrouver mon calme. 
Il faut encore jouer des coudes avec les touristes sur Lyon, mais à 22h l‘affaire est dans le sac. On annonce de la tempête ce week end, je m'en fout, au chaud et au sec sous ma couette pas bouger.

y'a du pv qui se perd... 


longtemps que j'avais pas vu un ciel aussi bleu  

Samedi 27
Dimanche 28

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