Mon Carnet de bord... Suivez mes aventures, semaine après semaine!

Septembre 2011

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Jeudi 1

Réveil 4h30, mise à quai à 5h00, début de déchargement à 6h00.

Ensuite il faut aller rendre les palettes vides au nord est de la région parisienne. Là on chipote pour 8 palettes jugées cassées, ou plutôt « KC » comme on me note sur les documents. Ca m'amuse tout en trouvant très triste ce langage. Il me faut patienter derrière une série de mails, confirmés par fax et discutés par téléphone pour que l'on me déleste de cette pile de palette à l'état moyen. Résultat j'ai perdu 1 h 30 à croupir dans un fond de cours.

Rechargement à Compiègne pour Amiens dans la foulée. Ceci est heureusement très rapide et à 15h30 la mission est terminée. Retour au dépôt où je prends mes consignes pour demain.

Je termine la journée dans un centre commerciale afin de trouver un matériel qui me manque, les vendeurs sont peu coopératifs et ça finit par me gonfler.

Fin de journée sur un coin de parking dans une petite zone

les quais...

ouf j'ai sauvé mon rétro

8 palettes déclarées "KC", si pourrave que ça?

jolie fin de journée din chnord

Vendredi 2

A 7h30 je fais l'ouverture d'une usine et par chance aujourd'hui c'est relativement rapide.

Complément à 3 km et retour à quai au dépôt pour tout vider, décrocher, récupérer une remorque toute prête et hop en route à 10h30.

Rentrée 18h00, tranquille

un chargement bien en ordre

Samedi 3
Dimanche 4

Lundi 5

Pas moyen de dormir le dimanche soir, et c'est un réveil catastrophe en ce lundi matin.

Décollage à 4h00 et cap sur la vallée de la Sâone puis Bourg en Bresse, la région Lyonnaise, Grenoble ou je chope la queue des bouchons matinaux. La suite du parcours sort un peu des clous car je descends sur Sisteron par la N75. Cette route ne m'est pas totalement inconnue mais ça fait au moins 3 ans que je ne l'ai pas prise ( c'était avant DéDé) du coup je n'ai plus trop la notion des distances et encore moins des temps de parcours. 25 tonnes au cul ça freine à la montée et pousse à la descente, je traine ainsi une file de touristes énervés derrière moi qui tentent les dépassements n'importe où. Tout piler en pleine cote pour éviter le choc frontal à 3 reprises…

Au sud de Sisteron j'étrenne les nouveaux quais d'un petit transporteur puisse qu'il vient de déménager le matin même. D'ailleurs la route pour y accéder n'est pas terminée, ce qui m'a valu 3 tours gratuits de la zone avant d'oser m'engager entre des palissades de chantier.

Je réalise que je suis partie très tôt pour rien, on m'avait dit le livrer vers 14h car la marchandise devait être relivrée le soir même. En fait c'est pour demain matin et rien ne pressait réellement, dégoutée.

Je poursuis vers Aix en Provence où le chrono me rappelle à l'ordre, 9h00 STOP ! sur une petite aire de repos. Il n'est que 15h30 et il faut choisir entre sieste au soleil, ménage ou écriture de carnet de bord ; les 3 choix étant de même urgence .

sale temps en vue

Nationale Grenoble/Sisteron

Col de la Croix Haute

Sisteron

Mardi 6

Départ 5h30 sans avoir pris mon café : la petite station était encore fermée. Problème de sécurité ou plutôt d'économie de personnel ? Bien qu'on veuille nous faire croire à la première version, je suis convaincue de la seconde.

Du coup je m'arrête un peu plus loin avant d'arriver à Aubagne. Je compte ma monnaie : j'ai tout juste 2 euros en poche, café ou croissant, j'opte pour le noir.

Je redoute la traversée de Toulon mais à part un bon coup de frein sur les derniers km ça le fait. Je roule un peu à l'intuition pour trouver ma bonne sortie car l'adresse de livraison est plus que vague. Rapide tour du quartier sans plus et j'opte pour un coin de trottoir pour appeler le numéro indiqué sur les papiers. Il s'agit bien d'un chantier situé au rond-point suivant, quelle maitrise ! Ou plutôt gros coup de bol. Sur place il me faut patienter un peu pour avoir de la place car ça manœuvre dans tous les sens : les bennes de terrassement, les manitous, les clients des boutiques alentours, un joyeux bordel. Je m'amuse des gars qui disent qu'il fait frisquet, ha ces marseillais 12 degrés et c'est la cata.

Une fois camion placé et remorque débâchée j'apprends qu' on a pas de cariste, youpi. Mon client pensait trouver une bonne âme parmi les autres entreprises travaillant sur le chantier, on lui a sèchement répondu d'aller se faire cuire un œuf. Du coup je patiente sagement que les renforts arrivent.

Libérée pour 9h45 je file à Fos sur Mer prendre une bobine d'acier. Manque de chance les horaires ont encore changé et c'est la méga pause de 12h à 13h30. Entre temps le parking se remplit et pas question d'en profiter pour casser la croute, il faut rester devant la porte du bureau au risque de perdre sa place. Je ressors lestée de 23 tonnes pour 15h, y'a plus qu'à faire tourner les roues car ce serai bien de pouvoir vider avant midi demain sur Parme.

Du coup je file avec tout juste une pause de 10' pour retirer un peu d'argent car avec mes 0.90 euro en poche je ne vais pas survivre longtemps. Là arrivent à la suite deux bus de touristes à cheveux gris : pipi ou café mais pas les 2, j'opte pour le café avant que les machines soient toutes réquisitionnées. Obligée de jouer des coudes pour sortir du guêpier, obligée aussi de forcer un peu pour sortir du parking car 3 mamies discutaient le bout de gras devant ma calandre et pas décidée à bouger leur croupion.

Nice et le bazar du soir, Vintimille dans la cohue, et un petit parking/refuge à hauteur de San Remo pour la nuit.

Débarbouillage intégral à la bassine, boite de conserve, et dodo.


Côte d'Azur

Vintimille

En pause

Mercredi 7

04h30, la voie est libre, zou ! Petit dèj tranquille à la première station où je la joue local : je me pose comme j'arrive en laissant les veilleuses ce qui veut dire grosso modo que je ne vais pas m'éterniser.

Alors que je suis tranquille sur le trône des toilettes à méditer un énorme vacarme arrive provoqué par une tribu soixantenaire hispanique à en juger l'accent. Rien de plus énervant que d'observer la poignée de porte claquer à maintes reprises, cédera ou cédera pas ? Au moment même où je déverrouille la porte me revient dans la figure et je me fais plaquer sur la cuvette des WC par une mamie d'un bon quintal. J'hurle un bon coup, d'abord de frayeur, puis de douleur et pour finir de colère. Bande de sauvages !

Savona, Genova, Alessadria, Piacenza et une petite coupure pour assurer l'affaire. Parma, je connais mon client. Personne à l'horizon : dans la foulée bascule, porte n°10, pont n°3, ouverture de toit, pliage des sangles pendant qu'on me débarrasse de ma bobine, fermeture de trappe, fermeture du toit, bascule, papiers, tout cela en 12'. Qui dit mieux ?

Rechargement sur Bergamo, soit 150 km au nord-est. En avant toutes ! Cela me fait arriver vers 11h30 à destination. Contre tout espoir car il y a un camion devant moi je vais voir le cariste qui bien sur me dit de patienter. En fait ça charge en continue et à 13h 30 mes 32 palettes sont en ordre dans la remorque, c'est une affaire qui marche.

Au passage sur Milan je dois prendre une petite caisse à Bresso. Voulant prendre au plus court je me fais lamentablement avoir dans une sortie en travaux et prends la mauvaise direction. Pas évident dans ces moments-là d'essayer de retrouver le chemin tout en suivant le mouvement. Etant en ville il faut calculer et prendre des décisions très très vite. Après un moment de doute je retombe sur mes pattes assez rapidement, ouf sauvée. Mon client me charge en 3' sa caisse, à l'arrache en warning dans la rue, papiers remplis au cul de la semi. Ce que j'aime ici c'est qu'on ne se prend pas la tête.

Mission accomplie, maintenant il faut penser à remonter au plus vite. Mes heures m'emmènent pile au tunnel, tant pis je couperai à l'autoport d'Aoste avec 9h30 de conduite seulement.

Il n'est que 18h à peine alors je vais faire quelques courses au centre commercial.

J'ai du mal à trouver le sommeil car ça n'arrête pas sur le parking : moteurs, manœuvres, bavards, frigos, etc. Une fois endormie c'est un tambourinement à la portière qui me réveille. Vu que ça insiste je descends de ma mezzanine. J'hurle en découvrant la gueule du travelo du quartier au pied de la cabine. Du coup j'ai à nouveau du mal à refermer l'œil. Cool


A4 Milan/Turin: en travaux depuis 10 ans

Vallée d'Aoste

Jeudi 8

Le réveil est trop dur à 4h, j'y arrive pas, et replonge jusqu'à 5h30. Y'a pas trop d'angoisse à avoir non plus car je ne suis pas en retard mais bon. Au bar le ptit déj est toujours aussi antipathique, je n'aime pas cet endroit. Un vieux essaie d'engager la conversation mais il comprend vite qu'il perd son temps. A la sortie je croise un troupeau d'asiatiques, ouf, évités de peu ceux-là.

Tunnel, descente, travaux, autoroute, travaux, nationale, travaux, pompe, travaux, péage, travaux, parking, travaux, sortie, travaux, punaise je n'aurais vu que du jaune fluo aujourd'hui !

Je termine sur Reims alors que j'aurai voulu monter jusqu'à Laon, tant pis on fera avec…

je suis poursuivie par un collègue

Saint Dizier: rien compris à ce panneau

Vendredi 9

Décollage on ne peut plus douloureux à 3h30. L'avantage étant d'avoir la route pour moi toute seule.

Le seul rade déjà ouvert je le croise à 5h30 à la sortie de Cambrai, ce tout petit boui boui tenu par un papy qui sert le café à 0.80 euros dans des bols (1euro avec du lait). En plus tout le monde discute ensemble, plus convivial tu meurs.

Ca roule dur sur l'A1, prémisses des bouchons d'embauche. Stupeur de trouver ma boite ouverte à 7h05 et qui me déballe aussi sec. Du coup je suis à 8h30 à la frontière belge pour mon second client, yes ça roule.

J'ai un petit pfff en raccrochant le téléphone, direction Dunkerque et la corvée de l'aciérie… en ce vendredi je m'en serai bien passé. De plus gros Bronx sur le parking, réduit de moitié à cause de la préparation d'un week end portes ouvertes. Personnellement ce n'est pas là que je viendrais passer mon dimanche. Cerise sur le gâteau un pont est en panne donc les camions et les chauffeurs grincheux s'accumulent.

13h30 libérée je file au dépôt pour compléter. A l'arrivée c'est l'affluence et la cour est pleine. Je finis par trouver une place et une âme charitable pour me charger 4 palettes au fenwick à l'avant puis me glisse à quai pour compléter 3 palettes derrière mes bobines . Je rends la pareille à mon collègue en lui donnant un coup de main avant de partir.

Je reprends la route pour une petite heure et capitule avant St Quentin : à 17h c'est toujours la panique et pas envie de ruiner mon disque, j'avise un refuge pour la nuit.

c'est pas moi!

le grand stade de Lille, ça avance

les premières betteraves

Samedi 10

Je ne décolle qu'à 6h00… largement à la bourre sur mes projets.

Arrivée 13h à la casa

Dimanche 11

Lundi 12

C’est un départ pour 04h00, ou plutôt 04h15 car j’ai toujours un peu de mal au décollage le lundi.
Première mission : faire les pleins en vitesse à Chalon s/Saône, à cette heure-ci il n’y a jamais personne.
Seconde mission : halte ptit déj peu avant Macon sur la nationale car comme dirait mon père, un sac vide ne tient pas debout.
Troisième mission : traverser Lyon en pleine heure de bourre….
Si seulement j’étais parti un chouille plus tôt !
Du coup je suis un peu juste pour parvenir à Saint Etienne comme escompté, alors je perds 45’ à glander sur une station-service pourrie de l’A47. Je n’ai jamais aimé trainer par là.
Chez mon client pour 10h je chope une bonne suée à me mettre à quai à contre main contre un muret, à la montée en pleine charge avec la boite auto c’est chaud. Sans compter il faut coller au quai au maximum car la plaque est un peu courte. Fort heureusement le réceptionnaire est bien sympathique, ce qui efface vite fait le petit moment d’énervement.
Cap sur Lyon de nouveau dans une circulation assez dense, puis l’A43 et les Alpes. Passé Chambéry la voie est libre, affreusement déserte même.
Je calcule mes heures, j’avais émis une réserve sur ma livraison de bobine à Turin et mon flaire était bon. L’usine ferme à 16h… En bardant un peu j’arrive à 15h45 avec 9h30 de conduite. Dans la file d’attente je détache mes sangles et prépare l’ouverture du toit. Arrive comme une balle un merco bleu du Luxembourg, et bé il était moins une mon Mika !
Du coup nous vidons en cœur dans un entrepôt surchauffé, impatients tous les 2 de se barrer au plus vite avec la préoccupation cruciale d’aller vite se mettre en coupure.
Je suis l’ami à Orbassano où nous « attend » Fly. En fait il ronfle comme un sonneur sans se soucier vraiment de nous. Alors que je me gare sous l’œil soucieux de la patronne du restaurant (le parking étant tout petit il faut caser le maximum de monde) vient me saluer un ptit gars en benne du 04 ou 05, désolée j’ai mangé son pseudo, oups !
Ma critique personnelle de ce resto : Porcellana, via caduti sul lavoro, 12 à Orbassano (TO) Nickel, refait à neuf, douche de 10 m2 au moins, bouffe excellente, prix tout à fait correct.
Et encore merci aux luxembourgeois pour leur gentillesse, j’ai sincèrement apprécié ma soirée.

personne devant

personne derrière

le parking de régulation reconvertit en dépot de matériaux

un fdr qui bosse, ça existe

Mardi 13

Après un rapide ptit déjeuner au resto je prends congé de mes amis (et concurrents !!) afin d’être à 8h chez mon dernier client en livraison du côté d’Asti. Une toute petite boutique au fond d’un chemin, déjà 3 camions devant moi et ouverture à 8h30 seulement… mauvais plan. Bon an mal an arrive tout de même mon tour de manœuvrer dans ce mouchoir de poche, de tirer mes quelques palettes et enfin d’aller voir de nouveaux horizons.
Je recharge un complet de longueurs d’acier sur Turin, une adresse que je connais déjà. D’ailleurs ce coin est un piège bien connu des habitués « Cacsine Vica » est un quartier de Rivoli et il ne faut surtout pas se pointer au village du même nom 50 km plus loin dans la montagne.
Je termine mon chargement et son arrimage vers 12h30 mais il me faut attendre 14h00 pour les papiers. Je vais donc perdre mon temps à la cabane à pannini d’en face. C’est la même chose que nos barraques à frites du nord, mais en plus chouette et moins délabré. Ici pas de frites bien grasses mais des tomates, de la salade, des pepperoni, cipolla, etc
Reste plus qu’à remonter vers la Francia via le Fréjus. Rien que du très classique. Je termine en soirée du coté de Chalon sur Saône dans le fond d’une zone bien tranquille.

en cours de chargement

Mercredi 14

Réveil 7h00, en route 7h30, arrêt ravitaillement aussitôt après pour l’équipage complet (gasoil pour DéDé, grand crème pour moi) et on file vers le nord sans trop de convictions. Il y a des jours comme ça où rouler devient machinal et presque lassant sur certaines routes. J’en connais tous les rond points, tous les commerces, tous les trous, et le temps devient vite long.
Dans l’après-midi je pose ma remorque au garage de l’entreprise, récupère des sangles et autre petit matériel. Je ratèle donc une semi vide pour aller la charger illico presto à Cambrai dans une petite usine où ça se bouscule au portillon et c’est peu de le dire. En une heure d’attente pour avoir un quai j’ai dû manœuvrer une dizaine de fois.
Mon chargement terminé je m’en vais dormir au dépôt car le disque est déjà bien chargé. Demain 6 clients… 6 fermes à livrer. Ça m’angoisse un poil quand même. Ma première adresse me laissant perplexe devant ma carte je décide d’appeler bien qu’il soit 20h. On m’indique le meilleur chemin et on prend rendez-vous pour 8h, nickel.

CY: chypriote, à 3000 km de chez lui le pinguoin

Amédée Deheux

Jeudi 15

En route à l’aube, il n’est que 5h30, en direction de la région de Saint Pol sur Ternoise/ Hesdin dans le 62. Je suis partie tôt pour faire une coupure de 45’ avant mes livraisons et ne pas risquer d’être emmerdée par ça suivant la tournure que prend mon périple.
Je suis à la lettre les indications de la veille et arrive pile poil à l’arrêt de bus cité. Bien qu’il ne soit que 07h45 un homme sort du porche d’en face en me faisant signe. 10’ plus tard je suis devant la porte d’une grange, et un tracteur muni de fourches me débarrasse 2m50 de plancher.
La seconde livraison s’annonce un peu plus hard, il faut aller à la stabulation derrière la ferme en empruntant un chemin en cailloux et surtout tourner entre un arbre et un poteau électrique. On m’assure que d’autres y sont déjà passé. En effet ça passe, en taillant la haie de tuya avec l’angle de la remorque au passage, j’en ai plein des attaches de bâche.
Alors que je demande pour aller chez mon client suivant dans le village d’à côté, le fermier me dit que c’est de sa famille et que je n’ai qu’à le suivre, cool ! Coup de fil en prime, à mon arrivée un télescopique m’attend toutes fourches tendues. Même pas de manœuvre à faire puisque je débâche le long de la petite route.
Le 4eme est à environ 5 km mais je ne suis pas sure de l’état des routes. « Je vous y emmène, ce sera plus simple », en effet… A en juger la route, si on peut encore appeler cela une route, il m’a fait couper au plus court (voir photos). Besoin d’un élagage de noisetiers à 4m de haut sur 3km ? Pas de soucis, DéDé est là !
A destination le gars me dit que j’ai de la chance car y’a personne mais que c’est un bon copain et qu’il sait où est rangé le matériel.
5éme livraison à l’autre bout du village dans une ancienne ferme bourgeoise laissée à l’abandon. Dommage car sa cour intérieure pavée est magnifique et du peu que je vois de l’intérieur de l’habitation depuis le perron il y a là un carrelage ancien superbe. Bref, c’est mamie qui me reçoit, qui pige pas grand-chose à ma présence et encore moins à mon bon de livraison que j’ai eu le malheur de lui montrer. Soulagement quand elle finit par appeler au téléphone son fils, qui arrive 15’ plus tard.
Dernière aventure à une trentaine de km dans un autre petit village, la ferme est facile à trouver grâce au gps. On me fait rentrer dans un grand hangar d’un âge douteux et ou règne un foutoir désastreux de vieilles mécaniques, une casse en quelques sortes.
Je regarde ma montre : midi pile, d’ailleurs l’angélus de l’église voisine rappelle ses troupes à table.
Moi je qu’enquiers de la suite de ma journée : direction Dunkerque et l’aciérie, bof bof
Changement de décor, autre civilisation, je charge donc une bobine d’acier que je ramène à Cambrai en fin d’après-midi. Pour tout dire je suis crevée, vannée, fatiguée et ne rêve que d’une bonne douche et d’un vrai repas. Alors quand à 18h30 on me demande de décrocher, raccrocher, prendre 2 palettes à quai et de remonter à Dunkerque bah y’a un truc en moi qui craque. Sans compter qu’il faut se grouiller, il me reste 2h pour en faire le maximum car demain c’est vendredi et comme tout le monde j’aimerai retrouver mon petit chez moi.

07h40

tourner au coin de l'arbre...

DéDé à la ferme

séance d'élagage

j'ai pas l'option moiss-bat

sacré GPS

Vendredi 16

J’ai mal dormi sur ce bord de route vers Wormhout car hier soir il a fallu aviser au plus pressé pour se garer. Pas de douche, pas de vrai repas, du passage toute la nuit, réveillée par le froid. Bref je me lève du mauvais pied. D’autant plus qu’une fois démarré et passé la 5éme je m’aperçois du comble de la situation… 800m plus loin il y avait un resto routier !!! Grrrr
Dunkerque, aciérie, pont, bobine, sangles, routine. Rapide ce matin et c’est tant mieux.
Une ramasse à la sortie de la même zone, puis une autre qui me fait faire un crochet sur la région de Lille, c’est mort pour rentrer ce soir.
Au dépôt en début d’après-midi : vider, trier, attendre les collègues, recharger les bons lots. J’avoue que c’est un peu fastidieux car il faut à la fois charger à quai et latéralement, que la cour est vite pleine, qu’on a envie d’en finir au plus vite. Néanmoins la bonne humeur est là, au milieu des crises de nerf il y a de bons fous rires. On s’engueule, on se donne un coup de main, on boit le café, on râle, on est fatigués, mais on le fait quand même…
16h, je referme mon dernier cliquet de bâche, ouf, en route
Je plante le campement peu avant Troyes, pas trop la force de continuer. Demain il fera jour !

un marchand de patates

Samedi 17

On se grouille, on se hâte, putain que les 100 derniers km sont longs.
Pause-café en vitesse à 40 km du but, dans un petit rade où je me suis arrêté 2 fois en un an. Une fois un vendredi pour manger en vitesse, une seconde fois prendre le café en 10’ un samedi très tôt. Et bien le patron me reconnait, m’appelle même par mon prénom (il y a 6 mois je l’avais encore au pare prise). Et là de me raconter qu’un papy du village demande après moi à chaque fois qu’il vient. Le vieux m’a vu sortir du parking une fois et c’est un ancien Delta en retraite depuis une vingtaine d’années, La Pipe 59. D’ailleurs il a accroché sa plaque dans un coin du café, comme d’autres.
Je ne m’attarde pas et rentre pour 9h.

de retour dans mon fief

Dimanche 18

Lundi 19

Réglementation oblige je ne pars que vers 6h, ça ne m’arrange pas pour livrer mais il faut faire avec.
Ce matin il fait frisquet, au point de rallumer un brin de chauffage. La route n’a pas changé vers le Mont Blanc à part que plus j’avance et plus il fait gris. Je croise les doigts pour livrer avant midi à Saint Gervais les Bains, avec obligation de faire une coupure car c’est un peu juste en heures. A l’arrivée je pensais trouver un chantier mais il s’agit en fait d’un magasin de matériaux et je suis ravie. A peine descendue de la cabine qu’ un cariste arrive et je suis vidée en un temps record, ce n’est vraiment pas toujours le cas dans ce genre d’endroits où les clients passent avant tout.
Au tunnel je trouve un peu de neige fondue, d’ailleurs les sommets ont bien blanchi. Côté italien le soleil est de retour et une fois passé Aoste j’abandonne le pull. J’arrive pour 15h pour larguer une bobine, aujourd’hui il n’y personne dans la file d’attente. A la sortie de l’usine je prends la toute nouvelle déviation du village, bien pratique malgré l’enfilade de ronds points. A l’aller j’avais remarqué un attroupement de costard cravate à un carrefour encore en travaux. Au retour je suis stoppée net par la polizia qui fait la circulation. Un souci ? Devant moi on s’active à pousser un balisage et les gars en costumes se serrent la main, étrange scène… Et quand tout le monde se pousse et qu’on me fait signe d’avancer je percute : on vient d’ouvrir devant moi la dernière portion de route qui termine le contournement du patelin et j’étrenne le bitume tout neuf sous les d’applaudissements de quelques badauds.
Mes heures m’emmènent jusqu’à Carisio au grand restaurant. Il y a là ce soir une grande concentrations de français. Vu que je vais manger de bonne heure je me retrouve seule à une petite table. Et vu le ton des grandes tablées et les sujets de conversations je m’en réjouis.

quel temps de m...

première neige sur le Mont Blanc

lui il est prévoyant

Mardi 20

Traversée de Milan à 7h30, un bazar comme je n’en avais pas vu depuis longtemps. Du coup j’arrive presque à la bourre chez mon premier client. Le second clients et à 5 km mais dans la cohue qui persiste je mettrai presque une demi-heure. Rechargement à l’opposé de l’agglomération, méga boxon ce matin, je n’y suis qu’à 11h passé.
L’entrée de l’usine est surprenante et j’hallucine en voyant rentrer le camion qui me précède tellement c’est juste, disons qu’il faut vraiment avoir le compas dans l’œil pour ne rien accrocher (surtout le pare choc de la remorque dans le rail de sécurité). A quai c’est encore pire, je me retrouve à manœuvre entre un pilier et un frigo. Heureusement que d’autres chauffeurs viennent me porter main forte car j’ai le soleil dans les rétros pour corser les choses.
15h, route vers le Mont Blanc et je termine au Col de Ceigne. Le webasto va reprendre du service !

on moissonne les rizières

7h45, bienvenue à Milan!

entrée d'usine

Mercredi 21

Changement de remorque matinal sur Bourg en Bresse et retour sur l’Italie illico presto avec livraison rapide au passage sur Cluses.
Je tente le tout pour le tout pour poser une bobine d’acier au nord de Milan bien que cela me fasse arriver à 17h. Pour une fois je passe tout debout car il n’y a personne devant moi, et j’apprends qu’ici on réceptionne jusqu’à 19h. Le matin à l’ouverture parfois il y a pas mal de monde et la file d’attente remonte loin dans la zone.
A la sortie je retrouve un collègue qui est un peu ennuyé avec un tendeur de bâche défectueux, je l’aide un bon moment à sangler tout ça. Nous attendons nos instructions de rechargement qui tardent à arriver, pas de boulot nous annonce le chef et il nous préconise de trouver un bon resto pour planter un peu demain matin. On se concerte un moment et décision est prise de faire une vingtaine de km pour trouver notre bonheur car il n’y a rien plus prêt.
Nous voici donc embarqué sur la route de Lecco (SS36), sortie Costa Masnaga Nord, longer la 4 voie et juste après Daf il y a là le « Ristorante da Giovanna ». Douche de 20m2 gratuite, menu typique classique mais très bon à prix correct. On se retrouve avec une bonne bande de français habitués des lieux. Soirée fort sympathique.

remorque version paquet-cadeau

Jeudi 22

10h, mes instructions arrivent : chargement complet à Varese. Sur la route un bruit de moteur m’inquiète, genre fuite d’échappement. Hier j’avais bien remarque un léger bourdonnement quelques fois mais je pensais à une vibration de plastique. Là c’est plutôt une ruche que j’ai sous le capot ! Le levé de cabine ne donne pas grand-chose. Je file charger, et cette fois j’arrive du bon coté à l’usine. La dernière fois je me suis retrouvée aux portes du centre-ville dans des rues étroites.
On m’indique un parking 2 rues plus loin pour attendre 13h30. En effet quand je me pointe au hall de chargement on filme mes palettes. Je déteste ce chargement car il s’agit de palettes au format 90x90 qu’il faut gerber tout le long de la remorque. La hauteur totale arrive à 50 cm du toit et avec un vide de 30 cm de chaque côté. Bien sûr il ne faut pas sangler trop fort pour ne rien abimer. Néanmoins j’y vais de toutes mes force car la dernière fois tout avait viré à droite dans les bâches.
48 palettes plus tard et 12 sangles il faut encore faire de l’escalade pour aller poser les planches latérales tout en haut des ridelles. Cerise sur le gâteau un tendeur de bâche décide de ne pas vouloir rester en place à l’avant, sanglage supplémentaire. Je ressors en nage et remercie le manutentionnaire qui a bien voulu me donner un coup de main.
Je redescends sur Milan avec pour mission de passer dans une concession voir mon souci de fuite. La barrière de la langue est assez fâcheuse sur ce coup là, j’embarque avec moi le mécano pour un rapide tour de la zone afin qu’il pige le problème. Au départ il me parlait d’arrivée de gasoil…
A 18h on m’annonce le verdict : turbo à changer et réparation pas avant demain soir !
Le turbo n’ayant que 20 000 km j’ai un gros doute, mon patron aussi. On nous parle aussi de boulon cassé. Bref, décision est prise de ne pas pourrir ici et d’aller voir ailleurs. C’est donc tout tranquille que je prends la route du Fréjus, moins raide que le Mont Blanc, en restant captive aux bruits environnants. J’arrive ainsi sans problème jusqu’à Chambéry très tard.

je passerai pas la nuit ici

hall de chargement en sous sol

passe par la case garage

Vendredi 23

Passage au garage de Chambéry où je suis très bien accueillie et prise de suite. Rapidement on m’appelle pour me montrer la chose : un boulon de fixation cassé, et une pipe à changer. Bien sur rien en stock, je rentre et on verra ça dans le nord.
Je rentre doucement pour ne pas trop tirer sur le moteur d’une part, et deuxièmement pour préserver l’équilibre de mon chargement. Je sens le ballant dans les ronds points et le looping serai vite arrivé je le sens.
J’arrive pour 18h, soulagée, à la maison.

lui, pour sure qu'il a la moumoute sur le volant

premier jour de l'automne et la Côte d'Or prend ses plus belles couleurs

Samedi 24
Dimanche 25

Lundi 26

Départ 4h00, ça fait bien longtemps que je ne suis pas montée vers la région parisienne un lundi matin. Je retrouve la station d'Auxerre avec toujours la même serveuse, puis la route de Sens. Je reprends l'autoroute pour soulager mon chargement qui je le sens commence à s'affaisser contre les barres latérales. Au nord de la francilienne j'ai droit au méga bouchon, me faisant pâlir en regardant l'heure. Pour une fois que j'avais une confortable avance je vais finir à la bourre. Il est donc prêt de 11h lorsque je pointe à Senlis pour vider. Je crains la réaction des caristes mais tout le monde se met au boulot sans rechigner et à tirer délicatement mes palettes bancales pendant que je cours autour de la remorque à désangler au fur et à mesure.

Vide pour midi on me donne 2 enlèvements : Crépy en Valois où je n'ai que 15 minutes à attendre l'ouverture du bureau et un bled de l'autre côté de Compiègne dans une grosse boutique de chimie.

Je termine à 15h30 après avoir bu le café chez le dernier client en faisant les papiers. Bizarrement l'ambiance y était plus détendue que d'habitude.

Route vers le nord via Noyon et St Quentin où je stoppe pour une bonne grosse coupure.

ensemble La Flêche Bressane complet d'époque, dans son jus

Mardi 27

Debout avant l'aube pour rallier Cambrai, un peu trop tôt d'ailleurs car même avec la pause petit déjeuner j'arrive avant l'ouverture de mon client. Par chance la cours est déjà ouverte si bien qu'à 8h je suis déjà en place débâchée. Deux coups de fourches et l'affaire est faite, je rentre au dépôt prendre un nouveau lot pour la région de Béthune et taille la route. Ce matin le brouillard est omniprésent, j'aime pas ça.

A destination j'écarquille les yeux quand on me dit de reculer dans la cours, entre une file de voitures et un grillage. Régle n°1, ne jamais s'énerver, tout en douceur ça le fait mais soulagée une fois en place. A la sortie je perds du temps à cause d'une manif d'enseignants.

D'ailleurs à l'entrée de l'usine où je livre mon dernier lot je croise en coup de vent mon ami Luc le prof de mécanique. A quai l'accueil est des plus déplaisant de la part des 2 caristes qui me lancent un « non mais vous avez vu l'heure ? » A ma montre il est 11h47, j'ai 4 containers à vider. «On va encore se mettre à table à midi un quart hein ! » Heu… Quai relevé, papiers signés, je regarde l'heure en démarrant mon moteur : 11h56 et je vois les deux gars filer en courant vers le réfectoire. Désolant.

Je vais de suite sur les lieux de mon rechargement de l'autre côté de la zone. On me demande de patienter une bonne demi-heure avant qu'on s'occupe de moi, juste le temps d'ouvrir la remorque et de grignoter quelque chose en vitesse, nickel.

Suite de la journée : emmener mon DéDé chez Iveco et l'y abandonner au profit d'une autre monture que me ramène un collègue. Sur place j'attends juste deux petites heures… merci de m'avoir fait courir pour rien. Je prends donc la route vers 18h, la journée est bien entamée et je ne descends même pas jusqu'à Reims.

dans le brouillard

carte postale du nord: cimetière militaire à gauche, grande ligne droite, champs de bettraves et pyramides

cracra les vitres

très "sexy" comme déco

Mercredi 28

Aujourd'hui il n'y a qu'à rouler vers le sud donc c'est un peu un jour de relâche.

Le camion dont j'ai hérité est nickel comme neuf coté intérieur (je crois que le locataire habituel est parti et qu'il a été nettoyé) mais coté extérieur c'est une horreur. Du coup je fais laver à Chalon.

Je file vers Marseille mais l'informatique sonne le glas vers Orange, fin de journée

Prêts à prendre tout les risques pour aligner un mêchant chauffeur

la contrebande de chataigne s'organise...

la vie vue de derrière un volant

en voilà un beau camion tout propre

Jeudi 29

Livraison dans le quartier du MIN, mon instinct et l'avis éclairé de Mr Chouchen m'emmène direct chez mon client pour vider mon complet. Après une petite demi heure d'attente pour mes instruction me voila repartie vers Fos sur Mer pffff

A l'arrivée et à peine un pied parterre que mon voisin de parking vient me raconter ses histoires de routiers…

Bobine chargée assez rapidement pour une fois, à la sortie je vais à la cabane à frites du coin y déguster la spécialité internationale locale : l'américain steak frites mayo oignons salade. Un café pour compléter le chargement et roule vers la grande autoroute de Nice.

J'avance par trop mal, très bien même puisse que je tire jusqu'à Tortone.

destination: Magrehb

07h54, bienvenu à Marseille

Fos sur Mer, plage pavillon bleu...

Détour en Provence

Vendredi 30

En route 6h30, livraison vers 8h30 un peu avant Parme. Petite attente pour avoir mon rechargement, de plus mon téléphone fait un bruit épouvantable si bien que j'ai un gros doute si mes coordonnées. Je me fais confirmer le truc dès que je retrouve un peu de réseau potable et ce n'est pas une mince affaire. Saloperie de technologie.

Il est 11h30 passé quand je sonne au portail d'une petite entreprise de Maranello (région de Modena). L'accueil n'est pas très chaleureux et on me fait poireauter. Finalement à 12h10 on m'annonce qu'en fait il y a une seconde ramasse prévue à 50 km. Je saute de joie et mon chef aussi. J'attends à nouveau son accord (après négociation du tarif) puis encore un long moment que l'on me charge. C'est un peu le bazar, il s'agit du matériel pour un chantier et il en traine aux 4 coins de l'entrepôt. 14h30, je mets les voiles vers Reggio nell' Emilia.

Second enlèvement, l'accueil est plus cool mais on grince des dents quand je débâche: les collègues de Maranello n'ont pas été généreux en place et ça coince pour mettre tout le reste du matériel. On vide, on charge, on se gratte la tête, on dépile, on rempile, on cale, on redécharge, on recharge… ainsi jusqu'à 17h.

Je plie bagage en vitesse et traverse le bled à vive allure en essayant de retrouver la direction de l'autostrada. A mon cul l'idiot du village qui klaxonne à tue-tête et faisant coucou à tous ceux qu'il croise. Un grand malade du ciboulot. Et d'un coup un grand BOUM me stoppe d'en mon élan. Warning, frein de parc, moment de doute et « l'idiot » me dépasse en me faisant signe qu'il y a un souci derrière. Penaude je vais voir, une porte mal verrouillée dans l'empressement s'est ouverte jusqu'à claquer dans un poteau indicateur. Dans mon malheur j'ai de la chance : juste calé contre la porte en question il y avait 3 pots de peinture, ouf ils ne sont pas tombés !

Remise de mes émotions je repars, un peu plus doucement cette fois. Reste plus que 750km pour rentrer, on est pas à 5 minutes.

Stop à 20h30 à Carisio pour manger et dormir.

07h56, Piacenza

En porte char on peut faire de la bobine aussi

100% Made in Italia

Comment faire hurler la secretaire?

19h08, Alessandria

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