Mon Carnet de bord... Suivez mes aventures, semaine après semaine!

Novembre 2007

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Jeudi 1


Grasse matinée jusqu'à 9h puis grand nettoyage de la cabine. Finallement elle était moins crade que je ne le pensais, je suis contente de moi. Je profite que la connection internet soit excellente pour surfer. Vers 15h l'ami Pingouin vient me dire bonjour avec sa petite famille, bien sympa la petite troupe. Puis j'écrimon carnet de bord, ça occupe un bon moment.

Avec Mr pingouin

Vendredi 2

Amplitude 12h, conduite 8h45, 681km.

Je profite que la plateforme que je livre soit ouverte de bonne heure pour me débarrasser de mon lot. A 7h je suis vide, néanmoins le contrôle est long à cause du nombre de références. D'ailleurs il y a une erreur et du manquant, je fais bien spécifié que la palette était sous bande de garantie. A 8 h je peux enfin mettre le cap sur l'Italie. Pas beaucoup de poids lourds en vue, par contre c'est la pagaille des touristes à Vintimille, les douanes ne vont pas chômer aujourd'hui. On m'annonce que je vais "à la ferraille" à Turin, j'avais espérer mieux. Alors que j'entame ma coupure pour casser la croute avant d'aller passer l'après midi dans l'usine, on me rapelle pour savoir quand je peux y être. Vu le peu de chargements prévus, les caristes sont pressés de finir. Bref, je vais chercher un énorme panino à manger en route et arrive à 13h à l'usine. 60 minutes chrono en main j'en ressorts, la preuve que quand ils veulent... N'empêche que je n'ai pas assez d'heure pour rentrer, je plante à l'entrée de Lyon avant 19h.  

Samedi 3

conduite 2h30, 191km

A 4h je suis partie, pose pipi à la sortie de Lyon, café croissant à Tournus, gazoil à Chalon, parking à 7h30

Dimanche 4

Lundi 5

Rien ne m'ennerve plus que de me lever à 2h avec 4h de réel sommeil pour partir à 3h. Pour bien faire il aurait fallut partir encore plus tôt pour éviter le brin sur Paris. Et ce matin, c'est vraiment la merde pour rejoindre Versailles et l'autoroute de Normandie. Je ne parle pas des interdictions, je n'ai pas de temps à perdre avec ça. Arriver à 10h dans une usine pour vider un complet de ferraille avant midi, c'est compromis. Je suis en rogne car je sais qu'il y a du boulot derrière. La chance me sourit car je suis la seule à vider et le pontier n'est pas un manchot, il prend même les paquets 2 par 2. J'aurai même pu faire une première ramasse à une dizaine de km, mais le portail de l'usine est coincé et ça n'affole personne. Le temps de trouver la clef, il est midi et les gars partent à la soupe. A 13h on me charge, puis je fais une seconde ramasse dans le secteur, chez un transporteur que je connais. 15 h, je remonte vers le nord, ça roule très bien à cette heure. Il faut impérativement que je passe au dépot compléter, tant pis, je prends l'autoroute sur la dernière portion. J'arrive avec 9 h 57 de conduite à 18h. Ma palette n'arrive qu'à 19h, je suis morte. 12h de travail réel.

vue sur la Seine

Mardi 6

Départ  6h45 pour être à 8h au nord de Valenciennes (avec le petit dèj en route). Première livraison en 15 minutes, la deuxième est plus longue car il s'agit d'un gros chantier mais un seul camion ne peut rentrer à la fois. En sortant, celui qui était devant moi me dit de faire gaffe, c'est boueux, mieux vaut reculer franco pour ne pas rester embourber. Merci de l'info. Non seulement c'est boueux mais aussi bien défoncé, j'aime pas ça du tout. En travers de l'avenue je prends mon élan pour viser le portail, le chemin puis la grue. A droite une palissade, à gauche divers tas de matériaux en vrac. De gros spots éclairent l'endroit, et vu que mon rétro de droite est derrière une vitre fixe, le reflet m'empêche d'y voir quoi que ce soit. Dans la manoeuvre j'entends craquer, j'ai arraché un coin de mon parechoc dans un trou, je suis furieuse. J'ai du mal à ressortir du trou, j'hurle. L'accueil par LA chef de chantier est sec "qu'est ce que vous venez faire ici?"... Forcément on ne peut pas vider à la grue et il n'y a pas d'autre engin, les gars se coltinent à me vider à la main. Il me reste une livraison à Roubaix que je fais de justesse avant midi. Pas le temps de flâner, je monte sur Dunkerque commencer mes rammasses. J'ai juste le temps d'avaler un sandwich avant que l'usine n'ouvre puis je retourne sur Valenciennes faire deux enlèvements. Le dernier est un peu long à mon gout, on me fait comprendre que passé 17h qu'il n'y a qu'un seul cariste. 20h je suis au dépôt, décroche, range mes affaires (barres, balai, sangles) et vais dormir à mi chemin du garage pour ne pas avoir Cambrai à traverser demain matin à l'heure de pointe. Il est 21h15, 13h de travail réel.

un chantier que je déteste

Mercredi 7

J'arrive à 7 h 35 au garage, sort la remorque de sur la fosse, en mets une autre à la place, reprends la première. J'en profite pour demander du lave glace et des ampoules au mécano qui me donne aussi de nouvelles protections en cahouchou pour les sangles. Il m'offre un café, je lui explique penaude mon coin de pare choc cassé. Je redescends au dépot charger des masses pour passer la remorque aux mines. J'ai une sainte horreur de rouler sur une fosse, aujourd'hui je suis servie. Ensuite je pensais reprendre la remorque chargée la veille mais non. Débarrassée des masses je prends quelques palettes à quai puis monte sur Lens puis Arras. Avec ma chance la dernière ramasse se fait à trois quais différents si bien que je ne prends la route de la descente qu'à 15h. Je suis un peu desespérée et surtout fatiguée. Je n'en peux plus. D'autant plus que ma destination finale est un peu trop loin pour vendredi. 22 h 15, je coupe à Dijon. 13h de travail réel.

les cantonniers de Valenciennes ont la forme

Jeudi 8

Le réveil est particulièrement dur ce matin. Gazoil douche à Chalon, pas le temps de laver le camion. Route vers le Fréjus. Bien que je n'ai pas de plaques oranges je dois déclarer 300 kg de poudre toxique au tunnel. Un convoi vient de partir, j'attends 1h le prochain. Je me débarrasse de deux palettes sur Turin chez un transporteur. Je n'ai pas d'adresse, je sais seulement que ça se trouve à l'interporto. Sauf que c'est un peu plus grand que le centre routier de Cambrai! Un chauffeur m'indique dans quel coin chercher, ça m'aide bien! 17h, je poursuis sur Milan après une pause café. Ca roule mal sur la tengenziale ouest de la ville, tant pis. A 20h je suis devant le resto d'Antonello, au diable l'avarice je m'arrête manger. Le parking est très petit mais pour une fois les camions sont bien garés. Par contre je suis obligée de me mettre en vrac au milieu, ça fait tâche! La mama est toujours derrière la caisse, je me demande si elle a bougé depuis la dernière fois. L'endroit est assez typique. Sur Milan, nombreux sont les resto tenus par des familles "immigrées" du sud. Je me régale de pâtes aux brocolis et anchois puis d'un carpaccio avec des copeaux de parmesan, arrosé d'huile d'olive et d'un jus de citron. Les légumes sont en buffet, aubergines grillées et salade "mixte" (mélange de salades et crudités). Un café. 12 euros, c'est la moyenne. Craignant d'être dérangée par les autres camions, je vais dormir dans une zone voisine que je connais bien, devant mon ancien dépôt. Mon disque est cuit pour aujourd'hui. 10h30 de travail réel.

ma couette bien aimée 

Vendredi 9

7h je me mets en route avant la cohue du matin. Je m'arrête prendre mon capuccino brioche à l'une des nombreuses stations service/bar qui bordent la nationale. C'est bien pratique, cela n'existe pas en France. A 8h je suis chez mon client, je n'ai qu'à ouvrir un coin de bâche pour qu'il descende sa palette, à 8 h 15 je repars. Je poursuis la nationale jusqu'à Brescia puis la région de Vicenza pour vider le reste. Il y a pas mal de monde mais les caristes s'activent, à 11h45 je prends mes ordres de chargement. Manque de bol il va falloir encore pousser plus loin (pas dans le sens de la maison). A l'entrée de la zone industrielle je croise un collègue. Il m'explique que le client est con à trouver, il a du demander plusieurs fois sa route. Du coup il fait demi tour pour m'y emmener, c'est vraiment sympa de sa part. En effet il faut faire tout le tour de la zone, prendre un sens interdit pour arriver dans le bon sens, et rentrer sur un chantier pour avoir accés au magazin... Les gars me font rentrer directement, cela me laisse une petite demi heure pour ouvrir la semi et disposer mes sangles. A 15h je ressorts, attentionà mon coin de pare choc restant et les béquilles dans le chantier. J'ai la dalle et dévalise l'étal de la première station en panini. Ca roule vraiment mal à partir de Vérone, il me faut 1h30 pour faire 20 km au nord de Milan. Résultat je stoppe à 20 h 30 à Novara, passablement stressée et fatiguée, la nuit va encore être courte pour essayer d'avoir un pseudo week end. 13h de travail réel.

Entrée cahotique

Samedi 10

A 5h debout, même l'eau froide a du mal à me réveiller. 5h30 je suis en route pour la maison via le Mont Blanc. Je prends du plaisir à dévaler le versant français, il y a de la neige et c'est magnifique. Je suis un vieu tacot qui descend tranquille, le chauffeur ne met aucun coup de frein sur 13 km de descente sinueuse. Je le double sur le plat, le chauffeur n'est pas tout jeune non plus!  Sur Bourg il tombe de la neige fondue, la mauvaise saison commence. 14h je pose l'ensemble, je l'ai assez vu cette semaine! De plus ce soir il y a resto avec mes anciens collègues, dur de tenir le choc! Mais quel moment de bonheur de tous se retrouver autour d'une table bien garnie.  7h30 de travail réel.  Bilan de la semaine 70h de boulot.....   

Dimanche 11

Lundi 12

Départ tranquille à 7h pour livrer à 13h30 à Soissons puis recharger d'un complet de pâte à papier  à Chateau Thierry. Tout cela se fait bien malgré un peu d'attente dans la dernière usine, j'étais largement en avance sur mon rendez vous. Je roule vers Boulogne sur Mer, et termine mes heures à 21h peu avant St Omer sur une station d'autoroute ou miraculeusement il y a de la place.

la gare de marée de Boulogne

Mardi 13

6h30 je tire les rideaux et dans mes rétros je vois mes portes de semi grande ouverte. Stupeur. J'enfille mes chaussures mais ne sais pas ce que je dois faire, il y a plein de monde au cul du camion!!! Le temps de descendre les portes sont refermées et je me trouve nez à nez avec un gendarme qui m dit de ne pas m'inquiéter, il vient de faire descendre 5 clandestins... Merci monsieur, la prochaine fois je cadenasserai mes portes! Un café et je file sur Boulogne. Je n'ai pas trouvé mon adresse sur mappy, fait le tour de la zone portuaire et vais demander au poste de douane. Réponse "c'est de l'autre coté, mais ça tombe bien, on y a va, suivez nous" quelle chance! Le déchargement, après avoir trouvé le bon entrepôt, est fait en 3 coups de pinces. Nostalgie en passant devant la grande gare de marée, c'est mardi, jour de gros départs,il y a foule. Je descends à Hesdin avec une petite pause café en route. J'attends un moment qu'un cariste s' occupe de moi et charge sous une pluie glaciale. Mon grand coupe vent avec capuche me protège bien, mais c'est pas la gloire non plus. 13h, papiers en mains, je repars direction le grand sud. Ralentissements sur la région parisienne. J'expérimente l'autoroute de Melun à Sens puis Auxerre par la nationale, et route habituelle. Le temps est le même, autant d'autoroute, mais meilleure route. Il me manque 45 minutes pour rentrer à la maison, je coupe à 21h un peu après Saulieu. Il fais bien froid et la neige se mêle à la pluie, j'aime pas ça. 

remorque de papier cramée

Mercredi 14

Pas de neige, sauvée. Une bonne douche et je lève le camps à 6h. Gasoil à Chalon, hors de question de prendre le temps de laver, on m'attend  en début d'après midi à Marseille. Pas mécontente d'arriver à 14h30, la place est libre donc je vide aussitôt. Pas de mystère pour la suite, je vais prendre une bobine d'acier à Fos, ça faisait longtemps! Je sympathise avec un chauffeur de ma région, à 17h je ressorts dejà de l'usine, ills ont bien améliorer leur système. Dans l'histoire je n'ai même pas eu le temps de terminer mes 30 minutes de coupure sur place! Je ne roule que 9h pour me garer dans la zone industrielle de Brignoles. A cette heure, pas la peine d'aller chercher une place sur l'autoroute.

passe pas inapercu lui

Jeudi 15

Après mes 9h de repos je reprends la route vers l'Italie. Je passe Nice de bonne heure, avant les bouchons. Il neige à hauteur de Monaco, décidemment c'est l'hiver. pas de temps à perdre pour livrer avant midi. Mon intuition me fait trouver facilement mon adresse, n'empêche que j'ai quand même eu une frayeur en empruntant un raccourci bien pourri. Le chef me montre la porte bien basse de l'entrepôt, je suis obligée de descendre au maximum les suspensions pour ne pas arracher mon toit. Rechargement dans l'après midi sur Alessandria, apparemment rien ne presse donc je prends le temps de manger correctement. Je suis étonnée de charger complet pour le sud parisien, je ne vois pas avec quel collègue je peux changer de remorque, étonnant! La surprise est de taille car à 16h on me dit de ... rentrer! Autant dire que je file de bon train vers le Fréjus. 5 tonnes de charge, je ne touche même pas une demi vitesse jusqu'en haut. 19h je suis à l'autoport de Modane, le parking est verglacé. Pas question de me garer devant les anciens quais, légèrement dans un trou, et n'ayant pas de poids sur le cul, ça risque d'être galère à en ressortir. Rien que le demi tour se fait en patinant un peu. Heureusement qu'il est tôt, je peux me ranger correctement à la sortie du parking, le train arrière sur du sec.

drole d'autocollant

Vendredi 16

Grasse matinée, je ne décolle que tranquillement à 7h passé. Vers Macon j'appelle Nono, il est peut être dans le coin. Effectivement il n'est que 500m devant moi! Comme à la bonne époque nous roulons ensemble en discutant jusqu'à Chalon. Il vide sur un chantier voisin en début d'après midi, et vu que nous avons toujours 1000 trucs à nous raconter nous mangeons ensemble au resto de la station ou je fais les pleins. En ressortant je trouve un collègue dans la file d'attente du lavage. La discution est passionnante car nous avons des points de vue communs sur le boulot. Il y a 5 camions en attente de lavage, soit 4h pour passer... tant pis, je voudrais profiter de mon après midi pour faire plein de choses en attente. 14h, mon Doudou m'attends. Excuse moi d'avoir trainer!

ça remonte le moral!

Samedi 17
Dimanche 18

Lundi 19

Toutes les bonnes choses ont une fin, 3 h je suis repartie car j'ai promis de vider pas trop tard. Comme toujours lorsque je monte sur Paris je grimpe la N 6. J'hésite à prendre l' autoroute à Pouilly car il ne fait pas chaud, le temps est à la pluie, je craint la neige sur Saulieu. Les calandres de ceux qui descendent sont propres, je continue comme d'hab. Pose habituelle à la grande station d'Auxerre. J'ai gardé cette habitude, mes anciens collègues aussi. Peut être qu'un jour je tomberai sur l'un d'eux! La serveuse est souvent la même, elle se souvient que je prends un grand crème, pour une station s'autoroute c'est plutôt sympa comme accueil. Je redoute l'arrivée sur la région parisienne, grèves oblige. Heureusement je ne vais qu'au sud est, donc j'évite les embrouilles. Ça bouchonne quand même bien sur les deux derniers km. J'attends 8 h l'ouverture de la boite avec une tripotée de petits camions. Je les laisse passer, ils ont tous un ou deux colis à prendre ou à laisser. Je suis vidée à quai par une équipe de 3 intérimaires, tous bras cassés: j'ai 57 gros colis à pousser sur le quai, rien de bien sorcier à condition de bien s'y prendre. Au final je crois bien que j'en ai fait autant qu'à eux tous! Je redescends sur Montereau charger un complet. Ouverture complète des bâches, obligation stricte de mettre des sangles (10) et de poser des équerres (20). Pas évident quand les palettes sont gerbées. J'ai un escabeau à dispo mais je suis assez mal à l'aise la dessus. Je reste calme et termine sous la pluie à 12 h 30. Je me gare à la sortie de la zone pour manger, je l'ai bien mérité. Juste avant que je ne parte arrive deux collègues, des anciens. Je leur explique le topo, ça les fait râler... Je prends la route pépére pour le nord. Ça roule bien sur la Francilienne, café à Ressons puis je poursuis par la route jusqu'à Cambrai ou je pose ma remorque. Il est 18 h, à moi la bonne nuit!!

Mardi 20

Je suis à 8 h dans une zone voisine chez le marchand de chronotachygraphe pour la visite. Je ne pensais pas que la vérif du limiteur de vitesse était si longue. Il fait un froid de canard dans le garage. Je fais aussi régler mes feux. Le temps d'aller atteler une remorque et de la charger de geuzes, je suis tout juste à l'heure au mines. La aussi il fait une caillante incroyable. J'en ressort avec tout les coups de tampon à 11 h 30. Me reste à vider les masses, ranger la remorque et reprendre la mienne. Je prends un sandwich chaud à la cabane à frite du coin et m'en vais vider au nord ouest de Lens chez un petit transporteur dans un petit village au bout d'une toute petite route. Il pleut toujours, je m'active à ouvrir et fermer les bâches, tout en enroulant mes sangles à la fois. J'en attrape mal dans les bras, certainement le froid. On m'envoit recharger à St Pol sur Ternoise ou je sais que l'on charge à quai, bonne nouvelle! En route je prends un café dans un troquet bien sympa. Arrivée à l'usine le gardien hausse les sourcils, téléphone: ma commande ne sera dispo que demain matin. Pas cool. Après une petite heure d'attende mon chef enclenche le plan B: rdv 19 h ce soir pour prendre 2 bobines d'acier puis le sud de Lille demain matin. A cette heure ça charge rapidement à l'aciérie (je passe même largement avant l'heure prévue), de plus je profite de la douche au poste de garde. Il fait un temps épouvantable, les parkings de Dourges et Phalempin sont pleins. Merci les transporteurs qui remplissent un quart des places avec des remorques décrochées. Je trouve un endroit pour me caler à Seclin, je ne suis pas loin de mon 1er client pour demain.

Mercredi 21

8 h je suis en warning devant mon client, coincé entre un bar et une boulangerie en pleine ville sur un axe important à l'heure de pointe... Malgré la petite devanture, il y a une grande fabrique au fond d'une cour intérieure. Le responsable me dit que le camion était prévu pour 14 h, qu'il me demande juste une petite heure pour terminer l'emballage. En attendant il me dit de me dépêcher de rentrer dans l'impasse de derrière, au risque de me prendre un topic. La passage est étroit mais ça passe. A 9 h 15 je peux repartir. Le demi tour est raide, surtout avec 23 t de charge. Le gars me dit de bien suivre la ligne au sol avec le dernier essieu en reculant. Le premier essai est nul, en effet la ligne est parfaitement étudiée. L'idée est simple mais efficace! Pas de quoi traîner pour aller sur Valenciennes prendre un autre lot chez un transporteur. J'y suis à 10 h 30. On cherche désespérément mes colis. En fait il sont encore dans une remorque qui est en cour de déchargement. Vu que tout est en vrac, il y en a pour une petite heure. Néanmoins ce qui devait être en vrac se trouve bien empilé sur une énorme palette, tant mieux je suis satisfaite. Urgence de dernière minute, je dois prendre une palette à quelques km de là. J'arrive à 12 h 05, la porte est fermée: 1 h 30 de perdu. Apparemment c'est vraiment urgent, le cariste avait consigne de me charger en priorité. Je perds à nouveau du temps dans un bouchon à cause des travaux pour rejoindre le dépôt. Je prends une dernière palette et roule! Descente monotone par Reims, Chaumont. J' aperçois enfin le soleil, mais la nuit arrive vite. Il pleut à nouveau, je suis vite aveuglée par les feux des autres, de plus mon chargement est mal réparti, je ne suis pas en confiance et lève le pied à chaque courbe. La soirée est longue, vive la radio. 23 h je débarque à Chalon, pour faire les pleins il faut attendre que ces Messieurs aient finit leurs coupures à la pompe. Ça me gave, d'autant plus qu'à cause d'eux je dépasse mon amplitude. Je coupe au parking suivante, bien fatiguée.

Jeudi 22

Il pleut encore, désespoir. Route vers Bourg ou je pose un premier lot. L'accueil est joyeux: "c'est pas le moment, et pourquoi faut vider au coté, et toutes les livraisons devraient être faite en porteur hayon, etc..." Je continue la N 75 sur Lagnieux puis un petit village en bordure du Rhône. J'ai demandé conseil à Bill, mais je ne l'ai pas écouté à la lettre vu l'étroitesse de la route et mon chargement inconfortable. J'arrive à 11 h 40 à destination, le temps de trouver le bon quai, de faire la manoeuvre, il est 11 h 50. Le manut accompagné du chef arrivent à 11 h 55 et je sens que quelque chose ne va pas. Je demande ce qui les dérange; "les livraisons c'est avant midi" et alors il est pas midi? "il est moins 2..." mes yeux ont faillit me sortir de la tête! "vous plaignez pas vos colis en vrac sont bien empilés sur une seule palette!" j'attrape un tire pal et oust la palette est livrée. En me rendant les papiers signés le pauvre chef s' aperçoit  que j'aurai du poser la came à l'autre bout de l'entrepôt, je claque la porte, démarre en trombes et ciao! non mais! Je descends tranquille sur Chambéry via Ambérieux. Casse croûte en route et cap sur le Fréjus. Étonnement à la sortir du tunnel: une vrai tempête de neige! Je ne m'y attendais pas. C'est le balai des saleuses dans les deux sens, ça blanchit vite. Ensuite c'est la pluie et le brouillard. L'autoroute de Turin à Milan est pénible: beaucoup de monde, les travaux, la route est grasse et on ne voit pas le marquage au sol sous l'eau. Je fais une coupure à Novarra. Les articles de Noel sont sortis, je passe mon temps à tout regarder car il y a des trucs vraiment mignons pour les gamins. J'aurai bien craqué sur un énorme nounours... Je continue, c'est la cata sur le nord de Milan. Je sors vers Monza. Il y avait des travaux depuis un moment, tout à changé, je crains de me planter. Cet endroit est toujours bouché, et on a pas trouvé mieux de faire jaillir de terre un énorme centre commercial pour arranger les choses. Un énorme Auchan, nos grandes enseignes s'exportent bien en ce moment! La pluie redouble, le reste de mon chemin est défoncé, j'en ai marre. Par chance le chantier que je cherche est une énorme usine à l'entrée de la ville, pas moyen de la louper. Faute de place ailleurs, je me cale dans l'entrée des livraisons. En espérant que ça n'ouvre pas trop tôt!   

Vendredi 23

Réveillée par des coups à la cabine, mince je gène le passage. Les yeux à demi collé je saute dans le pantalon, tourne la clé et les ouvre les rideaux: il y a une toute file de citernes derrière moi. Un oeil à la pendule, vache! ils sont matinaux il n'est que 4 h 30... Je passe le portail ouvert sans même demander quoi que ce soit au gardien, me gare plus loin dans un coin de la grande cour et referme aussi sec les rideaux. 7 h 45 je me lève avec du mal. Le gardien a un sourire narquois en me voyant débarquer, il m'envoie à une autre entrée de l'autre coté de l'usine. Là il y a un grand parking, dommage. Après avoir trouvé le bon interlocuteur je fais la queue au milieu des bennes pour rentrer. Je passe tout droit sur la bascule et tente de trouver mon hangar au milieu de la grande usine, j'ai pas tout capté ce que m'a dit le type de l'entrée. Je finis par retourner le voir, il me fait un plan. L'entrée dans le hangar est raide, il faut tourner à 45 degrés et avec mes bobines j'ai peur d'y laisser un pneu. Une fois rentrée on me montre ou reculer. Pendant la manoeuvre j'entends un sifflet: un train! J'essaies en vain de me serrer pour qu'il passe, un gars me conseille de ressortir et de refaire le tour. Ok, mais ça commence à m'agacer, d'autant plus lorsque je reviens on m'a piqué la place. Un chef intervient enfin et je vide ma palette au milieu de la cour. Reste plus qu'à trouver le chemin de la sortie. Me voilà devant un tunnel à 3 m 80. Demi tour pour m'échapper de là par le sas d'entrée, le plus dur étant me frayer un passage face à ceux qui rentrent. L'heure à pas mal tournée, et les bouchons à l'entrée de Monza ne m'arrange pas. Mon chef s'inquiète de moi pour me recharger, j'ai encore deux clients à livrer avant midi, c'est chaud. Je retrouve sans me tromper le transporteur chez qui je vide le lot suivant. J'y suis déjà aller plusieurs fois, mais dans les travaux je craignais de ne pas prendre la bonne sortie. C'est du vite fait, je prends dix minutes de mon temps si précieux pour boire un capuccino au bar d'à coté, c'est aussi et surtout l'occasion d'aller aux petits coins. Il tombe à nouveau des cordes, y'en a marre. Dés que je m'arrête la buée envahit les carreaux, j'ai recours à la bonne vieille méthode du chiffon car la soufflerie n'en vient pas à bout. Je vais enfin poser mes bobines à une vingtaine de km. A peine rentrée que je suis déjà sous le pont roulant, c'est l'affaire d'une quinzaine de minutes, surtout pour ranger les sangles et refermer ma trappe. Finalement il n'est que 11 h passé, néanmoins on a envoyé un collègue faire mes ramasses à une centaine de km. Moi je m'en vais prendre un complet, on échangera nos remorques Plus tard. A mi chemin je dois faire demi tour car la route est barrée, une bonne demi heure de foutue en l'air. A l'usine j'oublie de passer à la bascule, je perds mon tour. Je mange en attendant le quai, et ne ressort qu'à 14 h 30 après que le gars des papiers m'ait gentillement fait remarqué qu'il y avait au moins un français au boulot, référence aux grèves. Je m'arrête quelques instants prendre un café chez Antonello, lui aussi me parle des grèves, cela lui semble inadmissible et il me demande combien ça va nous coûter. Cher, c'est sur! De là je me grouille de sortir de Milan pendant que ça roule pas trop mal. Rendez vous est pris à Carisio pour l'échange de remorque, vu que je dois attendre une petite heure mon collègue je profite qu'il ne pleut presque plus pour aérer en grand la cabine et ranger mon fourbi, donner un coup sur le tableau de bord. Ne reste plus qu'à rentrer pas le Fréjus, matières dangereuses obliges. A l'entrée du tunnel un convoi est prêt à partir, à croire qu'ils m'attendaient! N'empêche que ça tarde à démarrer car les ensembles sont inspectés à la lampe torche et la citerne de devant à un défaut dans un pneu. Il faut faire venir un gradé pour prendre la décision de le laisser passer. Évidemment je dois faire le détour par Grenoble. Je dors à la sortie de la ville, il est 23 h quand même.

Samedi 24

8 h au boulot, je trace à 80 vers la maison ou j'arrive à 12 h 30.

Dimanche 25

Lundi 26

C'est à 4 h que je repars, toujours avec bien du mal. Cette fois je n'ai pas de courage et prends l'autoroute à Pouilly. Pas grand monde je trouve, alors je ne reste pas à 80 (plaques oranges) et accélère la cadence. Paris par l'est passe bien, j'arrive vers 10 h 30 dans un village prés de Creil. Pas moyen de trouver mon adresse, je fais le tour de la zone voisine dans l'espoir de trouver un indice. Je finis à la porte d'une grosse usine St Gobain et demande ma route au gardien. Je ne me gêne pas pour la citer tellement ce qui se passe là me dégoûte: le gardien me monte une note de service "interdiction de donner quelque renseignement que ce soit aux routiers égarés". Soit disant que ça crée des bouchons dans la rue... Le gars bien charmant m'indique quand même que mon adresse est deux rues plus loin. Mon premier lot est vidé juste avant midi, je continue sur Amiens, avec pause déjeuner tiré du sac en route. Sortie de l'autoroute, plus rien n'est indiqué, je suis mon instinct pour trouver mon usine. J'y passe 2 bonnes heures pour quelques palettes, il n'y a que moi que ça chiffonne, les gars se la coule douce. Quand l'enseigne aura délocalisé, ils demanderont pourquoi. Rechargement dans la foulée sur Hesdin, la boite ferme tard. Au bureau je fais sensation sans le vouloir en annonçant ma destination: Ajaccio. Deux jeunes chauffeurs me regardent béats. L'ambiance ici est toujours excellente avec les caristes qui connaissent parfaitement leur métier. Débachage complet, deux sangles pour tout caler, 19 h je suis prête à partir. Tant pis pour l'amplitude, je décide de rouler l'heure qu'il me reste en direction d'Amiens. 20 h je ne me fait pas priée pour m'arrêter.

Mardi 27

Je repars après 11 h de coupure, j'ai un peu de temps devant moi, et ça m'évite de traverser Paris à la mauvaise heure. N'empêche que la jonction A 104/A 4 est bouchée, je me faufile par une petite route de traverse pour rejoindre Melun. A Chalon, je prends le temps de laver, l'ensemble est méconnaissable sortit des rouleaux! Je continue sur Lyon, mon but est de dormir sur l'A 7. Fourvière est bondé, je perds plus d'une heure. Stupeur de comprendre le pourquoi: match foot important. Plus important que ma fatigue apparemment. Y'a des choses comme ça qui ont le don de m'énerver. Je trouve sans problème une place sur l'aire de St Rambert d'Albon. Pour la peine, je ne ferais que 9 h de coupure cette nuit.

Mercredi 28

5 h 30 je suis en route. Accident après Valence, encore une heure perdue. Arrivée à 9 h 20 à Vitrolles, mon déchargement est hyper rapide, à 9 h 45 je ressors. Rechargement prévu à Toulon, mais je dois faire une coupure de 30 minutes encore, ce ne sera que pour le début d'après midi. Je suis à 11 h 30 au port militaire, cette fois j'ai bien ma Carte d' Identité avec moi!! Formalités d'entrée, mon accompagnateur arrive à midi. Je retourne avec lui au bureau pour y échanger mon permis contre ma carte d'identité que j'y avais déposé auparavant. Ne comprenant pas, il me dit que j' en aurai besoin plus loin. Ah bon? Je le suis à travers le port, jusqu'à un site fermé ou il me fait signe d'entrer le temps qu'il aille se garer. Un militaire me fait rentrer après avoir contrôler mon badge. Ne sachant ou aller j'attends mon accompagnateur. Le militaire me demande pour quel bateau je viens, j'ai l'air idiote en lui disant que je sais pas. Mon accompagnateur revenu, il m'emmène à travers le site. Tout les bateaux sont énormes, je suis impressionnée. L'un d'eux est immense, en passant tout près j'hallucine en voyant son nom: Le Charles de Gaulle!!! N'empêche qu'il est bien gardé par barbelés et militaires avec armes. Je ne sais pas trop comment définir mon sentiment de voir le porte avion de si prêt. Plus loin on me fait garer sur un parking, je donne ma CI et après une vérif de sécurité on me donne un autre badge électronique. L'accompagnateur me demande de faire le tour d'un quai pour arriver face à un portail, encore un. Devant le portail, je badge, il s'ouvre, j'avance, même chose 20 m plus loin, puis une herse s'abaisse et l'incroyable, je réalise seulement, que je viens pour le porte avion, je suis dans l'enceinte sous haute sécurité avec lui. L'accompagnateur me laisse à mon émotion, m'indique ou me garer, les gars viendront dans une petite heure pour me charger. Consciente de la situation inimaginable j'en oublie carrément de manger... Je suis le plus heureux des chauffeurs car mon métier m'amène dans cet endroit insolite impensable une heure plus tôt. Le fleuron de la Marine Nationale à 20 mètres seulement de mon Gros. A l'aide d'un grue on me hisse 60 mètres de chaîne du porte avion dans ma remorque. Je repasse dans l'ordre inverse, toujours accompagnée, toutes les portes de sécurité, et je reprends ma route vers le nord. En plus il fait super beau, j'ai fait tombé blouson et pull. Je n'oublierai pas ce moment de ma vie. Arrêt café à Monthélimar, je renfile le pull. Je percute que j'en ai oublié une clef carrée (qui me sert à défaire les bâches devant) que j'avais posée sur mon réservoir. Je suis très mal. Je donne les dimensions à mon Doudou qui va me trouver quelque chose en dépannage. Si je l'avais pas.... Je termine mes 9 h de conduite là ou j'ai commencer le matin même, mais de l'autre coté de l'autoroute. Que de souvenirs pour m'endormir!

Sur le port de Toulon

Jeudi 29

5 h, au boulot, je veux passer Lyon avant la cohue. A 6 h je m'arrête déjeuner, échange deux mots avec mon voisin de parking. Le brouillard est au rendez vous. A Chalon je fais les pleins et un brin de ménage en attendant mon Doudoutrouvetout. Coincé derrière le siège je retrouve... ma clef! soulagement, mais je me fait tirer les oreilles. Je suis bonne pour lui payer un bon café. Je monte tranquille vers le nord et la pluie, croise l'ami Sweden sur Dijon. Douche à Chaumont, bouffe à Reims, café à St Quentin, et dodo à Valenciennes à 18 h 30. Enfin une méga grosse nuit. Mais j'ai du boulot sur le carnet de bord.  

Vendredi 30

A 8h je suis chez mon client pour vider mes chaines. Je m'interroge sur la façon dont ils vont procéder car ils n'ont pas de grue. Ils attachent le bout de la chaine au crochet du pont, celui ci étant équipé d'une grosse bobine, en tournant la chaine s'enroule. Tout simple et rapide. Frayeur tout de même lorsque l'attache du dernier morceau casse et retombe dans la remorque. Pas de dégat apparent, ouf. mais cela rappelle de ne jamais rester trop prêt des masses soulevées. 8h30 je m'en vais sur Béthune. On me prévient que ma première adresse n'est pas facile à trouver. Je fais appelle à Luc qui n'habite pas loin et m'indique le bon quartier. De là je demande dans une boutique voisine. Le deuxième enlèvement est plus simple à trouver, même si l'enseigne à changée. De suite on me prévient que je risque d'attendre un peu, le temps de faire la douane car je charge un lot pour San Marino (Saint Marin). Le chargeur est un vieu bien sympa, une vrai pipelette. Je finis même par retourner un moment dans ma cabine, pour qu'il s'active un peu! 13h, le chargement est terminé, mes papiers étaient posé sur le bureau, mais ne trouvant pas les bons vieux formulaires de douane, j'attends 14h que le gars revienne. De retour il me montre une feuille, c'est document simplifié, je peux partir avec ça. Si j'avais su... En ressortant je bois très vite fait un café avec Luc que je n'avais pas vu depuis des lustres. Je passe au dépot compléter quelques palettes, pour prendre la route à 16h30. Yvan m'accompagne un bon moment au téléphone, lui rentre d'Italie ou c'était le bazard à cause des grèves, contente d'y avoir échapper! Je stoppe avant Chaumont pour la nuit, il me manque une bonne heure pour aller à la maison.