Mon Carnet de bord... Suivez mes aventures, semaine après semaine!
Fevrier 2011
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Mardi 1
Je la sens bien cette journée : poser en vitesse mes conteneurs si prisés, prendre une bobine à l’aciérie d’à côté, compléter, passer au dépôt et ce soir bien avancer sur la descente…
07h57 : «-Bonjour Monsieur, je livre les conteneurs TrucMachin
- Suivez-moi je vous emmène sur le site à l’autre bout de la zone »
Et arrivée sur place :
- Vous me les déposez à côté des autres.
-Heu… comment ça ‘je’ les pose… ?
-Vous n’avez dont pas de grue ? C’était pourtant convenu !
-grrrrrrrrrrrrrrrrr »
Allô, chef ?..... S’ensuit des coups de fils, des aller retours du responsable, de l’attente, des réflexions pas très agréables, une journée qui s’annonçait si belle !
Le client finit par faire repasser par là l’un de ces camions qui me vide par le toit mais survient un autre souci : pour les 2 derniers colis il faut ouvrir le toit par l’avant. Méga prise de tête à grimper comme je peux tout là-haut entre la cabine et le tablier de la remorque, en équilibre à 4m de haut pour défaire 2 mousquetons. Puis échelle contre le coin de la remorque, crochet de toit à bout de bras, tirer sur la ficelle pour la retirer des œillets de maintien.
On trouve que c’est trop long, le camion a autre chose à faire et le chef me dit qu’on a plus qu’à se démerder à ramener ça sur un plateau gru, que c’est bien fait. Wahou !
Re-coups de téléphone, je pète presque un câble. La solution viendra d’un autre transporteur, même affrètement, qui me videra avec sa grue. En attendant je retourne ouvrir mon toit, c’est-à-dire grimper sur les conteneurs restants cette fois (hyper glissants) pour défaire 2 crochets intérieurs et rabattre la bâche du toit sur 50 cm avant de tirer celui-ci vers l’arrière.
J’aide mon sauveur qui vient d’arriver à passer ses élingues dans les attaches des conteneurs et maintient leur ballant avant de les regarder s’envoler pour rejoindre les autres au sol.
Reste la délicate tâche de refermer ce *** de toit par l’avant. Je passe sur les acrobaties en tout genre car mon échelle à la fâcheuse tendance à glisser sur le plancher de la remorque lorsque je veux remettre la bâche en place.
Coté extérieur c’est la cata : pas moyen de grimper assez haut dans les coins pour repasser la cordelette dans les œillets un à un. De plus il y a un vent glacial d’enfer qui ne m’aide pas vraiment. Lasse et sur les nerfs je capitule et passe une sangle autour de la remorque pour tout maintenir en place. Je verrai ça au calme au dépôt avec de l’aide si besoin.
De fil en aiguille il est 11h30… je file prendre ma bobine d’acier, tombe sur le changement d’équipe, on est plus à 1h prêt…
Je cours encore pour redescendre à Cambrai, m’accordant 15’ de pause pour un café et vérifier mon sanglage de toit.
Au dépôt je charge mon complément, et un collègue se propose avant même que je lui demande de me rattacher ce fichu toit. Il faut dire qu’il ne mesure pas loin de 2 mètres et que ça aide… si seulement j’étais grande et forte, j’en ferai des choses ! J’en rigole mais ne brille pas.
Cette fois ne reste plus qu’à descendre enfin.
Je mange une fois de plus au nord de Reims comme les 2 semaines passées et termine ma journée entre St Dizier et Chaumont vers 23h.
J’ai mal à une épaule et dans les reins, le fait d’avoir forcé ce matin sans aucun doute
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Mercredi 2
Démarrage en douceur à 8h, demi salto manqué en m’arrêtant boire un café : le sol est bien verglacé..
D’ailleurs il y a une bonne couche de neige à Chalon sur Saône (et rien que là). J’espérais laver le camion qui est bien crade mais le laveur me dit que le système est gelé (il fait -2). Cela me fout en rogne, trop chaud, trop froid, trop tôt, trop tard, y’a toujours un blême dans ce pays !
Je déguerpis à travers la Bresse, me lance à l’assaut du Cerdon puis des Alpes.
Tunnel du Mont Blanc, ça faisait un bail.
Fin de journée sur un petit parking d’autoroute à 18h30
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Jeudi 3
Je pars à 6h30, et ouai, je me suis plantée en réglant mon réveil, la misère !
Pas moyen d’échapper aux bouchons milanais de début de journée, je m’en veux de ne pas avoir vérifier mon réveil. J’arrive à 08h45 pour poser ma bobine, manque de chance il y a du monde devant moi, je sors vers 10h. C’est cuit pour livrer à Parme avant midi, je descends la mort dans l’âme et termine ma coupure avant d’arriver. Evidemment le travail ici ne reprend qu’à 14h, et sans se bousculer… L’usine ou je recharge à Mantova fermant à 15h c’est peine perdue.
Si j’avais rechargé ce soir je rentrais tranquillement demain en soirée, tant pis !
Installée sur le grand parking je me décide à nettoyer de fond mon Dédé, j’ai pas eu trop le temps ces derniers jours et surtout pas la motivation. Je sympathise avec mes collègues de parking, Giovanni et Marcello et vers 19h ils me propose d’aller manger dans le village voisin avec eux. Pas de soucis pour eux de décrocher une remorque et partir ainsi en solo.
L’ambiance est des plus chaleureuses, nous partageons plats et expériences, points de vue sur le métier.
21h, tout le monde au lit !
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Vendredi 4
Piquée debout à 6h30 je suis à 7h à l’ouverture des bureaux de l’usine. Le temps de remplir les formalités et d’attendre un peu on m’appelle à 08h10. Le chargement en lui-même ne dure guère plus de 20 minutes.
Libérée pour 09h50 il ne faut pas trainer à renter. J’apprends que lundi j’ai un rendez pour recharger en début d’après midi, la punition, il faut assumer.
J’ai un peu de chance car je prends le convoi des matières dangereuses de justesse au Fréjus. De l’autre côté je me grouille de faire le plein (la conso reste presque trop haute, on fait ce que l’on peut). Chambéry, détour par Annecy, là il faut mettre la gomme. J’arrive à rejoindre Bourg pour la nuit.
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Samedi 5
Debout 05h30, vite vite !
De retour à la maison peu avant 09h, ça va être chaud lundi ! Et franchement y’en a marre.
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Dimanche 6 |
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Lundi 7
Décollage en trombes à 05h40 soit exactement 45h et 01 minute après mon arrivée. Et oui, même le week end est calculer, ça devient …
Route habituelle vers Paris, quelques coups de freins à déplorer mais pas de véritable bouchon si bien que j’arrive à 11h15 pour vider du coté de Compiègne et je suis la seule, nickel. Ici il ne faut pas seulement les chaussures de sécu et le gilet fluo mais aussi le casque, des cales pour le camion et poser un panneau au cul de la remorque. Par contre ici on ne peut vider que par un seul côté par manque d’espace donc je me bourre les palettes qui sont derrière à la main, 1075 kg la plus petite avec bien sur un transpalette qui a déjà bien vécu. On a parlé de sécurité ?
Bref à midi je prends note de mon enlèvement : à 25 km, destination l’Ain.
Pas de nom de rue, une immense zone, et une enseigne inconnue. C’est le gardien d’une usine qui finit par gentiment me renseigner. J’arrive à 13h en même temps que le cariste qui me fait signe en descendant de sa voiture. Ici on charge en bordure de route tout le matériel nécessaire à un chantier (en vrac). Un gars qui m’aide à tendance à tout poser « comme ça vient », j’insiste pour qu’il y ait un minimum de calage d’autant plus qu’il y a pas mal de coffres sur roulettes.
13h45 : Go sur la descente…. Journée à marquer d’une croix rouge !
De plus il fait super beau et il n’y a pas grand monde sur la route. Je m’arrête tout juste 10 minutes dans un troquet du coté de Meaux pour un café, d’ailleurs la patronne y est très sympathique.
Je descends jusque sur Joigny à 17h30.
Il va falloir partir à 04h30, p*** de RSE. J’étais en forme pour rouler encore une bonne heure et je ne suis pas du tout du matin
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camion école en pulvé, rare
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Mardi 8
Réveil douloureux, mais il faut aller gagner sa croute comme dirait mon père.
Le plein et un café en vitesse, aucune minute à perdre. Le brouillard vient s’en mêler et parfois la visibilité est vraiment réduite à peau de chagrin. Je suis énervée du comportement de certains qui n’aurait même pas l’idée d’allumer leurs feux. Par contre pour tout allumer la nuit sur autoroute ils n’hésitent pas !
La purée de pois est tellement dense à l’arrivée que je cherche l’entrée de la centrale nucléaire à tâtons alors qu’en temps normal on la voit à 10 km à la ronde.
Sur place il faut montrer patte blanche, arriver à joindre notre correspondant, se faire fouiller, descendre toutes les 3 minutes pour badger, ça devient vite lourd. Pour ressortir il faudra retrouver son chemin et je manque de me perdre. De plus il faut aller passer dans une cabine de décontamination, moment que je trouve désagréable et c’est le soulagement de voir le feu passer au vert et le portillon s’ouvrir. Résultat il est presque 13h quand je fuis cet endroit inhumain.
Direction un village après Chambéry, royaume de la papeterie. Là l’attente est plutôt longue car je ne suis pas la seule et il faut la maitrise du chef cariste pour me charger 60 palettes toutes de format extravagant.
Je mets les voiles à 17h30 avec pour consigne de faire au plus vite. Je tire donc au maximum pour dormir à l’entrée de Turin, demain sera encore un réveil très matinal
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purée de poix
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Mercredi 9
En route avant 5h, je déteste ça décidemment.
Livrant au sud de Brescia je passe par « la route d’en bas » évitant ainsi Milan et son enfer matinal. Je choisis mon itinéraire sur les derniers km non pas au plus court mais à ce qui me semble le plus pratique. A la sortie je verrai que le plus court était pas mal. Mon client me réceptionne de suite et y passe 1h30, ce qui est raisonnable vu le souk dans le chargement. Il fait beau et je tombe le blouson, que ça fait du bien !
Rechargement à 20km de là mais j’arrive tout juste pour midi, il faudra attendre 14h. Je me fais un peu de bile devant le nombre de camions en attente mais la chance me sourit car je ne charge pas au même endroit que la majorité, du coup à 15h je suis en route.
Direction la France ! Avec 4t de charge je file au Mont Blanc mais manque de bol le chrono me rappelle à l’ordre : dodo à Aoste et pas plus loin sinon gare.
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sympa le porteur italien, rien à voir avec le style français
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Jeudi 10
Démarrage une fois de plus vers 5h, ouille.
Je trace comme une balle vers la région parisienne.
A midi vers Arnay le Duc j’ai vu un accident incroyable : un camion remorque à perdu sa remorque dans une descente, celle-ci a fini sa course dans une semi stationnée à l’écart de la route. Les chauffeurs ont dû avoir la trouille de leur vie !
A Senlis en 9h55 je me gare au grand péage.
J’ai du mal à trouver le sommeil à cause du bruit, cet endroit est infernal.
Rendez-vous oblige à 7h à 80km de là je cale mon réveil à 5h…
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des ralentisseurs "intelligents", on arrivant doucement on ne roule pas dessus donc pas de bon vieux coup dans les reins
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Vendredi 11
Je me réveille en sursaut à 05h 50, on est mal !! Du coup je ne quitte pas l’autoroute et arrive à 07h10 le ventre creux au poste de garde d’une base de supermarché. Evidemment on me renvoie à un autre entrepôt, je rêve d’un jour ou l’on nous donnerait simplement les bonnes consignes à l’avance. Le temps de trouver le bon bureau, le bon réceptionnaire, je prends place à quai à 07h35 et peux enfin m’accorder un café ou du moins ce que l’on nomme ainsi au distributeur. A 08h30 la colère me prend car on a toujours touché à mon chargement, pas toujours facile de se contenir. On me répond qu’ « il ne faut pas s’énerver un vendredi, on sera bientôt en week end ».
Cap sur la région d’Hesdin en coupant à travers et en se cognant tous les tracteurs agricoles du coin. Depuis que certains malins usent de ce moyen de locomotion pour faire du transport les petites routes deviennent un calvaire par ici : des remorques énormes, des engins qui tiennent bien leur place et qu’il est impossible de dépasser sans risquer de se foutre au tas, sans compter l’état des chaussées glissantes.
J’arrive à 11h à mon chargement, comme d’hab il y a du monde… je pars à presque 13h30.
Je décide de redescendre via la région parisienne puis prise de remords fais le détour par Cambrai pour faire le plein en carnets de cmr et autres documents car les stocks s’épuisent. Dans la soirée je m’aperçois que j’ai une raison car c’est le grand départ de parisiens en vacances…
Je suis bien tranquille sur ma nationale 77 à travers la Champagne. De grandes lignes droites dégagées, peu de circulation, le top. Je dors à la sortie de Troyes à 2h de la maison alors que j’étais en forme, dommage !
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rayon de soleil, enfin!
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Samedi 12
4h debout, 4h30 en route puis stoppée net dans mon élan au bout de 10 minutes de trajet : soudain ça clignote bleu, orange, et une lumière blanche très vive. Un accident sérieux, j’assiste aux premières loges à la désincarcération de 2 voitures qui à priori se sont prises de front. Sorties de boites à coup sûr…
Cela me retourne les tripes, me glace le sang, me hérisse les poils, une sensation indéfinissable d’impuissance.
Un gendarme bien aimable qui fait faire demi-tour aux quelques voitures présentes s’excuse de me faire planter là.
Je resterai ainsi bloquée plus d’une heure mais ne le prends pas mal, je relativise en regardant travailler les secouristes, gendarmes, voirie qui nettoie, dépanneur qui enlève les carcasses.
Je suis de retour pour 08h, à moi le bon week end
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aux premières loges mais je m'en serai passée
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Dimanche 13 |
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Lundi 14
Départ 04h30, pour la première fois depuis longtemps il ne fait pas trop froid cependant le temps est humide.
Je descends sans stress en direction du sud mais sans perdre de temps non plus. Je trouve la pluie dans la vallée du Rhône puis les choses se gâtent sur Avignon, au point de lever le pied.
A 13h40 dans la cour du transporteur chez qui je vide on se bouscule. Pas de panique, un peu d’autodiscipline et de savoir vivre et tout se passera bien. Quand arrive mon tour la pluie redouble, ça faisait un bail que je n’avais pas tirer mes bâches sous la pluie. Je fini trempée jusqu’à la moelle et c’est rien de le dire ! Ca a transpercé mon blouson, mon pantalon, mes chaussures. Et bien sûr je suis envahie de buée dans la cabine.
Mon chef me donne mes instructions pour demain, l’aciérie ayant encore changé ses horaires c’est cuit pour ce soir.
Je me change en essayant de ne pas triper la cabine et c’est loin d’être évident. En début de soirée je vais squatter le grand parking de l’usine pour être sur place car il faudra se lever de bonne heure.
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mais ou sont passez les tuyaux?
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Mardi 15
A 6h je pointe au bureau et à 6h30 je suis sous le pont roulant. 7h10 je suis prête à partir mais par sécurité j’attends 8h pour passer un coup de fil à mon responsable et ne pas faire de boulette. Permission de rouler accordée à 7h50. La route vers l’Italie est banale et la pluie ne cesse pas. Pas grand monde non plus.
C’est ainsi que j’arrive pour 16h15 dans la banlieue de Turin pour vider. Je sais que l’usine ferme de bonne heure mais qui ne tente rien n’a rien. Cour déserte, ça sent le roussi… et caler au fond de son bungalow je trouve le réceptionnaire qui me fait illico signe de rentrer dans le hall. Youpi, 16h30 je suis libérée et le pontier ferme la lumière derrière moi.
Instructions pour demain : rechargement à tout juste 10 km de là. Il n’y a pas grand-chose à faire dans le coin et pas beaucoup de places de parking. Les restos sont trop loin pour faire un détour, misère. J’avise un coin de trottoir dans une zone voisine que je connais.
Pour passer le temps je range un peu, ruse avec le webasto pour finir de sécher correctement mon blouson, pianote sur l’ordi, je n’ai même pas un bon film pour passer le temps, dommage.
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ça en fait beaucoup de paires de roues tout ça! (remorque porte bobines, charge +/- 100 tonnes)
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Mercredi 16
Je suis partie un peu en avance pour chercher ma rue car elle ne figure pas le Gps ni sur Mappy. A l’entrée du village et de surcroit de la petite zone industrielle je trouve un bar tout neuf et ne cherche pas plus loin : je me pose à cheval sur le trottoir et descends prendre un bon capuccino avec mon adresse dans la poche. La sympathique serveuse me renseigne sur la rue qui est une extension récente du quartier. Ne reste plus qu’à trouver l’enseigne puis son entrée poids lourd ce qui me vaut d’aller me mettre dans un cul de sac…
Une fois déniché la bonne porte on me fait patienter car tout n’est pas terminé. Je charge de grosses pièces métalliques qui sont le bati d’une énorme machine type palettiseur géant. J’attends les dernières retouches de peinture et c’est au tour du pontier de jouer pour caser tout ça sur mes 13m60 de plancher. Mon boulot n’intervient qu’à la fin pour sangler tout ça du plus solidement que je peux.
Midi, enfin la délivrance lorsque la grande porte s’ouvre enfin devant moi. Dans mon élan un grand patatra m’arrête net et j’entends hurler… la porte n’était pas ouverte à fond et j’ai enlevé le joint inférieur de celle-ci. Un cravaté déboule, me fait une gentille remarque du genre qu’il faut faire attention. J’appréhende le moment où l’on va me demander le constat. Et puis au bout de 10 minutes on conclut que le fameux joint est juste déboité, je ne demande pas mon reste pour filer.
Je décide de m’arrêter à l’interporto de Susa pour un brin de toilette et manger en vitesse puis cap sur la France ou il pleut toujours.
Je tire mes heures, hésite à passer la nuit à la maison puis décide de dormir après Avallon ne sachant pas trop de quoi demain sera fait. Au passage une fois de plus je me fais bousculer sur la N6 par les gars de relais, l’un d’eux ne supportant de me voir lever le pied dans les villages me doublera furieusement sur une ligne blanche à grand coup de klaxon… J’évite aussi de justesse des chauffeurs qui font leurs décroches sur des refuges. Un jour un drame arrivera et je ne serai pas la première étonnée.
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papy et son vieu scania, on va les enterrer ensemble je pense
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Jeudi 17
En route de bonne heure et de bonne humeur, petit déj dans un resto routier de la N6. A 7h30 ça cause déjà syndicat et revendications au bar… C’est vraiment pas ma tasse !
En milieu de matinée mon chef me confirme que je peux livrer sur chantier du coté de Soissons dès 14h au lieu de demain matin, youpi ! Mais à l’arrivée le réceptionnaire italien m’explique que l’une de mes pièces est trop lourde pour le petit pont, et donc qu’il avait prévu un gros engin à cet effet demain matin, grrrrrr
Néanmoins il décide de vider le reste, on avisera le moment venu. Et ce moment-là est énorme, les gars jouent à la fois du pont et d’un chariot élévateur et déplacent la charge centimètre par centimètre. Je redoute la catastrophe et je crois qu’eux aussi retiennent leur souffle. C’est le bonheur au moment où la pièce en question trouve enfin le plancher des vaches. Les opérations auront durer toute l’après-midi et c’est à 17h que je sors.
Chargement d’un premier lot sur Cambrai demain, je mange et dors à une quinzaine de km.
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déchargement au pont
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Vendredi 18
Chargement du premier lot que je dépose aussi tôt après au dépôt et j’échappe de justesse à une livraison en Belgique. Direction Lille pour un enlèvement avant midi, un bouchon à hauteur de Seclin m’enlève tout espoir de rentrer ce soir… Foutu chrono numérique !
En début d’après-midi je vide et recharge au dépôt, un peu énervée car la marchandise n’est pas aisée à manipuler et surtout à recaler dans les règles de l’art. Je fais de mon mieux, utilise le maximum de sangles et croise les doigts.
Je prends la route vers 16h, lasse, fatiguée, démoralisée, marre !
Après ma pause sur Troyes, prise de colère, je décide de rentrer ce soir à la maison. Les heures y sont tout juste, je dépasserai « seulement » mon amplitude.
Les 10h de conduite sonnent à 800m de mon parking, le temps de reculer proprement 10h06 s’affichent…
Malgré la nuit noire je jette un coup d’œil à mon chargement car il me semble avoir ‘senti’ quelque chose bouger. En effet un engin au cul de la remorque est parti un poil en travers. Du coup il se retrouve calé malgré lui contre les barres latérales, c’est pas plus mal, reste juste à espérer que rien ne soit abimé. Et franchement vu l’heure je n’en ai plus rien à faire pour l’instant.
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tablier déformé pour cette remorque à la suite d'un accident
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Samedi 19 |
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Dimanche 20 |
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Lundi 21
Ce grand week end a été profitable quoique fort occupé et sans beaucoup de place pour les loisirs.
C’est à 5h seulement que je démarre en direction du sud. Les pleins à Chalon et taille la route vers Lyon ou je pose à 8h à l’ouverture deux engins chez un vendeur spécialisé en motoculture. Je stresse un peu en ouvrant mon rideau à l’idée de découvrir le désastre sous l’œil du gars qui attend avec son gros chariot. Et bien le bazar est toujours en travers bien calé et sanglé, sans aucune égratignure (il faut dire qu’il est bien emballé sous une housse plastique) et soulagement de voir que tout le reste du chargement est tel que je l’ai chargé. Ouf
Je profite des ralentissements pour caler mon GPS sur les adresses suivantes. D’abord Toulon puis un bled que mon chef m’a situé sur Fréjus. J’écarquille les yeux de voir qu’il s’agit en fait de l’entrée de St Tropez, wahou ! En avant la pointe d’excitation et la petite boule de savoir à quelle galère on va s’exposer…
Je descends 4 à 4 la vallée du Rhône avec un pincement en grimpant le Grand Bœuf : la semaine passée un collègue y a eu un grave accident stupide, pas de bleus mais tracteur mort et la semi a morflée.
Toulon 15h45, je vide un fardeau dans une petite zone puis traverse en vitesse la ville avant l’heure de pointe pour aller me caler à la petite station à la sortie pour y passer la soirée et la nuit.
Demain : la grande aventure dans la montagne varoise. C’est con je sais…
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Mardi 22
Levé 6h, petit déj au bar de la station et en avant toutes ! J’ai pris conseil auprès de 2 spécialistes du sud : le 1er m’a dit de prendre la côte, le second la montagne… J’opte confiante pour le second avis. La montée est assez raide et surtout pas mal sinueuse sur une route pas bien large et sans grande visibilité. Je ne croiserai que quelques voitures et un bus scolaire. Tous ont l’air habitués des lieux et ne cherchent pas à forcer, en visant et anticipant ces moments délicats ça le fait. Arrivée en haut du « col » (tout juste 200m d’altitude) je me serre sur un petit parking pour laisser passer la file que j’ai retenu derrière moi. Etonnement de ne pas voir de bousculade et même quelques signes amicaux. La descente sera bien plus tranquille même si la route n’est pas très large.
07h30, me v’là à St Trop ! Levé du soleil et déjà 10 degrés… Je trouve sans trop de mal l’entrée de mon chantier et l’on m’aide à reculer dans un parking. Les gars sont déjà là et à 07h50 je reprends ma route vers Le Muy pour y retrouver la grande autoroute et une autre ambiance.
10h, Antibes, encore un engin au rayon espaces verts à poser. Là on me videra sur le bord de la route à l’aide de rampes posée au cul de la remorque. La manœuvre est un peu délicate, doucement mais surement…
Dernière livraison sur Nice et une petite prise de tête pour accéder à ma zone. D’abord je me plante de sortie, fais un grand tour pour revenir, puis ma rue se finit par un chemin en sens interdit que je n’ai pas le choix que de remonter. On m’a indiqué que je n’avais pas le choix, mon entreprise est bien là. Je ne croise pas partout avec les voitures, la misère !
A l’arrivée c’est la cata, « on a pas de fenwick, il aurait fallu livrer ça à côté d’Antibes sur le chantier » Rester Zen, respirer, ne rien dire… mais ça me démange de leur dire Merde, grave. Un chef arrive désespéré, me promet que ça va ronfler, que les incapables qui m’ont envoyés ici vont s’en souvenir etc. Au final le chef et moi-même retroussons les manches pour descendre un à un une cinquantaine de rouleaux relativement lourds de la remorque.
La séance m’a épuisé. Cependant il ne faut pas tarder car la route est encore longue pour rejoindre l’Italie et la région de Cuneo.
A une petite heure de l’arrivée mon chef m’avertit que ma commande ne sera prête que demain, plus rien ne sert de courir.
Je pointe mon nez à l’usine à 17h30, avise le grand parking pour une bonne nuit. Une pluie fine fait son apparition, puis je m’aperçois que ce n’est ni plus ni moins que de la neige. Quel contraste avec ce matin !
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route bordée de mimosas, ça dépayse
du coté de Sainte Maxime
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Mercredi 23
L’usine ouvre à 7h30 et je m’y engouffre avec une dizaine d’autres camions. Deuxième de file à la bascule puis tout le monde se disperse. Soulagée de voir qu’il n’en reste pas beaucoup au chargement, on est que 3.
Le réceptionnaire prend les 2 autres et me dit que mon tour arrive dans 10 minutes. 1h30 plus tard le gars revient enfin… Alors que je manœuvre un cariste vient à ma rencontre, je le vois heurter avec son engin un coin de pilier, la vitre arrière relevée se tord et le verre claque un grand coup et vole en débris sans avoir eu le temps de dire stop. Le gars a du mal à reprendre ses esprits. A la fin du chargement la dernière palette prend un mauvais pli et n’arrive pas jusqu’au plancher de la remorque. Il va falloir attendre qu’on ressorte le produit. Je suis libérée de justesse pour midi, la journée est déjà bien entamée.
Ne reste plus qu’à rouler pour ne pas perdre plus de temps.
J’arrive sur Nuits Saint Georges au sud de Dijon vers 22h et n’ai plus le choix de la place de parking, la plus inconfortable qui soit !
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un autre levé de soleil, un autre déco
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Jeudi 24
En route à 7h, il faut être au plus vite au nord de Lille avec avertissement qu’à partir de 16h la livraison est compromise.
Je fais de mon mieux et économise mon temps, grignote comme je peux à midi sur mes réserves comme hier, comme avant-hier, et comme quasiment tous les jours d’ailleurs à cause d’horaires de réception plus en plus réduits.
J’arrive donc au plus vite et avec soulagement à 15h15 chez mon client, cours déserte et 3 quais libres s’offrent à moi. Ici une porte verrouillée, une affichette des horaires (08h/12h-13h/16h coool) un interphone et un numéro à composer. A la deuxième tentative une voie me demande « c’est pour quoi ? » une livraison pardi ! « ça va pas être possible, y’a plus personne, revenez demain » Heu………… Bip bip bip……….
Je me rabats sur le centre routier de Roncq à quelques kilomètres pour prendre une bonne douche et me calmer un peu. De plus j’ai le bas du dos douloureux depuis l’épreuve de Nice
En début de soirée je redescends camper chez mon client
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Vendredi 25
Debout à 7h30 je me prépare tranquillement et 10 minutes plus tard on vient tambouriner à la portière pour me dire que je peux me mettre à quai dès que je veux. Je m’y précipite mais les yeux encore à moitié collés j’ai du mal à manœuvrer.
Puis je redescends sur Douai pour charger un complet, miracle ! En route je m’arrête quelques minutes sur la seule aire de repos du sud de Lille, je regrette vite mon idée car l’endroit est bondé d’hollandais qui ont déjà les chaussures de ski aux pieds. La queue aux toilettes, la queue à la machine à café, le tout dans un charabia haut et trop fort pour moi.
Au chargement il y a un peu d’attente car la cours est minuscule mais cela se passe dans la bonne humeur et grâce à la discipline de chacun pour manœuvrer. Je suis prête à partir pour 13h, repasse au dépôt pour les paperasses d’usage et roule vers la maison ou j’arrive tout juste pour 21h.
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y'a plus de sous pour réparer les routes mais la constructeur d'un stade c'est primordial
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Samedi 26 |
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Dimanche 27 |
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Lundi 28
C'est un départ vers 4h du matin pour l'Italie direct. Val de Saône, Les Alpes, le Mont Blanc, rien de bien particulier si ce n'est une brève attente de 20 minutes à la régulation du tunnel pour cause de véhicule en panne.
Je m'interroge un peu des conditions météo car on annonce de la neige, en fait il n'en est du tout. Peut être juste pour rassurer le touriste retardataire…
J'arrive pour 14h passée chez mon client que je connais déjà. Je débâche tranquillement au milieu de la cour puis attends le cariste. On finit par venir s'excuser, il y a un souci dans l'usine et je dois patienter un peu. Je ne m'énerve pas car je sais d'avance que je ne recharge que demain, et puis dans cette boite on m'a déjà vidé en dehors des heures normales de travail.
Libérée vers 16h30 je file vers Turin pour traverser avant le coup de bourre du soir et rejoints une petite station-service à une dizaine de km de mon point de chute final.
Dès que la nuit arrive il fait très froid, le genre de froid humide qui vous transperce et sent la neige, beurk |


Faut juste bien viser
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