Mon Carnet de bord... Suivez mes aventures, semaine après semaine!

Avril 2010

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Jeudi 1

Nous sommes aujourd'hui le 01 avril et dame nature a décidé d'être drôle en balançant de gros flocons sur l'autoroute du Mont Blanc. Il est 3h du mat', je suis le premier à laisser une empreinte sur cette neige... mais ça va, il y a juste 1 ou 2 centimètres, pas de quoi rappeler un père noël. Il n'y a personne non plus sur le parking de la régul', alors j'attends patiemment, je me réchauffe l'oesophage avec le café gratos sensé réconforter les pauvres frioristes esclaves du système d'alternat. Dans la cabane en bois qui abrite les distributeurs il y a toutes sortes de messages inscrits du sol au plafond, on y trouve des insultes distiguées, de belles fautes d'orthographe, des partis pris pour l'OL, l'OM, le PSG, l'Inter, la Juve... et contre toute attente rien sur le FC Pont de Vaux.
l'escorte se fait sérieusement désirer.
Je suis toujours dans la cabane lorsque je vois passer une ombre furtive... c'est le renard de la dernière fois; je sors et j'essaie de voir où il va : il s'arrête devant une poubelle et commence à la vider, je ne lui fait même pas peur... je sens que ça va devenir mon pote ce renard clodo du Mont Blanc.

Allez, je passe de l'autre coté et je descends jusqu'à Bourg en Bresse pour mettre du gazole et un coup de rouleaux. Un petit coucou aux bureaux et me voilà reparti, direction la capitale.
L'autoroute A6 se déroule devant moi, il ne se passe pas grand chose, seule la météo essaie de faire dans l'original en me proposant tout ce que peut produire un nuage, de la bruine à la grêle en passant différentes sortes de pluies... et puis enfin le soleil s'impose à l'entrée de Paris.
Je suis à destination à 15h, les gens sont contents de me voir arriver si tôt et on décharge rapidement. J'ai 9h15 de volant et je peux recharger ce soir à Vitry... en y réfléchissant bien je propose à mon chef de ne charger que demain car je n'ai pas trop envie de dormir chargé dans la rue, d'autant plus que cela ne sert pas à grand chose car j'ai une seconde ramasse dans l'Oise...

Finalement je vais me caler à la Sogaris.

joyeux Noël!

vlà-t'y pas la grêle maintenant?!!

mon voisin de coupure

Vendredi 2

Nous avons revu l'ordre des évênements avec mon chef : je charge en 1er à Crépy en Valois, puis je redescends à Vitry... il ne va pas falloir perdre de temps...

Je décolle à 4h, j'attrappe l'A86 et ratéris directement dans la déviations des tunnels de Thiais; heureusement à cette heure-ci il n'y a personne. Un peu plus loin c'est l'A3 qui est coupée, donc je choisis l'A4 et la francilienne... mais quel basard!!!
j'arrive quand même à Crépy, il est 5h30, il y a des CRS postés aux quatre coins de la zone industrielle, il y a les restes visibles d'un incendie et d'une émeute, c'est le chao devant l'usine sodimatex, je charge juste à coté.

Je me présente au gardien, confiant car j'ai un numéro de commande et une heure de RDV, mais bien entendu ça ne va pas... "non, je ne connais pas ce numéro de commande" me dit-il avec compassion, "et si j'ai pas le bon numéro je peux rien faire" ajoute-t-il... "y'a qu'à appeler votre chef, les autres y font comme ça"... ben voyons, je vais appeler mon chef à 5h30, comme s'il dormait avec les fax sous son oreiller...
Durant cet échange avec le gardien un autre chauffeur arrive près du hublot, et, alors que je parle, commence à se rapprocher pour se faire une place jusqu'à me coller et me faire sentir de près son haleine fétide... j'étais déjà énervé par le gardien et voici que se type viens en rajouter par son manque de savoir vivre : "excusez-moi, c'est possible d'arrètez de me coller comme ça et d'attendre votre tour?!!" le mec se montre agressif, moi je ne lâche rien, le gardien est mort de rire...
Je retourne au camion pour patienter jusqu'à 7h avant d'appeler à Bourg. A 7h30 j'ai le bon numéro et l'autorisation de rentrer, à 8h30 je ressors chargé.

Je repasse donc devant l'usine sodimatex où le feu à repris, où les CRS s'improvisent pompiers, où des ouvriers désespérés s'animent sur le toit...

Je retourne en direction de Vitry, avec les embouteillages en plus. et je parviens à charger avant midi.
Il ne me reste plus qu'à descendre avant le flôt des départs en week end de pâques.
Je m'arrète une bonne heure à Romenay car j'y ai de la famille, je rentre ensuite au dépôt sans dépasser l'amplitude et sans dépasser 9h de volant... tout était calculé...

c'est la guerre à Crépy

"tiens mon gars, un bon gros tas de pubs, et tâche de tout lire en conduisant!"

joli turbostar

Samedi 3

Dimanche 4

Lundi 5

Mardi 6

C'est la fin d'un long week end de Pâques, trois jours qui sont passés beaucoup trop vite, et pourtant je n'ai rien fait - même pas envoyé mon carnet de bord... Je n'étais sensé reprendre le volant que demain mais il y a un voyage pour Paris à faire en express cette nuit et c'est pour moi.
Je débarque donc au dépôt à 21h30, sans avoir ni mangé ni dormi, j'attèle une semie et fonce charger à Mâcon. En traversant Polliat je tombe sur un troupeau de pompiers qui courent après une vache folle, l'inverse eût aussi été marrant... je prends garde de ne pas affoler encore plus l'animal et continue ma route pour arriver à 22h30, pile comme prévu. Je suis sur une plateforme logistique du froid, les caristes sont sympas et en plus ils bossent vite, c'est le bonheur total.

Une petite heure et me voilà parti sur cette autoroute A6 que je n'avais pas pris depuis au moins la semaine dernière. Je me cale sur la voie de droite, il n'y a personne, je roule tranquille en essayant de penser à pleins de trucs... finalement je ne pense à rien, j'écoute le moteur et je fixe un horizon imaginaire. Je n'ai pas sommeil du tout, je n'ai pas faim non plus, cette conduite nocturne me suffit.

je veux le même

Mercredi 7

Je tente le coup de monter d'une traite chez mon premier client, à Chilly Mazarin; j'arrive avec 4h29 de volant mais cette belle performance est inutile car la réception est fermée et n'ouvre qu'à 5h du matin... super... personne ne m'a prévenu et j'ai cavalé, cavalé, cavalé pour arriver le premier sur le parking : nul! Alors j'attends - car on m'a dit d'attendre - et je vois régulièrement des camions entrer directement derrière le bâtiment... j'apprendrai plus tard qu'il ne sert à rien d'attendre sur le parking mais qu'il faut prendre les places à quai tant qu'il y en a. Donc à 5h je ne suis plus le premier mais bel et bien le 34ème (j'adore), heureusement il reste une porte de libre - comme quoi out n'est pas si horrible. Le problème c'est que je suis à quai mais il n'y a plus de tire pal, que je ne sais même pas à qui il faut s'adresser là dedans, que tout le monde s'en tape de ce que j'amène... alors dès qu'un tire-pal se libère je pose tout devant le quai sans rien dire à personne. Quelques instants plus tard un type me montre des palettes à reprendre pour que je les emmène à l'autre coté de l'entrepôt... je les emmène... ensuite il faut se battre pour récupérer les palettes europes, puis pour récupérer les lettres de voiture : je perds un temps pas possible et je n'ai à faire qu'à des gens indifférents, je suis un pantin dans le bordel général... très agréable lorsque l'on a pas dormi...

Ma deuxième livraison est à Wissous, je ne pensais pas trouver pire que la précedente mais si! A la réception je tombe sur un type qui jouit pleinement de son super-pouvoir de "chef des portes 9 et 10" en imposant sa puissance décisionnelle pour ce qui conserne les "portes 9 et 10" avec un mépris certain pour ces gros cons de chauffeurs qui sont obligés d'attendre que les places se libèrent "portes 9 et 10", même si tout comme moi il n'ont que 3 pauvres palettes à poser et qu'il y une vngtaines d'autres portes. Je vais rester plus d'une heure et demi, je vais entrer en conflit avec le "chef des portes 9 et 10", il va aller jusqu'à me menacer de "prévenir ton patron que tu veux pas travailler!", poussant ainsi les limites de sa connerie vers des sommets inabordables : je lui ai vivement conseillé de tenir sa parole car je sais que mon chef à beaucoup d'humour...
avant de quitter les lieux je manque de claquer le "chef de la porte 70" qui ne veux pas me rendre 6 pal vides car je suis à la porte 72... je pars surexcité par autant d'abération : une semaine à faire des clients comme ça et je change de job!

Je monte à Rungis pour me mettre en coupure, il y a un nouveau plan de circulation coté viande - je débarque en sens interdit malgré moi et un type me fait des grands gestes : "fais gaffe il y a les flics au bout et ils alignent!" me dit-il par la fenêtre. Bon, pourrie pour pourrie cette journée n'a qu'à s'achever par un prune... de toutes façon je ne peux pas faire demi-tour alors vai cosi... j'arrive au bout, pas de flic, personne... bon... alors ça y est, la roue tourne?

Je dors 4h sur le parking de Jean Rozé, c'est génial.

9h plus tard je prends connaissance de mon nouveau programme : deux ramasses à livrer dans la foulée à Lyon. Je sors du marché et rattéris direct dans les bouchons... je mets 2h pour faire Rungis - Marne la Vallée, ça commence mal.
Je fonce ensuite vers Etampes pour complèter la semie, j'ai déjà 4h de volant, du coup je ne vais plus à Lyon, je descends juste faire un relais à Tournus.

je veux la même

à quand la téléportation

Jeudi 8

c'est pas terrible pour sortir d'Etampes et aller vers le sud : il n'y a que des grandes lignes droites au milieu des champs avec plein de bestioles qui s'entêtent à vouloir traverser devant le camion... Je rejoins l'A6 vers Nemours, je ne sais plus où exactement, puis je descends d'une traite pour arriver à 4h à la station Agip tournusienne. Relais avec Crust, 45 minutes de pause, puis je retourne au dépôt sous une pluie battante. je me couche à 6h30.

Je me réveille à midi, en apprenant que je récupère une semie qui n'arriverra que dans la soirée je commence à regretter de ne pas être rentré chez moi... finalement je trouve de quoi m'occuper, en allant faire des courses, en allant chez Scania, en allant chez Internet... bref le temps passe, la soirée arrive, mais nouveau coup de théatre : il ne faut pas partir trop tôt au risque de fliguer l'amplitude, je pars pour l'Italie avec 3 client dont le premier, à Milan, n'ouvre pas avant 6h30. Bon là j'en ai marre, je suis dans la cour depuis 6h et je ne peux pas repartir avant 23h... du coup je me fais à manger au rechaud, comme si j'étais sur un parking où devant chez un client... non, je suis à Bourg en Bresse, dans la cour...

23h, c'est parti, j'ai essayé de dormir une petite heure mais je n'ai pas réussi. De toutes façons cette tournée est tellement tendue qu'elle ne pose pas de problème de sommeil. Je fonce sur le tunnel, puis sur Viverone, je ne vois pas le temps défiler tout ce passe pour le mieux.

tunnel à Castano Primo

trop content de se soulager sur la BAU...

ici c'est fino

Vendredi 9

à 5h pétantes je suis chez mon premier client, j'essaie de dormir une heure mais toujours pas moyen. je n'ai qu'une palette à poser ici, les ouvriers arrivent à 6h25, je suis vide à 6h30. Je leur ai bien mis la pression car ma hantise est de perdre du temps et me retrouver dans les embouteillages - je dois traverser Milan avant 7h, objectif atteint.
Je continue et fonce sur Brescia pour une deuxième livraison express. Puis je poursuis en direction de Padova.

Un incident est annoncé à Verone sur les panneaux lumineux... dès les premiers "warning" annonciateurs du bouchon je m'arrète sur le premier petit parking venu pour y faire 45 minutes de pause en espèrant que la situation se décante. Mais la file d'attente ne fait que progresser et je suis contraint de me remettre dedans au terme de ma coupure. Je perds une bonne demie heure, toute l'avance que j'avais fond dans cet embouteillage. Alors quand ça se remet à rouler pour de bon je cavale en surveillant le chrono. Je suis à Padova avec un petit quart d'heure dans le sablier, donc je vide et je me pose dans la première zone commerciale venue, impossible de recharger aujourd'hui. Concrètement cela veut dire que je recharge demain matin et que j'ai à nouveau près de 20 heures devant moi...

Il est 13h, je me prépare des pâtes... il y a bien un resto sur ma droite mais ça à l'air trop guindé, et puis j'ai des tomates à finir...
Je dors dans l'après midi, je me réveille vers 19h... à 21h30 j'ai terminé ma coupure alors je décide de rouler jnusqu'à mon lieu de rechargement, à Mantova. 1h30 plus tard je me remets en coupure.

village mort

Samedi 10

Je suis le seul à charger ici ce matin, c'est beaucoup plus calme et rapide que d'habitude, je partage même le café avec les caristes, c'est dire.
Une fois plein à ras bord je pars direction Brescia par la nationale ensoleillée et plaisante en ce samedi matin. Ca roule bien, et lorsque je tombe sur un grumeau je ralentis, sans stresser, car nous sommes samedi et je suis plus philosophe que le lundi...

Je prévois de m'arrèter à l'autoport, il est blindé mais j'ai la chance de trouver un trou de souris. Autour de moi on s'installe pour le week end, et rien qu'en passant 45 minutes avec le moteur du voisin dans les oreilles je réalise que j'ai plutôt de la chance de pouvoir quitter les lieux.
Un peu d'attente au tunnel, mais pas trop; un peu de monde coté français, mais pas trop. J'arrive à Bourg dans la soirée, je fais mes pleins, je lave, je décroche, je prends une douche, et je fonce direct voir Dr Hunk + Yeah Baby Yeah + les Tringles à Ploufagain.... du bon son, tout plein de bon son...

Aosta

manoeuvre délicate

le routier: une ménagère comme les autres...

du monde sur le parc

Dimanche 11

Lundi 12

Quel beau programme que celui d'aujourd'hui... Aller atteler une semie à Bourg, la vider à 10 minutes de Bourg, revenir en atteler une autre, et aller dormir à Lyon : fin de la journée. Vu l'heure à laquelle je suis mis au courant il m'est quasi impossible de venir à l'heure... sauf si je décide de débrider la 4L, mais j'ai bien trop peur...
Je débarque donc dans la cour à 20h45, malgré mon manque de motivation j'essaie de ne pas perdre de temps, 20 minutes plus tard je suis chez le client. Il y a traditionnellement beaucoup d'attente ici, il faut faire le forcing au hublot pour s'imposer... où bien il faut en avoir rien à faire et retourner au camion, parfois ça marche mieux, comme aujourd'hui par exemple.

Je passe à quai et je vois débouler Thomas, lui aussi trop content d'être là. Je justifie ma réputation de pince en présentant la seule pièce que j'ai - 10 centimes -, pour payer le café... du coup c'est Thomas qui rince.

Je quitte les lieux à 22h30, change de semie et fonce à Lyon. J'arrive dans une zone surveillée par un gardien, en montrant une fausse hanxiété à devoir dormir dehors je le convaincs de me laisser rentrer, je me pose sur une bonne place au calme.

Mardi 13

Personne ne m'a réveillé - c'est la première bonne nouvelle, le chargement est ultra rapide - c'est la seconde. Il me reste quelques mètres de plancher alors je fonce sur Andrézieux Bouthéon compléter avec des emballages vides. A 11h30 je suis chargé complet et je mets le cap sur le sud ouest avec - quel bonheur - à peine 3 tonnes dans la semie. Oui il s'agit véritablement d'un "bonheur" de grimper les côtes à fond, à 90, et de rouler sur le plât à fond, à 90 aussi... L'auvergne à donc aujourd'hui des allures de plaine solognote : aucune entrave à la conduite. A Clermont j'attrappe la nationale car j'ai la ferme intention de faire ma pause-midi (de 14h) au milieu des volcans. Pour moi l'Auvergne c'est un peu comme l'Alsace : le décors est "typique" - on reconnait l'endroit au premier coup d'oeil, mais je n'aime pas... je trouve ça trop sombre.

Je continue mon périple via Brive et périgueux où je reprends la nationale pour ne plus la quitter. Cette fin d'après midi de conduite est un véritabe plaisir : plus je descends vers le sud-ouest, plus les paysages son magnifiques. Fenêtre légèrement entre-ouverte, autoriadio éteint, lunettes de soleil et belles routes au programme.

J'arrive simultanément à 9h de conduite et à Mont de Marsan, je me pose dans la Zone commerciale derrière un ex-Savam.
En me préparant des haricots verts je rallume le poste et tombe sur Skyrock, la libre antenne. Dans l'absolu je suis un éternel fan de la libre antenne... mais mon dieu que le débat vole bien bas sur celle-ci! "pipi" "caca" "prout" "fesse" "pognon" "foot" "fesse" "fesse" et "fesse"... tel est le programme. Je comprends bien qu'il s'agit là d'un divertissement, mais j'imagine le vide qui peut se creuser dans la tête de celui où celle qui écoute ça assidûment en considérant Difool ou Romano comme un maitre un penser de notre société moderne... c'est effrayant... si le ton de l'émission est d'apparence risible, les messages véhiculés - lorsqu'il y en a - sont bien souvent consternants... et je n'ai pas parlé de la "musique"...

A quand une bonne libre-antenne à la radio?

La terre noire de la Limagne

au moins ceux-ci ne fument pas...

le chevreuil en rut coure après tout ce qui bouge

Mercredi 14

Je me suis réveillé en même temps que le Dentressangle, nous avons tous deux fait un tour d'inspection du camion, nous nous somme salué et nous sommes parti l'un après l'autre... ce métier est fait de furtifs moments anodins partagés.
Dans la semie j'ai une livraison à faire à Mont de Marsan, mais la marchandise est devant : en premier je dois livrer à Dax. Alors je file à Dax et j'arrive à 8h45. Après une manoeuvre angoissante et après avoir sorti mes palettes d'emballages, je sors la marchandise du destinataire qui heureusement est très patient. Tellement patient même qu'il m'autorise à carrément tout sortir histoire de remette les clients dans l'ordre (car ces fichus emballages sont à livrer en dernier!). De retour à Mont de Marsan pour ma deuxième livraison je perds donc moins de temps.

Ensuite, je vide et recharge dans le même abattoir, près d'Orthez. J'y suis à 12h15, c'est la pause, j'ai tout le loisir de prendre mon temps pour laver la semie puis pour laver le Régis.

15h30, j'ai de la bidoche jusqu'aux portes je pars pour l'Isère.

Une petite pause avant Toulouse histoire de ne pas m'engouffrer dans les sorties de bureau, puis je roule jusqu'à l'aire de Narbonnes où, en cherchant bien du coté voiture, on arrive encore à garer un camion. Il y a 3 cars de tourisme arrètés non loin de moi, et tous leurs occupants sont éparpillés sur l'aire, dans le noir, tout autour du camion... même si lors de la manoeuvre pour me caser sur le petit parking cela m'a permis d'avoir ma minute de célébrité, je n'aime pas trop cette ambiance... certains sont beaucoup trop près du camion et je suis obligé de monter la garde.

Une fois tous le monde parti je tire enfin les rideaux pour un peu d'internet et beaucoup de sommeil... ou l'inverse...

ô mon dieu! Kenny fait du tracteur

tout ça pour un oiseau...

Jeudi 15

Réveil à 6h, il fait encore nuit. L'autoradio est calé sur FranceInter, le paquet de choco est à porté de main, je suis paré pour dérouler du kilomètre.
Toujours les mêmes camions et le même bitume sur l'A9, toujours les mêmes camions et le même bitume sur l'A7; je sors à Valence Sud et roule jusqu'au péage de Romans pour dormir 45 minutes - je suis fatigué de devoir appuyer mollement avec le pied droit en regardant l'horizon.

Entre Voirons et Les Abrets c'est les montagnes russes : moins de 30 km'h dans les fortes déclivités, ralentisseur à fond dans les descentes, un oeil sur la semie dans les courbes, un oeil sur les piétons dans les villages... mon Dieu mais ça y est! je sers à quelquechose!

Il est 12h15 lorsque j'arrive à destination, la réception est déserte - je me gare devant la bascule et je mange. Les manutentionnaires redébarquent à 13h, il y a deux quais de déchargement, trois passages sur la bascule, un lavage, un quai pour les emballages... au total je tourne en rond pendant 4h là dedans.
Je recharge à Lyon et je ne suis pas en avance du tout en arrivant à 17h. Cela dit, personne ne s'inquiète : le cariste fume sa clope peinard, il m'informe qu'il doit finir un autre camion, bref je suis là pour un moment. 17h30, le chargement commence au rytme iréel de 1 palette toutes les 10 minutes... c'est tellement chient pour moi qui ne peux rien faire d'autre que regarder le cariste travailler, que je décide d'aller dans la salle de repos pour mater les infos sur l'écran géant... "il y a un Volcan qui fume et qui empêche les avions de voler"... "la SNCF est en grève"... hum hum... j'ai comme l'impression qu'il va y avoir du monde sur la route dans les jours à venir...
18h30, alors que le chargement n'est toujours pas terminé, un type tout bien propret vient me voir :
_"c'est vous qui chargez pour Paris?"
_"oui..."
_"vous allez pouvoir faire les deux livraisons avant 3h?"
_"non... sauf si je prends l'avion mais ça va être dur"
_"Ha bon, mais le second ferme à 3h... ils videront jamais si vous arrivez après!?"
_"donc je fais quoi? il vaut carrément mieux ne pas partir?"
_"ha si si, je vais esayer de les appeler, par contre ya pu une seconde à perdre, vite on va faire les papiers pendant que le cariste amène les trois dernières palettes!"
C'est dingue... voici près de deux heures que les caristes s'en tapent de mon départ hypothétique sur Paris, et soudain cet encravaté débarque et met la pression à tout le monde - moi y compris - pour que je dégarpisse au plus vite. Si je l'écoutais il s'agirait presque de faire crisser les pneus dans la cour pour bien montrer que je fais le maximum... non mais il hallucine le pauvre : qu'il commence d'abord par secouer son toupeau de vainqueurs avant de venir s'adresser à moi qui ne demande que ça : "de partir au plus vite"...

En réalité je n'effectue pas tout le voyage, je fais un relais à Beaune. Je perds encore du temps pour traverser Lyon et j'arrive "au meilleur centre routier de France" (dixit Rascal) à 21h15. Crust m'attend en plein milieu du parking... j'essaie de le convaincre de faire le relais plus loin pour ne pas trop déranger avec le bruit des trois moteurs... mais pas moyen, il a déjà décroché et il est pressé, tant pis...
Un quart d'heure plus tard il s'en va et je décide - presque en accord avec moi même - de manger au resto pour justifier ma place sur le parking bondé... un peu de savoir vivre bon sang!
Un repas bien moyen au final : une table à laquelle personne ne parle, tout le monde fait semblant de regarder un truc quelquepart, chacun à été chercher sa propre corbeille de pain et son propre pichet d'eau... heureusement la serveuse est sympa et place toujours un petit mot lorsqu'elle passe... quand au contenu des assiètes, non seulement c'était peu raffiné mais en plus je me suis brulé la langue, ça m'apprendra à vouloir partir trop vite...

Je retourne au camion avec ma langue qui fume, je descends une bouteille d'eau pour éteindre l'incendie.

superbe

il en bave le 480...

Chirens

Pinder à Perrache

Vendredi 16

Je m'attendais à trouver le parking du CR sous un tas de cendre, mais non, il fait un temps magnifique ce matin. Je prends le café au bar où tout le monde discute du nuage de Tchernobil, puis en route - direction le Jura.
Comme l'atteste la magnifique photo ci-contre, derrière mon tracteur il y une tautliner... cela faisait bien 3 ou 4 ans que je n'avais pas vu ça sur ma sellette. Comment ça marche une tautliner? comment doit-on se comporter sur la route avec? ...oui, avec mon frigo je roule à 100, je ne fais ni appels de phares ni coup de clignotants - sauf à mes potes en frigos (normal), je fais des relais au milieu des parkings et je dors en empêchant les autres de le faire avec le moteur qui tourne... si si tout cela est vrai, je l'ai lu sur un forum! alors maintenant? avec cette tautliner? ...je n'ai plus aucun repère!

Je livre une usine perchée dans les montagnes du Haut-Jura... bon, tout est relatif : le "Haut Jura", ce n'est pas plus impressionant que les "basses Alpes"... mais ça monte un peu quand même...
La manoeuvre est à s'arracher les cheveux, le Chassis du tracteur est dans une forte pente, celui de la semi sur le plat, et je recule comme ça avec mes 19 tonnes... je fais souffir le matériel, j'ai peur de tout casser.
Je sors tout au tire pal manuel, comme si j'avais dormi plus de 3h la nuit dernière...

Une fois vide je redescends dans la vallée et m'en retourne vers le centre névralgique des transports Asotrans pour vite cacher la Taut' au fond du parc.

Je rentre dans l'aprem sous un soleil radieux; il y a une brise agréable, des fleurs dans les champs, des vaches impassibles qui broutent ou regardent passer les 4L... s'il n'y avait toutes ces micro-particules volcaniques dans l'air, le ciel bressan - de couleur "bleu-ciel" comme partout ailleurs-, serait strillé par les déplacements de cadres supérieurs ou autres touristes des îles... heureusement il y a des volcans en Islande.

en taut'...

route du Jura

pas facile-facile

Samedi 17

Dimanche 18

Le soleil est bien là, les oiseaux se remettent à chanter, les vachent essaient de trouver l'herbe dans la marée jaune de pissenlits... c'est le printemps qui sévit, qui égaie les coeurs et qui rend un peu plus difficiles les départs du dimanche. Il est 13h lorsque je ferme à double tour mon appart pour empêcher quiqonque de venir voler ma télé 36cm (avec magnétoscope incorporé) ou ma chaine Hifi 2x15watt. 35 minutes de 4L plus tard je suis au dépôt, je jette mes affaires dans le camion, j'attelle une Chéreau toute neuve et je pars pour l'Italie avec 5 clients.

Je double 4 Polonais sur la route du Mont Blanc...enfin, 2 vendéens et 2 Irlandais si l'on se fie aux immatriculations... quelquechose me dit qu'il va y avoir du monde au tunnel. Confirmation quelques instants plus tard : je suis le 6ème et lorsque l'escorte arrive 2 des Polonais sont priés d'attendre le tour suivant, moi j'ai de la chance.

La vallée d'Aoste est en ébullition le dimanche après midi; on aperçoit des promeneurs, des footballeurs, des cavaliers, des cyclistes... Tout le monde profite de son weekend et se rejoint sur l'autoroute dès que la nuit tombe, pour venir pourrir le mien : le dimanches soir c'est la grande transhumance vers Milan.
A 20h je suis à destination, apparemment trop tôt car les ouvriers finissent de charger leurs camions avant de vider le mien. J'attends. On m'annonce 10 minutes et je constate que la minute italienne en vaut 4 françaises... j'attends, docilement. Enfin arrive mon tour mais le déchargement est tout aussi long : il faut compter, vérifier, peser, recompter à nouveau, revérifier... pendant ce temps je me console avec un sandwich "triangle" en essayant d'imaginer un goût autre que le goût de carton, c'est difficile. 21h30 je quitte les lieux.

J'ai un autre client à vider ce soir, il se situe à Verone-Interporto. Je ne suis jamais allé là-bas et j'appréhende un peu le labyrinthe...
Je roule; j'arrive sur Verone; l'Interporto est indiqué depuis l'autoroute, je suis les panneaux et arrive devant une cabane avec un gardien qui me montre l'accès sur un plan, finalement je trouve direct : j'ai rarement fait livraison aussi facile.

Il est minuit et je reprends le volant pour aller dormir chez mon troisième client, au nord de Vicenza, j'arrive avec 8h54 de volant, content.

avec une Chéreau toute neuve...

Vicenza by night

Lundi 19

J'ai dormi sur un parking-voiture et j'avais peur de me retrouver encerclé au réveil... non, il n'y a personne. Je débute cette journée par un clients vraiment pas facile pour ce qui est de la manoeuvre, ici il n'y a pas de place du tout, on recule sous un préau dont l'obscurité empêche toute visibilité, on manoeuvre un peu "à l'oreille" : si c'est "ppfff" c'est que je suis bien en face des coussins, si c'est "gggrrrrr" c'est que je frotte le mur (déconseillé), si c'est "aaaiiiiiieee!!!" c'est que je recule dans le bureau.

Je sors 2 palettes et fonce chez le suivant. Je traverse le Veneto, ses jolis paysages, ses routes étroites. Un panneau d'interdiction-PL culmine à l'entrée de la rue de mon client, je m'y engage - c'est habituel ici. je roule 1km et tombe sur un une voiture de la police locale. la policière agite vivement les bras et mindique le bas coté (inexistant tellement la route est étroite - donc je me met en warning comme je peux)... Elle n'a pas l'air comode d'entrée de jeu, et losqu'elle constate -via mon CMR - que j'ai une raison légitime de passer là, elle se montre encore plus aigrie : ni "bonjour", ni "au revoir", ni "merde".
Après une manoeuvre à contre-main digne d'une livraison outre Manche c'est reparti direction les environs de Padova.

Je suis une fois de plus contraint d'utiliser un itinéraire interdit pour accèder à mon dernier client, j'arrive à 12h15 - il me faut attendre 14h. 14h15 je suis vide, il n'y a rien de prévu pour la suite alors je me pose sur la première station venue et je regarde fixement mon téléphone dans l'espoir improbable de le voir vibrer.

15h30 la situation se décante : j'ai un rechargement... à 20 minutes d'ici...prévu pour demain matin. Voilà qui me fait d'autant plus apprécier mon départ d'hier-14h. Bon, on va essayer d'être patient : je vais voir à quoi ressemble l'entreprise, je constate qu'il est impossible de camper devant faute de place, alors je monte à CastelFranco pour échouer sur une station avec un grand parking.
Je justifie ma place avec un café... la tenancière est comment dire... hyper vulgaire voire franchement dégueulasse : une micro-jupe jaune vif, un décolleté nombrilien qui offre une vue imprenable sur une énorme poitrine flasque, un maquillage à la truelle qui cache mal la cinquantaine bien tassée... je me demande si c'est pas un homme d'ailleurs... on dirait le croisement iréel entre Loana et Sébastien Chabal...

Je ne traine pas trop au café (car j'ai peur), je retourne dans mon camion sur ce parking qui reste étonnement vide... je n'aime pas trop ça...

copieur d'autocollant FDR!

vénérable Turbostar

Resana

Mardi 20

Un seul camion est arrivé pendant là nuit, un Sicilien, il est garé à coté de moi - les rideaux tirés et le moteur allumé. Je retourne voir ma copine vulgaire pour prendre un café; au bar il y a une bonne dixaine de mecs qui reluquent son décolleté sans la moindre discretion, preuve s'il en fallait que l'Homme reste un animal.
De retour sur le parking il n'y a plus le Sicilien; je fais chauffer une dixaine de minutes et je pars. Un quart d'heure plus tard je suis chez mon client... le quai est occupé... c'est encore le camion Sicilien, il a apparemment décidé de me pourrir la journée.

Une heure d'attente, une heure de chargement, je file maintenant à Piacenza pour rajouter quelques palettes. J'arrive à 12h15, il n'y a personne, normal. Je me gare dans la rue, un chauffeur arrive et ouvre le portail : je l'interroge et il me répond "pas avant 14h30"... j'en suis ravis. Je reste donc là, je mange puis je tire les rideaux pour faire une sièste car depuis ce week end je suis malade et je ne fais que dormir. IL fait chaud, 26°c, je suis en plein soleil, j'en ai marre.
à 14h30 je fais le pied de grue devant le bureau, personne n'a l'air sympa là dedans, je dérange avec mon chargement.
Je manoeuvre dans la toute petite cour en transpirant de chaud mais surtout de peur avec ma Chéreau rutilante, une fois à quai je bloque l'accès à tout le monde (c'est grand ici).Un des mec aigris du bureau me charge, il y a une palette en plus que nous dépotons sur les autres : encore des minutes qui s'envolent. Je décolle de Piacenza à 16h.

Une pause à l'autoport et je fonce en direction du tunnel.
Dans le camion je n'écoute rien : je ne capte pas les grandes ondes, la radio italienne m'énerve, j'ai passé en boucles tous mes CD... donc je n'écoute rien, de toutes façons je reste persuadé que la meilleure musique pour conduire c'est de ne pas en mettre.

Je croise un troupeau de Frigo à l'entrée du tunnel de Courmayeur, peut-être vais-je arriver à temps pour attraper l'escorte!?... non... ils viennent de partir sans moi, je me gare sur la première place du parking, rien d'autre à faire. Comme je suis décidément hyper chanceux aujourd'hui, un convoi exceptionnel vient s'immiscer dans le lot : obliger d'attendre que le dernier véhicule entré coté français ressorte coté italien avant de passer... au total je reste une heure là haut, j'ai mangé tous mes ongles + le plastic mou du volant.

Je redescends comme une balle coté fromage qui pue, il n'y a plus de voitures à cette heure ci et je peux adapter mes trajectoires.

j'arrive à Bonneville avec 8h50 de volant mais aussi 15h10 d'amplitude, oui, oui, oui, oui, je sais M le contrôleur : j'ai pris le parti de faire une infraction, risquant ainsi la vie de millions d'automobilistes innocents et prudes... mais voilà, je voulais un WC et une douche...

haute couture italienne

rechargement refusé le lendemain

rizières

Mercredi 21

Douche à minuterie : depuis ma dernière mésaventure je prends toujours un jeton supplémentaire, une sorte de jeton en caution que je ramène si je ne l'utilise pas mais pour être sûr de pouvoir me rincer la tête coûte que coûte... je ne me ferai pas avoir deux fois!

A la station je tombe sur David de chez Bresse Fret, je paie le café.
Après 9h et 1 minute me revoici sur l'A40 pour une descente tout shuss sur la citadelle burgienne. Je me bats avec le pistolet pour faire le plein (combat perdu d'avance car il est armé), je passe un coup de rouleau (sans me faire rouler) et je rajoute des crochets (sans décrocher)... en relisant cette phrase je constate avec effroi que j'atteins le plancher du manque d'inspiration, un niveau 0 digne des plus beaux textes de Pascal Obispo.

J'ai le temps, il fait beau, je suis motivé : toutes les conditions sont réunies pour que je choisisse la route nationale. Ca roule telllement bien aujourd'hui que j'en oublie d'avoir faim : de midi à 14h je suis sur la route et c'est le pied, pas de grumeaux, rien. J'aime particulièrement les paysages morvandiaux : les prés à perte de vu saupoudrés de fleurs printanières; les vaches qui batifolent gaiement (tandis que la bétaillère est route); les vieux villages avec des vieilles maisons faites de vielles pierres et renfermants des vieux gens... halala, si je n'avais pas autant d'attaches à Pont de Vaux, je viendrais direct ici faire le paysan...

J'arrive à Paris dans la soirée et les embouteillages.

Je livre une plateforme située le long de la N2, dans l'Oise. Ce qui ne devait être qu'une formalité va prendre une fois de plus des proportions incroyables : tout d'abord le cariste renverse une palette faites de 140 cartons : nous reconstruisons le puzzle à deux, c'est long, c'est chient. Ensuite ils sort des palettes qui penchent dangereusement du fait que les cartons formant la base sont imbibés d'eau... résultat, 8 sont refusées... vers 1h30 du matin, alors que j'écris ces quelques lignes sur le parking de la plateforme, ils veulent me les recharger : d'une part il est hors de question que je bouge maintenant, d'autre part j'ai un chargement ailleurs demain... bref, on remet ça à plus tard, enfin on verra...

J'ai jamais de chance, toujours des galères, jamais je n'écris des anecdotes joyeuses... alors en voici une de ce pas : ce soir j'ai complètement occulté le match de ligue des champions de la baballe... Lyon contre j'sais pas qui... J'en jubile d'avance en vu des discussions inexistantes qui m'attendent au café demain.

j'aime!

Pont sur Yonne

saillant...

Jeudi 22

On recharge? on ne recharge pas? Ok on ne recharge pas, je m'en vais.

Après 30 minutes de route et trois mises à quai, j'ai 33 palettes dans la semie à destination de la Drôme; Comme hier je descends par la N6. Au début tout se passe bien, je roule en solitaire jusqu'à Avallon où je rattrape un beaucoup-plus-lent-que-moi : pas de problème, j'ai 45 minutes à faire - ça tombe plûtôt bien. Je mange, du gras du sel et du sucre, puis je reprends la route bien calé sous ma panse rebondie. A peine 5 minutes s'écoulent et je re-rattrape un plus-lent-que-moi. Je reste calme, il n'y a rien de grave après tout, je ne peux pas doubler alors je garde une distance et je suis mon camion-pilote. Nous roulons un moment et nous rattrapons à nouveau un camion plus lent... là ça commence à être pénible, j'ai beau faire des efforts pour être patient le mec stagne à 72 sur le plât... je suis chargé lourd, les deux de devant se collent, je ne peux pas doubler. Un autre arrive derrière moi, visiblement il est encore moins patient : il roule à 2m de mes portes décalé de moitié sur la voie de gauche, si lui non plus ne peut pas doubler il ne se prive pas de bien mettre la pression à tout le monde...

...marre de ce bordel : je passe à l'action!... j'aperçois une aire au loin, clignotant à droite et ciao! amusez vous bien les gars!
Je n'ai aucune raison de m'arrêter ici, maintenant, mais je préfère écouter les oiseaux un quart d'heure plutôt que rouler dans de telles conditions... je perds en amplitude mais je gagne en temps de conduite, ET EN STRESS !

15 minutes plus tard je redécolle... derrière un grumier... no comment.

Châlon Nord, autoroute A6, autoroute A7, aire de Pont de l'Isère, fin du voyage. Depuis le parking j'ai une vue imprenable sur la cour des Transports du Vivarais, une entreprise avec des camions verts - sauf 1 (gris je crois)
Si je me suis arrêté là, c'est parce que j'ai rendez vous avec Thomas dans le meilleur Gastro de la région, en vieux routiers que nous sommes nous avons des exigences!
22h, Thomas s'en va faire de la manut', moi je reste ici à écouter Lenoir.

chatoyant...

une pause, un peu d'air, et c'est reparti

rouler en CF et transporter une perle pareille... ouai ok : manger des knakis et transporter des carcasses charolaises...

Vendredi 23

Réveil à 6h, une douche rapide à la Esso et c'est parti, j'ai rendez vous à 7h chez mon client. 6h57 je suis à destination, plutôt déçu de ne pas être arrivé à 6h59. J'enfile mes chaussures de sécurité et mon gilet fluo; je décharge en suivant bêtement le tire pal électrique, tel un homo-sapiens mal réveillé suivant son clébart furibond... je me trouve ridicule.
J'ai le choix entre "attendre le contrôle de la marchandise - estimé à une durée de 4H - ou alors me barrer sans papiers, ces derniers étant faxés plus tard. J'ai l"autorisation de mon chef : je pars.

Je recharge avec Thomas à l'abattoir. Je bois mon 4ème café (un thé finalement)... et dire que dans mon portrait FDR on peut lire "je ne bois jamais de café et blablabla et blablabla"... n'a-t-on jamais entendu pareil mythoman?

11h nous partons de Valence, nous traversons Lyon dans une marée de dangereux inexpérimentés de la route, nous stoppons à "La Mitaine" pour manger cette fois-ci un vrai repas, avec fourchette, assiette et tout et tout...
Le repas fût bon : de la vrai cuisine faite maison qui justifie - je pense - le nom "La Mitaine" relatif à "la main" et signifiant peut-être "fait main" c'est à dire "pas sorti du congel"... il se peut aussi que je me trompe, que la gérante soit tout simplement une fervente admiratrice de moufles...

Retour sur Bourg pour complèter à l'abattoir. Dans ma cabine J'affectue un grand lavage de printemps et je retrouve plein de truc : 5 centimes, une boite de tictac avec 2 tictac dedans, 17 cheveux, 39 millions de micro-particules poussièreuses dont quelques centaines d'origine volcanique, la page 366 de mon Atlas-France, un vieux bout de claquette et quelques miettes de choco.

Je rentre dans la soirée.
En traversant la bresse mon oeil s'émeut devant la beauté singulière de ce paysage fait d'herbe, de vaches et de soleil couchant. Quelques Limousines, quelques Holstein, beaucoup de Charolaises : elles ont refleuri avec le printemps et paissent inlassablement leur chewing gum imaginaire (dixit Pierre Desproges). Je trouve cet animal vachement beau - et ce jeu de mot vachement pourri. L'oeil gros et doux laisse souvent entrevoir plus d'émotion que celui du star-académicien moyen. J'ai une soudaine envie d'être végétarien?! Non... ce n'est pas possible, j'aime bien trop les knakis... (knakis composés de 2% de viande au moins)... et puis il ne faudrait pas oublier que mon métier c'est de brasser des bouts de viande! Bon sang, je pense être l'être le plus incohérent qu'il m'ait été donné de rencontrer...

pegaso bressan

une journée avec Thomas

Samedi 24

Dimanche 25

Une machine à laver qui s'éternise et voilà je suis en retard... J'avais pourtant pas trop mal calculé mon coup pour partir à 15h30, finalement ce sera 15h45.
Mon programme ayant changé au cour du week end il me faut dételer la Chéreau neuve pour rateler une bi-temp' : je pars aujourd'hui pour une tournée de groupage, 6 clients dans un triangle Torino-Savona-Casteggio. Je décide de tenter Turin en 4h30 pour combler mon retard, normalement ça passe juste au départ du dépôt.

Il est 16h47 exactement lorsque je sors de la cour en suivant Thomas - on ne se quitte plus! Je prends directement l'autoroute à Bourg-sud pour ne plus la quitter elle aussi. Hormis la traversée de Chambéry et ses traumatisés du radar automatiques habituels, je ne rencontre aucun obstacle sur le parcours. Si bien que j'arrive devant ma première livraison avec 4h23 de volant, c'est mieux que prévu : j'avais prédis 4h29.

Je me gare dans la rue, l'endroit n'est pas top mais bon... il suffit de feindre de ne pas voir les voitures qui rodent - veilleuses allumées - à la recherche de je ne sais quoi (et je ne veux pas savoir)
Ce soir j'écoute un peu la radio en finissant un saucisson entamé il y a 3 ans, puis je pianote un peu le clavier de mon PC en utilisant seulement les index car je suis incapable de coordiner les 8 autres (comme lorsque je joue de la guitare)... bref je m'occupe en attendant le sommeil, qui tarde à venir d'ailleurs...

Lundi 26

J'ai laissé 5 palettes chez mon premier client; j'ai la tête dans les chaussettes mais je me fais violence, il n'y a pas de temps à perdre avec un tel programme. C'est parti donc, direction Asti. Je n'ai pas pris le temps de déjeuner, je n'ai rien sous la main alors je bois de l'eau... c'est très nul comme petit-dèj...
La deuxième livraison est rapide comme l'éclair de génie qui illumine mon cerveau lorsque j'entreprends de manger un morceau de cake pour combler mon estomac au bord de la noyade. Le passage près de Cuneo ne prend lui aussi que quelques minutes, j'ai déjà fait tous ces clients, je ne perds pas de temps inutilement.

Je descends maintenant sur Savona, sur cette côte d'Azur si belle qu'on la compare souvent à la plaine du Val de Saône. Ce n'est pas le fait d'aller à la découverte d'une adresse inconnue qui me stresse, c'est seulement que mon appareil photo n'a plus de batterie... et j'ai perdu le chargeur... "perdu" pas "oublié". A peine ai-je shooté un porte conteneurs que le voyant s'allume... et quelques secondes après plus rien. Tans pis on fera avec le téléphone. Je livre dans l'interporto, un endroit relativement facile à trouver, oui : "relativement" car c'est fléché "interporto" depuis l'autoroute, jusqu'à la sortie de la nationale où l'on tombe seulement sur "porto", ça sème le trouble... Le problème avec cet interporto c'est qu'il y a maintes procédures à respecter : gardien-pesée-parking-quai-bureau-parking-pesée-gardien-bureau-gardien... du temps qui s'égraine, un tachy qui le découpe à la hâche, des nerfs à vif.

Je ne serai pas à Tortone avant midi, d'autant plus que je dois faire la demie heure que toutes ces procédures m'ont empêché de caser dans l'enceinte de l'interporto. Je m'arrête manger devant la Méditerranée, tout près des premières pierres de Genova, entre le Poitou Charente et la Toscane; c'est beau, bizarrement cela ne ressemble que très peu à Châlon sur Saône.

A 13h j'arrive à mon 5ème rendez-vous, à 14h10 je pars. Il me reste alors 7 palettes d'emballages vides à poser tout près d'ici. Je n'ai pas encore de programme pour la suite, c'est mauvais signe. Pour l'heure on m'a indiqué le parking, alors j'attends, au beau milieu de cette usine dont les éffluves empestent ma cabine : il fait 28°C, j'ai le choix entre l'odeur ou la chaleur.
Je passe ma vie sur ce parking à attendre... et rien ne bouge! je les menacerais bien de sortir les palettes moi même en les basculant (j'ai regardé c'est possible), mais à quoi bon lancer un ultimatum si je ne connais toujours pas la suite de mon programme?... imaginons que je mette tout par terre pour passer une heure devant l'usine à attendre que le téléphone sonne, c'est ridicule. Alors je stagne dans cette odeur de moisi...
Cela va durer deux heures et comfirmer mon statu de poissard : persone chez Asotrans n'a déjà attendu deux heures ici pour vider des emballages!

deux, trois, cinq ou sept heures : peu importe finalement car j'ai la confirmation, je ne recharge que demain matin à Reggio.
Je prends la nationale jusqu'à Piacenza, puis, comme ça roule très mal je retourne m'agglutiner avec mes confrères sur l'A1. A 19h30 je suis à destination, j'essaie de faire un truc pas trop crade à manger, déjà qu'il fait chaud, que la zone est pas top et qu'un clébard n'en finit pas d'aboyer (peut-être après moi d'ailleurs?)

arrivée sur Savona

Savona

une pause avec vue sur la mer

Mardi 27

Toujours à Reggio Emilia, je suis réveillé par les secousses du camions lorsque les caristes ont la bonne idée de commencer à charger. Il est 7h30, j'ai bon espoir de partir d'ici entre 8h30 et 9h. Je suis effectivement complet très tôt mais, car il y a toujours un "mais" lorsqu'on est poissard, les papiers "ne seront pas prêt avant 9h30 - 10h" dixit le cariste pourtant très sympathique... Certes... attendons patiemment.

10h, j'ai tout ce qu'il faut, je pars pour Lyon. Il ne fait pas très beau, le ciel est voilé mais personne ne polémique. Je roule jusqu'à Bardonecchia où je fait ma pause midi de 14h.
Je passe en France et me sousmet à un rapide contrôle douanier derrière la barrière de péage de St-Julien-de-Maurienne, simple formalité - tout est en règle. Je poursuis sur cette A43 désertique, repasse Chambéry et ses traumatisés du radar automatique, et fonce enfin sur Lyon pour arriver avant 18h à destination.

On vide ce soir, je donne un coup de main car le cariste est tout seul. Avant de partir, comme j'essaie d'établir un semblant de conversation avec ce mec sympa, je place un insignifiant : "alors? tu regardes le match ce soir?" (demie finale de ligue des champions à laquelle l'OL s'est invité)... et le mec me répond : "quel match?"... bien fait pour moi, ça m'apprendra à dire n'importe quoi pour éviter le silence.

Donc, effectivement, ce soir c'est le grand soir de la déculotté pour les 11 dignes représentants de l'amicale Lyonnaise de balle au pied, et ça se traduit concrètement par un réseau routier désert, pour moi tout seul. Je recharge dans les collines de l'Ouest Lyonnais, dans un village où mon Tonton Bruno habite (vous saurez tout sur ma famille), alors je m'y rends gaiement, en admirant le splendide paysage sous un soleil couchant et une lune levante, tandis que le Bayern cruscifie déjà Lloris...
J'arrive à 21h, l'usine est en plein centre du bled, je me gare devant et laisse le camion pour passer une soirée en famille toute aussi plaisante qu'imprévue.

peinard, dans les airs

03c/ on se croirait à Anvers

Mercredi 28

Je ne sais pas à quelle heure ça ouvre, je ne sais pas à quelle heure ça charge, bref, je ne sais rien alors je vais voir devant l'accueil à 7h30. Je tombe sur un encravaté très gentil, il m'annonce avec beaucoup de précautions que le service expédition n'attaque pas avant 10h, puis il se rattrape en m'indiquant la salle de pause, le café, les sanitaires etc. Ici on fabrique du pain, ça se sent et d'ailleurs ce petit fumet de donne faim... je vais prendre un café dans la salle de pause indiquéé et j'ai le bonheur d'y trouver différentes sortes de pains frais sur une table, à disposition. Je me fais donc un petit-déj de guerrier : café + pain, on dirait plutôt une ration de prisonnier finalement mais c'est bon.

Je retourne au camion pour attendre 10h.

Il est 9h50 et je me languis sur le siège passager, le regard figé sur l'écran d'ordinateur. C'est alors qu'elle arrive, et la simple vision de sa beauté insolente est pour moi un choc; mon coeur se met à palpiter dangereusement, un flôt d'adrénaline vient bousculer mon système nerveux, je me mets à trembler, à me crisper, me tétaniser. Les yeux grand ouverts je la vois traverser la cour, resplendissante, majestueuse. A ses cotés, toutes les autres s'effacent, deviennent insignifiantes, aucune ne rivalise avec autant de rayonnement. Enfin elle s'arrète, là, juste à coté de moi, je peux encore mieux la dévisager et même la prendre en photo... toutefois je garde mes distances car son homme est là lui aussi... il vont très bien ensemble : _lui avec un jean slim, un tee shirt moulant et plein de gel dans les cheveux; _elle avec son teint violet, ses gros ailerons et son pot d'échappement démesuré. Lui fait parti de la sous espèce des "Jacky"; elle est une familiale qui répond au doux nom de "Renault Safrane".
Oui chère lectrice, tout ce romantisme à l'eau de rose fanée pour décrire l'arrivée triomphale de mon cariste... en Renault Safrane tuning!!! "Renault Safrane" déjà... bon ok... mais "Renault Safrane tuning" là c'est de l'ordre de l'iréel, de l'utopique, du surnaturel... J'ai l'impression d'être dans un rêve, il y a tout : le becquet, le spoiler, les vitres teintées, les adhésifs... et même plus encore : la peinture personnalisée, les jantes surdimentionnées qui continuent à tourner lorsque la voiture s'arrète. C'est un spectacle hallucinant.

Il est l'heure de charger. Sur le quai je tombe donc nez à nez avec le-mec-qui-a-osé-tuner-une-safrane, et il s'avère très sociable, voire carrément gentil. Mais bon, cela n'explique pas tout, c'est quand même le-mec-qui-a-osé-tuner-une-safrane! Je discute avec lui et je lance un très innocent : "c'est à toi la safrane?"... alors, le-mec-qui-a-osé-tuner-une-safrane s'engage dans un monologue passionné ventant les vertues de la Safrane tunée... et moi je bois ses paroles, emu de voir les yeux du mec-qui-a-osé-tuner-une-safrane briller lorsqu'il parle de sa voiture. Les jantes lui ont couté 2000 euros, il n'a pas fait monter les verins car s'est trop cher (4000 euros), là il n'investit plus dedans "car ma copine elle gueule" dixit himself... Je n'ai qu'une seule question à lui poser : "pourquoi une Safrane?" mais j'ai peur de le contrarier, alors je laisse planer le mystère, le mystère du mec-qui-a-osé-tuner-une-safrane...
Il n'empêche que ce type est super sympa, à la fin du chargement il m'offre même 4 baguettes de pain frais, je suis content (à part que ça fout de la farine partout).

Je pars en fin de matinée, direction Paris. La descente sur Feurs est moins rock&roll que la monté d'hier; ensuite c'est la nationale 7 - un grand classique. Comme j'ai largement le temps, je m'arrête manger au niveau de Lapalisse, je mange une baguette et essaie d'en refourger 2 à un chauffeur-voisin qui n'en veut pas... je rajoute du gazole et du fuel à l'IDS près de Moulins, puis je continue à monter en gardant la nationale - et en faisant garder des sous à Asotrans.
J'arrive dans la soirée chez mon client, le déchargement se passe à merveille (à peine 10 minutes), je coupe sur place et mange du pain.

je veux la même...

...pour aller en boite

Jeudi 29

Ce matin je recharge à Compiègne dans un gigantesque entrepôt, un véritable temple de la palette et du code barre. L'organisation a l'air au point : en moins de 5 minutes je suis à quai et des caristes s'activent pour moi. Je reste posté devant ma porte de quai et j'observe cet environnement étrange où les homo-sapiens se déplacent droits comme des I sur leur chariot autoporteur. Ces déplacements surnaurels son réglementés par des coups de klaxons : le langage primitif qui exprime au son du "pouet" toute une palette d'informations; exemples :
_"pouet!" = "je passe"
_"pouet-pouet!" = "hey, salut!"
_"poooouuueetttt!" = "dégage bordel!!!"
_"pouet pouet !... pouet pouet pouet !...pouet pouet pouet pouet !... pouet pouet !" = "je suis le gros lourd de la boite"
Ce qu'il y a d'encore plus étrange ici, c'est que les caristes valident leurs faits et gestes non pas avec un pistolet à code barre mais en parlant dans un micro acroché à l'oreille... si bien qu'on a l'impression de les voir parler tout seul... Pour résumer il y a ce matin devant moi une fourmilère de robots qui se déplacent en lévitation, en klaxonnant, en parlant vers personne.
Malgré cette organisation milimètrée, mon chargement s'éternise car Josette - le robot qui me charge - n'en finit pas de faire des erreurs.
10h, c'est parti, direction le Sud avec 5 livraisons pour demain matin, pas de temps à perdre. Je contourne Paris par Meaux-Melun, je rattrappe l'autoroute A5 et je m'y cale sur la voie de droite pour plusieurs heures.

Je prévois de rouler 10h, j'ai donc deux pauses obligatoires : Je fais la première vers Avallon, pour manger; je fais la seconde à Roussillon, pour me laver. J'arrive sur l'aire de Montélimar avec 9h30... je n'ai pas envie d'aller dormir sur le nouveau parking des camions garés en batterie, je préfère me garer à la sauvage, n'importe où. Je ne prévois pas non plus de resto routier, donc je passe aussi Donzère... je sors finalement à Bollène et je vais me caler dans une zone industrielle, je squate la grande cour de la coopérative municipale : il y a de la place, de la lumière, du silence, j'ai 9h56 de volant, c'est parfait.

Je mange des tortellini, je tente d'apprivoiser un vieux matoux érrant, je n'y arrive pas.

je squate à la coop

Vendredi 30

Pendant que le camion chauffe je révise une dernière fois mes itinéraires; il est 4h50, j'ai peu dormi mais je suis d'attaque pour une matinée de distribution.
Ma tournée commence à Alès, je trouve le client sans me perdre, je laisse 7 palettes et je descends sur Nîmes. J'arrive dans les premiers embouteillages mais je me faufile et ne perds pas de temps. Une manoeuvre ahurissante, 5 pal dehors, je fonce sur Arles. 5 minutes de tire pal et j'enchaine avec Les Angles. J'ai faillit accrocher une bordure dangereusement invisible chez ce client, je pense que je ne m'en serais pas remis. Ma dernière livraison est à Avignon-centre, dans une avenue facile d'accès si l'on mesure moins de 3m80... si l'on mesure 4m10 comme moi, il faut se reporter sur un tracé de fortune pour arriver dans l'autre sens. Je perds 20 minutes à tourner en rond autour de la cité des Papes sans rien même visiter, je parviens enfin à destination, la semie est vide à 11h et je suis assez fier de moi.

Je me précipite sur le téléphone (pour faire le malin auprès de mon chef)... mais je comprends vite que je me suis affolé pour pas grand chose, mon chargement étant prévu pour - au mieux - le milieu d'après midi. Bon... certes... no stress... je retourne tranquillement vers Bollène, je trouve un bout de parking le long de la N7, je mange, je fais une sièste, je regarde passer les collègues pressés qu'ils sont de rentrer chez eux, j'attends...
finalement je somnole une ou deux heures puis je me motive à reprendre le volant pour rouler les 10 minutes qui me séparent de mon client. Il est 15H30 lorsque je m'y présente... "Holàlà, c'est beaucoup trop tôt Monsieur, pas avant 17h..."
Mon amplitude fond, mes nerfs se crispent, un final digne de toute cette semaine : des attentes incessantes entourées de courses contre la montre.
17h, je fais du tire pal à 300 à l'heure en remuant tout ce bouge dans la chambre froide : c'est moi qui charge et cela ne traine pas. Je pars 20 minutes plus tard, pied au plancher... oui, pied au plancher car je n'ai pas envie de passer le weekend à Villard les Dombes où pire : St Marcel les Dombes... d'autant plus qu'il a une platrée de moules qui m'attend samedi à Moulins... Alors j'arrive au dépôt avec 15h15 d'amplitude; que le gendarme qui connait St Marcel les Dombes me jette la première pierre.

ce qu'on nous oblige à porter...

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