Mon Carnet de bord... Suivez mes aventures, semaine après semaine!

Juin 2011

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Mercredi 1

 

Jeudi 2
Vendredi 3
Samedi 4
Dimanche 5
Lundi 6

Mardi 7

Pas grand chose à dire sinon que je reviens de vacances, que jusqu'à ce matin 9h il était convenu que je parte en Italie - ayant demandé mes weekend du mois de juin, que je découvre que je pars en direction de la Suède, qu'il me faut dors et déjà annuler le repas FDR, que c'est la fête au village, que je n'ai pas envie d'écrire de carnet de bord aujourd'hui, ni de faire de photos, qu'au moins j'ai retrouvé mon camion propre, que je vais quand-même m'arrêter à Pont de Vaux prendre un blouson, que ce soir j'ai 9h05 de volant, que "A sun Came" de Sufjan Stevens est un album génial, que demain il fera jour.

le camion le plus propre de France

Mercredi 8

Comme pour insister dans la loose je décharge ce matin dans une grande plateforme logistique comme je les aime. J'ai rendez-vous à 10h, je me présente à moins le quart... on me dit d'attendre un peu, mais "rien de bien méchant" d'après le réceptionnaire. 11h je passe à quai. "rien de bien méchant". 12h20 je suis vide. "rien de bien méchant".
Non seulement je fais de la base logistique merdique avant un départ pour la suède, mais en plus j'ai second client à Liévin, là encore "rien de bien méchant", juste 1 heure pour sortir 3 palettes.

Mercredi, 16h, et je n'ai toujours pas chargé. Il s'agit d'un voyage au nord de Goteborg, un très beau tour que j'aurais vraiment aimer faire, dans d'autres circonstances.
Je charge dans une grande usine, "rien de bien méchant", 4h15 d'attente.

Je ne peux même pas rouler 9h aujourd'hui à cause de l'amplitude à respecter. Je mets du pétrole à Libercourt et commence à monter jusqu'à Utrecht où, miracle, je trouve une place improbable et tranquille, sur une station Shell, à 0h30; gros coup de chance.

Lievin

Antwerpen

Jeudi 9

9h plus tard, sur mon parking pas mal. Tous les autres camions sont partis, je suis encerclé de voitures. Vu l'heure, vu l'endroit où je me trouve, je décide d'aller en direction du port de Lubeck pour prendre le bateau de 22h, je n'ai plus aucun intérêt à passer par le Danemark.

Bateau de 22h, donc j'ai le temps. Je traverse les Pays bas en large, je passe les villes où j'allais chaque semaine dans une autre vie : Apeldoorn, Deventer, Holten, Goor... puis Oldenzal avant d'arriver à la frontière avec l'Allemagne synonyme de toll collect.

Je m'arrète 45 minutes sur un autohof, sortie 66 de l'A1. Il y a un Mc Do. Je mange dans la cabine car il est 14h, mais je vais prendre un glace au Mcdo pour profiter du réseau wifi. Pour la glace ok, pour internet ça ne marche pas... comme d'habitude.

Travaux à Hambourg, 15 minutes de bouchons, j'ai le temps.
Je suis au port à 18h, je récupère mes tickets d'enregistrement et pars me mettre en place devant le quai. Je suis le premier frigo, il n'y a pas grand monde même en baché.

Lorsque le bateau arrive nous ne sommes guère plus nombreux... j'embarque à 20h30. Une fois sur le pont pour respirer l'air pollué des moteurs j'ai un étrange sentiment de déjà vécu... le temps, le paysage, la luminosité... Tout est éxactement pareil que pour mon premier voyage en Suède, il y a 1 ans éxactement si je ne m'abuse, et je n'ai pas pour habitude de ne m'abuser. Ce qui renforce ce sentiment c'est le couché de soleil magnifique qui me pousse à trainer dehors jusqu'à prendre froid. Comme l'an dernier. Régis où la théorie de l'éternel recommencement.

Le restaurant de bateau a changé : il y a moins le choix et c'est tout aussi mauvais, je parviens néanmoins à me gaver, en mélangeant poulet, poisson et schnitzel pour justifier les 6 euros.

défilé de Scania sur la rampe d'accès au bateau

c'est moi ça?

Travemünde

beau spectacle

Vendredi 10

Lorsqu'on échange de la monnaie sur le bateau on perd 3% de cette somme au passage, il faut le savoir. Aujourd'hui je fais convertir 40 euros pour avoir de quoi survivre, et qui sait passer le week end en Sverige car je ne sais pas encore de quoi demain sera fait.
N'ayant pas complètement digéré le repas gargantuesque d'hier, je me contente d'un café, c'est gratuit. Je vais ensuite prendre l'air, dehors il fait déjà jour, apparemment depuis longtemps. Malmö apparait rayonnante depuis la Baltique, mais dorénavant il faudra en profiter de loin car le bateau accoste dans un nouveau port situé non-plus en centre ville, mais dans une zone industrielle dégueulasse... génial. C'est franchement moins bien, et la suite me le confirme : la sortie du bateau prend 3 fois plus de temps à cause d'un système d'enregistrement merdique devant lequel tout le monde vient s'agglutiner si-possible en écrasant le voisin pour lui prendre sa place. Une horreur. Au début tout le monde était bien discipliné, les camions formant une longue file indienne où chacun avait sa place... et puis un chauffeur a décidé de remonter la file par la gauche... alors tout le monde s'est mis à l'imiter dans un élan de connardise sans gène. une scène pathétique qui en dit long sur les mentalités dans les cabines... Je suis resté à ma place, j'ai perdu du temps, un des nombreux types qui sont passés par la gauche a voulu me taper lorsque je l'ai serré dans l'ultime virage avant le poste d'enregistrement, un autre pendant ce temps là m'a doublé par la droite... bordel mais c'est du grand n'importe quoi. Je crois que je vais privilégier le Danemark dorénavant.

Je retrouve le calme sur l'A6, direction Goteborg.

Le grand soleil de malmö ne fait pas long feu et s'éfface pour les nuages de Goteborg et la pluie de Trollhättan.

Je ne peux arriver à destination en 4h30 alors je décide de faire 45 min quelquepart sur la nationale 45. Je m'arrète sur une petite station, avec un petit resto dans lequel je décide d'aller manger... étonnant non? Je tombe sur un poulet-riz assez correct, sauf la sauce, d'ailleurs c'est quoi cette manie de mettre 3 louches de sauce orange fluo à chaque fois? Je fais rire la serveuse avec mon accent suèdois, elle m'offre un gateau avec le café. A la table d'à coté il y a trois gars en bleu de travail qui mangent en se racontant des choses de temps en temps, et puis ce vieux au bout de la table qui rigole à chaque anecdote en me regardant pour voir si moi aussi ça me fait marrer... cherche pas le vieux, je pige rien...

Je dois décharger dans une grande usine sur la route de Mariestäd. Lorsque j'arrive on m'explique qu'il n'y a plus de place pour réceptionner, il faut aller dans la ville voisine, à 10 Km.
Il est bientot 15h, nous sommes vendredi, je suis inquièt pour la suite. Dans le nouvel entrepôt c'est moi qui décharge au tire pal autoporté, et à fond... le réceptionnaire me remercie 10 fois pour le coup de main et me paie le café : on est apparemment coutois dans le coin...
Voici la suite : chargement à 70 km d'ici, "avant 15h30 impératif"... il est 15h20. j'envoie un message de détresse - pas de réponse-, j'y vais, à fond. Régis ou l'art de profiter de ses voyages en Suède. J'arrive à Uddevalla à 16h30, trouve la boite, c'est fermé il n'y a plus de voiture dans la cour. Je vais voir quand-même, il y a un quai abrité avec des palettes dessous... un tire pal... et des papiers! Bon sang ils m'ont tout laissé pour que je charge seul, génial! C'est rare autant de confiance de nos jours, je laisse un mot de remerciement en anglais avant de partir.

Le temps change d'une ville à l'autre, c'est étrange.

Je complète ce chargement demain au sud de Goteborg, je n'ai pas les heures pour y aller, j'échoue sur une station Preem, avec un Mcdo et un Max (le Mcdo suèdois) juste en face. A défaut d'avoir de la bonne bouffe j'ai du réseau wifi.

A 23h30 il fait encore jour, c'est étrange.

Malmö

Vieux temps, vieux camion

de Göteborg je n'ai pas vu grand chose

avec une remorque Playmobil, dommage.

pas mal

Samedi 11

Bon sang il fait déjà un soleil radieux, il n'est que 6h du matin. J'ai du mal à sortir du lit, si bien que je repousse jusqu'à la limite ultime : 6h20, je saute derrière le volant avant d'être en retard. Comme prévu je suis à quai à 7h00. J'en profite pour prendre le café, la douche, et quelques photos de Scania dans la cour. 9h, départ pour la France. La zone industrielle est déserte, la nationale qui mène à l'autoroute est déserte, l'autoroute est déserte. Mais où sont-ils? Pas de camions, ok... mais pas de voitures non plus! Comme j'ai le temps, et avant de planter mon weekend dans un lieu indéterminé, je décide de m'arrèter faire des courses au "Maxi ICA Stormarknad", le "Atac" local, sortie Angelholm nord. Comme partout en suède, il y a un grand parking PL devant : ici on ne mord pas la main qui nous nourrit. Et Bime dans les dents, même pas peur.
Comme en Allemagne, Comme en Italie, le supermarché c'est un peu le palais de la découverte pour l'étranger que je suis, à la différence près qu'ici il faut en plus convertir les prix en "sverige Kronor" ce qui fausse les repères. J'ai sur moi exactement 210 kronor, il ne faut pas que je dépense plus. Quitte à faire les courses ici, autant acheter des produits locaux, voire "typiques" du pays... car on peut parfaitement se laisser aller à remplir un panier de produits Français : par exemple au rayon fromage on trouve du camenbert président, du Saint-Agur, du Boursin, des vaches qui rient... c'est le piège. Il y a en général beaucoup de produits Français et Italiens, pourtant quasiment aucun camions Français et Italiens sur les routes. Et bime, encore dans les dents. Le rayon pain/biscottes est incroyablement grand : c'est qu'ils en bouffent des KrisKrolls et autres Wasi-Wasa... Je me laisse tenter par un paquet de "polarbrod", ce sera mon pain de mie de la semaine. J'achète aussi, du roti de rennes, du saumon, des boulettes de je-ne-sais-pas-quelle-viande-suèdoise, du fromage liquide et du beurre fabriqué dans le bled voisin... que du Suèdois dans le frigo!

Je reprends l'autoroute direction Helsingborg, direction le port. Le temps est vraiment magnifique et la route est vraiment déserte.

Sur le bateau pour le Danemark nous ne sommes que 4 camions, mais il faut se serrer quand même pour laisser place aux touristes. Sur ma droite un car Tchèque rempli d'Asiatiques, derrière moi un car Lituanien lui-aussi rempli d'Asiatiques, Tout ce beau monde envahit l'espace à l'ouverture des portes avant créer un embouteillage devant l'escalier central parce qu'un grand père monte tout doucement. Ils ne passent vraiment pas inaperçus ces touristes asiatiques: beaucoup portent des visières sur le front, pas des casquettes - des visières, un peu comme des croupiers sauf que la leur est jaune ou rose fluo... ils se déplassent en meute et se prennent en photo sur le pont du bateau alors qu'il n'y a même pas de tour Eiffel derrière...

Je sors du bateau dans les premiers et m'élance pour la traversée du Danemark, jusqu'au port de Rodby, il ne se passe rien d'extraordinaire. J'ai la chance de monter in-extremis sur le bateau dès mon arrivée au port, je mange dans la cabine, bien que je doute d'en avoir le droit une fois le bateau en marche... mais bon... le poisson pané - frites m'a définitevement dégouté.
Me voici en Allemagne, je roule tout droit et lorsque j'approche des 9h de volant, je commence à chercher un endroit pas trop crade, avec douche si possible. Mon voeux est exaucé à la sortie Porta Westfalica, entre Hannover et Bielefeld : un autohof des plus modernes, avec un MCdo et un Casino accolés... c'est tout neuf, c'est tout propre, mais complètement aseptisé, et puis on a l'impression d'être obligé de claquer de la tune à tout moment, pour chaque fait et geste.

Je me gare avec les autres échoués du week end : 30 gars de l'est et 1 Belge.

personne...

...et soudain...

mouai... bof

Disneyland

week end

Dimanche 12

Un bruit de portière de voiture, puis un autre, puis encore un autre... puis un mec qui parle à coté du camion, puis une femme, puis encore un mec... Il est 9h45 et j'entre-ouvre le rideau pour voir ce qu'il se passe... le parking est complet, des voitures partout entre les camions, il y a un marché aux puces à l'entrée de l'autohof.

Je commence cette journée par le grand nettoyage hebdomadaire : les draps par la fenêtre, la souflette, les vitres, le frigo...etc. J'en profite pour faire un bilan de mi-parcours concernant le linge : il me reste 9 caleçons, 13 T-shirt, et un tas de chaussettes non-déterminé : en grattant dans le fond du placard j'ai retrouvé mon vieux stock de survie, c'est une très bonne nouvelle.

Il est maintenant 10h30 et je vais chiner aux puces, juste en face, rien de mieux à faire. Des étals entiers de vieux bibelots moches, des tableaux brodés représentant un berger allemand, un chat ou un cerf avec des couleurs affreuses, des stands insolites comme celui-ci qui vend des circuits imprimés ultra complexes entre les gaufres et les vinyls de variété Allemande... Les gens vendent vraiment tout et n'importe quoi, surtout n'importe quoi. quelques stands de jouets attirent néanmoins mon attention : je suis à deux doigts de craquer devant les 20 mètres de Playmobil qui apparaissent à l'entrée de la deuxième allée. Toutes les époques sont représentées : les Indiens, le zoo, les bateaux de pirates, le camion de poubelles... le tout en parfait état et pour pas trop cher! Non Régis... abandonne mon vieux tu ne peux pas jouer aux Playmobil sur le parking de l'Autohof, c'est un coup à avoir des problèmes.

Je retourne au camion et j'écoute France Inter en triant de la paperasse. Un type passe et me demande 10 euros, c'est le prix à payer pour rester sur le parking, cette somme est déductible au restaurant. Certes.

Je m'allonge et je finis ma nuit.

A 13h30 je me re-réveille me prépare des boulettes de viande suèdoises avec des patates. Ce n'est pas mauvais. Ce n'est pas bon non-plus.

Je m'allonge à nouveau et je re-finis ma nuit. Bon, c'en est trop! je ne vais pas passer le week-end à dormir, à bouffer et à claquer de la tune... je me casse. Cela ne fait pas 24 heures que je suis là et cet endroit m'insupporte :
Tu veux pisser? Et Biime : 50 centimes!
Tu veux te laver? Et biime : 3 euros!
Tu veux laver tes slips : Et biime : 5 euros!
Tu veux rester garé sur le parking? Et biime : 10 euros!
Tu veux manger un Schnitzel bien gras? Et biime 11,50 euros!
Tu veux un verre d'eau pour faire passer le schnitzel? Et biime 2,50 euros!
Moi je ne veux rien, juste me vider la tête, loin de ce grand parking en bitûme où il n'y a rien d'autre à foutre que rester là fixement à regarder l'horizon en attendant l'heure du BigMac. 15h, je me casse, à pied, loin. Je marche, toujours tout droit vers le nord. Dans un village je trouve une carte, elle m'indique un grand lac pas très loin, j'y vais. Je trouve le lac, rien d'extraordinaire mais ce n'est pas si mal : il y a de l'air, beaucoup de promeneurs à vélo, beaucoup de planeurs dans le ciel : je suis à proximité d'un aérodrôme. Je marche. J'aperçois le totem de l'autohof, tout petit, très loin à l'horizon. je suis parti depuis environ 2 heures et je décide d'entrevoir l'idée du retour, d'autant plus que je commence à avoir des ampoules aux pieds dans mes vieilles addidas délacées. (il me suffirait pourtant juste de faire les lacets) Devant une autre carte, au hasard d'un abri-bus, je choisis un itinéraire différent pour revenir sur mes pas. Il est 18h30 lorsque je repasse sous le totem de l'autohof qui parait maintenant immense. La tête et les jambes sont moins lourdes : j'ai fait une quinzaine de Km.

Une journée pas si mal. Mes voisins de parking Polonais font un immense barbeuc festif pendant que je mange mon assiette de spaghetti tout seul au restaurant pour justifier mon ticket de parking. J'irais presque les rejoindre si j'étais un peu plus dégourdi, ils ont l'air de s'amuser.

toi aussi joue à "où-qu'il-est-le-camion-de-Régis"

tiens gamin, bouffe dans la casserolle!

Lundi 13

Je n'ai fait aucune connaissance parmi mes voisins de parking. A ma droite un polonais, a ma gauche aussi. Le Belge est parti dans la nuit, je n'ai même pas vu sa tête, seulement les rideaux de son camion tirés tout le week end. Moi je suis resté là, derrière le pare-brise, bien visible de tous avec ma guitare et ma casquette bleue... alors forcément, en passant devant le camion, certains m'ont adressé l'espèce de rictus automatique auquel j'ai toujours droit lorsqu'on voit bien que je suis en train de gratter, l'espèce d'attendrissement benet assorti d'un sourire comme pour dire : "hooo, il joue de la guitare", et cela ne fait que m'énerver d'avantage, alors que je n'arrive déjà pas ma reprise de Scorpion, le meilleur groupe de tous les temps après les Guns et les Musclés. Il y en a un seul qui m'a fait plaisir, c'était jeudi soir sur le bateau : durant les 3 heures d'attente sur le quai j'ai beaucoup joué. A coté il y avait un vieux chauffeur Roumain avec ses cheveux gris, sa moustache et ses vielles fringues; une fois les camions garés et branchés dans le Finnpartner, le vieux est venu vers moi, m'a mis une tape sur l'épaule et offert un sourire amical à travers sa moustache puis il est parti, sans rien dire. C'était sans doute un fan.

Donc pas de contact, je suis resté aigri avec ma guitare. De toute façon mon voisin de gauche n'aspirait pas au contact : il ne s'agit pas ici d'un délit de sale gueule, mais ce type avait une habitude des plus répugnantes : toutes les trois secondes il balançait un filet de bave par-terre, comme ça, par réflexe. En passant sous mon nez, en discutant avec ses potes, en allant pisser, en mettant un papier à la poubelle, en préparant le barbeucue... à chaque fois "pfiit!", un petit jet de salive bien calibré pour marquer son territoire... horrible!

Ce matin je suis retourné aux puces, j'ai retrouvé et acheté la figurine de l'Ultimate Warrior, celle-là même qui avait disparue mystèrieusement depuis le dernier concert de Where is my Flesh - le meilleur groupe de tous les temps après les Guns, les Musclés et Scorpion. Quel bonheur! Cette figurine était incontestablement le meilleur musicien du groupe. Au nom de l'humour je me serais bien laissé aller à ramener un tableau brodé avec un berger Allemand... mais ce serait peut-être aller trop loin dans l'humour justement...

J'ai fini mes boulettes d'orignal et j'ai couru au McDo car j'avais besoin d'un Mc Flurry Magnum Mandel. J'ai honte.

17h, je suis lavé, j'ai mangé, j'ai dormi, j'ai acheté une figurine de catcheur... c'est bon je peux lever le camp. Direction la Belgique, livraison demain matin première heure.
Le traffic est dense en ce retour de weekend, je garde mes distances. Le ticket Toll Collect m'impose un itinéraire tout tordu pour rejoindre les Pays Bas : la signalisation m'indique "Venlo" tout droit, je veux aller à Venlo, mais non, je dois changer sans cesse d'autoroute et le GPS ajoute une poignée de minutes à chacun de ces changements. J'arrive tout de même à Venlo. Je n'ai pas d'Eurovignette. A la frontière, tout est fermé; à la première station on peut lire depuis l'autoroute "no vignet", à la seconde on me dit d'aller à la suivante... une quarantaine de km que je roule sans vignette... que ce se passe-t-il en cas de contrôle?
J'obtiens le précieux césame dans une station Shell qui me laissera comme unique souvenir d'avoir le parking PL le plus infecte qu'il soit en se qui concerne l'odeur de marée.

Je passe en Belgique, la nuit tombe. Vers Minuit j'entrevois mon point de destination : une zone mal-fichue, avec des rues étroites en cul de sac et surtout aucun endroit pour s'y garer. Je tourne, je cherche, l'entreprise est bien là devant moi mais je peux me garer nulle part.
Résolu à ne pas bouffer une heure de volant j'abandonne : je me pose à même la rue, devant la boite, ils n'auront qu'à me réveiller demain si je gène.

En sortant pisser contre un buisson je réveille le chien qui était de l'autre coté de ce buisson... au son de l'aboiement je devine qu'il ne s'agit pas d'un caniche, je retourne à la cabine en courant.

ça laisse dubitatif...

port de Venlo, frontière Hollandaise

Il est de retour, et ça va chier...

Mardi 14

Personne ne m'a réveillé. Je suis toujours sur la route... ça n'a pas l'air de déranger grand monde, il s'agit d'un cul de sac et le traffic est faible. Le chien se remet à gueuler, il ne veut décidément pas que j'arrose son buisson. Je franchis le portail et me délecte de ma première livraison, j'en ai 4 autres, en France.
Alors M'y revoilà, en France, après 6 jours de hors forfait téléphonique. Je roule à peine quelques kilomètres et me retrouve dans THE bouchon : quasiment une heure bloqué à admirer les murs de Lille. Pas d'incidence : j'ai rendez à midi à Hénin-Baumont, la ville tristement bleue-marine.

Je suis sur réserve et m'arrète à l'IDS Libercourt pour mettre 800l de pétrole et y laisser les tandons de mes poignets : comme un peu partout le pistolet n'a pas de cran d'arrêt et il faut lutter au risque d'une tandinite pour remplir les deux réservoirs. Quand on est malin on met une cale... je ne suis pas malin.
Toujours en avance je m'autorise un café au resto d'en face... dont j'ai perdu le nom... c'était "Ch'ti quelquechose..." de toutes façons ici c'est toujours un nom avec Ch'ti dedans : "chez le Ch'ti", "La frite du Ch'ti", "Le bar du Ch'ti", "Bienvenue chez le Ch'ti", "Le Ch'ti Ch'ti", "Le grand Ch'ti", "le moyen Ch'ti"...

J'ai rendez-vous à midi, j'arrive à 11h50, j'entre à 12h02, je ressors à 12h28... bon sang je n'aurais jamais imaginé un tel scénario comptenu qu'il s'agit d'une mega plateforme loqistico-gerbante.
Pour mon troisième client ça va vite aussi... le problème c'est que ma tournée n'est pas très logique : je commence au sud de Lille, je vais ensuite, à l'Ouest, ensuite je reviens à Lille faire le quatrième avant de repartir à Cambrai en sachant que je recharge à Dunkerque... bref c'est n'importe quoi... et ça m'apprendra à prendre ma douche pendant qu'on charge la semie.

Jusqu'ici donc tout va bien : j'en ai livré 4, je ne me suis pas perdu. J'arrive à Cambrai. Sur mon CMR j'ai bien noté la mention "livraison 6h-11h", mais j'ai pour consigne d'aller voir, car mon rechargement de Dunkerque (pour la Suède) est prêt. Je tombe face à une petite entreprise, dehors un mec s'affaire avec son tire pal... Je regagne confiance quand à la possibilité de décharger... alors je vais me présenter avec mes papiers... et je me fais jeter comme une merde. Je n'ai que quatre palettes, il est 16h, j'ai un rechargement qui m'attend, et le cariste abruti de servilité protocolaire de me répondre non sans dédain : "demain matin, pas avant!"; et son supérieur de surrenchérir devant ma tentative de négociation : "mais puisqu'on vous à dit demain matin, c'est demain matin!". Consternant. Ces enfoirés Me plantent non seulement la journée, mais la semaine aussi, par effet domino : si je ne recharge pas aujourd'hui, je ne peux pas prendre le bateau demain, je ne peux pas livrer avant vendredi, je suis condamné à planter un deuxième weekend... mais tout ça ils s'en foutent éperdument. Qu'ils crèvent.

Je pose le camion devant, pour bien montrer qu'ils me plantent comme un mal-propre; et puis je me casse, à pied, car si je reste ici je risque de faire un meurtre.

Complètement énervé je décide d'aller me faire couper les cheveux. Oui, s'agit là encore d'une anecdote des plus passionnantes.
Je tourne les pages de Paris Match à la recherche inespérée d'un article intéressant ne parlant pas de Carla Bruni, puis je me fais tripoter le crane par les mains expertes de Janine, ou Josiane - je ne sais pas. Dans mon élan je m'arrête à Carrefour Market pour acheter des endives, des tomates et des kiwis... puis je m'en retourne au fin-fond de ma zone industrielle, je me rends compte que j'ai fait du chemin car j'ai une fois de plus mal au pieds, il faut vraiment que je fasse mes lacets.

Lille

Lille

Cambrai

Mercredi 15

6 minutes, c'est le temps nécessaire pour décharger. 15 heures, c'est le temps passé ici.
Ce n'est plus le même cariste ce matin, celui-ci est du genre courtois; je lui dis simplement de remercier son collègue de ma part... et lorsque que je lui explique pourquoi, il juge pertinent de dire : "ha bé oui mais les réceptions c'est avant 11h..." avec une sorte de fatalisme dans les yeux et dans la voix. Je me casse.

Je monte charger à Dunkerque. Je ne suis jamais allé à Dunkerque. J'ai rendez-vous à 10h et j'arrive à 9h30. Je reste sur le parking jusqu'à 11h, puis, alors que Daniel Morin s'apprète à prendre la parole, je dois me mettre au quai 1. Je vais enlever mes barres, je règle la hauteur de la semie, je file mon carnet de CMR, on m'indique qu'il vaut mieux attendre au camion alors j'y retourne : Daniel Morin vient juste de finir sa chronique.

Je mange une barquette de lentilles avec des sardines au piment. Pendant cet épisode gastronomique d'une rare finesse une équipe de manutentionnaires s'affaire à déconditionner, puis reconditionner la marchandise avant de la charger : voilà pourquoi ça traine.

12h20, heure du départ, Direction la Suède, même destination que la semaine dernière, on ne change pas un Régis qui gagne, même si le Régis qui gagne demande 3 week end par an.

Une petite journée en France et me revoici déjà en Belgique. Jusqu'à Brugge tout va bien : pas grand monde la route, j'ai tout le loisir de regarder les vaches body-buildées brouter un peu d'herbe pour faire passer les anti-biotiques. (les vaches d'ici ont - sans doute de par leur race - un drôle de métabolisme). Arrive Antwerpen, son ring, ses camions sur le ring... une heure de perdue à contempler les portes de celui d'en face. Je ne le sais pas encore mais ce n'est qu'un début, continuons le combat : Sur l'itinéraire Antwerpen - Breda - Utrecht - Deventer je dois taper un bon 43 Km/h de moyenne.
J'entre en Allemagne par Bat Bentheim. En m'arrêtant au poste frontière pour y prendre ma LKW Maut, je me demande si je ne suis pas allé trop loin, c'est pas possible, je ne suis pas entre l'Allemagne et les Pays Bas : il n'y a ici que des camions polonais... Pas "façon de parler": Que des camions polonais, vraiment. La réalité dépasse la caricature.
En allant prendre ma taxe je fais connaissance avec un petit lapin complètement pas farouche, étonnement pas farouche, je tente même d'établir le contact... sans succès : c'est surement un lapin polonais.

Je ne roule guère plus loin que la frontière, je sors au premier autohof venu et parviens à me garer en dehors de la zone payante : ça tombe bien je souhaite simplement profiter de 3 euros de douche et non pas de 12 euros de Schnitzel.

DunKerque

parfois conduire devient pénible

Deventer

25 mètres de Big Mac...

Jeudi 16

5h15, bordel, j'avais mis le réveil à 4h pour aller prendre ma douche. Je saute derrière le volant et je pars. Mon ticket de toll collect n'est valable que jusqu'à midi, le temps presse.
Une légère brume recouvre les champs de blé encore verts, et quelques têtes de chevreuils apparaissent lorsqu'on regarde patiemment comme je le fais ce matin tellement je n'ai que ça à foutre sur l'axe Osnabrück-Puttgarden. C'est fou ce qu'il y a comme chevreuils. Comment? "C'est fou ce qu'on s'en tape"... oui, effectivement.

Quelques perturbations aux abords des zones de travaux, comme d'habitude; en 3h30 je suis à Hambourg et je décide d'aller prendre une douche chez "Gusticus", le "Autogrill" allemand. Il s'agit d'un vieux Gusticus... je suis inquiet... mes craintes se justifient quelques instants plus tard lorsque je découvre la douche : Ce n'est pas sale... par contre, c'est petit et il n'y a qu'une douche, rien d'autre. C'est frustrant, je commençais à m'habituer aux salles de bain plus grandes que chez moi avec des poubelles qui brillent. Je me lave quand-même, j'ai payé 2 euros, et puis il y a l'Homme-pipi qui me regarde d'un mauvais oeil au fond du couloir. C'est ma première douche nulle en Allemagne.

Aujourd'hui je passe par le Danemark parce que j'ai décidé de passer par le Danemark, et surtout parce que c'est logique.
Il fait beau, il y a de l'eau, il y a de l'air, il y a de la vie, il y a mon téléphone qui sonne : c'est mon chef Thomas qui me donne de ses nouvelles. Mon chef Thomas s'inquiète aussi de savoir où j'en suis. Nous allons faire un relai parce nous avons décidé de faire un relai, et puis cela me permet de ne pas refaire le même tour que la semaine dernière, et puis de toutes façons nous sommes condamnés tous les deux - ou plutôt tous les trois (mon chef Thomas est accompagné) - à planter le week end, alors bon, on s'arrange...

Le bateau à Puttgarden, le bateau à Helsingor, les touristes, les photos... et me voilà en Suède, de retour. J'ai pile ce qu'il faut en heures pour arriver au point de rendez-vous. Mon chef Thomas me laisse une belle Lamberêt avec pub "Asotrans" , coffres et bavette... le grand luxe quoi. Lui s'en va vers Göteborg, moi je m'en vais vers le centre commercial, j'ai fini ma journée.

Il pleut toute la soirée, je mange mes endives, je passe tout un tas de coups de fil sur-taxés : j'ai un week-end à annuler.

la côte Allemande

les environs de Puttgarden

Danmark

Sverige

Vendredi 17

"bah oui mais si tu dis jamais rien..."
Effectivement je ne dis jamais rien, j'accumule du reproche, je refuse le conflit, j'abandonne d'avance. Je rêve d'un monde où les Hommes se comprennent, se respectent, et courrent tous nus dans les champs de blé en écoutant du Yannick Noah, à la recherche d'un bonheur improbable. Malheureusement tu ne vis pas dans ce monde là mon petit Regio Ribboulev, tu est "trop gentil", autrement dit tu est "trop con".
Exemple : ce matin j'arrive 2ème pour charger dans cette grande usine de Karlsham. Un ami Polonais débarque 30 minutes plus tard et se gare à côté, à contre main, j'interromps ma sièste pour l'y aider. pas merci, rien. A 8h le gardien ouvre la barrière nous donnant accès aux quais de chargement situés tous là-bas au fond de l'usine. Nous entrons. Mon ami Polonais s'accroche désagréablement à mon pare-choc comme s'il voulais me doubler dans l'usine... Je n'aime pas qu'on me mette la pression de telle manière, cela me fait faire des photos floues... car oui, plutôt que de faire la course je préfère profiter de la vue sur la Baltique. Nous arrivons au quai d'expéditions. Tandis que je fais demi-tour pour me garer correctement sur les emplacements prévus à cet effet, j'aperçois mon ami Polonais qui pose le camion en vrac et qui courre au bureau. Lorsque j'arrive moi-même au bureau il est devant moi, pas gèné, la tête haute, tout est normal, c'est à celui qui écrasera l'autre pour mieux avancer. Il s'annonce à la réception, droit dans ses bottes, et moi j'ai l'air d'un poney derrière, complètement attristé par autant de manque de respect. Mais je ne dis rien, j'accumule du reproche, je refuse le conflit. Lorsqu'il en a finit de s'enregistrer il retourne à son Man TG, parfaitement bien avec sa conscience et moi j'obtiens la troisième place, j'explique brièvement au type que je suis arrivé avant et que cet enfoiré à courru, il me répond "à d'accord... on va voir alors..." : traduction "j'en ai rien à battre - vous vous démerdez entre vous."
J'écoppe de la double peine : Mon ami Polonais repars triomphant à 11h, et lorsque je prends sa place, c'est à dire celle qui aurait dû être la mienne, les chargeurs partent en pause... je suis finalement chargé à 13h.
"bah oui mais si tu dis jamais rien..."

Avec cette amplitude emputée de 5 heures, je me retrouve à cavaler pour effectuer ma seconde ramasse. Jamais je ne prends le temps de me poser pour faire une belle photo... je torche mes voyages en Suède comme si j'étais en Lorraine où dans un autre endroit moche.
Mon chargement n'est pas des plus simples : des palettes trop larges, des trop longues... résultat je dois redoubler d'ingéniosité pour tout faire tenir : concrètement je dois en dépoter deux.

Il est 18h45 lorsque je suis enfin chargé - complet. Je suis à 1H45 du port de Malmö, ce matin j'ai démaré à 5h20... ça va donc dépasser un peu mais j'ai une place réservée sur le Finnpartner alors j'y vais.
Sur l'E6 je révèle une fois de plus tout le poney qui sommeil en moi... et un autre ami Polonais tout le malin qui sommeil en lui : il me rattrappe laborieusement alors que nous arrivons au pas de la très grande monté de Laholm. Il attaque quand-même le dépassement, sûr de lui... seulement il est visiblement chargé lourd car à peine au niveau des essieux de la semie il commence à perdre du terrain. Le bon sens eut voulu qu'il se remette derrière, ayant à peine commencé sa manoeuvre et perdant dejà du terrain... mais non... nous arrivons tout deux au cul d'un autre amis à lui qui monte à la vitesse fulgurante de 4 Km'h, et je suis obligé de tout piler. Je suis bien sûr énervé, mais je relativise, ça arrive, peut-être n'a-t-il pas su trop comment faire... bon... je le rattappe, comme il stagne et que la monté est encore longue je double... pas un signe d'excuse, pas d'appel de phares, rien : "je t'ai fait un sale coup et j'en suis fier". Un quart d'heure plus tard, une fois sur le plat, le revoilà dans mon rétro. Il double. Puis il reste devant, il mets son cligno à droite sans se rabbattre... dans l'incompréhention et vu la file de derrière je finis par lui faire un appel, à contre coeur... il se rabat, pas de "merci"au cligontant, rien.
Résumé : il m'envoie droit dans les portes d'un autre, il ne me fait pas d'appel pour que je termine mon dépassement, je lui en fais mais il ne me remercie pas... J'atteint le niveau ultime de poney-itude, et je fais une fois de plus face à un cas sévère d'écervelé du volant.
"bah oui mais si tu dis jamais rien..."

J'arrive à Malmö à 20h30, j'ai bouffé l'amplitude. Le nouveau port est affreux, je le déteste. La vue sur le centre ville à laissé place à la vue sur une déchetterie, les pavés inconfortables mais tellement typiques ont laissé place à une marre de bitume, nous sommes tout au bout du port : à pied on ne peut aller nulle part... c'est horrible. J'arrive à moitié déprimé, je sors prendre mon billet, j'entends un bruit d'eau qui s'écoule... l'espace d'un instant j'imagine, un ruisseau, une rivière, une parenthèse de nature qui aurait survécu à ce carnage, je retrouve le sourire et la paix de l'âme, je me tourne sur la droite pour vérifier d'où vient ce bruit merveilleux... il s'agit de mon voisin de parking qui pisse à même le goudron et qui pose sur moi un regard bovin lorsqu'il lit sur mon visage tout le dégoût qu'il m'inspire.

J'en ai marre. Faut vraiment que j'aille courrir tout nu dans les champs en écoutant du Yannick Noah.

Karlsham

un T

des arbres, des cailloux, des maisons de bois

les vaches suèdoises ne sont pas malheureuses

toujours beaucoup de Fluckinger entre Malmö et Travemünde

un soleil qui tarde à se coucher

Samedi 18

A peine laché du bateau je cours me poster devant la borne Toll collect où d'autres copains routiers se sont postés avant moi. Comme d'habitude il y a une bonne moitié d'entre eux qui nécessitent de l'aide. Alors j'endosse mon déguisement de Saint Bernard et je viens à la rescousse du routier et de l'orphelin, car je dois bien l'avouer, ça me fait chier d'attendre.

Thomas et Stef sont passés par le Danemark et ne sont pas loin, rendez-vous : Autohof de Mellendorf, notre fief. J'arrive le premier et décide avec un jaillissement de motivation rare, de faire une sieste. Finalement je m'endors comme un sac et Thomas, qui n'a pas osé me réveiller de suite, se voit obligé de faire sonner mon portable s'il ne veut passer la journée en tête à tête avec Stef - ce qui est tout à fait insupportable biensûr. Alors nous voici réunis devant une tasse de café, parce qu'il est trop tôt pour manger, trop tard pour déjeuner. Nous programmons la suite des évènements et reprenons la route parce qu'il faut aussi surveiller l'amplitude.

Entre rayons de soleil et violentes tempêtes nous progressons sur l'A2 en direction de Dortmund. Vers 13h30 et toujours en surveillant cette fichue amplitude qui nous prive de toute liberté d'organiser à notre guise ce voyage, nous choisissons un nouvel Autohof, tout neuf et désertique. Stef m'apprend à couper mon poulet, Thomas multiplie les prouesses synthaxiques dans la langue de Goethe, puis nous reprenons la route jusqu'à Blankeheim, où une étape indispensable au supermarché "Rewe" s'impose en vu du plantage de week-end à venir.
Je suis un peu comme à la maison dans les rayons du Rewe... depuis que j'y viens toutes les semaines. Cela dit quelques épreuves inattendues se presentent à nous, exemples : trouver du sucre en morceau... Impossible; trouver des gobelets en plastique... Impossible.

Direction le Luxembourg, direction ma première livraison : il y a cuisine, douche et toilettes, c'est à dire beaucoup plus qu'il n'en faut pour passer un dimanche confortablement.

Nous arrivons vers 22h et faisons la connaissance d'un synpathique chauffeur Suèdois, "Going", avec qui nous partageons la fin de notre repas compte tenu qu'il avait déjà concocté son plat principal : des saucisses accompagnées de boulettes de viande... sous nos yeux incrédules.

Un Samedi soir sur la terre...

des Asotrans en Allemagne

paré pour le déluge?

Dimanche 19

Temps pourri sur le Luxembourg, temps propice au glandage.

Pour le repas de midi nous mettons en commun nos réserves de bouffe, pour le repas du soir on se laisse aller à commander des pizzas parce que qu'il y en a marre de faire la vaisselle.

24h de coupure qui passent comme un éclair et nous revoici sur la route en direction de l'aire de Berchem, si possible avant la horde de camions Belges qui s'apprètre à être lachée depuis la frontière.
800l de gazole, un café, et direction la France. Nos routes se séparent : Thomas et Stef continuent leur road trip nocturne tandis que je m'enfonce dans la campagne Dijonnaise en vu de ma livraison du lendemain.

dimanche au Luxembourg

Lundi 20

Livraison au réveil dans une petite entreprise où les gens sont très sympas. J'apprécie. Je redescends ensuite sur Dijon, dans une grande entreprise où les gens sont pas sympas du tout... ça ne pouvait pas durer. On m'indique la rue parce qu'il n'y a pas de parking, on me dit d'attendre pour une durée indéterminée. Alors je décide de faire mon troisième client entre temps, c'est à St Appollinaire, à coté.
Pour celui-ci j'ai seulement un carton, rien de plus. Lorsque j'arrive, à 12h28, on me dit de revenir à 14h... parce que c'est la pause, à 12h30. Je n'en reviens pas, mais si, c'est bien la réalité Régis, tu vis dans le monde des gros cons. Je jette le carton sur le quai, j'attrappe un tampon, je laisse un CMR et je me casse. Un vrai rebelle.

Escale chez Leclerc pour manger.

De retour chez le deuxième, à Dijon, on a changé d'équipe et celle-ci s'avère un poil plus entreprenante : je passe à quai à 14h, je suis vide à 15h.

13 jours que mon que mon téléphone n'avait pas affiché son nom... et soudain miracle : mon chef appelle. C'est dingue.

La suite des évènements n'est pas très affriolante mais elle a pour unique but de me faire rentrer d'ici mercredi soir. En effet ce samedi j'ai un grand frère qui prépare un défilé de camion, et aussi un mariage; n'ayant pas prévu ces deux weekend sur la route j'aimerais au moins avoir le temps d'acheter une chemise. (entre autres). Bref Je recharge à Beaune pour Lyon. C'est nul, c'est chiant, ça dure des plombes mais bon...

nouvelle déco

Mardi 21

Je suis arrivé dans la nuit devant la grande usine et je n'ai pas pu me garer. Je me suis donc posé en vrac dans la nature et ce matin je suis le cinquième sur la liste de déchargement. décidément ce voyage est passionnant : 3 heures pour charger - 2 heures de route - 4 heures pour vider... deux semaines comme cela et je m'inscris en Fac de psycho pour me reposer pénard.

Une fois vide je recharge à Corbas pour Salon de Provence, livraison foulée. Livraison merdique aussi... mais ce n'était pas précisé. Une base, un gardien, un protocole de sécurité : 3 raisons que cela se passe mal... l'altercation avec le gardien s'avère inévitable, mon séjour à salon devient une épreuve de patience, j'ai envie de tout retourner là dedans mais je reste stoïque, parce que ce samedi j'ai un grand frère qui prépare un défilé de camion, et aussi un mariage.

Lorsque je suis vide je descends me mettre en place à Fos : chargement demain première heure.

à Fos sur Mer

Mercredi 22

La première heure ici c'est 9h30... je suis debout depuis 6h. Officiellement la boite ouvre à 9h, mais cette même boite ferme définitivement dans deux mois alors tout le monde s'en tape...

10h30 je monte vider à Lyon.
Tandis que je prends 45 minutes pour manger une salade sur l'aire de Donzère, un type se présente sous ma fenêtre avec son cric dans la main. Le type est Lituanien, le cric ne fonctionne pas. Il est temps de justiffier mon titre de routier-sympa... je vérifie que mon cric fonctionne et je m'en vais changer la roue. Il s'agit de la roue centrale d'une remorque porte-voiture, une roue de "petite-taille" ce qui facilite le travail bien qu'elle soie en piteux état. Nous passons une grosse demie heure là dessus, le Lituanien me remercie tellement que ça en devient gènant, puis je retourne au camion avec mon cric car ma coupure est terminée depuis longtemps. Au moment de remonter dans la cabine un vieux touriste accompagnée de sa vieille vient me remercier lui aussi... au début je ne comprends pas trop... mais il se justifie en disant que c'est "beau de voir de la solidarité de nos jours". Ca m'émeut un peu. Je me casse.

Je vide sur le fil à Lyon, à 5 minutes de la fermeture. Je rentre à Bourg, fin de la journée, fin du périple.

Le grand jour est arrivé

Jeudi 23
Vendredi 24
Samedi 25
Dimanche 26

Lundi 27

lendemain de fête, surlendemain de fête, Je n'ai ni le temps ni le courage d'écrire.

Il faut bien reprendre le cour de la vie "normale", enlever les rubans autour du camion, arrêter de rouler en klaxonnant... c'est presque triste.
Cette semaine je pars en Suède chercher un peu de fraicheur parce qu'ici c'est presque intenable. Mon périple commence par une livraison à Vichy, et je décide d'y aller dès ce soir, non pas pour m'avancer, mais uniquement pour découvrir cette ville et notamment ses parcs où Joséphine aimait à se promener en évitant les fiantes d'étourneaux... Joséphine où Eugénie, peu importe...

 

en voie de disparition

Mardi 28

Peu dormi, peu en forme. Je décharge dans une grande usine où ça se passe étonnement pas trop mal... Je recharge en fin de matinée et commence à monter vers le Luxembourg.
En route je croise toute une batterie de FDRiens, je tiens à signaler que ma cibi fonctionne très mal au cas où l'un d'entre eux me lise.
J'évite de peu le contrôle le flics à Toul, j'échoue à Wasserbillig. Le Burger King est désormais ouvert... et voici que je me laisse tenter par le diable en commandant un menu "Chili-Cheese-jsaispasquoi" qui à défaut d'être bon comblera un vide. Pas eu le temps de faire les courses.

les pénibles qui hésitent à doubler dans les travaux

Mercredi 29

Café, toll collect, et c'est parti pour une traversée de l'Allemagne. Je ne pars pas très tôt : j'ai rattrappé le sommeil en retard.
Le programme est des plus simple : monter prendre le bateau à Lubeck.
Le soir, au port, je vois comme une apparition : un camion français dans une rangée d'embarquement pour la Finlande. Incroyable. J'aimerais bien y aller en Finlande.
Pour la première fois je décide de ne pas manger sur le bateau parce que ça y est, j'en ai marre de ces repas gargantuesques qui empiètent sur le temps de sommeil.

la forêt de remorques de Lübeck

embarquement sur deux niveaux

ambiance

Jeudi 30

Pas de repas hier soir, donc big petit-déjeuner ce matin.
Je sors du bateau à 7h45 (contre 7h normalement), c'est la parade pour que ces gros indisciplinés de routiers ne se battent pas devant le gouleau d'étranglement et d'enregistrement situé à l'autre bout du port.
Ce voyage est un voyage éclair : je vide et je recharge complet dans la foulée pour Lyon. A peine 7 heures passées en Suède et me voici déjà au Danemark, sur le retour.

 

cote d'azur scandinave

grand beau temps à Malmö

le Bata local

E6 direction Helsingborg

collector

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