Mon Carnet de bord... Suivez mes aventures, semaine après semaine!
Octobre 2010
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Vendredi 1
C’est à 9h que j’ai mes instructions, on se rabbat sur un complet de pates au sud d’ Alexandria.
Au moment on je décolle l’orage éclate, c’est rock ’n’ roll pour traverser Genes. Ca freine, ça glisse, ca bouchonne, c’est stressant. La montée vers Alexandria n’est pas moins triste et je suis soulagée d’arrivée 2h plus tard.
On me charge avant midi et go sur la remontée. Dédé apprécie les 20 tonnes de charge et je respire enfin un peu, surtout après avoir pris une méga douche à l‘eau chaude.
Je termine sur Tournus dans un rade ou je m’arrête souvent boire le café. L’ambiance est bonne, le repas correct, et fait rarissime on a même le droit à une bonne soupe de légume. C’est con, mais qu’est ce que ça change du triste buffet d’entrées classique.
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traversée de Gênes toute en hauteur |
Samedi 2
L’établissement ouvrant vers 5h j’ai la chance de prendre un petit déjeuner avant de partir.
8h30, je vois enfin poindre l’entrée de mon parking de week end. Mais avant il faut encore penser à faire une vérif du serrage des roues toutes neuves de Dédé.
Je me hâte de jeter mes sacs dans Titine mais… oh non!! Elle a une roue crevée, pfffffff
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Dimanche 3 |
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Lundi 4
Par ce doux lundi d’automne je ne pars qu’à midi car je ne livre que demain matin. J’ai donc tout mon temps (ou presque) pour me balader et prendre les routes touristiques du 21 et du 89. Montbard, Tonnerre, St Flo, Sens, et on continue sur les nationales tout du long pour arriver en début de soirée au nord de Roye.
Alors que je cherche désespérément mon client je demande à l’entrée d’une base de supermarché, et on me répond que c’est ici. Génial, sauf que j’adore les enseignes maquillées sous des sigles exotiques. De quoi faire tourner en rond et en bourrique un chauffeur routier
Je squatte donc le parking devant l’entrepôt, le gardien me remets un bip et me préviens que ça ouvre à 6h. Dilemme, j’ai rendez vous à 10h: je mets mon réveil à quelle heure??
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les pavés mouillés de Semur en Auxois
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Mardi 5
J’avais mis le réveil à 6h, pensant flemmarder un peu. Punaise à 6h05 le bip bip hurle déjà! La gueule enfarinée je m’habille et me passe un coup d’eau sur la tronche, le bip s’affole et resonne.
6h15 le gardien me dis qu’il faut aller à un autre dépôt dans la zone. Ok, je m’exécute
A 7h30 je suis vide, enfin presque puisque j’ai récupérer un lot de 33 palettes « europ », je sens qu’elles vont m’emmerder un moment.
Je roule un petit quart d’heure pour aller déjeuner, finir de me réveiller, puis annoncer la bonne nouvelle à mon responsable qui me donne mon rechargement du coté d’Avesnes sur Helpe.
C’est un peu le bazar chez le client, il ne me chargera qu’à 13h. Y’a pas de mal vu que c’est pour livrer demain en région parisienne.
Je reprends donc la route par ou je suis venue ce matin.
Peu après St Quentin le téléphone s’affole, je prends une petite chasse car j’ai mal compris les instructions: je devais soit disant passer au dépôt poser mes palettes vides. Je suis mal, j’avais pas pigé, fallait me dire les choses plus clairement aussi. Un poil énervée je continue, la pluie fait son apparition, une bruine « collante » et bien crade à cause des betteraviers. En en croisant un la casquette au dessus du pare brise se casse dans l’appel d’air et vient endommager un essui glace. Punaise, c’est pas le jour!
Alors que je cherche un parking pour voir ce que je y peux faire c’est de force que je m’arrête: bonjour, contrôle de gendarmerie. Grrr manquait plus qu’eux!!!
Tout ça en une demi heure, ça fait beaucoup
Je m’arrête plus loin pour décompresser 10 minutes, prendre un café, rafistoler l’essui glace cassé et scotché ma casquette.
20h, sortie de la région parisienne en direction de la normandie c’est enfin la pause. Beaucoup de mal à m’endormir je rumine, j’aime pas mal faire mon travail.
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grosse fummée en vue, incendie?
ce sont les cheminée d'une sucrerie qui tourne à plein
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Mercredi 6
Debout à 7h, en route peut de temps après, en rangeant deux bricoles j’échappe ma paire de ciseaux qui tombe dans l’allume cigare ouvert et paf, un fusible. Une journée qui commence bien! A court de batteries mon gps me lâche au mauvais moment, par chance mon usine est fléchée.
A l’entrée de celle-ci un souk monstre, je me retrouve au milieu du passage à gêner tout le monde. Le gardien vient me dire de prendre le chemin qui longe le mur d’enceinte, de faire demi tour plus loin et de me garer et d’attendre 15 minutes. OK! Je remonte le chemin en question on quelques camions sont déjà parqués en attente. C’est tellement large qu’il faut rouler à cheval sur le trottoir. Au fond un petit espace tout juste assez grand pour faire un demi tour en 3 temps. Sinon le chemin continue en passant un portique. Jouant de prudence je tente la manœuvre sur la petite place. Dans un coin un engin de chantier genre grande pelle qui manipule des déchets.
Je m’y reprends à plusieurs fois pour faire ma manœuvre car je m’y suis très mal pris. Je finis par aller m’avancer vers la grue, pas le choix. Alors que je m’apprête à enclencher la marche arrière je vois l’engin se mettre à tourner sur lui-même et le choc inévitable arriver, je serre les fesses, panique, regarde impuissante mon rétro voler, puis se rabattre dans ma petite vitre latérale qui explose, suivi d’un gros bruit de plastique…. La photo vaut mieux qu’un grand discours, j’éclate en sanglots, dégage de là. Me reprenant un peu je retourne voir le gardien puis vais vider après un peu d’attente.
Forcément je n’ai pas les félicitations du jury, loin de là. Tant bien que mal je scotche les morceaux récupérés de mon rétro et angoisse que quelque chose ne tombe.
Pendant que l’on me cherche un garage je file à la première ramasse, un petite boite ou il faut faire une manœuvre à contre main dans une cour de la taille d’un mouchoir de poche. Je passe pour le chauffeur pas doué en demandant de l’aide, et à la vue de la gueule de Dédé je devine les réflexions.
Midi, on file à Evreux prendre un second lot, puis un troisième et dernier à Flins dans l’immense usine du coin.
16h30, on m’attend à la concession Iveco du coin pour changer le rétro. Pour la vitre ou verra plus tard car celle-ci étant collée il faut au moins une bonne demi journée pour que ça sèche. Forcément on me demande ce qui s’est passé, j’explique ma connerie. Le chef de garage est bien sympa et finit par me faire sourire, faut dire que je dois avoir une gueule d’enterrement. J’avais meme pas vu que j’ étais toute barbouillée de noire jusque sur la figure, je vais me laver en vitesse. Ensuite je réalise que ma cabine est envahie de petits bouts de verre. Devant mon désarroi le mécano y passe un bon coup de balayette pour évacuer le plus gros, merci pour sa gentillesse. Il me condamne la vitre à coup de renfort de gros scotche bien large, ça aussi c’est cool.
Reste plus qu’à rouler. Ça bouche sur l’A6, dommage j’aurai pu rentrer passer la nuit à la maison. Tant pis je dors à 15 minutes de mon lit, pourtant ça m’aurai fait du bien. Je dors par épisodes à la limite du cauchemar.
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Jeudi 7
Départ de bonne heure, je m’oblige à m’arrêter dejeuner et prendre une douche. Le cœur n’est pas à m’arrêter, envie de voir personne.
A Chalon je vais dans un magasin acheter du scotch toilé étanche, et c’est parti pour l’atelier bricolage en découpant un morceau de carton qui trainait depuis quelques jours dans ma remorque.
Ainsi ma vitre se retrouve bien camouflée de l’intérieur, étanche de l’extérieur, et le verre restant emprisonné entre les deux.
Je teste ça aux rouleaux, maigre consolation. Le laveur me passe jante, réservoir et coffre à l’acide. Le résultat est joli, ça brille, mais ça fait presque tache vu le reste.
Je roule sur Lyon puis la vallée du Rhône. Mon chef m’avertit que demain, après mes 3 livraisons, 3 ramasses sont prévues. Youpi, je suis réjouis. En tant normal ça m’aurai tparu banal, aujourd’hui ça me gonfle.
J’arrive dans la soirée sur Toulon, trouve mon adresse et squatte le trottoir d’en face. Sentant que je ne vais pas dormir je joue sur mon téléphone puis l’angoisse me prend. Seule avec ma vitre cassée au fond d’une zone, c’est fort que moi je plante des trucs importants comme CB ou argent. C’est stupide mais bon!
Puis arrive un camion italien qui tourne et vire dans la zone, le chauffeur finit par me demander renseignement, il vide au même endroit que moi. On papotte un peu puis il me propose de se garer contre moi par sécurité, j’accepte volontiers.
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Vendredi 8
On attaque à 7h30, 2eme client servi à 9h30 puis c’est une traversée de Marseille pour arriver à la 3éme adresse: une zone de bureaux ou je cherche désespérément mon transporteur, et le trouve avec beaucoup de mal. Là on signe mes papiers et m’envoie vider 3 rues plus loin. Un cariste qui fait la gueule parcequ’il est 12h50 et qu’il faut sortir 6 palettes. Je me fâche et un chef intervient, 12h10 je suis libérée. Entre temps la liste des enlèvements est tombée, tout schuss sur Fos pour prendre des pièces, ça va plus vite que pour les bobines fort heureusement. Je file sur Rognac chez un transporteur ou là encore je tombe sur une sorte de bureau. Pas de panique, on fait les papiers puis un gars qui m’attendait vient avec moi jusqu’à un autre dépôt à 6 km de là pour charger une machine à la grue.
Le hasard veut que cela m’a amener quasiment à la porte de ma dernière ramasse, encore une machine, mais chargée à quai cette fois.
16h15, mission accomplie, petit rafraichissement puis on remonte « tout debout »
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les cargos en attente du coté de Fos/Mer
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Samedi 9
Echange de remorque au passage à Tournus avec un collègue qui forcément me demande ce qui m’est arrivé, puis go vers la maison. Je fais encore un peu de ménage pour virer tout les morceaux de verre qui peut rester.
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la Côte d'OR commence à prendre ces lettres de noblesse avec l'automne
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Dimanche 10 |
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Lundi 11
Adieu petit week end douillet, Dédé m’attend de pied ferme à 5h30. Direction Langres. J’opte pour la 4 voies vers Dijon. J’arrive de l’ouest et vais au nord de la ville, la logique voudrait que je prenne le contournement le plus court mais à cause des travaux du tramway j’hésite et passe par le sud de la ville. Mal m’en a pris, on a attaqué à creuser une avenue de ce coté là aussi. C’est donc emmêlée dans les palissades que je commence ma semaine.
Du coup j’arrive tout juste à l’ouverture de la petite boite ou je laisse une bonne moitié de remorque. Après une petite attente on me retrouve un lot à prendre sur Brienne le Château. Un coin que je n’ai jamais exploré, ça roule à merveille sous un soleil radieux et j’évite les sacros saintes N67 et N4.
De là il faut tracer vers Valenciennes pour vider un second lot. Il est 16h30 lorsque j’arrive et en 10 minutes l’affaire est pliée. Je passe au dépôt pour les paperasses et lire la carte du chrono. Je décide de rouler ma 10éme heure sur Arras où je termine au centre routier. Ce parking devient de plus en plus pourrit, j’ai jamais réussit à comprendre le sens de stationnement tellement c’est tordu.
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ça fait crade et ça tient pas, faudra trouver autre chose
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Mardi 12
En route après le grand crème au bar du centre routier et un tour aux toilettes qui datent de …?? (très longtemps)
J’ai bien fait de partir de bonne heure car ma petite usine est déjà ouverte à 7h45. Il s’agit d’une fabrique alimentaire de je ne sais quoi. Je me retrouve à tirer 5 très lourdes palettes de 1012kg chacune au tire pal à main, dans une rue en pente, même les suspensions n’arrivent à compenser la descente. Il faut donc user de prudence et de délicatesse.
Je reviens sur Arras pour mes 24 derniers colis. Surprise de trouver la gendarmerie en travers de la sortie d’un rond point, juste là ou je dois passer. Ils me signalent une manif au rond point qui dessert ma zone et pas moyen de contourner ailleurs. Je vais donc me poster à la queue du mini embouteillage, mais pas trop près pour pouvoir faire demi tour. C’est d’ailleurs ce que je fais 15’ plus tard sur ordre de mon chef: on va poser le lot chez un transporteur juste à coté.
Direction Hesdin pour un chargement complet à destination du sud de la France. Le cariste est nouveau et peine un poil à tout faire rentrer ce qui ne me fait prendre la route qu’à 13h. Rien n’est perdu pour livrer demain après midi, sauf qu’il va falloir gratter du bitume. En avant toutes!!
Je suis stoppée dans mon élan peu avant d’arriver à Amiens, la gendarmerie m’interdit l’accès à la rocade de la ville car les manifestants sont rebelles. Il parait que la zone industrielle est sévèrement bloquée, hors de question de s’aventurer par là. Après une étude approfondie de la carte je juge qu’il y a moyen de prendre les petites routes pour contourner le problème. C’est donc sur une quarantaine de km de « routes blanches » (référence à la couleur sur la carte) parfois peu larges que je taille, rejointe par un camion rouge un peu paumé qui fait demi tour pour me suivre, puis un italien en perdition en warnings à un croisement grossit le cortège sous l‘œil ébahit de quelques fermiers. Si mon flaire est mauvais, on est 3 au casse pipe!! Je pense que tout le monde est heureux après une bonne heure de petits chemins de retrouver une nationale puis une autoroute.
Je ne m’arrête que sur le contournement de Paris, que j’ai pris le plus loin possible pour éviter tout pépin et fait le bilan du temps perdu: ça va être chaud….
La prochaine halte aura lieu à Auxerre en vitesse et je coupe à Nitry.
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quelques manifestant sur un rond point
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Mercredi 13
Descente « tout debout », qui ne tente rien n’a rien. Je retrouve Robert un ancien collègue en court de route, j’en profite pour faire 15’ de pause devant un café avec lui.
Le devoir m’appelle vers Lyon et son interminable rocade et je l’avoue je quitte la file de droite pour celle de gauche dés que l’allure n’est plus assez soutenue.
Je ne déroge pas à la règle de l’ économie, et prends la nationale de Livron à Orange.
15h40, arrivée chez mon client à Vitrolles (que je connais trop bien, on a eu quelques « mots » il y a quelques mois) qui me dit avé l‘accent « non mais tu as vu l’heure? On arrête à 17h nous! » Oui et alors? Moins une qu’ils me refoulent les cons. Je m’active à tirer les baches et à 16h20 je suis repartie, y‘avait pas de quoi en faire en fromage.
Mon chef m’annonce la couleur: une bobine d’acier à prendre à Fos, il faut être là bas avant 17h00 sinon ce sera demain matin. Bouchées doubles, en priant de prendre les feux aux verts.
Je me présente à 16h57, on me fait la gentille réflexion adéquate…
Vue que je connais l’endroit et la marche à suivre on me missionne d’escorter un portugais qui a l’air d’avoir du mal. Ok, ça roule. Je vais donc faire mon chargement et guide mon chauffeur en même temps. En effet il n’a pas l’air bien futé. Bref, je le surveille d’un œil et lui ne me quitte pas d’une semelle en me remerciant dés que je lui dit un truc. Vu que je ne suis plus à la bourre je l’aide même à sangler, c’est plus rapide que de lui expliquer.
19h15, me voilà au poste de sortie, je trace sur Vitrolles afin de me restaurer et me rafraichir. J’y suis en 09h08 de conduite, pas cool alors j’explique le dépassement au dos d’un ticket. Je rappelle que j’ai toujours une vitre cassée, donc hors de question de dormir n’importe où!!
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zoomez sur le camion poubelle, c'est con mais ça m'a fait sourire
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Jeudi 14
04h45: aller, il faut parfois se faire du mal mais c’est pour la bonne cause…
Arrêt gasoil à Brignoles puis petit déjeuner au Luc. Il y a un endroit avec quelques commerces ou l’on peut se garer: café, tabac, boulangerie, le pied! En buvant mon grand crème au bar je suis distraitement la conversation d’à coté, des gars du bâtiment. L’un d’eux est originaire de mon coin, pour sur on a trainer nos fonds de culotte dans la même école!
Bref, pas le temps de s’attarder. On repart sur Nice ou c’est la foire d’empoigne à 8h, puis l’Italie ou ça roule très mal. Après la bifurque de Génes je mets les watts.
Sur Milan je me fais méchamment serrer la gueule par un frigo allemand dans une bretelle, je me demande encore comment j’ai évité les glissières et pourquoi mon rétro tout neuf en est sorti indemne.
Mais j’ai eu le temps de repérer l’ensemble ensuite, pour sur que si je le revois il s’en souviendra aussi. Je suis pas du genre agressive mais là c’était énorme
J’arrive avec un peu d’avance sur ma prévision chez mon client au nord de Milan et pour une fois il n’y a personne devant moi à la bascule. Les choses sont donc rapides.
Il n’est que 15h15 mais il ne me reste que 43 minutes de conduite possible.
Après une petite d’attente je reçois mes ordres: un complet à 30km de là. Punaise que c’est dommage!!
Je m’en rapproche tant et si bien que j’échoue dans une station à 4 km de la boutique
Ca roule mal
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déchargement d'une bobine d'acier
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Vendredi 15
No stress, je décolle à 07h50. Je l’ai jouée trop cool car c’est l’ heure d’embauche dans la zone industrielle et on joue des coudes aux rond points. Mon adresse avait l’air simple, en fait je rame un peu car le numéro correspond à un genre de parc avec une dizaine de boutique et toutes n’ont pas d’enseigne. Je finis par demander chez un petit transporteur: c’est là bas tout au fond de l’impasse, moins une que je fasse demi tour devant.
Du coup j’ai déjà 22 minutes de conduite au compteur, et il y a 2 porteurs à charger devant moi, sans compter une semie qui est déjà à moitié. J’attends donc patiemment, de toute façon je charge complet.
Mon heure arrive à 09h30 et avant 10h30 j’ai terminé, café offert en prime par le cariste qui me donne son badge le temps qu’il pousse les dernières palettes. Chose assez fréquente.
J’annonce la bonne nouvelle à mon chef qui m’avertit d’un début de pénurie de gasoil en France, apparemment dans le nord des collègues sont en galère. Je fais donc un crochet à Novara vers une Total qui dispose d’une pompe AS24. C’est une petite station typique avec son bar et son pompiste, lequel me fait le plein j’ai tout juste à passer ma carte dans la borne. En France ça semble surréaliste!
Je contribue à la pérennité de ce système en allant prendre un café avant de partir.
Rien d’anormal au Mont Blanc, sinon que la descente se fait sur une voie réservée à la montée pour cause de travaux et cela me fait gagner 5 bonnes minutes.
Chalon sur Saone, je tente ma chance à la pompe pour ne pas risquer d’être pris de court la semaine prochaine même s’il ne me manque que 200 litres.
Miracle ça marche, le ravitaillement à du être fait il y a peu. La conversation va bon train avec les nombreux chauffeurs de la file d’attente. Certains relatent que depuis le nord ils n’ont rien trouvé dans le réseau, d’autres que sur Lyon il n’y a plus rien non plus.
C’est chaud pour rentrer, j’enquille l’autostrada et croise les doigts dans le Bessey en Chaume, longue montée qui mène aux plateaux de l’Auxois c’est assez hard avec mes 25 tonnes et la pendule tourne trop vite.
Le glas des 9h00 sonne à 4 km de mon parking… et puis m@#ç^!!!
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c'est toujours aussi impressionnant cet endroit
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Samedi 16 |
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Dimanche 17 |
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Lundi 18
En route à 5h, la France a besoin de moi. Enfin, mon patron surtout.
Je n’étais pas très en forme au réveil, léger malaise chronique. Mais pas question de dire « j’y vais pas » car y’a personne pour faire le boulot à ma place.
Je grimpe sur Paris, en craignant d’être ralentit par quelques manifestants car la semaine s’annonce chaude. Tout baigne à 8h du matin mais il faut dire que je ne dépasse pas Bondoufle, c’est-à-dire le sud du sud de la région parisienne.
Mon complet de catalogues se vide tout seul à quai pendant que je baille aux corneilles.
Puis j’attends une bonne heure dans la cour de l’usine mon ordre de rechargement, luttant contre un petit somme mais heureusement il y a un petit jeu sur mon téléphone pour m‘aider.
Réveillée en sursaut par un vacarme d’enfer, une manif doit passer dans le coin. Je redoute le moment de sortir de la petite zone.
Mais je sors après la tempête et m’en vais dans la zone voisine recharger. L’adresse est très évasive: le nom d’une grande marque, le logo en 3 lettres d’un transporteur, un nom de zone et une commune.
Je trouve un chemin du nom de la zone et au bout une ZI assez conséquente. Je tourne et vire, ne trouve rien sur les pancartes, visite jusqu’au moindre cul de sac, ça m’énerve. Dans la dernière rue empruntée un énorme bâtiment. Je demande au portier « je cherche les transports CLS » dans un français très incertain le gars avec le baudrier « Sécurité » me répond « Non, ici c’est Geodis » mais en même temps je lis une pancarte derrière lui « C… Logistique Service »… j’adore ces gens qui ne savent pas ou ils habitent!
Bref, je m’engouffre dans la cour, trouve le parking et vais au bureau. « vous avez rendez vous à 15h15 » et hors de question de penser à passer avant. Bon bah tant pis, on aura essayé.
Je retrouve donc mon jeu. Les heures passent…
Autant dire qu’à 15h10 je rue déjà dans les brancards et on me fait mettre en place à 15h30 à un endroit qui ne sera pas le bon. Le cariste de préciser « oui mais au bureau ils ne savent pas comment ça marche ». Youpi!
Mes premières palettes arrivent à 16h15, et on me fait la remarque que j’aurai du scanner moi même les codes barres des palettes. Ben tient! J’aurai du le deviner.
Je me casse enfin à 16h45, direction le grand nord. Francilienne pour éviter tout soucis. Il y a quelques bouchons aux abords des stations service. Pénurie de carburant oblige les pompes sont prises d’assaut, et les files d’attentes remontent jusque sur les voies de circulation.
Pour ma part je tente ma chance à l’AS24 de Compiègne car dans le nord la situation semble toujours critique: peine perdue. Je retente à Roye: bingo, d’ailleurs une citerne est en train de dépoter. Deux automobilistes s’aventurent sur les pistes mais ne comprennent pas que ce genre de station est réservée aux abonnés. Avec un autre chauffeur on esquive la colère des deux gars qui trouvent inadmissibles que nous soyons desservis et pas eux…
Je reprends ma route via la N17, la fatigue se fait sentir. Pour prendre l’air je m’arrête en vitesse prendre un paquet de cigarettes à un petit troquet ou j’aime bien m’arrêter. Alors que je paie on m’interpelle, c’est Bichoco en personne devant son steak frites. Du coup je prends un verre en vitesse et cette pose de 15’ me fait le plus grand bien.
Je termine sur Bapaume vers 21h00, évaluant que demain il ne faut pas se louper pour être à 8h30 (heure de rendez vous) sur Dunkerque.
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panique dans les stations services
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Mardi 19
06h00: il pleut, il fait froid, j’ai dormi pour la 1ère fois avec le Webasto (chauffage autonome)
Premier camion croisé: un énorme appel d’air décroche mon scotchage de la visière cassée au dessus du pare brise. Mon essuie glace cogne contre le plastique rabattu, ça commence bien. Je m’en veux de ne pas avoir pensé à y regarder hier durant l’attente à l’usine cela me pendait au nez.
Au village suivant il y a un petit bar, j’y prends mon grand crème et rafistole en vitesse. Ce n’est pas facile quand on est petite et en équilibre sur un marche pied cramponnée à une calandre.
Forcément ça ne tient pas très bien, tant pis, on va prier les dieux du ciel que la pluie ne soit pas trop violente.
Arras, 06h55, à l’approche du 1er rond point je distingue des warnings. Punaise, non!!! Un barrage, je suis la 5 ème de file et derrière ça s’accumule assez vite. Au bout de 10 minutes le chauffeur de devant vient me voir, on évalue le revêtement d’un très large accotement: ça semble gravillonné et stable. Etant chargé très léger il tente la manœuvre en premier, devant son succès je m’y lance aussi. Avec 25 tonnes c’est limite, faut pas aller trop loin mais les voitures compréhensives se poussent un peu avant de m’emboiter le pas. Je me retrouve donc à contourner la ville par l’autre coté, un grand détour qui me fait perdre une petite demi heure.
Lens passe à merveille malgré mes craintes. Gros ralentissement avant de rejoindre l’A25, j’avertis mon chef.
A l’arrivée je me rends compte que l’adresse du client est tout aussi évasive que celle de l’expéditeur. Le nom de la zone est même incorrect car correspondant à une autre sortie, la rue n’est pas la bonne, et l’enseigne est ambigüe…
Bien qu’en retard d’une petite heure on me vide de suite, ouf!
Rechargement à l’aciérie toute proche, rien de particulier à signaler car j’en suis ressortie avant midi.
Je complète à 14h chez un grand transporteur à l’entrée de Lille. Je suis un peu juste en place mais l’on résout le problème assez facilement, là ou d’autres auraient râler.
Je passe au dépôt prendre une bricole en vitesse. Sur la route je fais une halte pour faire une course, « belle maman » m’a gentiment demandé des produits qu’on ne trouve pas par chez nous. La commerçante bien sympathique s’extasie de mon Dédé garé devant son étal, je passe 10 minutes à parler de la pluie et du beau temps.
Je ne m’éternise pas au dépôt et prends la route de la descente jusqu’à Reims. Ce soir ce sera menu « américain frites » tranquille dans la cabine.
Je range mes produits régionaux au plus profond de mes coffres pour ne pas empester l’ail fumé toute la semaine.
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l'ensemble de l'ami Bichoco de nuit
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Mercredi 20
On redécolle à la fraiche après la coupure minimale légale de 9h. Un petit détour par la pompe de Chalons en Champagne qui fonctionne mais il y a un peu d’attente, j’ai bien fait de partir tôt.
La descente est un poil morose à cause de la pluie, je passe ma coupure à réparer durablement mon essuie glace fatigué et à enfin trouver un moyen de stabiliser ma casquette.
Je fais une livraison du coté d’Annemasse en Savoie. Heureusement les pages jaunes m’ont permis de trouver l’adresse complète et le nom commercial de l’enseigne sinon j’aurai tourné un moment.
A bout d’heures je me gare au péage de Cluses, pas envie d’aller me mêler aux autres chauffeur au centre routier tout proche.
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la sortie est un peu juste, on y a tracé un guide bien utile
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Jeudi 21
Départ avec seulement 4 degrés au compteur, et dés l’aire de régulation du tunnel du Mont Blanc il faut stopper: il y a un alternat de circulation à cause de travaux. Par chance ça ne dure pas trop longtemps, juste de quoi aller prendre un café à la machine tout en renonçant à pousser la porte des toilettes tellement ça pue. Dés le matin c’est agréable!
Dans les lacets de la rampe donnant accès au tunnel un truc m’interpelle, la route est bizarre. Punaise! Mais c’est de la neige! Ok, pas de quoi s’alarmer c’est juste une fine couche de soupe. Mais bon, ça annonce le reste.
Petite pose à Aoste pour un vrai petit déjeuner. Alors que je sors et rejoints Dédé qui m’attend patiemment en ’double file’ au cul des camions rangés en épis, un gars vient me demander si je peux le démarrer avec des pinces. Il me dit avoir demandé à plusieurs collègues qui n’ont pas eu de temps à perdre, il a aussi et surtout la chance d’être garé à coté d’une place vide facile d’accès.
La BA du jour terminée je file sur l’entrée de Turin poser une énorme bobine d’acier (21900 kg). Je connais la boite et grimpe illico presto sur la bascule et cours au bureau. De suite on me fait savoir qu’il y a souci: soit disant que le pont ne peut pas soulever une telle charge donc il me faut aller vider à l’autre bout de la zone. On me file un plan, mon cmr dûment signé et tamponné ainsi que d’autre documents.
En fait il s’agit ni plus ni moins que d’un bon de livraison… ce qui veut dire qu’on profite d’un transport gratuit. Je ne bronche pas et m’exécute. Néanmoins je prends mal la plaisanterie car la boite ou je vais est antique, il faut aller peser chez le voisin dans une cour riquiqui puis faire demi tour dans
un carrefour à grande circulation, attendre que le pontier range 10 bobines avant de pouvoir reculer dans un trou noir étroit et bas de plafond. Pour ressortir, les suspensions non écrasées, c’est vraiment limite.
Bref, je termine à 10h passées et ne pourrais pas faire ma seconde livraison au sud d’Alessandria avant midi car il faut encore coller 30’ de coupure sur ce fichu disque.
Cela me vaudra de me présenter trop tard à mon rechargement en direction de Savonna, dommage.
Mais bon, on est que jeudi soir!
Je squatte le seul parking disponible du petit village, avec un petit bar bienvenu.
Alors que je sors éponge et lavette et entame le nettoyage à fond d’autres camions se garent prés de moi. Ca finit par discuter un peu trop fort à mon gout, en fait deux chauffeurs s’engueulent car l’un ne veut pas bouger pour que l’autre puisse manœuvrer. Limite s’ils n’en viennent pas aux mains…
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on vous aura prévenu!!
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Vendredi 22
Comme convenu hier soir avec le gardien de l’usine je me présente dés 7h30, ainsi il me prépare tranquillement mes documents et je suis la première de file à l’ouverture du magasin à 08h00.
Aussitôt prise en charge par un cariste qui m’emmène charger sur un emplacement spécial.
Les énormes palettes sont rapidement chargées en latéral, le temps de refermer, passer en bascule et obtenir mon cmr, 08h40 je prends la route du retour.
11h30, autoport de Suza, je décide de prendre une douche puis de manger au self. En me rendant la monnaie la caissière se plante: je lui file un billet de 50 Euros, elle m’en rend 53, douche et repas rembourser!
Je remonte tranquillement sur Bourg en Bresse ou j’attends une bonne heure un collègue pour un échange de remorque. Celle qui me refile est bien esquintée de l’arrière, parechoc plié et feu en bouillie: il s’est pris un rocher en reculant sur un parking.
Dédé lui aussi amoché, j’ai l’air con. J’entends déjà les réflexions « mauvais chauffeur » « tourne volant » etc
Je rentre une fois de plus in extrèmis vers 22h30
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on joue à cache cache avec le cariste dans les piles de bois
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Samedi 23 |
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Dimanche 24 |
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Lundi 25
04h15 on y retourne.
Où? En région parisienne pardi.
Pause à Auxerre où le parking est bien rempli, surprenant vu les temps qui courent. Le serveuse du bar me confie avoir été débordée toute la nuit.
Sur la Francilienne c’est toujours la cohue, et toujours le bazar dans les quelques stations services. J’ai anticipé le phénomène et fait ma pause avant (sinon c’était 30’ de perdu rien que pour aller se garer)
Je vide une machine au nord de la région parisienne, un tendeur de bâche de la vielle remorque me donne un peu de fil à retordre pour le refermer.
Il faut ensuite filer à Cambrai au dépôt car un collègue m’attends pour prendre le lot suivant. Pour vider il faut ouvrir les bâches et le tendeur se fait à nouveau capricieux. Les 3 palettes suivantes se vident à quelques km, et à nouveau une ouverture latérale et recrise de nerf sur le tendeur un peu tordu.
Je tente ma chance à Arras en fin d’après midi pour larguer une machine chez Amédée (DDE). Je tombe sur des gens charmants mais qui me trainent de bureaux en bureaux pour trouver la personne concernée par cette commande. Il lui faut encore trouver un cariste, puis un engin de levage.
On me fait comprendre qu’on fait un effort car il est 16h45 et que la machine en question était très attendue… je suis libérée pour 17h15 après une énième prise de tête avec le tendeur de bâche.
Le dernière mission de la journée consiste à trouver une place de parking. A Dourges c’est mort, Phalempin idem, à Lesquin le centre routier est miraculeusement presque vide. Mais je déchante en trouvant l’endroit squatté par des dizaines de caravanes de gens du voyage. D’instinct tout les camions se collent bien les uns aux autres au point qu’on passe à peine à pied entre deux remorques.
Je retrouve un collègue avec qui je vais manger puis retrouve enfin ma couchette. J’en peux plus!!
C’est le dawa sur le parking avec les grosses mercedes qui vont et viennent toute la soirée à vive allure. Rajoutez à cela une ou deux prostituées plus le gros fourgon d’un resto qui fait des navettes pour ces clients…
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engins agricoles de plus en plus gros et chiants
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Mardi 26
Après un petit déj au bar je file au nord de l’agglomération lilloise vers 7h00 pour ne pas me prendre les bouchons du matin. Manque de bol mon client n’ouvre qu’à 08h30 alors j’attends gentiment sur le trottoir.
Après une petite attente on me fait redescendre sur Valenciennes pour prendre des lots dans une énorme usine. Je rentre de suite mais le cariste peine à s’y retrouver dans mes références. Derrière moi arrive un collègue, pile poil au bon moment car là on s’aperçoit que l’on me charge sa commande…
Après une petite bataille avec ce satané tendeur de bâche qui ne veut toujours pas se refermer correctement il est 11h30 et au bureau on me dit de revenir à 12h30 pour les papiers car c’est l’heure de la pause. Ma foi….
En tout début d’après midi je prends encore une palette dans une zone voisine puis vide la totalité au dépôt. Je demande la permission de changer de remorque car le feu cassé, bien que veilleuses et stops fonctionnent, n’arrête pas de me faire bipper des voyants au tableau de bord.
Soulagée de prendre une nouvelle remorque en état et de surcroit toute propre, je charge une moitié à quai puis attends la suite. Apparemment il n’y a pas grand-chose, en fin de journée on m’annonce une ou deux ramasses demain sur Arras. On y va donc tranquille pour dormir au centre routier
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Mercredi 27
Je prends 2 palettes en vitesse sur Arras puis compléte chez un client de Cambrai.
Cela m’améne tout de même à midi pour prendre enfin la route de la descente
La journée se termine à Tournus
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Jeudi 28
Ce sera la course contre la montre toute la journée, évitant de justesse une manif dans la plaine de l’Ain. Je passe sans m’arrêter et sans regarder les tracts que l’on me tend, y’en a marre. Autant d’énergie devrait être mieux employé à des choses moins futiles.
Plaques oranges obliges c’est passage en convoi au tunnel du Fréjus. Pas de bol je suis la 7ème de la liste, je partirai avec le groupe suivant soit 1h45 plus tard.
Je sais d’avance que je serai en retard, cool.
Je livre vers 16h30 un premier lot au nord ouest de Milan, par chance je connais l’endroit et c’est du rapide. Je redescends vers Milan et ces bouchons, et ce soir ils sont bien présents, une catastrophe.
Mon chef fait ce qu’il faut pour faire attendre un transporteur de Monza ou je dois vider tout le reste. On la joue « à l’italienne »…
Lorsque j’arrive à 18h15, alors que je ne croyais plus trop trouver la porte ouverte, on m’attend de pied ferme et on m’a même gardé un quai pour ne pas perdre de temps. Mes palettes étant gerbées et peu aisés à prendre ça traine un peu mais pour une fois ça m’arrange, ainsi je peux faire ma demi heure de pause restante.
A la sortie je retrouve le big bazar sur l’A4 pour retraverser Milan, c’est même plus hard qu’en temps normal et je n’ai pas trop le choix que de dépasser les heures…
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tas de sel à gogo, ici on est prévoyants

dans la jungle milanaise. et le vilain nuage de pollution
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Vendredi 29
Un poil fainéante pour me lever, je pars à la bourre et arrive à 8h15 pour charger. Voyant que c’est une usine à ferraille je m’en mords un peu les doigts… En fait tout va bien, je file directement me mettre en place dans un hall pour le chargement. Ouverture du toit et d’un coté, sanglage dans les règles, je ressorts à 10h30, parée pour la remontée.
Je ne fais pas le forcing sur les heures aujourd’hui et stoppe à Chagny car de toute évidence il me manque une bonne demi heure pour rentrer.
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sanglage "en paquet" puis au chassis
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Samedi 30
Retour à la casa pour 5h du matin
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Dimanche 31 |
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