Mon Carnet de bord... Suivez mes aventures, semaine après semaine!

Aout/Septembre 1994

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Lundi 22

Encore un lundi, le week-end est terminé. Trop court comme toujours, j'étais rentré depuis samedi matin, il fallait qu'on en finisse. Pour connaitre mon programme c'est très simple, je téléphone vers midi à ma Corinne préférée, et suivant pour qui elle a vendu ma semi, je sais grosso modo ou je vais. Là, c'est Norbert Dentressangle qui m'affrète, pas de doute, ça sera de la GB. Mais le programme définitif, je l'aurai que ce soir. Bibi, le pitchou et moi, on a donc tout loisir d'aller dépenser nos sous à Mammouth à côté de notre super appart de la rue Alexandre Dumas. C'est bientôt la rentrée, il y a des cartables de partout à l'éffigie de cette abrutie de Dorothée, il y a même des tee shirt Hélène et les Garçons! Le pire c'est qu'il y a des cons pour acheter. 260 balles le cartable! Ils sont félés!

De mon côté, j'ai trouvé l'appareil du siècle, c'est tout nouveau. En fait j'ai un poste à cassettes pourri dans le camion, il y a un nouveau système de lecteur CD qu'on peut brancher sur allume cigare et qui diffuse via une cassette le son en qualité CD bien entendu. Je languis cette nuit pour écouter mes CD, et surtout ce tout nouveau groupe que j'ai entendu pour la première fois la semaine passée chez Lenoir : Sonic Youth. Le titre de l'album, c'est washing machine, il saoule tout le monde à la maison, sauf moi bien sur. Mais il y a pas le choix, soit on voit la gueule à Balladur à la télé, soit on écoute SY!... Comme je sais jamais réelement à quelle heure je pars, je dois attendre au téléphone à la maison que le chauffeur de ramasse fasse sonner 3 coups lorsqu'il passe à Montélimar en remontant de Cavaillon. Ce soir, c'est à 21h30 que ça a sonné, j'étais à peine prêt, comme d'hab, mon Léo dort déjà depuis un bail, je fais un gros mimi à ma moitié qui verse sa petite larme comme souvent. Je dévale les escaliers, et saute dans ma magnifique 2cv4 verte et fonce à travers les boulevards de Valence pour rejoindre mon dépôt en pleine pampa à St Didier de Charpey.

A peine arrivé, j'entends de loin le ronron de mon v8 à travers champs. Bertrand pose le camion au gasoil, remballe ses affaires, il a mis en route ce matin à 5h, il est raide! Il m'explique rapidement sa journée et comment la semi est chargée, et comment franchement ils abusent chez TFND, et à 23h je décolle. Après une demi heure de route departementale défoncée via Chateauneuf/Isère je rejoins l'A7 à Tain. C'est le moment de mater les livraison à venir et calculer. Ce soir c'est cool, j'ai pas de ramasses à faire en montant!... J'ai juste 3 clients à faire, un degroupeur à Rainham, un marchand de salades toutes prêtes à Evesham et une centrale à Birmingham. Gros dossier cette nuit.

Enfin! je peux ecouter mes CD

 

Mardi 23

Sur le 19, c'est déjà bien le bordel comme d'habitude. Déjà, il y a tous les fous qui montent à Rungis, moi je roule peinard à 102, puisque mon patron me l'a fait brider parce que à ce qu'il parait je roulais trop vite. Alors je regarde tout le monde me doubler et j'ai les nerfs. Les Berthaud, les Veray, toute la clique qui remonte calé à 11 ou 12 kilos. Sans parler de la scuderia à Pata qui me passe comme si j'étais arrété, la honte. Le pire, c'est que même dans le fourvière, il y a un Chabas qui m'a doublé, non, là c'est plus possible, mon boss il va se faire voir au prochain arrêt je debranche tout, merde, j'ai un v8, faut que ça ronfle on va l'etouffer comme ça à 100. Comme j'ai le temps, je me paye même une pause café à Tournus chez Vivi à la Total. Je me cale sous la piste à côté des Jet Services qui font leurs relais ici. Ils sont équipés les gars, ils échangent de camion et demontent leurs CB encastrées dans des gros blocs en contre plaqué avec le HP intégré et tout. Il faut bien ça, parce que à 130 ça doit faire un boucan du diable dans le M230! Je chine un bout de fil de fer à Vivi, je lève un peu la cabine, tire la pompe à fond, et on vera bien.

De retour sur l'a6, le camion respire à nouveau et je peux faire parler la poudre, j'ai même doublé La mouette avec son 143-450 "y marche eul fiat le 26!!!" Et oui il marche, et plus je monte, plus j'entends à la CB une voix rocailleuse, une grand gueule, et oui, c'est Jeannot34 qui se prend la tête avec un "cas sociaux (sic)" de Dijon, Guemalla! Guemalla!!!! Je t'amène des concombres d'Alméria!!!!! Et je vais tes les enfiler un par un dans le c..... !!!! Moi je suis écroulé bien sûr quand on connait le loustic, RDV est pris pour le café à Langres à la Esso. Pas mal de gars qui montent direct sur l'Allemagne s'arrêtent là, ça evite de faire le tour à la Leclerc, et puis pour s'arreter 5 minutes pas besoin de casser la tête. Je quitte donc l'ami Jeannot, et je bifurque tout seul comme un grand direction Chaumont/Lille. Par reflexe à chaque pont, chaque embranchement de service je regarde dans le retro de droite si je ne distingue pas une 4L ou un 504 embusquée. On les reconnait facilement avec leurs deux veilleuses sous les phares. Ce soir je suis surexcité en plus, je roule à MachIII. Heureusement j'ai ma pile de CD parce que chaque nuit Inter en grandes onde ne marchent pas, et le RDS n'a encore pas été inventé. Etant donné que je suis pas trop en retard, je sors à Chaumont, la natio est chiante jusqu'à Joinville mais après ça va mieux, sauf les feux à St Dizier, vu l'heure j'en passe certains à la napolitaine. A la Shell sur la N4 je vois mon 1000 bornes qui dort, enfin, qui se repose, moi je roule ce que je peux et après Omya je suis KO, je vais dormir 2 heures. Quand on a le temps on a pas le stress, c'est encore plus dur pour avancer. Je règle donc mon reveil de grand mère pour deux heures de ronflette et je le pose au pieds du passager pour être certain de devoir me lever pour le couper.

DRIIIIIIIIIIIING DRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIING putain elle déchire cette sonnerie, c'est terrible. En tous cas, il fait jour maintenant, je dis pas qu'il fait beau non plus, on est dans le 51, faut pas exagerer. En tous cas, ça roule un eu plus que tout à l'heure, il y a quelques caravaniers et surtout une rimbabelle de GEFCO. Et comme ils avancent pas sur la nationale, je reprends l'autoroute dès que je peux à Chalon. Au péage je serre les fesses comme d'habitude, et après je suis zen pour traverser Reims, je stoppe prendre un café à la station Total la première de l'A26, je traine pas non plus, juste le temps de me balancer de la flotte sur la tronche et être en forme jusqu'à Calais. Les 22 sur cette autoroute sont en permance embusqués, ils ont que ça à faire faut croire, ils font la chasse aux frigos, surtout s'ils sont du sud ou espagnols. Oui, c'est bien connu, le nord c'est les honnètes gens, le sud, c'est les voleurs. Heureusement encore il y a la CB et par ici ça fonctionne à merveille, à chaque champ de betterave correspond une station en fixe. Pour ne pas attirer l'attention, je roule doucement lorsque je depasse un autre camion, et une fois fini, j'accélère un peu plus fort, faut être malin!!! C'est bientôt les elections et la radio me gave vite fait, je continue d'éplucher ma petite cdtèque. Pour m'occuper je lis la carte, le ticket de péage, la CAPLIS, bref je fais ce que je peux. Ce matin, j'ai vu un Italien et un Irlandais au fossé, il y a des matins ou c'est l'hécatombe, les gars au lieu de s'arrêter même 10 minutes ils tirent au max et pfuit, dans le meilleur des cas c'est le fossé, dans le pire des cas c'est la pile de pont... En attendant au fur et à mesure que je me rapproche du nord, je stresse à l'idée de passer le péage de St Omer. Pour l'éviter il y a pas bien de choix, et puis on vera bien. Ah ben, j'ai vu de loin, toujours le même fou avec ses bottes qui te regarde droit dans les yeux quand tu sors du péage, moi je fais toujours celui qui est en train de ranger ses affaires et qui le regarde pas, mais au fond j'ai peur. D'un autre côté, c'est presque midi, il a pas envie de se faire chier si ça se trouve. Alors une fois passé ce foutu péage, pied à la tôle tout du long jusqu'à Calais, ouf!!! Vu que c'est mort depuis un moment pour le bateau de midi, ça sera celui de 14h, je suis presque le premier de la file. Je profite de cet arrêt pour faire mon embarquement, mais surtout monter au premier étage prendre ma douche. C'est un peu la cour des miracles ici, mais rien de très méchant, que des jeunes un peu largués, des hippies. Dans cette douche j'y vais jamais sans mon marqueur, et à chaque passage je tague, un coucou à Denis, TMC the Best! Iveco forever, et bien sur on me réponds : Phil connard, alors je rereponds Denis la tapette, bref, il va falloir un jour qu'on nous change les panneaux de douche, il y a plus de place pour écrire.

Sur le ferry, il y a 6 ou 7 tables, et chaque chauffeur est bien rangé : les français ensemble avec les wallon, les flamands avec les hollandais, les italiens et les espagnols et les allemands, chaque chose à se place et tout va bien. Chacun refait le monde, chacun raconte ses exploits autour d'un chicken tikka, c'est rigolo, tout le monde se detend... Pour sortir du ferry, bien sûr c'est chacun pour soi et dieu pour tous, le frigo a bien été remis en route, c'est parti pour la dernière étape ici il est une heure de moins que chez nous, pratique quand on est à la bourre! Sur la rampe au port je croise un Norbert de Cavaillon qui m'indique qu'il y a la bascule en haut, cool mec! Alors je fais le tour par Ashford, mais le soucy c'est qu'il faut passer dans Douvres. Mieux vaut perdre 10 minutes que 24h comme ça m'est déjà arrivé. Ensuite j'enquille la M20 toute neuve, des fois il arrive qu'on passe par le nouveau tunnel sous la manche, c'est pas mal, plateau repas offert, et puis c'est tout neuf, il y a personne en plus! Des fois on est 2 ou 3 camions par passage, putain le fric foutu en l'air!!! Enfin sous terre! J'aime quand même bien venir ici, les gens sont courtois, c'est même bizarre tant de politesse, a se demander s'ils sont normaux les anglais. Du côté de Maidstone je croise le petit Kamel avec son 36, il a déjà vidé et redescend, il a la forme!! De mon côté j'atteris dans les bouchons sur la M25, normal, et bien sûr aussi sur la A13 pour rejoindre le degroupeur à Rainham. La cour est pleine de camions, ça fait la queue jusque sur la route! Sur mon CMR c'était écrit 20h, je crois que c'est même pas la peine que j'aille pleurer. Devant moi, il y a un camion espagnol, le chauffeur habite Murcia mais il est de Cavaillon, c'est tentant de bosser pour un Espagnol, sauf qu'il bosse quasi tous les week-end, faudra quand même que j'en parle à ma moitié. Au bout de deux ou trois heures je peux enfin rentrer dans la cour boueuse et defoncée du degroupeur, ici, c'est des vrais cons, pas aimables, cradingues. Ils font un patakesse pour la température des palettes alors qu'ils stockent tout dehors et on peut rien dire. L'espagnol a jamais voulu tirer les palettes, l'histoire a duré duré duré, et finalement il a du se vider. Moi j'ai rien trop dit, je voulais ronfler un peu ici et partir tôt demain matin vu le bordel dehors. Le temps de finir la discut avec l'hispano cavaillonais face à un bacon sandwich je vais m'ecrouler 5 h au lit.

Calais, enfn!

Mercredi 24

Pour faire le café le matin, j'ai pas de réchaud, mais une resitance que je plonge direct dans l'eau. 5 minutes plus tard je sors de Rainham, il est 5h à mon tachy, 4h ici. J'essaie de pas accrocher mon beau frigo surtout contre les tautliners pourries du dégroupeur. Pour rejoindre Evesham, j'ai le choix, soit faire le grand tour par la M25 nord, soit la M25 sud passer le pont et lacher 2£60, soit couper par le centre de Londres, ne pas payer 2£60, mais me les faire rembourser quand même. J'opte donc pour la dernière solution et coupe par le centre de la ville encore endormie, de toutes façons ça roule nickel, tout le monde ou presque roule vite en GB. Et puis j'aime bien Londres la nuit, on y voit les fetards qui se melangent aux plus british des british, il y a les bus à étage, les punks, c'est drôle, c'est bien plus libéré que chez nous, personne ne se juge. Je me cale sur la FM, il y a des bonnes stations mais je les garde pas longtemps et surtout pas moyen de me souvenir des noms des groupes, ça m'enerve. Je vais quand même pas appeler depuis une cabine en PCV à la BBC! J'ai pas beaucoup d'autoroute pour rejoindre Evesham, juste la M40 jusqu'à Oxford, ensuite je coupe à travers, mais pas de café, pas de parkings, c'est la zone. Par contre le coin est vraiment typique, je me sens loin de l'Ardèche, de la maison, j'aurai bien aimé que ma femme puisse voir ce paysage au petit matin, dommage j'ai pas pris d'appareil photos. Chez Norbert à cavaillon, ils font bien les choses quand même, avec mon CMR il y a aggrafé le plan pour rejoindre la ferme ou je vais livrer, un plan fait à la main levée mais plus précis qu'une carte Michelin, seuls les anglais savent faire des plans comme ça. Je les garde ensuite bien précieusement dans une pochette. J'arrive là à l'heure de l'embauche, face à moi, un mec avec une charlotte sur la tronche, drôle de pays quand même ou tu trouves les chiottes les plus insalubres de la terre, ou il y a peu ou jamais de douches, mais ou le gars qui contrôle tes courgettes de provence le fait avec une tenue de chirurgien. Pendant le dechargement je vais boire le café, c'est de l'eau chaude en fait dans laquelle on jette une cuiller de nescafé toute collante et du sucre en poudre avec une cuiller pas catholique non plus, et ça, à deux pas du chirugien! Une heure plus tard, il ne me reste plus qu'à aller poser le reste du voyage au sud de Birmingham dans les faubourgs destroy de la ville, les maisons ont toutes les fenetres condamnées, ici c'est la crise dur! Je me demande ou je suis tombé, pourtant grace encore une fois au plan à Dentressangle je tombe dessus direct. On me vide, signe les papiers et on me fait comprendre de riper. Je m'arrête comme je peux à une cabine téléphonique appeler ma chef en PCV, "hello i would have a number in france" Ma chef veut que je fasse Dover-Zeebruge car je recharge en Belgique un complet de plantes à Weteren du côté de Gent. Je descends donc à bloc direction Douvres, ça roule plutot bien, je garde l'autoroute au maximum. Vu que j'ai pas la coupure de 8h, j'évite de passer par la M2, c'est là que sont toujours les contrôles au niveau de Faversham, alors, je m'enquille au milieu du troupeau d'Irlandais et je tente de les suivre, ça drope! Ils sont du matos les gars, que du v8! Bien entendu quand j'arrive à Douvres, le ferry de Zeebruge est encore loin, il faut attendre, alors je prends par Calais et j'attends presque pas. Plutôt que de monter prendre le petit dej de midi, je reste discretement dans la cale, je prends 1h30 d'acompte de sommeil et je grignotte un pauvre bout de saussisson qui traine avec un bout de pain de la veille. En sortant du ferry je complète un peu en gasoil, je passe mon 1er coup de fil à la maison, prendre des nouvelles, j'attrape ma vignette Belge et je fonce vers Lille. Dans la camion, j'ai le téléphone, mais il ne marche pas à l'étranger, sauf que là, on est en France et il sonne. Le téléphone c'est un radiocom2000, c'est relié au minitel, c'est moderne ce truc, on est pas nombreux à l'avoir. Mais ça n'a pas échappé à ma chef que j'avais pas fait comme elle m'avait dit. Je me suis pas demonté, de toutes façons, ça me gave le bateau, et passer via Zeebruge encore plus! Et je fais comme je veux, on s'engueule et on se raccroche au nez. Avant de raccrocher bien sûr elle m'a bien dit d'être demain à 8h à Veurey. Ben voyons. Pour rejoindre Gent, j'ai l'habitude de couper par Steenvorde et Ypres, au moins j'évite Lille, et puis c'est plus joli. J'aime bien rouler en Belgique, les gens sont cools, et même sur la natio tu peux rouler à fond, tout le monde s'en fout!

A Weteren mes 42 rolls de plantes sont déjà prêts depuis un moment, Peter m'attendait pour les paplards, au quai d'à côté il y a le chauffeur à Van Driesche qui a un super 143-450 réhaussé, 3 tours de suisse par semaine, un malade, il doit tourner aux amphets, il dort jamais le mec, il a les yeux eclatés, mais toujours le sourire, et avec ses sabots à poils et son porte monnaie multi pièces il hésite pas à donner un coup de main, un vrai de vrai! Malgré le fait qu'on soit extremement pas en avance, on prend quand même le temps d'un café, et bien que nous soyons tous crados et en sueur, Peter nous sert le café dans des tasses magnifiques avec un speculos mis bien comme il faut dans une soucoupe et une petite ration de lait. Je pars donc bien tard de Weteren, le trafic est déjà presque à 0 sur le ring de Gent, ce soir, j'ai décidé de descendre par la grande poubelle, je suis en forme. Malgré tout ça, je m'arrête vite fait, pour manger au Risquon Tout à l'ancienne douane de Mouscron. On y mange très bien, c'est copieux, l'idéal avant d'aller dormir, sauf que là, j'ai pas bouffé depuis je sais pas combien de temps. Et je repars avec une pêche d'enfer, je traverse tout Lille avec 3 chiffres au compteur, j'ai rien vu passer d'ailleurs personne n'a rien vu non plus! Comme beaucoup de routiers le soir j'écoute "Maurice" sur Skyrock! "Allo qui va la ch'te prie?" Ah quel bonheur, quel verbe, excellent ce Maurice, tout le monde en prend plein sa tronche, et c'est sans compter la programation musicale, que du rock et du bon, pas de la soupe comme cette mongolienne de Celine Dion qui fait chier sur toutes les radios. Souvent je tombe sur un de ses grands fans, Etienne, un gars qui bosse chez Cuisinier avec un AE390 Light, avant il faisait du Perpignan-Lille, on s'est connus au Maroc. Là, il est encore plus fou que moi, Lesquin-Nitry en 4h30 pile pour le relais! Sacré Etienne!! Sur l'A1 il y a du monde, mais ça roule pas trop mal quand même, on est tous pour la plupart au dessus des 3 chifrres, et puis il est tard et la nuit tous les chats sont gris, et de toutes façons, les 22 ils peuvent rien faire on est bien trop nombreux. Je traverse la capitale de la France comme une fusée, et comme d'habitude, je m'arrête après le péage de Fleury à la Esso. Juste le temps de savoir si j'ai des collègues devant, et attraper un kawa tout en feuilletant un france routiers tellement ecorné que personne ne l'achetera jamais.

Je suis éclaté!

 

Jeudi 25

On est déjà jeudi matin quand je repars de là, je suis pile dans les clous pour Grenoble, j'ai même presque le temps de trainer, alors plutot que de rouler à 80 comme un gars de chez Debeaux, je roule au max, à fond! Déjà parce que j'aime ça, mais surtout parce que je suis déjà crévé, depuis 5h ce matin, il s'en est passé des trucs!!! Maurice a raccroché les gants, j'éteinds la radio, au loin j'entends encore les porteuses de Paris, je guette ceux qui montent, des fois que je voie uen calandre connue, mais personne, alors je fais moi même des porteuses en lançant des "mets de l'huile" à qui veut l'entendre sauf qu'il y a personne! Jusqu'au moment ou j'entends sur le 19 toujours ceci : "jeune homme, 32 ans, 1m63 pour 127kgs recheche jeune fille sans tabous", et forcement le F12 qui va suivre quelques instants après, c'est Juju26 bien entendu qui se fait autant chier que moi, on rigole 5 minutes le temps de la croisure, lui monte sur la GB il est pas (encore) en retard. Par bribes j'essaye d'écouter Macha Beranger, et je me dis qu'il y a vraiment des gens dérangés pour téléphoner à la radio et étaler leurs problèmes, des fois j'ai presque honte en écoutant cette émission, un peu comme si on regardais chez nos voisins par le trou de la serrure. Au bout d'un moment, j'en peux donc plus et j'écoute "Music for the masses" de Depeche mode et je chante le refrain de Strangelove à tue tête dans mon FIAT, heureusement, j'ai pas macha au bout du fil, sion, je suis bon pour l'asile. Je suis tellement crevé que même les virollos et la descente de Beaune ne sont pas parvenus à me reveiller, pourtant je les ai pris à bloc, donc, avant de finir eparpillé au milieu des vignes, je m'arrête à Beaune, je me gare au plus prêt de la station, comme tout le monde en fait, je laisse même le camion tourner de temps que je vais me rafraichir un peu. Je vais tremper mon gant de toilette, j'attrape tout un tas de conneries à grignotter, un café et je repars en pleine forme, mais à bloc de bloc, quel bonheur! Dans la vallée de la Saone, le trafic est nettement plus animé, je croise tous ceux qui montent vers l'Allemagne, ce soir c'est défilé de Serge Juilliard! J'adore leur matos, à ce qu'il parait ils font de la Suède, ça fait envie. Faudrait que je téléphone, moi un Globetrotter ça me fait rêver! Je suis arrivé en pleine forme sur Lyon. Ahhhh cette descente d'Ecully, un bonheur, un pur slalom. Je quitte la route des frigos du sud à la prison, et je longe l'A7 via la Marine pour rejoindre Gerland. Tout le long du trajet il y a des nanas qui font le tapin, il y en a des pas mal, et bizarement, on roule nettement moins vite!!!

Direction Grenoble, ça se reveille tout doucetement, les messagers de la nuit, rentrent à la maison, souvent au petit matin, il a deux qui se suivent dont un avec un superbe Pegaso Troner, des feux de partout, il est magnifique cet engin!!! Quand à moi, avec le jour qui se lève, j'ai le sentiment que les kilomètres ont doublé de longueur, je m'arrête in-extremis à l'isle d'Abeau, je suis essoufflé comme quand on a fait un long sprint, c'est déjà 6h du mat. En revenant avec mon gobelet de café à 4f, je me rends compte que j'ai pas changé mon 45T depuis hier matin à Londres. Donc j'en remet un tout neuf, l'autre est tout noir, tout gribouillé, au moins je gaspille pas les disques moi, je les use jusqu'au bout! Le plus dur reste à faire, les 40km pour arriver à Veurey paraissent une eternité, en route je reçois un coup de fil, une voix ensomeillée, incertaine, c'est Michel, mon big boss qui me demande ou je suis, j'ai envie de lui dire t'as qu'à regarder sur le minitel, et puis j'ose pas, lui c'est déjà le client qui l'a appelé, si ça se trouve il apassé sa nuit à faire le con au téléphone aussi. Quand j'arrive au péage à Veurey, il y a toujours la même petite dame, qui demande toujours si "ça va, pas trop fatigué?" elle nous connait tous, les flics aussi nous connaissent et nous contrôlent jamais, pourquoi j'en sais rien du tout, et je préfère pas savoir. 5 minutes plus tard, je suis dans la cour du client, je descends même pas ouvrir les portes, ni enlever les barres, c'est Michel qui s'en occupe, à peine les rolls sortent sur le quai que les clients se jetent sur la marchandise, au fond de moi, je suis content, je vais me reposer une bonne demi heure à la machine à café avec Charly qui est dans le même état que moi et est arrivé peu avant moi de Hollande.

Quand je suis vide, je laisse Charly et son 113-310 surnommé le saussisson qui va recharger chez Allibert, moi je rentre au dépot, petit coup de klaxon en passant le long de la cabane bambou, je me ramène à la pompe à gasoil il est bientôt 10h du matin. Je rends les papiers, et je perds du temps à papotter avec Richard au garage, j'ai rien dit pour mon fil de fer, de toutes façons il s'en fout! J'ai plus qu'à grimper dans ma 2 pattes et rentrer à ma maison, completement dévoré, un mimi à mes chéris, un gros caca, une douche et gros dodo!!

Enfin de retour

Vendredi 26

C'est mon tour de bosser ce week-end. 1/2 je me plainds pas, dans beaucoup de boites qui roulent en inter, il y en a qui font 2 voire 3 week-end sans rentrer, nous on a des chauffeurs de relais, bien pratiques parfois! Aujourd'hui, je monte en Allemagne, c'est bizarre un voyage en Allemagne le vendredi, normalement c'est départ le samedi, le vendredi, c'est plutôt la GB. On vera bien, je me ramène à midi comme prévu à St Didier au dépôt. Ma femme voulait venir avec moi ce week-end, mais bon, l'allemagne ça la saoule, alors elle est restée bien sage à la maison. Je me demande bien pourquoi je suis venu si tôt finalement, je passe du temps à papotter avec les mécanos, c'est la gazette à TMC au garage, et le meilleur moyen de savoir qui est ou! L'entretien du camion a été fait, vidange tous les 20.000 du camion, on rigole pas chez nous le laveur a même eu le temps de passer tout le camion au balais, et ça brille, j'ai juste à balancer mon sac dans le 48, mettre un 45T, et je décolle. Vu l'heure je vais manger à l'Hotel de France à Alixan. Dommage pas de copain ce midi, c'est le samedi que tout le monde est là, aujourd'hui il y a que des benneux, pas grave. Je dois charger un complet primeurs à la SCAF à Tournon, deux clients en Allemagne, tranquille.

Bien évidement, quand je me ramène à Tournon, c'est pas prêt, alors que pourtant, ils avaient dit que c'était ok. Alors j'attends, à côté de moi, il y a le magnifique 143 à Pata, le noir de Petit Jean qui charge pour le nord, mais il traine pas, pour lui c'est prêt. Au fur et à mesure que les palettes d'abricots sont finies le gars du quai les charge, c'est que des palettes europ, ils sont chiants les allemands avec ça, en plus maintenant, ils veulent des cartons, c'est naze, ça s'écrase tout, ça vaut pas une cagette en bois, mais c'est plus joli. Finalement, c'est presque 20h quand je pars, mais je suis pas en retard, je commence à livrer que dimanche matin à Bremen. J'aime pas quand j'ai le temps, je sais pas quoi faire. J'hésite même à retourner à la maison et repartir demain aprème, mais avec le frigo qui tourne les voisins vont raler. Alors je monte doucement avec les vacanciers qui rentrent. A Lyon, c'est le bordel complet, plutot que faire la queue je passe par les quais de Soane à La Mulatière et j'attrape le tunnel via "L'escargot" ça manque vraiment le contournement de Lyon, vivement que ça soit ouvert on gagnera du temps!!! Vu la motivation je stoppe pour manger à la BP à Macon, on peut manger 24/24, j'adore cet endroit, c'est propre, c'est tout neuf et à tous les coups je vois un collègue, je suis tombé sur Charly de chez Leible, toujours à donf. Pour pas trop en faire aujourd'hui, je monte que jusqu'à Langres à la Esso et je me range comme un bon routier, il y a un parking immense la bas, toujours vide, on se demande bien à quoi ça sert de faire des parkings aussi grands? Vu que j'ai pas encore sommeil, je vais jusqu'à la cabine, bousiller la fin de ma carte de téléphone de 120 unités par chance il y a personne et j'ai pas à écourter la conversation avec ma petite chérie.

Au revoir Charpey!

 

Samedi 27

J'ai attaqué mon samedi par me prendre une bonne douche, j'ai pris un bon petit dej aussi, et puis je me suis acheté un stock de cassettes à la station, il y avait des promos dans un bac, 10F les 3 cassettes, comme je connais pas la plupart des groupes, je me suis fié à la gueule des cassettes, j'ai acheté tout ce qui avait l'air subversif! Comme de juste, je me suis rendu compte en les écoutant que c'était de la vraie merde, il y avait une cassette marqué "Pet shop boys" et c'était même pas des originaux, mais une pale copie en instrumental, de rage je debobine la cassette et je regarde voltiger la centaine de metres de bobine au vent. ça sente vraiment la fin des vacances tout le monde rentre, on va bientôt être à nouveau tranquilles sur la route. A la radio, il y a pas grand chose, toujours les mêmes titres qui reviennent en boucle, "mangez moi, mangez moi, mangez moi!" Bon ça sera le tube de l'été, ça ira pas plus loin que ça. Les flics aussi sont en vacances, personne au péage à Toul, je jette un oeil distrait sur la caserne au loin, dire que j'ai fait mon armée dans cette ville pourrie! Quand j'ai été libéré, j'avais promis de repasser à la caserne avec mon camion, mais là, ça fait 3 ans, ça sert plus à rien que j'y aille.

Pour monter, j'ai le choix entre plusieurs routes : Trèves Bitburg par la nationale, Liège/Aachen ou carrement Bruxelles. J'hésite jusqu'à ce que je m'arrête à La Maxe pour prendre la taxe, ça rime en plus. Là, je tombe sur un Manrique, un papy, un vieux de la vielle qui vient bosser pour faire les remplacements, il arraive pas à attraper sa glacière au dessus des palettes, alors je lui file un coup de main, on mange un bout ensemble et on roule jusqu'à Liège ensemble. La traversée de Liège est un peu pénible avec tous ces feux, mais ça fait faire du tourisme en fait!... Après Liège, ça grimpe dur, le 48, ça va il gère, mais il y a des gars qui doivent pas monter à plus de 20 à l'heure, mais dans les descentes ils se rattrapent. Aujourd'hui je fais pas trop le con, je vais rouler en journée en Allemagne, et les flics allemands, il rigolent pas, c'est pas comme les notres, nos flics à nous on peut toujours discuter, négocier, mais les allemands, nicht, payer DKV monsieur!

C'est bizarre ce pays, honnètement, j'aime pas y rouler. Déjà de partout c'est plein d'interdiction de doubler aux camions, pourquoi? Mystère! Alors que la voie de gauche est pas vraiment limitée en vitesse, on voit passer des types à plus de 200, ça fait bouger le camion. Et puis ils ont truc incroyable, des radars automatiques de vitesse, bref tout pour plaire. Le pire c'est que quand on double là ou c'est interdit, les bons chauffeurs allemands font des gestes pas très sympathiques, voire pire, ils 'arrêtent téléphoner aux flics pour donner ton numéro de plaque, incroyable, du coup, j'aime pas les allemands non plus. Pour ce samedi, je coupe sur Munster, on est sorti de la Ruhr, ça ira bien pour aujourd'hui.

La classe à Dallas

Dimanche 28

Décidement, ce tour est vraiment cool, à mon reveil, il y a un Breton de Morvan qui dort à côté, ils sont des 95 Superspace, vraiment joli. Je paye mon café 2dm, c'est cher, non seulement ils sont pas aimables, mais en plus le café est pas bon. A côté, il y a des touristes allemands qui bouffent déjà des saussices. Et le pire, ils rotent après manger! Bref, je pars de bonne heure en esperant entendre un peu les infos, mais en grandes ondes par ici, à part un peu RTL, on entend rien, je tripatouille la CB, pas grand monde non plus. Je commence donc ma savante tournée chez Hameico à Bremen. Il y a déjà des Espagnols à quai, eux de toutes façons ils sont complets, je traine autour d'une tasse de café dans la cuisine, je me fais chier en matant des vielles prises de vue arérienne de Bremen, c'est moche d'en haut aussi. Je jette un oeil sur la quai, la porte est déjà fermée, ils ont remis les palettes EUROP, il y a qu'au boulot qu'ils sont bons les allemands. Direction Hambourg, le jour ce lève doucement on se croirait pas en été, arrivé au Grossmarkt le gardien lève juste le nez sur ma belle carte du marché placardée au pare brise, c'est pas la plaque TIR, mais je m'en contente. Sur le parking de la halle, ça roupille encore pas mal, je traverse tout le marché par curiosité et je reviens sur mes pas puisque FruchtUnion ne sont pas au MIN mais à 5km de là, et j'ai l'air encore plus con. La rue de Fruchtunion est deserte comme un dimanche, je finis par me mettre à quai, chez Fruchtunion, les fruits en réunion, ou je sais, c'est naze.

Aujourd'hui, j'aurai voulu que ça traine. C'est dimanche et maintenant que je suis vide, j'ai plus le droit de rouler. Demain je dois recharger du congelé à Eemshaven au nord de la Hollande, je sais pas quoi faire, mais tout ce que je sais, c'est que j'ai pas envie de rester au grossmarkt, alors je sors en guettant les voitures vertes et blanches de la Polizei, ces enculeurs de mouches. Allez, je sors de Hambourg, on vera plus loin des fois qu'un autohof me fasse envie, je stoppe au hasard à Hollensted déjà pour prendre la douche et des fois que je voie un pote, mais personne, c'est mort! Ils sont tous en vacances les mecs! Je reprends vite fait ma route après un café degueulasse et une tête d'enterement de la serveuse. Je fonce vers le sud toujours, mais à 80 histoire de pas me faire reperer, je passe finalement Bremen, au feux pour rejoindre la direction de Oldenburg je remarque un Polonais en baché, il se doute de rien lui, il a un vieux 112 bleu, ils ont le moral ces mecs. Bon, je me suis décidé, je fais tirer jusqu'en Hollande, fais chier de moisir ici, en regardant la carte Eemshaven, c'est au bord de l'eau, il y aura bien un troquet, si ça se trouve ça sera joli... Je pousse un ouf de soulagement en passant la frontière, et je peux me remettre sans risques à 10 kilos jusqu'à Groningen, bon avant ça, je mets quand même 200L de Go à la Texaco parce que mine de rien, ça torche un 48. Plus je me raproche de Eemashaven, moins c'est peuplé, c'est cool. Et quand je finis par atterir à Eemshaven, je dois me resoudre a reconnaitre que j'ai fait une connerie, ici, il y a rien, c'est que INDUSTRIEL, il est 15h et j'ai rien à faire. Ah le con! Même la mer est derrière des digues si hautes que j'ai la flemme en plus il y a un vent d'enfer! Finalement, je vais opter pour la sièste, y a rien de mieux à faire. Le pire j'ai ps vu de cabine téléphonique, je telephonerai demain à ma chérie!

Frucht Union Hambourg!

Eemshaven, c'est pas un port de plaisance, qu'on se le dise!

Lundi 29

Autant dire que ce matin, j'ai pas trainé pour me lever. Avant toute chose, à la reception on m'invite à boire le café, no milk, but sugar dank u well. Ma commande est prête, j'éspère bien, on a le fax depuis jeudi passé. Les gars sont déjà à pied d'oeuvre enmmitouflés dans leurs combinaison d'alpinistes à sortir les palettes de crevettes. Je regarde ça de loin, faut que je compte les colis en même temps et ça me fait un peu caguer parce que j'ai froid. Je compte que les premières palettes vu que c'est toutes les mêmes, je retourne au café pendant que ça s'active dans ma super semi Chereau. Il y a d'autres camions qui attendent, les hollandais tentent de toutes façons de gruger une place à quai, c'est une maladie chez eux. Enfin, j'm'en fous je suis premier. Vu que je charge pour Calais, j'ai le temps de descendre et en matant la carte au bureau, j'ai eu l'envie de passer par la digue, ça faisait un moment que je voulais voir ce truc bizarre sur la carte.

Pour rejoindre Den Helder, il faut passer par Leuwarden, c'est cool ici, ça roule bien, rien de comparable avec les bouchons sur Rotterdam. En plus c'est assez sauvage ce qui n'est pas fait pour me deplaire! Bon, c'est vrai que ça fait faire un crochet, mais voilà je suis curieux. Et j'ai pas été déçu, c'est vraiment rigolo de rouler sur la mer, par contre les jours de grand vent, ça doit être flippant, ça doit être fermé obligé!!! Par contre une fois passé Den Helder fini la rigolade, je retrouve le trafic habituel mais vu l'heure ça passe bien et je me pose comme d'habitude pour une pause grandement méritée à la BP à Meer, aujourd'hui, c'est rempli de camions de chez STIES, j'adore leurs F12 camion remorque, c'est la grande classe. Au mur du bureau il y a les faxs pour Michel COMTE, et du coup, je sais que Juju doit passer par là, j'attends un peu, et vu qu'il y a personne, je file me jeter dans les bouchons d'Anvers. Quelle daube cette ville à traverser!!! Je fais le mec qui connait pas, pour gratter quelques places, je reste bien à droite direction Bruxelles et au dernier moment je reprends la direction de Gent, oui, c'est mal, mais bon, faut bien s'occuper. Après Anvers ça va nettement mieux je peux reprendre un rythme à 3 chiffres et vu la profondeur des ornières, je peux même lacher le volant, le camion garde le cap. Je coupe à travers par Ypres et je rejoins la France par Steenvorde, je stoppe à la première cabine téléphonique appeler à la maison prendre un peu des nouvelles. Comme je suis pas un gars raisonable, une fois mes pleins faits à l'AS24 à Calais, je vais faire un tour Place de Suède chez Freddy. Je m'arrête pas, je file à Boulogne pour demain. Et puis finalement, je suis resté, et merde, un peu de rigolade dans ce monde de brutes! C'est pas de ma faute, c'est les chauffeurs de TFND qui m'ont fait perdre du temps!

L'autoroute au milieu de la mer

 

Mardi 30

Ce matin, la rigolade est finie. Je prends la direction de Boulogne avec la tête dans le gaz, quelle soirée. Heureusement l'A16 est maintenant ouverte, ça va nettement mieux que l'archaique N1, c'est pas un mal, surtout ce matin car il pleut, bon, c'est pas surprenant ici!!! J'écoute attentivement enfin les informations, pas grand chose à ce mettre sous la dent ce matin, il y a juste une emission qui m'a saoulé ce matin, ça parlait d'internet, un truc pour les bourges encore! Déjà on a encore pas tous les CD dans les camions, et au prix des ordinateurs, je me demande bien à qui ça peut servir, d'autant que pour chercher un numéro de téléphone, hop 3611 et ça coute que dalle! Enfin, aujourd'hui c'est pas mon souci. Je dois aller moisir chez Frigo-Union, ils doivent tout me vider, me remettre quelques palettes après les avoir re-étiquettées et me completer. ça va prendre du temps, alors j'en profite pour roupiller 2h. Ici, il y a grave du matos, entre les Dispam et leur R420 et les Express Marée, j'ai l'air d'un con avec lmon Fiat. Mais oh! C'est un v8 quand même!! Finalement à midi on me lache, j'ai plus qu'à filer sur Monchy, ils sont gentils chez OBA, j'ai pas un boulot trop violent aujourd'hui. En plus vu que je suis completement chargé, je pinaille pas trop pour rejoindre l'A26.

J'arrive en début d'apreme à Monchy, chez un gros marchand de frites. Le responsable ici est un con, faut dire les choses comme elles sont. Une fois, la première fois que je suis venu en fait, je devais charger un complet 30 palettes. Il m'a d'abord fait vider mon coffre, balancer les palettes dans le frigo et il les a trié. Sur 30 palettes il en a gardé 5 ou 6, il veut que des neuves. J'ai ensuite du remettre toutes mes palettes dans les coffres. Avec sa gueule de petit merdeux, il sait que je pouvais rien faire. Depuis, quand je viens ici, j'ai pas de palettes, ça fait raler ma chef, mais je m'en fous, je suis pas un esclave. Et le must, c'est quand il me ramène une palette un peu abimée, je la lui fait changer, j'men fous, j'ai le droit et ça le fait chier, quel pied!

Une fois chargé, il faut plus trainer, il y avait un COTTO qui descendait sur le sud, mais lui passe par Reims et moi je dois stopper à Bobigny poser mon lot de frites. Je récupère rapidos l'autoroute et je descends à Mach3 sur la capitale, comme dirait un bon pote à moi, c'est la sex-road, celle du retour au bercail. Pas de temps à perdre donc! Vu que c'est encore les vacances ça roule plutôt bien sur Paris, et c'est tant mieux. Par contre c'est le boxon chez Peritrans, 2 quais et plein de camions, enfin que des petits porteurs, bilan une grosse heure de perdue, mais malgré tout les gens sont sympa ici, ça arrange bien les choses on va dire! En repartant, j'ai le coup de fil de Corinne ma chef, "descends rapidos tu remontes demain soir". Oui Coco! Elle deteste que je l'apelle Coco, et moi j'adore l'enerver. C'est un peu la merde sur le periph, mais si on reste bien à droite ça va pas trop mal, après comme d'hab, il faut faire du slalom dans les cuvettes si on veut pas perdre trop de temps. Le 91 moyen klaxonne, fait des appels de phares rageurs, mais je m'en tape completement, j'ai mis du Depeche Mode à fond, je suis concentré. Et je suis resté concentré à bloc jusqu'à Beaune, juste parce que demain faut que je remonte, et que j'ai dit à ma femme qu'à 3h du mat je serai au pieu. Alors sin on loupe pas un RDV pour un client, y a pas de raison que loupe un RDV avec ma chérie non?

Internet, c'est ce truc?

 

Mercredi 31

Une fois mon dernier café avalé à Beaune, il ne me reste qu'une grande ligne droite et au bout, il y a marqué TAIN L'HERMITAGE. Alors j'y vais d'un rythme soutenu mais sans plus, ce soir je me suis fait déposer, mais alors déposer par un Paconsa avec un MAN, hé bé, c'est rare que je me fasse déposer comme ça, j'ai même pas essayé de le rattraper pour voir à combien il roulait. Je pensais même le voir éparpillé dans les courbes de la descente d'Ecully, mais non, il a bien maitrisé l'espagnol, c'est pas des charlots ces mecs, moi je me plainds de descendre sur Valence, eux ils ont encore 20h de volant minimum pour arriver à Almeria. A la CB tout le monde les critique, moi ça m'enerve! Que chacun se melle de ses affaires et les vaches seront bien gardées! Comme je l'avais donc calculé, je me suis pointé à 2h30 au dépot, camion chaud bouillant! Bertrans aussi est chaud bouillant! Je lui laisse le loisir de faire le plein, moi je me jette dans ma 2cv4 et je fonce pied à la tole à la maison, j'ai eu tous les feux au vert, même ceux qui étaient rouge et à 3h j'étais enfin dans le lit conjugal!

A midi, j'ai appelé ma chef, histoire d'en savoir un peu plus sur mon avenir. "Rapide GB, Bertrand t'appelera depuis la Shell à Montélimar. Clic" C'est bien, j'ai même pas eu le temps de lui faire mon laïus sur le pourquoi du comment c'est toujours moi qui me tape les rapides, et que y en a marre. J'ai failli la rappeler et puis finalement j'ai attaqué la construction d'un super gros batiment en Lego avec mon garçon et j'ai oublié. J'ai juste attaqué à faire mon sac quand Bertrand m'a appelé à 21h. Putain pas en retard le gars! Gros mimis à ma chérie et je fonce au dépôt, je suis déjà fatigué. Bertrand aussi il est crevé, il a de quoi, une fois qu'il a vidé le voyage de congelé, il a refait une zone courte avant d'aller recharger le complet de pommes. Un voyage prêt depuis des lustres mais qu'il faut livrer foulée. Ma foi, d'un autre côté ça m'arrange, j'ai carte blanche pour grimper, alors, en avant! Je peux vraiment faire parler la poudre après Tain, personne double, à part dans le boeuf que je monte quand même à 70 avec mes 24 palettes de pommes. Je suis arrivé tellement fort dans le virage de la Mulatière que j'ai bien cru tout benner, pourtant je l'ai attaqué depuis la 3e et tout couper, si ma femme avait été là, elle m'aurait encore passé un savon! Malgré tous mes efforts pour me tenir en forme, c'est à dire transgresser un maximum de règles "just for fun" j'échoue à la ELF à Beaune, je vais trouver le pompiste, le chauve qui arrête pas de jacasser, je lui lache 5f et "reviens taper à ma porte dans un quart d'heure"

Jeudi 1

Ce petit quart d'heure m'a fait le plus grand bien. J'enquille un café avec le chauve qui arrête pas de jacasser decidement, et je remets le pied dedans. Fenêtre grande ouverte, et bien sûr gant de toilette humide à proximité un truc de vieux que m'a appris un vieux chauffeur. Et faut reconnaitre que ça marche. Quand je suis vraiment degommé j'ai aussi du Guronsan et surtout du Pulco citron acide, c'est tellement degueulasse que ça me reveille! Il y a pas mal de Brewell qui descendent cette nuit, ils sont cool les hollandais, on salue entre marchands de fleurs, coups de clignos dans le retro c'est rigolo! En attendant, vu le timing et la forme je garde l'autoroute. Mais je fais pas trop le fou quand même, et scrute bien chaque entrée de service, chaque pile de pont des fois que des habitants de 504 bleue soient décidés à jouer à cache cache cette nuit. Le dernier coup ça a couté si cher à mon pauvre Michel, qu'il m'avait dit : "c'est la dernière fois! 100 pas plus!" Ben oui, mais ils ont qu'à donner des horaires tenables aussi!! Pour le moment, y a qu'un truc qui m'enerve, c'est que la nuit, Inter en longues ondes est fermé, alors tous les 10km il faut essayer de trouver la bonne fréquence en FM, et ça tombe bien sûr à chaque fois qu'il y a un truc trooooop interessant. Je finis par echouer au lever du jour à la Esso avant Reims, je me traine comme je peux jusqu'à la machine à café balancer ma pièce de 5f. Il y a deux itatliens de Gallassini qui sont dans le même état que moi. Mais personne ne se parle.

Maintenant, l'objectif, c'est de choper le bateau de 10h30. Je suis tellement naze, que je me fous de tout, flic pas flic, c'est pareil, pied à la planche et on vera bien. Je me demande bien combien de temps ça va durer ces conneries quand même! Sur mon CMR, il y a même une clause de retard, des pénalités si je suis à la bourre, ils sont tarés les marchands de pomme! Moi aussi je suis secoué, c'est vrai aussi, mais pas au point de me casser la gueule, c'est pourquoi je stoppe encore 2 minutes à St Quentin reprendre un café, je prends même pas la peine de couper le moteur, j'y vais carrement en courant! Secoué que je vous dis!! Comme d'hab je serre un peu les fesses à St Omer, j'essaie de passer avec la gueule la moins stressée de la planète, et après Banzai pour les dernier kilomètres pour rejoindre Calais. Il y a foule déjà au poste de péage de la P&O mais j'ai réussi à embarquer sur le 10h30. Pfuiii. Vu la flemme, je reste bien au fond de la cale, et c'est les gros coups de poings des marins à Douvres qui vont me reveiller, dire s'il y a eu des vagues ou pas, j'en ai pas la moindre idée! 3/4h de route plus tard je suis chez Saphir à Faversham, le mec a marqué que j'étais en retard sur la feuille, j'en fous. Le pire c'est que c'est à moi de tirer les palettes.

Une fois vide, j'appele en PCV au dépot. Ma chef voulait que je dorme ici. Il y a rien ici, t'es folle! On s'engueule bien sûr juste parce que ça fait du bien pour les nerfs, et je redescends à Calais, ou ça? A Transmark, j'ai envie d'être tranquille, et surtout une bonne douche toute neuve! Qu'es ce que je risque de toutes façons à redescendre hein? A part visiter la prison de Douvres!!! Je termine chaud mais fatigué avec un joli 45T, demain grasse mat, et grosse journée en vue aussi!

 

Douvres

Vendredi 2

J'ai demarré à midi avec mon joli fax et surtout ma belle vignette belge colorée. J'ai vraiment bien dormi, si je m'étais écouté, j'y serai encore. Mais on est vendredi, et le vendredi tout est permis! Cap donc sur la Flandre, je vais charger des azalés, c'est joli les azalés, mais c'est lourd et c'est un peu chiant à charger au hayon. Je commence à Merelbeke, petit producteur, mais comme chez la plupart de Belges, café offert dans une jolie tasse et toujours le biscuit dans la soucoupe, même si on pue la transpiration, on est toujours bien reçu. Un crochet par la case Gimall Plants à Wetteren, ça charge à quai, c'est cool. Leur chauffeur aussi est cool, un vrai Belge qui fait une tournée hebdomadaire en France avec un Eurostar, rien que de l'entendre parler de son FIAT, il y a de quoi rigoler, alléééé ça est une belle saloperie hein? Enfin pour finir, je vais sur Mechelen, c'est chiant il faut passer Bruxelles, d'autant plus contrariant qu'avant c'es deux clients étaient voisins de quai, c'était bien pratique. Forcement, qui dit vendredi, dit boxon sur la capitale de tous les Belges, il y aurait bien la route par Dandermonde, mais c'est si mal indiqué chez les Belges que je prends pas le risque de me perdre.

Aussitôt à quai, aussitôt chargé, il y a un peu lourd, mais c'est pas grave, je traine pas, c'est vendredi j'vous dis! Je retraverse Bruxelles mais par Waterloo, ça roule pas trop mal finalement, ce soir je suis motivé de passer par Charleville, ça change. Le plus dur par là, c'est de sortir de Charleroi, il y a une tripotée de feux dans la côte, mais d'un autre côté ça permet de mater les petits bordels qu'il y a le long de la route, bien entendu on voit jamais un seul petit lot venir pointer sa frimousse dehors! Je me pointe donc tout mouillé de chaud chez Pierre à la frontière française au Gué D'Hossu. J'aime cet endroit, on y mange bien, et Pierre a toujours le mot pour rire. Je ramène toujours une plante ou deux, ce qui me donne droit a un menu un peu moins cher, oui, il y a pas de petites économies!!!

Une heure de gastro plus tard, je reprends mon chemin à travers les Ardennes déjà endormies. Au croisement de la nationale, il y a les 22 comme d'hab, mais ils sont inofensifs à chaque fois aussi, je me demande même à quoi ils servent. J'aime bien passer par là de toutes façons, du moins tant que la météo est bonne. Et puis ça me rapelle quand on passait par là à l'armée, à pas plus de 60, maintenant, j'ai le droit d'y passer à toc! J'arrive rapidos à Chalon/Marne, à la CB ça parle déjà chtmi, c'est bon, j'ai rattrapé le bon chemin, je me suis même pas perdu. Le camion lui, il est bien cradingue, les routes elles sont vraiment degueu par là, et pour le fun, je m'amuse même à serrer au max à droite histoire qu'il soit encore plus crade et qu'on oublie pas de le laver demain! Je me pose à Langres, maintenant il y a une piste AS24 à la Avia, c'est pratique ça, ils sont pas cons chez AS24!

Le liverpool chez Freddy

Samedi 3

Autour du café, ça rigole ferme, et puis il faut dire que la serveuse de la nuit à pas sa langue dans sa poche, une qui a tout compris pour être acceptée par tout le monde. Par contre je pense qu'elle passe beaucoup moins bien auprès des touristes, mais on s'en fout, c'est que des touristes qui de toutes façons nous font chier avec leurs phares toujours mal réglés!!! Je m'eternise pas trop quand même, l'heure avance et j'ai encore rien foutu. Je remets le pied dedans, et je suis rattrapé par un Belge avec un FH, c'est les nouveaux Volvo on commence à en voir un peu. A ce qu'il parait c'est tout electronique on peut pas les debrider, mais visiblement, le chauffeur Belge a eu la combine, ils sont forts ces Belges. Je quitte de mon côté l'A6 à Macon, et oui, faut aller livrer à Bourg en Bresse. Pour rejoindre le client, il faut traverser tout Bourg, c'est chiant à traverser, tous ces feux pas synchronisés, ça casse la vitesse. Je pose une dizaine de rolls chez le client sur la route de st Etienne du Bois. Faut pas louper l'entrée, une fois, je suis passé si vite que j'ai été faire mon 1/2 tour à St Etienne du Bois justement.

Là ici, c'est un peu la merde, déjà faut chercher à tatons la lumière, j'ai bien une lampe mais j'oublie d'acheter des piles à chaque week-end. Demain j'y vais sans fautes, je trouve donc avec l'aide de mon briquet le clé pour ouvrir le portail de la serre, et je déballe. Bien sur le client a préparé aucun rolls vide pour le retour, je suis pas son clebard et je reprend rien donc, et puis c'est samedi, je suis pressé comme un citron aussi! Aussitôt fini, je laisse tout en plan, enfin, sauf la clé que je referme et je laisse la lumière au cas ou un autre vienne livrer plus tard. Un dernier petit café juste avant l'entrée de Lyon, parce que je suis cuit, et je finis de poser mon voyage à Chassieu, ça va bien pour vider ici, les rolls sont déjà tous pliés, les papiers sont carrés, moi j'aime bien. Je rejoins en vitesse le dépot, avec tous les sudistes de la planète, ça rigole pas sur l'a7 ce matin!!! Au garage tout le monde bosse déjà. Le service emballages vide est dans la boue à empiller des rolls vides, mon camion va à la vidange, tous les 20.000! et surtout au lavage! Moi je vais vite rendre mes CMR et foncer à la maison, plein de trucs à faire, c'est enfin le week-end, on vera la suite lundi soir, allemgen ou GB??? Qui sait?

Terminus!!!

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