Mon Carnet de bord... Suivez mes aventures, semaine après semaine!

Avril 2010

Retour menu

Jeudi 1

Direction Nimes à la fraiche. Un transporteur de messagerie et 3 palettes à poser, rien de bien compliquer après avoir trouvé le bon bureau, la bonne personne, une place à quai, un transpal. Bref, une petite heure s’écoule doucement mais surement. Go sur Aix en Provence via la N13 puis l’autoroute, il ne faut plus trainer pour vider le reste avant midi. Aubagne, sa grande zone, le gps me guide, j’en suis à 800m lorsque je tome sur un méga bouchon. A un rond point plein de gilets jaunes qui laissent passer les véhicules au compte goutte: une manif. On tente de me refiler un tract, il est 11h35 et j’ai pas le temps de tailler la bavette; c’est plus fort que moi de leur montrer mon mécontentement mais la vue de leurs pancartes à entête syndicale me fait dresser les poils.
Je suis enfin chez mon client et j’ai la hantise de devoir attendre le début d’après midi car j’ai les ¾ de la remorque pour eux et gerbé sur deux étages. Mais non, de suite on me fait installer dans la petite cour, on m’attendait. Ca ne traine pas et à 12h10 je suis prête à partir.
Direction Fos et la grande acierie. J’ai pas fait gaffe à la coupure et suis bonne pour refaire 30’ à la première station. Ca me fait débarquer à 14h à l’usine, à l’heure d’affluence, pas cool pour la suite.
Stupéfaction de voir le parking vide et que l’on m’indique qu’il n’y a pas grand monde au hall de chargement. En tout et pour tout je ne resterai qu’une bonne heure pour charger ma bobine, c’est le paradis quand ils veulent bien!!

En route vers Nice ou je trouve un gros bouchon, puis Vintimille. Je dors sur un petit parking avant Savonna, je calcule que je ne serai pas avant 10h, 10h/30 sur Milan demain, ça fait tard suivant la liste de ramasses à suivre… tant pis, je me prépare à courir à fois de plus

les premières transumances

Vendredi 2

Je déguerpis dés que possible pour passer Gênes avant la ruée. Tant pis pour le retard, je prends 15’ pour déjeuner, c’est primordial. Milan traverse dans le sens sud/nord très bien et j’arrive chez mon client à 10h15. Pas grand monde, on m’accueille avec un panier d’œufs en chocolat, en voilà des gens qui savent faire plaisir! On me demande d’attendre 10’ avant d’avoir l’accés au hall et au pont, pas de souci, cela me permet de désangler ma bobine tranquillement. 10h45 je suis dehors et appelle le chef.
16 palettes pour 21tonnes à prendre à 20km de là. Bien évidemment on me demande de « bien serré » pour laisser de la place. J’ai envie d’hurler, encore un truc à se casser le dos avec trop de poids à l’avant.
Trouver mon usine à travers la grande zone est comique à en faire beuguer un Gps tellement il y a de sens interdits dans tout les coins! La encore personne devant moins, chargement dans un entrepôt au coté. Je me renseigne sur mes fameuses palettes et leur poids: 140 au carré gerbées par 2. Désolée chef mais il va pas rester grand-chose, 2m20 exactement. Le cariste me dit que ce n’est pas la peine de sangler mais bon, je préfère tout de même assurer le coup.

Midi je suis ressortie, cool. A priori il n’y aura rien d’autre à ramasser, faut dire que pas mal de boite ferment de très bon heure en cette veille de week end de Pâques. Ici cette fête est très importante, quasiment autant que Noël. D’ailleurs, et pour cause, il y a restriction de circulation aux gros cul à partir de 16h. Je file au Fréjus avec toute une bande de français qui fuient comme moi, ça rappelle le bon vieux temps ou ça remontait sec le vendredi soir. Pour une fois il n’y a aucun pays de l’est, et ce depuis hier j’ai oublié de le préciser, tous rentrés au pays pour profiter de la famille.

Je stoppe vers 18h à Chambéry, j’avoue que j’en ai un peu plein les bottes ce soir. Vers 22h un bus de gamins d’une dizaine d’année s’arrête à coté de Dédé alors qu’il y a plein de places libres plus loin, la plaie…

Le soleil se lève sur Gênes, encore une bonne journée qui s'annonce

Samedi 3

Je décolle pèpère à 4h30 et arrive au parking 4h plus tard sous des trombes d’eau, youpi le week end…

Dimanche 4
Lundi 5

Mardi 6

Bon petit week end, le jour de rabe a été profitable mais lorsqu’on veut en profiter ça passe toujours trop vite malheureusement.

Dédé me voit débarquer avec mes gros sacs à 05h15 A peine démarré que je suis prise de panique et fouille poches et sacoche à la recherche de mon téléphone, p**%@# de …. Pas question de repasser à la maison car je dois prendre au passage un collègue en chemin. Non pas que ma vie dépende de ce foutu appareil, mais un peu quand même presque. Et forcément, qui pense à noter ses numéros importants ailleurs que dans sa carte sim? Pas moi…

C’est donc énervée que je pars sur Beaune puis Dijon prenant au passage le collègue. La discution va bon train mais je songe à élaborer un plan pour récupérer mon téléphone. Bref ça me gonfle!

Et puis machinalement je finis par glisser la main dans la poche de mon pull, SAUVEE il est là! Quelle nouille. C’est fou comme on s’attache à ces petits machins sans le voir.

Soulagée et le cœur un poil plus léger la route passe assez vite malgré mon collègue, un vieux bougon, qui dénigrera toute la société pendant 8h de temps.

13h30 je l’abandonne tristement au bureau et vaque à mes occupations sur Valenciennes. On me vide en une heure, le cariste s’excuse de devoir prendre les pièces une à une car le gros chariot est en panne. Je lui répond gentiment que j’ai pas à me plaindre car il fait beau.
Sitôt vide j’ai le programme pour la suite: on commence par un petit enlèvement à 6 km de là. Je suis reçue par une grincheuse de première, genre bourgeoise pincée. A mon bonjour elle lève la tête, me regarde sans aucune expression et replonge la tête dans ses papiers. Quand je demande un tampon pour mes documents je devine un « pfff » et me jette l’objet au nez. Punaise, j’ai pas demandé à venir me faire agresser!

Heureuse de filer je reprends ma route vers Douai. A la sortie du village il y a des travaux et des feux d’alternat qui ne marchent plus, j’hésite à m’engager. Spontanément un ouvrier genre manœuvre à tout faire vient à mon devant, alors que j’ouvre la vitre il a le geste d’enlever son casque pour me saluer et me dire d’attendre 30’. En voilà un homme bien élevé, quel contraste…

Je continue sur Lens, puis Béthune, m’arrête quelques minutes boire un café dans un troquet et finis mes heures un peu plus loin. Pour finir cette journée un cycliste me double alors que je m’engage sur un rond point, cet inconscient à vu de prêt l’angle avant de la remorque et j’ai eu une belle frayeur. Bien sur j’ai droit à quelques insultes au passage… marre de ce monde de rats, franchement!

Mercredi 7

Je me lève très tôt et décolle au point du jour. Je pointe de bonne heure au poste de garde de l’aciérie, un peu trop tôt car on m’annonce que j’avais rendez vous à 11h. Punaise!! Mais les choses s’arrangent en un coup de fil: on me demande de vite venir au chargement. En place le chef m’explique qu’il a 33 chargement à faire aujourd’hui et que pour lui c’est une aubaine à cet heure creuse. Bref, cela me permet de charger et sangler mes bobines tranquillement même s’il me faut attendre quelques minutes les papiers. A 8h je suis dehors et file à Cambrai compléter au dépôt avec une pause petit déjeuner en route. J’ai même le temps de prendre une douche.
La descente est classique, je me lasse vite, d‘autant plus que ma cargaison est bien lourde et j‘en ai plein le dos, au propre comme au figuré.
Mes 10h de volant m’ amène entre Tournus et Macon ou j’avise un petit parking et tombe de fatigue.

des bobines, debout et couchées

Jeudi 8

En route pour Lyon avec le soleil qui commence à poindre. Il faut faire un grand tour d’agglomération car Fourvière nous est interdit, c’est fou comme le disque tourne… de plus je fait un tour de zone gratuit car mon usine n’a pas d’enseigne, comme toutes les autres dans cette rue d’ailleurs. A 5km/h j’emmerde tout le monde à essayer de trouver le bon portail, encore heureux que j’ai trouvé quelqu’un pour me le situer. Une cour riquiqui, un quai de misère, la joie quand on a un chargement bien pesant de virer sur place. Forcément je me loupe un peu et galère 2 minutes à me mettre en ligne devant le quai. Dans la manœuvre j’ai légèrement cogné un montant de porte, rien de bien grave mais une charnière, déjà fatiguée, se fend à moitié. Refermer la porte me donne une belle sueur, le morceau de métal coince un peu, et je vois l’heure que je ne vais pas y arriver. Heureusement que j’ai un cadenas en rabe pour verrouiller la fermeture qui ne s’accroche pas correctement.

Pour reprendre l’autoroute puis le périphérique c’est le bazar monstre, je désespère en voyant les minutes de volant défiler sur l’ écran de mon système embarqué. Je trouve sans mal mon second client dont le nom sur le cmr était vague. Il s’agit d’une petite carrosserie poids lourd et le mécano/magasinier en me voyant ouvrir ma porte comprend mon léger souci, « bouge pas » qu’il me dit. 10 minutes plus tard j’ai fait ma livraison et je suis dépannée. Une fois de plus j’ai un pot d’enfer… J’en rigole mais c’est assez incroyable à chaque fois.

Cap sur les Alpes, toujours l’œil rivé au chrono, et toujours le poids dans le dos.
Bon an mal an nous passons le tunnel puis dévalons la face italienne. La livraison suivante est dans un bled juste à une sortie d’autoroute, plutôt cool., et j’ai la rue en vue sur le gps. Arrivée à l’entrée de celle-ci un superbe panneau « interdit sauf livraison », c’est pas large mais m’engage sans crainte et remonte le chemin. Pas d’entreprise en vue, merde! Au bout il faut prendre une décision; droite ou gauche? A gauche l’entrée du village et un dédalle de ruelles, bof, à droite quelques maisons et les champs, on va voir par là. 1km passe, rien d’intéressant, et la route de contournement que j’avais vu au gps n’est en fait qu’un chemin de terre et c‘est trop étroit pour y faire un demi tour. Aïe! Pas le choix que de continuer. Ca rétrécit vite, le goudron devient défoncé, on stoppe tout. Me v’là dans le caca!
De plus il est presque 16h et moins d’une heure à rouler avant le dépassement d’heure, j’aime pas ça du tout. Seule solution, marche arrière jusqu’au village en espérant pouvoir tourner à l’entrée de rue par ou je suis venue.
800m en marche à recul, par chance à peut prêt en ligne droite et sans voiture au cul. A mon avis ça ne doit pas mener ailleurs que nulle part, quand un énorme tracteur sorti d‘un champs me bloque le passage. Crétin que je pense en moi-même. L’agriculteur vient vers moi avec un large sourire « bella strada, vero? » « bellissima!! ». Je lui explique ce que je cherche, il me dit que c’ était dans une rue adjancente et que mon adresse était pas bonne.
Le gars me dit de le suivre, il m’embarque dans un chemin ou ça tourne de justesse entre un poteau électrique et un muret, Dédé se retrouve le museau dans la terre. Perdu pour perdu je tente tout, au pire j’ai un engin pour me tirer, mais le sol était bien sec ça le fait tranquille. Au fait on va ou? On s’en va à la ferme du gars, et là c’est la stupéfaction: je n’y fais pas demi tour mais la traverse pour ressortir par un grand portail qui donne sur la grande route. Mon client est à la première intersection plus loin. Après avoir largement remercié mon agriculteur je file. Franchement, j’ai un pot de …

Mon client me vide après quelques hésitations car sa cam ne lui plait pas, après une série de photo il me libère enfin. Pas de remarque sur le cmr , ciao ciao

Il reste 15’ à rouler et il y a une petite station non loin à l’entrée de l’autoroute, ça le fait pile poil.

un chemin qui ne mène nulle part

Vendredi 9

En route à l’aube pour être de bonne heure sur Milan et enfin lâcher mes bobines d‘acier. Il y a toujours beaucoup de monde dans cette usine et je suis contente de voir que je suis la première devant la porte à 7h30. 8h00 à l’ouverture je suis toujours la seule, ça m’énerve presque d’avoir speeder pour rien. A 8h45 à la sortie il n’y a toujours personne…

Direction un village à 40 km au nord de Brescia par une route que je connais en grande partie. Vu que c’est un peu la montagne je suis large dans mes prévisions. Au final ça roule pas mal et suis à 11h30 pour charger. A peine arrivée qu’on me fait mettre en place et tout ouvrir, et on me dit d’aller faire les papiers. A mon retour 4 énormes blocs d’acier ont pris place au milieu de la remorque, reste plus qu’à les attacher solidement, refermer et redescendre vers Milan.

Une fois retrouver l’autoroute je prends une pose pour casser la croute. Par hasard j’y retrouve un collègue de Chalon qui lui aussi est en plein speed.
14h05 je sonne chez un petit transporteur qui doit me compléter en groupage. Encore un quai latéral, ça me fout toujours la trouille de me coller à un mur. Le cariste me charge les premiers lots, niveau place ça le fait tranquille, pas de prise de tête.
Je termine à quai normal pour les dernières palettes qui doivent arriver en milieu d’après midi. D’autres transporteurs arrivent, un anglais, un hollandais, un italien. Tout le monde finit par se retrouver à attendre et on passe le temps devant un café dans une bonne ambiance. Personne ne parle la même langue mais tout le monde se comprend. Le langage routier est une langue internationale au final…

Le porteur que nous attendions pointe enfin son nez à 18h45, retardé par un camion couché à quelques dizaines de km sur la route de Lecco. Personne ne lui en veut même si tout le monde tapait du pied, moi la première!

19h10 je referme enfin les portes, zou!

Problème d’amplitude, je coupe à la station de Novarra, encore une bonne de faite.
Pas de mystère, on va rentrer tard et partir tôt lundi. Ca m’attriste, j’aimerai tellement avoir des week ends normaux, m’occuper de mes affaires sereinement, sortir et m’amuser sans penser aux conséquences le lendemain, ne pas me sentir différente dans les conversations (auxquelles je ne participent plus vraiment tellement je me sens à part)

bienvenu à Milan

un quai latéral

Samedi 10

Debout 5h, en route une demi heure plus tard.
Coté français c’est l’enfer, c’est le chasser croiser des vacances de Pâques, alors que je viens tout juste d’en finir avec celle d’hiver. A se demander s’il y a du monde qui bosse en France, à part moi. Je sais que cette réflexion est stupide, tout le monde à droit aux vacances, enfin presque…
Je peste au télépéage: avec la carte d’abonnement on avait toujours une voie réservée. Maintenant les jours d’affluence les voies télépéages sont « mixtes » donc on fait la queue comme tout le monde. C’est bô le progrès

Je bifurque avant Lyon et retrouve la tranquillité des petites routes ou je suis seule, ou alors seulement avec la population locale.

14h30 je pose enfin mon sac dans Titine. Mais il faut absolument que je fasse un complément d’huile à Dédé qui est presque dans le rouge. C’est pas le jour mais tant pis, je suis plus à une demi heure prêt après tout!

J’ai pas le courage d’affronter la foule au supermarché et rentre directement à la maison. Le sac reste dans un coin, je suis naze mais il y a toujours quelques bricoles à faire comme ouvrir le courrier. Même ça me gonfle.

Dimanche 11

Lundi 12

04h05, j’ai pas vu le week end, pas pris 15’ pour moi, ce sera pour la prochaine fois. Quand? Peut importe pourvu que ça roule.

Je suis vers 11h chez un minuscule transporteur dans l’Oise à vider en plein vent une bonne partie de mon groupage et à remettre en ordre les palettes restantes, ça occupe jusqu’à midi.
La livraison suivante est à Cambrai et la boutique ferme de bonne heure donc il faut rouler.
Mes grosses pièces déposées et le matériel rangé, j’avertit mon chef qu’il ne reste que 10’ sur le disque, tout juste de quoi rejoindre un resto tout proche. Même pas je peux déposer mes documents au bureau, quelle misère!

15h30, fin d’une petite journée….

la pause dans un village du nord

Mardi 13

Coupure XXL jusqu’à 8h pour récupérer les heures manquantes à mon week end. J’aurai peut être préféré les rattraper chez moi…
On va faire un tour sur Valenciennes livrer 6 palettes puis les 4 restantes au nord de Béthune. Du vite fait si bien que je suis largement en avance à l’ aciérie pour prendre une grosse bobine. Encore une fois j’ai la chance d’arriver à un moment creux et avant que mon chef ne parte manger je l’informe que je suis prête pour la suite. Vu qu’il n’y a rien de planifié encore je décide d’aller au village d’à coté ou j’ai repéré une baraque à frite et surtout un parking. Une fois le ventre plein j’ai encore le temps d’aller prendre un jus au troquet d’en face. Ha que c’est pratique le nord pour les coupures confortable. Puis je bouquine mes revues de jardinage en attendant derrière le téléphone.
15h45: feu aux poudres, on nous attend en Belgique, à une bonne centaine de km. La périphérie de Lille passe bien, halte rapide à Roncq pour prendre la taxe, et roule. J’atterris chez un transporteur, on fait d’abord la moue pour me charger au coté (à l’avant de la remorque, ayant une bobine au centre), puis l’on m’indique un quai latéral en me disant que c’est sous réserve que j’arrive à y manœuvrer. C’est un truc peu commun mais c’est le 3éme en 15 jours! En effet c’est un peu chaud pour y entrer mais ça le fait sans rien accrocher, et puis je commence à avoir l’habitude. Le manut est stupéfait que j’ai réussit à serrer d’aussi prêt.
18h30, j’ai le feu vert pour la descente. 1450 km en vue… On finit à Cesena via Milan. Un beau voyage mais encore un retour samedi en prévision. Non pas que je n’aime plus mon job, loin de là, mais certaines choses me font mal quand même.

Il faut donc tirer au maximum en passant en vitesse à Cambrai poser les papiers et faire le plein.
Je descends jusqu’avant Reims, il est 23h

un quai latéral, encore un

jolie balade en perspective

Mercredi 14

Je décide de prendre une douche avec le petit dej au resto ou je me suis arrêté, du coup je perds 15’ avant de partir. J’alterne grandes portions de nationales et petits bouts d’autoroute sur la descente.
J’enchaine les coups de téléphone, un vrai standard ce matin. Chouchen, 2 de mes anciens collègues, mon ami Christian. Je crois que tous ressentent ma fatigue et un poil de ras le bol.
A Chalon je décide de laver mais un collègue me chipe la place à 20 secondes prêt, la haine. Du coup il me paie le café, nous discutons un peu et je reprends ma route. Lui aussi affiche une mine dépitée face au travail, plus personne n’y a le cœur.
Je poursuit par la Bresse puis la plaine de l’ Ain, la Savoie et en bourrant un peu j’atteins Modane et son autoport, au pied du tunnel, à 20h30. Je suis bien placée pour demain, c’est cool.
Alors que je vais aller m’allonger ça frappe doucement à la porte, tient de la visite? C’est un collègue, un ancien, garé à l’autre bout du parking. Quelques minutes plus tard en arrive un 3ème. Bien sur on discute boulot, ambiance, etc. Le constat est là: tout le monde est crevé moralement.
Je grimpe sous la couette vers 23h, la nuit va être courte mais je suis contente d’avoir le ressentit d’anciens.

Jeudi 15

Après le grand crème de rigueur et la grimace en allant aux toilettes du bar (merci messieurs…) je décolle à 5h30.
Tunnel, Turin, autoroute. Je me laisse doubler par un équipage TLM du 35, deux anciennes connaissances, grand salut puis ils me distance sans mal. Faut dire que Dédé ne régule pas bien fort même s’il a la patate.
Milan et le grand souk du matin sur la tengentiale ouest, ça me rappelle le temps de la marée. Je ne l’ai pas souvent emprunté depuis, dans ce sens là et à cette heure ci du moins.
10h, Lodi, la voie est libre pour déposer ma grosse bobine en point de temps. J’en oublie la coupure, obligée de planter 30’ au milieu des champs alors qu’il y avait une station dans la zone.

Cap sur le sud, oui je sais, c’est pas le grand sud me diront les vieux de la vieille, mais c’est tellement rare de dépasser Bologne qu’ Imola et Cesena me semblent tout à coup exotiques. La température dépasse allégrement les 20 degrés, on débâche pour ne garder qu’un Tshirt.
Même après avoir fait une halte sur l’autoroute je suis en avance sur mes prévisions pour vider mes 5 derniers mètres de plancher, d‘autant plus que l‘on me prend de suite.
Je squatte le trottoir d’en face en attendant mes ordres qui arrivent une petite heure plus tard: on remonte sur Modena.
Avec 9h de conduite j’arrive pile à une station à la sortie nord de Bologne. Que faire? Passer la nuit ici ou me rapprocher de mon client en mangeant ma 10éme heure à moitié?
Je décide d’aller voir. Bien sur l’usine est fermée mais il y a un immense parking à l’ écart de la route ou sont déjà installés 2 bulgares.
Si ça charge rapidement et d’un poids raisonnable et complet et si ça roule bien, et si les conditions sont là et si et si… je caresse le doux espoir de rentrer demain soir chez moi, ce serait tellement chouette d’autant plus que mon petit ami ne travaille pas demain soir… Croisons les doigts très fort, mais c’est pas gagné.

Il fait beau, il n’est pas tard et je suis d’humeur, inventaire, trie et rangement de mes coffres extérieurs notamment des sangles et autre petit matériel qui finit par se retrouver en vrac. C’est aussi l’occasion de rester un moment les portières grandes ouvertes pour aérer et faire la poussière.

A domani matina!!

c'est l' époque des transumances

un camion poubelle

Vendredi 16

A 8h30 c’est la ruée à l’entrée de l’usine et je me fais griller la place par deux espagnols, j’ai pas trop compris d’où ils sont arrivés d’ailleurs. Bref, j’attends patiemment de tirer mes 33 palettes et de me sauver. C’est à 11h je j’entame une folle remontée.
Chalon nord, 9h de conduite. Dormir à 20 km de la maison? Hors de question, marre de ces conneries, j’ai envie de vivre un peu.

22h30, fin des hostilités avec 3250km au compteur.

de quoi faire palir nos benneux français qui se la pètent en merco ou premium

Samedi 17
Dimanche 18
Lundi 19
Mardi 20
Mercredi 21
Jeudi 22
Vendredi 23
Samedi 24
Dimanche 25

Lundi 26

Réveil à minuit après 2h de sommeil réel, c’est trop injuste de devoir quitter une couette surchauffée et la boule de tendresse qui y squatte.
1h, je retrouve mon Dédé, toujours partant quoiqu’il arrive. De justesse je n’oublie pas de poser la clef de Titine dans la boite aux lettres du garagiste tout proche, celui-ci s’occupera de son petit chek up dans la semaine et je la retrouverai en pleine forme à mon retour. Vive les petits commerces de proximité.

L’air est doux, il faut dire que le week end a été estival. Direction Dijon, Chaumont, je sens que ça va être raide. En zappant les radios je tombe sur France Culture et une histoire contée: les aventures de Huck … (Tom Soyer !!!). C’est tellement captivant et bien mis en scène que je ne vois pas trop les km défiler. Chalons en Champagne, 45’ et un grand café à la station ou l’accueil est très quelconque.

6h, le jour se lève et l’on poursuit vers Reims, Laon et St Quentin où j’arrive à l’heure de l’embauche. Dans la grande usine on me réceptionne de suite, 7 m de plancher débarrassés en une demi heure c’est une affaire qui roule.

8h30, mon chef me demande de passer au dépôt prendre quelques bricoles. Le temps de faire une coupure à quai et d’être tranquille pour la suite. S’ensuit 2 petites livraisons, une sur Douai sur une très large avenue que j’ai en horreur: réaménagée pour le tramway c’est devenu dangereux à souhait en poids lourd. Voie étroite, chicanes à tout les feux, bordures coupantes aux intersections et stationnements à ras de la voie, et bien sur des rangées de quilles ici et là. Et oui, quand j’ai le nez dans les rétros pour ne rien accrocher, même à 20km/h, je ne peux pas anticiper aussi tout les passages piétons et autres dangers soudains. Bref, dans une rue qui dessert de grandes usines je ne trouve pas cela bien intelligeant.

Avant midi je livre sur Carvin dans le fond d’une zone toute neuve, heureusement qu’on y a installé un plan à l’entrée. Par contre la déviation pour en sortir est un terrain miné de trous et de bosses. D’ailleurs alors que je me préoccupe de la circulation je saute dans une crevasse et le coffre au dessus ma tête s’ouvre et c’est l’avalanche d’atlas et autre bouquins que je prends sur le coin du nez. Verte de rage je stoppe tout net au milieu du carrefour en warning pour tout ramasser et remettre en place. Bien sur je me fait huer mais merde à la fin!!

Je prends 30’ pour le casse croute, on m’attend en début d’après midi sur Roncq pour vider une énorme machine. Je crains un peu le plan galère vu l’énormité de la bestiole et l’adresse en ville. Au final la petite boutique est facile d’accès et j’y suis très bien accueillie, on a prévu un énorme engin. Il y a un petit calcul pour trouver comment dompter la bête sans la fracasser en la levant. Vu que ce n’est pas moi qui l’ai chargé je ne sais pas ou sont les prises les plus faciles. Mais le chef qui s’occupe de la manœuvre est un gars très doué et trouve rapidement une solution efficace. De plus l’ambiance est bonne, limite à la rigolade et c’est franchement sympa. Même le patron de la boite vient me saluer avec quelques mots aimables du genre «tout c’est bien passé? » Ca change des « mais ils sont cons d’avoir mis ça comme ça » habituels.

15h je suis au centre routier à la sortie de la ville et annonce un fier « mission accomplie » à mon chef. Par contre le disque est plein, 9h53, et j’ai plus de son ni d’image.
Un café au troquet du coin histoire d’aller aux toilettes me rafraichir et je m’affale pour une petite sieste.

16h, le téléphone sonne, mince. Quand je rappelle mon chef s’excuse de m’avoir réveillé, pas grave, et je prends note du boulot pour demain. Pour aller chercher ma bobine d’acier il me faudra attendre l’ouverture tardive du bureau d’un transporteur pour avoir un document. C’est dommage.
Après réflexion je rappelle le bureau, on convient que je vais chercher un no pour me faire envoyer ça par fax de suite.
Au resto routier du site on me répond avec un grand sourire désolé que non, on a pas de fax (mon œil!). Vive le macaron bleu et rouge sur la porte, ces endroits sont vraiment devenu minables en mentalité. Je tente ma chance à la station service, la grimace du caissier en dit long. Maintenant je saurai ou ne pas aller consommer. Surtout que j’aurais pas été radin à laisser un pourboire, ce qui semble logique.
Au final mon chef joue de ses relations et c’est un petit transporteur qui nous rend très gentiment le service. Je me suis juste tapé un petit km à pied pour récupérer mon sésame.
17h, je retourne enfin à ma sieste.

Mardi 27

Décollage difficile à 5h30 direction Dunkerque avec un café en route. Le plein et je file à l’acierie. Pas celle habituelle, une autre du même modèle. Heureusement que j’ai récupéré mon document hier soir car à 7h30 ça se bouscule déjà. Il faut passer à un premier bureau pour décliner mon identité et celle de Dédé, ensuite un second bureau pour signer le protocole de sécurité, puis le troisième en bascule où l’on me demande enfin ce que je viens faire. 4ème étape à l’entrée du hall pour donner la liasse de documents que j’ai accumulé. Si j’étais passée chez le transporteur ça aurait fait 5 bureaux, pour charger une bobine c’est lourd!
Avant de prendre la fuite il faut que j’attende le contrôleur qui jette un œil à ma remorque et rempli un bon, que je donne au bureau du hall pour faire les docs de transport. Là on me redonne des papiers pour la bascule de sortie… puis je file enfin. 1h30 pour 10 minutes de travail réel, j’ose pas imaginer en période de pleine bourre!!

Je redescends sur Lille, récupère un collègue chez Iveco que je dépose au dépôt. Il est tant de faire 45’ de coupure, dommage je ne pourrait pas compléter avant midi à quelques km de là. Pour me consoler je vais me chercher un méga sandwich américain à la baraque à frite voisine.

L’usine ouvre à 13h30 et je suis la première dans la file de chargement, chouette ça va être du rapide que je me dis. La fille du bureau qui s’occupe de moi n’arrive pas avant 13h50, sans complexes. Je m’efforce de ne pas faire de remarque. Et puis là elle me dit que la marchandise n’est pas là mais à Cambrai, juste à coté du dépôt. Devant ma grimace elle rajoute que c’est pas loin, pas de quoi en faire une maladie. Non, sauf que moi mes heures sont comptées, le pire étant que j‘aurai pu charger avant midi. Mon chef est furieux d’ apprendre la nouvelle.
Résultat, je ne prends la route qu’à 15h passées. Qui c’est qui va essayer de tout faire pour rattraper le coup? C’est bibi qui va descendre comme une balle avec le minimum de coupure, cool.

C’est donc sans arrêt que je roule mes 4h restante pour atterrir à St Dizier.
Le calcul est rapide, j’ai perdu une demi heure de conduite dans l’histoire et il me faut un peu plus de 9h pour livrer ma bobine. Moi qui voulait garder ma seconde période de 10h pour vendredi…

Mercredi 28

J’ai 10’ de retard à l’allumage, c’est pénible de devoir partir à 4h du mat. Café sur Langres, pipi à Chalon, même pas le temps de perdre 30’ pour laver bien qu’ il n’y ait personne sur la piste. Je termine ma première coupure au péage de Bourg, autant tirer au maximum pour être tranquille.
15’ le temps de faire les pleins complets et donner un coup sur les vitres à La Chambre, puis 30’ à St Michel de Maurienne et zou. Mon usine ferme à 16h de mémoire, il faut faire dare dare.
3’ au Gran Bosco pour acheter un paquet de cigarettes et je file dans la descente. Piano tout de même car j’ai en mémoire la dernière prune. De plus il sont encore cachés au même endroit, suis passée tranquille à 80, ouf. Sur les derniers km de petite route j’ai droit à toutes les misères: vélos, camion poubelle, papy qui avance pas, et même un convoi militaire.
J’arrive finalement à 15h40 à la porte de l’usine, sauvée.

Il me reste un bon ¼ d’heure de conduite, je doit pouvoir rejoindre la station toute proche. Forcément je me tape un camion de chantier, c’est-à-dire limité à 60km/h et pas moyen de doubler.
Le temps de me parquer, 10h03 de conduite, ça fait ch….!!!

J’ai enfin un espoir de rentrer vendredi, du moins j’espère, sinon c’est plantage assuré

Jeudi 29

Encore un départ à 5h, ça use. On file dare dare à travers Turin, Piacenza puis Parma, surement mais sereinement. Je connais bien la région à l’est de Parme et je trouve mon adresse rapidement. 9h30, vide!

J’attends une bonne demi heure les instructions de retour. A priori un complet mais je n’en aurai le cœur net qu’à l’arrivée à l’usine du coté de Scandiano (entre Modena et Reggio Emilia). L’accès au village n’est pas aisé et il faut avoir bon flaire pour dénicher la bonne route. A la sortie je verrai qu’il y avait plus simple, tant pis.
J’arrive donc vers 11h et on me donne un quai de suite. Aussitôt je vois vois quelques immenses palettes prendre place dans la remorque. Je me frotte les mains à l’idée de partir vers midi. Mais un cariste me stoppe tout net dans mon espoir: le reste du chargement sera constitué principalement de vrac; Et vu que les cartons sont de toutes taille il faut ruser pour les empiler correctement. Puis vient la pause déjeuner, puis la reprise. Ca ne chôme pas mais je désespère quand arrive de dernier mètre: on charge, puis décharge pour trouver la meilleure solution et mettre le maximum de colis. De toute évidence il en restera sur le quai.
16h, j’avance tout doucement du quai pour ne pas jouer au petit poucet et enfin fermer les portes après un vieux doute: ça ferme au milimètre!
Sur les documents je note tout de même quelques réserves par précaution, et roule.

Il commence à faire sérieusement chaud et allume la clim pour la première fois. Je ne suis pas une fana mais c’est tout de même agréable d’avoir un filet d’air frais car derrière les carreaux ça plombe et rouler les fenêtre entreouvertes finit par casser la tête.

20h, du coté de Santhia au milieu des rizières qui commence à se remplir d’eau, coupure. Un gros morceau de pizza et zou, au lit.

Vendredi 30

Je me loupe d’une petite heure au démarrage, je suis crevée.
Direction le mont blanc, l’A40, Chalon, le plein et le lavage, et le parking .

14h15: c’est limite si je ne me sens pas coupable de rentrer si tôt. Et puis M…, je ne l’ai pas volé après tout.

Retour menu