Mon Carnet de bord... Suivez mes aventures, semaine après semaine!

Juin 2010

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Mardi 1

Je livre au réveil dans cette grande plateforme où, c'est étrange, il n'y a quasiment personne. Pour sortir les palettes et faire des gros dérapages j'utilise un chariot autoporté qui roule vraiment vite... il doit être trafiqué c'est pas possible.

Faute de progamme pour le moment je commence à remonter, je repasse Rimini (le soleil est toujours en train de se coucher, c'est toujours aussi chatoyant)
Faute de programe je m'arrète une heure à Ravenne, une heure à faire la sieste tel un gros flémard que je suis. Le téléphone sonne : "rechargement à Modena"... ok c'est parti. Je localise la rue sur mon ordi et je détermine un accès par Modena Sud. Je sors donc à Modena Sud... et pour commencer je reste coincé un quart d'heure dans un embouteillage dû à un accrochage foireux entre une grand mère et un jeune kéké en voiture tunée. Cet accrochage est minime mais comme il est 12h15 le bouchon a une croissance exponentielle (ne me demandez pas ce que cela veut dire, j'utilise ce mot uniquement pour faire le malin).
Je finis par passer et arrive aux abords de mon point de chute... seulement je me trompe d'une rue, je m'embarque sur une route où il s'avère IMPOSSIBLE de faire demi-tour... pas de rond point, pas de cour, même pas de croisement pour manoeuvrer en warning... rien : Vas-y roule mon gars, vas visiter un peu la campagne! Je roule... je roule... les Km défilent et j'imagine mon chef dépité devant son écran d'ordinateur... lorsque soudain, Hallélujah, Gloire à Zeus aux plus hauts des cieux, je trouve un bout de terrain pour faire demi tour. Il s'agissait bien de la rue juste à coté, j'y serais allé s'il y avait eu un panneau...

Il est 13h, je suis à destination, c'est la pause - il n'y a personne, je me prépare une salade de tomates pour passer le temps et me nourrir.
A 14h30 et après plusieurs incompréhensions téléphoniques entre les différents partis concernant l'ordre et les conditons de chargement, je passe enfin à quai... à 15h je suis chargé... enfin presque, il ne reste plus qu'une seule palette à mettre... une palette qu'il va falloir attendre 1 heure car elle n'est pas prête; et personne ne me prévient : je suis devant le quai, le cariste a disparu, j'attends comme un con dans le froid... j'adore...

Bref je quitte les lieux à 16h, j'ai bien entâmé l'amplitude... alors je roule j'usqu'à épuisement de cette dernière, c'est à dire jusqu'au petit parking très nul qui précède le tunnel du Mont Blanc.

un château...

...au bord de l'Adriatique

hommage au "Pirate" chez Mercatone Uno

Mercredi 2

La surprise au réveil c'est qu'il y a une file d'attente impressionnante pour accèder au tunnel : aujourd'hui est un jour férié en Italie, les camions sont interdits sur les routes à partir de 7h donc tous les transfrontaliers se sont massés en nombre pour passer coté français. J'ai eû la bonne idée de rouler jusqu'ici : je ne suis qu'à 300 mètres du tunnel. Contre toute attente, j'ai à peine le temps de boire mon café gratuit que l'escorte débarque pour faire transiter les frigos... le parking est surchargé mais nous ne sommes que 3 à passer, les autres sont venus dormir ici pour ne pas rester bloqués dans la valée.

Je fais une première livraison et un premier quart d'heure de coupure à Annecy, je fonce ensuite livrer le reste sur Lyon. Je suis contraint d'emprunter la rocade est pour accèder à ce client, ainsi que pour retourner sur Bourg... c'est horrible... cette route est un cauchemard, tous à la queue leuleu comme des cons serviles pendant que les voitures tentent désespérément de s'insérer entre les wagons... j'ai roulé tout le long à gauche, j'assume.

De retour au dépot je laisse ma semie vide pour en atteler une pleine, faire les pleins (cette fois j'y pense) et retourner sur l'Italie sans perdre une minute en vertue d'une veille coutûme qui veut que le travail se fasse toujours dans l'urgence.
Il y a à nouveau le scanner mobile sur la route du Mont Blanc mais je passe entre les mailles du filet. Le parking de la régul est bondé comme prévu, je plains ceux qui se retrouvent au milieu. Sur la plateforme coté français je discute avec un ancien collègue de chez Ollier qui me donne quelques nouvelles du front, puis nous basculons tous deux côté italien.
Je roule jusqu'à Aoste, j'arrive au terme de mes heures et j'abonne l'eventualité d'aller à l'autoport en ce jour férié synonyme de place improbable. Je préfère m'arrèter sur un des grands parking qui jouxte l'autoroute, de toutes façons je suis lavé et je n'ai besoin de rien...

Je passe la soirée à préparer mes itinéraires pour une journée de demain qui s'annonce difficile.

je ne l'avais jamais vu celui là?

jour férié en Italie : camions stockés en France

les joies d'une montée derrière un convoi

Jeudi 3

J'aime ce genre de journées : des clients biens merdiques dans le nord de Milan, c'est une sorte de défi à surmonter.
Mon seul véritable souci c'est les embouteillages, je sais à quel point ils peuvent s'avèrer virulant dans la région. Heureusement je vise juste : je passe la tangenziale à 6h30, à cette heure-ci c'est encore possible. J'ai déjà livré mon premier client mais il y a longtemps et je m'en souviens peu. Je réalise que j'ai une bonne mémoire visuelle en retrouvant le parcours exact sans difficulté. Le deuxième se livre en pleine rue, en plein centre ville, j'ai fait dans le passé à 11h du matin et j'en garde un très mauvais souvenir. Je saurai à l'avenir ce client se livre sans aucun problème à 8h.
J'en ai plus qu'un et je commence à me sentir en grande forme au vu du déroulement de mon programme... pas question pour autant de sabrer le champagne de suite, pour celui-ci je pars vers l'inconnu. J'ai bien localisé la rue sur mon plan mais cette dernière à l'air vraiment tordue...
J'arrive dans le village - je suis aux aguets... soudain bingo : le panneau avec le nom de la rue... seulement il y a un bémol, il est accompagné d'un panneau "interdit PL"... que fais-je? où vais-je? qui suis-je? Allez, après tout il y a bien le nom de la rue! et puis c'est bien une spécialité italienne de mettre un panneau interdit-PL là où ils doivent passer! je m'engage dans la rue. Une épingle; une autre épingle; je croise une voiture dont l'occupante me regarde d'un air inquièt; je commence à avoir des frissons dans le dos... j'approche apparemment du centre-village, je croise une autre voiture dont l'occupante est encore plus inquiète... et j'arrive en plein cauchemard : un panneau 2m20 de large maxi planté devant un carrefour où je n'imagine pas tourner à gauche et encore moins à droite. Warning, je vais analyser l'ampleur de la situation merdique à pied pendant que derrière on commence à faire demi tour. Je décide de tout refaire en marche arrière... en appréhendant les épingles... lorsque une voiture s'arrète et l'occupante m'indique de la suivre en tournant à gauche... "impossible" lui dis-je en analysant encore une fois l'étroitesse du croisement et le devers de la rue... elle me répond que d'autres sont déjà passés... certes... je tente le coup, pâle comme un linge lavé avec Ariel Double action. Aujourd'hui encore je ne sais pas comment je suis passé : impossible de mettre la main entre la semie et le mur : c'est passé au centimètre et j'ai suivi la voiture dans les rue pour atteindre mon client qui se trouvait bien dans la même rue - mais de l'autre côté... quelle aventure...

Pour repartir je vais passer sous un pont à 4m en baissant les suspensions à fond et en ramassants mes ailes par la même occasion... l'aventure n'est jamais finie...
Je suis vide et je recharge sur Mantova. Je coupe donc à travers la Lombardie pour rejoindre Bergamo, ce qui me coûte près de deux heures.
Je recharge et je décide de faire mes 11h sur place pour profiter - sans courir - de la douche et du réseau Wifi.

Je repars à 23h30

sur la route de Milano

je veux le même chef?!

l'air est jaune de pollution dans les tunnels

Vendredi 4

Le frigo a tambouriné toute l'après midi dans mes oreilles et j'ai peu dormi. Je tiens néanmoins une patate venue de je ne sais où qui me motive à rentrer au dépôt en traversant l'Italie comme un éclair. Ce genre de road trip nocturne me rappelle les remontés de Girone vers Pont de l'Isère : je n'étais jamais faigué malgré le manque de sommeil.

Je pose une partie du chargement à Attignat, au petit matin, et je rentre au dépôt - fin de la semaine.

au dessus des nuages il fait beau

du nouveau Highline chez TGC

Samedi 5

Dimanche 6

Quelle surprise! Mon chef me l'a annoncée à la dernière minute et je ne m'y attendais vraiment pas : cette semaine je pars pour la Suède ! La Suède ? Le pays scandinave situé... situé où ça exactement? par là-bas en haut... coool !!!

Le départ étant prévu mardi, il me faut m'occuper un peu pour ce début de semaine, ainsi je commence d'abord par un tour d'Italie en ce dimanche - 16h30 - vite, vite, je suis en retard.
Je sors de mon appart en oubliant mon appareil photo... heureusement un éclair d'esprit vient illuminer mon cerveau ramoli, (j'avais tout juste passé le panneau "Pont de Vaux - village vivant"); je fais demi tour, accentuant un peu plus mon retard. Il tombe une pluie battante et je mets le pied au plancher pour atteindre Bourg en Brousse, puis le dépôt où je manque de me payer le portail en le passant in-extremis et en dérapage alors qu'il se fermait automatiquement... c'eût été grandiose.

Alors me voici aux commandes du FH, paré pour un grand voyage... enfin "paré" c'est vite dit : il faudra déjà que je localise la Suède sur une carte. Pour l'heure je descends voir la Méditéranée, je descends avec une livraison pour Savona et une autre pour Cuneo.
Je traverse le désert aride de la Maurienne et passe coté italien pour faire ma pause quiche lorraine à Bardonneccia. Puis je descends sous la pluie, passe Torino sous la pluie, et arrive à Savona sous la... tiens ça s'est calmé?... non c'est une blague : sous la pluie bien sûr. Il y a beaucoup de frigoristes garés en vracs devant l'entrée du port, je tire les rideaux en espèrant juste que nous ne vidons pas tous au même endroit... Je sais : je suis toujours en train d'espèrer plein de trucs, je suis un stressé de la vie, vous m'auriez vu le jour de mes exams : comme un con je ne mangeais même pas Bio de Danone... c'est dire...

au Fréjus

la nuit tombe sur Susa

Lundi 7

Après avoir espéré toute la nuit au détriment de rêves fantastiques dans lesquels tous les oiseaux avaient 4 ailes, je me lève d'un bon et je vais me présenter au poste de garde, non pas pour faire connaissance mais pour vider mes 6 palettes de cochon. On me fait entrer, on me dit d'attendre au camion - on viendra me chercher. Je me gare devant les quais et je reste planté sur mon siège, comme on me l'a indiqué. Une demie heure passe... je suis avachi sur la portière en train de faire de la buée sur la fenêtre, personne ne vient. Cela fait maintenant une heure et j'en ai sacrément marre : j'ai bien fait deux - trois dessins sur ma fenêtre mais là ils vont me mettre sérieusement dans la merde... et tout ça pour 6 palettes. J'appelle mon chef et ho surprise : je passe à quai 5 minutes après... pfff, ce genre d'endroit m'horripile...

Me voici donc très en retard pour effectuer ma seconde livraison, je prévois d'arriver à 11h30 : cela reste jouable s'il n'y a pas d'autre camion devant moi. J'arrive effectivement à 11h30 et un collègue Polonais est tout juste en train de se mettre à quai... génial...
Je me retrouve donc planté là, dans un endroit au combien pitoresque : une gigantesque usine d'aliments pour chiens et chats. Il fait chaud, il y a une odeur abominable qui s'invite jusque dans la cabine, dehors on peut voir des bacs remplis de vicères en plein soleil, les mouches sont légions... voici donc l'envers du décor de la pub "Gourmet 3 étoiles" où un ce con de persan imagine manger du premier choix...
Je vide en debut d'après midi, je peine à rester sur le quai tellement ça pue, d'ailleurs en partant moi-même je pue.

Avec ce mauvais déroulement des opérations mon chef réorganise le planing et m'envoie recharger au nord de Milano, je pensais rentrer au dépôt ce soir - ce ne sera pas possible. Je charge complet le temps d'une coupure et repars vers le Mt Blanc. Je suis tout seul sur le parking pour attendre l'escorte, c'est mauvais signe : ils viennent sans doute de partir. Effectivement j'attends une grosse demie heure et lorsqu'ils reviennent ils font passer un convoi exceptionnel, ce qui me coûte une demie heure supplémentaire.
Aujourd'hui tout va l'envers, et je ne suis pas au bout de mes peines : Il y a des travaux dans la descente coté Français avec circulation alternée : encore une demie heure de perdue. J'arrive au Châtelard avec 8h45, allez hop y'en a marre de cette journée pourrie, je me gare à coté des pompes et je vais manger. A table je retrouve Aldo et Eddy, deux légendes de chez Nabucet, deux habitué - et ils ont bien raison - du Châtelard.

fonctionnel ce FH

bel ensemble

beaucoup de temps perdu au Mt Blanc

Mardi 8

Bien mangé, bien dormi, bien douché, je quitte le Châtelard et descends sur Bourg en Bresse - point de dépard de mon aventure hebdomadaire. Au dépôt je vide la semie et je mets tout juste 100 litres de gazole pour assurer le coup jusqu'au Luxembourg, pas plus. je fais 45 minutes et je dis au revoir à tout le monde, il est temps d'aller charger à Moulins, la capitale mondiale du repas des routiers fiers de l'être.
J'arrive dans la rayonnante cité bourbonne, qui est aussi, je vous le rappelle, la ville officielle du costume de scène (un titre que Vierzon lui jalouse sans toutefois parvenir a un tel niveau de compétence) Il est 13h, je suis dans la cours de mon client, tout le monde est en pause, je me mets à quai et j'attends devant une salade thon/maïs/feta un peu bizarre.

je charge en une demie heure, puis je vais faire les papiers : ma main droite n'en revient pas d'écrire "Sweden" sur le CMR...
15h, c'est parti. Pour le moment je n'ai pas encore trassé d'itinéraire, je vais juste au Luxembourg. Je roule 4h et j'atteinds une station Total par hasard; le parking PL est saturé alors je me dirige vers la sortie... et là je trouve une magnifique place sous les arbres sans voisins avec qui partager le bruit de frigo qui m'acompagne : c'est parfait, d'autant plus parfait que j'ai 8h57 de volant. Je prends le temps de faire ma vaisselle au bidon, puis je décide de partir à la conquète de la station pour y trouver un éventuel truc à manger... sandwich "triangle" à 4,50 euros, tranches de jambons à 3,75 euros, barquette de taboulet à 3,90 euros... on se moque du monde, finalement ce sera une bouteille d'eau minérale (à 90 centimes tout de même)!

De retour au camion je gratte dans le fond de mon placard du haut pour y sortir mes cartes les plus improbables : "Allemagne du Nord", "Benelux", "Europe", et j'essaie de concocter un itinéraire. J'utilise aussi "l'appel à un ami" pour faire des choix stratégiques : l'important étant de calculer jusqu'où je vais rouler en Allemagne pour prendre ma LKW Maut en fonction demain.
Je suis sensé prendre le bateau à Lubek demain soir, mais je sais déjà que ce ne sera pas possible : je prévois d'attérir dans les environs de Hannover.

une très bonne place de parking

quel plaisir de déplier les cartes!

Mercredi 9

Toute la nuit des camions sont passés et ont essayé de se garer en vrac sans succès, l'aire est saturée depuis 18h.
Ce matin je décolle au terme de mes 9h de repos; il fait nuit, il pleut, je suis sur l'A31, c'est d'une grande tristesse... lorsque le jour se lève je suis en Lorraine : c'est encore pire. En effet je traverse Metz sous le déluge... "Metz"... même ce nom "Metz" je le trouve triste. Je roule jusqu'à Pont à Mousson - toujours sous la mousson justement - et je m'arrète sur l'aire de Loisy où je me fais une place très difficilement sur ce lamentable enchevêtrement de poids lourds qui fait office de parking. Je reconnais le pompiste : toujours le même depuis mes montées dominicales de l'époque Vivarais, il me délivre l'Eurovignette pour 16 euros les deux jours. Ensuite j'affronte l'écran tactile de la borne à toll collect, je retourne au camion chercher ma carte pour m'en sortir mais au final je me débrouille plutôt bien et je repars triomphant avec les précieux tickets en poche.

J'arrive au Lux à 7H, il y a déjà beaucoup de monde sur l'aire de Berchem alors je trace jusqu'à la suivante, jusqu'à la station Esso à la frontière avec l'Allemagne. Je fais le plein à ras bord, du tracteur et de la semie, puis je me pose sur le parking pour 30 minutes de repos complémentaires.

Me voici donc in Deutschland, ça faisait longtemps. Je connais peu ce pays, je l'ai peu arpenté en camion, je ne sais pas où se situent les principales villes, je ne sais pas "comment" on roule ici, par contre j'ai quelques vieux restes du collège qui me permettent de m'exprimer un minimum dans la langue de Goethe (et de Ballack). Ainsi je suis confiant et je n'hésite pas à m'arrèter sur une station pour y manger une spécialité locale chez Burger King - le roi du pneu entre deux bouts de pain.
Je reconnais cette station au premier coup d'oeil : c'est celle-là même sur laquelle je m'étais fait arrêter par la BAG pour un défaut de LKW Maut dû à mon employeur montagnard de l'époque, un défaut qui m'avait coûté 123 euros de ma poche, "de ma poche" en effet car j'ai égaré plus tard le chèque de remboursement...

Avec le destinataire nous revoyons le déroulement des opérations : mon itinéraire passera finalement par le Danemark, j'en suis ravis! (un pays de plus à accrocher au palmarès)

Au niveau de Dortmund je me retrouve enlisé dans un énorme bouchon et je perds 20 minutes environs. Je suis donc contraint de revoir mon point de chute : avec 8h50 de volant je me laisse guider par un panneau "Autohauf" à Mellendorf au nord de Hannover, j'arrive sur un grand parking et je ne sais pas trop où me poser vu que les "coins" sont déjà occupés... finalement je me mets dans le fond, on verra bien. Il est encore tôt et il fait une chaleur insupportable : il ne fait pas beau, il fait lourd : 31° nuageux... rester dans la cabine relève de la folie alors je fonce prendre une douche. Pour deux euros, c'est à dire pour le même prix qu'un filet d'eau tiède sur l'aire de L'ile d'Abeau, je trouve ici une douche incroyablement incroyable : c'est grand, c'est propre et ça sent bon. Cet endroit est vraiment un bon point de chute, tout y est parfait, pour fêter ça je fait une chose que je ne fais nulle part ailleurs : je me pose en terrasse avec un verre. Il faut dire que retourner dans la fournaise avec le frigo qui tambourine ne m'enchante pas des masses... alors je prends un drink et je trinque "à Zidane" comme d'habitude. Je fais un saut dans la station pour y prendre ma taxe du lendemain puis je retourne au parking qui se remplit progressivement.
Dans la soirée un type vient me voir et m'explique que je ne suis pas garé au bon endroit avec mon frigo... certe, je lui retourne que je suis arrêté depuis un moment et que je ne peux pas bouger comme ça... pas de souci, il me tend sa propre carte de tachygraphe pour que je puisse me garer correctement sans casser ma coupure. Alors je manoeuvre avec sa carte et tout rentre das l'ordre : ici on a pensé à tout. Je ne le savais pas mais la nuit coûte 5 euros, une somme déduite du repas s'il on mange sur place - chose que je décide alors de faire. Tout d'abord j'ai choisi une salade + un plat... la serveuse m'a regardé de travers, un de ces regard qui veut dire : "heu... t'es bien sûr de toi là?"... alors je n'ai finalement pris que la salade et, en la voyant arriver quelques instants plus tard, j'ai compris ce regard inquièt de la serveuse : une salade à Mellendorf c'est 2 cotelettes de porc + une salade garnie + une papillote de pomme vapeur = un repas complet pour une personne normale (non routier Allemand). Après cela je n'en peux plus et je vais digérer dans la couchette, oubliant du coup qu'il fait trop chaud pour dormir.

Thionville

depuis la frontière germano-luxembourgeoise

gastronomie allemande

un stade au bord de l'autoroute

très bon autohauf

Jeudi 10

Le réveil sonne à 2h et je suis surpris de voir qu'il y a encore de la lumière au restaurant. Je m'en rapproche et, non, je n'hallucinne pas, il est bien ouvert. Je peux donc boire un café et dicutailler avec la serveuse. Cette dernière me demande si je désire manger... c'est gentil mais non, y'a plus de place...

2h30 c'est parti. Je quitte ce paradis du routier pour me poser sur l'autoroute déserte. Il se remet à pleuvoir, ça faisait longtemps.
Je roule vers le Nord en direction du Danemark. Je passe Hambourg, la célèbre ville qui abrite des milliers de hamburger, puis Lubek la ville où j'étais sensé prendre le bateau pour Malmö, j'arrive enfin à Puttgarden, petit port au nord de l'Allemagne qui assure les liaisons maritimes avec le Danemark. Je n'ai jamais pris le bateau avec un camion, autant dire que je ne suis pas très détendu en arrivant au port. Je découvre avec étonnement que c'est extrêmement simple : il suffit de suivre les panneaux avec un camion dessus, on arrive alors sur un parking avec un bureau d'enregistrement, une fois cette étape passée on suit à nouveau les panneaux et on entre dans le ventre d'un ferry se coller avec les autres camions : un jeu d'enfant.
La traversée est courte : 50 minutes, juste ce qu'il faut pour une coupure. Pour cette première fois j'embarque sans même attendre 1 minute. Je monte direct sur le pont pour me mettre la truffe au vent et profiter de l'air du large. Je réalise qu'il fait froid et que je n'ai pas de blouson... c'est malin, je pars en Suède sans blouson! (si je me souviens bien il était arrivé la même chose à l'aventurier DavidBruno). Je passe les 50 minutes sur le pont et je réalise que j'ai beaucoup de chance de faire ce voyage, qu'on est mieux ici dans le froid qu'au chaud dans sa cabine sur la rocade Est lyonnaise. Bref, soudain, je suis content!

J'améris à Rodby, côté Danois. Une fois la gueule du bateau ouverte, les tous petits camions s'en echappent telle une nuée de mouches.
Me voici donc au Danemark, dans la pluie et le brouillard, on ne voit pas grand chose. Je prends la direction de Copenhague (qui s'appelle ici Kobenhavn), c'est de l'autoroute au milieu des champs tout le long. Néanmoins je passe par dessus quelques bras de mer et j'en profite pour shooter à tout va avec mon numérique.
De Kobenhavn je ne verrai pas grand chose hormis cette rocade qui ressemble à celle de Dijon ou de Nantes... il faut attendre Helsingor pour en prendre plein les yeux. Helsingor est la ville portuaire qui se rapproche géographiquement le plus de la Suède : c'est juste en face, on voit la côte. Le port est situé en plein centre et offre une vue magnifique. En arrivant et après avoir effectué les formalité administrative, je pensais m'engouffrer dans la gueule béante du Ferry "Scanlines" identique à celui pris 3 heures auparavant. et non, comme il est déjà surchargé on m'indique un deuxième bateau sur la gauche, plus petit, plus vieux, plus moche... mais juste en face du centre ville et à côté d'un magnifique château... du coup ce bateau est royal : je grimpe une fois de plus sur le pont où le vent est encore plus froid et puissant que ce matin, je contemple le paysage et je suis une fois de plus très content d'être là.
A seulement quelques kilomètres c'est Helsingborg, c'est la Suède. Le bateau démarre, le Danemark s'éloigne, la Suède se rapproche.
La traversée dure une vingtaine de minutes, puis les portes s'ouvrent : me voici enfin à Simard. (blague que seul "le Suèdois" et son entourage peuvent comprendre)

Je n'en reviens pas de me retrouver là, je tente la photo devant les bateaux mais je ne trouve pas le bon angle, alors m'enfonce dans la ville pour rattrapper la E4 direction Stockholm... "direction Stockholm" rendez-vous compte! Bon restons calme, je ne vais pas bien loin, à seulement 40 Km du port. Il est 11h00 je tente la livraison avant midi.
Première impression : c'est icroyable le nombre d'ensembles de types rallongés que l'on rencontre : il n'y a que ça! il y en a plus - on dirait - que des ensembles "normaux". Malgré le temps pourri, mon appareil photos est proche de la surchauffe.
11h30 j'arrive dans le village-destination et je tente logiquement la zone industrielle. Je tourne un moment et je ne trouve pas... je m'arrête demander à trois reprise (en anglais) et personne ne connait... puis soudain le téléphone sonne : c'est mon destinataire qui m'apprend que je n'ai pas la bonne adresse sur le document... cool! Je repars donc dans la bonne direction et arrive à destination à midi pétante. Je vide dans une usine ultra moderne au milieu des bois.

Une fois soulagé de mon lest, Je remonte direction Goteborg pour un rechargement à 1 heure d'ici. Toutes les routes que j'emprunte sont larges, on a pas peur de se perdre : le demi tour peut se faire n'importe où. Je rencontre toujours autant de "trains routiers" et je shoote toujours autant. Le problème vient du ciel : il pleut de plus en plus et les 3/4 de mes photos sont ratées.
Je tombe sur un Mc Do avec un gigantesque parking juste à coté : je profite d'un quart d'heure pour goûter à la cuisine locale... et bien ça à le même goût qu'à Dijon ou Nantes... sauf qu'ici j'ai eû l'air bête en présentant des euros pour payer : la monnaie est toujours la Couronne Suèdoise et je n'ai pas fait de change en arrivant...

Je recharge en début d'après midi, il pleut des seaux, comme à Dijon ou à Nantes. Il me reste à peine une heure à rouler alors j'essaie d'attérir sur un endroit duquel je pourrai shooter du camion à tout va... finalement j'attéris sur un parking plutôt moyen, et il pleut trop pour partir en vadrouille. Il y a une petite station à côté du parking, j'ai bon espoir de pouvoir y acheter l'Eurovignette... mais non, il ne la vendent pas ici... alors je retourne au camion dormir un peu...

10a un château au Danemark

10b port d'Helsingor

10c arrivée en Suède

10d impressionnant...

10e existe aussi en Volvo

Vendredi 11

Ce matin je décolle donc sans la taxe... je suis à l'affût d'une autre station jusqu'à Helsingborg mais il n'y en a pas...
J'arrive dans le port vers 4h et une fois de plus je passe direct, sans attendre une minute. Je dis donc au revoir à la Suède, sous la pluie, dans le brouillard, et je monte une fois de plus sur le pont pour profiter de la vue.
Une vingtaine de minutes plus tard me revoici au Danemark, lancé dans les rue de Helsingor, toujours sans eurovignette. Je tente une station... elle est fermée... alors je m'embarque sur l'autoroute de Kobenhavn avec comme objectif de m'arrêter à la première venue. Je roule, je roule, je roule, je passe la capitale danoise... et toujours pas de station, voici maintenant 1H30 que je suis parti et que je roule sans taxe! Soudain miracle : une Shell! je m'y arrête, je saute du camion, j'arrive devant le pompiste... il m'explique que son appareil est en panne et qu'il ne peut pas me fournir de taxe...ptin on se croirait en France! Je continue donc, dans l'angoisse d'un éventuel contrôle, j'aperçois un centre routier... là je suis sûr de l'avoir mon ticket! hé bien non, la caissière me dis qu'elle ne sais pas comment marche la machine et qu'il faut attendre son collègue qui arrive dans 1/2 heure... là ça me soûle! j'attends... et lorsque le collègue arrive j'ai enfin mon précieux ticket... mais quelle galère!

Je fonce sur Rodby et j'arrive, c'est incroyable pile avant la fermeture de la porte géante du bateau... les 4 fois le même scénario!
Je prends le temps de visiter un peu mieux ce bateau : rien à voir si ce n'est les agitations frénétiques des touristes qui se ruent dans les boutiques détaxées pour acheter du parfum alors que, juste au dessus, sur le pont, on peut respirer à pleins poumons l'air iodé, les cheveux dans le vent, en se faisant arroser par la bruine glaciale et la fiente de mouette, et tout cela pour pas un rond! allez j'y retourne, rien à foutre de Chanel et Philip Morris!

Lorsque je débarque à Puttgarden nous sommes à l'apogée du déluge : j'effectue mes premiers tours de roues sur une autoroute détrempée avec une visibilité quasi nulle.
Heureusement cela ne dure qu'un temps et le ciel se dégage petit à petit... à un moment on aperçoit même du bleu, c'est dingue!
Je décide de redescendre via les Pays Bas pour économiser en autoroute, et pour voir les Pays Bas. Je fais Hambourg - Brême à 12 Km/h, empêtré dans les embouteillages. Mon objcectif est d'atteindre au moins la frontière pour ne pas avoir à rendre la LKW Maut demain... Avec décidément beaucoup de chance, j'arrive à cette frontière pile au bout de mes heures, il y a là un grand parking, un resto, des sanitaires nickel... bref un endroit très bien pour y faire une coupure de 24 heures.

J'ai pas mal de sommeil en retard et je me couche sans mettre de réveil, au risque de me réveiller mardi...

on s'en va!

près de Puttgarden

terrible!

paysage allemand

c'est quoi ce truc?!

Samedi 12

Moi qui pensait me réveiller à 14h il n'en est rien : à 6h50 je saute de la couchette.
Comme le resto est agréable je reste à long moment làbas, le nez planté dans mon écran d'ordinateur à rattraper un retard carnetdeboristique presque insurmontable. Du coup le temps passe très vite, le début d'après midi et la fin du "week-end" arrive déjà.

16h, c'est reparti, sous le soleil (ça change) mais avec un vent de folie. Je n'étais jamais monté aussi haut en terres néerlandaises, les paysages sont superbes. Des plaines à n'en plus finir, des éoliennes à perte de vue, une eau bleue foncée - limite violette... et aujourd'hui j'ai le temps avec moi, un soleil qui illumine ce décor maginfique et un vent qui fait tourner les éoliennes.

Je passe Groeningen, puis Utrecht, il n'y a aucun camion sur la route, je n'en reviens pas... je ne sais pas si c'est férié aujourd'hui ou bien si c'est tous les samedis comme ça... il y a moins de camions que le dimanche en France. Alors je roule sans lever le pied, et comme c'est tout plat j'établis une excellente conso.
Entre Utrecht et Breda entre deux moulins on peut voir des prés avec toutes sortes d'animaux qui paissent au même endroit : des vaches avec des moutons, des chevaux, des poneys et des oies... j'ai même vu un pré avec des vaches et des châmeaux... Peut-être le Hollandais tente-t-il la cohabitation des espèces pour en créer des nouvelles? Peut-être le poney est-il la rencontre hasardeuse d'un étalon en rut avec une chèvre mal-chanceuse?

Je continue ma descente tout shuss sur la Belgique, je fais 45 minutes à Meer entre les Polonais, les Roumains et les Hongrois qui se languissent derrière leur pare-brise parce que ça pue trop la pisse sur le parking.
Me voici déjà en Belgique, pas pour longtemps - je ne fais que passer : un demi tour de ring d'Antwerpen, une grande ligne droite jusqu'à Rekkem et c'est déjà la France. Ca y est, la boucle est bouclée, finie l'aventure, les bateaux, les trains routiers... Je prends des nouvelles à la radio, j'y apprends entre autres que l'équipe nationale brille de plus en plus et que "je crois que bon, on est tombé sur un très bon Uruguay"... pfff

Un peu de Gazole à l'IDS - Libercourt, puis je roule la fin de mes heures, je passe Rouen et echoue sur une petite aire de repos de l'A28. Fin de la journée.

au bord de l'eau

la mer, les éoliennes

au niveau d'Utrecht

cela faisait longtemps que je n'étais pas passé là

cliché de Hollande

Dimanche 13

Ce matin non plus je n'ai pas mis de réveil, je dois livrer demain dans le 86, j'ai tout le temps de faire la grasse matinée. Finalement je vais quasiment passer ma journée à dormir... il n'y a rien à faire, rien à voir dans les environs, il ya juste une pauvre cabane à frite posée là, c'est nul.
Ce week end c'est les 24h du Mans et, environ tous les quart d'heure, un bolide s'arrête ici, fait ronfler pour épater la galerie et m'empêcher de dormir.

Le soir avant de redécoller je décide - poussé par la fénéantise de me préparer à manger - de rendre visite au chef cuisto de la cabane à frite. Lorsque j'arrive ce dernier nettoie sa plaque chauffante à l'Ajax ultra dégraissant... et lorsque je lui demande un sandwich américain il passe seulement un petit coup de sopalin avant de balancer mes steak... ensuite il vaporise la hotte juste au dessus, pour encore plus de soude caustique dans la viande... enfin il éventre un bout de pain mou qu'il remplit de frites grasses pour accompagner mes morceaux de semelle et conclure ainsi son chef d'oeuvre : le "sandwich américain"... cette merde m'a couté 6 euros 50, j'ai failli le mettre direct à la poubelle et puis non, au risque de perdre quelques années d'espèrance de vie je l'ai bouffé (toujours animé par ma fénéantise de me préparer à manger)
Après ça je reprends la route jusqu'à mon lieu de livraison, j'arrive à minuit et me gare à coté du quai.


on est pas des masses à rouler aujourd'hui

Lundi 14

J'ai dû gèner tout le monde pour les mises à quai mais personne ne m'a réveillé. Alors je démarre cette journée en douceur, avec mon célèbre petit déjeuner : choco - compote, riche vitamines et en acides gras essentiels idéals pour le chauffeur routier.
Je décharge et je donne quelques nouvelles de moi en appelant au dépôt, cela faisait longtemps. J'écope en retour d'un rechargement composé de deux ramasses dans les environs d'Orléans, les deux dans des grosses plateformes logistico-merdiques, j'appréhende...
Pour la première, keine probleme : juste un peu d'attente mais pas trop, juste une machine qui me sert un gobelet d'eau en guise de thé pour 40 centimes, juste un colis à échanger sous peine de réserve de ma part car attention je suis éxigent. Au final, ça va, les gens sont plutôt sympas ici et je me sauve après avoir fait le tour du batiment, c'est à dire 2 km en respectant la vitesse du protocole de sécurité : 2O Km/h.

Deuxième chargement au nord d'Orléans. Malgré la cour bien chargée j'ai la surprise de passer à quai direct et je commence à réviser mon jugement sur ce genre d'endroit jusqu'à présent méprisé. Mais voilà, tout ne peut pas perdurer aussi idéalement... la galère commence au moment de faire les papiers. Je passe sur le sas de réception, déjà maintes fois détaillé dans d'autres situations : l'odeur des toilettes ambiante, les 8 chauffeurs qui transpirent, les réceptionnaires qui s'en tapent... bref la totale. Pour aujourd'hui, la péripétie vient de l'imprimante : elle ne fonctionne pas, aucun BL n'est édité, les chauffeurs s'entassent derrière le hublot, la tension monte mais personne ne semble inquièt de l'autre côté... Je me retrouve coincé là dedans, au bord de la rupture; ce n'est pas le fait d'attendre qui m'agace, c'est de supporter les conversations déviantes de mes amis collègues : on part des lieux communs inévitables en telles circonstances pour aboutir dans des péroraisons débilo-racistes insupportables, et cela parce que notre vis à vis est d'origine non-morvandelle très prononcée. J'ai les nerfs à vif, j'abandonne l'idée de me lancer dans une quelconque polémique avec ces sans-cerveaux, je m'enferme dans le mutisme sans leur jeter un regard... 45 longues minutes plus tard les documents arrivent, il etait tant.

Je redescends sur Bourg en Bresse en découvrant une nouvelle interdiction sur la N7, une de plus, et pourquoi ne pas interdire carrément les PL sur l'intégralité des routes nationales? Pourquoi y aller à taton si l'on y tient tant?

J'arrive au dépôt à 22h30, je m'occupe jusqu'à 0h30 puis je dors sur place.

Richelieu

superbe

et une interdiction de plus!

Mardi 15

Réveil tranquille, café, récit de mon aventure suèdoise, photos de vacances, j'en oublierais presque que je suis sur mon lieu de travail. Je décolle doucement, en fin de matinée pour deux ramasses à Mâcon - la plus belle ville du monde après Vesoul.
J'ai bien fait de frotter le camion jusqu'à très tard hier, je redécolle sous la pluie. Pour couronner le tout ma première ramasse se fait dans une cours boueuse et ornièrée... oui un champs de patate. Une fois à quai j'entame la conversation avec le cariste très sympa qui, à ma grande surprise me connait, du moins il se souvient de mon rutilant camion gris à l'entrée de Pont de Vaux... c'est dire si j'ai marqué une génération...
J'arrive à 13h pour ma seconde ramasse, en accord avec le cariste qui s'affaire sur une autre semie, je laisse la mienne à quai et je pars chercher le bonheur dans le centre commercial tout proche. J'y achète des paquets de choco par milliers et je reviens pile pour la fin de mon chargement. Avec un chauffeur béarnais nous tentons de renseigner un collègue Roumain qui se demande bien comment aller à gondreville; je m'en vais moi vers le sud ouest, direction Mont de Marsan.

Je trace un itinéraire dépourvu de péage (hormis l'incontournable Montmarault-Montluçon) et je commence à descendre.

Je dois caser 45 minutes de pause quelquepart entre Guéret et Limoges... ce qui n'est pas chose facile. J'arrive sur un bout de parking avec un cabane à frite, il y a un panneau "parking privé", je me gare néanmoins avec l'idée d'aller prendre un café pour justifier ma présence. A peine ai-je coupé le moteur qu'une petite dame tape à ma porte malgré la pluie battante... j'ouvre :
_"Bonjour Monsieur, c'est un parking privé, si vous vous arrètez vous devez consommer..."
_"oui, je sais, je peux respirer 5 minutes quand même?"
_"oui mais après il faudra venir m'acheter quelquechose hun!?"
_"ouai ouai, mais là j'attends un collègue pour manger avec lui"
Bien entendu je n'attends personne et je reste affligé par cette manière d'agresser le client potentiel... elle ne serait pas venu je serait allé volontiers prendre un café, mais dès le moment où l'on m'impose "de venir acheter quelquechose hun?!" elle peut toujours se gratter, non seulement je ne consomerai rien mais je vais bel et bien terminer ma coupure ici... de toutes façons j'en suis à 4h28 de conduite continue, hors de question de bouger.

Il pleut des seaux et je reste figé derrière mon volant à contempler la tristesse du paysage. Arrive alors un Magnum de chez Coquet, feux de détresse allumés, sur le parking de la cabane à frite. Un pneu de l'essieu central de la semie à éclaté, il fume encore, pas de chance pour notre galérien par ce temps excécrable. La petite dame ne trouve rien de mieux à faire qu'aller faire son annonce commerciale au chauffeur qui, à juste titre l'envoie bouler, elle et ses frites grasses.
Je suis devant le camion éclopé et je me remémore ce jour de pluie battante où j'avais changé une roue de semie tout seul, sur l'aire de Troye, devant une bonne dixaine de chauffeurs biens au sec... il est temps de justifier mon titre de vrai chauffeur routier : je vais proposer mon aide. Didier (je saurais par la suite qu'il s'appelle Dider) tente d'obtenir une éventuelle assistance auprès de sa boite et me remercie vivement de ma démarche. Puis, un quart d'heure plus tard il vient me voir car il faut effectivement faire sans l'assistance. J'ai quasi-fini ma coupure mais bon, je peux me permettre de déborder un peu, alors j'enfile le K-way indispensable et m'engage dans cette mission avec détermination : un peu de solidarité bordel!
Nous allons beaucoup galérer : le cric s'enfonce dans le sol gorgé d'eau et nous n'avons pas de quoi faire des cales solides. Après une grosse heure d'acharnement nous parvenons néanmoins à monter une chaussette neuve, tout cela sous les yeux de la vendeuse de frites qui nous observe depuis sa camionette sans même venir aux nouvelles.Bien content d'avoir aidé Didier, et c'est réciproque, du coup tout le monde est content : l'entre-aide est vraiment une notion primordiale, surtout dans notre métier.

Je repars sans rien consommer et en faisant coucou à la vendeuse de frite : je ne risque pas de lui faire de la pub!
Je suis un poil en retard mais pas trop, je roule jusqu'à Marmande, enfin un peu avant, j'attéris sur un parking de supermarché.

Mâcon, ville européenne

aïe!

souvenir d'une galère avec Didier

Mercredi 16

Ce matin c'est incroyable : il pleut.
Je descends sur Mont de Marsan, et, prevoyant d'arriver avec 20 minutes de retard, j'appelle le destinataire pour l'avertir. Ce dernier m'apprend que j'ai RDV non pas à 11h mais à 14h, cela veut dire que je m'affole pour arriver avec non pas un retard mais avec 2h40 d'avance... certes.
11h20 je suis sur place, on me confirme "14h". Le problème c'est que je suis sensé recharger à cette heure-ci, commence alors le feuilleton téléphonique entre moi, mon chef et eux... je finis par passer à quai à midi.
Sans entrer plus en détails sur le déroulement des opérations je dirais juste qu'on a été à deux doigt de la baston avec ce crétin de cariste qui m'avouera au terme de son exercice : "hey bien je te garantis qu'heureusement que tous les chaufeurs ne sont pas comme toi!" et moi de lui répondre "je te les laisse tes chauffeurs et j'espère ne plus jamais mettre les pieds ici"... la bonne ambiance je vous dis! La situation a dégénérée lorsque ce cariste m'a demandé de refaire une palette de bocaux pour la simple raison que cette dernière était montée sur deux pal-europes et non une... il n'y avait rien d'abimé, juste une double palette - l'une des deux n'étant pas conforme... bref cela ne valait pas la peine de la refaire, mais mon cariste, figé dans sa servilité qui amenuise tout espoir de réflexion, était résolu à me la remettre dans la semie alors que je recharge du pendu - mais ça il s'en moque...
Et puis malgré le fait que je soit à quai à la porte 27 il m'a fallut refaire la manoeuvre pour me mettre à la 31, c'est à dire à environ 15 mètres, pour reprendre l'unique pile de palettes vides... y'en a marre de ces bases, y'en a vraiment marre...

J'arrive bien entendu en retard pour recharger à l'abattoir, je me rue sur la piste de lavage et karchérise tout ce qui bouge en imaginant ce crétin de cariste devant moi, ça motive.

Je charge en 5-5 et je m'en vais, il s'agit de livrer demain au plus tôt.
Je fais une pause douche avant Toulouse, je prévois de rouler jusqu'à Montpellier, enfin on verra.

Finalement j'arrive au bout de mes heures avant Sète, j'aperçois "Aire de Loupian - 110 places PL - 16 Km'h", je ragarde le tachy : ça va faire pile poil. 14 Km plus tard je vois "Aire de Loupian - 110 places PL - 2000m - FERMEE".... haaaaaa non!!!!! je ne'ai plus d'heures, et après c'est Montpellier il n'y a plus rien... J'aperçois l'aire au loin, puis je passe devant... l'entrée est bien barrée mais il y a quelques camions dessus... alors je n'hésite pas une seconde : je vire à droite sur la voie d'accélération (en sortie de l'aire) et je remonte en warning et en marche arrière... je me gare et durant la soirée une dixaine de collègues vont faire pareil... voilà ce qui arrive lorsqu'on est pris à la gorge par la règlementation...

une traversée merdique

une ombre plane sur l'autoroute

un peu de ciel bleu!!!

Jeudi 17

Personne n'est venu nous virer, j'ai même passé une très bonne nuit bercée par la pluie incessante de ce mois de décembre.
Je m'en vais livrer mon complet de pendu dans le 38, j'arrive à midi et je suis vide en début d'aprem. Je lave sur place et je rentre au dépôt: fin de la semaine ou plutôt, fin des semaines.
Je retourne à Pont de vaux avec plusieurs centaines de photos à trier et 4 quatre semaines de carnet de bord à envoyer, c'est mon webmaster qui va être content...

atypique

celle-là pour la reprendre...

une dernière livraison et en week end

Vendredi 18
Samedi 19
Dimanche 20

Lundi 21

Lundi 21 juin, premier jour de la semaine, premier jour de l'été, fête de la musique... bref une journée un peu plus importante que le jeudi 22 août eu égard aux membres actifs de "l'association pour la défense du jeudi 22 août" qui me lisent par millions. Non...non...non, chères lectrices, cette année encore je ne célèbrerai pas la musique, j'ai déjà assisté à un concert de reprise de rock français samedi soir à Pont de Vaux... je préfère en rester là au risque de m'auto-démolir les tympans.
vous savez quoi? JE RETOURNE EN SUEDE!!! J'écris très gros car je suis très content, voire très très content. Rendez-vous compte : certains m'appellent déjà "le Suèdois", d'autres (plus rares) m'appellent carrément "Anthony"... c'est dingue! (une blague que seuls les plus assidus peuvent comprendre)
Je fais apparemment le même tour que la dernière fois, mon chef-bienveillant me fait démarrer la semaine plus tard pour être dans les clous avec la réglementation.

Aujourd'hui je débarque donc dans la matinée au dépôt; comme je n'ai finalement pas grand chose à faire, je mets ma semie sur la piste de lavage et je décape l'intérieur à grands coups de Karcher. Cela m'amène tranquillement jusqu'à midi, et je file manger avec Loïc.
L'après midi, comme je n'ai finalement toujours pas grand chose au programme, je pars faire une ramasse et un tour de Magnum... il va pas mal ce camion, je suis plutôt surpris, surtout par la boite auto (n'étant pas fan des boites-auto en général - je précise)

Ma journée débute réellement dans la soirée : je charge ma semie à Mâcon pour une livraison foulée à Moulins... un tour qui ne fais pas rêver sur le papier, mais qui me permet de me rapprocher de mon chargement pour un tour qui fait rêver - lui!

Sur la route je zappe de radio en radio : c'est ahurissant... on ne parle que des "bleus"... partout... l'antenne est mobilisée comme s'il s'agissait d'un nouveau conflit mondial... voici donc l'apocalypse politico-médiatico-(sportivo)-people qui affecte les français pour mieux leur faire oublier qu'il va falloir mettre le pied devant la roue du fenwick pour partir à la retraite avant de crever. marre!

une journée au dépôt

Mardi 22

Après m'être débarassé de mon Mâcon-Moulins que je n'ai même pas envie de détailler dans mon carent de bord au risque de me répéter sur les bases logistico-merdiques, je me retrouve à quai avec le même cariste sympatique de la dernière fois, Nous discutons par intermittence à chaque passage du chariot dans la semie, les sujets varient entre "l'évolution des techniques d'abattage industriel de 1950 à nos jours" et "la transformation des déchets d'abattoirs dans différents secteurs économiques"... bref c'est passionnant.
Je décolle en fin de matinée avec la satisfaction qui accompagne tous départs pour l'aventure; oui : je roule content, même si je ne suis encore que sur la RCEA.
J'évite de justesse un bouquet garni composé de flic + Douane + DRE en poste sur une zone de travaux - les filous... par contre je n'évite pas "l'enquète de circulation" entre Montceau et Châlon, il s'agit de 3 questions : "vous venez d'où?", "vous transportez quoi?" et "vous allez où?"... je pense qu'après croisement des données et conférences - powerpoint on aboutira à une quelconque interdiction-PL supplémentaire...

Je roule 4h10 et j'arrive sur l'aire de Sandaucout. Il y a dans la station un écran qui retransmet le match de l'équipe de France, avec quelques badauts devant ET dedans. Je ne fais que passer prendre ma douche, j'assiste à la Marseillaise... je ressors de la douche : 1-0 pour la Sud-afriquie... je retourne au camion : 2-0 pour la Sud-Afriquie!... allez encore! encore! quel dommage que je n'aie pas une vuvuzela à porté de main pour participer à la liesse populaire... des milliers d'heures d'antenne sur europin, èrtéaile, airaimecéinfaux; des milliers d'interviews, de commentaires, d'analyses, de spéculations; des millions de "je crois que bon..", des milliards de "au contraire..."; tous ça...bah heu... pour ça !

allez je continue ma monté vers le Luxembourg, je croise l'ami Fly57 qui s'envole vers l'Espagne; et je fais une pause-gasole qui n'est même pas championne NBA. Je voulais initialement passer la nuit sur cette station luxembourgeoise, mais biensûr elle est blindée alors je reprends la route et entre en Deutsclandie armé de mes tickets LKW Maut.Trouver une place ne s'avère pas plus évident de ce coté de la frontière... heureusement je suis chanceux et j'attéris sur un bout de parking avec 4h21 de volant. Lorsque je m'y arrète un camping car tout proche décide de partir - ses occupants visiblement génés par le bruit du frigo... autant un collègue ça me soucie - autant tatie Josette et Tonton Fernand je m'en tape...
Je mange tout plein de trucs, je lave tout plein de vaisselle et je fais tout plein de rêves.

3 questions et puis s'en va

fallait oser les couleurs...

Deutschland

Mercredi 23

Il est 1h55 et j'écris cette journée de carnet de bord quelquepart au milieu de la mer, entre l'Allemagne et la Suède. Vous l'aurez compris cette fois-ci je ne transite pas par le Danemark, j'ai embarqué ce soir à Travemuende et je serai demain matin à Malmö. Déroulement de ma journée:

Ce matin je pars volontairement tard pour avoir de l'amplitude sous le pied. De toutes façon je ne suis pas pressé, j'ai juste à traverser l'Allemagne en diagonale et en respectant scrupuleusement mon itinéraire de LKW-Maut sous peine de voir débarquer la BAG.
Beaucoup de collines, beaucoup de forêts, beaucoup de camions polonais, peu de français, voici le décors. Parfois ça roule à 90, le plus souvent ça oscille entre 80 et 90, ça peut lasser sauf s'il on reste stoïque et l'on écoute un bon vieux CD des Pixies. Passé 4h de volant je décide de remplir ma panse avec le restant de salade de tomate d'hier : un régal. Ensuite direction Hambourg, puis Lübeck, puis Lübeck-Travemeunde. Plus je roule, plus il fait beau. Au terme de seulement 7H30 de volant je suis à destination, avec 4h30 d'avance sur l'heure de départ du bateau.
Au début je flippe un peu devant la taille de l'endroit, il y a ici des embarquements pour la Norvège, la Suède et la Finlande, il s'agit de ne pas se tromper. Heureusement les employés administratifs doivent en voir toute la journée des gros pommés comme moi : une belle bavaroise m'explique la procédure à suivre et quelques minutes plus tard je suis dans la bonne file, en attente, sur le port, le bateau n'est pas encore là. Je ne sais pas si j'ai de droit de sortir me ballader dans les environs, j'en doute, alors je mets mon gilet fluo et j'y vais à taton armé de mon appareil photo. De toutes façons je refuse de rester cloîtré dans la cabine : nous sommes tous collés les uns - les autres avec nos frigos qui hurlent : c'est l'enfer.
Après avoir fait un quintal de photos il est l'heure d'embarquer. Je suis le mouvement en tachant de ne pas me faire remarquer. La pente est plus que raide et ma boite de vitesse ne comprend rien si je la laisse décider elle-même. Je me gare en suivant le guide, je me colle à mon voisin de gauche et m'empresse de sortir par la droite n'étant pas convaincu de pouvoir passer par le toit ouvrant.

Sur le bateau je suis comme un enfant... non... sur le bateau je suis PIRE qu'un enfant : je monte des escaliers, j'en redescends, je vais voir par là bas, ho puis non tiens par là... bref j'arpente de long en large et de bas en haut ce pavillon qui, pour mon plus grand plaisir, est enrivon 5 fois plus imposant que les bateaux empruntés lors de mon dernier voyage. Je prends des photos, je fais des vidéos... je m'occupe... puis soudain j'ai faim. Comme je ne peux pas accéder à mon camion pour préparer des knakis au réchaud je me résouds à à me présenter au restaurant. Bonne résolution Régis! Pour 6 euros je me me paie un festin.... un festin que je suis même contraint d'écourter car le coucher de soleil et le départ du bateau m'attendent : hors de questions de rater ça!
Difficile de retranscrire ce moment passé sur le pont... tout simplement magnifique : le port de Travemuende s'éloigne lentement alors que le soleil nous offre un final tout en nuances de couleurs; la mer apparait tel un miroir qui s'altère sous les remous et les sillons du bateau; l'air se rafraichis à mesure que la terre s'éloigne mais la couleur rougeâtre de l'horizon refuse de s'éclypser, alors je reste, je regarde, j'ai froid.
Vers 23h30 je m'aperçois qu'il est déjà 23h30... que je suis en T-shirt et que je serais malade demain. Peu importe, le spectacle en valait la peine.

effroyable carton sur l'A2

en attente sur le quai

port de Travemuende

une soirée à regarder au large

Jeudi 24

J'ai réglé le réveil à 6h30 mais dès 6h une voix retentit dans un haut parleur dont j'ignorais l'existence pour prévenir l'arrivée iminente : 7h et non 8h comme je l'imaginais. Alors je m'active et fonce au resto prendre mon petit-dej. "Petit-dej" ne correspond pas vraiment à ce que j'ai ingurgité : charcuterie, omelette, steak... un vrai repas de chasseur d'orignal pour seulement 4 euros, une journée qui commence bien! Du coup je rate un peu l'arrivée à Malmö, je suis sur le pont pour les ultimes manoeuvres du bateau.
Me revoici donc en Suède, aussi content que la première fois, avec - il est vrai - l'adrénaline de l'inconnu en moins. Je débarque dans les Rues de Malmö au beau milieu d'un essain de semi-remorques tout juste sorti de sa ruche; aucune difficulté notoire, les grands axes sont biens en vu.

Calé sur l'E6 direction Göteborg, je fais chauffer mon appareil photo en profitant - cette fois-ci - d'un temps favorable.
Je livre au même endroit que la dernière fois, sans me perdre, en arrivant le premier. Oui, "en arrivant le premier" car quelques minutes après moi deux autres camions qui étaient sur le même bateau arrivent eux aussi.
Les mecs sont très pros au déchargement : ils guident, ils ouvrent les portes, ils déchargent, ils lavent, ils parfument la semie (si si je vous jure!), ils referment les portes et ciao! Je passe sur la bascule et j'apprends qu'il y a des emballages à reprendre donc je retournent voir "les pros" qui n'étaient pas au courant, je dois donc attendre un peu. Ensuite j'ai pour mission de faire une ramasse à Helsingborg. J'appréhende un peu du fait que je n'ai aucune carte vraiment détaillée de la Suèdie... heureusement mon vénérable PC me sauve la mise grâce au bon vieux "microsoft autoroute 2006" qui me localise la rue sans peine... va pt'être falloir que j'investisse dans un GPS un jour? Pour cette ramasse aussi il y a de l'attente, je regarde les maxi camions-remorques se mettre à quai à coté de mon pot de yaourt... c'est assez incroyable, un camion remorque tradi à reculer mais avec 6 ou 7 mêtres en plus...
Je recharge ensuite plus au nord et je m'en retourne sur Malmö pour le bateau de 22h.

De ce coté-ci c'est moins bien organisé pour attendre le bateau... à un moment j'ai même douté d'être au bon endroit.
Ce soir je ne me fait pas avoir, je vais vite manger pour profiter encore mieux du départ... et une fois de plus j'assiste à un beau spectacle. Le panorama sur Malmö est superbe, le soleil s'est caché derrière les nuages mais la lune prend le relais en s'affichant triomphante au dessus des constructions. Je requitte la Suède avec des images plein les yeux; lentement le bateau se rapproche de l'immense pont qui relie le pays avec son voisin danois, puis nous passons entre les piles pour nous éloigner encore plus...
Ce soir encore je reste un moment dehors, d'ailleurs je ne suis pas tout seul : on est une bonne trentaine de téméraires à affronter le vent frais du large... et sur cette bonne trentaine je suis le seul en T-shirt, à croire que je la veux vraiment mon angine!

un point sur le "I" de Malmö

pas de doute, je suis bien en Suède...

...et je me sens tout petit

un monstre parmi les monstres

le pont entre Copenhague et Malmö

Vendredi 25

Ce matin je me suis cru à la maison : j'ai éteint le réveil et j'ai continué ma nuit... heureusement qu'à 6 heures précises le message retentit dans les hauts parleurs : vraiment surprenant de se faire réveiller en allemand. Je saute du lit d'un bon et j'attéris direct sous la douche, pas une minute à perdre si je veux une fois de plus profiter du buffet. Le bateau est tout proche de Travemuende... pour la première fois depuis que j'améris quelquepart je ne vais pas profiter du paysage sur le pont... ça y est je suis devenu un beauf qui préfère consommer des biens au lieu de profiter du vent du large...
Quitte à être un beauf je m'accomplis jusqu'au bout dans ma beaufitude : je mange comme un goret.
Etant garé tout devant j'ai plutôt intérêt à ne pas trainer sur mon plateau et à vite rejoindre ma cabine alors que des premières brulures d'estomac se manifestent déjà. Soucieux de rentatbiliser jusqu'au dernier centime les 4 euros de ce festin, j'embarque une pomme... pour la route... et aussi pour faire descendre les 3 steack...

La porte s'ouvre, la fourmilière de Travemuende apparaît, me voici in deutschland. J'endosse malgré moi le rôle de camion pilote d'un cortège de plusieurs dixaine de confrères, c'est beaucoup de responsabilités... j'ai un peu peur de me planter de route au risque de faire tourner tout le monde en rond, de mettre tout le monde à l'eau, ou d'envoyer tout le monde en Finlande. Finalement je retrouve l'autoroute 226, je m'y cale à droite, et je surveille avec attention mon itinéraire. C'est pas compliqué, même dans ce sens-ci... Le système de numérotaion des autoroutes permet vraiment de s'y retrouver (note au génie qui s'amuse à rebaptiser nos RN6 ou RN7 en RD6106 ou RD798574)

Je traverse ce magnifique pays sans même m'apercevoir qu'il est magnifique tellement je suis étourdi... (ho mon dieu heureusement que j'ai pensé à prendre mes CD!!!) Oui, il faut bien reconnaitre que c'est monotone. Et puis toutes ces zones de travaux c'est barbant...
Une pause vers Hannover, une autre vers Köln, un arrêt-eurovignette vers Bitburg... et me voici au Luxembourg, chez les luxembourgueurs (qui ressemblent à s'y méprendre aux hambourger, en plus chic)
J'ai 9h45 à destination, je passe la nuit ici; il fait beau, il fait chaud, je me mettrais bien sous le sable chaud.

Bayer - Leverkusen

belle bête

Köln, depuis les embouteillages

Samedi 26

4 jours sans radio française c'est des heures d'interview navrantes de Patrice Evra en moins, mais c'est aussi la déconnection assurée avec les informations importantes. Ce matin j'apprends avec stupeur l'éviction de Didier Porte et Stéphane Guillon de France Inter... on est vraiment mal barré... Cette radio était jusqu'à présent la seule qui ne provoquait que rarement chez moi le réflexe du "gros coup de poing dans le poste" (contre exemple : Europe 1)... et voici qu'on s'en prend à l'humour "dérangeant" des 2 chroniqueurs. Marre! Allez-y, allez au bout du bout de la connerie, balancez des chroniques de Patrice Evra ou Franck Ribery bordel! J'écoutais Guillon et Porte dès que j'en avais les moyens, je n'étais pas un fan absolu de toutes les chroniques mais la plupart me faisaient vraiment marrer... ce matin je suis dégouté.

Je quitte le Luxembourg après avoir rempli mes réservoirs, comme tous ceux qui quittent le luxembourg. La journée s'annonce belle et l'automobisliste s'annonce chiant... c'est le grand retour du vacancier maladroit et indifférent à tout sauf à son objectif de rejoindre la plage... pas le choix il faut faire avec...

Je dégringole lentement sur la Lorraine, puis les Vosges, puis la Haute-Saone, puis le Doubs, puis le Jura, puis la Bourgogne... voyez comme je suis fort en géo. Je fait étape chez thomas pour lui deteller ma semie et fêter l'anniversaire du petit Lucca; puis je m'en retourne en direction de l'Ain pour clore cette dégringolade ensoleillée. Fin de la deuxième semaine scandinave, vivement la troisième.

y'a des trucs à voir par là-bas?

le Doubs

Lucca, futur routier?

Dimanche 27

Me revoici au dépôt, toujours sous un soleil brulant, j'arrive en avance pour faire tout ce que j'ai laissé en plan hier : gazole + atteler une semie + lavage. un week end comme celui-ci j'aurais limite préféré le passer sur la route, mais bon, ce n'est pas moi qui fait le planning.
16h40 je décolle pour Paris sans oublier la clim. L'autoroute est chargée mais ça roule, en 4h15 je suis à la Leclerc d'Achères; sur le parking PL il a les restes d'un premium de chez CMA calciné, j'apprendrais plus tard qu'il à pris feu dans l'après-midi et que le chauffeur n'était pas dedans... reste cette image impressionnante.
Olivier m'a rejoint pour boire le café pendant que l'Argentine martyrise le Mexique à grands coups de pattes dans la baballe sur l'écran géant de la station. Je profite d'être là pour faire deux-trois courses, puis je reprends une A6 de plus en plus chargée. Pas de voie réservée aux PL au péage de Fleury en Bière... les sociétés d'autoroute se moquent vraiment de nous... et silmutanéement elles diffusent des messages publicitaires pour attardés mentaux - des spots radio ventant les vertues du télépéage - alors que je ne peux même pas y aller moi, au télépéage, à cause des barres de gabarit.

Une première livraison au sud de la capitale puis je file plus à l'Ouest, dans le 77, passer la nuit devant mon second client. Je suis crevé je dors de suite.

squelette

Lundi 28

Non mais c'est quoi ce bordel? telle-est la question que je me pose en franchissant le portail de l'entrepôt où je doit livrer mes 15 palettes. C'est tout neuf et c'est tout merdique : pas de place, quais à contre main, impossiblité de faire demi-tour... une horreur... ainsi, à peine ai-je franchi ce portail que je ressors en marche arrière pour ne pas rester coincé dans ce qui s'appelle un bourbié. Je me re-gars dans la rue et me présente à la réception à pied. Il y règne un vent de panique : je tombe sur un type visiblement débordé qui s'affole tout seul devant 5 chauffeurs râleurs... je lui laisse mes papiers en indiquant que je suis garé devant, qu'il viennent me chercher lorsqu'il en aura envie, si possible avant vendredi parce qu'il y a festivrac à Pont de Vaux... Je n'ai vraiment pas envie de me prendre la tête un lundi matin. Je retourne au camion et je me ballade vite-fait sur internet... une petite heure passe et le cariste vient déjà me chercher : j'aurais pas crû.

Une fois vide je retourne charger près de Rungis, un complet pour cavaillon, un boulot pas compliqué en somme. Je décolle en tout début d'après-midi, je n'ai pas mangé, mon dernier "vrai" repas remonte à vendredi matin sur le bateau...

Je me pose sur l'A6, je relève ma manche gauche pour ne pas avoir de marque de bronzage... et puis aussi, c'est vrai, pour impressioner la galerie en contractant mon biceps de temps à autre.
Je dépasse quelques collègues, personne ne fait les appels de phare... ironiquement je balance quand même des coups de cligno tout en restant persuadé que ce genre de conducteur blasé ne calcule que très peu l'ironie.

Je passe Lyon, je passe le Grand Boeuf, les heures défilent et j'hésite à rouler 9h pour me caler dans une endroit choisi, ou bien 10h pour tenter d'aller chez mon client au risque de ne pas y arriver. Le frigo tambourine à fond, cela me pousse à tenter Cavaillon. Au péage il ne me reste qu'une poignée de minutes mais les 3 places de parking sont occupées; je continue dans l'urgence et arrive avec... 10h... et 1 minute!!! dégouté! non c'est une blague, j'en ai rien à battre...

Cette soirée est peu supportable : grosse chaleur + frigo agonisant sont au rendez-vous, mon dieu qu'est ce que j'étais bien sur le bateau mercredi dernier...

Crécy la Chapelle

moustiques 2010 : un bon cru

Mardi 29

En me présentant dès la fin ma coupure à la réception, j'ai bon espoir de passer à quai malgré l'heure d'avance sur le RDV : je suis le seul dans la cour. Non; on dirait qu'ils préfèrent attendre que ça se bouscule avant de commencer à vider, on m'indique le quai 14 - mais portes fermées, fermées pour une durée indéterminée. Soit, j'attends... et plus j'attends, plus les camions arrivent, jusqu'à ce qu'on ne puisse plus bouger dans la petite cour... cela sous les yeux des caristes qui se languissent au café. Au bout d'une heure et demie on m'autorise enfin à ouvrir les portes : trop content. Je recule à quai et m'y dirige d'un pas nonchalant, démotivé par le seul fait d'être ici; j'entre en T-shirt dans le froid polaire de ma semie, j'enlève difficilement les barres soudées par le gel, je me retourne et là... surprise! derrière le chariot il y a non-pas le gros barbu aigris qui m'a accueilli tout à l'heure mais une charmante demoiselle, sans barbe, de type plutôt timide et carrément jolie... Hallelujah gloire à je- sais-pas-qui mais gloire à lui quand même... une apparition!
J'essaie de ne pas faire le gros relou (j'essaie donc de ne penser ni à Phil26, ni à Sweden) et j'entrevois pourquoi pas la possibilité d'un bon contact... je suis donc remotivé, d'autant plus que la conversation s'annonce longue du fait que la charmante cariste est visiblement plus charmante que cariste...
Tout se passe à merveille... et soudain... c'est le drâme!!!... la porte du quai s'entrouve et qui est-ce qui apparaît?...Crustacé!!! oui c'est bien lui, mon collègue Crucru avec sa casquette et sa moustache, qui déboule comme un cheveu sur la soupe en m'annonçant qu'il nous faut échanger nos semies en vitesse pour que je file vers l'Italie. Je persiste dans la chance...

J'attelle donc la nouvelle semie et reprends la route sans oublier de remettre mon moral dans mes chaussettes. Comme à chaque relais le programme s'annonce ultra tendu : deux livraisons dans le 06 avant 17h, je peux déjà faire une croix sur le repas de midi.

La première se situe dans les environs de Grasse. Je connais peu le coin et je constate que le "coin" connait peu les camions : les routes sont loin d'être évidentes. Je perds bêtement du temps en choisissant de suivre un pannonceau avec le nom de mon client, il y a deux usines distinctes dans le bled et je suis la mauvaise. Une demie heure et un demi tour dans une carrière plus tard j'arrive à destination et je vide, après une marche arrière de folie (environ 300 mètres en monté)

J'annonce mon retard pour le client suivant et m'y présente à 17h20. Comme d'habitude on joue la menace, on déclare me décharger "exceptionnellement malgré l'heure"... hé ho c'est bon soit tu vides - soit tu vides pas, mais garde tes commentaires me dis-je encore et toujours.

Une fois libéré de toutes contraintes inéhrentes à la dépendance de mon job avec celui de clampins en tous genres, je m'évade vers l'Italie et remonte jusqu'à Novara me noyer dans une mer de moustiques : à un moment donné j'ai cru au retour de la pluie entre Vercelli et Novara : il s'agissait en réalité du crépitement suicidaires des insectes sur le pare-brise.

pas où je livre en tous cas...

dans les environs de Grasse

Mercredi 30

Ce matin sous la douche je tombe nez à nez avec 6 cafards qui profitent de l'humidité ambiante. J'hésite un moment : dois-je me laver dans cet endroit visiblement dégueu? finalement je fais croustiller les bèbetes sous le talon de ma chaussure et je prends ma douche sans oublier les claquettes : il fait tellement chaud que n'importe quelle douche est la bienvenue.
Pendant que je j'insiste pour avoir la rage et le cholera, mon camion est à quai et deux caristes s'occupent de le charger.

Je décolle vers 9h, direction Lyon.
Sur la route il ne se passe rien d'extraordinaire, je bascule en France et fait 45 minutes sur un des parkings désertiques de la Maurienne. Au menu : salade maigrichonne avec 2-3 trucs qui trainent dans le frigo. A 15h15 je suis à quai chez mon client; on me demande de vider moi-même si possible, (pas de problème ça ira plus vite). 20 minutes plus tard j'appelle déjà la tour de contrôle pour connaitre mon programme. J'apprends 2 nouvelles simultanéement : la semaine prochaine je retourne en Suède... mais pour l'heure je recharge le même tour Cavaillon/Nice... hum hum, je pense que l'effet d'annonce n'est pas innocent... Bon, de toutes façons ce n'est pas aujourd'hui que je vais commencer à me plaindre... seul problème le rechargement à Lyon est prévu pour demain 6h, c'est à dire dans plus de 14h en sachant qu'il fait un bon 33 degrés, là ça me fait déjà un peu moins plaisir...
Après négociation mon chef troque le Cavaillon pour un Marseille, qui n'est pas forcément mieux mais qui se charge ce soir, 19h.

Me voici donc à desendre l'A7 en cette fin de journée. Je suis léger et j'hésite à doubler dans le Grand Boeuf, comme ça ne traine pas trop je reste docilement derrière. Après la descente je dépasse un Magnum qui lève volontairement le pied... au niveau de la cabine un bras se lève et un coup de klaxon retentit : je reconnais alors la trombine de Peli69, je ne m'attendais pas à le trouver dans ce camion et pour cause : il l'inaugure aujourd'hui. Nous prévoyons d'attérir au même endroit : centre routier de Plan d'Orgon, Will84 nous y attend.
Les célèbrités de FDR défilent toute la soirée dans cette vallée du Rhône où il devient de plus en plus difficile de passer incognito.

Nous arrivons à Plan d'Orgon vers 22h30, je me gare dans la rue à cause du frigo - Peli attelle la semie d'un collègue sur le parking. A défaut de manger nous nous contentons d'un verre au bar, car il est trop tard et les serveuses passent déjà le balai...

les aires desertes de la Maurienne

hey salut Peli!

3 joyeux loufoques à Plan d'Orgon

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