Mon Carnet de bord... Suivez mes aventures, semaine après semaine!
Decembre 2009
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Mardi 1

L'objectif est de partir d'ici le plus tôt possible, aussi je commence à m'inquièter en constatant qu'il est déjà 8h et que je suis toujours au même endroit (le même depuis hier 14h30)... au moins la coupure sera correcte, rien à dire...
La situation finit par se décanter : je passe à quai, puis je fonce au lavage, puis je fonce recharger dans un bled des environs, puis je fonce sur Piacenza où je me mets en coupure en vue d'un relais ce soir. Au programme il y a une semie chargée pour Naples à descendre tout schuss dans la nuit. J'ai fait le maximum pour arriver tôt mais je ne pourrais pas redécoller avant 22h20... à ce moment là j'imagine encore que ce n'est pas top...
Je passe mon après midi devant le resto de la dogana, un endroit bien connu des routiers français. Je tente de dormir... je n'y arrive pas... j'écoute la radio, je bouquine un peu... je retente de dormir... non toujours pas... alors, voyant qu'il est déjà 19h, j'attrappe mon sac, ma serviette, direction la doccia.
C'est à ce moment là que s'est déroulée une anecdote qui, n'en doutons pas, fera le bonheur de toutes mes fans.
La douche de la douane de Piacenza fonctionne à minuterie : contre 2euros60 et les clés du véhicule on vous remet un jeton qui déclenche le système... jusque là, rien de nouveau... Aujourd'hui je tombe sur la douche numéro 3. A ma grande surprise, c'est très propre. Le lavabo brille, l'aération marche, je me vois dans le miroir et il y a même du chauffage... j'aurais dû me méfier, c'étais trop beau... Me voici donc avec mes claquettes pour seul habit devant pommeau à peine moisi (vraiment c'est exceptionnel ici)... je place le précieux jeton dans la boite... et c'est parti! une cascade d'eau glaciale se déverse sur ma tronche, je tourne désespérément le mitigeur vers la gauche, puis voyant que la température ne monte pas je bascule tout dans l'autre sens... pas d'eau chaude non plus! alors je retente à gauche... puis à droite... puis à nouveau à gauche... je commence à être perdu, je ne sais pas où est le froid - où est le chaud, je commence à confondre ma droite et ma gauche, j'entre dans un état psychologique instable... quand soudain... au bout d'une ou deux minutes de stress intense... l'eau tiède, puis l'eau chaude et enfin l'eau bouillante se déverse et me brule le cuir à ma plus grande joie. La température est maintenant maitrisée, je saisi mon Dop-cheveux-ultra-gras et mon tahiti parfum "routier-des-îles" pour me revêtir d'un épais manteau de mousse pendant que l'eau continue à couler (je ne peux l'arrêter). Voici l'instant critique : je pose le gel douche, je me rapproche du pommeau et là... plus rien! mais vraiment plus rien du tout! plus une goutte ne tombe. Sur le coup je reste incrédule, c'est pas possible me dis-je, pas déjà! cela fait même pas 3 minutes que l'eau coule! Je tente en vein d'appuyer sur le mitigeur... sans succès... Alors me voici recouvert de mousse de la tête aux pieds... la situation est pathétique.
A ce moment précis j'imagine que toi lectrice, tu as éteint la télé, tu as remis tes lunettes, ton petit coeur bats très fort et tu te demandes : "mon dieu, mais comment a-t-il fait pour se sortir de toute cette mousse?". Dans mon malheur on peut dire que j'ai eû de la chance: le lavabo fonctionnait encore, mais uniquement avec de l'eau froide. Alors pour commencer j'ai mis ma tête dessous, puis je l'ai enlevé avant que mon cerveau n'entre en hypothermie. Ensuite j'ai fait l'homme de cro-manion : j'ai joint mes mains pour capter l'eau et me la jeter dessus en répétant le geste une bonne vingtaine de fois... au final, presque plus de savon et 10 litres d'eau par terre. Dans mes exploits j'ai réussi à épargner mes affaires. Ainsi c'est sec, habillé, coiffé et parfumé que j'en suis ressorti triomphal. Je suis allé rendre les clés, j'ai juste dit que j'avais eu a peine 3 minutes d'eau... je ne sais même pas si la caissière m'a écouté.
Je suis donc retourné au camion, dans le noir, en esquivant toute la nouvelle population du parking: prostituées, gays, gens bizarres non-identifiables et cherchant du plaisir... cet endroit est vraiment glauque. Il est 22h20, ma coupure est terminée mais mon collègue pas encore là. J'attends. J'ai les rideaux ouverts, je suis près à partir alors tous les personnages créant l'animation sur le parking s'imaginent que si je reste comme ça, si je ne ferme pas les rideaux, c'est sans doute qu'il y a moyen... ils et elles défilent sans arrêt jusqu'à 23h30 - heure à laquelle - Hallelujah - je peux enfin me barrer direction le sud avec un complet de bidoche pendue dans une Chereau fambant neuve.
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dans les alentours de Modena
je rêve
franco-américain à Piacenza
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Mercredi 2

Moi qui pensais descendre tranquille, l'esprit reposé par une route nocturne débarrassée de tous ses parasytes (vieux, cadres dynamiques, camions "écologiques" à 80 km/h etc.), je me suis trompé. Ce voyage va s'avérer vraiment pénible, l'autoroute est sur-fréquentée de camions dont beaucoup ne sont pas "conduits" mais "pilotés". Dans les Apennins c'est le grand laché de débiles : ça se double n'importe où, il y en a toujours un qui tend le museau dans le rétroviseur, c'est oppressant. Pour ma part, je vais rester 10 minutes sur la voie de gauche pour venir à bout d'un Riboni qui ne lâche rien... normalement la nuit il y a une certaine solidarité qu'il n'y a pas le jour, pas aujourd'hui, pas ici... 4h30 de conduite approche et je tente de trouver une place pour me poser provisoirement... c'est impossible, tout est blindé, je ne peux même pas me mettre en vrac dans les stations, aucune place nulle part... alors c'est 4h30...31...32... à 4h34 je me cale désespérément dans un refuge déjà occupé par deux camions, je m'arrète à 4h35 puis non, finalement 4h36... super... Aussi je m'adresse à toi, contrôleur de la DREAL qui va m'arrêter dans les 28 jours à venir : sache que je connais parfaitement ta réglementation; sache que j'étais attentif ce jour de FCOS où un professeur blasé nous la rabachait en nous expliquant, par cette belle et calme journée estivale, que de toute façon "un réglement ça se respecte et qu'il y a toujours moyen de le respecter"; sache que cette nuit il y a un épais brouillard, un complet de pendu dans ma remorque, des parking sur-saturés et un Régis qui n'ose pas sortir de l'autoroute inquiet de s'aventurer dans les environs montagneux avec ses 40tonnes... bref sache que lorsque tu vas me mettre les 135 euros parce que "bah oui monsieur, ça je peux pas laisser passer..." tu aiguiseras un peu plus mon esprit de routier intégriste radical.
Je roule toute la nuit.
7h15, téléphone. Il s'agit de mon destinatire. Non seulement je ne parle pas Italien, mais lui non plus: il parle le dialecte napolitain... bref on se comprend peu... il m'explique 15 fois l'accès pour aller chez eux, 15 fois je réponds "ok capito"... et puis il me ré-explique une 16ème fois... A la fin de la "conversation" il me lache une phrase dans un Français presque correct : "roule le plus vite possible!"... ouai il est gentil Maurizio mais je ne vais pas me mettre sur le toit pour lui...
Je roule donc "le plus vite possible", c'est à dire à 90 km'h - vent dans le dos. Une demie heure passe puis à nouveau le téléphone, toujours mon destinataire, pour prendre des nouvelles. Il va m'appeler comme ça 6 fois, en m'expliquant à chaque fois l'accès, en concluant à chaque fois avec la seule phrase en français qu'il connait... il m'a soulé! Bref, je suis arrivé sur Napoli, puis à la sortie indiquée... et malgré toutes les recommandations il est venu me chercher au péage. Avec du recul je peux dire "heureusement", car il m'a emmené dans un endroit où je ne me serais sans doute pas aventuré, d'autant plus que la route est barrée et c'est lui qui a fait ouvrir l'accès.
A 8h30 je suis à quai, un quai assez rock&roll d'ailleurs... A peine arrivé tout le monde à sauté sur le chargement, je n'ai parlé à personne, ils ont vidé et m'ont dit de laisser la place à un autre camion qui attendait... je suis parti direct, en ayant parlé à personne... drôle de livraison...
Je me retrouve dans la rue en travaux mais ce coup-ci sans mon "escorte".... je vais rester coincé 20 minutes : impossible de passer car un camion a vidé une benne de terre sur la route, impossible de prendre la déviation (je ne passe pas dans l'intersection)... donc j'attends qu'ils tassent un peu la terre, un des responsables active ses ouvriers et me fais passer en force dans les 30cm de terre meuble... j'ai failli rester planté...
Je cherche un lavage dans cette banlieue napolitaine escarpée, je vais en trouver un sur les conseils d'un pompiste. Au début ils n'ont pas voulu, sans doute à cause des bouts de viande, puis un chef est arrivé, un mec avec une expression du visage hyper-fière, typique - napolitaine, il a calmé tout le monde et m'a autorisé à laver. Nous n'avions pas parlé argent, un moment j'ai cru qu'il allait me dire "vai", finalement il m'a pris 30 euros... pas moyen de négocier, ce mec fait limite peur... d'ailleurs je veux pas généraliser mais il font tous peur ici! Ils n'ont pas l'air de maitriser le second degré, tout est dans la dignité...
Bien content d'avoir trouvé un lavaggio je reprends l'autoroute pour rouler l'heure qu'il me reste au compteur. J'attéris sur l'aire de Caserta. Ici s'est déroulé l'autre épisode tragi-comique de la semaine. avides d'anecdotes vous allez être servis :
j'étais assis sur le siège passager et je pianotais machinalement le clavier de mon PC. Sur ma droite, à plusieurs reprises j'aperçu un vieux bonhome qui mangeait un sandwich. Je n'y prétai pas attention jusqu'à ce qu'il s'approchât de ma fenêtre souhaitant me demander quelquechose. Je descends la vitre pour la conversation suivante (retranscrite en français):
_Bonjour!
_Bonjour!
_Tu es Français?
_oui.
_Dis-moi, combien de temps faut-il pour aller de Turin à Lyon?
_bah...heu... un peu moins de 4h...
_pas en camion hun, en voiture? (il me montre sa luxueuse berline Allemande)
_bah... heu... 3h alors...
_Ok, d'accord... tu sais j'ai 60 ans... et toi tu as quel âge?
_27 ans
_27 ans? tu es jeune! tu es fort! (il me flâte et moi comme un con je ne vois rien venir)
_ouai je suis très fort! (rire niais)
_tu parles bien Italien! (il continue à me flâter, je ne vois toujours rien venir alors que là vraiment (!)...)
_ha bon?... bof pas trop quand-même...
voici l'apothéose de cette conversation, mon interlocuteur prend un regard très sérieux, baisse la voix, regarde dans les alentours et me demande:
_heu, c'est un peu intime mais... (il fait un geste vers son bas ventre) ...est-ce que tu es un grand garçon?
sur le coup je ne pige pas, trop naïf que je suis, alors je lui demande me répéter... il fait un geste très explicite... Ce type de 60 ans me fait une proposition!... Je réalise enfin que je suis en train de parler à un vieux dégueulasse! il avait tout calculé dès le début pour me "séduire" alors que moi je pensais qu'il était un simple papi en voyage... ptin je n'en reviens pas et je deviens fou de rage, je l'insulte en Français et lui impose de dégager vite avec de grands gestes... j'ai failli péter un plomb et il n'a pas bronché, il s'est barré la tête basse dans sa grosse bagnole... On aura vraiment tout vu sur les aires d'autoroutes... en voyant ce type je m'attendais à tout sauf à un vieux pervers, quand j'ai réalisé ça m'a vraiment contrarié... même à deux doigts de lui cogner dessus...
bref, je tente de trouver le sommeil...
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le Vesuve
coincé dans la rue...
je n'ai jamais vu une ville aussi sale
je n'ai jamais vu autant de linge aux fenêtres
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Jeudi 3

Levé à 0h40, parti à 0h50.
Je remonte direction Rome et j'hallucinne de voir que, dans ce sens là, je suis seul au monde sur l'autoroute. Il n'y a ni voiture, ni camion, je jette un oeil de l'autre coté : comme hier ça descend très fort, c'est à croire que tout le monde va vers le Sud et personne n'en remonte.
J'enchaine CD sur CD. Avec le reflet de la lune je devine des paysages superbes... jusqu'à ce qu'un épais brouillard, sans doute le même qu'hier, limite mon champ de vision au strict minimum nécessaire à la conduite. Il n'y aura pas de belles photos de paysages cette semaine, dommage.
Je sors à Orte pour prendre la nationale jusqu'à Ancona. Toujours personne sur la route, c'est rally-time. Je fais une pause Gazole sur une Esso de Foligno où je me bats avec l'appareil automatique, puis avec le tuyau trop court de la pompe, pour parvenir enfin à obtenir 300l.
Je roule encore 1h30 et j'ai la joie de touver mon client juste avant Ancone du premier coup, il est pile 7h00.
Je suis dans une énorme usine, au poste de garde je tombe sur le gardien et un chauffeur, tous deux très sympas... on discute comme on peut je deviens tout pâle lorsque l'un d'eux me dit "tu parles très bien Italien!"...
Bon, eux étaient vraiment sympas... mais je dois attendre jusqu'à 9h pour charger, alors j'en profite pour déjeuner et prendre une douche. Douche grand-grand luxe d'ailleurs, j'ai rarement vu ça...
9h, je me repointe au poste de garde, j'apprends que l'on ne me chargera pas avant cet après midi... bon... ok... je retourne au camion apparemment ça va être dur de négocier. Il va y avoir problème avec mon amplitude et si je coupe ici je ne pourrais pas rentrer en une fois.... gros casse-tête... finalement mon chef me sauve la mise et parvient, à force de relances, à avancer cette heure de chargement à midi... cool! d'autant plus cool qu'ils sont très gentils et me paient le café pour l'attente, cela ne se voit pas souvent ça... Pour assister à ce chargement je suis obligé, par mesures d'hygiène, de porter une casquette qui couvre environ 1/3 de mes cheveux, c'est ridicule...
Je pars à 14h20, il me reste 1h30 de répis, je roule 1h25, passe Rimini et me pose devant la sorti d'une petite station, près à partir.
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Foligno, 4h30
côte adriatique
il fait quel temps à Bourg?
un Grec très très pressé
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Vendredi 4

Hier je me suis trompé, j'ai programmé mon réveil à 23h30 au lieu de 0h30... j'ai donc eu la joie de découvrir, après une heure de sommeil, que j'en avais gagné une seconde.
Début effectif de cette journée à 0h45, premier tour de roues 10 minutes plus tard. Rimini - Bourg en Bresse ça devrait passer en 9h15 d'après mes calculs, à condition de ne pas rouler écolo, c'est à dire à condition d'assaillir la planète à grand coup de 90 km/h.
Sur la route je pense donc je suis.
Le jour et les Alpes se lèvent devant moi, la légère brume qui m'accompagnait depuis Milan s'évapore on ne sait où, j'accède sur la plateforme du Mont Blanc pour un café bien mérité avec un collègue de chez Maes. Comme l'escorte arrive, nous repoussons cette pause à l'aire du Chatelard. Déjà 3 cafés dans le ventre, j'ai la tremblote.
Je descends en suivant deux Daf de chez "Transport Gérard" qui se tirent la bourre bien qu'étant de la même maison... c'est surréaliste... surréaliste tout comme le nom de cette boite d'ailleurs Transport "Gérard"(!)...
Revoici alors devant moi la glorieuse capitale de la Bresse autonome, une région hostile dont les habitants revendiquent la prestigieuse appelation de "clampin"... et j'en suis, au volant de ma 4 ailes dans l'attente frénétique de passer enfin le panneau "Pont de Vaux" et de m'émouvoir devant les "string géants" annonciateurs des festivités...
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en route vers l'infini
je m'arrêterais bien faire un bonhomme moi?
dis-donc Fredo? c'est quoi cette semie pourrave?
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Samedi 5 |
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Dimanche 6

Une pluie froide et consternante d'irrégularité arrose depuis ce matin le terne paysage rural qui se déroule devant moi alors que je cours après la montre pour rejoindre le dépôt sous peine d'être définitivement en retard. Je franchis le portail à 17h... mon tracteur est dételé, je ne m'y attendais pas, du coup et même en activant sérieusement la cadence c'est à 17h20 que je débute cette semaine, j'avais prévu de partir plus tôt mais ça va, je suis à peu près dans les clous...
En route pour l'Ouest avec tout plein de palettes pour tout plein de clients.
Le premier d'entre eux est à Bourges, il y a une seule palette à sortir, elle est "au cul" du camion, l'opération qui devait prendre 5 minutes va en prendre 40... 40 minutes à me battre avec cet enfoiré de gerbeur qui a eu la bonne idée de se planter dans le sol humide de la cour... (je précise pour mes lectrices interloquées qu'un "gerbeur" est un appareil de manutention et non un mec à la quiche facile) J'aurais pû tout laisser en plan, étant donné que je suis plutôt pressé et que la câme est sortie du camion... j'aurais pû, mais seulement j'ai déjà la chance de pouvoir vider un dimanche soir, les gens qui bossent n'ont aucune raison de me réceptionner avant demain, donc il vaut mieux se montrer coopératif : j'ai passé une bonne demie-heure à dépoter des cartons.
Du coup, à force de transpiration j'ai réussi à caser 45 minutes de repos, ce n'était pas prévu comme ça mais j'ai donc tout le loisir d'aller me mettre en place chez mon second client. Bonne surprise : le portail est ouvert (j'appréhendais de me pauser dans la rue étroite) Je me mets direct à quai, j'essaie de capter un truc intéressant à la radio... je n'y arrive pas alors je bouquine un peu... houlà, il est déjà plus de 2 heures du mat' faudrait peut-être penser à dormir...
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La nuit tombe, la semaine commence
lui c'est Lou Reed et il chante dans mes HP
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Lundi 7

Personne ne m'a réveillé et ça c'est très sympa! moi qui pensais me faire virer du quai à 5h il n'en est rien: J'ai juste le temps de sortir les trois palettes avant la fin de ma coupure et c'est parti pour la suite, direction Angers. Je livre deux clients en suivant un camion qui doit faire la même tournée que moi; je perds un peu de temps mais je parviens a caser 15 + 30 min. Dernière étape : Rennes. C'est la panique chez ce gros transporteur frigorifique alors je propose de vider moi-même, ils acceptent (c'est de plus en plus rare), je ne reste qu'un quart d'heure au lieu des deux heures annoncées.
Il tombe une pluie battante. A ce moment précis je suis vide et j'ai pour mission d'aller remplir mes coffres à palettes chez un client, vers Fougères.
Il tombe des cordes, j'arrive et le cariste m'indique un numéro de quai... "mais non mec, il faut les sortir dehors" lui dis-je.
Il tombe des seaux, mon cariste - qui ressemble étrangement à rien - déborde de courage en m'annonçant : "wouaaa, mais t'as vu comme il pleut!?".
Il tombe des trombes d'eau et voyant qu'il rechigne je lui dis "ok donne moi ton Fen, moi j'y vais!"... pauvre petit cariste fluet, tu sais très bien que tu n'a pas le droit de prêter ton fenwick sinon le patron va te tirer les oreilles...
Il tombe un déluge et mon cariste est dessous (hahaha), il m'apporte 36 palettes près des coffres.
Il tombe une grosse averse et c'est à mon tour d'aller dessous, pour ranger de la palette à en perdre la tête.
Il tombe une pluie torrentielle, j'ai terminé, je suis trempé jusqu'à la moelle osseuse. (penser à commander un Kway au père Noël)
Cette journée s'achève, je n'ai plus qu'à me laisser glisser tranquillement sur l'eau surrabondante jusqu'à mon lieu de rechargement, en Normandie. Petit crochet par le centre commercial du coin accessible en semi (ça aussi c'est de plus en plus rare), je vais acheter mon indispensable paquet de nouille, ça me rend heureux.
Enfin j'arrive à destination. Comme si je n'avais pas pris assez de flotte dans la tronche aujourd'hui je m'affère à laver méticuleusement l'intérieur en vue de charger du pendu demain.
Je passe la soirée à écouter un live de Norah Jones sur Inter en me préparant ma popotte; autour de moi il y a tout mon linge qui sèche: Vis ma vie de routier.
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construction d'un pont à Angers
au travail...
entre "je ne sais plus où" et "je ne sais plus où"
oui... oui... je suis une ménagère de moins de 50 ans
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Mardi 8

A 5h ce matin, un mec est venu taper au camion. J'ai trouvé ça assez hallucinant : ce mec est venu taper au moment précis où une lueur de conscience extirpait mon esprit de ses rêves les plus fous, au moment précis où je me demandai "tiens, personne ne vient taper au camion?". Manoeuvre à froid (le camion et le Régis aussi), puis retour à la couchette. Cela ne fait pas 5 minutes que je redors que le même mec retape au camion : "heu... excuse moi... je me suis trompé, c'était pas au quai 15 mais au 16 qu'il fallait se mettre..." J'ai la fleme de me ré-habiller alors je manoeuvre pieds-nus et en caleçon au risque de déclencher une émeute chez la désosseuse normande...
2h plus tard, toujours ce même mec vient me sortir pour la troisième fois de mes rêves extraordinaires, "le chargement est terminé". Ce mec est cool. Oui, il est cool pour la seule raison qu'il frappe délicatement la portière à chaque fois, avec un gentil "toc toc toc" tellement inhabituel lorsque l'on est aguérri aux ultras-violents "TOC! TOC! TOC!" qui vous font sursauter, ou même aux inacceptables "PAF! PAF! PAF!" qui vous font enrager...
Aujourd'hui j'attends les papiers pendant 1h30, je ne suis pas pressé alors je prends ça avec philosophie... pas mon chef.
Je pars pour Bourg en Bresse, ça passe en moins de 9h30.
Près d'Avranches nous sommes 4 PL à nous suivre, nous passons devant un nouveau radar (ceux avec les deux yeux), puis un peu plus loin un panneau clignote : "sens interdit pour +7t5, sortie obligatoire sur aire de repos pour contrôle"... nous avons tous freiné... et nous sommes tous passé tout droit.
C'est la première fois que je suis face à ce cas de figure... que faut-il faire? allez se présenter docilement auprès des gendarmes en place pour se faire allumer? on ne va pas leur mâcher le travail quand-même!
Je roule donc direction Vendômes pour une première coupure, puis Moulins pour une seconde. Arrivé sur Paray le Monial j'ai la grande joie de découvrir que la RN79 est Barrée: "pour Mâcon suivre Châlon"... j'arrive là dessus comme ça, je ne sais pas s'il y avait des panneaux en amont (auquel cas je ne les ai pas vu)... pas le choix : direction Châlon. Je réfléchis un instant à couper au travers mais dans le doute je reste sur cette route (car soit je reprends la RN79 plus loin au risque de me retrouver devant les travaux, soit je passe par Cluny et ses routes Sinueuses = plus long avec un complet de pendu)
Bonjour le détour! par contre ça roule à fond, arrivé à Châlon il me reste 1h de volant, j'hésite entre la maison et le dépôt... allez, le dépôt ça devrait passer!...
J'arrive à Bourg, je me rue Rue Arsène d'Arsonval... 9h59!
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le Breton est très Scania...
le Vendômois est plutôt Mercedes
devinette: est-ce avant ou après manger?
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Mercredi 9

Ce matin je manque incroyablement de courage... hier je n'ai pas mis le Basto... 5h, mon réveil sonne, je l'éteinds, je mets un doigt de pied dehors... "brrr ptin ça caille trop" je me terre sous mes 19kg de couette pour jouer les arrêts de jeux. finalement, je vais non seulement jouer les arrêts de jeu, mais aussi les prolongations, et les tirs au but... pour me sortir de là à 7h45 et je jeter sous la douche avant que mon chef arrive. Il faut dire que c'était particulièrement débile de mettre le réveil aussi tôt compte tenu que je ne décollerai pas avant 9h... mais c'est à chaque fois la même chose, au moment de le programmer je suis plein d'ambition : "bon alors demain: je me lève à 5h! je me lave! je fais ma vaiselle! je fais mes pleins! je lave le camion! je lis 1 chapitre! je fais mon cdb! je joue de la guitare! j'apprends l'Italien!... et puis en fait rien du tout...
Finalement c'est même à 10h30 que je décolle pour l'Italie. Jusqu'à la frontière je me sers un peu de mon téléphone, cela faisait 3 jours qu'il était en stand-by pour mon bien-être psychologique (je tiens à ne pas me créer une addiction à cet appareil maléfique)
IL fait un temps splendide, la montagne est belle, Régis est pas mal non-plus.
Coté italien c'est la traditionelle pause à Viverone. Je bois un jus et, à coté de moi, un couple de vieux Français n'arrète pas de se plaindre du service à voix haute - comme si personne n'était suceptible de les comprendre à seulement 1h30 de la frontière. La vieille me jette un regard dédeigneux, je sents que quelquechose la tracasse... en fait elle veut du sucre et je suis devant, alors elle m'adresse un maladroit "scouz?!"... et moi je lui réponds "Je vous en prie" en lui présentant la corbeille à sucre, et j'ajoute "je suis Français" qui, en outres, veut dire "oui, depuis tout à l'heure je suis en train de t'écouter la vioque!"... cette scène était drôle...
Moins drôle en revanche sera la route jusqu'à Modena! Il y a un monde pas possible, c'est stressant, voir carrément lourd...
C'est dans ce basard que je vais passer pour un odieux personnage auprès de barbich57 : Je savais qu'il était dans le coin, je pensais qu'il était devant. Empétré dans un cycle infernal de dépassements à n'en plus finir, j'arrive au cul d'un camion en même temps qu'un autre arrive au cul du mien... j'hésite un instant, je regarde dans le rétro, c'est quoi? un bus? un camion? j'hésite encore... au puis m(...) je me lance, je double celui de devant en me servant de celui de derrière comme "écran" face à toutes les voitures qui s'impatientent sur cette 2 voies. A ce moment je me dis que de toutes façons il me doublera facilement, certes un peu plus tard... et effet il m'a doublé facilement, Miko57!
Bon, voilà, à partir de ce jour je suis "Régis-le-mec-qui-n'hésite-pas-à-couper-l'élan-des-autres", ptin quand j'ai vu que c'était Miko je m'en suis voulu... et puis on s'est fait coucou + klaxon... c'est surréalliste...
Bref, pas trop de bol sur ce coup là...
J'arrive plein de remords sur Modena, il reste une place pour me garer dans la cour de mon client, je m'y pause nonchalament avec ma casserole de pates, mon ordi et mon autoradio à fond.
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un Man dans la côte
quelle journée!
un camion, pris au hasard
quel calme (avant la tempête)
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Jeudi 10

3h26. Il est exactement 3h26 ce matin et je viens de me faire virer comme une merde de chez mon client par un mec hystérique - sans doute le patron de la boite - qui, après avoir promptement défoncé ma portière à l'aide de son poing, me reproche de très vive voix ma présence ici. Il me rabâche à tue-tête et en italien : "Jean-Pierre a dit que tu devais attendre sur la place du village!". Je lui réponds simplement que je ne connais pas de Jean-Pierre, car effectivement je ne connais pas de Jean-Pierre. Je tente aussi de lui expliquer qu'en arrivant hier soir je me suis garé là sur les conseils d'un de ses employés, que je n'ai pas pris cette décision seul, mais aucun moyen de négocier, le mec hurle, ma simple présence le rend fou de rage...
Au fait? elle prévoit quelquechose la règlementation pour le chauffeur qui se fait virer comme une merde et qui doit bouger en coupure? on lui dit quoi au gendarme ou au controleur de la DREAL? comment? "on se rabaisse plus bas que terre pour tenter de se justifier et on sort le carnet de chèque"... ha bon?...
Une fois arrêté dans la zone la plus proche j'allume le poste et j'écoute la seule radio française qui passe, la "première de France" (ce label étant sousmis à notre ouïe toutes les 7 minutes environ). La grève des routiers fait la Une des infos... aux cotés de la grève des cheminots, des agriculteurs, des taxis, des policiers, des chômeurs, des accoucheurs, des mecs qui passaient par là au moment du sondage, de ma tante, et de la main de Thierry Henry. Le Français moyen s'inquiète : mon dieu, va-t-il y avoir à manger sur la table pour Noël? Pour dire vrai, cette grève m'indiffère à peu près autant que les programmes de la première radio de France, cela dit j'observe d'un oeil curieux le climat de terreur qu'elle laisse à supposer. Je n'imagine pas une forte mobilisation. En tous cas, sachez chères lectrices que moi JE VAIS FAIRE GREVE! oui vous m'avez bien compris, JE VAIS FAIRE GREVE... mais pas pour ça!
Voici autant de revendications qui vont me pousser à bloquer les centrales d'achats Pontévalloises à partir de ce dimanche:
_je veux des conditions de travail décentes
(interdictions en tous genres, accueil sur sites de chargement, infrastructures inadaptées...)
_je veux une reconnaisance de notre place légitime sur les routes
(communication médiatique, rapports et enseignement aux autres usagers)
_je veux un climat d'entente avec les forces de l'ordre
(suppression de la politique du chiffre, du "tout repression", apprendre à se connaitre les uns les autres)
_je veux l'abolition de cette schizophrénie rampante qui affecte les décisions politiques.
(moins de camions sur les routes tout simplement! moins de transports inutiles, abolition des coups d'éclats médiatiques infondés)
_je veux que l'on prenne conscience de la véritable valeur d'un service
(ne pas déconsidérer la valeur du transport, la valeur du travail et de l'immobilisation d'un homme - d'où qu'il vienne)
_je veux conserver l'appelation "conducteur routier international"
(à ne pas confondre avec "conducteur voltigeur relayeur lignard")
_et heu...sinon pour ce qui est de mon salaire je trouve qu'il en phase avec mon travail...
(je trouve que ma rémunération est un compromis entre mon travail effectif, mon niveau de compétence, et l'accessibilité à la profession... amis syndicalistes, j'attends vos courriers mais je ne prendrai pas la peine d'y répondre - j'ai autres choses à faire)
Oui, JE VAIS FAIRE GREVE car y'en a marre!
Revenons-en à cette journée qui commence trop bien. Je n'ai pas réussi à retrouver le sommeil et j'ai pris mon mal en patience jusqu'à 12h10 : mon téléphone m'indique d'y retourner. 12h15, me revoilà chez les fous. Ils m'ont fait revenir mais sont parti en pause... jusqu'à 13h30, heure à laquelle ils font finalement passer un Italien prioritaire devant moi... je pète les plombs... puis je passe à quai à 14h30 pour resortir d'ici 2 heures plus tard, le cauchemar est enfin terminé. Je rejoints mon collègue Michel pour un verre de coca, puis nous montons tous deux vers Mantova.
Thomas m'avait informé, il y a chez ce client un réseau wifi, cool! J'ai donc tout le loisir de lire mes nombreux courriers de jeunes désosseuses normandes en émoi, et, derrière ce florilège de pur romantisme, je tombe sur le mail d'un journaliste qui souhaite en savoir plus sur mon rapport avec l'argent - si j'ai bien compris - pour exposer son travail via un site web assez connu. Voici une phrase (authentique) tirée de sa web-requète, je vous la soumets grace à la géniale technique du copier-coller :
"Il nous semblait intéressant de faire le portrait d'une routière à quelques jours de la grève prévue."
Tout est dit... une "routière"... je suis une "routière"!
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vers 4 ou 5h, ce matin
plus merdique c'est difficile
une sorte de Bresse italienne
j'ai quand-même roulé aujourd'hui (un peu)
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Vendredi 11

Il fait -2° ce matin, autant vous dire que les Choco-Pops au lait froid passent très mal...
Je charge tout au même endroit aujourd'hui, ça va plutôt pas mal, je pars en ayant perdu de vu mon collègue Michel qui n'arrête pas de changer de quais. Je n'aurais pas dû me réjouir trop vite, en partant tôt je gagne une ramasse "urgente" au nord de Milan. Déjà pour y accèder je dois lutter contre les interdictions PL très en vogue dans les environs, puis, une fois à destination, une énorme embrouille téléphonique s'instaure entre moi + le destinataire + Asotrans + l'expéditeur au sujet des conditions d'arrimage de cette marchandise urgente... 45 minutes s'écoulent... c'est cool (c'est drôle aussi). Finalement, et je le présentais avant même de venir ici, je ne charge pas. Alors marche arrière, on rentre à la casa, par la route habituelle barrée d'un Mont tout Blanc.
Ce soir, et non pas comme ce midi, je prends le temps de manger... après tout nous sommes vendredi soir, il est 19h, j'ai faim et je passe devant le Châtelard : toutes les conditions sont réunies pour ne pas allumer le réchaud!
Je ne traînasse pas pour autant, j'ai une livraison à faire près de Bourg dans la foulée; théoriquement ce n'est pas urgent mais mon amplitude arrive à terme.
Moi qui passe toute mon énergie à fustiger dans mon recueil d'anecdotes les caristes incompétents, je vais aujourd'hui faire une exception! En effet, ce soir, alors que j'arrivai transi d'inquiètude, alors que je voyais déjà s'ammonceler les minutes post-amplitude répréhensibles par mes amis contrôleurs, ce soir, je suis tombé sur the best carists of the universe : les mecs m'ont annoncé la couleur direct "t'inquiète petit, tu la dépasseras pas cette put(...) d'amplitude!" et ils se sont mis à vider la remorque à grands coup de fenwick... carrément des pros!
Je pensais grignoter une bonne demie heure voir une heure en trop... le bilan est nettement moins sévère : 15h10 depuis mon premier tour de roue.
Comme je suis un pur taré de la vie je vais y ajouter 2 heures de travail gratos et invisibles pour tout faire briller jusqu'au moindre détail.
1h15, j'ai fini, ça ne brille pas : ça rutile, je suis fatigué, je rentre en évitant les chevreuils et les mecs bourrés.
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un troupeau de 660 têtes
un village dans la brume
un mille pattes
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Samedi 12 |
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Dimanche 13 |
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Lundi 14

On va dire que cette semaine commence doucement. Nous sommes lundi, il est 7h30, je ronfle... Mon réveil a sonné il y a de ça une heure ou deux mais moi, je ronfle. J'ai tout une liste d'arguments pour justifier cet état larvaire : je n'ai rien dormi du week-end, je suis à moitié malade (grippe A, crève, crise de fénéantise aigüe... j'en sais rien), il fait 47° sous ma couette et 1° dehors... donc je ronfle... et puis, d'un coup d'un seul, je bondis comme une bête enragée, je prends mon petit-dèjeuner et ma douche (en même temps), je jette tout ce qui me passe sous la main dans mon sac (vieilles chaussettes, BD de "Pascal Brutal", brique de soupe Liebig...), je saute dans ma 4 ailes (par la fenêtre (comme Starsky ou Hutch, les 2 héros de la série "Starsky ou Hutch") et je dévalle la Bresse à la vitesse surnaturelle de 82 Km'h (oui, je fais gaffe : je suis sur réserve)
Me voilà dans la cour, il est 9h30. Mon chef m'avait dis 9h mais il commence a me connaître : il me dit 9 pour je sois prompt à partir pour 10h. J'ai donc le temps de traînasser un peu au bureau, de raconter mes exploits du week end (c'est à dire pas grand chose), de boire un petit café offert avec le message subliminal suivant : "ça peut t'aider à te réveiller". Puis je pars pour Lyon complèter une partie de mon chargement italien.
Il fait froid mais il fait très beau, je roule tranquille, avec le chauffage qui me carresse les doigts de pieds, avec un fond d'autoradio que je n'écoute pas...hey mais je suis carrément bien en fait?! ce début de semaine est des plus agréables.
Bon Ok pendant que je suis en train de m'émerveiller devant la brume matinale, les poneys et les rivières, je ne me rends pas compte qu'il manque quelquechose dans le camion... les papiers du chargement italien... je les ai laissés au bureau...
Heureusement avec la magie du fax, pas besoin de repasser par Bourg lors de ma montée sur Paris - car je charge 3 clients pour le sud de la capitale. Arrivé à 11h30
je repars à 12h45, wouhou rapide aujourd'hui!
Comme j'ai le temps, comme il fait beau, comme je suis moyennement lourd, comme ça coûte moins cher, comme je préfère ça, comme ce n'est pas (encore) interdit : je monte sur Paris tout par la nationale, dans les meilleures conditions imaginables : pas un "grumeau"... à si juste une voiturette sur 500m... rien de bien méchant. J'arrive chez mon premier client avec à peine 8 h de volant (bien fait de prendre la nationale...), je me mets en coupure sur le parking de la boite où il n'y a que des tautliner... mais qu'est-ce que je fais là?
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passage à Lyon
sur la nationale
Avallon
Auxerre
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Mardi 15

Réveil 6h, la gorge prise, le nez bouché ou l'inverse je ne sais plus...
Je suis dans une gigantesque base logistique, rien que du parking à la réception "frais" cela me coûte 5 minutes de volant. Je laisse la moitié de mon chargement puis je tente le petit-dèj au bungalow d'accueil... non finalement cet endroit est vraiment trop crade, je pars direct.
Mon 2ème client est à coté, à Moissy-Cramayel. Là vous vous interloquez : mais que signifie ce nom bizarre, "Moissy-Cramayel"? Phil26 peut vous éclairer : il m'a sorti une blague vraiment hilarante à ce sujet... d'ailleurs je lui répète souvent : "ptin arrète Phil, t'es TROP drôle!" ou bien "ptin arrète Phil, j'ai mal au ventre tellement je rigole!" ou encore "si si je t'assure Phil, tu devrais contacter Patrick Sébastien!?"
J'ai le nom d'une zone d'activités + "RD57". Ne trouvant pas la ZA sur mes cartes j'entreprends de parcourir la RD57 - jugeant cet indice plutôt précieux. Alors m'y voici sur la départementale... pas de client en vue... je m'éloigne... je ne suis plus à Moissy... demi tour, je remonte toute la RD57... et j'arrive à Moissy centre, inaccessible aux PL... ça ne sent pas bon du tout... je refais un allé, puis un retour, sans plus de succès, alors je me pose sur un arrêt de bus et je réfléchis bien fort avec toute ma concentration... et soudain... "bloup"... une bulle d'esprit émerge à la surface de mon cerveau rachitique : "Régiiiis... c'est ton esprit qui te paaaaarle.... uuuuutilise ton téléphone et va sur internet pour mieux localiser ton cliiiient.... et ensuite maaaange un autre choco Priiiince" (ce dernier conseil étant biensûr hors sujet)
Oui, j'ai découvert ça récemment, j'ai accès à internet avec mon portable... pour aujourd'hui c'est "pagesjaunes" qui va me sauver la vie, c'est beau le progrès...
Alors voilà, je suis enfin dans la bonne zone, une zone toute neuve, une zone inexistante losque mon plan détaillé de Paris à été imprimé, une zone dans laquelle je tourne encore en rond. A défaut de trouver mon client je tombe sur Gwada91, tiens donc? complètement par hasard... et j'arrive enfin à destination - tous les quais sont occupés.
Au bout d'une heure d'attente JE décharge car LA CARISTE rechigne à affronter les -25°c du frigo (heu... ha bon?... mais c'est quoi au juste ton travail madame?)
J'effectue une ramasse express à Grigny, puis une dernière livraison dans une base bien pourrave de méga-hard-discounteur. Tous est discount ici! le parking, l'accueil, le quai, le QI du réceptionnaire, sa tronche, son haleine, son manque de courtoisie, l'environnement de travail... tout est au rabais... je méprise cet endroit, ce mec et ce tire pal.
Il est midi, j'arrive dans la zone SENIA pour recharger... je pensais prendre le temps de manger + faire un petit somme, mais rien du tout, ils préfèrent charger de suite... bon, ce n'est pas plus mal, à 13h me voilà parti direction Bresseland pour livrer dans la foulée. Comme hier, tout par la nationale, je suis léger, ça roule bien.
Je vide dans la soirée et je passe la nuit au dépôt.
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croisure surprise avec Gwada
Vitry sur Seine, France
un chauffeur de CR qui trouvait son Topline pas assez confortable
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Mercredi 16

bibibibippp... bibibibippp... bibibibippp... bibibibippp... CHPAAAAFFF!!! (5h - décès brutal de mon réveil)
_la blague du jour c'est que je remonte à Paris.
_l'anecdote du jour c'est que je suis de plus en plus malade.
_l'itinéraire du jour sera 100% autoroutier (enfin presque).
_le chargement du jour est un complet de viande condamnée à mort ("pendue" - blague...)
_la coupure du jour aura lieu à Auxerre.
_la livraison du jour se fera à Rungis (et à l'heure)
_le lavage du jour sera une arnaque.
_le repas du jour n'aura pas lieu.
_le rechargement du jour sera long, à Villabé.
_la re-descente du jour - toujours via A6 - sera laborieuse pour cause de salage.
_le relais du jour, prévu à Mâcon Nord, aura finalement lieu à Tournus.
_la période du jour comportera 779Km pour 9h57 de guidon.
_le conseil du jour sera la vigilence : un camion a été siffoné la veille sur le parking où je suis condamné.
_le repas du jour aura finalement lieu (à 22h, dans le camion)
_la nuit du jour (?) se passera à 15 minutes de chez moi.
_l'homme du jour sera le patron qui gare ses ensembles sur le parking de cette station : il me propose sa voiture pour que je rentre chez moi, alors que l'on ne se connait ni d'Adan, ni d'Eve Angelie... bref quelqu'un de vraiment très gentil apparemment... j'ai refusé - (peu importe où je dors)...
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très original TNT....
mouettes à Rungis
un vieux "Bourdiau"
A6 - Orly
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Jeudi 17

Ce matin je suis tout sec... hier, toujours animé de frissons dûs à cette crève que je traîne depuis lundi, j'ai règlé le basto asssez fort... carrément trop fort même... résultat ce matin il fait 56° dans la cabine, ma gorge et mes narines me brulent, je suis à moitié shooté par l'atmosphère dangereusement clos de cette cabine... et je suis tout sec.
J'arrive à caser 11h de repos avant de partir charger dans le mâconnais. C'est la grosse pagaille à destination : à une semaine des fêtes cet abattoir tourne plein pôt et pour arranger le tout : les 2 chariots électriques sont en panne... il faut tout charger au tire-pal manuel : les palettes sont lourdes, à 15 bornes d'ici, le quai est en pente, les films plastiques "collent"... la totale! Je ne sais pas pourquoi mais je décide de faire le "gros bourin", de refuser l'aide d'un type qui me génait plus qu'autre chose, et de pousser les palettes sans réfléchir - en transpirant. Ce chargement ne s'averera pas une partie de plaisir, d'autant plus qu'il faut attendre une ultime palette pas loin d'une heure...
Je devais théoriquement livrer un premier client au sud de Milan dans la foulée, partant de Mâcon à 12h ce n'est plus possible... inutile donc de cravacher comme un âne :
pause douche obligatoire au dépôt avant de continuer vers l'Italie.
Arrivé au tunnel je suis le 8ème dans l'escorte donc on me refuse l'accès... génial... vive le temps perdu, vive l'amplitude...
Une grosse demie heure après je bascule coté vert-blanc-rouge et je suis contraint de refaire 30 minutes de coupure à Viverone... vive la RSE (haaa le bon vieux temps du 30+15 min...)
Au cas où il restait un mince espoir de livraison, il est définitivement enterré. L'avantage c'est que je passe Milan après la guerre quotidienne, l'inconvénient c'est que j'arrive à Lodi dans un Bouillard chaotique. Je n'y vois pas à 20 mètres... déjà que les phares Volvo c'est pas top, là c'est clairement dangereux. Ce brouillard est aussi "givrant", le mercure oscille entre -5 et -8, la route est verglacée, je suis "au taquet". 20 minutes pour faire 10 bornes... il fallait bien ça.
J'ai la bonne surprise de trouver le portail de mon destinataire ouvert, je me pause au fond - à gauche, j'écris "rebelle" dans la neige avec mon urine, je mange des pâtes en écoutant les fines analyses footballistiques de Franck Sauzet - la seule chose que je capte en grandes ondes... enfin j'éteins tout pour m'étaler comme un sac dans la couchette et m'endormir avec un léger filet de bave qui coule de ma bouche ouverte ainsi qu'une bulle qui sort de mon nez (sans jamais éclater)
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le maconnais sous le givre
ça glisse chez le client
photo commune à tous les cdb avec en principe le commentaire suivant : "ça caille!"
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Vendredi 18

4h55 je saute du lit : j'anticipe le "boum boum boum" de 5h.
Je suis garé dans le coin du parking et tous les employés de l'entreprise ont posé leur voiture autour du camion... c'est pas possible, ils sont complètement débiles? je ne peux pas bouger d'un mètre alors il faut les rappeler un à un.
Au total j'ai 5 livraisons à faire sur Milan aujourd'hui, la journée s'annonce difficile...
6h15, c'est parti, direction le Nord-Ouest. Avec mon imparable flair - et surtout avec mon plan sur le volant - je tombe direct sur le marchand de bidoche trafiquée que je cherche. Une manoeuvre avec guidage impératif et une palette en moins dans la remorque, me voici reparti pour le troisième. Je passe 15 panneaux d'interdiction-PL et là aussi je trouve direct : j'imaginais une petite boucherie (vu la taille de la rue), il s'agit en fait d'une énorme entreprise de découpe. Le quatrième est près de Varese, là encore bingo : derrière 25 panneaux d'interdiction PL il y a mon objectif; une palette et un quart d'heure de coupure en moins et me voici parti à la conquète du dernier. Je flippe un peu car je n'ai pas trouvé la via sur mon plan détaillé, je m'apprète donc à opérer "à l'ancienne" : c'est à dire avec mes petites jambes et mon italien approximatif pour obtenir des renseignements. J'arrive tout près du bled... un rond-point, un autre, 35 interdictions PL, et bingo! une pancarte énorme avec le nom de mon dernier client : Régis content!
Haaa, je suis plutôt satisfait de cette matinée, tout c'est bien passé, je ne me suis pas perdu, je n'ai plus qu'à aller me mettre en place pour un rechargement, à une grosse demie heure d'ici, à environ 45 panneaux d'interdiction-PL d'ici.
Une longue attente dans le froid pour recharger, quelques flocons dégringolent, ho ho... je n'ai pas trop envie de rester dans le coin moi...
Début d'après midi, j'enquille l'autoroute à Cormano et là... Surprise!!! sur qui qui que j'tombe? sur Dridri biensûr! J'ai mis quelques instants avant de tilter en observant ce mystèrieux FH-Duarig dans mon rétro, mais je l'ai bien reconnu l'animal! RDV-café obligatoire sur l'aire de Novara... en plus il y a le temps, nous sommes vendredi, tranquille mimille...Bien entendu nous n'avons parlé QUE de Phil26 et c'est lors de cette discussion houleuse qu'un énorme coup de klaxon retentit de l'autostrada : c'est un merco bleu, c'est un Suèdois! Adrien ira faire une bise à la belle blonde sur l'aire suivante, quand à moi je prends RDV avec elle pour un repas au Châtelard.
Donc je roule. Soudain : Mince! c'est fermé le Châtelard! Le temps de passer par l'autoport et de poireauter 25 min au tunnel, Sweden me repasse devant pour m'attendre à Bonneville. Le problème c'est que la decente coté français se fait piano-piano... il y a plein de paillettes étincelantes à la surface de la route, tout le monde - sauf quelques gros débiles en voiture - roule à 30 km'h... résultat je n'ai plus les heures pour Bonneville, RDV impossible, je mets un gros vent à la Suèdoise...
Me voici alors échoué au péage de Cluse avec ma boite de saucisses-lentilles au goût proportionnellement dégeullasse à la "suggestion de présentation", merci encore la RSE.
Il "neigeotte" toute la soirée.
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t'es dans l'impasse mec!
Milano en long, en large, en travers.
Adrien fait crisser les pneus à Novara
heu... c'est normal?
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Samedi 19

Moi j'aime la neige! et je suis déçu ce matin! y a que d'alle! Cela fait maintenant 3 jours que j'entends parler de neiges incroyables en France... et moi je suis dans un pauvre centimètre de givre... pfff
frayeur en tirant les rideaux : il y a, dans cette fine couche de neige, des traces de pas autour de ma cabine, de la porte conducteur à la porte passager, alors que je suis au bout du parking et qu'il n'y a rien à faire ici... bref... quelqu'un est venu voir quelquechose, j'ai regardé mes bouchons de réservoir - ils sont en place, je ne sais pas c'est quoi cette blague...
Allez, dernière ligne droite, cap sur Bourg en Bresse. plus je me rapproche du dépôt, plus il y a de la neige. Sur l'autoroute ça roule à peu près normalement, dès la sortie "Bourg sud" c'est l'aventure. la nationale n'est pas vraiment dégagée, et à ma grande surprise c'est le gros basard en centre ville. Je me fofile malgré tout pour ratérir dans la zone Cénor entièrement blanche, et la cour du dépôt idem. Dès ce moment précis je n'ai plus qu'une idée en tête : faire des gros grattons avec ma 4L! Avant cela il y a beaucoup de choses à faire : vider la semie, mettre du Go, enlever le sel des chromes etc.
La moindre petite manoeuvre s'avère difficile : ça patine, ça recule "en crabe", ça bloque les roues... c'est vraiment des tafioles ces camions sur la neige!
Comme prévu la semaine se termine en dérappages incontrolables dans la poudreuse, it's 4L time! j'en oublierais presque mon cerveau...J'arrive à Pont de Vaux en début d'après midi, je balance mon sac par la fenêtre et je fonce faire de la luge!
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Bourg, ce matin
terrain de jeu pour gros dérapages
le chef fend la poudreuse
oui, elle a démarré du 1er coup!
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Dimanche 20 |
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Lundi 21

Lundi matin, pénard, un triple salto en bagnole sur la cour verglacée et me voilà prêt à débuter cette semaine. A peine ai-je passé la porte qu'il y a déjà un changement de programme : mon voyage pour l'Italie est remplacé par une visite touristique du Sud-Ouest... c'est pour moi une très bonne nouvelle : boulot varié = Régis content.
Je pars charger vers Belley. La neige fond "comme neige au soleil" - sauf qu'il n'y a pas de soleil. Sur les hauteurs du Bugey ça glisse encore un peu, alors "piano-piano" - surtout à vide. Le chargement dure à peine 20 minutes.
Pour ce qui est de l'itinéraire à suivre, je n'ai pas le choix : autoroute obligatoire sur vive recommandation de mon chef, à ce moment précis il y a environ 2/3 du parc coincé par les intempéries et je ne tiens pas à gonfler les statistiques...
J'ai effectivement beaucoup de chance cette semaine : d'après Thomas les conditions de circulation transalpines frisent l'apocalypse et moi je file dans l'autre sens, tranquille, avec un petit 13°C... Attention cela ne veut pas dire que je n'ai aucun souci! il faut absolument que je fasse mes courses quelque part! ...ok... je cherche un supermarché et Thomas roule dans la neige, c'est peu comparable... mais quand-même, je suis inquièt!
Dans l'optique de ne pas perdre une minute, c'est à une station Carrouf - celle de Mornas - que je vais faire mes emplettes... je n'ai pas pour habitude de faire les boutiques sur l'autoroute, mais ici on limite les dégâts, en prenant les produits pourraves de la marque-distributeur, les prix restent raisonnables...par contre je ne trouve pas de produit à vitre! du lave glace oui, mais un "pistolet" non... je suis sur une station d'autoroute, il y a des Pringles, du Red Bull, des CD d'Eros Ramazzotti, des bouquins de Véronique Genest et PAS DE PRODUIT A VITRE !!!! j'me barre...
45 minutes s'écoulent et je continue mon périple via autoroute A9, j'ai lavé mes rétros avec de l'eau et du sopalin, il tombe des cordes, je ne vois rien derrière.
Ce temps pourri (tout est relatif - n'est-ce pas les collègues?) m'accompagne jusqu'à Toulouse - enfin la derrière aire avant "Toulouse sud" - où je termine cette journée en restant figé derrière mon volant, dans cet état d'inutilité absolue qui me hante régulièrement et me pousse à regarder bêtement droit devant, même s'il fait noir, mon cerveau étant sur "stand-by"...
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des habitués de Bourg en Bresse
Nationale direction Belley
pas terrible cette route
patinoire géante
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Mardi 22

J'ai finalement été me coucher, je ne sais plus à quelle heure.
Je redécolle pile au moment où mon tachygrahe passe de 9h00 à 9h01 de coupure, il fait encore nuit, je passe la ville rose dans le noir, sans encombres. Je suis à 3h de chez mon client et le moins qu'on puisse dire c'est que cette autoroute du sud-ouest est longue... longue... très longue... je m'ennuie grave! je n'ai même pas le loisir de - pourquoi pas - contempler le paysage : il fait noir... alors j'essaie de trouver un truc intéressant à écouter, mais aucun CD de ma sélection hebdomadaire ne suscite un quelconque engouement de mon esprit blasé... je mets une radio au pif... de toutes façon je n'ai pas le RDS ça changera bientôt...
Le soleil se lève, les nuages le cachent, les Pyrénéés sont à ma gauche, le régulateur est activé, je mange une compote.
8 heures et des brouettes me voici dans la grande salaison-destination. Le quai est occupé, je m'annonce à l'accueil et j'attends derrière le volant. léger bâillement... clignement de paupières... calage de la tête dans le coude... et voici Régis qui s'évade à grands pas vers un sommeil profond... jusqu'à ce que son oreille affûtée détecte le bruit annonciateur de la libération du quai : allez hop, au boulot...
tenue correcte exigée pour traverser l'usine : blouse à usage unique, charlotte, sur-chaussure... et ce n'est pas tout... le réceptionnaire me tends un masque "type chirurgien" parce que "ha bah oui monsieur, faut caher votre barbe..." Hé ben je suis beau avec avec tout ça! J'ai l'impression de me préparer à entrer dans un réacteur nucléaire pour sauver le monde... non non je vais bien décharger des jambons.
L'essentiel c'est qu'ils sont très sympa ici, ils me sortent même les palettes vers les coffres pour me faire gagner du temps.
Je recharge pour l'Isère à 15 minutes d'ici, encore des jambons. Si vous n'y comprenez rien c'est normal : j'amène des jambons et je ramène des jambons, la filière agro-alimentaire - viande aime le transport routier.
A l'abattoir je lave en profondeur et je passe direct à quai. Tout va très vite, sauf au moment de rendre les crochets : j'explique au type de bien me ramener les bacs vides mais il ne prète pas attention une minute à mes consignes... alors je répète... il m'ignore... je prends ça pour de la provoc', je m'énerve... il continue à m'ignorer... je lâche l'affaire et le regarde dérouté en train de partir avec mes bacs... ce n'est que plus tard que j'apprends que ce type est sourd.
Je repars à 12h30, dans l'autre sens. Même autoroute mais de jour, c'est un peu mieux, pour passer le temps je compte les "Autaa".
Mes heures me permètent de passer Montpellier et de m'arrèter avec 9h55 de volant.
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la route des Autaa
un viaduc
les Pyrénées
je veux le même
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Mercredi 23

Je souhaitais décoller avant mais finalement je pars à la même heure qu'hier matin pour ne pas avoir plus de 10h de conduite sur une période de 24... Régis = docile.
Direction Valence, puis Grenoble, puis Voiron. Ensuite N75 avec ses déclivités de folie pour atteindre mon client en milieu de matinée. J'arrive pour la pause, il y a plusieurs camions en attente et un "Prodhome" me guide jusqu'à la cantine pour un petit dèj bienvenu. Je me retrouve à une tablée de chauffeurs qui viennent livrer ici tous les jours, tous se connaissent, les blagues et les lieux-communs fusent, je suis dans le coin, j'affiche un sourire-automatique-insignifiant de temps à autre pour faire présence.
Bon ok, je suis extrèmement méchant, ces gens là ne m'ayant rien fait, mais je suis naturellement mal à l'aise dans ce genre d'ambiance, je n'y peux pas grand chose!
bref, je passe à quai, je lave, et j'attends les consignes du chef... Je suis toujours sous le coup d'un départ pour je ne sais où, Italie pourquoi pas, qui pourrait affecter les festivités de demain... le verdict tombe : je charge bien pour l'Italie, mais j'ai trop d'heures pour y aller, donc je fais un relais dans l'après midi. La surprise du Chef - et c'est le cas de le dire - est que je vais charger un lot chez un ancien patron à moi : Transports Ollier.
A43. Le soleil brille sur le parking gardé de l'aire de L'ile d'Abeau! le Soleil tape même très fort! 1,2,3,4,5,6,7,8....21,22,23,24....55,56,57... je n'arrive pas à les compter mais il y a un troupeau de Waberer's assez halucinant. Tous ces culs de semies avec le soleil en haut à droite c'est fort! c'est un symbole remarquable! oui, j'imagine que la direction à payé le parking gardé, puis à affrèté des bus pour ramener tout le monde au bercail... le message est clair! je comprends ça comme : "Regardez bien bande de rigolos, on laisse tout ici parce que de toutes façons c'est ici qu'on travail, on fait une petite pause et puis on revient faire votre boulot..." et oui c'est Noël, un des seuls jours où quasiment tous les parcs de l'hexagone affichent complet, tous, même celui de Waberer's à l'Iles d'abeau... quel beau symbole... quelle démonstration de force...
A la direction du parking on a dû sabrer le champagne : cette grande abération sur fond de bitûme n'a jamais accueilli plus de 2 camions donc forcément, c'est période de fête... va savoir on réfléchit peut-être déjà à agrandir pour accueillir Willi Betz l'an prochain? pffff j'ai envie d'écrire des saloperies sur 10 pages tellement ça me dégoute, je m'imagine d'ici l'oeil ignare de millions d'automobilistes - dont beaucoup de nos "représentants" et peut-être même messieurs Bussereau où Montebour - en partance pour la montagne avec un trou béant dans la tête devant cette rangée de soleils.... moi je trouve cette image très explicite...
Ca me fait un peu bizarre de repasser le portail des Tps Ollier, je garde un bon souvenir de cette entreprise, aujourd'hui je ne vais revoir personne hormis le cariste : tout le monde est parti manger sauf lui... Donc je repars comme si de rien était pour compléter ce chargement dans la plaine de l'Ain. C'est chez ce deuxième client que je laisse la semie à Ali qui a les heures pour livrer dans la foulée... j'en récupère une vide et je commence à descendre sur Valence.
La jonction A43-rocade Est est chaotique... quelle idée de passer par là? Je ne sais pas si c'est "l'effet noël" mais en plus on patoge dans la débilité : au moment de prendre direction-Marseille personne ne me laisse passer, même pas les collègues en camion, derrière ça s'impatiente pour aller direction-Paris, une fois que j'ai finalement forcé le passage on me pourri à grand coup de klaxon tout aussi bruyants que mal-venus... surtout de la part d'autres collègues en camion dont la capacité d'analyse doit au mieux côtoyer celle du poulet (je parle de l'animal). pfff...
Je sors à Chanas, je ne sais pas où me poser pour la nuit... pas ici... pas là.... non pas là non-plus... et finalement je ratéris devant l'abattoir de Valence - ce qui ne manquera pas de faire rire au larmes mon éditeur.
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N75
piano-piano
ça fait bizarre...
parking surveillé de l'Iles d'Abeau
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Jeudi 24

Ce qui le fera encore plus pouffer de rire, c'est d'apprendre que ce matin un type de l'abattoir est venu me réveiller à 6h alors que j'avais mis le réveil à 7 et que j'avais pris soin de me mettre au fond de la rue... "Tu peux vnir tout de suite, ça arrangera tout le monde, même toi!?" "mmmmouai... moi j'aurais préféré dormir mais bon... maintenant que je suis réveillé..." BON CA VA, ARRETE DE RIRE PHIL MAINTENANT!!!!
Début de journée rock&roll : je transvase 36 palettes - de la caisse vers les coffres, je lave pour la troisième fois cette semaine, puis je charge le porc avec mes petits bras musclés... et enfin comme Olivier arrive je donne un coup de main.
Nous repartons tous deux pour le dépôt en fin de matinée, tous est bouché en sorti de Lyon car un camion de poubelles est sur le flan... nous arrivons tout de même dans la plus belle ville du monde - Bourg en Bresse - pour manger entre collègues.
Les pleins, le lavage... et je m'en retourne sur Pont de Vaux vers 17h, ce soir c'est le réveillon, une petite pensée pour ceux qui plantent et joyeux Noël!
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Hey! joyeux Noël !
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Vendredi 25 |
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Samedi 26 |
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Dimanche 27

Nous sommes aujourd'hui dimanche, il est 5h00, trois réveils sonnent consécutivement dans mon appart afin de sortir du lit : moi, mes voisins, le quart sud-Est de Pont-de-Vaux. J'ai dormi seulement 3h et je suis peu énergique, voir complètement à l'ouest... A deux doigts de m'endormir sous la douche, à deux doigts de tremper le portable dans mon bol de lait, à deux doigts de me brosser les dents avec mon peigne, il s'écoule plus d'une heure avant que je me retrouve enfin dans ma voiture, le nez collé au pare-brise pour tenter d'y voir quelquechose : -5°C, toutes les vitres sont gelées (à l'extérieur ET à l'intérieur...).
6h50, je suis à Bourg, mon camion est lui-aussi recouvert de glace : il faut que j'attèle une semie, je n'y vois que d'al, le gel bloque même la descente des vitres... je perds pas mal de temps et je finis une fois de plus par être en retard : départ prévu à 7h... je passe le portail à 7h20... je pense être le chauffeur le moins ponctuel de l'histoire du transport routier pour mes débuts de semaine, une fois "lancé" je suis pourtant très discipliné... c'est bizarre...
Personne sur l'A40, vraiment personne, j'ai un joli levé de soleil pour moi tout seul.
Je passe le Mont Blanc sans attendre, la chance est avec moi. Arrivé en Italie la chaussé est toute banche : pas de neige, ni de glace, du sel! Il ont vraiment mis le paquet, c'est limite si ça ne fait pas de la poussière en roulant dessus... Il fait relativement chaud, +7°C, je tombe à plusieurs reprises sur des automobilistes français qui roulent beaucoup trop doucement - sans doute ont-ils peur de glisser sur le sel?! bref je double tout ça, sans concession, certains sont vraiment agaçants - je pense par exemple à cette Laguna du 44 qui pointe à 70Km'h devant moi à l'entrée d'un long tunnel, ou encore à ce Picasso du 92 qui n'arrive pas à maintenir une vitesse constante mais qui refuse catégoriquement de se faire dépasser par un PL... ok... je suis un professionnel, pas eux... ok... je me contente de me manger l'intérieur des joues...
Pause à Viverone : j'arrive en même temps qu'un bus, j'abandonne l'idée d'un café à la station.
Je file sur Milano, l'autoroute est à moi. C'est contraignant de partir le dimanche, on est d'accord, mais une fois qu'on est parti c'est le pied total... pas de stress, un grand champ de visibilité, de la place sur les aires de repos... j'ai l'impression de faire le même métier mais à une autre époque, où sur un autre continent...
Première livraison sportive : pour la manoeuvre contre-manuelle tout comme pour le tire-pal manuel. Second client plus au Nord, la boite ouvre à 17h, je suis le quatrième sur la liste d'attente, je me pose pour une durée indéterminée.
Cette durée se déterminera finalement à près de 3h... un peu long mais tant pis, j'ai moultes activités ludiques dans la cabines pour m'occuper...
Je roule 8h58 et attéris sur une station juste avant Brescia.
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montagne

3 escargots à Viverone

Je reviens de Salt-Lake-City

cooool!
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Lundi 28

Je n'avais jamais dormi ici : d'habitude je préfère aller directement sur un refuge tellement ce parking est petit; aujourd'hui je suis assez surpris de me retrouver seul au réveil, là où les places ont coutûme d'être si chères.
Mon dernier client se situe en Vénétie, dans un bled assez reculé, à peine plus de 2h suffiront pour y accèder. 20 minutes de tire pal et me voilà reparti pour Mantova. Je prends la nationale, il y a assez peu de circulation, mais les "grumeaux" habituels sont au rendez-vous : je rage derrière un papi qui roule à 57 Km'h, puis, une fois qu'il tourne à droite, sans doute pour aller au pain, son pote de la maison de retraite me coupe la route et m'impose sa fulgurante vitesse commerciale : 48 Km'h... c'est à peu près aussi énervant que des touristes Français dans la vallée d'Aoste...
Une chose est sûre, prendre la route nationale c'est quand-même bon pour le moral : Un feu passe au rouge, Tout laisse à penser qu'il s'agit d'une banale coupure de rythme, mais comme le feu s'éternise on détourne son attention l'espace d'un instant et là que voyons-nous?... des rues, des gens, des monuments, des fleurs, des maisons, des arrêts de bus, des chiens, des cheminées, de la fumée, du givre, des bonnets, des nez qui coulent... on devine même des scènes de vie courante derrière les glaces embuées d'un café... sur la nationale l'imagination n'est pas prise en étau entre deux glissières de sécurité, elle ne se cantonne pas à une improbable péripétie d'aire de service, la vie est là, bien présente! D'ailleurs c'est quoi ces énormes coups de klaxon qui retentissent derrière moi? "C'est la vie Régis! C'est la vie qui va venir te casser la figure si tu ne bouges pas tes fesses avant que le feu ne repasse au rouge!"
Mantova, 11h15, je bataille pour me faire comprendre dans la bureau-expédition... en vein. Je bafouille de l'italien, je brode autour avec de l'anglais, j'ajoute une pointe de français... c'est bon... tout le monde est largué, même moi.
Après plusieurs coups de téléphone la situation se décante : je n'avais pas les bonnes infos à leur communiquer donc effectivement ils ne comprenaient rien...
Je charge en faisant une bonne cinquantaine de Km avec un tire pal électrique qui a la particularité de rouler trop doucement, c'est frustrant, et puis c'est dérangeant : j'ai l'impression de passer pour un gros flémard à trainâsser derrière le chariot, je préfère quand ça speed.
12h30 c'est fini, enfin : 13h15 - le temps d'avoir les documents. Direction Lyon.
9h46 de conduite journalière, j'attéris à l'autoport de Suse. Le tarif de douche me hérisse une fois de plus les poils de barbe; 18h30 - le resto n'étant toujours pas ouvert je décide d'un commun accord avec moi-même de manger au camion (pour une fois j'ai une excuse...); 21h30 - j'entre-ouvre les rideaux par curiosité, il reigne un silence inhabituel ici... effectivement nous sommes à peine 10 camions sur le parking.
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une route semée d'embuches...

...et de traversées de villages

enfin une photo potable de Montagnana

dur dur d'être un géant...
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Mardi 29

Personne à droite, personne à gauche... c'est bon: je peux faire chauffer le V12 en toute quiètude. Je n'aime pas dormir à Suse dans le sens de la montée car justement cette dernière met le moteur à rude épreuve dès le réveil, j'ai toujours peur de casser quelquechose, comme ça, à froid... de toutes façons j'ai toujours peur de tout...
Il ne neige pas il tombe un truc bizarre qui s'apparente à du grésil. Je passe en France et là il tombe des cordes... tout plein de cordes qui s'emmêlent partout (drôle!)
7h50 je suis chez mon client, près de Lyon. Il y a trois camions devant moi mais on me décharge en priorité sous prétexte que je suis: "vachement sympa!", "carrément drôle!" et "plutôt trognon!"...bon ok en fait ils ont juste besoin de la came.
Deuxième livraison dans les Dombes : Je fais une spéciale WRC pour y parvenir, c'est un peu une spéciale à domicile, je roule prudemment - je connais la route - elle est grasse. Je vide et je pars recharger dans le Mâconnais. Sur mon itinéraire : beaucoup de traversées de villages laborieuses, notamment celle de Châtillon sur Chalarone, une bourgade qui affiche délibérément son hostilité envers les terrifiants camions et qui multiplie les obstacles pour décourager les plus téméraires... des Ilôts, des dos d'ânes, des rétressicements de chaussée, des réaménagement de carrefours etc. (j'en passe et des pires) il y avait même pendant un moment une bannière vindicative "Non aux PL!" à l'entrée du village. Le problème c'est que Châtillon coupe plusieurs axes donc on y passe, et on y passera, non pas pour se tester sur les différents obstacles (comme le font les chiens d'entrainement), mais bel et bien parce qu'il est bienséant d'y transiter!
Je charge pour l'Italie, j'ai pour instruction de repasser par le dépôt. Depuis 4h30 ce matin j'essaie de ne pas perdre de temps, croyant mon programme établi, aussi j'ai l'air bien malin lorsque j'apprends que l'Italie n'est pas pour moi : moi j'hérite en retour d'un truc à recharger seulement ce soir, pour livrer seulement demain soir dans le Nord, et recharger seulement jeudi matin. Humm? jeudi matin? dans le Nord?
Je reste quasiment tout l'après midi au dépôt : si seulement je pouvais partir de suite, pour livrer au plus tôt, et recharger dans la foulée, je serais là le 31 au matin! mais non : des RDV merdiques, du relais, une réglementation qui vient s'emmèler la dedans... je suis très pessimiste... je ferais mieux d'aller acheter une bouteille de champagne pour un réveillon dans la cabine...
Le programme n'est pas encore sûr, pour l'heure - car mon amplitude est bientôt morte - je dois rejoindre le CR de Mâcon pendant qu'un collègue s'occupe d'aller charger la semie. Me voici donc sur le grand parking de la BP, il est 19h, je suis à 20 min de chez moi et je mange une vielle boite au réchaud en essayant de calculer les évênements à venir... je redouble de pessimisme...
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route des Dombes

un papi, un pti jeunôt...

...un top model
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Mercredi 30

15h de coupure au centre routier de Mâcon : le pied.
Mon collègue "Crust'" est arrivé sous le déluge nocturne, avec une semie chargée pour le Nord.
7h00, Nous buvons le café ensemble; puis il s'en va; je reste sur le parking à poireauter. pourquoi je poireaute? parce qu'il ne faut pas partir trop tôt pour garder de l'amplitude... j'ai un bouquin qui traine depuis un moment dans la cabine, je lui consacre 2 heures de temps de cerveau disponible.
10h00, ma période tachypraphique journalière débute : direction "autoroute A6"; je me pose sur la voie de droite jusqu'à Chaumont, puis j'enquille la nationale jusqu'à Reims pour à nouveau me languir le ruban jusqu'à ma destination finale : Lesquin. J'ai 3 heures d'avance et 15 palettes à livrer chez mon client, je tente une approche à la réception (au cas où)... non... il faut attendre l'équipe de nuit. Je laisse mes papiers et je retourne manger une bonne souplette au réchaud, une bonne souplette "poireau/pomme-de-terre" avec 200g de comté et 500g de parmesan dedans, une bonne souplette qui s'apparente finalement à une sorte de pâte visqueuse beige-kaki... (c'est ma vision du raffinement culinaire.)
L'équipe de nuit arrive enfin. J'ai à peine entamé la digestion des 5300 calories sus-mentionnées qu'il me faut batailler ferme pour justifier ma place de 1er arrivé - donc 1er à décharger. Tu peux arriver ici avec 15h en avance, si tu ne sautes pas sur le réceptionnaire lorsqu'il sort de sa caisse, tu passes après... Je méprise ce genre de boites: ce soir un "habitué" s'est mis à quai - car lui sait qu'il faut se mettre à quai direct - et devant ma colère le réceptionnaire me répond : "Va lui dire de s'enlever du quai et prend sa place"... ben voyons... dans le genre "je me mouille pas trop"... finalement le chauffeur arrive, heureusement il a l'air très sympa et les choses rentrent dans l'ordre...
Je fonce à la frontière Belge. J'ai peu de palettes pour ce second client mais là aussi il me faut attendre.
Il est maintenant minuit, je suis enfin vide et je repars dans l'autre sens pour atteindre mon lieu de rechargement. D'après mes calculs je peux faire une croix sur mon programme réveillonnesque donc je décide de ne pas me prendre la tête : j'abandonne l'idée d'aller dormir devant l'abattoir au risque de me faire réveiller à 5h pour rien, je préfère me poser pénard sur le parking du Cora-Lens2 où je trouverai dès le réveil : un chocolat chaud, des toilettes et des rayons entiers de choco-Prince.
Nous sommes 3 à dormir là en dépit du panneau qui nous l'interdit. Je zappe mollement de radio en radio, j'en trouve une qui passe des trucs bizarres : "boomerang", je laisse ça mais je n'écoute pas plus de 3 minutes, la musique de taré m'endort.
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6 chevreuils en vadrouille

typique RN44

Reims
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Jeudi 31

Allez hop, on y va, en route pour le supermarché Cora. Dès l'ouverture c'est la ruée des caddies et des mèmères, je me fofile jusqu'à la cafèt' pour un pti dèj plutôt fade; carrément même. Une fois rassasié j'arpente les mètres-carrés de tentation à la recherche d'une idée, d'un truc à manger... mais je n'avance guère : ma coupure est bientôt terminée et je ne suis toujours pas sorti du rayon presse... du coup je néglige la bouffe, et je retourne au camion.
Je pars charger du porc à environ 3/4 d'heure d'ici.
J'arrive à l'abattoir et je tombe sur un jeune type qui me fait halluciner : déjà j'hallucine sur son accent ch'ti, c'est un peu comme dans le film que je n'ai pas vu - mais en mieux fait; et puis j'hallucine aussi pour sa sympathie : il lave la semie, il sort les crochets, il m'explique tout bien comment ça se passe ici... bref, ce mec est vraiment cool. En retour je lui offre le café et quelques blagues pourries.
Cet endroit aurait été parfait jusqu'au bout s'il n'y avait pas eu cette put(...) de douche froide : J'ai attendu un moment... puis...résigné... je me suis quand-même mis dessous... pas trop longtemps.
En repartant, sur les petites routes calaisiènnes ou pasdecalaisiènnes je rencontre une saleuse... tiens tiens?... après environ 37 minutes de forte concentration j'en arrive à la supposition suivante : "ptin mais ça se peut ben qui neige!" (notez la forte appartenence bressanne de mon fort intérieur).
Je roule jusqu'à Amiens, je contourne la capitale, je fais une pause près de Montereau. Sur le parking PL il y a moi... et un Waberer's : je voulais immortaliser cette image mais j'ai eu peur de contrarier les occupants du MAN jaune... déjà qu'ils ont dû rater le car, je ne vais pas en rajouter une couche...
Je continue mon périple par la nationale : jusqu'à Auxerre c'est assez infernal, je suis en pleine heure de "départ en réveillon", c'est comme l'heure de pointe mais avec des voitures chargées et des gens contents (eux-aussi chargés?)... bref il faut attendre la campagne profonde pour trouver le calme plât : plus personne à partir d'Avallon, la route est à moi. Je croise seulement 2 ou 3 camions dans la nuit morvandelle.
J'arrive à Châlon, théoriquement je peux rentrer sur Bourg, ça doit y aller à la minute près... je n'ai pas envie, je me pose sur l'aire de la Ferté pour passer la nuit ici.
"Passer la nuit" n'a jamais eû autant de signification : il s'agit en effet qu'elle passe cette nuit, et vite. Loin de moi l'idée de me lamenter sur mon sort en ce 31 décembre : je ne suis pas un "chauffeur-martyr", j'aurais pû rentrer chez moi, même plus tôt que cela... quoi qu'il en soit trop tard quand-même pour faire ce que j'avais prévu...
Hé! ho! ça va! je vais m'en remettre!... J'ai l'impression que cela dérange plus mon entourage que moi-même que je ne gaudriolasse point pour célèbrer une énième révolution terrestre autour du soleil : je ne vais pas me justifer quand-même...
Je me suis endormi avec la musique à fond sur le parking désertique... je me suis réveillé pour éteindre l'autoradio vers 2h30.
Enigne? Rebelle? Pauv'type? Cas-sos'? l'année 2009 s'achève et on ne sait toujours pas qui est Régis, où va Régis, pourquoi Régis... la seule chose qu'il nous communique à cet instant précis c'est son ronflement lourd, son filet de bave qui coule sur l'oreiller, et sa bulle qui sort du nez... SANS JAMAIS ECLATER !
Bonne année!
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un village

un autre village
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