Mon Carnet de bord... Suivez mes aventures, semaine après semaine!

Fevrier 2010

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Lundi 1

Quatre murs, une bascule au milieu, un quai à contre-main... un marchand de bidoche comme en existe tant en Italie.
A peine 1 heure pour vider un complet de boeuf : le réceptionnaire est un pro du robot (le "robot" est un bras articulé servant à décrocher chaque pièce de viande de la semie pour les racrocher sur le quai - assez difficile à manier).

Je me retrouve laché sur les routes étroites du Veneto, à la recherche désespérée d'un endroit pour laver en ce lundi matin hivernal, il fait -4°C. Je ne suis pas un spécialiste des environs mais j'ai quelques repères, parfois quelques souvenirs de galères anciennes qui remontent à la surface. Castelfranco, je tombe sur une immense station de lavage mais je déchante vite : tout est gelé. Sur les conseils d'un sympathique chauffeur Italien de chez Michaux (88) je tente une deuxième station toute proche... ici il y a bien un lavage haute pression, qui fonctionne, mais il s'agit d'un lavage pour voitures et le tuyau du karcher mesure à peine 3 mètres... je suis rentré dans cette station et me voici en train de transpirer pour en ressortir, c'est fino fino...
Je continue ma route vers le nord et me rapproche dangereusement de mon lieu de rechargement, toujours sale.
En passant devant une immense cimenterie un éclair de génie illumine mon cerveau obscur et je réentends soudain le conseil d'un Ardèchois qui devrait logiquement s'appeler Phil07 mais qui arbore fièrement le "26" juste pour créer le trouble, un conseil qui ressemblait à ça : _"écoute imbécile, si tu cherches un endroit pour laver, vas dans dans une cimenterie, il y a toujours des karchers pour les toupies... et puis si t'as besoin d'un peu de béton frais ça peut être pratique..."
Donc me voici dans la cour poussièreuse, entre les pelleteuses et les toupies, avec mon frigo tout blanc dont on se demande bien se qu'il vient faire ici. Je tombe sur des types bien cool, ils m'expliquent qu'il est impossible de laver chez eux mais ils m'indiquent l'endroit adequat, ils me font même un plan.
C'est donc au bout de la quatrième tentative que je trouve ENFIN un tuyau avec de l'eau qui coule! Il y a deux camions devant moi mais tant pis, c'est déjà bien d'en être arrivé là.

Le décor est sublime ce matin, un soleil rasant vient chasser la brume, l'herbe est verte, les maisons sont jaunes, ou roses, ou blanches, ou d'une autre couleur, les sommets sont enneigés...Conduire ici est très agréable - même si les routes sont un peu plus sinueuses que la RCEA...

J'arrive à 12h20 pour recharger, c'est la pause de mezzo-giorno. 13h30, j'ouvre les portes après 2-3 manoeuvres angoissantes, puis je charge de l'industriel sur palettes et en vrac (j'ai bien fait de laver). C'est un peu long... mais dans dans la bonne humeur... je pars à 15h30.

Je n'aime pas l'autoroute A4 mais ce soir elle m'offre un spectacle grandiose, un couché de soleil comme j'en ai rarement vu...
Je passe Milan sans encombre puis remonte sur Aoste. Ce soir le tunnel est en alternance, la première fermeture de la régul' est à 21h45... j'arrive - avec ma chance légendaire - à 21h50... du coup je stoppe ici avec seulement 8h15 de volant, je passe la soirée devant la polizia à regarder mes confrères se faire aligner...

pub très classe

vintage

chargement du jour

grand spectacle sur l'A4

Mardi 2

9 heures plus tard c'est reparti. Je retrouve mon colègue Alain devant le tunnel pour la traditionnelle pause café.

Je décroche la semie au dépôt pour en prendre une autre à l'abattoir. Il s'agit de la dernière Chereau et surprise : il y a une nouvelle pub dessus... mouai... bof... je n'aime pas trop... de toutes façons tant qu'il n'y aura pas une pub "FENDER JAZZMASTER" en énorme sur le coté je n'aimerai pas...

Je fonce complèter le chargement à Valence. Je pousse les crochets comme une brute, je n'ai pas envie de m'éterniser ici. Une petite demie heure et c'est reparti via Grenoble, juste avant le calvaire quotidien des embouteillages.
Aujourd'hui je fais 10h afin d'atteindre l'autoport de Susa et son grand parking, je pose dans un coin, je mets le frigo en cycle, avec les températures extérieures je peux dormir tranquille... j'aime l'hiver.

Rayden, toujours au top

rocade grenobloise


Mercredi 3

Il y a des jours comme ça où je ne sais pas si je suis débile où malchanceux.

Je me suis levé à 3h50, je suis parti à 4h10. Arrivé à l'aube chez mon premier client, à Reggio Emilia, je vais y rester près de 5h... J'avais un mince espoir qu'ils me libèrent plus tôt mais non... aujourd'hui c'est même plus tard que d'habitude.
Je fonce à mon second point de livraison, j'y arrive à 14h. Sur le parking il n'y a personne alors je commence à y croire, je commence à envisager un rechargement cet après midi, je me vois déjà vide à 15h - lavé à 15h30...
Il y a un camion à quai, je suis en attente juste derrière. Le cauchemar commence à ce moment précis : un camion Allemand arrive, puis un Danois, puis à nouveau un Allemand... tous sont "prioritaires"... je ne sais pas pourquoi mais ils sont "prioritaires". Alors voici la situation : j'ai seulement 5 tonnes de jambons à vider (ici cela prend environ 15 minutes) et je regarde les autres me passer sous le nez avec leurs semies complètes... je deviens fou... mais ce n'est pas fini : mon collègue Jean-claude arrive vers 17h, chargé lui aussi complet, lui aussi est "prioritaire"... j'ai une soudaine envie de me barrer. Pourquoi? Qu'est-ce qu'il y a? C'est quoi le problème? Je suis là et ils ne veulent pas de la marchandise.
C'est à 19h, au terme de mon amplitude et après tout le monde que je passe à quai... aujourd'hui j'ai roulé 5h, j'en ai attendu 10... et pas de l'attente tranquille : de l'attente à tourner en rond, complètement sousmis aux décisions des réceptionnaires concernant le moment de passer à quai... j'en ai marre...

Bien entendu, cette journée pourrie ne pouvait pas se terminer sans une infraction : dépassement d'amplitude (15 minutes c'est "rien" mais vu le programme c'est pathétique)

Je me pose à la Vela pour manger avec Jean Claude, une pizza fruit mer et une assiète de pâte, un repas équilibré.

ce matin, vers Parme

FH affuté

au milieu des champs

nouvelle pub

Jeudi 4

Il y a des lendemains comme ça où je persiste dans la débilité ou la malchance.

Ce matin, convaincu que la chance allait enfin me sourire en cette semaine morose, je suis parti tôt, très tôt, vers 4h30 et je suis arrivé tôt, très tôt... trop tôt... à Mantova pour laver et recharger du "lardello" (gras de porc)
Lavage minutieux haute pression, pendant une grosse demie heure, puis je pars à la recherche de quelqu'un... mais les chargeurs ne sont pas encore là. Je me mets à quai, à l'endroit habituel, et j'attends... une bonne heure s'écoule et rien ne bouge... je suis à moitié énervé, à moitié endormi... finalement je me motive à aller prendre ma douche, et lorsque je reviens : ô surprise! ça bouge dans la remorque.
Dans la même dynamique qu'hier je vais passer la matinée à quai : de 6h à 11h. Et voilà, il me reste tout juste l'amplitude pour aller à Lyon, alors pas de temps à perdre. Je travaille comme un robot? oui.

La route se déroule inlassablement devant mes pneus et j'écoute la radio italienne, histoire de capter quelques bribes de conversation et de les ressortir à l'occassion... je suis toujours aussi nul pour parlare italiano.

Pause casse-croute au niveau de Bussoleno, puis tout droit jusqu'à Lyon, je me mets à quai, je mange des pâtes, je lis un peu avant de m'endormir avec mon bouquin.

old school

salut la Suèdoise!

Vendredi 5

J'ai failli faire un meurtre ce matin : je suis en place, bien comme il faut, bien comme d'habitude... mais non, un réceptionnaire me réveille pour que je recule un peu plus, même carrément plus jusqu'à entrer le cul de la semie dans l'entrepôt... tiens c'est nouveau? la prochaine fois je dételle et je vais dormir ailleurs.

à 8h30 je suis vide. Je pensais recharger sur Valence, j'en étais peu emballé d'avance... finalement je fais une rammasse dans la zone des Chesnes et je rentre au dépôt.
Resto avec les collègues, lavage intérieur, lavage extérieur, pleins, décrochage, graissage sellette, rajout de lave-glace, petit tour chez Volvo pour 2 ampoules H7... il fait déjà nuit, il est temps de rentrer s'user les tympans pour oublier cette semaine inutile.

rocade Est, dépriment.

bientôt dans ma ville!

Samedi 6

 

Dimanche 7

Nous sommes dimanche, je suis en retard, jusqu'ici tout est normal.

Cette semaine je suis très motivé car je pars pour le Sud, le sud de l'Italie. J'attèle une semie bi-températures et je passe le portail à la tombée de la nuit. Je descends avec 5 livraisons, de Tortone à Salerne en passant par Reggio Emilia et Rome, j'ai de quoi m'occuper. Pour ce soir je n'ai qu'à passer les Alpes et me laisser couler tranquillement jusqu'à mon premier client.

A partir d'Alessandria un brouillard épais vient aiguiser mon attention. Non content d'être seulement épais, ce brouillard est aussi givrant, il se dépose progressivement sur mes rétroviseurs comme pour mieux m'avertir de rester attentif.

J'avais déjà livré de la viande vers Tortone l'année dernière, je pensais - j'en étais même persuadé - qu'il s'agissait du même client... aussi quelle ne fût pas ma stupeur de réaliser mon erreur en arrivant dans ce village dont le nom diffère de celui inscrit sur mon CMR! Je me suis trompé! je suis sur la bonne route mais mon client d'aujourd'hui se situe à 5 Km d'ici... bon... je continue... mais j'angoisse de devoir le chercher par cette visibilité nulle.
Je roule un peu et Hallelujah! ...il y a un petit panneau jaune et noir avec le nom inscrit dessus... et re-Hallelujah! il y a de la place pour garer 10 camions devant le portail... sono fortunate!

arrivée dans la nuit à Tortone

Lundi 8

Réveil glacial, -6°C, toujours dans le brouillard.

La cour de mon client est une patinoire géante, mieux vaut-il réussir sa manoeuvre du premier coup. Je laisse six palettes et je fonce vers l'Est, direction Reggio Emilia, dans l'espoir de vider avant midi. Je ne trouve l'adresse du premier coup et j'arrive à 12h10. A l'accueil une belle Italienne me dit de revenir à 14h... mais je vais voir sur le quai s'il n'y a pas moyen de s'arranger... je tombe sur un cariste qui hésite, regarde sa montre, puis se motive soudainement : "vai, presto subito!"... cool! je suis content et j'évite de mettre 1/2 heure pour manoeuvre malgré la difficulté de l'oprération. Nous sortons six autres palettes et je continue mon périple.
J'arrive à 13h chez le troisième, ici c'est la pause, il reviennent à 14 alors j'en profite pour manger et faire un brin de ménage.

14h30, dix palettes en moins dans la semie, je pars sur Rome en shootant quelques turbostars sur la nationale pour flatter mon webmaster.

Je fais une 45 minutes quelquepart entre Firenze et Roma, et je passe tout le temps de cette pause à étudier l'accessibilité à mon client, ce dernier se situant dans l'enceinte de la capitale italienne.

J'ai les heures pour y arriver mais 2 questions se posent : _vais-je pouvoir dormir devant? _ sinon où vais-je ratérir en plein centre?
Dans le doute je décide de m'arrêter juste après le péage Rome-Nord, sur une station spacieuse et éclairée.

froid glacial ce matin

un style hollandais au pays du chrome

Toscane

Mardi 9

Allez, c'est parti pour l'aventure. Il est 5h30, je profite que la ville somnole encore pour m'y engouffrer. Il est tôt et je rencontre quelques débiles en voitures qui sont apparemment très pressés d'aller travailler. Je ne suis pas hyper rasuré quand au bon déroulement de mon périple, je ne connais pas du tout Rome-centre, je suis "au taquet".
A ma grande joie je trouve mon point de chute direct, il s'agit d'un marché de la viande, je passe par la case-gardien pour y accèder. D'après le CMR que je lui tends ce dernier fait une drôle de grimace... pas très rassurante... puis il m'invite à monter avec lui en voiture pour trouver le destinataire...
Alors me voici dans la 307, musique à fond, à rouler à 90 dans les ruelles du marché... j'ai peur. Nous trouvons néanmoins la bonne personne, mon destinataire, en train de sortir les chevaux d'une bétaillère. Je lui tends mon CMR, il jette un oeil, réfléchit, fait mine de comprendre enfin se que je viens faire ici... puis il m'explique qu'il ne peut pas réceptionner dans l'écurie (sans blague?)... alors nous partons à la recherche d'un grossiste pour faire un passage à quai...
Le temps passe, le gardien me ramène au camion et m'indique enfin un marchand de bidoche pour décharger... une manoeuvre entre les camionettes plus tard je me libère de la marchandise pour sortir du marché et de la ville avant que le jour et les Romains n'innondent les rues.

Je retrouve le "calme" de l'A1 pour une descente tout shuss sur Naples.

J'ai bien étudié le plan au préalable, je sors à Nocera-Pagani... et... je ne reconnais rien! Cela ne ressemble pas du tout à la carte, dès la sortie d'autoroute c'est différent, alors je m'embarque dans une direction, sur la gauche, au pif... je rencontre quelques rares panneaux grace auxquels je peux faire une estimation de ma position... et je continue, toujours un peu à l'intuition... Dans ce genre de galère, une seule solution : on s'arrète et on demande. Une première fois dans une Agip, une seconde dans une Tamoil, et me voilà enfin dans la bonne rue! Je ne sais pas comment j'ai fait mais je suis devant chez mon client.

Je passe plus de deux heures ici : je décharge et je recharge quelques palettes. 12h20, c'est reparti, j'ai une adresse de rechargement assez proche mais la rue n'existe ni sur mes cartes, ni sur mon ordi, ni sur internet... alors encore une fois c'est l'aventure. Les rues se ressemblent toutes, je n'ai aucun repère, même le plus primitif : le soleil, n'est pas de la partie si bien que j'en arrive à ne même plus savoir dans quel sens je suis.
Je vais demander ma route 3 fois, les 3 fois je tombe sur des gens qui font beaucoup d'efforts pour m'expliquer.
Il se met à pleuvoir et je n'en reviens pas à quel point la chaussée est glissante : on se croirait sur la neige!
J'arrive dans le village, puis dans la rue, mais toujours pas de client en vue. cette rue est à sens unique et décrit une boucle : je passe une fois, deux fois, trois fois... je ne trouve pas, les gens ne connaissent pas... et puis enfin je tombe sur un mec qui m'indique l'endroit : rien d'inscrit sur le batiment, un numéro de rue différent du mien, impossible de trouver tout seul! Je rentre dans la petite cour, charge 12 palettes, ressort en marche arrière sur la route, et rejoints l'A3 pour traverser Naples et filer sur Rome avant les embouteillages.

Beaucoup d'adrénaline aujourdhui, ça faisait longtemps, j'aime ce genre d'aventure!
Je termine ma journée sur une immense aire de repos SURVEILLEE et GRATUITE... dédicace à tout les charognard français qui font de l'insécurité un business.

entre Naples et Salerne

salut mec

typique du sud

immeubles de Naples

Mercredi 10

11 heures de repos, de douche et une assiette de spaghetti plus tard, je redécolle pour Terni. j'arrive à l'aube et m'arrète devant un petit bar pour avoir un café + un plan détaillé en échange de 80 centimes. Je suis chez mon client 5 minutes plus tard mais la commande n'est pas prète, j'attends. Depuis mon arrivée ici je me demande où est-ce que l'on charge?... il y a un tout petit portail...ça ne peut pas être là...
quelques minutes plus tard le cariste me dit "c'est bon, tu peux rentrer"... c'est donc bien là, dans le petit portail... J'ai 4 palettes à prendre et il me faut faire la manoeuvre du siècle, impossible de négocier il n'ont pas de chariot. Alors c'est partit, piano piano, je descends 3-4 fois pour assurer le coup, c'est ultra fin : je ne passe pas la main entre les murs et la semie... le mec me guide et je fini par passer ce fichu portail alors que les automobilistes s'accumulent - la bave aux lèvres - dans la rue.
J'ai rarement fait manoeuvre aussi périlleuse. Je charge les palettes et c'est à peu près la même galère pour sortir... heureusement le cariste m'assiste, il est super sympa et en partant il me tend la main genre "tapes en 5 mec!"...

Une fois que j'en ai tapé 5 je reprends la route direction Perugia, puis Umbertide. Je termine mon chargement complet à ras les porte dans une grande usine où la manoeuvre à contre main s'apparente à de la rigolade à côté de celle de ce matin.

Je pars avant midi, tout c'est finalement bien passé.
Arrezzo, Firenze, Lucca, Genova, Alessandria et enfin Santia avec 9h58 de volant. En remontant j'apprends que cette semie est à vider sur Lyon... je ne suis pas sur la bonne route mais je n'étais pas au courant... bon, le détour n'est pas énorme, demain je reprends direction torino.

Italie du centre

passages fino

Carrara

Genova

Jeudi 11

debout 3h50, le temps est incertain alors je préfère ne pas trainer. Je roule 2 minutes et je fais un premier quart d'heure à la station (histoire de mettre un peu de Go et boire un café) puis je roule jusqu'à la Total de St Julien de Mt Denis pour la douche (Il neige dans la Maurienne et je préfère assurer le coup en finissant ma coupure même si je peux arriver à destination en 4h15)...

Je décharge mes 4 ramasses dans un entrepôt de la zone des Chesnes, puis je rentre à Bourg. La semaine est terminée, normalement je repars samedi soir.

plaine de l'ain

Vendredi 12
Samedi 13

Dimanche 14

Ce dimanche 14 février ne fait que commencer lorsque je fonce rejoindre ma promise pour un tête à tête transalpin tellement romantique en ce jour saint-valentinois tellement méprisable. C'est à peine croyable mais je suis à l'heure au rendez-vous; ma promise - elle aussi - est bien là, elle est venue en solo avec sa belle cabine globetrotter XL. Dès le premier contact je sors le grand jeu : je lui offre une bi-températures avec pas moins de 8 clients à l'intérieur, je ne suis pas venu pour plaisanter. L'effet est immédiat, à peine attelé nous sortons flirter dans les rues de Bourg en Bresse, puis sur la route du Mt Blanc, puis sur les terres Italiennes... mais je préfère ne pas trop développer afin de ne pas heurter l'esprit fragile des plus jeunes lecteurs qui s'arrachent mes aventures hebdomadaires dès la cour de maternelle...

J'attaque cette période de travail au moment où mon con-patriote moyen fait la fête, au moment où le Bressan moyen relâche ses 15 litres de bière dans le fossé, ou sur sa bressanne moyenne - avec toute la distinguée nécessaire pour sacraliser ce jour jour merveilleux de la St Valentin.
J'ai un déficit de sommeil abyssal - estimé à plusieurs jours selon les syndicats, à 1 ou 2 heures selon la police; quoiqu'il en soit il va falloir mettre la musique très fort.

Entre Bourg-centre et le péage je tombe nez à nez, ou plutôt nez à museau avec un chevreuil en vadrouille... va savoir c'est peut-être mon équivalent version-chevreuil : une bestiole qui se demande bien se qu'elle fout là alors que tous ses semblables descendent des bières au milieu des bois...

Je passe le tunnel sans attente, j'arrive à Viverone sur les rotules, je dors une heure, une heure de pur sommeil qui ressemble à une nuit entière. Au réveil il fait jour et je suis en forme.
Première livraison en banlieue milanaise, arrivée 10h. Nous sommes dimanche matin et les mecs se déchargent des semies à la pelle, pas de répis dans le secteur hostile de la bidoche.
Seconde livraison près de Pavia, arrivée à 12h. Je pensais vider cet après-midi, c'était convenu comme ça, mais on décharche direct; cool.

Mes 6 autres clients sont à livrer demain alors j'ai juste à me poser dans un endroit pas trop pourri pour y effectuer mes 38 heures de coupure. J'échoue sur l'aire d'Agrate, le parking PL est saturé : on a sorti les tables, les chaises, les bidons de flotte, et on essaie de passer un bon moment avec les copains de galère par cette journée froide mais ensoleillée. J'évite de me poser au milieu avec mon frigo qui tourne, je préfère rentrer en marche arrière sur le grand parking voiture; je passe un ma foi un après midi assez agréable.
Ce que je retiendrai de cette journée sera la première écoute de "Embryonic" des Flaming Lips... la première, puis la deuxième et la troisième...et la quinzième... génial, inqualifiable, superbe, étrange, incroyable, extraordinaire.

je ne suis pas le seul à bosser le dimanche

pénard, de l'autre coté du parking

Lundi 15

J'ai bien préparé mes itinéraires, j'ai passé une bonne nuit, il est 5h ce matin, je tire les rideaux et là... surprise! un brouillard de folie, je n'avais pas prévu ça. J'avance à taton jusqu'à ma première destination, je trouve direct, c'est fermé... ça commence fort. Je squate devant l'entrée à même la route, avec les veilleuses allumées même si la circulation est nulle dans cette petite ZI. 1h30 s'écoule : je lis, j'écoute la radio, j'appuie ma tête contre la vitre... et je m'endors par intermitence. je suis dans une position hautement inconfortable : le cou à moitié tordu, la tête appuyée contre la vitre froide, l'air chaud du webasto qui me sèche les narines... mais pas de problème, je dors.
Je suis réveillé par l'arrivée du premier employé, à 7h00 pétante. je pose une palette et je pars.

Deuxième livraison à Bergame-centre. L'endroit n'est pas trop difficile à trouver, la manoeuvre est assez effrayante : deux personnes sont nécessaires pour bloquer la circulation.
troisième livraison en banlieue de Bergame.
quatrième livraison dans la campagne, vers Chiari.
cinquième livraison à Rovato.
sixième livraison en Venetie. Pour cette dernière j'avais le choix : attendre 1 heure que l'on finisse de décharger une semie complète, ou me mettre à quai coté-camionnettes pour sortir mes 4 palettes. Annoncé comme ça, je n'hésite pas une seconde... puis en voyant l'accès coté-camionnettes je modère mon enthousiasme : pas de place, à contre main, contre un mur. Bon Régis, il est temps de savoir si tu es vraiment le gros balèze que tu prétends être! Allez, je tente!
L'aventure - car cette mise à quai relève de l'aventure - va me coûter une bonne dixaine de minutes au tachygraphe; car il s'en moque lui, le tachygraphe, que l'on bouge le camion par fractions de quelques secondes en descendant voir si la manoeuvre s'engage bien, il s'en moque et reste figé dans ses minutes indivisibles qui doublent, triplent ou quadruplent le temps de conduite réel requis pour une telle opération... bref je suis à quai, c'est l'essentiel.

Je traverse le Veneto dans l'espoir de recharger aujourd'hui. J'arrive à 16h30, on est apparemment surpris de me voir mais il n'est pas trop tard. 1 heure plus tard, tandis que la semie est pleine aux 3/4 une charmante Italienne vient m'annoncer que la commande n'est pas terminée, qu'il va falloir attendre demain matin-8h... Commence alors une série de négociations téléphoniques avec les différents intervenants... moi personnellement que je coupe ici où ailleurs : peu importe... il est maintenant 18h, les caristes ont terminé leur journée, dans tous les cas je ne serais pas chargé ce soir... j'attends encore un moment, puis mon chef m'indique de quitter les lieux, il a besoin du camion demain.

Me voici donc sur la route du retour, il ne me reste qu'une heure et demie à rouler, j'échoue sur un pauvre parking isolé, au niveau de Citadella.

grues à Bergame

heu... il a confiance lui!

youpi, j'ai trouvé mon client!

10 minutes de transpiration plus tard

Mardi 16

9h de repos se sont écoulées et me revoici derrière le volant à scruter l'horizon pour y guider mes 16m50. Il fait encore nuit lorsque je m'immice sur l'A4. De Vicenza à Seriate je vais passer 2 heures de prise de tête intense, coincé dans un flot de circulation - poids lourds des plus détestables; ça se double, se redouble, ça ne se fait pas de cadeaux, toujours les mêmes situations dangereuses aux abords des voies d'accès et de sortie, toujours le vieux camion de chantier qui roule à 60 km'h et qui surprend tout le monde... ce matin c'est insupportable.

Je sors à Seriate pour régler un litige de livraison de la veille, cela ne prend pas longtemps.

Comme je suis très chanceux j'arrive à Milan juste en heure de pointe : ça bloque dès la barrière de péage. Je laisse une bonne demie-heure de tachygraphe dans les embouteillages et je continue vers le Mont Blanc où j'ai l'opportunité, durant l'attente règlementaire, d'observer une chèvre-alpiniste, un chamois, crapahuter à seulement quelques mètres de l'entrée du tunnel. Décidément on en voit des bestioles ici... et celle-ci n'est pas farouche, elle paît tranquillement des trucs qu'elle trouve en grattant avec sa patte sous la neige... je suis content de voir ça, ça change des employés du tunnel en fluo (qui eux ne paissent pas des trucs en grattant avec leur patte sous la neige)

J'arrive à Bourg, je décharge, fin de la journée.

Comme j'ai 15 heures de coupure devant moi, comme je n'ai pas envie de rentrer chez moi (au risque de passer pour un pti-chauffeur devant mes voisins admiratifs), je décide en accord avec moi-même d'aller au cinéma... je sais... c'est assez peu intéressant de lire ce genre d'anecdote, aussi permettez-moi de continuer :
Je suis arrivé tard au cinéma et j'avais le choix entre "Avatar" et "Avatar"...donc ce sera "Avatar".
Me voici donc calé au fond du siège, lunettes 3D + lunettes de vu sur le nez (la classe...), c'est parti pour le spectacle. Afin tester la 3D on diffuse une pub haribo vraiment impressionante : les bonbons flottent dans l'enceinte du cinéma, on a envie de les attrapper c'est génial. Le film commence. Je ne sais pas si l'oeil s'habitue mais au bout de quelques minutes la 3D m'impressionne nettement moin. Le film se déroule. Effectivement il y a de belles images mais que dire de la platitude du sénario... c'est plat comme un plancher de Renault Magnum, on est comme coincé dans la mièvrerie du cinéma ricain dans toute sa splendeur : des méchants vraiment méchants, des gentils vraiment gentils, une romance vraiment romantique... et le cliché ultime : les blagues pendant les scènes de combat (ta vie est en jeu mais tu prends le temps de faire une blague!)... bon j'en ai marre de ce film... c'est pas possible de repasser la pub Haribo par hasard? non? tant pis.
Je suis quand-même rester jusqu'au bout... puis je suis revenu à la réalité tangible : un retour au dépôt en 4L et en 3D.

mais comment font-ils pour manoeuvrer ici?

il me regarde!

pas farouche en tous cas!

Mercredi 17

S'il y avait 2 journées à supprimer dans le calendrier, celle-ci serait la première.

Je recharge du groupage pour l'Italie, une tournée qui devait initialement s'étendre jusqu'à la frontière slovène mais qui se cantonnera finalement sur Milano et ses environs. une partie de la marchandise est à Attignat, une autre à l'abattoir, une dernière à Lyon (zone mi-plaine). Je pars tard pour ce que j'ai à faire, je suis en stress... comme d'habitude. Avec ma chance j'arrive à Lyon pour la pause de midi... 1h30 de perdu... plus une demie heure pour charger 3 palettes, je suis à bout. Avec mon chef nous revoyons l'ordre de livraison car je suis vraiment trop en retard, je fonce direct sur Brescia.

J'arrive à 18h00 à Turin, je coupe 45 minutes au péage pour laisser les encravatés rentrer chez eux en toute quiètude, puis je continue en passant par en bas : Alessandria-Piacenza. La route est calme, le temps est clément, c'est assez agréable, je peux m'envoyer pour la énième fois "Embryonic" des Flaming Lips.
22h je suis à destination, il "pleuviote", je me gare devant mon lieu de livraison, je mange des pâtes.

joli daf

en Maurienne

Jeudi 18

Celle-ci serait la seconde.

Je me lève, je me bouscule, je ne me réveille pas, comme d'habitude. Manoeuvre d'entrée pour commencer cette journée, j'ai l'impression que je suis meilleur en sortant du lit, peut-être parce que je réfléchis moins.

Deuxième livraison de l'autre coté de Brescia, une palette à poser, cela va très vite. J'ai donc tout le loisir de foncer sur Milan pour m'agglutiner avec les 10 millions de clampins qui s'épient quotidiennement sur les tangenziales de la capitale économique italienne. Je suis une fois de plus en pleine heure de pointe, je monte sur Lecco, c'est en travaux, c'est infernal, mes heures fondent comme neige au tachygraphe. J'arrive néanmoins à destination - content de sortir enfin du calvaire - il n'y a personne, c'est "chiuso"... Après un coup de fil au chef j'apprends que la marchandise est à livrer ailleurs, encore plus près de Lecco, je suis au moins sur la bonne route.
Cette livraison s'effectue en pleine rue, en pleine circulation. Les voitures frôlent le camion, il n'y a pas de temps à perdre, je descends la palettes et je me sauve.

Il me faut maintenant traverser le nord-milanais en large pour rejoindre les environs de Busto-Arizio. Je prends un itinéraire un peu au pif... puis plus je progresse, plus je repère des indices : j'empruntais régulièrement cette route à l'époque Nabucet. Je suis à destination juste avant midi chez un grand dégroupeur international. 3 quais pour vider 3 palettes, je passe près d'une heure ici, j'en ai marre.

Après 30 minutes de pause obligatoire, je file sur le sud, le sud milanais pour un dépaysement garanti. Là aussi il s'agit d'une grande plateforme merdique... pour couronner le tout j'arrive en pleine pause et il y a déjà 4 camions devant moi... c'est la fin de tous mes espoirs : je ne rechargerai pas aujourd'hui, j'ai ENCORE couru pour rien. La suite va me le démontrer, je reste plus de 2 heures ici.

J'ai une dernière palette à poser près de Magenta, lorsque j'arrive il n'y a plus que les employées administratif, que des femmes devant lequelles je manoeuvre en faisant le malin, je déplie le quai en faisant le malin, je décharge en faisant le malin et j'essaie de parler italien en ayant l'air très bête... il faut vraiment que j'apprenne cette langue.
Je suis vide et je pensais recharger à Gallarate mais il y a une palette à reprendre au sud de Milan... donc c'est reparti pour un dépaysement. J'arrive à 18h, il n'y a plus que le gardien, je suis bloqué ici jusqu'à demain.

enfer de Milan

j'aime!

campagne autour de Milan

Vendredi 19

Pas la peine de se presser, ici ça ouvre à 7h30. Je charge ma palette et je me sauve pour... encore une fois... me planter dans les embouteillages. Je suis à Gallarate 1h30 plus tard, il y a un Hongrois à quai, il me faut attendre. Une douche plus tard la voie est libre, je manoeuvre sous des trombes d'eau, c'est pénible.

Vers 11h30 c'est fini, toujours sous la pluie je prends la route du Mont Blanc. Le temps d'une pause à l'autoport d'Aoste je vais faire mes courses à carrouf : 50 minutes de calvaire, je commence à croire que je suis agoraphobe.
Je continue jusqu'au tunnel que je passe sans attendre (le vendredi c'est d'autant plus plaisant)

Je déroule jusqu'à Bourg où j'entrevois un improbable rayon de soleil.
Je me dépèche mais rien à faire je mets tout le monde en retard pour le concert de Dupek...

j'aime!

fin de semaine

Samedi 20

Dimanche 21

Nous sommes dimanche, il est 16h, je traverse la campagne ensoleillée pour rejoindre mon camion et débuter une nouvelle semaine.
Cap sur l'Ouest avec cinq clients, hormis quelques manoeuvres tendues cette tournée est plutôt agréable.
En conducteur avisé je décide de contourner dossilement Mâcon via l'itinéraire obligatoire composé de A40-N6-A6... pas moins de 4 péages à franchir avec la forte probabilité de rester coincé derrière une barrière vu l'éfficience du système télépéage français. Aujourd'hui n'échappera pas à la règle : ce n'est pas moi mais la voiture devant moi qui est en galère, bien entendu il y a les barres de gabarit sur les autres voies donc je suis condamné à attendre. Le conducteur italien est paniqué, il me fait des gestes de désolation, je lui retourne des gestes de compassion... et nous attendons ainsi qu'il se passe quelquechose... Quand je pense qu'un nouveau pont enjambant la Saone à été inauguré récemment, quand je pense que toute une batterie de panneaux d'interdiction-PL à été planté avant même la réalisation de l'édifice, quand je constaste que je suis derrière ce pauvre italien et cette fichue barrière de péage, j'ai des envies de meurtre.
Soudain, miracle, la barrière s'ouvre.

J'attrape la RCEA à Mâcon-Sud, il y a peu de monde dans mon sens, beaucoup dans l'autre. Je roule tranquille sans radio, sans téléphone, sans rien; je pense.

En arrivant sur Bourges je reconnais un derrière au loin... hey mais c'est le derrière de Michel! (je parle des portes de la semie) Oui, perdu dans mes pensées j'ai rattrappé mon collègue Michel sans m'en apercevoir, il faut dire que le pauvre est bridé à 88.
Nous effectuons la pause règlementaire sur l'Aire de la Grange Rouge; puis nos routes se séparent : lui en direction de Blois / moi en direction de Tours. J'arrive à 23h20 chez mon client, à Amboise; Il pleut, la cour est petite, je ne vois rien, je perds 10 minutes à manoeuvrer là dedans.

trop tard

Lundi 22

hier j'ai un peu flippé de ne partir "qu'à" 16h45 du dépôt, pensant que l'entreprise dans laquelle je me réveille ce matin ouvrait ses portes à 5h... il n'en est rien... il est maintenant 7h et j'ai beau chercher - je ne trouve personne. C'est bizarre d'ailleurs, ici tout est ouvert, je me retrouve au milieu de l'usine, au milieu des machines inertes, il n'y a pas âme qui vive; je retourne au camion. Le temps passe, la matinale de France-Inter, la chronique de Guillon, et soudain : ahhh... une voiture! heure d'embauche: 8h, à l'avenir je le saurai.
Le cariste, motivé comme un lundi-matin-8h, enjambe son fenwick pour me sortir 4 pal, ma coupure se termine tout juste et je peux moi-même commencer officiellement ma journée.

Je dessers deux clients sur Angers, je les connais, je ne perds pas de temps. Je continue ensuite sur Nantes. Il est 12h45 je pensais arriver en pleine pause, mais non, le réceptionnaire est bien là, content de me voir arriver apparemment, tellement content qu'il n'en finit pas de me raconter sa vie... son déménagement, sa femme qui l'a appelé ce matin, ses collègues qui foutent rien... en 15 minutes j'ai l'impression d'en savoir beaucoup trop sur ce mec, il est gentil mais bien lourd, je souhaitais faire 45 min ici et finalement il me motive à faire les 30 dernières dans la rue.

Dernier client entre Vannes et Lorient. Je savais avant d'arriver que j'allais me faire recaler : ici on ne réceptionne pas l'après-midi... j'avais prévenu vendredi et pour une fois j'ai bien fait de m'inquièter : on ne réceptionne effectivement pas cet après-midi. Le cariste est bien là mais inutile d'insister, de se lamenter ou de faire un caprice, il me l'avait dit la dernière fois et il s'en souvient.
parti dimanche à 16h45 je me retrouve planté là devant, il est 15h30 et je ne vide pas avant demain matin 8h... belle coupure... je suis très content.

en Bretagne

en Bretagne aussi

Mardi 23

Moi-même je commence à me lasser de n'écrire que des lamentations dans ce carnet de bord... je n'ose imaginer ce que cela représente à lire... mais comment raconter ce début de journée sur une tonalité joviale? C'est impossible. Oui impossible, car mon premier contact s'est fait avec un écervelé, 5 minutes après avoir tiré les rideaux je suis déjà survolté... j'en ai marre... je fais juste un bref résumé de ce qu'il s'est passé et basta :
je suis devant le portail depuis hier 15h30 / à 8h un mec ouvre l'accès aux trois quais / je lui demande au quel je dois me mettre, il me répond : "ha non, tu vide pas ici, le froid c'est derrière" / je lui renvoie "et personne ne me préviens! tu es venu fumer ta clope 3 ou 4 fois devant le camion hier aprem, tu n'aurais pas pu me dire d'aller attendre de l'autre coté? / "c'est comme ça, c'est derrière" tu le savais" / (grosse engueulade : "si tu le savais! - non je ne le savais pas!") / je vais derrière... 5 camions en attente / je retourne devant et je me mets à quai sans rien demander / (grosse engueulade : "qu'est ce tu fais! - j'ai 4 pal à vider je vais pas y passer la matinée!) / je vais m'expliquer aux bureaux, devant des gens normaux (non-écervelés) / j'ai l'autorisation de décharger / je chope un tire pal, descends les 4 pal, attrape le premier cariste venu pour un autographe et ciao!. Fin de l'histoire passionante.

Je recharge au centre de la Bretagne, à Loudéac : bonne ambiance, thé au citron, toilettes propres, je retrouve le moral. Le chargement dure assez longtemps et j'attends sagement dans la cabine faute de pouvoir accèder au quai.
11h, j'ai de la bidoche à ras les portes, je pars en direction du Sud, en direction de la cité phocéenne.

Il ne se passe rien d'extraordinaire sur cette période de conduite. Seul le temps apporte une touche d'originalité en alternant à plusieurs reprises entre rayons de soleil et grosses averses, voir très grosses averses.
Je fais mes 45 minutes entre Vendôme et Blois, il est 15h20, j'ai la bonne idée de prendre mon repas de midi... si bien qu'à 19h30, au moment où je termine ma journée, je ne sais plus comment faire pour prendre mon repas du soir en sachant que le réveil sonnera à 4h demain... dur dur d'avoir une vie normale...

Le téléphone ne sonnera pas de la journée, j'en déduis que le Marseille est bien pour moi.

en Bretagne encore

en Bret... heu non, dans le Berry

Mercredi 24

2 réveils ne sont pas de trop pour me sortir du lit ce matin; je pense qu'en fin de carrière il m'en faudra une dixaine planqués ça et là pour vaincre la fénéantise et la sénilité.
4h30, je me lance sur la nationale et sous la bruine. La descente via N7 est assez agréable sauf que je n'y vois décidément rien avec cet éclairage Volvo : ma 4L m'en offre plus. Je passe l'agglomération stéphanoise avant l'heure de pointe à laquelle des milliers de Stéphane et de Stéphanie sortent de chez eux pour aller bosser (drôle!) Puis je continue jusqu'à l'aire de Rousillon où je trouve, en échange de 2 euro, une douche propre et spacieuse... je n'avais pas l'habitude de m'arrêter là - cela risque de changer.

Sur le trajet Roussillon - Marseille je croise environ 72 membres FDR, incroyable! Je me fait même doubler par la cacahuette de l'extrême : Chouchen... sur le coup je n'ai pas tilté en voyant le volkswagen freiner devant moi, j'ai failli grogner, puis j'ai aperçu une tête qui rigolait... RDV pris pour une éventuelle croisure quelquepart dans le sud, nous sommes tous deux pressés.

Sur les bons conseils du bison-futé local - Rascal - je traverse Marseille via l'A55 pour profiter du panorama maritime et arriver directement chez mon destinataire, juste avant midi. L'heure de la pause approche et ça se voit : 3 caristes s'activent dans la semie pour un déchargement-éclair qui me permettra tout juste de caser un quart d'heure de coupure.

Je remonte sur Bollène pour charger, le voyant de la réserve s'allume au niveau de Vitrolles. Vers Lançon-de-Provence l'ordinateur de bord m'indique "150 litres - 550 Km"... je continue à rouler sereinement mais ces chiffres dégringolent à une vitesse vertigineuse : lorsque je sors à Bollène c'est "45 litres - 150 Km". Je reste serein, Donzère et sa station Esso sont tout proche, je roule encore 10 Km pour aller charger, j'arrive chez le client : "15 litres - 46 Km"!... Je commence à transpirer, j'attrappe ma lampe torche et ouvre les réservoirs : les deux sont quasiment vide...
Donzère est à 15 minutes d'ici mais il y a gros risque de désamorçage... heureusement je suis dans une boite où le patron est bien cool, il me dépanne d'un jerican de 20L. moralité de l'histoire : ne plus jamais faire confiance à la jauge Volvo.

Je mets 200 litres à Donzère et je roule la petite heure qu'il me reste au compteur. En pleine conversation téléphonique j'en oublie que le temps passe : 9h52 je m'arrête in extremis sur l'aire de Livron... très insatisfait de me retrouver là, j'ai mal calculé mon coup!

Je suis chargé en surgelé, le frigo luttera toute la nuit au grand damne de mes voisins de parking...

la cité Phocéenne...

...des bateaux corses, des camions slovènes

...des pâtes pas bonnes

...des trains tordus

Jeudi 25

Deux-trois gâteaux secs, une gorgée d'eau, c'est parti direction Bourg en Bresse. Il est 4h30, l'A7 est calme, le col du Grand Boeuf est calme, bien entendu il est interdit de dépasser cet eurotech polonais qui agonise à 32 Km/h... je repense alors au débat houleux sur le forum, et en particulier à cette réplique loyaliste : "mais alors? à chacun sa propre jurisprudence?!?"; 4h30 - 32 Km/h - A7 désertique - des cheveaux sous le pied... qui reste derrière? pas moi.

J'arrive au dépôt... comme je suis vraiment un mec sympa je m'arrête aux croissants... et certains disent que je suis une pince...
Personne au bureau, il est encore trop tôt, je fais mes pleins, je lave, je prends une douche. Ma semaine à des chances d'être terminée mais j'attends confirmation... et je fais bien : mon chef vient tout juste d'arriver que le téléphone sonne déjà; le DAF italien d'un transporteur partenaire est en panne sur l'A6, la semie est chargée de viande : il faut aller la récupérer. Cette mission est pour moi, je pars en solo direction Châlon sur Saone.

Le RDV est fixé chez DAF-sevrey, j'arrive pile en même temps que la dépanneuse. Tout va très vite, on dételle on ratèlle, il s'agit d'une Lamberêt identiques aux notres chargée en pendu.
Il est 10h, je pars pour l'Italie.
Un chauffeur m'attend pour transvaser la marchandise. L'opération est titanesque et j'ai la chance d'avoir à faire à un professionnel : ce type est vraiment balèze, il attrape les pièces de boeuf avec une dextérité hallucinante... je ne peux quasiment pas l'aider, je me contente de tourner les crochets dans le bon sens... je suis un peu pataud, je me sens inutile... et pendant ce temps là le type va à fond... je tente à plusieurs reprises la conversation, on se comprend peu, mais il est très sympa : il m'explique qu'il travaille depuis 2h du mat (il est maintenant 19h), que ce soir il va vider une semie à 22h et une autre à 1h... motivé le mec...
Je ne garde qu'une livraison à faire demain en banlieue de Milan. Je paie une tournée bien méritée (café pour lui, coca pour moi).

Ce soir je suis contraint de couper à Carisio et donc de manger au resto... c'est limite de la torture... d'autant plus que j'expérimente dangereusement la pizza fruits de mer locale = un rond de pâte avec un tas de coquillages dessus... oui, les crustacés sont encore dans leur carapace au moment de servir... c'est bizarre.

j'aime!

déco aux crayons de couleurs

ma semie italienne

Vendredi 26

Mais... je suis réveillé ou pas?... (je me pince) ... oui, je suis bien réveillé... j'ai pourtant l'impression d'être en plein cauchemard : je n'ai qu'une livraison à faire mais ce n'est pas un cadeau; je vais passer 2h30 sur cette méga plateforme pour vider trois bouts de viande, je vais aussi y laisser 45 minutes de conduite, 45 minutes qui s'égrainent pour respecter à la lettre un protocole de sécurité vraiment dingue : je bouge le camion une bonne dixaine de fois. Bref, tout ce temps perdu me permet au moins de contourner l'heure de pointe matinale, et donc, contre toute attente, de gagner du temps de conduite (restons positif!)

Lavage à Melzo dans une toute petite station trouvée par Thomas; Pendant que le pompiste passe le jet haute pression je suis chargé de monter la garde, c'est drôle.

Je recharge complet au bord de la tangenziale nord, chez ce client c'est traditionnellement long - mais aujourd'hui la pause de midi imminente active les choses. A 11h50 je suis sur la route du retour.
A Milan il fait gris, à Santhia il y a un grand soleil, à Aoste un vent de fou, à Courmayeur une tempête de neige... c'est quoi ce temps?

De retour en France je n'arrive pas à capter la fréquence de "rire et chansons" alors j'appelle mon webmaster... des blagues, des blagues, et encore des blagues... mais malheureusement pour lui très peu de rires spontanés, seuls quelques "ha ouai?!" ou "pffff..." de courtoisie... mais s'en rend-il compte?

J'arrive au dépôt avec 9h20 de volant, soit 20 minutes de trop... j'aurais dû faire 11h de repos à l'entrée de Bourg - je suis un délinquant.

j'aime!

un grand-père

un pti-jeune

un joli paysage

Samedi 27
Dimanche 28

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