Mon Carnet de bord... Suivez mes aventures, semaine après semaine!

Juin 2007

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Vendredi 1 juin

Mission du jour: chargement complet au sud de Milan puis une bricole à enlever chez un transporteur au nord de l'agglomération. J'anticipe les bouchons en partant dés 6 h 30. Il me faut néanmoins 1 h 45 pour faire 60 km. Sur un disque, ça compte énormement. Il pleut des trombes, ça n'arrange rien. Je connais bien le quartier ou je charge, les quais de mon ancienne boite étaient à quelques rues de là. N'empêche que je n'arrive pas par le bon coté dans le bled et perds du temps inutilement. D'autant plus qu'il y a déjà la queue au chargement, c'est une énorme usine. Au guichet j'aide un chauffeur français à s'y retrouver, il me confie ne pas arriver à comprendre la langue. J'attends avec impatience mon tour. Vu le temps de chien, heureusement que le chargement se fait à quai, au sec. Cela ressemble plutôt à un groupage car il n'y a pas deux palettes du même produit, donc cela est un peu long à cause du contrôle de toutes les références. Les gars s'arrangent pour me laisser une petite place derrière. Les italiens comprennent bien ce genre de chose et sont généralement assez conciliants pour nous aider dans notre boulot. Je pense que c'est grâce à des choses comme cela que les transporteurs italiens s'en sortent mieux que les français. Je ne suis libérée qu'à 11 h 15 et monte prendre mon complément. J'arrive à midi, il me faut le temps de trouver mon quai et le bon bureau, on m'enfile ma palette le temps que je fais les papiers et à 12 h 15 je ressors. Efficace. Ne me reste plus qu'à rentrer via le Mont Blanc. Il pleut tout du long, c'est triste. J'arrive à 21 h sur mon nouveau parking pour le week end. Je sais que beaucoup de chauffeurs laissent leurs camions ici et que la place est comptée alors je me sers bien contre un talus.  

chaud à sortir de là

il est pas vieux ce panneau

Samedi 2 juin

nouveau parking pour le week end

 

repos 

Dimanche 3 juin

Lundi 4 juin

4 h je suis prête à partir et je m'aperçois que j'ai oublié mes papiers et mon téléphone à la maison. Ça commence mal. Doudou fait chauffer les pneus pendant que je monte tranquillement sur Beaune et il me ramène tout ça. Route habituelle sur Reims  avec coupure à Chalons en Champagne. Ça passe vite car je discute avec un chauffeur qui cherche des infos sur la boutique. J'ai mal évalué le temps de parcours jusqu'à mon point de livraison, au sud de Soissons, et arrive donc avec une petite demi heure de retard. Ça ne m'empêche pas de vider rapidement, et de recharger sur place avant midi. Et avec le sourire en prime, une boite bien accueillante. Je mange sur St Quentin puis passe au bureau. Direction Carvin pour poser une palette, je fais tout le tour de la ville pour trouver ma minuscule zone. En descendant du camion je saute à pieds joints dans une immense flaque d'eau, le cariste se marre, mon entrée est remarquée! En fin d'après midi j'ai Jack au téléphone, précédé de Patoche. Jack m'indique un parking au nord de Lille, tout proche de ma livraison du lendemain, ça me fera gagner du temps. Il passe me prendre vers 19 h, nous allons chercher Titi63 qui est aussi dans le coin et il nous emmène au resto du coin... chez Patoche et son mari boiteux, ils avaient mijoté le coup. On attend plus que Luc pour se mettre à table (les fonctionnaires sont toujours en retard, pour faire croire qu'ils sont débordés). La soirée, très chaleureuse se termine sur le coup de minuit. Je suis morte, mais heureuse.

le célébre soleil de Langres qui se lève dans la brume

Mardi 5 juin

Réveil douloureux à 5 h 15, la nuit a été courte. Grâce aux indications de Patoche et Jack je suis en avance à l'ouverture du magasin que je livre, tant mieux car c'est la bousculade. Le cariste veut me refuser une palette à cause d'un colis légèrement écrasé. Lorsque je sors l'appareil photo et lui demande d'ouvrir le colis pour voir l'état de la marchandise, il se ravise bizarrement. Après ça je m'accorde un petit déj à Roncq car il n'est pas 7 h. J'ai encore le temps d'arriver à mon premier enlèvement assez tôt. Ce n'est qu'à une vingtaine de km et une fois de plus j'ai le plan. Il me faut 3 tentatives pour franchir le portail après avoir escalader le trottoir d'en face et poussé les poubelles. Il s'agit d'une "entreprise adaptée" c'est à dire qui n'emploie que des personnes handicapées. Il y règne une bonne ambiance, on me propose de l'aide même si je n'en ai pas besoin. Après cela je repasse par Roncq prendre la taxe pour me rendre en Belgique, à une dizaine de km. L'adresse n'est pas très facile à trouver, je demande ma route deux fois. Je continue en Belgique dans la région de Mons, ou ça va nettement mieux pour trouver la boite ou je finis de charger. A midi je suis complet, je ne m'en sors pas trop mal. En route pour la descente par Maubeuge. Je me traîne derrière tout ce qui n'avance pas: convoi, plaques orange, tracteurs...  En début d'après midi j'aurai bien cédé à une petite sieste mais je prends mon courage à deux mains pour continuer. La coupure de 45 min me sert à prendre une douche. Il faut faire la queue car une seule douche est en état de marche sur trois; il n'y a donc pas de plombier dans le coin? Je tire jusqu'à l'entrée de Dijon, sur la nationale, pour trouver un endroit tranquille pour la nuit. Il est 20 h 30, pas besoin de signaler que je tombe comme une mouche.

autoroute belge en travaux

les suisses ont de l'humour

Mercredi 6 juin

L'avenir appartient à celui qui se lève tôt. A 8 h 30 je suis déjà à Villefranche. J'ai enfin l'occasion de doubler le fameux Stralis rouge et son plateau. Déception de voir que je ne connais pas du tout le chauffeur, certainement un ancien de la boite. Je vide un premier lot en périphérie de Lyon puis m'engage dans la vallée du Rhône. Vue que je devrait croiser SMX, je lui donne un coup de fil. Ça tombe bien il est en avance et me donne rendez vous sur Donzère. Une petite heure de papotte devant le casse croûte, un café et une photo, il faut y retourner. Merci Joël d'avoir un peu sur ton temps pour ce visu bien sympa. Cap sur Marseille ou je vide un deuxième lot en une demi heure. Il ne me reste plus qu'une livraison à La Ciotat mais je n'ai pas l'adresse. Avec un peu de chance je peux m'en débarrasser en fin d'après midi. Mon chef me donne un no de téléphone à contacter pour me rendre sur un stade, il m'informe aussi que c'est programmé pour demain, vers 9h. Donc je n'ai plus qu'à me rapprocher de la ville et trouver un parking. Je n'essaie même pas d'aller trop loin, cette ville ne doit pas être faite pour les gros culs. Je me pose sur une petite aire de repos à quelques encablures de la sortie. Il y a un point de vue magnifique sur la Méditerranée. Ça fait du bien de prendre l'air, je ramasse un bouquet de lavande. Mais je suis soudain prise d'une sensation malsaine et file m'enfermer dans ma cabine, rideaux à demi clos: l'endroit est plutôt mal famé, c'est un balai incessant de mecs seuls qui tournent... Je n'ose même pas m' aventurer du coté des toilettes, c'est la plaie. Sans dire que je me sens en insécurité, c'est insensé de ne pas pourvoir profiter d'un moment de liberté tranquillement. Le manège s'arrête enfin vers 21h.

je partage le parking avec Joël alias SMX

3 brins de lavandes pour mon Doudou, il adore ça

Jeudi 7 juin

A 9 h j'appelle mon contact qui m'explique le chemin, assez simple, puis je le prends à bord et il me guide à travers La Ciotat. Très joli, mais pas facile à traverser avec presque 17 m de long... Sur place un petit camion grue de la ville est réquisitionné pour prendre mes palettes une à une pour les reposer 100 m plus loin, cela est un peu long mais m'évite une grosse manoeuvre assez périlleuse. A 10 h 30 je me faufile pour ressortir de la ville, me plante et prends un sens interdit. Heureusement que la voie est assez large en cas de croisement!  Sortie de là je me rends à Fos pour un chargement de tôles. Le plus long est toujours l'attente au bureau. Je mets en colère le pontier car j'ai mal compris le bordereau de chargement et place mal la charge. Quand je lui demande de décaler la pile vers l'arrière il m'incendie. Heureusement que je ne comprends pas tout ce qu'il débite. Vers 15 h 30 je me dépêche de prendre la route de l'Italie, au milieu des orages. Alors que je fais un complément de gasoil à Brignolle je discute avec le patron d'un boite de transport du coin, venu faire de plein de sa BM, bien sympathique. Douche vers Fréjus, ça fait du bien. La Turbie est toujours aussi raide à grimper, j'aimerai bien la descendre un jour, mais faut pas se louper!  Coté italien je prends une demi heure pour manger puis continue vers Gênes puis remonte vers Milan. Je m'arrête avant l'entrée de la ville. Si j'avais pu disposer d'une heure supplémentaire j'aurai traversé pour éviter les bouchons du matin. Minuit, vite à la niche.  

ok, c'est pas le stade de france

joli mais pas large, et les cocotiers ça raye bien...  

Vendredi 8 juin

Ça roule pas trop mal, tant mieux car on est vendredi. Je vide mes tôles largement avant midi, à la satisfaction de mon chef. Les gars sont d'abord étonnés de voir une fille "faire" de la ferraille. Mais une fois grimpée dans la remorque et attaqué à tirer le toit puis les sangles, la barrière est vite tombée. On a même bien rit. Ça fait toujours plaisir de voir des gens de bonne humeur. Ensuite je file près de Novarra pour recharger (les petits paquets de tôles qui glissent bien). On me demande de ne pas perdre de temps car je dois décrocher avec un collègue qui doit rentrer en urgence chez lui suite à un problème. Manque de pot il est déjà plus de midi et il faut patienter jusqu'à 14 h. De plus le chargeur n'a pas l'air motivé et traîne pas mal. Avec le sangle et les papiers, je ne ressort qu'à 15 h 30. Désolée, je n'ai pas pu faire mieux... Je trouve sans peine le dépôt ou m'attends la remorque qui est déjà à quai en attente du chargement d'un groupage qui est long. Mon collègue, de l'Oise, m'explique qu'il vient de tout perdre l'inondation de sa maison, suite aux orages du matin. Difficile d'être loin de sa famille dans des situations pareilles, je lui souhaite bon courage. Le chargement se termine vers 18 h, mon amplitude ne me permettra pas de rentrer. Je m'arrête peu avant 22 h après Genève et mange à la cafétéria d'autoroute (j'ai épuiser mes réserves), celle ci est un peu moins pire que les autres. J'essaies de dormir pour être en forme en rentrant mais un camion est en panne sur le parking et le moteur tourne un bon moment.

nuage de polution au dessus de Fos

chargement de paquets de tôles

Samedi 9 juin

Je pars à 6h, solide petit dèj à Bourg en Bresse, et j'arrive à 10 h passé sur mon parking. Par chance il reste juste une petite place pour mon Gros. Avec Doudou on commence par aller prendre un café en ville, puis faut aller faire les courses car le frigo cri famine. Le week end va être court, mais je repense à mon collègue dans la galère.

Dimanche 10 juin

repos

Lundi 11 juin

Les départs du lundi sont toujours aussi durs. Aujourd'hui 5 h passé et route vers le nord parisien avec petite halte à Auxerre pour finir de me réveiller. Les bouchons de la Francillienne me font stresser, non pas que je sois en retard, simplement l'envie d'arriver assez tôt "au cas ou". La livraison est bâclée en une demi heure. Quelques colis déformés me valent une remarque sur le CMR, à priori à cause de l'humidité ambiante, pas ma faute. A peine sortie de la zone je fais demi tour pour y retourner: j'ai oublié mes barres d'arrimage sur le quai, quand on a pas de tête on a des jambes! Vers midi sur Roissy, Duduche me dit par téléphone que l'on s'est croisé, la tête dans le guidon je n'ai rien vu. Le flot des cuves de liquide que je transporte me berce à chaque freinage, c'est marrant au début, mais vite gavant. Après un petit arrêt casse croûte je suis à l'ouverture à ma deuxième livraison sur Compiègne. Usine de produits chimique oblige, le protocole de sécurité est plus long que le déchargement. Je ne sais pas ce qu'ils y fabriquent mais ça sent mauvais et je suis contente prendre le large et l'air frais. On me demande de rentrer à vide à Cambrai. Une semi à aller vider m'attend dans la cour. Surprise quant à la destination: mon passage dans le nord est éclair, je descends direct sur Montpellier. Avant de repartir je croise mon boss qui me dit s'inquiéter de ne pas entendre parler de moi, à mon sens c'est plutôt bon signe! On discute de mes vacances (15 jours, ayant débuté en novembre je n'ai droit qu'à 3 semaines) et négocie des dates qui nous arrange tout les deux. Fin septembre/début octobre, c'est ce que j'espérais. Au moment de se séparer il m'annonce qu'il m'a "augmenté" Chouette!!! Mes heures m'emmènent au nord de paris. 19 h dodo, demain on se lève de très bonne heure. 

sans commentaire

Mardi 12 juin

C'est à 4 h que je mets les voiles et passe paris sans lever le pied. Fontainebleau, Nemours, Nevers, Moulins puis détour obligatoir vers l'autoroute (payante bien sur) et descente jusqu'à Clermont Ferrand. Je demande la douche dans une station de la RN7, la caissière me répond sèchement que ce n'est pas possible "et que de toute façon y'a que de l'eau froide" Routier, passe ton chemin... Je fais donc ma toilette à l'entrée de Clermont Ferrand, en plus c'est gratuit. Puis je dévale l'A75 que je découvre. Avec seulement 6 tonnes de charge, c'est que du bonheur, des paysages à faire tourner la tête! Je rêvais de prendre au moins une fois le viaduc de Millau, c'est chose faite, mais je suis décue. Il est beau de loin, mais aucune sensation une fois dessus. Le plus grandiose reste le Pont de Normandie qui m'a toujours exaltée. Le Larzac est désertique, manque qu'une carcasse ou deux d'animaux et on se croirait au Far West. Ils auraient pu y tirer une autoroute toute droite au moins. La descente sur Lodève est géniale. Il ne me reste que 15 minutes de conduite lorsque je bifurque sur Montpellier, et tout est planté. Une bonne heure pour faire 5 km, je peste de rage. Je me retrouve plantée sur un accotement pour la nuit avec 10 h 30 de volant, c'est pas la gloire et ça me gâche cette belle journée. J'ai un mauvais pressentiment pour mes 2 livraisons de demain. Pas facile à gérer. 

c'est beau

superbe

Mercredi 13 juin

Je décolle pour être avant 7 h 30 chez mon 1er client à l'entrée de Montpellier. Je décide de commencer par celui là car il a pratiquement tout le chargement pour lui et récupérer le 2 ème lot me parait périlleux vu sa position. Le client ouvre bien dès 7 h 30 mais il faut attendre 9 h passé pour réussir à entrer dans la cour. le déchargement est long car compliqué et acrobatique. Il faut ruser et maintenir la marchandise qui ne demande qu'à s'écrouler lorsque je retire les barres de maintient et les sangles. Heureusement que le cariste est habile et a de l'expérience avec ce genre de problèmes. Je ne ressorts qu'à presque 11 h. Entre temps des voitures se sont empilées sur le trottoir ainsi que d'autres camions qui attendent la place, il faut donc faire bouger tout ce petit monde en ordre pour évacuer les lieux. Le 2ème client, un chantier, réclame sa marchandise depuis le début de matinée. J' y suis rapidement grâce au plan trouvé sur le wap. Il me faut cependant trouver l'entrée du chantier, qui ne me rassure pas trop vu que je n'ai pas beaucoup de garde au sol. Je préfère m'arrêter sur un parking proche et appeler le no de portable qui figure sur mes papiers. 2 minutes plus tard un engin récupére le fardeau. Il est presque midi et la journée n'est pas terminée, direction Marignane ou je fais l'ouverture de 14 h. L'enlèvement est rapide, me permettant d'être pour 14 h 45 à l'accierie de Fos. Là, ce n'est pas le bon jour, l'informatique a décidé de faire des siennes, il faut 3 h pour charger une bobine. L'attente se fait en plein cagnard, un banc pour 20 personnes, ça grogne dans la file d'attente et y'a de quoi. J'aide un jeune italien à s'y retrouver. Il roule depuis peu et c'est son 1er voyage en France. Vu que l'on sort en même temps dans la même direction, il me demande de l'attendre pour ratrapper Aix, il a peur de se paumer. Il me promet un café coté italien, dommage je fait un crochet sur Brignolle pour mettre du gasoil. Il me faut encore rouler puis trouver une place pour la nuit. Vu l'heure c'est la grosse galère, pas la moindre place sur les aires ou les files de camions s'étendent sur les bandes d'arrêt d'urgence. Les plateformes de péages dégueulent aussi de poids lourds échoués en vrac. L'amplitude est rapidement dépassée et je trouve place sur un refuge coté italienvers 22 h 30. 

déco voyante mais originale

Pour voir Luc à st Trop', c'est mal barré

Jeudi 14 juin

Dès 7 h 30 c'est reparti vers Turin. Je lâche ma bobine avant midi puis le reste à 14 h un peu plus loin. Les gars sont peu aimables, bien que je n'ai que 5 colis à vider, on me dit de faire la queue. C'est un roumain qui me cedera sa place, heureusement car il charge un complet de rouleaux de tissus en vrac! Puis je me dépêche de monter au nord de Novara pour essayer de faire le rechargement avant la fermeture. Peine perdue, la machine n'est pas prête, et de toute façon c'était prévu pour le lendemain. Mon chef s'alarme lorsqu'on me parle de charger l'après midi, le patron de la petite boite me rassure et me parle de la fin de matinée. C'est pas gagné. On me propose le fond de la cour pour la nuit, cela me va très bien, vue sur les bois et loin du bruit. A 18 h 30 le patron vient me demander si je ne manque de rien. Je lui demande juste un point d'eau pour faire la toilette. Ma serviette sous le bras je le suis à travers sa petite usine. Au passage il m'explique les bécanes qu'ils construisent, c'est dans ce genre d'endroit que j'aurai pu travailler si j'avais poursuivi en automatisme industriel. Ils s'excuse que les vestiaires ne soient pas propre à cette heure et m'invite à prendre une douche dans la salle de bain qui se trouve dans son bureau. Merci, c'est sympa. A ma sortie il me précise avoir prévenu le gardien de ma présence, et en cas de besoin, ne pas hésiter à aller le voir. Il est courant en Italie d'avoir un gardien qui habite un logement dans l'usine. En fait il s'agit d'une gardienne, Rita, la cinquantaine, dont le mari travaille sur place. Je fais sa connaissance car vers 21 h elle vient me chercher pour boire le café grappa chez elle, quelle gentillesse! Je regrette de ne pas mieux m'exprimer dans sa langue, ce qui limite un peu la conversation. Promis, je vais m'y mettre sérieusement. Il est tout de même prés de 23h lorsque je retrouve ma couchette.

pourvu qu'il n'y est rien en face

ouf, y'a rien 

Vendredi 15 juin

Je me prépare tranquillement pour 9 h. Rita m'invite à prendre le petit dèj, elle a spécialement été chercher des brioches "alla crema", je m'en lèche encore les doigts! Elle me propose aussi de gouter ses pâtes maison à midi avant de partir... Le patron me dit que je vais charger vers 11h, ce qui ne fait pas trop de doute de mon coté, par contre mon chef trépigne de l'autre coté du téléphone, sûrement la crainte du plan foireux. Effectivement à 11 h on s'active autour du camion, le plus gros morceau de la machine est chargée au pont roulant, ça passe juste, on est 6 personnes à le guider au centimètre prés. Puis il reste tout les autres éléments, beaucoup en longueurs, qu'il faut caser sans perdre de place. L'ingénieur venu donner la main se gratte la tête, calcule, émet des hypothèses... Je lui soumet mon idée, qui finalement est la meilleure! Le chef d'atelier lui se fait du souci pour l'arrimage. Je mets en pratique tout ce que j'ai pu apprendre en matière de sanglage, le chef parait satisfait après avoir rajouter quelques cartons de protection par ci par là . Entre temps ils m'ont demandé 30 minutes pour manger, je leur ai accorder. Je suis resté tranquillement à faire de même dans ma cabine malgré leur invitation à les accompagner. A 14 h 30 je suis enfin prête pour le départ vers la maison. Le tout n'est pas bien lourd, je grimpe rapidement au Mont Blanc. Néanmoins je vérifie le sanglage avant de prendre la descente, rien n'a bougé d'un poil. J'y vai piano dans les courbes, on serai décu de moi s'il y avait la moindre griffe sur la machine. 21 h je stationne à Chagny, vive le week end!    

rouler en convoi ne dispense pas de tenir ses distances

là bas où le soleil se couche c'est chez moi  

Samedi 16 juin

repos

Dimanche 17 juin

repos

Lundi 18 juin

Pour une fois je démarre au grand jour à 6 h, faut dire que le soleil est matinal en ce moment. Route vers Paris avec pose à Nemours, ça change un peu. Je suis en forme et arrive même avec une demi heure d'avance à la livraison dans une grosse usine aéronautique de la région d'Amiens. Les techniciens qui installent la machine que j'amène arrivent en même temps au poste de garde. Il va de soi que le contrôle est stricte: adresse, nombre de dents, etc... j'exagère un peu mais n'empêche qu'à présent je suis fichée. J'explique d'emblée qu'il faut un pont pour vider, on me dit que c'est impossible, il faut trouver une autre solution. Les fourches du chariot sont bien sur trop courtes et interdiction d'utiliser un engin à bras télescopique. Je finis par m'énerver tout rouge. Pour avoir recourt au pont il faut passer par un agent de sécurité, qui demande à un responsable, qui nous envois le pontier, qui lui même doit avoir l'accord de son chef... En laissant un peu plus d'initiatives aux gens il y aurait des gains de temps inimaginables, et des économies évidentes. Bref, une heure plus tard je manoeuvre sous un pont ultra moderne, le pontier n'est pas violent avec son joujou. La manip se déroule encadrée par un gars de la sécurité, la confiance règne. C'est finalement à 16 h que je suis enfin libérée. Le gardien est adorable en me donnant l'accès aux sanitaires du poste de garde, car dans ce genre d'endroit hyper sécurisé c'est limite si on nous accorde un verre d'eau en pleine canicule. Puis je file sur Hesdin pour le rechargement. Arrêt goûter en route car la fatigue arrive. Le chargement se fait dans la bonne humeur, les caristes m'appelle par mon prénom, je commence à être une habituée de la boite. Ce signe de reconnaissance est toujours sympa. Séance acrobatique pour passer des sangles au ras du toit avant de m'en aller vers 19 h. Vu que ça roule bien je pousse jusqu'à l'entrée de Roye. J'ai mal aux dents depuis un peu moment, je n'ai pas très faim, je cachets ne me font pas trop d'effet, j'ai du mal à m'endormir.

Mardi 19 juin

Dés 6 h je suis en service. Gasoil à Roye, café avant de prendre l'autoroute. J'ai toujours mal aux dents. Paris est un enfer, 2 h pour traverser, ça me met de mauvaise humeur. Je passe le reste de la matinée au téléphone à chercher un dentiste qui consulte le samedi: pas moyen. La douleur s'amplifiant je finis par en pleurer. Doudou vient me chercher à La Rochepot et m'emmène chez le dentiste du coin: j'obtiens un rdv  un samedi de la mi août, no comment. Je me rabat sur la pharmacie pour un anti douleur. Une douche en vitesse et un repas pris à la volée, j'ai encore de la route. Je m'arrête aussi du lavage, le camion est trop crade. Sur l'A 7 ça roule nez contre cul, je déteste ça. A bout d'heures sur Valence toutes les stations sont pleines, je trouve place sur un parking à hauteur de Livron. Une chance que ma douleur aux dents se soit estompée, cela m'a vannée. Les étiquettes à 10 m des voies de circulation, sans compter les trains... ; vais tenter de dormir.

Mercredi 20 juin

Départ sans grand enthousiasme à 7 h. Il est 9 h passé quand je débarque sur Marseille. Le déchargement se fait dehors sans un poil d'ombre, je m'accorde 10 minutes de rafraîchissement au bar d'en face dés que c'est terminé. Mais pas question de traîner, il faut être au plus tôt à l'aciérie de Fos. Inscription , il y a déjà 6 camions devant moi. J'avale un sandwich dans la file d'attente. Je discute avec le chauffeur qui est juste devant moi et arrive Régis (avec qui j'ai fait un voyage il y a quelques mois), puis Paulo se joint à nous.Ne trouvant pas de machine à café, le 1er chauffeur sort la cafetière et régale la troupe. On fait salon sur les piles de tôles, la scène est un peu cocasse mais sympa. Paulo me dit qu'il a aussi un autocollant FDR sur son tracteur, c'est un discret mais fidèle lecteur du site. Le chargement est relativement rapide pour une fois, nous sanglons en coeur nos paquets sur le parking. J'attends Régis pour partir, nous avons la même destination en Italie. Douche dés que possible puis complément de gasoil. Ça bouche sur Nice, je termine mes heures bien avant Gênes vers 22 h sur un parking qui me semble calme. Mais arrive une dépanneuse tirant un camion, ça joue du marteau pendant assez tard. Puis un camping car avec deux pipelette s'installe sous mes vitres... Il fait chaud et si j'ouvre gare aux moustiques!

Paulo, adepte du site et pro de la sangle

Régis de chez Nabucet, en plein boulot

Jeudi 21 juin

En route peu avant 7 h, capuccino brioche après Gênes, et tout debout vers l'est milanais sans lever le pied, si ce n'est derrière un magnifique mille patte qui me traîne quelques kilomètres à 60. Régis est déjà chez le client, il a été plus rapide (de peu). le manutentionnaire me raconte ses prochaines vacances au pérou pendant qu'il me vide. Ça fait plaisir de voir quelqu'un de joyeux. Je reprends la route à midi et jongle avec les voitures à la traversée de Milan. Il me reste juste le temps d'avaler un bout et préparer mon calage avant l'ouverture du client. Je suis fatiguée, il fait très chaud et il y a du bruit, je ne supporte même plus  le ventilo de la clim. j'attends patiemment mon tour sans grande conviction. Heureusement qu'un collègue arrive, la papoter fait passer le temps. Il faut ouvrir les deux cotés de la semi, bagarrer avec planches et sangles, soulagement lorsque tout est terminé, j'ai du perdre 3 l de sueur. Un autre collègue se pointe, s'il n'a pas le temps de charger ce soir, c'est moi qui m'y collerai demain matin. Finalement ça le fait, je reste avec lui le temps qu'il charge à son tour. sa bonne humeur me redonne le moral, me faisant ainsi oublier ma fatigue. Vers 18 h j'obtiens mes consignes pour demain: grasse matinée, ça me va très bien! Douche obligatoire à Novarra, puis je trouve une place au calme dans une station service à une dizaine de km de mon client demain. Doudou me donne des news de la maison par téléphone, ça fait du bien. Subitement un flash intense suivi d'un coup de feu fait trembler la station, la foudre vient de s'abattre de l'autre coté de l'autoroute, belle frayeur! La pluie arrive en trombes, une demi heure plus tard je peux enfin ouvrir la cabine en grand et laisser rentrer la fraîcheur, quelle délivrance.  

regardez l'immat du tracteur

Vendredi 22 juin

J'arrive à 10 h 30 chez le client pour compléter ma remorque. La destination de la marchandise n'est pas claire, il faut donner des coup de téléphone pour s'assurer qu'il s'agisse du bon lot. J'en charge une bonne partie de suite mais il faut attendre 14 h pour avoir le reste, tant pis. La manoeuvre de sortie m'occupe un moment, tout se joue au centimètre, j'avance et recule une bonne dizaine de fois pour décaler progressivement le cul de la remorque sans rien toucher. Le genre de chose qui demande de rester très calme et patient. Je fais une halte dans la montée du Fréjus pour le café. J'y fais la connaissance d'un jeune, un nouveau collègue. Ancien chauffeur de frigo comme moi, nous nous trouvons pas mal de points commun et nous restons un bon moment à discuter. Mon chef m'informe que la semaine prochaine je parts en formation ADR (pour transporter des matières dangereuses). Cela ne m'enchante pas plus que ça, j'ai peur de m'ennuyer... Je rentre tranquillement vers Chagny. 22 h 30 je coupe le moteur, ça fait du bien quand ça s'arrête. Doudou a été chercher des kébabs, c'est cool. Je suis contente de retrouver ma chaumière et surtout le calme.

défaut de la vitre devant le rétro, les reflets

Samedi 23 juin

Dimanche 24 juin

Lundi 25 juin

A 4 h précises je sors mon gros sac du coffre de la voiture, et là éclate un gros orage. Le temps de grimper derrière le volant que je suis triplée, ça commence bien. J'ai pris un abonnement sur Paname le lundi matin. En milieu de matinée je pointe chez un petit transporteur du nord parisien. Le manutentionnaire est d'une gentillesse incomparable, ce qui devient rare le lundi matin. J'ouvre ma bâche, je lui donne un coup de main à reposer les bouts de la machine sur des cales pour gagner du temps. Du coup il m'offre le café. Puis je file en banlieue est de Lille. Avec la pause déjeuner j'arrive à l'ouverture de 14 h. Le débâchage complet est spectaculaire, le vent qui souffle en rafales soulève les bâches à l'horizontale. Il faut viser juste pour les attraper et les tirer, sans se prendre les attaches métalliques en pleine figure. On a pas trouvé mieux que de mettre l'aire de déchargement dans la zone la plus en courant d'air. Pour finir je me prends une bonne rincée au moment de refermer. Je n'ai plus qu'à redescendre sur Lesquin avant les premiers bouchons de la fin d'après midi. Une fois que j'ai mon programme de demain je continue sur Dourges pour la nuit. Lagaffe me laisse un message, il vient de passer devant moi et va casser la graine à quelques km. Luc me confirme la chose car il va le rejoindre. Désolée les gars, je suis trop fatiguée. Je pique du nez sur mon bol de soupe.

Mardi 26 juin

J'ai bien fait de partir tôt pour trouver mon adresse sur Béthune: je tourne un moment avant de trouver car il faut prendre une interdiction PL. Ma commande est passée aux oubliettes, je dois patienter jusqu'à 10 h. Je remonte sur Lesquin, casse la croûte en attendant mon adresse exacte de chargement. Je trouve la zone sans problème, mais pas l'enseigne. Au bar du coin personne n'arrive à me renseigner, je rappelle le bureau: en effet cela est plus connu sous un autre nom... A quai deux gars s'activent à me charger avant la fin de leur service. Il s'agit d'un groupage de chez Vrac et Pèle Mêle, je prends la précaution d'inscrire des réserves sur les documents tellement l'équilibre de certains colis est instable. Je rentre au dépôt, le transbordement du groupage m'occupe un moment puis je pose la remorque. J'ai finit ma journée, petit toilettage intérieur de la cabine, je range soigneusement mes petites affaires.

Mercredi 27 juin

De bon matin j'abandonne le Gros au profit de la vieille Clio de la société. Je pars au centre de formation de Valenciennes pour suivre une formation ADR (transport de matières dangereuses). Nous ne sommes que 7, le formateur est sympa, tant mieux. En fin de journée je vais prendre ma chambre à l'hôtel voisin. Ça fait bizarre d'avoir du temps libre et de ne pas savoir quoi en faire. Il flotte, c'est triste.

Jeudi 28 juin

Dans le groupe nous ne sommes que 3 routier "zone longue". 2 sont débutants, les 2 autres tirent des bennes à déchets dans la région. On sent bien que ces deux derniers sont d'un autre monde bien étranger à la route. Ils ne prennent jamais aucune décision ni initiative, tout est cadré. Pour la moindre question ils passent par leurs délégués, des moutons. mais au moins il sont à l'abris de tout coup dur, vu qu'ils sont déresponsabilisés de tout. avec eux pas question de faire 2 minutes de rab...

Vendredi 29 juin

Manipulation d'extincteurs sous la flotte, ça caille vraiment je n'ai pas quitter le pull depuis mercredi. La formation se termine, à priori j'ai réussi le test final. Ça fait peur comment j'ai hâte de me trimballer une plaque orange au cul. Je suis de retour à la boite vers 17 h 30. Une bonne et une mauvaise nouvelle m'attendent. La bonne: une remorque est chargée pour descendre et le Gros m'attend. La mauvaise: la sellette est foirée, j'ai rendez vous au garage demain matin à Lesquin. Trop dangereux de rouler ainsi. Youpi. Je pose des sangles dans la remorque que je dois prendre. Quatre énormes pièces métalliques (environ 5 tonnes chacune) sans calage par l'avant ni entre elles, je n'aime pas trop ça. Il flotte toujours, je monte en solo jusqu'à Dourges. J'aime pas conduire sans remorque, qui plus est quand c'est mouillé. Ça patine à chaque accélération, et glisse au freinage. consolation: j'aperçois Luc le temps de grignoter un bout (dont le décor est sympa, on se croirait dans une ancienne brasserie).  

Samedi 30 juin

La sellette est bel et bien morte, le mécano parle d'usure, surprenant et surtout dangereux. En fin de matinée je passe prendre ma remorque et en avant vers la maison. Ca roule beaucoup, je réalise que c'est les premières migrations vers le sud. Je ne compte pas le nombre de coups de frein à cause des voitures qui coupe devant mon nez, et les caravanes qui se rabattent trop près. J'arrive enfin vers 19 h 30, mon chargement à un peu bougé, quelques sangles ont cassées (déchirées), j'ai la HAINE.