Mon Carnet de bord... Suivez mes aventures, semaine après semaine!

Novembre 2009

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Dimanche 1

 

Lundi 2

J'ai vu et surtout entendu mes deux meilleurs concerts de l'année en un seul week-end: Samedi les "Magnetix", dimanche "Movie Star Junkies"... et je continue dans le trip ce lundi en me passant leurs albums respectifs sur la route du Mont Blanc. Comme vous l'avez sans doute remarqué, je ne pars pas souvent le lundi et pour dire vrai j'appréhendais d'affronter en début de semaine cette route tellement paisible le dimanche... à ma grande surprise il n'y a que très peu de monde.

Ce lundi est même d'une tristesse à crever, à 16h on a l'impression qu'il fait déjà nuit... la pluie a réussi à franchir la frontière... en fait il va pleuvoir sans interruption de Bourg à Milan. Oui, aujourd'hui comme avant-hier et sans doute après-demain, je vais sur Milan.

Normalement je devais livrer en direct à 16h, pour ensuite rouler jusqu'à mon second client sur Reggio. Non. Je suis pourtant bien à l'heure, mais ils ne veulent pas la marchandise avant demain. Ha bon? bah c'est bien... je me pose à coté du portail sans même chercher à discuter, j'ai plein de truc à faire: lire des livres, jouer de la guitare, manger des nouilles, écouter france inter en grandes ondes si ça capte, regarder par la fenêtre et enfin trouver le sommeil, l'esprit appaisé par le doux clapoti des gouttes d'eau sur le toit du camion... en ne va se prendre la tête dès le début de semaine!

quelle tristesse...

même en Italie

habitué aux petites routes

Mardi 3

5h30, mon réveil sonne... je l'éteinds, puis, chargé d'un inextinguible manque de volonté je me re-vautre sous ma couette en me convainquant que de toutes façons s'ils veulent leur câme ils savent où elle est et ils viendront bien me réveiller...
6h00, j'ouvre une paupière, "normalement ils viennent à cette heure-là" me dis-je... "cool, peut-être un peu de répit aujourd'hui!"...
6h05, je retourne à mon rêve: je me languis dans harem de groupies qui mangent des chocos en jouant de la guitare dans des Volvo FH...
6h06, "BOUM! BOUM! BOUM! Rampa 8, presto subito!"

A peine une demie heure suffit pour décharger... ils auraient quand-même pû faire ça hier... bref... let's go to Reggio.

A 10h du mat je suis dans la cour et un responsable m'annonce "domani!"... Ha non! là il ne faut pas exagérer! il n'a pas l'air de plaisanter et je vais laisser beaucoup d'énergie à le convaincre que je suis prêt à tout casser s'il me fait attendre 24h... finalement je passe à quai en fin de matinée.

Début d'après midi, je rejoins Michel à Modena, lui aussi a beaucoup attendu. Ici c'est assez effroyable de voir à quel point on méprise les chauffeurs... il y a des types qui viennent de toute l'Europe livrer leur cochon, et qu'est-ce qu'ils trouvent: des receptionnaires qui leur parlent comme des chiens, des "sanitaires" dans un état lamentable, un "parking" des plus pourris... une horreur en quelque sorte... Et figurez-vous qu'aujourd'hui, dans cette même "horreur", je me suis accroché avec un encravaté, sans doute un responsable, peut-être même LE chef suprême: Que s'est-il passé? hé bien j'ai eu le malheur de garer mon camion à coté d'un massif de fleur et de le laisser tourner le temps d'aller chercher mes papiers (2 minutes environ)... Non, ce n'est pas pour le bruit qu'il est intervenu (cette usine est très bruyante)... s'il a jugé utile de m'interpeler, c'est pour me faire remarquer que le pot d'échappement rejettait les gaz sur son massif de fleur et nuisait donc à la fragile santé des végétaux... Il y a vraiment des fois où je regrette de ne pas mieux me faire comprendre en Italien! Ce mec, lui là, avec son costume bien propret et sa tronche de troisième de la classe, lui vient me reprendre au sujet de ses plantes alors que moi, moi l'insignifiant chauffeur, je n'ai pas pû me laver les mains dans son chiote pourrave car le lavabo débordait d'eau viciée! moralité: l'estime qu'il a du conducteur routier vogue au ras de ses paquerettes.

Rechargement à reggio, je roule ce qu'il me reste pour arriver à 9h et attéris à l'autoport de Susa où j'essaie de me caler dans un coin pour me faire tout petit avec les 110 dB qui m'accompagnent pour la nuit.

un camion bleu

brouillard à Milan

Michel et son Daf

on se bouscule pour le Karcher

Mercredi 4

C'est la quinzième fois que je me fais avoir ici: je souhaitais prendre une douche avant de partir, mais l'ouverture des sanitaires est à 6h... tout comme mon heure de départ. Ce n'est pas trop grave, je me laverai chez mon client... et puis bon c'est toujours 3 euros de gagné! (non "tout n'était pas calculé"!). 3 euros c'est cher et j'en ai déjà parlé, mais c'est quand-même alarmant: imaginons un grand routier de l'Est (pléonasme) souhaitant se laver tous les jours dans ce genre d'endroit... c'est quasiment 100 euros par mois... soit 1/3 de son salaire!... soit le prix de 50 jerricanes de 20L sur le marché de Kiev... et le routier franchouillard de base s'offusque entre deux relais: "Bah tu parles! on ne les voit jamais prendre des douches!..."

Je pars donc à 6h direction Lyon. Comme prévu j'arrive avec mon nuage de mouches et je fonce sous la douche, pas de souci j'ai le temps, tous les quais sont occupés.

Je décolle à 11h30 pour Valence. Sur toute la descente je discute avec Fredéric (Fredo01) et cette conversation a des allures de double billet d'humeur... tiens d'ailleurs je commence à étudier une sorte de synthèse pour vous en faire part...
Lavage rapidos, mise à quai, papotage avec Philippe de chez Vivarais et me voilà reparti pour Bourg où je dois complêter la semie. En arrivant j'ai fait 3 fois le tour des bureaux pour trouver quelqu'un... en vein... alors je suis allé voir sur le quai avec une charlotte, des sur-chaussures et une blouse en plastique: j'ai trouvé personne mais par contre je me suis vu dans le reflet d'une vitre: je ressemble à un épouventail...

Bref j'enlève ce scaphandre en papier et je retourne au camion pou y poireauter un bon quart d'heure avant de sentir la semie bouger... c'était sans doute la pause.

le chargement durera plus d'une heure. Je pars avec 3 clients dont 2 que j'ai déjà livré hier...génial... Il me reste 2h à rouler, j'en roulerais 1h50 pour attérir derrière une barrière de péage et passer une douce nuit aux sons divers et variés du frigo, des accérlérations, des échappements libres...etc.

en cour de chargement

j'hallucine ou il y a bien un second sens à comprendre?

Jeudi 5

5h15 ce matin, je descends un bol de "coco pops" tout en m'indignant de ce nom ridicule : "coco pops", "cHoco pops" c'était quand-même nettement plus classe!

Pour la deuxième fois consécutive je passe le Mt Blanc sans même attendre 1 minute, en rejoingnant direct la meute sous escorte. Je ressort coté italien pendant que les flics installent leur camion-controle sur lequel je n'ai pas encore eu la chance de monter... Je dévalle tranquillement la vallée d'Aoste et me présente vers 9H à Novara, chez mon premier client. Je leur jette 3 bouts de viande et file sur Milan. Je suis à quai à 11h30 mais il faudra bel et bien atendre le retour de pause pour décharger... pas de souci, je ne suis pas pressé car mon dernier destinataire se vide demain, j'ai donc le temps de manger et prendre ma douche. Pour la douche c'est ok... par contre je fais face à un terrible problème pour manger: le quai est en forte pente et donc la cabine est inclinée en arrière... essaie, toi qui est si malin de faire tenir une boite de maquereau sur le tableau bord dans de tels conditions! c'est l'enfer! il faut tout caler, il faut être hyper vigilant... ou alors il faut sortir un paquet de choco et considérer ça comme un repas. Repas de midi: 6 chocos et 6 grandes gorgées d'eau...

Une fois vide je n'ai plus qu'à rejoindre Reggio et pour cela j'ai environ 27 heures devant moi. Alors je prends la nationale, malgré les jambons qui me secouent un peu dans les rond-points, quand il n'y a pas le stress de la pendule ce n'est pas désagréable...

J'arrive en fin d'apres-midi en ne pensant qu'à une chose: une énorme casserolle de tortellini "noix-gorgonzola"... je sors mon tablier devant le gardien impassible, et je cuisine en écoutant la radio: vraiment cette interview de Frédéric Lefèvre me confirme le délit de sale-gueule que je me faisais à son encontre...mais ne parlons pas politique (en considérant ce cdb comme un dialogue et Frédéric Lefèvre comme un homme politique)

Ce soir j'amène la pluie sur l'Emilia Romagnia en jouant un peu de guitare... je ne joue vraiment plus beaucoup en ce moment et je peux en constater les dégâts... le gardien aussi d'ailleurs...

vallée d'Aoste

vallée d'Aoste encore

carni di suino

pour les disciples du griffon

Vendredi 6

Inecrédibeule! Je suis vide à 6h30! Même mon chef n'en revient pas, ce client a pour habitude de nous lacher à 12h...

J'ai donc le temps de ranger soigneusement tout le basard qu'ils m'ont laissé... puis de laver à peu près correctement la semie tout en aspergeant mes chaussures, mon jean et mes cheveux d'eau glaciale... si avec ça je ne suis pas malade ce week end!

Je recharge à Modena-centre et j'ai la grande joie de trouver mon client direct. A midi je ferme les portes et retourne chercher l'autoroute à Modena Nord, pas le temps de trainer si je veux rentrer ce soir. Je souhaitais arriver à l'autoport d'Aoste en 4h30 mais il va me manquer 10 minutes... cela suffit pour bien me frustrer: ça fait 1 mois que je dois ramener une bouteille à mon beau-père, pour une fois que j'y pense! bref, pour l'heure (il est 16h30), je décide de prendre mon repas, une sorte de repas de midi et du soir réunis, car je ne vais jamais tenir jusqu'au Châtelard. Au menu: spaghetthi sans rien dedans.

Je repars après 45 min, je cours chercher ma bouteille et continue ma route vers la France. Au tunnel je papotte avec un collègue de chez Maes, il a un nouveau groupe-frigo et ne sait pas s'en servir, alors je lui montre... (oui je sais : je suis très-très balaise...)

Je descends jusqu'au dépôt où je vais passer 2 heures à faire les bricoles de fin de semaine... je prends surtout soin de nettoyer les enjoliveurs, car le sel aime les faire rouiller...

minuit... un bruit de casserole traverse la Bresse... c'est une 4L... avec Régis dedans...

chaussée glissante

/ carrelageland

retour à la casa

Samedi 7

Dimanche 8

A la base je le sentais mal... je ne sais pas pourquoi... une intuition. Parti de Pont de Vaux en retard après avoir repoussé une fois de plus la mane de dossiers urgents que je traine de week-end en week-end, j'ai bel et bien fini par décoller mes 40 tonnes mais dans la gauchitude la plus totale: en passant le portail c'est déjà la galère à cause de ces (...) de travaux dans la rue... ensuite, premier rond point c'est mon téléphone qui glisse jusqu'au tapis coté passager... un peu plus loin j'attrappe mon appareil-photos : plus de batterie... bref, ce soir j'ai les éléments contre moi et la suite va me le confirmer.

J'arrive au péage de St Quentin Fallavier, j'attends dossilement le "biiiip" de la barrière, j'avance en m'assurant que tout passe bien dans mes rétroviseurs... puis lorsque mon regard se reporte vers l'avant, je vois des lumières et des gugusses en fluo qui gesticulent... non Régis ils ne te font pas coucou, ils t'arrètent... contrôle de DRE.
Et bien ma foi, allons-y. J'arrête le camion sur le bas coté et je sors un à un les documents: CMR, cartes grises, licence, permis de conduire, FCOS... et puis biensûr la carte du tachygraphe, je ne pensais pas y échapper. Pour dire vrai, sur le coup j'étais "peu communiquant" ne sachant pas trop à qui j'avais à faire, mais dès le début la controleuse s'est montrée plutôt cool... sauf lorsqu'elle a posé sa chaussure sur mon tapis pour atteindre le tachygraphe... mais je me suis contenté de souffrir psychologiquement. Nous allons dans la camionnette pour faire le "debrieffing" et savoir ce dont j'éccope à essayer de conduire le plus raisonnablement possible... Le ton est toujours à la bonne humeur, il fait un peu froid, cette camionnette est un peu exigue, mais les 3 agents de la DREAL (nouveau nom de la DRE) se montrent vraiment "abordables"... Loin de moi l'idée de lacher mes meilleurs blagues pour autant, je me contente d'être coutois, et simplement de répondre aux questions, sans plus : je ne sais toujours pas si j'ai à faire à mes bourreaux où à tout autre espèce d'êtres humains... Après épluchage de mes 28 jours, l'ordinateur dresse un bilan plutôt léger avec toutefois 2 dépassements de conduite sur 2 semaines qui restent coincés au travers de la gorge de mon interlocutrice... bon... soit... je lui explique que si cela ne tenait qu'à moi il y aurait encore plus de conduite, que je ne fais pas ce métier sous la contrainte d'un patron tyranique car j'ai remarqué que cela les préoccupe souvent: "mais c'est votre patron qui vous pousse?" "et puis votre patron vous savez il y gagne à vous faire rouler..." "et faut se méfier de votre patron...", je ne sais pas pourquoi cette méfiance, peut-être ont-ils trop l'habitude de tomber sur des chauffeurs marthyrs... Bref, pour l'heure je repars avec mes deux dépassements à justifier pécunièrement, je ne conteste pas - il n'y a pas lieu de le faire... J'essaie même de me montrer plus communiquant car je dois bien l'avouer je suis tombé sur des gens très sympathiques... d'ailleurs, je les ai même invité à venir découvrir le monde merveilleux des conducteurs fiers d'être routiers, je pense qu'apprendre à se connaitre les uns les autres est un bon pas vers le progrès...
Houlà, qu'est ce qu'il se passe Régis, tu sors des grandes phrases universelles, et puis qu'est ce que c'est que cette musique de fond: "Heal the World" de Mickael Jackson?

Au total je vais rester près d'une heure au péage de St Quentin, il y a bien eu plus de 45 minutes de repos donc je peux rouler jusqu'à chez mon client, en banlieue de Turin. Il neige au Fréjus, ça tient un peu, je suis complet en pendu donc assez lourd et pas trop inquièt par la tenue de route.

Arrivée 1h22, je campe dans la petite cour de la salaison.

at night

Lundi 9

Temps pourri ce matin sur l'Italie. Le déchargement se passe à peu près comme prévu et je repars en fin de matinée pour Modena. Je me balance un peu de Andre 3000 dans la cabine pour contrecarrer la tristesse d'un énième parcour Turin-Modena, sous la pluie de surcroît... et non, il n'y a pas que Que Eddy Mitchel et Dany Brillant dans la setlist de Régis, il y a aussi Andre 3000 et Michel Sardouille.

Arrivée sur Modena la pluie redouble d'intensité, va falloir débâch...heuuu ouvrir les portes sous le déluge. Je remarque aujourd'hui que je n'ai même pas de K-way dans ce K-mion, je n'ai pas osé embarquer celui avec écrit "Transport du Vivarais" dessus...

Bascule municipale, Passage à quai, re-bascule municipale, lavage, re-passage à quai... je ne fais que tourner en rond dans un secteur de 3 Km, toujours sous des trombes d'eau, ce n'est pas que l'on appelle un boulot de rêve. Mes gants sont trempés et l'heure passée à remettre la semie en état sera un vrai calvaire: les mains moites, les manches du pull qui redescendent sans arrêt, un basard pas possible avec tous les crochets par terre et toutes les ficelles emmèlées dedans... Ce n'est qu'au lavage, chez mes potes, que je vais retrouver un peu de baume au coeur: le lavage en lui même était lui aussi plus que désagréable avec ce tôt d'humidité de 400% générant un brouillard m'empêchant de voir mes pieds (pourtant vachement chouettes), mais une fois de plus au moment de payer ils m'ont fait un cadeau (en plus du café), ils m'ont offert un "arbre magique" qui, n'en doutons pas, fera le bonheur de ma 4L... sympa...

Au moment de décoller pour un rechargement de pendu planifié à Mantova, j'envoie un message à mon chef et j'apprends en retour que je recharge finalement des palettes à 2 minutes d'ici... il était temps de me mettre au courant, j'ai failli partir sans prévenir! bon, du coup je vais me poser devant le portail, il est 18h30, j'ai une Ultra-coupure devant moi et je compte bien en profiter pour avancer ma lecture géniale du moment: Watchmen.

1989

2009

Modena Sud

au hasard d'une station

Mardi 10

Avec un tel scénario, aussi haletant qu'il est complexe, c'est 4 heures d'évasion totale que j'ai soutiré à cette coupure.
Réveil à 7h, toujours un temps pourri, toujours devant la grille fermée. 7h30, un autre camion (Italien) arrive à mes cotés, le chauffeur a l'air cool... il a aussi l'air d'être prioritaire ici, il entre direct et se met en place. Bon... je le suis à pied pour essayer d'obtenir des renseignements sur les modalités de chargement... il me faut attendre, 1 heure environ. Ok, je retourne au camion manger un bout de brioche pontévalloise en écoutant la chronique de Guilllon sur Inter.
L'horaire est respecté, j'entre vers 8h30, je charge moi même avec un tire pal et avec mes gants mouillés... c'est horrible... pas loin d'une heure à rester comme ça dans la moiteur extrème.

Décollage en milieu de matinée, direction le traforo del Monte Bianco.
Vers Alessandria c'est le grand retour du soleil, dans le ciel et dans les coeurs... les Alpes rayonnent de beauté depuis les rizières de Vercelli, Je fais environ 750 photos pour n'en garder que 2, là juste à coté. Une fois de plus il va me manquer 10 min pour faire mes 45 à Aoste, donc une fois de plus je chois sur un parking quelconque où une brigade de Polizia installe le radar pour renflouer un peu les comptes et la collection de "patente". Je passe le tunnel sans trop attendre et dévalle la grande descente jusqu'à Bourg en Bresse accroché à mon téléphone.

Pas de lavage aux rouleaux, ils sont en panne, du coup un simple tour des chromes avec un seau et une éponge. Mon chef m'indique de rentrer chez moi en camion pour repartir demain sur Orléans. Alors c'est parti, comme au bon vieux temps, direction Pont de Vaux avec ce camion qui n'y a jamais posé ses gommes. Ca me fait bizarre, surtout en manoeuvrant sur "ma" place de parking, je retrouve tous mes anciens réflexes, et aussi tous mes anciens toc: faire 19 fois le tour du camion, vérifier qu'il est parfaitement aligné au centimètre sur le parking, contrôler 36 fois la fermeture des portes et enfin m'éloigner vers mon appart en me retournant tous les 3 mètres pour voir s'il est encore là...

Vignola

Modena Sud

le soleil et les Alpes

près de Vercelli

Mercredi 11

Le mercredi c'est jour de marché à Pont de Vaux, une institution. Au réveil j'ai donc traversé la foule d'octogénères pour, toujours dans mon tripe de "retour vers le passé", vérifier que mon camion va bien, qu'il a passé une bonne nuit et qu'il n'a pas trop froid. Tout est ok, je vais m'acheter un steak et me cloitrer chez moi tel le personnage mystérieux du village...

Départ à 19h, pile poil comme prévu à la minute près... c'est l'effet camion à la maison ça, j'avais hâte de refaire une de ces parades qui me manquait tant dans la Grande Rue Pontévalloise. Comme d'hab je pense qu'à peu près tout le monde en avait rien à faire de voir passer ce camion, mais moi j'étais fier quand-même, comme un gosse qui montre qu'il sais faire du vélo sans les mains... (moi je sais faire du camion sans les mains... la classe...)

Je pars donc sur Orléans et voilà, rien d'autre. Ha si, une anecdote vraiment nécessaire: j'ai vu un chevreuil éclaté sur la RCEA... "éclaté" étant le bon mot (de la viande sur 5 mètres)... voilà voilà... en 4h20 j'arrive sur l'aire de la Ferté et me gare à coté d'un des plus beaux camions du monde selon moi, un FH de chez Maes.

New FH Maes

Jeudi 12

9h, je suis pile à l'heure pour le rendez-vous de livraison, je me présente au guichet avec les documents, le réceptionnaire y jette un oeil... puis m'annonce :
_"Ok Asotrans, tu reviens à 9h"
_(je consulte mon portable) "heu...il est 8h58... je reviens dans 2 minutes?"
_"Ha merde déjà... bah reviens dans une grosse demie heure"
_"mais j'ai bien rendez-vous à 9h non?"
_(il regarde son planning) "ha ouai... bah reviens dans 20 minutes alors"

Ok j'ai compris: 20 min, 30 min, 50 min... il n'en sais rien du tout en fait, il faut juste que je revienne plus tard...
Finalement, et c'est à peu près ce que j'avais prévu, 1 heure va s'écouler avant mon passage à quai... et à ma grande surprise seulement 15 minutes pour vider... tout comptes faits je suis dans les temps pour aller recharger.

Je recharge des produits laitiers. Sur mon Adresse figure le nom d'une Rue que mon PC localise en plein centre-village. Je vais m'en approcher, dans le doute, mais en voyant l'accessibilité je cherche direct un endroit pour faire demie tour: impossible que ce soie ici. Je trouve par la suite une immense laiterie - j'étais déjà passé devant - le nom est différent de celui que l'on m'a indiqué mais c'est bien ici.
Je charge en faisant le maximum de dérapages avec le chariot autoporté: je suis très joueur.

Livraison foulée sur Lyon. Alors me voilà parti dans l'optique d'arriver le plus tôt possible... résultat: 2 heures d'avance chez le client, la réception n'ouvre qu'à 21h. Vers 20h45 je suis dans le bureau, ici il y a beaucoup de chauffeurs habitués des lieux qui déboulent en sachant direct où aller, à qui s'adresser, quel chariot prendre. Effectivement là encore c'est à moi de faire le cariste, après avoir au préalable répondu à toutes les procédures visant à dédouaner l'entreprise en cas de problème (le gilet, les chaussures de sécu, les clés des réservoirs...etc.). Je décharge. Une brique de crème est percée, il y a une mare dans la semie, je m'arrange pour masquer l'avarie avec succès. A ma question "où récupère-t-on les pal europes?", le mec me répond "nul part, c'est fermé la nuit, reviens demain matin"... A ma question "mais comment je fais, je ne serai plus là demain matin?", le mec me répond "bah je sais pas moi... tu reviens demain matin"... ok fin de l'échange.

Je me barre, direction Valence, je repasserai récuperer mes palettes quand l'occasion se présentera.
Je n'ai pas envie d'aller dormir devant l'abattoir, je me pose sur l'aire de Roussillon, en plein milieu du gigantesque parking. Pasta, Watchmen, dodo.

ça c'est pas des New FH...

Val de Loire

à quai

sur la RCEA

Vendredi 13

Pas envie de prendre le Grand Boeuf à vide, c'est un coup à payer une contravention... allez hop, je sors à Chanas.

Je lave en profondeur avant de charger, je ne le sais pas encore mais j'ai le temps, rien est prêt. Je me mets à quai, on m'annonce 2h d'attente, cool j'ai un livre à lire.

Vers 12h30 je lève le camp avec du cochon plein la semie, mais au moment de passer le portail deux anciens collègues vivaresques déboulent et m'obligent, sous la toture, à payer le café... Je finis quand-même par m'en aller, direction l'abattoir burgien où je retrouve Thomas pour... boire le café. Chargement, retour au dépôt, pleins, lavage, 4L, Pont de Vaux...

balade sur la N7

Pourquoi Mich07 fait-il de si jolies photos? il a un bon flash...

Samedi 14

Dimanche 15

Hey! ho! Let's go! Hey! Ho! let's go!
Il est 17... Houlà non, il est déjà 20h lorsque Régis Ramones déboule sur le parc pour démarrer son camion et sa semaine dans la perspective d'un voyage à la fois captivant et insolite vers les terres inexplorées de l'Emilia Romagna et en particulier vers la ville de Reggio Emilia qu'il connait si peu. Autant le dire de suite, je vois ce voyage comme une simple formalité à accomplir, je sais d'avance, en partant, que 20 minutes plus tard je serai sur l'A40, 2h40 plus tard devant le tunnel, 3h plus tard (environ, selon l'attente) derrière le tunnel, 4h22 plus tard sur l'aire de Viverone. Nom de Zeus, je suis un lignard!

Tout ce passe comme prévu.

Je bois le café avec un Chevrier en partance pour la Grèce. Nous discutons vite fait, il me dresse un constat plutôt amer sur l'évolution de cette entreprise qui était jadis dans le peloton de tête de mes "boites-idoles"... c'est triste.
Je trace ma route sous la pluie et dans la solitude totale au milieu de cette Italie qui dort. Moi je n'ai pas sommeil, je pense à plein de trucs allant de ma coupe de cheveux à la guerre dans le monde en passant par l'équipe de France et Dominique Bussereau... bref je tente d'activer quelques connexions synaptiques pour ne pas crever d'ennui sur cette autoroute A1.

J'arrive dans la nuit et l'indiférence chez mon client, je me pose dans un coin.

un tunnel coté italien

autostrada 4

Lundi 16

Pfff cette journée aura vraiment été d'une nullité sans pareil... même pas envie de la raconter...

 

tiens? un T2000

Mardi 17

Bon ok celle-ci n'aura pas été beaucoup mieux mais je me dois d'honorer le contrat qui me lie à fierdetreroutier pour percevoir la dote mensuel qui me permet de nourrir grassement ma famille tout en menant un train de vie présidentiel.

Par un heureux concours de malchance je me suis retrouvé là, près de Mantova, à attendre mon rechargement prévu pour le début d'après midi. Je suis là depuis hier - 18h30 et je trouve le temps bien long. Attention, loin de moi l'idée de fustiger l'opportunité d'avoir un temps précieux dédié à toute autre activité que celle consistant à tourner un volant tout en insultant le jeune cadre dynamique épris d'incivilité routière, mais le fait est que j'ai du mal à trouver une quelconque motivation à partir le dimanche pour regarder passer les trains le lundi, et les avions le mardi... Il est là le problème : la motivation. En effet je pourrais, par exemple, écrire des pages et des pages pour mon carnet de bord mais je suis vide de toute anecdote et incapable d'aligner deux phrases intéressantes. Bref, j'essaie de trouver de l'inspiration dans mes lectures... Je vais rester pas moins de - j'ose à peine le dire - 23 heures ici, 23h à lire, jouer de la guitare, manger et prendre des douches...

C'est en fin d'aprem que j'ai l'improbable joie d'apprendre que le chargement de porc est terminé, je lève le camp pour rejoindre - le plus vite possible - le tunnel du Mont Blanc sousmis à une circulation alternée cette nuit pour cause de travaux. Il faut que j'y arrive avant 22h30... j'arrive à 22h35... du coup je gagne le droit de poireauter jusqu'à miniut moins le quart devant la barrière.
A minuit pile je suis de l'autre coté. Je dévale le versant français sinueux en coupant tous les virages et en battant mon record ainsi que celui de Sébastien Loeb... quel bonheur de descendre sans les voitures...
Comme je suis décidément très chanceux en ce moment, l'A40 est coupée vers Nantua ce qui m'oblige à traverser la ville... en pleine nuit je ne perds pas beaucoup de temps.

J'arrive au dépôt, car oui je ne vais pas plus loin en vu de complèter le chargement demain, il est bientôt 3h du mat, je n'ai pas sommeil - ça fait deux jours que je dors - mais je me force à fermer les yeux pour ne pas me lever trop tard demain.

j'ai vu passer des dixaines et des dixaines de carrosses

on pique une tête?

plus d'une heure derrière la barrière

Nantua

Mercredi 18

...et effectivement, 4h30 plus tard, soit à 7h30 ce matin, je suis sous la douche à frictionner vigoureusement mes 7 kilos de cheveux. Pourquoi je me suis levé aussi tôt? aucune idée... j'avais envie. Café avec le chef, mise à niveau des carburants, lavage, puis je vais faire un tour rapidos dans Bourg histoire de passer le temps. Résultat je reviens avec 4 bouquins, 4 achats compulsifs inhérents à un flanage imprévu dans les rayons de Cultura...

Je retourne au dépôt, un collègue me ramène 4 palettes - le fameux complément que j'attendais - mais ces dernières ne tiennent ni en long, ni en large... hors je n'ai bien sûr la place de seulement 4 palettes... s'en suis un casse tête des plus compliqués pour réaliser le tour de magie qui fera entrer ces palettes... seul un chef y arrive en principe et c'est le cas aujourd'hui.

Je monte sur Paris. Avant d'atteindre l'A6, je me coltine convois exceptionnels, tracteurs, travaux je perds 95% de mon "potentiel patience" entre Bourg et Tournus. heureusement la suite est quand-même plus calme.
Vers 19h je suis sur la capitale, j'ai une livraison à faire en foulée, le destinataire m'appelle... 1 fois... 2fois... 3 fois... avec à chaque fois beaucoup de politesse et de manières aussi je me retiens de l'envoyer violemment bouler... bref, il est oppressant, mais gentil... sans doute est-il pressé d'aller voir les guignols en bleu jouer à la baballe contre les guignols en vert.

Oui chères amies, ce soir c'est soir de match, aucun moyen d'y échapper sauf rompre tout contact médiatique me racordant à la civilisation. Ce soir c'est particulier, il y a de l'enjeux, si bien que la plupart des radios sont sur le qui-vive et annoncent des "mobilisations spéciales" de 18h00 à 1h00 du mat pour les généralistes privées... autant je suis de nature à bien aimer le foot - ayant moi-même fait les beaux jours du FC PontdeVaux - autant ce soir ça me gave... et je sens que ce que l'on nous présente comme une finale de coupe du monde va encore se solder par un triste 0-0... bref en arrivant à Rungis, où je dois passer ma nuit, j'oublie toute idée d'allumer la radio et je me motive à finir ce livre commencé hier : "Les Souffrances du jeune Werther" (au début j'avais du mal à accrocher peut-être à cause du contexte dans lequel j'ai entamé cette lecture... mais ce soir je lis avec le cerveau grand ouvert... si bien que j'en oublie le foot, j'en oublie Rungis, car oui je suis garé en plein milieu, je pourrais faire des tas de photos de camions bariolés mais... comment dire... je m'en tape...

Je m'endors vers 0h... et me fais réveiller vers 0h45 pour vider.

Lacrost

620 horses

autoroute 6

A6a - A6b

Jeudi 19

Apparemment pendant que je lisais "Les souffrances du jeune Werther" la France entière était en émoi devant "les souffrances du jeune Thierry Henry"... drôle d'époque.

Consciencieusement j'ai programmé mon réveil tôt, trop tôt, simplement pour connaître ce qu'il allait advenir de moi en ce jeudi brumeux et froid. Rechargement Orly à 13 puis à coté d'Orly à 14h... Ok... c'est reparti pour la maxi-coupure. Semaine pourrie. Ce n'est pas fini.
Je démarre donc vers 12h30 après avoir lavé et remis en ordre la semie, je me présente 11 minutes plus tard pour la rammasse... "Asotrans? bon tu reviens dans une 1 heure, là on va manger"... cette journée commence de la plus belle manière...
Deuxième ramasse, vers 14h, Je me mets à quai pour n'en ressortir que 3h plus tard... de mieux en mieux...
Je dois effectuer deux livraisons dans la foulée et l'expéditeur guilleret m'annonce: "Bon, il faut pile 4h30 pour aller chez le premier, donc je t'ai annoncé pour dans 4h30"... Je suis quasi - à bout et je lui communique cette "quasi - à boutitude" en lui informant que NON je ne vais pas rouler comme un chien pour arriver les yeux fixés sur le tachy en priant la Déesse-règlementation de m'épargner dans ma sainte quète de rendez-vous respecté... que son principe du chauffeur "bête à bouffer du foin" entièrement à sa disposition en dépit de sa propre hygiène de vie me fait vomir... bref je lui explique, avec toute la courtoisie et le bon ton nécessaire, qu'il est prié d'aller se faire foutre. J'attends des heures et des heures puis ensuite je cavale pour attendre à nouveau des heures et des heures? pas moyen.

Régis est énervé. Il effectue cependant ses deux livraisons (Dijon + Lyon) dans la foulée et sans trop de problème.

Ne sachant la suite des évenements je suis contraint de couper à Lyon, bien qu'il me reste deux heures de conduite potentielle au tachygraphe... si demain je n'ai qu'à revenir à Bourg on peut dire que c'est risible.

Rungis désert

à quai

brouillard à Dijon

la communauté des emmerdeurs-avec-leurs-feux-antibrouillard-arrières

Vendredi 20

Ok c'est risible.

Avant de relater cette trépidante journée, je me permets de faire un petit retour sur la journée d'hier, la rédaction de cette dernière étant bouclée au moment des faits. Alors voilà, A Dijon il y avait un carton en trop dans la livraison, donc nous avons conclu avec le réceptionnaire que ce carton devait être pour Lyon. Hors, à Lyon, après avoir fini de vider, le cariste mono-chromosomique m'informe qu'il a laissé un carton dans la semie, ce dernier n'étant pas pour lui. S'en suit la conversation suivante:
lui: "Bon c'est ok, par contre je t'ai remis un carton, il n'est pas pour nous..."
moi: "bah non, je ne le reprends pas, ils ont dû se tromper en chargeant à Paris" (notons qu'il s'agis de transport inter-agences)
lui: "non non, moi j'en veux pas, c'est pas pour nous..."
moi: "écoute, mets-le dans un coin, de toutes façons je dors ici, je vois ça demain avec un responsable"
lui: "non non, tu le ramènes, moi je réceptionne pas..."
moi: "put(...) de merd(...) je ne vais pas faire tourner le frigo toute la nuit pour UN carton, d'autant plus que le litige ne me conserne pas!"
lui: "tu fais comme tu veux"
moi: "Je le balance alors?"
lui: "comme tu veux"
moi: "ok, pas de problème, je le jette, après tout je m'en fouts... mais c'est n'importe quoi"

Je pars me garer derrière complètement dérouté par le manque d'intelligence qui me fait face... Je vais chercher ce (...) de colis, il s'agit d'un carton de viande surgelé en provenance de Russie (!)... je ne sais pas quoi faire... de la viande, je ne peux pas balancer ça... des patates, des poireaux ok, mais de la viande! un animal est mort pour ce put(...) de carton, je ne vais pas jeter cet animal à la poubelle?... perdu dans mes tourments je rallume le frigo...
3h du mat' j'essaie de dormir avec tout ce bruit... à coté de centaines de mètres cubes d'entrepôts surgelés...

Premier réflexe ce matin, allez chercher un responsable pour lui faire un compte-rendu des aventures nocturnes. J'ai été félicité pour mes décisions... ça m'a fait plaisir.

Après m'être lavé dans la plus petite douche du monde je suis retourné au dépôt pour faire tout ce qu'il y a à faire en fin de semaine, 2 bonnes heures de travail dans la cour.

17h, alors que la nuit s'accapare progessivement l'immensité du ciel bressan (le ciel Bressan étant nettement plus immense que les autres), 4 ailes planent en direction de Pont de vaux... c'est bien lui, c'est bien Régis... Régis rentre chez... Ho non mais qu'est ce qu'il fait? il s'arrête à Carrefour Market! pfff quel gros naz...

Samedi 21

Dimanche 22

Aujourd'hui je suis obligé d'écourter le repas familial célébrant les 61 ans de ma soeur pour aller travailler... J'ai pour consigne de partir entre 15h30 et 16h, pour une fois je suis dans les clous : départ 15h37. Au programme j'ai 5 clients et 2 ramasses, le tout grosso-modo dans la région piémontaise. Je livre le premier client ce soir, avant 22h impératif, et je commence a réaliser en sortant de Bourg que ça va être tendu, j'aurais dû partir plus tôt...

N83, rocade-est, A43, tunnel du Fréjus, A32, tangenziale, A6... et me voilà sorti à Fossano pour prendre direction Busca, il est 21h50. J'en ai encore pour une vingtaine de minutes et surprise... le téléphone sonne... mon chef. C'est le client qui souhaite savoir où je suis; j'annonce un quart d'heure... mais vraiment ça me fout bien la haine qu'ils aient dérangé mon chef un dimanche soir, pour une fois que je pars à l'heure!

Je suis à destination à 22h10, j'ai bien cavalé sur les routes étroites et nappées d'un épais brouillard. Nous déchargeons 5 palettes, puis le réceptionnaire me paie le café... sympa... il tente aussi la conversation mais je suis vraiment mauvais, d'ailleurs quand est-ce que je me motive enfin à apprendre cette langue?
Une demie heure est passée et je reprends la route en sens inverse, direction Torino, je vais me mettre en place chez mon client suivant. 0h10 je suis en coupure, à Turin intra-muros, près du Stadio delle Alpi, apparemment il n'y avait pas de match ce soir car il règne ici une atmosphère étrangement calme, pas très rassurante même... Je suis arrivé - il n'y avait personne, je bouquine un peu - il arrive un camion toutes les 10 minutes... grosse pagaille en perspective.

un dimanche, une route

ouvrez l'oeil, on vous traque sur la rocade-Est...

Lundi 23

Alors que Régis est plongé dans un profond sommeil nimbé de rêveries multiples et improbables... Boum! boum! boum!... c'est quoi ce délire? Je sors la tête de ma tannière, attrape mon portable pour voir l'heure : 7h05, quelqu'un vient de frapper à la portière. Je ne m'y attendais pas du tout car je ne suis pas garé devant chez eux, mais il s'agit bien de deux réceptionnaires venus à l'assaut du camion échoué dans la rue et qu'ils ont dû voir en arrivant. Motivés les gars car ils sont même venus avec le chariot élévateur : même pas besoin de bouger le camion, je décharge dans la rue. A un moment j'ai un peu douté: qu'est ce qui me prouve que ces mecs sont bien mes destinataires? doute renforcé lorsque 20 minutes après avoir vidé un autre type vétu d'une blouse blanche vient me demander les papiers (que je n'ai plus)... Apparemment il n'y a pas eu de souci, j'ai terminé ma coupure et j'ai filé à l'autre bout de la ville pour mon client suivant.

Je voulais immortaliser le stade immense, mais je suis passé à coté sans le voir : toujours un brouillard de fou ce matin.

2ème livraison, ici on me reproche mon heure d'arrivée, bah oui quoi, j'aurais quand même pû partir à 13h hier!?!
En partant je me paume un peu, beaucoup même, dans les grandes avenues qui ceinturent l'interporto... 15 minutes envolées sans conséquence pour la suite. Livraison près d'Asti, puis à Casteggio. A 13h30 ça sonne creux dans la semie, dans mon ventre aussi, je continue sur ma lancé pour un rechargement au nord de Milan.

C'est juste avant les embouteillages que je prends le chemin du retour, via tunnel du Mont Blanc, pour ratérir avec 8h50 au péage de Nangy où je me pose avec mon réchaud, mes pâtes, mes knakis et mon grana padano. j'ai 11h devant moi : je mange et je dors.

Baldichieri d'Asti

pêcheurs sur le Po

les environs de Milan

à quai, ce soir

Mardi 24

Et voilà, c'est comme d'habitude... j'avais réglé le réveil avec 2 heures d'avance sur la fin de ma coupure pour faire tout ce que la fatigue d'hier soir m'empêchait de faire... à défaut de me lever avec 2 heures c'est avec seulement 5 minutes d'avance que je bondis de la couchette.
9h30, je suis dans la cour je fais mon plein.

Depuis quelques semaines j'entends parler de Sardaignes à droite - à gauche... dans la semie j'ai un chargement complet pour la Bretagne... mon chef arrive et m'indique qu'il va falloir tout décharger...
_Non? c'est pas vrai?!!... on décharge?... mais alors je... je charge pour pour...
_Oui Régis, tu charges pour... Reggio Emila!
_(?)

Belle désillusion, je vais me mettre en place à l'abattoir pour un éninième tas de jambons à complèter à Valence. A quai j'en profite pour prendre mon repas de midi: un oeuf mayonnaise... puis je fonce sur la drôme. Ici nous ne sommes que deux pour pousser, comme d'habitude, c'est chient.
La routine continue direction Grenoble et ses embouteillages, puis la vallée de la Maurienne et son calme plât. J'attéris à l'autoport de Suse sous une pluie fine.

Bourg en Bresse

wouhou, tout neuf, génial...

depuis la rocade grenobloise

le temps d'une coupure

Mercredi 25

Même si à l'auto-école on nous dit que cela ne sert à rien, j'ai pour habitude de faire tourner un peu le moteur avant de partir pour une nouvelle journée de travail, c'est une des raisons - entre autres - qui me motivent à préfèrer les emplacements isolés. Ce matin j'ai la surprise de voir qu'un type est venu poser son pare-brise à un mêtre du mien, comme ça, devant moi, alors qu'il y avait beaucoup de place ailleurs... Je n'ai pas trop compris... pas possible - ce doit être un(e) fan(e)?! bref, quoiqu'il en soit pas de préchauffage, j'ai un minimum de savoir vivre alors je pars direct, tout doucement...

Je suis chez mon client en 4 heures... et je vais y rester... près de 5 heures. Pas de café, pas de grandes ondes, pas de douche, un Wc pourri et un gardien qui ressemble de près comme de loin à un officier SS... j'ai la nausée. Les réceptionnaires eux sont très sympas et font même l'effort de parler français en me rendant les papiers vers 13h30. 2ème client au sud de Modena, j'arrive une bonne heure plus tard et - ô surprise - il y a personne à quai! Je suis vide en un quart d'heure. Je passe à la bascule publique située dans une station du village, puis je me gare le long pour remettre la semie en ordre. J'avais pris soin, comme je recharge du pendu, de laisser tous les crochets en penderie... surprise: ils ont tout redescendu... ils ont aussi laissé toutes les ficelles et une énorme bache en plastique recouverte de sang...cool. Je passe près d'une heure à ranger tout ça, je traine cette énorme bache jusqu'à la poubelle publique en laissant une grande trace rouge derrière moi (je peux faire peur : on dirait que je tente d'éliminer les traces d'un crime)... le plus dur c'est de ne pas se salir en tenant le couvercle d'une poubelle dans une main et une bache dégueue dans l'autre... bref, je m'en sors à peu près.

Je monte sur Mantova, normalement je n'ai pas le droit de dormir chez ce client mais je suis rentré sans même passer par la case-gardien, j'ai pris le temps de laver intérieur / extérieur, de me garer et de tirer direct les rideaux pour ne pas me faire sortir.

Ce soir, au lavage, j'ai discuté avec un chauffeur Italien qui parlait très bien Français : il a fait de la France - à son compte - en régulier pendant plus de vingt ans, puis, d'après ce qu'il me raconte, devant la détérioration du métier de l'autre coté des Alpes il a préféré se contenter de transport national... belle image de France vu de l'extérieur...
En tous cas il était très intéressant cet "ancien", plutôt bon esprit je l'ai écouté attentivement.

c'est la crise

j'aime cette photo prise à Modena

Jeudi 26

réveillé à 6h, à quai à 6h10. Je profite du temps de chargement pour explorer la spacieuse douche qui m'a fait le bonheur de couler chaude après 3 minutes d'eau glacée. Ensuite, avant de mettre ma pièce de 1 euro dans la machine à café, je demande au type qui attend derrière moi si cette dernière rend la monnaie : résultat, le type en question me paie le café ET un croissant (industriel - pas bon) avec son "pass"... Je lui tend ma pièce pour lui donner mais non, il insiste, c'est cadeau! Bah... vraiment... c'est très gentil!... d'ailleurs j'essaie de lui faire comprendre en bafouillant un truc du style "c'est molto gentille"... (ça l'a fait rire).

A ma grande surprise le chargement ne dure que 1h30... j'imaginais au moins le double.

Je repars donc tôt ce matin et j'ai plus qu'intérêt de prendre mon temps si je ne veux pas passer des heures à m'ennuyer ce soir. En effet, je vide demain matin à Lyon, alors je décide de prendre la nationale au maximum (ayant aussi déjà pris 3 fois la même autoroute cette semaine - dont 2 fois de trop - je fais varier les plaisirs).
Je suis tombé sur tout ce que l'Italie fait de plus chient sur ses routes et notament sur tout un tas de glands se traînant à 58 Km'h sous prétexte qu'il tombe 3 gouttes de pluie. Aujourd'hui je prends ça avec Philosophie... je vais d'ailleurs faire environ 40 Km à 65 km'h derrière un convoi... c'est bon pour la conso...

La pluie, les chantiers, les routes pourries : arrêté sur l'aire de Villanova je contemple mon ensemble, on dirait que je reviens de Russie...j'avais lavé hier)

J'arrive en France et je fais la traditionnelle "pause courses" à "l'Inter" de La chambre. Je reprends l'autoroute à Epierres jusqu'à Lyon où je me pause à quai, chez mon client, pour une soirée trop géniale à la lumière tamisée du réchaud.

à quai, ce matin

brouinasse sur Mantova

Castel San Giovanni et son célèbre café Jay-Z

Vendredi 27

La première chose que j'ai faite aujourd'hui, vendredi 27 novembre, c'est souhaiter un joyeux anniversaire à ma soeur, il était 0h30... ensuite j'ai essayé de dormir... en vein: je suis garé en pente et en plus je suis obligé de lever la suspension à fond sinon ils me réveilleront pour que je le fasse... bref, j'essaie de m'agripper à mon matelas pour ne pas tomber et je finis par m'endormir.

Le frigo ne s'est pas allumé de la nuit, par contre il tourne à fond ce matin... forcément ils ne l'ont pas éteint avant d'ouvrir les portes, alors ça dégivre à tout va... J'essaie de finir ma nuit et je commence à en avoir marre des accélérations toutes les 5 minutes : je sors (en slip) mettre fin à ce rafus, puis je retourne vite au camion avant de déclencher une émeute.

Vers 9h plus rien ne bouge dans la semie... pensant que c'est fini je démarre... puis je sors pour vérifier, on ne sais jamais... quelle surprise... effectivement il n'y a plus personne, mais il reste des bacs, des bouts de viande par ci par là... et surtout il reste 3 crochets à sortir! Comme disent les cailleras du Pont de vaux underground : ptain c'est abusé t'as vu... ils sont parti en pause en me laissant 3 pauvres crochets à décharger! Coup de fil au chef, 5 minutes plus tard un réceptionnaire revient comme si de rien était... quel pouvoir ce chef!

La suite c'est un chargement à Valence, puis un chargement à Bourg : de la viande de porc à outrance, du jambon à ne plus savoir quoi en faire, un vendredi parmi tant d'autres...
Et puis me revoilà dans la cour... washing, gazoline, four wings, bridge of little cow... the end.

j'ai mal dormi

Gervans

Samedi 28
Dimanche 29

Lundi 30

Cette semaine commence en réalité dimanche soir. J'avais pour consigne de partir ce lundi, à 6h, mais j'ai préféré venir dormir dans le camion plutôt que mettre le réveil à 4h30 chez moi pour débarquer à 9h au dépôt. Sous une pluie glaciale je fais l'appoint en carburant, puis je me positionne face au portail, prêt à partir.

5h45, c'est avec 3h30 de sommeil que je décolle, toujours sous cette pluie glaciale. Je pars pour Modena avec un client sec (malgré la pluie - blague trop drôle). A peine arrivé sur les hauteurs du Bugey ça clignote de partout : on annonce de la neige, on limite la circulation à 70, on nous recommande l'écoute de 107/7. En conducteur avisé je fais quoi moi? je fais ce que l'on me dit : j'écoute 107/7... j'écoute la derniére ignominie odditive d'un certain Christophe Maé, je me fais violence environ 1 minute, puis j'éteinds car je commence à douter que de telles prouesses vocales m'aident à mieux conduire sous la neige... d'autant plus qu'il n'y a pas de neige! Du coup je roule... non pas à 70 mais bien à 90 car pour l'instant il n'y a rien d'anormal sur cette autoroute. (haaa, vivement les interdictions de circuler pour simples "prévisions"... j'avais oublié ça...)

Je n'ai pas rencontré l'ombre d'un flocon jusqu'à Cluses... c'est à partir de là que les choses se corsent : ça commence à tomber abondamment, la vigilence est de mise. Je passe la régul' sans problème et suis la saleuse jusqu'aux Houches, où cette dernière sors en me laissant faire son travail : ouvrir la route pour le Dupessey de derrière... Bon il n'y a pas non plus 1 mètre de neige, et puis je suis chargé lourd, l'accès au tunnel se fait finalement à peu près comme d'habitude.

De l'autre coté presque rien... je fonce sur Modena.

Arrivé à 14h30 je vais rester sur le parking jusqu'à 19h, heure à laquelle un collègue arrive et m'annonce le report de ma livraison à demain... génial...
Du coup pas de réchaud ce soir : je pars manger au "ristorante" avec Andrik et Florent, au menu une excellente pizza - fruits de mer - avec pleins de trucs bizarres dedans (notament des pieuvres roses fluo)

accès au Mt Blanc, ce matin

je rêve

 

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