Mon Carnet de bord... Suivez mes aventures, semaine après semaine!

Septembre 2009

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Mardi 1

Toujours sur ce parking de réception je signale par deux fois ma présence au gardien, au cas inespéré ou l'on pourrais - pourquoi pas, vas savoir, l'espoir fait vivre - me charger avant 14h. Non. Ok je retourne au camion. Ce parking est vraiment génial: en plein soleil, à coté de l'autoroute, avec les frigos qui hurlent à la mort, avec des wc en plastique type chantier... haaaa qu'il fait bon passer sa matinée ici!
14h - heure du rdv - me revoici frais et fringant devant le gardien. "c'est pas encore prêt" me dit-il dans un français approximatif... "p°tain fait ch°er" je lui répond dans un français encore plus approximatif...
14h, rien.
15h, rien.
16h, rien.
17h, rien.
17h30, alors que je commence à sortir de la cour pour aller recharger ailleurs sur consigne de mon chef, le gardien me coure après et me dit "porte 33"... comme par hasard...
Du coup je charge bien ici, la porte 33 n'hexiste pas si bien que je fais 2 tours du batiment avant de savoir à quel quai me mettre... Il y a, au quai d'à coté, un collègue de chez AlpFroid qui est à deux doigts de la rupture: il lui ont fait sortir toutes ses pal europes, puis finalement ils ne les ont pas voulu... je l'ai donc aidé à les ranger ce qui m'est apparu comme la moindre des choses...
18h45 je repars, les palettes sont à ras la penderie, je suis sur les nerfs...

Direction le Fréjus je n'en fini pas de me gratter l'oeil droit... j'ai dû me faire piquer par une bestiole: ça me démange...
Je coupe 30 min vers St Julien de Maurienne, je me regarde dans la glace, ma paupière supérieure est très enflée.
2h j'arrive à Brignais, l'oeil à demi-fermé... je commence à sérieusement m'inquièter...

5h je suis au dépôt, je fais mes pleins, je prends ma douche; 6h je suis couché.

semie belge

"hey...salut beau-gosse... tiens bois donc un Stuffer!"

dédicace à Phil-turbostar-26

Tps Dussol

Mercredi 2

C'est bon, ma paupière est toujours enflée mais moins que cette nuit... Je pars manger avec Crust et Andrik.

Je charge au dépôt pour la Bretagne, pour le même client que la semaine dernière, pour le même client que la semaine d'avant aussi... En 4h28 j'atteinds Romorantin, puis à nouveau en 4h28 je suis à quai chez ce client: tout est calculé.

Que dire de plus sur cette journée? rien.

traversée de Blet

habitant de Blet

éclairage Blésois

Jeudi 3

Ce matin je vais charger du porc en Normandie. Je lave le camion, puis je me mets à quai pour 3h d'attente qui me permettront, en plus de ne faire que 9h cette nuit, de prendre ma douche, de faire ma vaiselle, de manger et de faire une sieste... Il fait 18° ce midi c'est vraiment agréable.

15h je suis complet.

16h je décolle après avoir attendu 3/4 d'heure les papiers.

La suite c'est la même route en sens inverse, via Ernée, Vendôme, Bourges...
Sur la nationale j'ai eu à faire à une sorte d'imbécile appartenant à la catégorie des "tendeurs de museau"... si vous savez, ce genre de conducteur qui tend le museau de son camion comme s'il allait doubler mais qui, en définitive, ne double jamais... aujourd'hui l'individu en question est resté comme ça, à environ 3m de mon par-choc, décalé sur la gauche, empiétant même les lignes blanches parfois, du Mans à près de Vendôme en me mettant bien son phare gauche dans la tronche... pauvre imbécile... si je pouvais aller plus vite je le ferais! le pire c'est que dès qu'il y a eu une portion à deux voies j'ai levé le pied pour lui faciliter le passage et c'est lui qui qui m'a fait ch°er jusqu'à Blois... car en fait il ne roulait pas plus vite... c'est juste qu'il ne respestait pas les distances de sécurité...

En 8h30 j'arrive sur un parking quelconque... je me serais bien posé à l'IDS près de Moulins mais le parking était blindé et je ne me voyais pas débarquer au milieu avec le frigo en dégivrage... J'ai aussi pensé au grand parking de St Pierre de Moutiers mais là-bas c'est gay pride assurée donc si je peux éviter...


au second plan:le Mt St-Michel; au premier plan: les fils électriques

Poster FranceRoutes septembre2009

la route de Vendôme

Vendredi 4

Voilà, je n'ai pas loupé le réveil, si bien qu'à 11h15 je suis au dépôt. J'y retrouve Thomas qui lui aussi a fini sa semaine.

Lavage + pleins + parcage et le tour est joué, je rentre sur Pont de Vaux.

dimanche départ pour Modena...

...

Thomas et Régis arrivés prem's

Samedi 5

Dimanche 6

dimanche 6, on prend le même et on recommence. départ 18h30.

Aujourd'hui j'ai la joie de rester bloqué 1 heure à l'entrée du Mt Blanc: pourquoi? aucune idée... l'escorte n'a apparemment pas envie de venir me chercher alors j'attends... le distributeur de boisson est HS, les toilettes sont sales... je vais de surprise en surprise. Tiens, ils arrivent!...
Après avoir observé les hommes en jaune-fluo consummer leur clope tranquille en dépit des 4 paires d'yeux noirs de colère qui les fusillent maintenant depuis le parking PL, nous pouvons enfin rejoindre l'Italie.

Plus beaucoup de touristes ce soir dans la vallée d'Aoste: la fin des vacances à sonné, on a remis la bâche sur le camping car, on a rangé les tongs et le marcel, on laisse enfin Régis caler sont régulateur sur l'autoroute pour qu'il ait le loisir de bouquinner, manger, téléphonner tout en maintenant un petit 160 Km'h de moyenne...

Je n'ai pas fait de courses ce week-end, il me manque donc mon indispensable kilo de brugnons à dévorer pendant la nuit... si seulement ils en vendaient à l'autogrill de Viverone, mais bien sûr que non: toujours ces saloperies de Pringles!

J'écoute de la musique jusqu'à Modena, j'arrive juste avant 4h et je passe à quai directement à ma grande surprise. Il y avait bien un Olano devant moi, aussi j'ai jugé utile de le signaler aux caristes pour ne pas créer d'embrouille, mais ils veulent ma marchandise en priorité. Je dors un peu pendant qu'ils déchargent et beaucoup lorsqu'ils ont fini.

Viverone, once again

ne serait-ce pas un peu plus classe que le gobelet selecta?

Lundi 7

23°!!! Il fait seulement 23° à 11h08 lorsque je me réveille pour écouter la chronique de Daniel Morin sur Inter: quelle joie de retrouver des émissions en direct après deux mois de rediffusions avilissantes pour un fervent auditeur de mon rang... Non, je ne suis pas fan de Stéphane Bern, mais "Le Fou du Roi" est selon moi une émission de radio pas trop male, surtout si on la compare avec la programation concurrente.

Dès la fin de ma coupure je rejoins la station de lavage la plus proche. j'arrive à 13h15, cette station étant fermée jusqu'à 14h je décide de patienter derrière un camion Danois lui même en attente: Ici on lave les semies par deux, c'est donc comme si j'étais le premier. 13h50, plus que 10 minutes à attendre...mais voici qu'arrive un camion Allemand...après un léger temps d'hésitation...oui c'est bien cela, après un léger temps d'hésitation, quelle n'est pas notre stupeur de voir notre collègue nous passer devant tranquillos pour se garer directement sur les pistes, lever la suspension et ouvrir les portes comme si de rien était.
A ce moment là, et malgré mon éveil spirituel consécutif à 17 ans de retranchement dans un temple tibetain, malgré ma totale dévotion pour les théories pacifistes de Francis Lalanne, malgré mes légendaires nerfs d'acier inoxydable, malgré tout cela je décide d'aller au contact... Non mais pour qui il nous prend lui?
En descendant de son camion il me gratifie d'un niais sourire en réponse à mon attaque frontale: en gros je lui dis, dans un mélange de français d'allemand et d'italien, qu'il est N°3 et que ce n'est même pas la peine de discuter... Toujours avec son niais sourire il effectue diverses tentatives allant de la blague à la "corruption" (via distributeur de boisson), mais je ne lâche rien: non seulement je n'ai vraiment pas apprécié la manière de faire mais surtout je suis pressé. Après quelques échanges musclés il finit quand même par plier et engage la marche arrière. Je sors donc triomphal de cette aventure, et pendant qu'un sculpteur entâme l'érection d'une statue en mon nom pour marquer à jamais la mémoire de cette station de lavage, j'entre sur la piste... devant moi, selon un rite ancestral, les laveurs tendent leur pouce bien haut...

Une première ramasse tout près d'ici et je repars direction Mantova. Il faut que j'arrive avant 17h sous peine de voir le chargement reporté à demain: j'arrive à 16h55... comme quoi j'ai bien fait de virer le conducteur Allemand mal-élevé...

La suite du programme n'étant pas encore définie, j'ai pour consigne de couper vers Alessandria, point de séparation de la route du Fréjus et de la route du Mt Blanc. Finalement comme je ne connais pas grand chose pour dormir avec un frigo qui hurle, sur Alessandria, je décide de couper entre Broni et Casteggio sur un immense parking d'usine ou je ne fais que passer.

le camion au milieu, c'est aussi un Ferrari?

j'aimerais afficher le même palmarès sur mon déflecteur...

ça roule vite en tomate!

vers Cremona

Mardi 8

Je case 11h de repos et je prends finalement la direction d'Aoste pour un retour sur Bourg. c'est hallucinant le nombre de policiers italiens que je rencontre ce mardi matin: je suis passé 3 fois à 90km/h devant des radars mobiles (peut-être du courrier à venir?).
La descente du Mt Blanc - côté français se fera au rythme tonitruant d'une tortue asthmatique Corse pour cause de convoi exceptionnel...

Arrivé à Bourg je m'exerce au chariot élévateur pour éclater le chargement - dans tous les sens du terme, je prends une douche et je me sauve direction Corbas pour une coupure dans le cadre Idyllique de la zone industrielle. Ne sachant où me poser je finis devant chez un client habituel dans un endroit très calme car dépourvu de passage.

Vous allez dire que je vous soûle avec mes mièvres histoires canines mais aujourd'hui encore le destin a fait se rencontrer Régis - icône de la pop autoroutière des années 2000 et un vieux clébard digne d'une caricature ou d'un dessin animé...
Tout à commencé alors que Régis bâfrait tout en écoutant les dernières blagues d'un impétueux comique ardéchois avide de reconnaissance pour le travail de concentration nécessaire à sa prolificité... Le clébard que nous appellerons "clébard" faute de connaître son vrai nom s'est présenté sous la fenêtre passager avec son allure de "clochard" du Walt Disney "La belle et le Clochard". Il a l'air sympa mais il a surtout l'air d'avoir très faim car il fait des aller-venues dans la rue à la recherche d'un improbable fond de poubelle à récurer... et puis il tente en vain de passer la grille de la salaison d'à coté, pour renifler de plus près la bonne odeur de grayon émanante des rolls parqués dehors... et puis il revient sans arrêt sous ma fenêtre pour me jeter en plein amour propre ce regard que seules nos amies les bêtes et Patrick Fiori savent faire... bref si je n'agis pas je vais dormir les yeux ouverts donc je décide de lui offrir mon ultime boite de lapin aux 2 moutardes...
il s'est régalé, et comme pour me remercier il a passé la soirée couché au pied du camion... je l'aurais bien invité à monter boire un dernier verre mais je ne suis pas un garçon facile, alors on s'est contenté de parler football en regardant les étoiles...

magnifique

ça devient select pour entrer sous le Mt Blanc

ça fond à vue d'oeil!!!

le clébard, once again

Mercredi 9

Au réveil mon pote le chien a disparu... seule reste cette inscription au rouge à lêvres sur mon rétroviseur: "merci pour la boite, adieu..."

Je fais ma livraison à 7h, le quai est bien merdique mais les caristes sont très sympas.
Ensuite direction La base infernale où théoriquement on m'attend pour charger à 8h.8h00, je suis à quai. J'entre à la reception... j'attend... personne ne me regarde... c'est comme si je n'étais pas là... je n'éxiste pas... au début par politesse j'attendais la fin du coup du fil de l'exploitant qui me fait face mais non, il en reprend un autre... donc je finis par m'imposer pour arriver à mes fins mais j'apprends qu'aujourd'hui "c'est le bordel car il manque du monde sur le quai, y'a personne pour charger..." je m'intérroge, pourquoi prend-il se ton désappointé: c'est toujours comme ça ici! la véritable surprise ce sera le jour où tout ce passera bien, le jour où je partirai à l'heure...
Je demande à tout hasard si je peux charger moi-même, mais impossible car "il faut aller chercher les palettes à la congel". Qu'est ce qu'ils ont tous à dire "LA" congel? Ne dit-on pas "LE" congel?... bref, aux bureaux on m'invite à aller voir le chef de quai... ce dernier complètement surmené me renvoie direct aux bureaux... surtout rester calme...
Je vais passer 2 heures de plaisir intense ici.

Je pars donc à 10h pour 4 clients autour du Mans et de Rennnes. Je monte par la nationale, je suis léger.

Je dois livrer 2 clients au Mans ce soir, je décide de changer l'ordre de passage pour pouvoir restpecter l'amplitude.
Aucune étiquette sur les palettes identiques, de plus tout est chargé à l'envers... j'apprends après avoir vidé le deuxième qu'il y a une erreur de livraison... et m°rde! c'est incompréhensible leur truc: les palettes de la marque A sont à livrer à l'entrepôt de la marque A sauf une à livrer à l'entrepôt B alors que la palette de la marque C est - pour aucune raisons logique - à livrer à l'entrepôt A...vous n'avez rien compris? moi non plus... De toutes façon je ne peux rectifier mon erreur, je n'ai plus d'amplitude et j'échoue sur un refuge en sortie d'agglomération mancelle.

ici il faut rentrer en 1 fois

traversée de L'Arbresle...

...puis de Tarare

une mise à quai un peu trop violente et voilà...

Jeudi 10

Debout à 7h, j'ai bien dormi malgré le frigo, la nationale et le train... s'il n'y avait pas eu ces insupportables chants mélodieux de petits oiseaux c'eut été parfait...

Chez mon premier client, à Rennes, je sors les palettes à toute allure, ce qui surprend le cariste local apparemment peu familier à la vitesse.
Chez mon deuxième client, je vais rester 1h30 pour vider 8 palettes... la cariste a beau être mimi comme tout c'est un véritable manche... bon j'espère en fait qu'elle débute car il s'y prend très mal. A la question "est-ce possible de descendre les palettes devant les coffres?" on m'a répondu "bah non, ça va me faire perdre du temps hun?"... ok laissez-moi me flinguer le dos, j'aime bien...

C'est en Normandie, à l'abattoir dans lequel je recharge que je vais transvaser toutes mes palettes de l'intérieur aux coffres de la semie... un grand plaisir à faire... ensuite je vais laver et patienter avant de me mettre en place pour charger un complet de pendu.

Une douche et une sieste plus tard je peux aller faire les papiers. Comme cette opération dure un certain temps, j'ai tout le loisir de potasser les magazines mis à ma disposition au bureau d'accueil tel le surprenant "Porc Magazine": passionant.

17h45 c'est parti, il faut que je surveille l'amplitude, je redescend pénard avec ma bidoche, tout par la nationale. je coupe juste après St Calais.

à éviter en ce moment

régulièrement mon camion se pèse

en regardant l'écran d'en haut on voit une ombre... (enfin sur mon ordi c'est comme ça)

Régis Robuchon, notez le niveau...

Vendredi 11

Comme je l'ai annoncé en début de semaine, je suis parti dimanche sans avoir fait de courses... je réalise aujourd'hui que je n'ai pas mangé une seule fois au resto et que j'ai survécu sur mes réserves pendant 6 jours.... une semaine en camion avec moi c'est plus dur qu'une semaine de Koh-Lanta.
Ce matin je décide d'aller prendre le petit dej au bar. Vu la tronche du lieux je rechigne à prendre mon traditionnel chocolat chaud, car je pense qu'ici ils n'en ont pas fait depuis 1984... alors je préfère le traditionnel café, amer, aigre, âpre...

La suite c'est encore une fois la RCEA qui se déroule impunément dans toute sa splendeur.

Je suis au dépôt à 13h45, at home en fin d'aprem'

dans le Berry

les bickers en partance pour le Bol d'or!

Samedi 12

Dimanche 13

J'ai l'esprit tellement occupé ce soir en partant que j'en oublierais presque d'être découragé d'aller une fois de plus vers Modena. En fait je me pose des questions existentielles concernant l'évolution de mon travail après avoir pris connaissance - via le forum - des récentes restrictions PL sur l'autoroute A7... Je réfléchis... J'ai envie de faire quelquechose, n'importe quoi, un truc à ma porté (pléonasme), je commence à imaginer une lettre adressée à je ne sais quel représentant du pouvoir décisionnel... Je continue à rouler vers l'Italie et petit à petit mon projet prend forme dans ma tête: c'est décidé, je vais envoyer un mail au Secrétaire d'Etat chargé des Transports, ce mail qu'il ne lira sûrement pas comportera une ébauche de ce qui alimente beaucoup de mes conversations ces derniers temps, à savoir la lente et constante dégradation de nos droits de professionnels-gènants de la route. Je sais, certains trouveront cet acte dérisoire... mais personnellement je tiens à enrayer mon statut de "veau" auprès des hautes instances...

Du coup je ne vois pas défiler cette nuit de conduite, des idées me viennent puis repartent, mon esprit est bien trop occupé pour s'intéresser au sommeil. J'arrive donc chez mon client frais comme une tanche, un cariste m'invite à rester attentif on va me vider sans tarder (d'autres eussent dit "pas tard"), je me pose devant le portail - veilleuses allumées, puis je passe à quai. Le soleil vient de se lever, ce n'est pas l'heure de l'ami Ricoré mais celle d'aller se coucher: je me cale sous la couette, il fait foid et il pleut, des conditions de rêve pour plonger dans un profond sommeil.

sur la route du Mt Blanc

l'entrée du Mt Blanc

Lundi 14

Il fait toujours un temps bien pourri au réveil, c'est fantastique. Je sors de mon lit pour rejoindre l'intérieur de la semie: un espace clôt, froid, humide, maculé de sang... bref la transition est brutale. Je dois tout remettre en ordre... et il y a du travail! Une fois ma coupure terminée je file laver à Vignola. Cette fois-ci on m'offre le café er une bouteille d'eau minérale... ils sont vraiment sympa ici... ça doit forcément cacher quelquechose... ou alors sont-ils symplement "gentils"?

Je fonce sur Gallarate; j'arrive 20 minutes après le départ des caristes, du coup je suis contraint de planter ma tente ici... j'ai cavalé pour rien... Bon, il est l'heure de mettre sur papier mon inspiration de la veille, même si j'ai l'impression d'en avoir oublié la moitié...

Voici mon message à l'attention de Dominique Bussereau, je n'en suis pas vraiment satisfait, je pense que j'aurais pû faire mieux mais je ne compte pas y passer des jours donc il suffira à traduire mes pensées:

"A l'attention de Monsieur Dominique Bussereau; Secrétaire d'Etat chargé des Transports; Ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Developpement durable et de la Mer.

Monsieur le Secrétaire d'Etat chargé des Transports,

Conducteur routier depuis 2004 et témoin de la constante dégradation de mon cadre de travail, je m'interroge en voyant avec quelle ardeur les mesures se succèdent ces derniers mois sous couvert de juguler l'insécurité routière. Ici, je veux mettre l'accent sur la recrudescence mais surtout l'incongruité des diverses interdictions imputées aux Poids lourds sur les axes majeurs de notre pays: interdiction de dépasser sur l'A31, report de l'intégralité du transit lyonnais sur la rocade-Est, application définitive des restrictions estivales dans le Col du "Grand Boeuf" (A7), sans compter la manne des projets à venir dont la vitesse de mise en application surprend les plus aguerris. Je ne remets pas en cause leur prétendue finalité - j'essaie moi-même d'oeuvrer au quotidien pour la sécurité de tous - mais beaucoup de ces restrictions m'apparaissent inadaptées, voir contestables. Aussi j'en viens à penser que notre corporation ne représente que très peu d'influence lors de vos prises de position, et que les droits du Poids Lourd ne pèsent finalement que très peu.

Ce qui me pousse à agir en vous contactant, outre le mutisme de mes représentants, c'est ma parfaite incompréhension d'un système qui fustige son propre mode de fonctionnement en ayant parfaitement conscience d'apporter de fausses solutions à de réels problèmes. Je suis le premier à déplorer - au même titre que le prêcheur le plus affuté des croisades anticamions - le nombre de poids lourds sur les routes françaises et je reconnais qu'il s'avère difficile de faire cohabiter le vacancier et le professionnel sur une même infrastructure. En recadrant sans cesse le champ d'intervention des poids lourds vous faites illusion de réactivité auprès de l'opinion publique, certes, mais vous savez mieux que moi que vous n'apportez nulle solution au problème de fond... Bien entendu à l'heure de l'hyper-réactivité politique on privilégie le coup d'éclat et son impact médiatique indispensable pour remplir les urnes.

J'aimerais vous faire comprendre qu'avec la prolifération des obstacles venant enrailler le bon déroulement de leur activité, beaucoup de conducteurs - et j'en suis - en arrivent à préférer braver les interdictions au nom de la bienséance, plutôt que d'en accumuler les conséquenses. Le routier jadis considéré "sympa" devient alors un bandit à honnir. Entendez-moi bien, je ne parle pas ici de ces écervellés fous du volant dont les médias se font l'écho sans vergogne pour abrutir un peu plus la populace. Je parle ici de vous, de moi, et quiquonque préférera garder un droit de réserve face à l'incohérence. Pliez-vous à toutes les mesures en cour et vous verrez à quel point la situation peut s'avérer grotesque: roulez à vide à 30km/h derrière un grummier dans le col du "Grand Boeuf" alors que l'autoroute est déserte; rallongez votre itinéraire de 20 minutes au détriment de votre heure de repos pour traverser Lyon en pleine nuit; abandonnez un itinéraire "logique" de plusieurs centaines de Km car il y a une seule ville interdite aux PL et vous comprendrez facilement la désimplication croissante de mes collègues ainsi que le gel des vocations... Mais peu être là n'est pas votre souci à l'heure où l'on projette des yeux doux mais scabreux vers une main d'oeuvre "facile" que l'on ne rechigne pas à aller chercher toujours plus à l'Est; aussi permettez-moi l'insolence d'une mise en garde: la cohabitation n'est pas forcément aisée losqu'en plus de subir les interdictions sus-mentionnées l'on est exploité et l'on croupit des weekend entiers sur une aire de repos.

Ce qui me comtrarie le plus dans ma simple quête de bon-sens, c'est d'apprendre le même jour l'interdiction de dépassement dans le col du "Grand Boeuf" et les derniers résultats du fret-SNCF... Tout est là... alors, comme pour rassurer la veuve et l'orphelin, on annonce triomphalement la semaine suivante le déblocage de 7 milliards d'euro pour ce même fret-SNCF sous la bannière du grenelle de l'environnement. Bien. 7 Milliards... laché comme ça, dans le poste, ça claque comme un coup de tonnerre... en montant un peu le volume on apprend que divers projets d'autoroutes ferrovières vont voir le jour, que des TGV-Fret sont à l'étude pour des traffics inter-aéroports, que des activités non rentables comme le "wagon isolé" vont disparaître... Le tout sous condition de remaniement de la branche - les syndicats étant déjà sur le qui-vive.
La méthode - maintes fois éprouvée - s'avère gratifiante : on occulte les véritables enjeux, on fait une parfaite illusion médiatique à grand coup de chiffres pompeux et termes salvateurs, dès lors la ménagère - en écoutant d'une oreille - retient: 7 milliards - ferroutage - moins de camion... et le tour est joué! le gouvernement en ressort grandi et pendant ce temps là, comme ça s'accummulle sérieusement dans le "Grand Boeuf", il n'y a qu'à gendarmer à tout va.
7, 15 ou 50 Milliards quelle est la différence si l'on ne remet pas fondamentalement en cause un systême économique basé - et je ne vous apprends rien - sur le camion. Il y a quelques années, la filière fret de la SNCF devait connaitre un essort sans pareil avec l'investissement colossal en terme de locomotives... le tout biensûr sur fond de matracage médiatique, avec l'apparition du nouvel habillage vert des motrices. On en avait beaucoup parlé, sur tous supports (papiers, radio, télévision, internet) et puis la flamme s'est peu à peu épuisée, et puis on a oublié...
Alors que la situation économique de la filière s'enclave dans des profondeurs abyssales jamais explorées, on parle d'autoroutes ferrovières, un projet qui absorbera une goutte d'eau du traffic pour peu qu'il fonctionne, on parle de TGV-Fret qui désengorgera peut-être les aéroports à défaut de désengorger les routes, et on entend récupérer 25% des échanges de marchandises... je ne suis pas si obtimiste... J'en viens à vous suspecter de véritable schizophrénie, d'autant plus lorsque j'entends les fonctionnaires du rail avouer l'incapacité de leurs institutions à être compétitives.

Aujourd'hui vous avez d'un coté un dinosaure inébranlable et de l'autre un secteur qui tire sa rentabilité dans sa capacité à s'auto-détruire... Déontologiquement cette situation est chaotique. Que trouve alors nos politiciens pour y remèdier: on préfère épuiser le transport routier, quite à colmater les brèches à grands coups de réformes pas fraîches qui ne font que compacter et ralentir les flux, on préfère oublier que tout en aval de ce mécanisme il y a un chauffeur réduit au statut de mouton servile, et parallèlement on renfloue les comptes du Fret SNCF comme on remplirait un seau percé.

Le jour où l'argent récolté à la pelle dans les péages autoroutiers servira à autre chose qu'à construire des aires de repos payantes; le jour où l'on jugera bon d'étudier des plages horaires aux interdictions; le jour où l'on préférera une politique de prévention à une politique de répression; le jour où l'on enseignera une bribe d'informations concernant notre métier dans les auto-écoles; le jour où l'on ne dressera pas des pelotons entiers de gendarmerie en brigades anti-routier; le jour où l'on cessera de fustiger systématiquement les PL et que l'on prendra en compte les attentes du conducteur... ce jour là vous n'entendrez pas parler de moi, mais pour l'heure je vous prie d'agréer, Monsieur, l'expression de ma sincère consternation.

Régis Riboulet.

Ce texte sera publié sur fierdetreroutier.com sous forme de lettre ouverte à l'attention de Monsieur Dominique Bussereau; ainsi que son éventuelle réponse."

album de la semaine

ces jambons-là ne seront pas très secs...

mon précieux outil de travail

Mardi 15

Ce matin je charge avec mon collègue Ali. Je ne sais pas ce qui s'est passé avec cette fichue machine à café mais j'y ai perdu 2euro40: la raison était simple et commune en Italie: cette machine ne rend pas la monnaie et moi, bêtement j'ai mis une pièce de 1... puis non content de ma bêtise j'ai rajouté une pièce de 2... je ne me suis même pas compris moi-même sur le coup!??

Une fois nos deux camions chargés, Ali me montre un nouvel itinéraire pour sortir de Gallarate, itinéraire comportant environ 750 ronds-points tous plus exigus les uns que les autres...au final on s'en sort bien et surtout on évite de repasser à Milan.
Je laisse Ali à Aoste et file sur le Mt Blanc.

Me voici de retour en France, je fais un rapide crochet par le dépôt pour les pleins et le lavage, je commence ensuite mon ascencion vers la capitale.
Ce soir sur l'A6 je croise bon nombre de frigos Mesguen: le parc de cette entreprise est impressionnant!

Tout est calculé pour que j'arrive sur l'aire voulu avec 9h55 de volant... mais surprise! l'aire est fermée!... et voilà, cela faisait très longtemps mais je me vois contraint de faire un dépassement de conduite... heureusement l'aire suivante est proche et je termine la journée avec un 10h04 assez frustrant...

avec Ali à Gallarate

dans la pénombre d'Ivrea

des Mesguen à la pelle sur l'A6

Mercredi 16

Ce matin je me suis levé tôt, pour vider tôt et pour recharger tôt à Rungis. Effectivement j'ai vidé en premier... par contre j'ai la joie d'apprendre que mon rechargement n'aura pas lieu avant 14h! Mon chef certifie me l'avoir dit, moi je lui certifie le contraire... mais de toutes façons là n'est pas le problème: il va falloir sérieusement surveiller l'amplitude aujourd'hui!
J'explique brièvement la situations aux caristes, ces derniers vont faire un maximum d'efforts pour m'aider et grace à eux je ne m'en sors pas trop mal en partant vers 13h30.

Je descends tout shuss via l'autoroute A6. Je fais une pause douche à Beaune et continue mon périple sans repasser par le dépôt pour aller au plus loin vers l'Italie. J'apprends que the King of the croisure, Dedieu, est sur Bonneville mais je ne peux m'y arrêter car je dois vraiment rouler toutes mes heures afin de pouvoir tout livrer dans les temps demain... donc j'échoue à peine plus loin, aux pieds du Mont blanc, avec 14h45 d'amplitude.

En préparant ma casserolle de pâte je trace mes itinéraire pour mes livraisons de demain: ceci est vraiment représentatif de la vie de routier je trouve, enfin de la vision que j'en ai...

le plus beau camion du monde

arrivée sur Paris

un grand classique

un vaisseau spatial

Jeudi 17

Je repars au petit matin, il fait encore nuit. Première étape: m'arrêter à l'IDS du Châtelard pour mettre ce qu'il faut en gazole pour le tracteur, et fuel pour le frigo. Ensuite, c'est le passage obligé par le parking du tunnel pour y attendre plus d'une demie heure l'arrivée de l'escorte. Pendant ce temps je vois passer le frangin Fredo qui lui n'a pas à s'y arrêter!... Je refuse son invitation pour un café à Aoste, toujours dans un souci de ponctualité chez mes clients, et je fonce sur Novarra.

Mon premier endroit de livraison c'est une cour de maison dans laquelle je me demande encore comment j'ai fait pour rentrer et surtout pour manoeuvrer. Je laisse ici quelques palettes et je file sur Brescia, après avoir perdu pas mal de temps à Milan. J'arrive à 12h35, c'est la pause depuis 5 minutes... je n'ai que 2 palettes à livrer, le cariste est là, mais non: c'est la pause et je dois attendre 13h30... et dire que j'ai refusé le café avec le frangin et la croisure avec Dedieu, pour me retrouver à attendre ici!

bon je finis par livrer et je fais un troisième client à l'autre bout de la ville. Ensuite, direction Pädova, avec les précieux conseils de Thomas alias le GPS-humain. En effet, sans lui je n'aurais jamais entrepris de m'aventurer dans ce lotissement pour y vider ma bidoche! J'ai même hésité à m'y rendre bien que tout correspondait aux indications! C'est vraiment fino-fino ici, je manoeuvre devant deux vieux Italiens qui me regardent en me montrant une sorte de reconnaissance. Je sors du camion et ils tentent d'engager la conversation... je leur montre que je ne comprends rien mais ils continuent à me poser des questions... alors je réponds n'importe quoi pour leur faire plaisir....

Ca y est je suis vide, il n'y a plus qu'à aller sur Mantova pour recharger demain. Au début je pensais y arriver, mais non seulement je roule en heure de pointe, et en plus mon itinéraire est incroyablement mal indiqué (d'ailleurs je trouve que Padova en général c'est assez compliqué niveau orientation...)...bref je roule et à 9h55 je m'arrête, je tombe pile sur un resto routier, moi cela ne me fait pas trop plaisir: je vais être obligé d'aller y manger... d'autres eussent été content...

Bon, ça va, c'était pas trop mal et en plus pas cher: 11 euros.

une livraison en Italie

un palace à Brescia

rocade de Padova

magnifique cité fortifiée de Montagnana

Vendredi 18

Voici une journée qui commence bien mal: je roule à peine 5 minutes, j' arrive dans un village dont le transit est interdit aux PL et reporté sur une autre route... au début je ne me soucie guère, pensant qu'il s'agit là d'un simple contournement de village... puis je m'interroge lorsque je m'aperçois que la trajectoire diffère complètement... mais je ne peux ni m'arrêter, ni faire demi-tour, alors je continue tout en m'interrogeant d'avantage. Je commence à sérieusement m'inquièter: ok je comtourne le village, mais je contourne aussi la commune, la région... je sors ma carte en roulant - tant pis, je cherche avec mon doigt mais je ne trouve pas et pour cause: je suis bien plus bas que le je ne le pensais, la déviation m'a emmenée sur une autre nationale plus au sud.... et voilà, cela va me couter environ 3/4 d'heure de volant et il n'y a rien à faire: aucune possibilité de faire demie tour, même "à l'arrache"...

Du coup j'arrive à Mantova plus tard que prévu, mais pas de souci il n'y a encore personne...

Vers 11h c'est bouclé après 4 passages à quai... retour sur le Mt Blanc...
En arrivant à l'autoport d'Aoste, alors que j'étais plus préoccupé par la possible présence des policiers, je vois passer un Dedieu au dessus de ma tête et l'on se retrouve côte à côte pour prendre le ticket de régul'... incroyable! c'est la croisure par hasard parfaite... A moins que The King of Croisure m'attendait sur le pont depuis un moment?... RDV est pris au Châtelard pour faire une cinquantaine de photos de ce moment historique.

Je ne peux rester manger avec l'ami Bourguignon, faute d'amplitude, alors je me laisse couler sur Bourg en Bresse, puis sur Pont de Vaux, pour un long week end comportant un dimanche tout entier: c'est dingue!

traversée de village

avec "the King of croisure" au Châtelard

Samedi 19
Dimanche 20

Lundi 21

C'est plaisant d'avoir un dimanche de temps en temps: en plus de pouvoir m'émerveiller devant les truculences de Michel Drucker et son équipe de chroniqueurs dont le plus sarcastique et sans aucun doute le chien, cela constitue pour moi l'unique chance de cotoyer la jeunesse mâconnaise dans le cadre des concerts du dimanche soir au St-Ant'.
Je commence donc ce lundi matin. A la base j'avais prévu de laver de fond en comble mon camion mais je ne suis pas si en avance que ça, de plus les rouleaux ne marchent pas et le jet d'eau est débranché...la totale... alors je fais rapidement le tour des chromes et je file charger à Lyon.

Je rencontre beaucoup de tracteurs sur la nationale, tous se dirigent sur Servas pour une manif' du lait... je me fofile juste avant le blocage, et comme il n'ont pas l'air de plaisanter j'abandonne l'idée de croquer à pleines dents dans un camenbert en passant (au nom de l'humour)...

Je charge pour Paris (2 clients) et Bruxelle. La première livraison se fait dans la foulée au nord de la capitale (française). J'arrive à l'heure mais l'endroit est blindé de camions, tous chargés à ras les portes... on me dit d'attendre... pour une durée indéterminée...
J'essaie de trouver une radio potable - le réseau hertzien étant un peu plus développé qu'à Pont de Vaux - mais toujours sur la même chose: des émissions de foot, des libres antennes, de la pub... et même souvent les trois réunis.

Je finis par vider dans la nuit.

Chez Hoyer-Lyon il y a mon pote Romain

le Rhône à Lyon

la Saône à Lyon

incroyable atmosphère bourguignone

Mardi 22

Il me faut traverser tout Paris pour atteindre mon second client. Dès mon arrivée sur l'A1, au niveau de Roissy, ça congestionne plein pôt...
C'est assez incroyable parfois comme les esprits se rencontrent: alors que je m'appretais à envoyer un sms à Ptitdud pour l'avertir de mon escapadade bruxelloise à venir, qui vois-je débouler sur ma droite? ... Ptidud himself! c'est dingue... Nous allons tous les deux au même endroit mais pas par la même route, ce qui a plutôt pour effet de m'inquièter car depuis mon embouteillage je vois s'éloigner le Bruxello-Feillendis à vive allure... trop tard pour changer d'itinéraire...
C'est assez incroyable parfois comme les esprits se re-rencontrent: alors que je me demandais s'il était arrivé ou pas à destination, qui vois-je débouler sur ma droite? ... Ptidud once again! c'est dingue... nous avons mis le même temps, à la seconde près, pour traverser Paris via 2 itinéraires différents! Nous livrons dans la même zone mais cette dernière est tellement escarpée que la croisure ne va pas être possible: je peux à peine trouver une place non-génante chez mon client...

Mon client est une base de hard-discount. Le discount est tellement hard ici que le chauffeur endosse les rôles vacants de réceptionnaire, cariste, de bonne à tout faire... On m'a demandé - ou plutôt on m'a imposé - de ranger les palettes à l'autre bout du quai, en les tournant dans un sens précis et en les espaçant d'une certaine distance... J'ai commencé à sortir le chargement comme il venait, sans aucune précaution d'ordre, de sens ou d'espacement, alors comme je m'y attendais un mec à déboulé au galop:
_"hé ho c'est pas comme ça qu'il faut les ranger!"
_"écoute dans le camion c'est tout chargé en travers, je traverse déjà tout l'entrepôt pour te les poser là"
_"ouais mais comme ça c'est pas bon"
_"bah désolé, je suis un mauvais cariste, peut-être parce que ce n'est pas mon métier?"
_"non mais là faut pas faire comme ça sinon..."
_"sinon quoi? sinon vous déchargez pas? aucun souci donc, ça ne changera rien à la situation..."
Autant je ne rechigne jamais à participer aux plus désagréables opérations de manutention lorsque l'accueil en vaut la peine, autant dans ce genre de méga-plateforme de hyper-hard-discount je n'en vois pas l'utilité: je ne suis pas là pour faire le boulot de quelqu'un que l'on embauche pas... si les gens sont sympa en général je fais quand même un effort, s'ils sont complètement indifférents comme aujourd'hui, je le suis aussi.

Je pars en fin de matinée pour la Belgique, je livre mon dernier client en milieu d'après midi.
Je ne pensais pas recharger aujourd'hui mais je me suis présenté à tout hasard dans ce dépôt frontalier de produits surgelés...et j'ai bien fait car une heure plus tard je suis de retour en France avec mon chargement à -25°.

je roule 10h et rattéris au péage de la sortie "Cambrai".

incroyable atmosphère francilienne

là-haut c'est Ptidud!

près de Cambrai

un moulin en Belgique

Mercredi 23

j'ai bien dormi; j'aime bien dormir aux péages car il y a de la lumière, du passage et en principe le frigo ne dérange personne sinon moi.
Aujourd'hui je dois descendre sur Bourg pour vider dans la soirée. Sur la route il n'y a pas grand chose à signaler.

Je décide de m'arrêter prendre ma douche à Langres (elle est gratuite)... au moment ou je sors du camion avec mon sac de plage mon voisin de parking fait la même chose... il n'y a qu'une seule douche sur cette station, nos regards se croisent, la compèt' est lancée... Nous marchons tous les deux à vive allure, pour ne pas courir, mais le bougre a 3 mètres d'avance sur moi...je vais me faire griller la place en beauté! peut-être une idée? un croche-patte, une peau de banane, une carapace de tortue rouge? mais non c'est trop tard: nous entrons dans la station et je le regarde recevoir le trophé du vainqueur du 200m-parking: un magnifique trousseau de clés avec un mousqueton. Du coup j'ai le choix: retourner au camion? pfff c'est loin et je vais me refaire griller la place... manger un sandwich Donat dégueu à 4euro50? pfff dans tes rêves... alors je décide d'attendre là, je profite simplement de ce cadre merveilleux de la station Avia de Langres... heureusement mon rival est aussi rapide sous la douche que sur le parking: un petit quart d'heure et c'est à mon tour!

Je fais un crochet par le dépôt avant de d'aller livrer non loin de Bourg. Comme le déchargement est assez long, je décide de sortir la casserole et tous le tointoin pour me faire à manger, rein à faire du troupeau de chauffeurs présent là devant moi, j'ai faim - je mange! finalement tout sera bien synchro, au moment de tout ranger j'apprend qu'ils ont fini de décharger, je rentre au dépôt pour y passer la nuit.

N44

Port de Châlon sur Saône

Jeudi 24

Il fait encore sombre ce matin lorsque je pars charger à Lyon. il n'y a personne à quai, je me dis que c'est bon signe. Une fois en place, la lumière allumée, les barres retirées, la semie relevée un petit peu mais pas trop, le cariste m'invite à patienter dans la salle "de repos"... Officiellement c'est pour que je ne trouve pas le temps trop long, mais je pense qu'en fait ma présence doit le perturber, lui mettre la pression... Bon... allons voir à quoi ressemble la salle de repos... Tiens il y a une télé!!? je me plante devant, les bras ballants, la bouche à demi-ouverte avec un léger filet de bave qui relie ma lèvre inférieure à ma chaussure... Devant moi, le spectacle surréaliste du dernier clip de Mika... c'est incroyablement nul... je change de chaine: "télé-achat"... nul... je change: les "infos-people"... nul... je change: les pubs... nul... je change: encore les pubs... nul... je change... mon oeil s'illumine... "Inspecteur Gadget"!!! c'est génial! je cours chercher une chaise et je me poste devant l'écran. Quelques employés passent de temps à autre en projetant un regard interrogateur puis inquiet pendant que je m'extasie devant les dernières facécies de "Fino".

Alors que toute mon attention est tournée vers ce programme culturel, une lueur de raison immerge à la surface du comglomérat de neurones usés qui me sert de cerveau, et je décide d'aller voir dans la semie où en est mon cariste attitré... il n'y a personne... et seulement 7 palettes de chargées... je retourne au camion.
Au total, je vais passer 2 heures ici, l'employé qui remet les papiers s'excuse pour le retard, je lui fait comprendre qu'il n'y a pas de problème, je suis aguerri car ce retard n'est pas exceptionnel, ni occasionnel, il est régulier.

Je fonce livrer à cavaillon, RAS. Je fonce livrer à Nice, 1 heure d'attente mais pas de souci j'ai le temps. Je bascule coté italien, essaie d'aller le plus loin possible tout en surveillant le tachy... et c'est avec 10h pile-poil de guidon que j'achève cette journée sur un parking de "l'autostrada dei fiori" aux coté d'un finlandais et d'un tchèque. Vous voulez une anecdote? ho oui! ho oui! Vas-y Régis fait-nous rêver! ok c'est parti:
Ce soir en arrivant sur mon parking d'autoroute je n'avais pas très faim, alors je décidai de classer des fotos sur mon PC, installé sur le siège passager, pendant que la nuit s'accaparait lentement l'intégralité du ciel italien. Plongé dans mon travail je ne me rendis même pas compte qu'il faisait maintenant noir. C'est alors qu'un quatrième camion arriva sur le parking. En regardant machinalement sur ma gauche pour voir comment il se garait, je m'aperçut à ma grande surprise et grace à ses phares qu'il y avait une voiture garée juste là, devant mon camion, tous feux éteinds... je ne l'avait même pas vu venir!... Je réalise alors que quelqu'un est sans doute en train de m'observer, car si moi je ne vois rien, en revanche la lumière de mon ordi illumine la cabine... j'éteins l'ordi... j'attend dans le noir... ce qui suit est digne d'un film d'horreur: en m'accoutumant progressivement à l'obscurité et avec les concour des phares des voitures qui passent je finis par apercevoir un mec, posté devant mon camion, en train de m'observer! C'est vrai que devais être bien visible depuis l'extérieur... je ne m'attendais pas à ça... et surtout depuis quand est-il là?... Je suis à la fois vexé et énervé, je tire violemment les rideaux. Je l'entends marcher autour du camion, je suis aux aguets, puis j'entends le moteur de la voiture: il s'en va. Voilà... encore une histoire de types qui trainent sur les parkings... ça commence à sérieusement me soûler...

autoroute A8

autostrada dei Fiori

trop classe l'endroit pour dormir...

pâtes aux knakis

Vendredi 25

Je fais le tour du camion armé de ma lampe torche, tout est ok, il est 5h30 lorsque je quitte mon squate de fortune.
Je pensais être le premier pour recharger, avec 1h30 d'avance, mais il y a déjà un "Cotto" à quai. Je fais donc connaissance avec Denis, on boit le ju ensemble puis on charge chacun à notre tour. Ce quai est très angoissant: il faut lever la semie au maximum, manoeuvrer sur la nationale, frôler un muret, puis lever le tracteur pour que le porte à faux de la semie ne vienne pas butter le chassis... bref il faut faire très attention sous peine de faire des dégâts. D'ailleurs vu les traces qu'il y a dans le béton beaucoup on dû se faire surprendre.

Je pars à 10h, direction Bourg en Bresse. Désireux de rentrer propre je me lance à la recherche d'une douche. Pour commencer je m'arrête à Nus (dédicace à la blague du Suèdois). Voila comment ça s'est passé sur l'aire de Nus, je retranscris en Français ce dialogue qui a eu lieu en Italien (à peu près):
moi:"_Bonjour! je souhaiterais prendre une douche"
le barman: "oui c'est par ici mais il n'y a pas d'eau chaude..."
moi: _"haaa... bon je vais y aller quand même, j'essaierai de me débrouiller..."
lui: _"ok, c'est 2 euros"
moi: _"quuwwwwaaaa??? tu plaisantes? 2 euros pour une douche froide?"
lui: (rien)
moi: _"c'est bon alors? je peux y aller?"
lui: _"c'est 2 euros!"
moi: _"dis-moi, est-ce que tu paierais 2 euros pour une douche froide? moi non!"
lui: _"c'est 2 euros..."
moi: _"vas te faire ...(censuré)"

Donc je suis parti en colère, je m'en veux d'avoir perdu 10 minutes de weekend avec ce crétin. Je m'arrête alors en face de la bascule de l'autoport d'Aoste, ici il y a des douches gratuites... gratuites mais vandalisées, il n'y plus de pommeau, je me lave avec le tuyau... comme un chien... pfff... je ne sais même pas quoi en penser...

Au tunnel je profite des 20 minutes d'attente pour me descendre une barquette de taboulet, sous ma fenêtre un chauffeur souhaite à tous prix engager la conversation et commence à sérieusement me gonfler: "hé mec, ouvre les yeux: la fourchette, la serviette, la bouche pleine... tu ne comprends pas là? JE MANGE!!!"

Je bascule coté français et m'envoie "Songs to defy" de Doppler à 120dB directement dans le cerveau par l'intermédiare des oreilles... la batterie de Yann Coste me martèle une fois de plus les synapses et j'arrive à Bourg sans m'en apercevoir. Je reconnais au dernier moment les feux bleus de Caroto, je file vider puis je rentre au dépôt. Je lave dans le noir et gare le Volvo avec ses potes. Il est temps de retrouver une vie sociale Pontévalloise... (Oxymore)

levé du jour en Italie

tps Cotto

Samedi 26

Dimanche 27

18h10 ce dimanche, je débarque avec ma 4L et avec le désagréable sentiment d'avoir oublié quelquechose... Je jette mes 30kg de bagages dans la cabine, puis je jette ma 4L sur le parking, j'avais prévu de partir à 18h: c'est raté. Je m'éloigne de Bourg avec toujours ce sentiment d'avoir oublié quelquechose...

Direction l'Ouest: l'objectif est de rouler 4h30 pour me remettre en coupure, ainsi demain j'aurai les heures nécessaires pour mes 4 livraisons. J'aime bien partir vers l'Ouest, peut-être parce que le jour dure plus longtemps...
La route est vraiment très agréable ce soir, beaucoup de monde dans l'autre sens mais pour moi c'est très fluide, tellement fluide que je rejoins Romorantin en 4h13 contre 4h28 la dernière fois (en semaine et de jour).

Ca y est, ne cherchez plus, j'ai trouvé ce qui me manque.... ma trousse de toilette! pfffff ça c'est pas cool, j'avais déjà oublié une brosse à dent ou un déo mais là c'est la totale: il va falloir trouver un supermarché demain et surtout il va falloir décadenasser mon porte-feuille au pied de biche...

Ce soir, en regardant à l'horizon perdu dans mes songes, j'ai vu passer une étoile filante toute aussi furtive que magnifique... il paraît qu'il faut faire un voeux... dans le doute j'en ai fait une dixaine...

18h20, Bourg en Bresse

18h33, Polliat

20h00, Paray le Monial

Lundi 28

J'ai eu un sacré coup de bol ce matin! Comme quasiment tous matins j'ai éteint mon réveil et je me suis rendormi... pour quelques minutes de rab comme d'habitude pensais-je... seulement voilà ce coup-ci je me suis vraiment retourné dans un profond sommeil et lorsque j'ai ouvert les yeux en sursaut je ne savais pas s'il était 7h, 9h, 11h ou 15h et c'est avec une terrible angoisse que j'ai attrapé mon portable: 7h34! ma coupure se termine à 7h38!...

Je ne sais pas si c'est parce que je ne suis pas encore bien réveillé mais je zappe une fois de plus l'entrée de mon premier client et du coup je perds un quart d'heure de prise de tête en centre ville... je ne suis vraiment pas fier de moi: j'avais fait la même erreur la première fois que j'avais livré ici, cette erreur était un peu compréhensible, et voilà qu'aujourd'hui je récidive... en passant devant la rue je me suis dit "tient c'est là!" tout en continuant à passer... et lorsque je me suis arrété, 20 mètres plus loin, impossible de faire marche arrière avec la dixaine de voiture qui se montrait à mon rétroviseur...
Je finis par vider et repars pour Angers, ce deuxième client ne me prendra pas plus de 10 minutes. Alors je fonce chez le troisième et arrive à midi pétante: juste à temps pour décharger.

J'ai 4h17 de volant, il y a un Leclerc à coté, je profite d'une demie heure de coupure pour me refaire une trousse de toilette pour la modique somme de 12 euros 20.

Mon dernier client est en Bretagne, la livraison est peut-être prévue demain, nous n'avons pas eu moyen de le savoir vendredi... alors dans le doute je me présente à l'accueil avec ma lettre de voiture. "Livraison demain après-midi" me confirme un employé des bureaux. Devant ma mine déconfite de routier-comédien-dramatique, sa collègue lui rétorque: "non mais tu te rends compte, on ne va quand-même pas le planter jusqu'à demain, c'est inhumain!??" Alors, voyant que j'accentue ma moue signe d'une effroyable tristesse, l'employé me dit de vite me mettre au quai 2... bingo! je retrouve mon sourire niais! Bon en fait ils ont tous simplement été très sympa ici, je les ai vivement remercié: c'est pas tous les jours que l'on s'inquiète de notre sort...

Me voici donc vide à 16h30... autant en début de journée je me suis trouvé très mauvais, autant je me suis bien ratrappé, je suis même obligé d'attendre les consignes dans une zone d'activité proche.

Finalement je prends la direction du centre de la Bretagne, j'arrive sur mon lieu de rechargement avec 9h et 3 minutes... ces 3 minutes me mettent en rogne...

camion-remorque italien

je suis en Bretagne

vieilles pierres bretonnes

Mardi 29

pfffff... ça m'énerve...

Au moment où j'attaque la rédaction de ce paragraphe nous sommes pile entre la journée de mardi et celle de mercredi... non ce n'est pas cela qui m'énerve: je n'en veux pas plus au mardi-24h qu'au mercredi-0h ou encore qu'au samedi 15h23... ce qui m'énerve c'est que j'ai dépassé l'amplitude d'une demie heure en m'engoufrant dans un engrenage de malchance dont seul votre serviteur a le secret...
Tout à commencé ce matin, devant l'usine. J'attendais devant le bureau d'accueil et 3-4 frigos entrèrent sans passer par le bureau d'accueil... logique puisque pour les expéditions il n'y avait pas besoin de passer par là... donc finalement je suis moi aussi rentré, et bien qu'ayant dormi devant je me suis retrouvé sur la liste d'attente... cool... Pas de souci m'indique une réceptionnaire, les autres sont là pour vider... ok alors je passe à quai assez rapidement, mais la malchance étant avec moi je tombe sur le cariste le moins dégourdi de la région, résultat: 2 heures de perdu.
C'est donc au triple galop que je sillonne les départementales bretonnes pour atteindre ma seconde ramasse vers Loudhéac. J'aimme les routes Bretonnes. 11h45 je suis à destination... mais pas la marchandise que je suis sensé charger: elle arrive avec un autre camion vers 14h... Ok, pas le choix, je prends ma malchance en patience et j'en profite pour manger et me laver: Je suis chez un transporteur, il y a une douche grand luxe avec toutefois un défaut: une abominable odeur d'égout... bref, ce n'est pas le problème du jour...
Le problème du jour c'est que je ne repars qu'à 15h20 d'ici, que je n'ai roulé qu'une heure aujourd'hui sur 7h d'amplitude...
Alors je commence à redescendre en surveillant le tacky. J'arrive à Bourges, il me reste 1 h d'amplitude. Au moment de choper la N76, surprise! "route barrée": pour Moulins suivre Nevers. J'hésite un moment puis je prends cette déviation, j'ai une heure de marge, je pense qu'il n'y aura pas de problème. Seulement voilà: je pense faux... Entre Bourges et Nevers il n'y a Qd'alle, et les moindres espaces de parking potentiel sont pris d'assaut par les PL échoués de la déviation. l'heure tourne et emmène avec elle mon amplitude, je ne trouverai pas de place avant le grand parking de St Pierre de Moutiers, parking très mal fréquenté mais parking sur lequel je peux garer mon camion, je me pose avec mes 15h30 d'amplitude

pfffff.... ça m'énerve...

Pontivy

?

encore un joli Daf

c'est beau...

Mercredi 30

11h de repos plus tard me voici derrière le volant à surplomber cette RCEA qui, même par un radieux soleil d'été indien, n'en fini pas d'être monotone. Je prends un quart d'heure pour manger au péage de Replonges puis je vais au dépôt. Je pensais y rester 30 min mais finalement ce sera environ le triple.

16h je pars pour le Sud, direction Avignon. J'ai le temps donc je prends un maximum la nationale; passé 19h c'est assez agréable, par contre avant: bonjour la galère... J'ai tout eû: le tracteur, l'ensileuse, le cycliste, le papi, la mamie, le convoi exceptionnel, LES convois exceptionnels... pressé j'eu pété les plombs, ce n'est pas le cas Ce soir. Pause réglementaire vers Donzère et cappellini en tête à tête avec mon reflet dans le pare-brise.
Je descends tranquillement sur la cité des Papes en cherchant de quoi égayer mon esprit dans le poste... en vein... Marseille se fait étriller à Madrid, la Chine prépare le défilé militaire du siècle pour sacrer 60 de dicta... de commu... de capi.... de République Populaire, Muriel Robin s'obstine à nous jouer le sketche de "l'addition" qui n'a aucun secret pour nous... sauf peut-être celui d'être drôle, Romano gagne le "clash de la drague", Muse nous vomi sa dernière mixture d'égocentrisme.... dans ces cas-là une seule solution: un bon vieux cd de Lou Reed et au lit, c'est mon medecin qui me l'a dit.

en face: l'Ardèche

on refait le revêtement à Mornas

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