Mon Carnet de bord... Suivez mes aventures, semaine après semaine!

Janvier 2010

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Vendredi 1

Je m'endors en 2009, je me réveille en 2010.
Il est 7h30, je tire les rideaux, je regarde au loin dans l'obscurité... il y a un camion de fou sur ma droite... Hey mais c'est mon ancien collègue J-Paul!?! Je vais voir ça de plus près, effectivement c'est bien lui mais il dort, je me contente de faire quelques photos. Avant de partir j'écris un petit-mot sur un bout de papier pour souhaiter la bonne année... et je peux même lui donner en main propre : il sort au même moment de sa cabine! On discute dans la froideur Bourguignone, c'est tout aussi cool qu'improbable!

Je décolle, il est plus de 8h, la route est déserte... ce qui est assez normal.

dépôt - finito.

Nous sommes le 1er janvier, selon le grand rituel ancestral j'adresse mes meilleurs voeux à tous ceux, et surtout toutes celles, qui s'intéressent de près où de loin à ce carnet de Bord, ainsi que mes meilleurs voeux à ma géniale maison d'édition ardècho-drômoise.

vraiment beau cet ensemble...

le desert

Samedi 2
Dimanche 3

Lundi 4

début de semaine plus que tranquille : départ pour Modena, livraison demain.

J'arrive au bureau à 11h00 comme prévu... bon ok à 11h15 - en catastrophe (je ne suis pas du genre à prendre des bonnes résolutions en début d'année). Pas pressé pour autant je bois le café avec mon chef et celui-ci m'offre 2 paquets de choco d'une marque-distributeur qui attiraient mon attention sur la table... Je considère ça comme un affront (moi qui mange du "Prince" depuis 27 ans) mais j'accepte néanmoins, sousmis à la ferveur de mon ventre-jaunisme latent.

Je retrouve mon ami le camion qui se gèle les pneus dehors, Je balance mes 50 kg de vivres et je m'en vais vers des horizons teintés de vert, de blanc et de rouge... enfin surtout de blanc en ce moment, avec cette neige qui m'accompagne durant mes 3 premières heures de route. La voie est bien dégagée et ce voyage s'avère plutôt banal, pas de péripétie rocambolesque à raconter...

Je descends comme une boule de neige jusqu'au centre commercial de l'autoport d'Aoste - j'ai le temps d'y faire mes courses - puis j'effectue ma deuxième fraction de coupure sur un parking quelconque aux alentours d'Ivrea. La suite c'est très simple : tout droit jusqu'à Modena. Il y a assez peu de monde sur la route, aussi je me perds dans mes pensées les plus folles : j'ai pas mal de projets à concrétiser pour FDR, j'espère juste y parvenir... Plus je roule, plus le temps redevient menaçant. Les panneaux lumineux annoncent de la "neve", il en tombe effectivement mais l'Italien sale la chaussée en abondance, no problemo.

Je suis à 21h30 chez mon client, comme prévu le parking est saturé, je laisse le CMR et mon N° de portable puis je vais me garer dans le village voisin - finalement ce n'est pas plus mal : je suis au calme.

accès au Mt Blanc

arrivée sur la pateforme

il a - un peu - neigé

Mardi 5

Comment retranscrire l'épisode de ce matin sans sombrer dans la grossièreté et la calomnie au sujet de cette entreprise méprisable :
Mon téléphone à sonné à 7h50, sur le moment j'y ai cru, certes je renonçais à mon idée de faire 11h de coupure - mais comme j'en avais déjà plus de 9h ce coup de téléphone tombait à point. Mon interlocutrice m'indique de revenir pour décharger, alors je mets vite en route, je fais les 2km qui me séparent de l'entreprise, je pèse... et à ce moment précis je regarde en direction du quai : il y a trois camions devant moi! Pourquoi m'ont-ils appelé? pourquoi maintenant? Je me gare sur le côté et, n'ayant accès à rien ni personne, je me contente d'attendre en gardant l'espoir de passer devant ces trois camions (vu qu'ils m'ont fait venir maintenant...). J'attends... 30 minutes... 1 heure... 2 heures... et c'est au bout de 3 heures que l'on m'indique le quai! J'ai commencé ma période à 8h, j'ai roulé 5 minutes... pour venir attendre 3 heures ici... on appelle ça du foutage de gueule... comble de misère c'est à 12h30 qu'ils me libèrent, une heure à laquelle il est impossible de laver dans les environs, je dois encore patienter jusqu'à 14h.
S'il n'y avait que des endroits comme celui-ci je serais soit dépressif, soit en prison pour "coups et blessures sur réceptionnaires", soit au sommet d'une montagne à regarder pètre mes chêvres...

La journée commence donc "réellement" à 14h30, avec une amplitude emputée de 6h30. Bien entendu maintenant il me faut cravacher comme un bourin casac noire / toque noire; je recharge à Novara; l'entreprise ferme à 17h. Modena - Novara il me faut 3 heures : j'annonce mon retard pour qu'ils m'attendent : demain c'est férié. A peine suis-je dans la cour que le cariste est dans la remorque, je ne reste pas plus d'un quart d'heure pour charger complet : quand il s'agit de rentrer à la casa c'est toujours plus rapide...

Je fais une seconde portion de coupure juste avant Turin, puis je me laisse couler tranquillement vers la France, je ratéris sur cette paisible autoroute de la Maurienne, le temps reste menaçant mais ça roule, ça roule d'autant plus qu'il n'y que très peu de circulation, cette autoroute est quasi-relaxante après une longue journée de stress...

Le problème - comme prévu - c'est que j'ai les heures mais pas l'amplitude pour arrviver jusqu'à mon destinataire Lyonnais. Tant-pis, je m'arrête en route, sur l'aire de "Coiranne" au niveau de Bourgoin Jailleu. J'aurais pû tenter la station de l'Isle d'Abeau, mais l'heure avancée et la perspective de ne pas trouver de place m'en ont dissuadé... Donc aire de "Coiranne", une aire géniale où il y a... où il y a... où il n'y a rien en fait : un arbre, un banc, des toilettes, un Asotrans au milieu du parking...

en Italie on sale plein pot

vol avec effraction?

sortie du Fréjus

Mercredi 6

5! il en reste 5 des Waberer's sur le parking sécurisé de l'Isle d'Abeau... les autres s'affèrent à rafler tous ce que l'économie locale requiert en transport hard-discount; apparemment ce n'est pas le travail qui manque...

Je ne suis pas en retard pour ma livraison. Mon collègue Michel est là, il range des palettes dans les coffres, je lui propose mon aide.
En Traversant le réfectoire pour atteindre la douche je lorgne sur une appétissante galette des rois, elle est là, devant moi, elle m'appelle... du calme Régis, va prendre ta douche! Une fois frais et fringant, j'étudie toute opportunité de me faire payer le bout de tarte... en vein... je trainâsse devant le réfectoire, je participe à des converstions sans intérêt (ça caille hun?... ho oui ça caille!... et sinon y'a de la neige chez toi?... blablabla...), repasse devant le réfectoire - du style : tiens j'ai oublié un truc là bas?... mais pas moyen! la galette est toujours là, elle est belle, elle rutile, elle est légèrement dorée sur le dessus, elle trône superbement sur son petit carton présentoir... et voici que je m'en vais avec la terrible frustration d'en avoir point goûter une part...

Chef : ils sont dégueus les chocos sous-marque.

Je recharge complet sur Lyon, cela prends environ 2 heures, j'en profite pour me faire à manger, pour calmer ma frustration avec un vrai plât hivernal, un plât qui rechauffe et qui cale le bide : une salade.
13h, c'est parti pour Cergy, je ne suis pas très lourd et j'appréhende d'éventuelles chutes de neiges. Je vais effectivement en rencontrer, au niveau d'Auxerre, sans trop de perturbations.
J'arrive sur la capitale vers 19h, tous les panneaux lumineux sont en état d'alerte-neige, je prie pour que cette dernière ne tombe pas avant que je j'aie passé le périph - c'est déjà assez la pagaille comme ça...
Pour rattraper l'A15 je ne sais jamais trop par où passer, aujourd'hui je choisis la porte Maillot et son monstrueux embouteillage d'encravatés... j'essaie de garder mon calme devant la mane de situations dangereuses dont je suis apparemment le seul à m'inquièter... gros stress sur quelques pénibles kilomètres. Je pensais être autorisé à passer le tunnel de la Défense, j'ai vu les panneaux d'interdiction PL un peu tard, j'ai essayé me rabattre mais comme aucun n'a eû l'esprit de me laisser un mêtre, je suis finalement resté sur ma voie... j'ajoute à mon stress la hantise de voir les gyrophares arriver...
Bref, je me retrouve enfin sur l'A15, la circulation redevient fluide, j'arrive chez mon client à 20h30, le portail est ouvert, je me gare au fond de la cour et j'attends que la neige tombe.


le groupe Olano n'en fini pas d'évoluer

nightmare

03d / La Defense

Jeudi 7

bouuuu, c'est nul! depuis hier j'entends parler de neige à toutes les sauces et voici qu'un pauvre petit centimètre recouvre à peine Cergy ce matin. Un réceptionnaire est venu me réveiller et, en baissant la fenêtre, j'ai compris qu'il ne valait mieux pas rester en caleçon pour aller ouvrir les portes : -6°C. Je décharge tôt et je suis très chanceux de le faire car mon RDV de livraison était fixé à 15h! 15!??! je n'étais même pas au courant?
En attendant la suite du programme j'écoute les dernières nouvelles concernant les conditions de circulation : au sud de Paris c'est chaotique; je réalise que cette année j'ai la particularité de toujours esquiver les galères...

Je recharge dans une grande base pourrie à 30 minutes d'ici, une base qui est désignée sous trois noms différents (selon les changements de propriétaire), une base où le gardien ne connais ni la politesse - ni la courtoisie - ni même la communication en général, une base où il y a bien évidemment 2 heures d'attente, une vraie base pourrie en somme...
Pour l'anecdote : le cariste est revenu au bureau après avoir chargé ... _"t'as remis les palettes Marcel?" (faux Nom) _"Quelles palettes?" _"la pile de palettes du chauffeur Asotrans" _"bah non... mais là c'est la pause j'y retourne pas..." alors j'interviens... _"Je fais comment? j'attends la fin de la pause pour avoir mes palettes? c'est une blague?" _"non non j'y retourne pas, c'est la pause" _"bon ok, je vais les mettre moi même!" je rentre dans l'entrepôt et là le mec m'interpelle _"t'as pas de chariot de toutes façons" _"tant pis je les jetterai à la main, j'ai autre chose à faire que glander là!"... voilà voilà, encore une belle séquence émotion illustrant toute la magie d'un bref passage sur une base logistique, comme tous comtes de fée il y a eu une "happy end" : un mec, une sorte de responsable de j'sais pas quoi, a confié la dure mission à un autre de ses illustres caristes...

Je pars en début d'aprem avec seulement 9 palettes dans la semie pour un poids qui ne doit pas dépasser 2 tonnes... ma théorie se confirme : lourd toute l'année sauf les jours de neige! (Par exemple chez Vivarais je partais tous les dimanches en Belgique avec 40t... sauf ce dimanche où je suis monté à Liège avec 5 palettes à livrer dans 20 cm de poudreuse...)
Il y a ici un deuxième camion qui charge exactement le même voyage, le chauffeur me propose de faire la route ensemble, je trouve une excuse bidon pour l'esquiver car je suis une bestiole et je préfère rouler seul.

Le contournement-Ouest de Paris est vraiment contraignant... et puis c'est quoi ce tunnel limité à 2 mètres pour aller sur Versailles? pouvaient le faire plus haut?
C'est dingue, je ne suis pas très loin d'où j'ai dormi et ici il y a pas mal de neige. Je passe en heure creuse, pas de problème.
Je continue direction Rambouillet dans ce décor Groenlandesque, je fais coucou à Pierre-Marie sur la N10, je bifurque sur l'A11 où la circulation est quasi-normale à partir de Chartres.

Ensuite c'est tout droit jusqu'à Rennes, je me mets en place chez mon client, je fait en sorte de ne pas me casser le coccyx sur la patinoire géante qui m'entoure, je teste les radios locales mais n'en trouve pas alors j'écoute le meilleur CD de toute l'Histoire de la musique : "The Idiot" d'Iggy Pop.

Mon programme de demain a changé, il ne s'agit plus de faire des ramasses de pendu à droite/à gauche comme prévu, j'ai un complet à charger au sud de Rennes... mais demain est un autre jour...

voyage au Groenland

avec un temps magnifique

de la neige à perte de vu

Vendredi 8

Ok, c'est bon, j'ai eû ma dose de neige!

Déjà ce matin au Nord de Rennes le temps était très incertain et comme les sols sont congelés la moindre intempérie est à prendre en compte... (oui, vous lisez bien le CDB de Sébastien Folin). Je suis allé charger au sud de la métropole bretonne, chez un grand transporteur qui a la particularité de "savoir fret" son travail. Une douche bouillante, un chargement ultra rapide (4 caristes!), et me voilà reparti par Angers, direction Bourg en Bresse.

Le début du parcours est stressant : il neige, il fait nuit, mes vitres lavées ce matin sont à nouveau sales, la nationale est en chantier tous les 3 Km... bref, Je suis sur mes gardes : pas de musique, pas de téléphone, pas photos, pas de choco... de la conduite pure et dure. Ces conditions s'amèliorent à partir d'Angers, le froid s'intensifie et le soleil réapparaît pour donner à cette région des allures de Sibérie. L'autoroute jusqu'à Bourges est longue, peu attractive, oui... chiante... Ensuite c'est l'incontournable RCEA, les nuages sont de retour, les prévisions sont aux mauvais fixe... Malgré tout et à ma grande surprise, j'arrive jusqu'à Paray sans subir d'interdiction pour le motif "risque de neige" devenu coutûmier. J'hésite un temps à passer via Châlon - sachant que la situation est chaotique outres Saône - je garde la direction Mâcon, on verra bien...

Ca y est, il neige sérieusement. La circulation est maintenue : ça roule doucement, mais ça roule. Après Charolles,je passe le col en travaux dans la poudreuse, puis, soucieux des 4h30 de volant imminentes, je m'arrète sur un petit refuge dans la descente (comme ça je suis sûr de pouvoir repartir)
Une voiture de DDE s'arrête, l'agent pensait que j'étais en galère, j'apprécie le geste. Du coup nous discutons un moment, il m'apprend qu'un stockage de PL est improvisé à Mâcon-sud et me témoigne son indignation concernant ces décisions préfectorales : "Le préfet a tous les pouvoirs! Il interdit les PL alors que leur circulation est indispensable pour répartir le sel! de toutes façon il peut dire ce qu'il veut moi je travaille à ma manière, cela fait 20 ans que je déneige les routes et je ne l'ai pas attendu!" J'acquiesce pour lui témoigner ma solidarité... DDE/routiers/gendarmes même combat au fond : tous sousmis aux décision de M. le Préfet...
D'ailleurs une patrouille de gendarmerie s'arrète aussi pour participer à la conversation... je m'éloigne instictivement...

45 minutes, je ne sais pas si j'en ai le droit, je reprends la route, c'est tout blanc.
Arrivé à Mâcon, il y a des PL partout, les gendarmes bloquent les axes principaux... comme je connais bien les environs je parviens à les esquiver... je parviens même à passer coté Bresse... là aussi les gendarmes sont partout... je les esquive à nouveaux mais le parcours est pour le moins Rockn'Roll... j'arrive à Bourg, à 40Km'h, dans la poudreuse... je me présente chez mon client pour vider, il n'y a personne, le gardien qui ne s'attendait pas à ma venue m'apprend que l'entreprise est fermée jusqu'à nouvel ordre. Du coup je rejoins le dépôt tout proche, 10h08 de volant avec la neige pour légitime excuse... en espèrant que les contrôleurs éventuels ont au moins 28 jours de mémoire.

Que dire sur ces interdictions de circuler?...pas grand chose : on stocke grossièrement les professionnels pour laisser faire les amateurs, juste au moment où un minimun de compétence est requéris... effectivement le PL est à la merci d'un démarrage en côte impossible... en fait j'en sais rien... je pense juste que certaines décisions sont abusées, que le routier devrait garder un minimum de capacité d'appréciation... comme pour tout, l'affaire se règle au cas par cas : Bon sang mais que signifie "PL interdits sur toute la région Rhone-Alpes" comme c'était le cas aujourd'hui? s'il n'y a pas de neige je laisse quand-même le camion à la frontière et je ne rentre pas?

J'espère vivement que la grande chaine de la distribution va souffrir du manque de PL... il s'agit d'éveiller les consciences.

surprenant...

pause dans le Charolais

Stockage PL - Mâcon

retour Bourg Rock&roll

Samedi 9

Dimanche 10

En temps normal, comme ça, par défaut, je n'aime pas la boite de vitesses automatique.
Avec un chargement de viande pendue, le mouvement de charge altère son bon fonctionnement, ce qui me pousse à l'aimer encore moins.
Avec un chargement de viande pendue + un sol enneigé, l'électronique n'y comprend plus rien, certaines situations de conduite deviennent chiantes et/ou dangereuses, je suis définitivement faché avec la boite auto. Aussi, comme Noël approche à grands pas, j'ajoute à ma liste : un levier de vitesse.

Je suis arrivé à l'heure cet après-midi, avant de partir il m'a fallu décrocher et atteler une autre semie. Cette opération aurait duré, en temps normal, un petit quart d'heure... mais aujourd'hui avec la neige, la glace et les patinages, cela me prendra le triple.
Je pars avec deux clients dont 1 que je ne connais pas - chez qui je dois dormir; j'espère juste que cela sera possible...

Les interdictions de circuler ont été levées et j'entends à la radio que "tous les PL ont exceptionnellement le droit de rouler ce dimanche pour rétablir la situation"... c'est sympa Messieurs-Dames les décisionnaires mais à un moment donné le conducteur doit faire une pause hebdomadaire non? Je ne croise aucun baché jusqu'au tunnel; seulement les quelques frigoristes habituels pour qui ma croisure doit elle-même être habituelle...
Beaucoup d'attente devant le Mont Blanc, c'est long, trop long, ça m'énerve...
Je passe coté Italien, mon collègue Hervé me donne un itinéraire précis par téléphone, c'est un souci en moins, je n'ai plus qu'à me laisser couler paisiblement sur Reggio en mangeant des mandarines à foison.

Bourg en Bresse, 17h00

Bourg en Bresse, 17h45

la cause de bien des soucis

Lundi 11

J'ai dormi à ras les maisons dans cette petite rue sans issue, il y avait 1 place - je l'ai prise.
Je décharge dans un endroit typique-Italien : manoeuvre au millimètre dans une fosse et contre un mur... en sortant du lit c'est dur. En fin de matinée je pars en direction de Modena pour une seconde livraison...4 camions devant moi lorsque j'arrive, je n'ai plus qu'à avancer dans mes lectures...au puis non tiens, une petite sièste c'est mieux...

16h, je passe à quai - 16h30 je suis vide. les jambons étaient chargés sans barrettes (les ficelles à même le crochets) - c'est une demi-heure de gagnée lors du nettoyage.
Je passe mettre un coup de Karcher chez Special-Lavaggio (mes potes de Vignola), n'hésitez pas à y passer à l'occasion ils sont cool.

Rechargement à Florence - je fais un bout de route avec les bandito du Sud le temps de traverser les Appenins - à 19h je suis à destination et à ma grande surprise ça bosse encore. Je ne fais donc que passer et je m'en retourne dans l'autre sens via Genova, puis le Turchino et son gresil menaçant... la température reste positive jusqu'à Alessandria, pas de souci.

La suite c'est de la musique et de l'autoroute, c'est Mudhoney et l'A21, c'est du Grunge et du bitume.

Je fonce jusqu'à l'aire du Gran Bosco - j'aurais pû monter au tunnel, mais à 2h du mat je craignais de ne pas y trouver de place...

et personne ne le laisse passer...

je le croise souvent lui

j'ai failli m'enrhumer

Mardi 12

Ce matin, au réveil, à 10h30, il fait un temps magnifique et -11°C sur l'aire du Gran Bosco. Partir prendre une douche relève de l'expédition trans-sibérienne d'autant plus que j'ai eu la bonne initiative de me garer sur le parking du fond selon mes bonnes vielles habitudes de bestiole asociale. Je relève le défi et je prends là une bonne décision : je tombe sur une douche très classe, cela me fait tellement plaisir que je célèbre l'évènement en prenant le café au bar...
Je fais "une 11 heures", je décolle en tout début d'apès-midi pour m'envoyer une bonne dose de paysages derrière mes lunettes : ce début de journée est des plus agréables, la neige occupe tout mon champ de vision, la lumière se récfléchit sur les montagnes, sur les arbres, sur les toits pour donner une clareté limpide à cette vallée alpine.

Première livraison à Grenoble : j'avais annoncé 15h, j'arrive à 14h55. Je me surprends à faire une manoeuvre quasi-héroïque dans la cour verglacée... ici tout le monde s'en fout, l'essentiel pour eux étant que je laisse leur came et que je dégarpisse au plus tôt.

Avant de passer au dépôt je m'arrête chez Volvo-Bourg pour récupérer une ampoule H7 avant la fermeture : vivent les contrats "gold". Il s'agit du phare avant-gauche, remplacer une ampoule est à peu près dans mes compétences...même si ce soir le vent, le froid et l'obscurité viennent s'interposer à ma séance de bricolage.
C'est bon, ça marche!ouf... je me voyais déjà appeler le frangin pour qu'il me face du radio-bricolage... (c'est déjà arrivé...)

1 heure et 650 litres de gazole plus tard je pars pour la Bretagne. A peine ai-je passé Mâcon - il tombe une sorte de grésil qui recouvre la chaussée d'une fine pellicule glaciale. J'arrive au niveau de Paray, la route est blanche, il fait -2°C, il pleut. Certains continuent de rouler "à la régule", je décide de lever le pied, je tiens à ma vie (et au camion que j'ai entre les mains). Ce voyage se poursuit donc sous la barre des 70 km/h, j'ai rattrappé un "plus prudent que moi" et je ne compte pas le doubler. Malgré la pluie verglaceante, malgré la chaussée blanche, je croise bon nombre de collègues "au taquet", certains ne prennent même pas garde de maintenir une distance de sécurité (ce qui est le minimum dans pareil situation)... je suis partagé entre la consternation et la pétoche... oui la peur... j'ai confiance en moi sur cette route dangereuse mais je n'ai nullement confiance en eux, si l'un de ces écervelés vient à faire une cascade sous mon nez il n'y a pas grand chose à espèrer...

N'y aurait-il pas que des professionnels parmi les routiers?

Arrivé à Sancoins les gendarmes mettent tout le monde d'accord : stockage des PL sur arrêté préfectoral... Ma foi, il ne me restait plus qu'une demi-heure à rouler... Tout le monde s'entasse dans la zone du Marché au Bétail, je trouve une place improbable et j'en suis très content vu la pagaille qui se profile à l'horizon. En sortant du camion je peux faire du patin à glace sur la route, le verglas recouvre tout, je repense alors aux débiles qui roulaient "à la régule" quelques instant plus tôt...
Comme toujours dans ce genre de situation, on sort des camions, on discute, on s'interroge, on s'offusque, on critique... je reste quelques instants dehors avec mon téléphone... un type vient vers moi:
_excuse-moi, je suis en frigo comme toi, je voulais savoir : faut mettre le moteur en continu, ou en cycle?
_ben... ça dépend... t'as quoi dedans?
_des légumes.
_quoi comme légumes?
_j'sais pas...
_ben... mets en cycle...
_ha ouai... moi je voulais mettre en continu parce que j'ai peur que le fuel il gele...
conversation authentique, j'ai même un témoin (via téléphone), il fait 0°C et ce type à peur que "le fuel il gele"... c'est bon, ma thèse se confirme, il n'y a pas que des professionnels parmi les routiers...

Gran Bosco

Grand beau temps

pompiers du Fréjus

"stocké" à Sancoins

Mercredi 13

On continue dans le tragi-comique ce matin : Il y a des PL échoués de partout, en long, en large, en travers, des heurts se produisent alors à divers endroits entre ceux qui souhaitent partir et ceux qui les gènent car ils sont garés en vrac - comme ils ont pû... Sous mes yeux défilent un florilège de comportements débiles allant de la traditionnelle engueulade au demi-tour "à l'équerre" rageur... Il y a un type qui dérange tout le monde au beau milieu d'un carrefour, mais il n'en finit pas de se justifier "j'ai pas fini ma coupure - j'peux pas bouger!"... preuve s'il en fallait de la totale sousmition du routier moderne face à la toute puissante réglementation... ce mec serait en travers de l'autoroute il crirait la même chose :"j'ai pas fini ma coupure - j'peux pas bouger!"... il y a un moment où il faut arrèter la connerie, à situation exceptionnelle/bougeage sans carte exceptionnel plutôt que se morfondre dans la psychose du contrôleur!

pfff... il y a des fois je n'arrive pas comprendre...lorsque mon tour arrive, lorsque je m'apprête à faire demi-tour pour partir, un autre camion vient m'en empêcher, et son occupant me fait signe depuis sa cabine : "vas-y, passe là, sur la droite, ça va le faire"... ce mec veut que je fasse ripper mes pneus sur le trottoir et que je mette la moitié de l'ensemble sur l'accotement pour une croisure au millimètre... alors qu'il aurait tout simplement patienté 2 secondes on passait chacun notre tour... ce type peut toujours y croire...

Ce qui m'attriste c'est la camionette de gendarmerie et ses occupants qui observent le basard général... comment peuvent-ils garder une bonne image de nous en pareilles circonstances...

Allez, gardons le moral et reprenons la route... Le redoux annoncé est effectif : +5°c. Je roule une demie heure et j'attéris dans un énorme bouchon à Bourges; je ne sais pas ce qu'il se passe - je suppose qu'ils viennent seulement de lever l'interdiction de circuler... plus de 20 minutes pour contourner la cité Berrychonne...
Je monte en Bretagne via Blois, Vendômes, Le mans, Laval... (comme d'habitude en fait) Les routes sont bien sales, le camion est bien sale, le lavage des rétros - datant de ce matin - est déjà à refaire.
Je suis chez mon client vers 16h, je suis accueilli par des gens très sympas et surpris de me voir aussi tôt (?); je décharge, je range les palettes dans les coffres et je file terminer cette journée à Laval, dans la cour d'un abattoir, près à recharger.

ça bouche à Bourges

Blois

vers St Calais c'est tjs le Pole Nord

un Irlandais à Ernée

Jeudi 14

Je n'ai pas envie de me réveiller ce matin... je grappille quelques précieuses minutes... puis quelques précieuses secondes... puis il n'y a plus rien à grappiler, il est 7h55 - je dois me présenter aux expédition à 8h, je me fais ultra-violence pour enfiler un fute et sortir sous la pluie froide.
Cet endroit est glauque à mort : l'entrepôt de stockage se situe dans une partie désaffectée de l'abattoir, il y a encore les rails au plafond, les murs sont ternes, les quais sont rouillés... j'ai eu la bonne idée d'aller voir les toilettes, j'ai failli gerber.
Au beau milieu de ce décor d'épouvante : un tas de palettes à moitié dépotées; autour se débat une équipe de manutentionnaires assez intrigants, surtout par leur allure : on dirait d'anciens tôlards faisant des travaux d'intérêt général; il y a le grand benet qui n'arrête pas de rire stupidement, il y a le mec tondu mais avec une queue de cheval derrière et une moustache à la Hulk Hogan - il se comporte comme le cerveau de la bande - c'est lui qui parle le plus, il y a le type sombre - renfermé - étrangement discret - beaucoup trop sérieux pour empiler des cartons, enfin il y a ce dernier mec éclopé qui lui aussi fait un peu peur avec son bancalisme.... c'est qui ces gens? il n'ont même pas les tenues "officielles" de l'abattoir - ils bosses comme ça, en bleu de travail...
Je vais rester pas loin de deux heures sur le quai à les regarder, le temps qu'un cariste vienne à bout de mon chargement.... il s'agit de blocs de couenne de porc surgelée, posés comme ça, en vrac, dans la semie... même ce chargement est intrigant...

Je décolle à 10h, à trop poireauter dans le froid, je suis devenu comme les blocs de couenne : con et gelé. (drôle!)
Pas un bout d'autoroute sur mon itinéraire, cette journée fait plaisir. Je roule lourd mais je roule zen, les nationales sont plutôt droites dans le coin. Laval/Angers/Poitiers/Agoulêmes il me faut 4h30... comme je ne sais pas où se situe exactement mon destinataire je cale une pause de 45 avant de me lancer dans les recherches. Je trouve direct... sans GPS... avec ma carte, mon flair, les panneaux et la chance (pour une fois) Comme j'arrive en plein pendant la pause et je tombe nez à nez avec un super réfectoire équipé de douches qui brillent, je prends moi aussi ma pause-lavage. C'est en sortant de la douche et en retournant au camion que j'aperçois le cauchemar de tout routier sortant de la douche : il y a un pneu à plat sur la semie... les boules...
Les caristes s'occupent de décharger la couenne, je m'occupe de trouver une solution pour la roue... souvenez vous la dernière fois j'avais cassé mes 2 rallonges de cric + ma clé de roue tellement je suis trop balèze... le problème c'est qu'aujourd'hui j'ai une clé mais je n'ai toujours pas de nouvelles barres de cric... impossible de m'en sortir tout seul...j'aurais pourtant aimé ne pas infliger ce souci à mon chef... pas le choix, j'ai besoin d'une assistance. Comme je suis décidément très chanceux aujourd'hui, il y a un "marchand de pneus" à 500m d'ici, je m'y rends juste pour profiter de la clé à percussions, la roue crevée (par une pointe) est remplacée par la roue de secour, petite vérification de pression et ciao!

Je fonce sur Niort pour tenter de recharger ce soir, j'arrive - il est plus de 19h30, je n'y crois pas trop... mais si si : "quai numéro 4 et vite car on pars bientôt", coool! un complet de pendu dans la remorque et je m'en vais, pas trop loin, je décide de camper devant l'abattoir car il ne me reste que peu d'amplitude, et puis j'ai très faim, et puis j'ai la flème de trouver un endroit où ne pas déranger avec le frigo... bref je reste là devant et je fais chauffer la casserolle.

C'est au moment de dormir que je regrette cette décision : d'effroyables cris de cochons résonnent dans la nuit et dans ma tête pour troubler à jamais un sommeil imminent...

couenne de porc

vu à Laval

un nouveau monstre signé Autaa

arrêt au stand

Vendredi 15

dernière ligne droite avant le wique-ainede. Debout à 6h. Avant de partir je prends bien soin de nettoyer les rétros - pour la quinzième fois de la semaine. Je pars sous une légère bruine, une "bruinasse" bien collante et bien agaçante car elle s'adapte à toutes vitesses de balayage des essui-glaces... si l'on ajoute à cela la médiocrité de l'éclairage standart Volvo : je n'y vois rien...
Heureusement pour moi et pour tout le monde, le soleil vient de se lever, encore une belle journée, il va bientôt arriver, l'ami Ricoré. Il vient toujours au bon moment, avec ses pains et ses croissants, l'ami du petit déjeuner, l'ami Ricoré. Il choisit toujours la bonne heure, celle où on chante tous en coeur, l'ami du petit déjeuner, l'ami Ricoré...

Pause courses à La-Chatre, sur les terres de Georges Sand, dans le supermarché de George Sand...
Je me gare dans un coin du Super U mais en passant la porte du magasin j'entends un bout de conversation du genre "il a pas vu les panneaux lui!" - car il y a effectivement des panneaux anti-PL à l'entrée. Apparemment il s'agit de la directrice et d'un vigil... ils n'ont pas capté que j'étais le chauffeur, alors je vais faire mes courses.
Les camions "interdits sur le parking" sont vivement attendu chaque matin pour alimenter les rayons, et puis ils sont invités avec venir mettre du Gazole à la station... par contre ils sont gentils: ils se barrent dès qu'ils ont fini! Régis le rebelle ne l'entend pas de cette oreille...

15 minutes pour acheter 19 paquets de chocos et un pac d'eau. Je repars au moment où les gendarmes arrivent... je ne sais pas si c'étais pour moi mais ils roulent 10 minutes au cul du camion, puis, comme je roule tout bien propret - à 79 Km'h - ils finissent par doubler pour rouler à 110 comme tout le monde...

Je suis au dépôt à 15h, Je réalise en lavant que mes enjoliveurs qu'ils sont mangés par la rouille, je pleure.

La suite se déroule pied au plancher dans une 4L; passage par la boulangerie en rentrant, je vois une galette des rois, je l'achète... puis en conduisant avec ma couronne sur la tête je me demande pourquoi j'ai acheté ça... ne le dites à personne, ça reste entre nous... j'adore la frangipane!!!

Le Blanc

un Buffalo dans la campagne

Samedi 16

Dimanche 17

Je ne savais pas trop à quelle heure partir ce dimanche; en calculant mon coup j'avais prévu entre 17h et 19h... finalement j'ai coupé la poire en deux : 19h30. Chargé complet en "pendu" je traverse Bourg en me tapant un maximum de feux rouges - je reste Zen - puis j'attrape l'autoroute pour 7 heures 1/2 de solutide sur un trajet Bourg-Modena presque pas routinier.

Ce week end éprouvant s'achève tranquillement dans la vallée de la tarentaise; je suis dans un état de post-concert des Thirsty Selenits - c'est à dire dans un état de satisfaction sourde.
Nous sommes quatre PL pour l'accès au tunnel, je suis en dernière position. C'est assez désagréable de se retrouver lâché dernier de la meute de l'autre coté : le temps perdu à attendre l'escorte + la frustration de rouler dans les portes de son prédecesseur créent des tensions entre frigoristes, tensions accrues par les faibles opportunités de dépassement jusqu'à Aoste. Ce soir je sens que les trois de devant vont bien m'énerver... donc, pour mon bien-être psychologique, je décide en accord avec moi-même de "donner du mou" à mes adversaires en attendant 2-3 minutes sur le parking du versant italien.
Je jette toujours un coup d'oeil sur la droite en sortant du tunnel, il y a souvent des controles. Ce soir pas de képi mais une ombre furtive qui passe dans la nuit... un chien? ... je m'arrête sur le parking... la bestiole en question est là, juste à coté de moi, c'est en fait un renard. "Hey mec, Qu'est-ce tu fouts là?"...il me regarde mais ne répond pas, peut-être ne comprend-il pas le français... la rencontre est assez surprenante, ce chien sans maître n'est vraiment pas farouche, il vient même jusqu'à glapir sous ma fenêtre... Je pense que c'est la faim qui le pousse à accoster du routier... dommage pour lui que je sois une telle pince, il est peut-être mort à l'heure actuelle.
J'ai voulu signaler sa présence (potentiellement dangereuse si le mamifère venait à pénétrer sous le tunnel), je n'ai trouvé personne donc j'ai tracé ma route.

Pause quiche-lorraine à Viverone, puis je continue dans un brouillard opaque. De Novara à ma destination finale je vais ainsi progresser dans la purée, l'appréciation des distances est difficile, à vouloir être trop prudents certains automobilistes deviennent des dangers ambulants, je suis plus qu'attentif surtout sur la tangenziale milanaise.
J'arrive chez mon client, le parking est plein, je me gare dans une rue annexe.

magnifique C-R belge

un renard qui aime les camions

grrrrr...

Lundi 18

Et paf! réveil en sursaut par un réceptionnaire qui, comme d'habitude, tape à pleine main sur la portière sans même imaginer une seconde à quel point cela me met à bout... je pense qu'il s'en fout tout simplement et qu'il n'a jamais réfléchi à une autre manière de faire : j'abandonne l'idée d'entrer en conflit avec lui - de plus je ne sais pas quelle langue il parle.
"l'avantage" c'est que l'on me décharge assez tôt (pour une fois) et que je peux vite aller laver avant la pause de midi. On retrouve toujours les mêmes têtes dans ce quartier de la bidoche : aujourd'hui c'est "Chico" de chez Lerosey qui me laisse sa place sur la piste.

Tout comme la semaine dernière je descends charger à Firenze, tout comme la semaine dernière c'est la queue-leu-leu dans les Appenins. je reste tout juste 45 minutes chez mon client, le temps de charger, de sortir les pal-europes et de faire la pause règlementairement embarrassante.
Je quitte la capitale Toscane avant les sorties de bureaux, je m'en vais vers la Méditéranée en suivant le soleil qui ne m'attend pas en posant ses ultimes rayons sur un paysage sublime qui n'en demandait pas tant. Je pense qu'il est impossible de retranscrire avec des mots la beauté de cet instant, ici, ce soir. Même mon appareil photo n'a pas assez de nuances pour immortaliser cette atmosphère... je suis donc résolu à profiter égoïstement de ce spectacle éphémère.

La nuit s'impose lourdement et je reviens à la réalité : conduire. Je traverse Gênes, j'escalade le Turchino, je déroule de l'autoroute jusqu'au Fréjus. 1 seule caisse d'ouverte, 15 véhicules devant, 15 minutes d'attente, 250 euros (environ) le passage... des chiffres, pleins de chiffres...

J'arrive en France avec juste ce qu'il faut pour atteindre l'aire de St-Julien-de-Mont-Denis, il est X heures et les collègues dorment alignés sur le parking PL; j'improvise une place contre les poubelles pour ne réveiller personne.

c'est quoi ça? volant à droite?

j'ai rechargé là

entre Pistoia et Lucca

paysages sublimes

Mardi 19

Une bonne douche à la station + un grand chocolat chaud au bar, aujourd'hui Régis claque des tunes!
C'est donc le cheveu ondulé et la panse rebondie que je m'engage dans la paisible vallée de la Maurienne, puis je bifurque dans la radieuse vallée de l'Isère, pour déservir cette belle ville de Grenoble dont je n'ai jamais rien vu sinon cette inévitable et cauchemardesque rocade. Même livraison que la semaine dernière, même manoeuvre pourrie, même gens peu-sympas.

Je ne connais pas encore la suite du programme, je me contente de prendre la direction Bourg-en-Bresse. 13h15 je suis au dépôt, l'ami Crustacé m'a attendu pour aller manger, alors je vais manger chez "Badou", en centre ville.
De retour à la base j'ai pour instruction d'emmener une semie chez Lamberet pour "remise en état".
Ensuite j'attèle "ma" semie, celle que je n'ai pas vu depuis Noël. Bon... restons calme... elle a juste été frottée sur tout le coté droit... cela ne me fait finalement rien vu que je le dis, je le répète, je le confirme : JE NE VEUX PAS DE SEMIE ATTITREE. Si je focalisais sur un matériel de fou je serais resté à Pont de l'Isère, non, je préfère moins de paillettes et plus de boulot varié... et puis le coup de la semie attitrée avec toute une collection d'accrochages dont je ne suis pas responsable, non merci.

Je pars charger du surgelé à Lyon.

Ce jour est à marquer d'une pierre blanche : je reste moins de 5 heures à quai, rendez-vous compte...
Il est 20h30 lorsque je décolle direction l'Ouest. Il me reste environ 3 heures à rouler, d'après mes savants calculs je vais ratérir vers Montluçon, ce qui n'est pas pour m'enchanter.

Je tiens à adresser un message personnel pour toi, toi le "chauffeur" minable qui m'a doublé - en force - dans le Maconnais, toi le messager du 69 qui n'a de routier que l'intitulé sur la feuille de paie. Vu comme tu conduis j'imagine que tu portes un intérêt limité à ton métier et je doute que tu sois amené à lire ces lignes, sait-on jamais...
_ dès Mâcon-Sud tu t'es calé à environ 1 mètre de mes portes, en affirmant haut et fort ta débilité, surtout lorsque tu as commencé à pointer le museau dans le but - pourquoi pas - de me gratter à l'accélération en franchichissant la double ligne blanche.
_Sur le plat je t'ai distancé, ce qui n'a pas manqué de te contrarier... ainsi tout au bout de la deux-voies, même si je laissais volontairement descendre au delà de la limite - dans le but de ne pas voir tes jolies portes sur 200 Km, tu as jugé intelligent de me doubler à 120/130...
_comme ton tachy devais clignoter tu a eu une monté d'adrénaline et tu a freiné, comme ça sur ma gauche alors que tu n'avais même pas fini de doubler... tu es plutôt chanceux par le fait que je ne tiens pas à remplir la rubrique "faits divers", je n'ai pas sur-enchéris dans la connerie et tu as pû te rabattre...
_ comme prévu tu m'as contraint à adopter ton allure...
_ J'ai ainsi pû observer à quelle point tu n'étais pas un professionnel digne de ce nom, en te voyant coller au cul des autres, en priant pour que personne n'arrive lorsque tu entrepris un dépassement plus qu'hasardeux sur cette portion de la RCEA - sans réserve sous le pied et dans les virages...
Ce soir j'ai honte pour ma profession... ce type a pris des risques inconsidérés pour, au final, arriver au niveau de Moulins avec nous.

J'arrive vers Montmarault et je commence à chercher une place... n'importe laquelle, juste un espace pour garer le camion... mais rien. Je tente la station avant la sortie Montluçon... toujours rien, pas de place, même les places "en vrac" sont occupées... je rage et je me ré-engage sur la route, j'arrive à Montluçon et je continue à galérer... pfff ça commence à sérieusement me soûler... 10h00, 01, 02, 03, 04.... allez je m'engage dans un chemin au pif... par "chance" je trouve un renfoncement au bout d'1 Km, je m'y pose, comme ça, dans le noir, je ne sais même pas exactement où je suis...
Ce soir j'ai 10h10 de volant, je déteste plus que jamais cette RCEA, je déteste mes collègues, je déteste mon travail.

un jour je ferai de la bétaillère

vallée de l'Isère

en Bresse

Mercredi 20

8h00 plus tard... je me réveille au milieu des champs.
Ca va mieux aujourd'hui! Je coupe à travers la campagne pour rejoindre Poitiers, il ne fait pas très beau mais la route est dégagée et la conduite agréable. Mon premier client est à Cholet, il va me manquer un petit quart d'heure pour y arriver d'une traite... alors c'est la pause casse croute le long de la nationale, finalement ça tombe pas mal...

A peine ai-je rangé mes casserolles, je vois arriver un Daf blanc et vert qui me fait les appels de phare : c'est Nico72 pour une croisure improvisée, en coup de vent. On peut dire qu'il tombe à pic le Nico : j'étais justement en train de chercher à localiser mon client sur la carte, comme il bosse dans le coin il va pouvoir m'expliquer en live.
Elle s'est déroulée dans un contexte un peu pourrave, mais cette croisure était inattendue et sympa.

Je n'ai même pas le loisir de me perdre à Cholet, je laisse 1/3 de la semie et je fonce sur Rennes. Vers 17h30 je suis chez mon second client, puis vers 18h00 je suis chez le troisième (situé dans la même rue). Manque de chance pour moi il reste quelqu'un au bureau mais plus personne sur le quai : déchargement demain à 8h. Au début j'ai joué le gars dégouté, d'autant plus qu'il y avait écrit "livraison 21h" sur la lettre de voiture et je pensais être en avance... mais avec un peut de recul je me dis que l'endroit n'est pas trop mal pour une coupure, et puis j'ai RDV à 10h demain matin pour mon dernier client - je ne serai pas en retard... allez, pas de problème, je campe ici. Le mec des bureaux me dis : _"bah, en fait vous pouvez pas rester car y'a un gardien qui passe fermer le portail dans la nuit", _"pas de pb, la nuit je dors", _"oui mais s'il vous voit il va venir vous sortir", _"ha ok..."
Je retourne au camion. Ce qui me tracasse c'est d'imaginer la journée de demain : je me vois déjà en train de pester derrière trois camions arrivés pendant la nuit... rien à faire du gardien, je dors devant le quai...
Je tire les rideaux et je fais le mort.
Je trouve une radio pas trop mal où l'on retrace la carrière de George Harrisson : Zenith FM. J'écoute.

château de Culan

St Savin

rencontre avec Nico72

Jeudi 21

Je n'ai pas vu l'ombre d'un gardien, mais effectivement le portail est fermé à mon réveil.

Le personnel arrive, je jette les 7 palettes sur le quai et m'en vais, pas trop loin, au Nord de Rennes. Malgré mes 37 heures de coupure j'arrive avec une heure d'avance et ici le RDV c'est le RDV : pas question de passer à quai avant. alors je patiente.
Je suis sur une grande plateforme de stockage, une plateforme d'enseigne connue (dont je tairais le nom) spécialisée dans la distribution de produits surgelés, une plateforme dont le mode de fonctionnement n'en fini pas de me contrarier :
Aujourd'hui encore - car c'est déjà arrivé - la jeune cariste remet 3 cartons dans la semie après avoir déchargé. Vu qu'elle ne prend même pas la peine de m'expliquer son geste je l'interroge tout bêtement _"heuu, c'est quoi les 3 cartons?". Bien entendu c'est un litige. Sur les 3 il y en a 1 déchiré... ok; il y en a 1 un peu cabossé...mouai; et puis il y a ce dernier carton légèrement talé... je l'attrappe et le montre en disant _"c'est quoi le souci là?". La cariste m'explique que le carton n'entre pas dans ses critères de conformité... je m'insurge et propose de l'ouvrir pour prouver que les produits sont - eux - parfaitement en état... elle rechigne... j'ouvre quand même, à l'intérieur tout est intact... elle refuse néanmoins la réception.
Alors voilà, je me retrouve avec 10 Kg de nems vietnamiens surgelés, j'ai beau expliquer que je ne recharge pas de surgelé il n'y a pas d'alternative, on refuse la câme. Je trouve cette manière de faire scandaleuse : à l'heure où l'on se targue véhémentement d'une qualité de service passant par un respect de l'environnement, à l'heure où l'on ramène tout à l'équivalent CO2, aujourd'hui, en 2010, on balance des retours comme ça, sans scrupule... et je pourrais les mettre à la poubelle devant eux cela ne leur ferait ni chaud ni froid...
bref, je ne suis pas fan des nems vietnamiens mais je reste une pince et j'en garde 2 boites dans le camion; le reste - 22 boites - je le distribue sur le parking à la grande joie des chauffeurs Roumains et Russes qui n'en finissent pas de me remercier... Je suis content, certains restent conscients de la valeur des choses, ça me rassure...

Je recharge de la viande dans 2 abattoirs bretons. Chez le premier, je profite du temps de chargement pour m'envoyer un jambon-coquillettes des familles à la cantoche... tiède et fade... dégueu... Chez le second, je fais connaissance avec Laurent, spécilaliste viande pendue que j'ai souvent aperçu dans Rungis, et dont le camion fait mal aux yeux tellement il brille.

une fois chargé, une fois douché, je reprends la route pour un retour-maison no stress.

Je fais une coupure vers Poitiers, je pensais y passer la nuit, je ne trouve pas de place potable alors je profite d'avoir 1h30 de volant en rab pour trouver mieux. Je rattéris finalement au milieu de nul part, vers Ruffec, ça ira très bien pour passer la nuit.

Laurent brique son MAN comme personne

Nantes, congestion

je les ai mangé moi!

Vendredi 22

haaa... un vendredi matin comme je les aime! Une belle route, un soleil radieux, des paysages superbes... juste à promener ma lourde semie et mon esprit reposé dans ce cadre grandiose, je suis content.

David Bowie chante une magnifique compo dans le poste, je me dis à ce moment là qu'il ne manque plus qu'un chevreuil qui crapahute dans un pré pour rendre cet univers enchanteresque... je tourne la tête à droite... 2 chevreuils guillerets se font la course à l'orée d'une clairière... aurais-je un pouvoir surnaturel?... je me prends à imaginer une charmante automobiliste en panne... je tourne la tête à gauche... 2 paysans grumeleux en train de rentrer le bétail... ok j'arrête.

Je suis au dépôt en milieu d'après midi.

Je rentre avec une 4L malade : plus de ralenti, je n'arrête pas de caler, j'ai l'air bête.

Première chose que je fais de retour chez moi, c'est visiter le site web de la grande enseigne de surgelé en question... comme prévu j'y trouve tout un tas d'engagements-qualité, d'engagements-environnement... je ne peux pas lire ça sans imaginer leur adresser un mail... je vais y réfléchir dans le week end...

les semaines se suivent et se ressemblent : un Buffalo à la campagne

un arbre

un Pellet-Moine dans le Bourbonnais

Samedi 23

Dimanche 24

J'ai bien cru ne jamais arriver à Bourg-en-Bresse ce dimanche. Etant de nature peu affolé j'ai omis de faire réparer ma voiture et j'ai refait les 40 Km en calant une bonne dixaine de fois... la classe...
L'essentiel est que je puisse partir, et dans les temps de surcroît. Je suis tellement concentré et tellement aguérri au tunnel du Mont Blanc que je prends une mauvaise direction dès la sortie du portail... Je livre en banlieue turinoise donc direction le Fréjus... je réalise mon erreur avant la bifurcation de Pont d'Ain et ne perds pas de temps (juste l'autoroute à payer jusqu'à Lyon)

Je passe derrière l'Aéroport St Exupéry - sur ce tronçon d'autoroute inerte, moche, sans paysage - puis j'attrappe l'A43 pour enfin retrouver le tracé "normal". Je dois bien avouer qu'il ne se passe pas grand chose ce soir : les skieurs rentrent à la maison et s'ammassent laborieusement devant le péage de St Quentin Fallavier, de l'autre coté - le mien - c'est fluide : on est pas nombreux à partir pour la montagne le dimanche soir.

Je fais ma 45 sur l'aire de La chambre... et non... je ne ferai pas de jeu de mot avec ce nom insolite car j'ai pleinement concience d'être beaucoup trop drôle.
Comme d'habitude l'ami Thomas a la bonne intuition de m'appeler lorsque je mange, curieux ce pouvoir surnaturel? Nous parlons géopolitique et téléréalité jusqu'au tunnel puis je raccroche parce que l'harmonisation des tarifs téléphoniques n'est toujours pas à l'ordre du jour en Europe (je dénonce, même pas peur...)

Torino, Je transite par la tangenziale Sud et une pluie fine mais soutenue commence à tout arroser... il fait -2°C. En Sortant de l'autoroute je constate que la chaussée est devenue une patinoire, heureusement je suis presque à destination et les derniers kilomètres sont en centre ville. Minuit, je suis arrivé, je pose le pied par terre, il glisse, je me rattrape de justesse à la portière, finalement je remonte me coucher...

j'arrive à destination

Lundi 25

Ce matin je tire les rideaux et surprise : c'est tout blanc! Avec le même entrain qu'à l'âge glorieux de mes 8 ans je m'habille à la hâte pour faire des glissades dans la cour; manque de bol c'est à ce moment que l'on m'indique la bascule, il est temps de passer à quai.

Le déchargement dure assez longtemps, je bouquine. Mon livre est très intéressant, c'est vrai, mais voilà, il y a ce petit air chaud qui vient de sous le siège : il s'agit du Basto qui commence à rôtir mes pieds, puis qui diffuse progressivement son énergie et génère une atmosphère assez envoûtante pour m'entraîner à nouveau dans le profond sommeil duquel je m'étais pourtant extirpé une heure auparavant. je dors. Non, en fait je somnole.

Il est plus de 11h lorsque je prends enfin la route. Cette dernière est bien dégagée mais la circulation est néanmoins altèrée par les manoeuvres incessantes des chasses-neige. Je roule à 60Km'h jusqu'à Asti; plus j'avance - plus la neige se fait rare - jusqu'à disparaitre complètement à partir d'Alessandria. J'ai encore les 2/3 de la semie à vider chez un client de Modena : arrivé à 16h je passe directement à quai, sono fortunate!
Une petite heure pour vider, un ultime passage sur la bascule, puis je tente une nouvelle station pour le lavage - Esso Spilamberto - c'est plus cher mais mieux fait...

Je recharge demain matin sur Mantova et j'ai tout le loisir de prendre mon temps pour y monter... mais même en prenant mon temps ce voyage dure à peine 1h15, me voici déjà devant l'abattoir à me torturer l'esprit devant ce cruel dilemme : ravioli ou spaghetti?

Dans la soirée, alors que je termine enfin dans un sursaut d'enthousiasme ce livre entamé il y a environ 6 mois, un collègue en bétaillère vient se garer à mes cotés. Je profite donc des cris imprévisibles et effrayants des futurs jambons... parfois le silence se fait ... puis de nouveau un ongulé se manifeste; parfois le ton change, parfois ça ressemble presque à du langage humain...
Aguérri à toutes sources de dérangement du sommeil je parviens à m'endormir sans problème.

prendre garde aux balcons

RAS

un vétéran

Mardi 26

Je savais à quelle heure le mec allait venir taper, alors j'ai mis le réveil 5 minutes plus tôt... car je dois bien l'avouer je commence supporter très mal cette forme brutale de communication digne de mon ancètre Cro Magnon. Ce bruit de tapage sur la cabine me hante tellement qu'il m'arrive de m'effrayer moi-même, je deviens parano...

Le responsable du chargement est incroyablement sympa ici, c'est appréciable. Cela dit le temps passé à quai est pesant, les ouvriers chargent bout de viande par bout de viande, et moi je suis privé de France Inter à cause de cet espèce de préhaut sous lequel je suis, et qui agit comme un bouclier à grandes ondes...

Je pars en fin de matinée, je suis chargé pour Paris. Sur la première parti du voyage je suis contrarié : j'ai longtemps hésité à manger pendant le chargement, ils m'ont laché à 11h le ventre vide, je ne peut pas m'arrèter avant 15h si je souhaite ne faire qu'une seule coupure... bref, on attend des heures et on part au moment de passer à table... dure dure la vie de routier...

Je repasse en France, je me fais "serrer la gueule" (grossier jargon des cabines) par un gentil collègue Italien dans la descente du Mont Blanc, j'aime.
Je passe Pont d'Ain, je devais y faire un relais, le téléphone sonnera trop tard. Alors je retourne à Pont d'Ain, change de semie avec Jimi Andrik, récupère une Lamberêt pour la Bretagne. Je passe au dépôt faire l'appoint en carburant, je profite de la demie heure de pause pour emmener ma voiture devant chez Renault, je reviens en vélo... ces 10 minutes de pédalage pathétique - sans phare, contre le vent, vent glacial de surcroît - vont suffir pour me geler l'intégralité du visage, si bien que je remonte dans le camion avec une expression figée tel le Mammouth dans sa calotte glacière...
Un peu de chauffage et tout rentre en ordre, je roule et fais en sorte de m'arrêter avant que le tachy n'affiche 9h. J'attéris sur l'aire de Ste Cécile, en contre-bas de la RCEA... il y a de la place mais il y a aussi des voitures avec les feux qui s'allument par intermitance... obligé de me cloîtrer derrière les rideaux pour asseoir définitivement tout espoir auprès de ces messieurs-dames en rut...

ici pas de grandes-ondes

superbe

RRAAAAHH!!! c'est quoi ça ?!!?

Mercredi 27

Réveil difficile ce matin, j'aurais bien dormi 3 ou 4 heures de plus. Il est 7h, il fait encore nuit, il fait -3°C, je démarre pour "faire chauffer" puis je fais le tour de contrôle habituel avec ma lampe torche. RAS - le parking étant "surveillé" je n'avais pas grand chose à craindre... Je me dirige doucement vers la RCEA en mangeant une pomme, je balance le trognon par la fenêtre, je réajuste mon siège, je baisse la visière de mon casque, c'est parti pour 9h de pilotage.

Aussi surprenant que cela puisse paraître le trafic est fluide ce matin... j'éprouverais presque un certain plaisir à arpenter pour la énième fois cette artère médiane de la France. "La matinale" de france Inter se déroule devant mes oreilles; entracte - Jimi Hendrix (le vrai) de 10 à 11; puis à nouveau France Inter pour "le Fou du Roi"...4h22 de conduite m'amènent juste après Blois, sur une petite aire de repos où j'ai 3/4 d'heure pour manger à defaut de faire une sièste qui aurait pourtant été la bienvenue.
Question du jeu des mille euros ce midi: quel mot de la langue française - comportant une syllabe - s'écrit avec un "e" au masculin, sans "e" au féminin, et avec un "s" au singulier? ...alors? ...j'attends... réponse : le mot "foi" : "un foie", "la foi", "il était une fois"... Bon ok, on s'en fout un peu de lire ça dans un carnet de bord, mais c'est peut-être la seule chose que je vais retenir de cette journée, vous l'aurez compris il ne se passe rien.

Je suis à destination à 16h. On me paie le café, je n'en veux pas mais j'accepte par politesse; on décharge, je range les palettes dans les coffres et je m'en vais. Le rechargement est prévu pour demain matin en Normandie, j'ai les heures pour m'y rendre dès ce soir. Comme j'ai le temps et qu'il n'y a personne sur la piste : je lave l'intérieur de la semie de fond en comble, cela me prend près d'une heure. Ensuite je prépare les crochets, les tiges et je me gare sur le parking pour un kilo de pâtes bien mérité.

Du téléphone, du PC, un peu de radio et au lit.

Anecdote incroyable : ce matin je suis parti de Ste Cécile (71) - ce soir je suis à Ste Cécile (50) ...
Là où c'est fort c'est qu'aujourd'hui nous sommes le 27 janvier, jour de la ste Céci... heu non, Ste Angèle... tant pis...

j'aime

vers l'infini et au-delà

c'est haut...

lavage en profondeur...

Jeudi 28

Merci à toi! Merci à toi sympathique chargeur de jambons qui a eû la délicatesse de TAPOTER sur la cabine pour me réveiller! Va, Cours dans les campagnes transmettre les bonnes manières à tous tes semblables! Certes tu me réveilles tôt, très tôt, trop tôt, mais une telle marque d'estime est inespérée et je t'en remercie.

Je passe une bonne partie de la matinée à quai, occupés qu'ils sont à accrocher vigoureusement les bouts de viande sur les tiges. Je dors un peu, j'égaie mon esprit en navigant sur la bande FM, j'attends, je regarde autour de moi... c'est qu'il y en a de l'animation sur une méga-plateforme d'abattage : partout ces drôles d'individus cachés sous leurs tenues réglementairement blanches; certain(e)s portent bien la blouse et le casque, d'autres sont franchement ridicules; certain(e)s n'ont pas la tête à bosser dans un abattoir, d'autres ont le profil type; certain(e)s passent inaperçu(e)s, d'autres sont franchement éffrayant(e)s...
Le préposé aux mises à quai monte de camions en camions, avec sa blouse et ses bottes, avec son sang sur la blouse et sa terre sous les bottes, puis il s'affaire à aligner les les ensembles en un temps record, le camion-remorque traditionnel est dompté comme les autres - notre homme est un pro.
Des bétaillères traversent la cour, entre les barreaux on distingue quelques groins et les corps épais des mammifères ongulés...
De temps en temps un "encostardé" apparaît dans le décor, on se demande se qu'il fait là...

Ca y est, la semie est complète, je quitte mon poste d'observation. Je profite du traditionnel temps d'attente des papiers pour prendre une beaucoup-trop-chaude-douche, impossible de rester longtemps dessous, ça brule.

11h15 Départ effectif. Mon chef me met en garde : fort risque de verglas dans les environs de Moulins... D'où je suis - à Bourg en Bresse, il y a plus de 9h30 de volant; si je prends un autre itinéraire j'abandonne l'idée de rentrer ce soir... mouais... de toutes façons peu importe si je rentre ou pas, je garde la route habituelle, la même utilisée hier pour monter.

4 radars mobiles sur une portion de 50 Km d'autoroute A84, je n'ai jamais vu un tel acharnement...

Gros brouillard à partir de Bourges, neige à partir de Mâcon, mais aucun problème de circulation, l'unique désagrément rencontré durant les 9h40 de conduite provient du freinage surpuissant de la Lamberêt : avec les jambons ça balance devant chaque rond-point... et biensûr la boite-auto se mélange les vitesses...

Au dépôt je détèle et je mange un cassoulet - le bon cassoulet de 23h.

...et rechargement de jambons

en Normandie

Neige : le retour

Vendredi 29

Ce matin je charge des palettes pour la Croatie!!!... du calme Régis, ta mission est de les emmener à Mâcon, chez Alainé Overseas, pour un passage en douane. Donc Bourg en Bresse / Mâcon / Bourg en Bresse, fin du voyage, adios les palettos...

c'est dingue comme il y a toujours quelquechose à faire, un vendredi, au dépôt. On charge ça, on décroche, on transvase ça, on va manger, on attèle ça, on lave ça, on détèle ça... et voici que la nuit arrive déjà, transformant la pluie en neige et le froid glacial en froid polaire.

Ma 4L sort de l'hôpital, rien n'est remboursé par la sécu mais d'après le ronronnement du moteur je devine qu'elle va beaucoup mieux... du coup moi aussi, car je crois en elle, j'ai confiance en elle, je lui prédis une belle et longue carrière parmi toutes ces descendantes qui rivalisent d'insignifiance... vive la 4L!

dans le port de Mâcon

Samedi 30

Dimanche 31

Premier jour de la semaine, dernier jour du mois, nous sommes dimanche, il est 12h30, je traverse la campagne chatoyante pour atteindre la citadelle bressanne aux mille splendeurs : Bourg en Bresse (mille splendeurs = une église, une place du marché, un rond-point, une cafétaria-Casino... et 996 autres trucs incroyables)
D'ailleurs sur ce parcours peu attrayant je m'interroge : le mot "Bresse" ne viendrait-il pas de "brousse"?

Le temps d'atteler, de ranger mes affaires, de prendre mon temps, il est 13h15 et je suis paré pour l'aventure. Je n'ai pas mangé et j'ai oublier de prendre quelquechose de "mangeable en route" (quiche lorraine par exemple)... donc il va falloir attendre, se résigner.

Il fait très beau aujourd'hui, j'ai l'A40 pour moi tout seul alors je roule à fond : 90 Km'h.

Spectacle grandiose devant l'entrée du tunnel : Nous sommes 11 camions en attente, 11 chauffeurs à vouloir passer. La tension est à son maximum : les derniers arrivés - et j'en suis - savent très bien qu'ils se feront refouler à l'entrée - non pas parce qu'ils portent des baskets mais parce qu'il y a 6 véhicules par voyage. Personnellement je suis énervé mais, là encore, résigné. Mon voisin de droite - arrivé après tout le monde - l'est beaucoup moins : dès que les voitures-pilotes arrivent il se "jette" derrière en grillant la priorité à nous tous - y compris à ceux qui poireautent depuis une heure... peut-être pensait-il que personne n'allait rien dire : c'est à peu près comme s'il nous faisait un bras d'honneur... 3 chauffeurs lui barrent la route... puis il y a début d'empoignade... les agents de l'escorte renvoient chacun à sa cabine : ils font passer les 11 véhicules.
Un dimanche ensoleillé, il est 16h, des routiers se disputent l'entrée du tunnel comme des chiens se disputent un os...

Je fais un quart d'heure de pause dès la sortie du tunnel : hors de question que je roule en meute, en meute de chiens énervés de surcroît. Je repars donc en coyote solitaire mais pas pour longtemps : à partir d'Aoste c'est la grande transumance des skieurs, un flôt insipide de cars et voitures se déverse dans la vallée jusqu'à la saturer complètement... je me retrouve coincé la dedans, rien à faire, juste à se...résigner...
J'arrive sur l'aire d'Arnad - à 4 Km/h - avec 4h29 de conduite au tachygraphe (j'ai de la chance dans mon malheur). Obligation de refaire une coupure 4h20 plus tard: 45 minutes de pur temps perdu...pour arriver à destination (Nord de Padova) avec 1h30 de retard : merci la RSE, merci les skieurs.

col de Ceignes, froid glacial

Mt Blanc France

Mt Blanc Italie

pris au piège

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