Mon Carnet de bord... Suivez mes aventures, semaine après semaine!
Juillet 2011
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Vendredi 1

J'ai dormi à Hambourg, je pars dans les embouteillages. Aujourd'hui je n'ai pas à ouvrir les portes de la semie, seulement à rouler jusqu'à ce que j'en ai marre, c'est à dire jusqu'à Metz.
L'aire sur laquelle j'atterris est une sorte de dépotoir... tout le monde pisse partout, notament autour de mon camion, j'interpelle un touriste prêt à arroser ma roue : le manque de tenue n'est pas l'apanage des routiers.
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près de Blankenheim
Steven, jeune cadre dynamique...
la populace part en vacance
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Samedi 2

Dernier samedi où j'ai le droit d'exercer mon métier avant le traditionnel jeu annuel de chat et la souris avec les forces de l'ordre, dans le simple but de rentrer à la maison aux cotés des touristes qui s'en vont eux vers un bonheur improbable où les routes sont légitimement délaissées de tout poids lourds. Alors aujourd'hui c'est la conscience tranquille que je termine ma semaine... demain est un autre jour.
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meuuh!
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Lundi 4

Début de semaine pénard, quoique je n'ai dormi qu'une petite heure. Le camion est à Pont de vaux, c'est une grosse demie heure de 4L en moins, et puis cela me permet de traverser la grande rue avec mes lunettes de soleil malgré les nuages.
Je m'en vais livrer mon chargement suèdois à Villefranche sur Saône, du moins sur le papier, car en réalité mon destinataire se situe dans une commune limitrophe ce qui explique pourquoi il n'existe pas sur le GPS, et ce qui me fait perdre une bonne demie heure. Peu importe je parviens à me mettre à quai avant midi; pour y accèder : gilet fluo, chaussures de sécu, gants, lunettes, casque, et pantalon obligatoire... je fais donc refouler à l'entrée avec mon bermuda et mes Addidas Miami Heat (pourtant très classes). Le casque sans charlotte : je ne suis pas très fan, j'ai pris ma douche ce matin...
Vers 13h30 je suis vide, je recharge à Lyon pour Clermont Ferrand, livraison foulée, un programme qui me va plus que très bien... pourquoi? parce que j'avais envie de voir la cathédrale noire et gothique de plus près...
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avec un autocollant FDR au cul
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Mardi 5

Toujours garé là où j'ai vidé hier soir, je prends le temps d'un café et d'un croissant dans la salle de repos, je ne suis pas pressé, je pars à 9h.
En passant à St Pourçain j'aperçois un type qui fait du stop... je m'arrète, il ressemble à un type qui va au boulot. C'est effectivement le cas, il va à Varennes, juste à coté, alors je l'embarque... et puis je ne suis pas mécontent de le relâcher juste à côté car il sent la transpiration comme ce n'est pas permis... ça m'apprendra à rendre service.
Je recharge pour la Suède... once again.
Mes heures tachygraphiques m'amènent à l'aire de Wasserbillig, sur le parking-voitures, comme d'habitude.
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c'est de saison
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Mercredi 6

Aujourd'hui je n'ai qu'à traverser l'Allemagne. Je commence par faire une pose ravitaillement dans mon supermarché préféré : Rewe Blankeheim. Je découvre avec amerthume qu'il y a une nouvelle collection de pierres sur les bas cotés pour repousser ces dérangeants routiers qui se prennent pour des ménagères. C'est à croire que tout est fait pour qu'on se nourrisse de sandwich-triangle chez Total ou Agip. Fait chier.
Je marche un peu mais je ne renonce pas à mes tomates, concombres, brugnons, abricots, pommes...
Je reprends la route tranquillement et attends le premier bouchon, en arrivant sur Bremen, pour caser une deuxième coupure. Lorsque je repars c'est fluide. Je roule jusqu'au port en moins de 9h. Je prends soins de me mettre en queue de peloton dans les travées-frigo, afin d'avoir une "bonne place" sur le bateau; ça marche : on m'indique le niveau du bas, celui des convois exceptionnels.
Ma chambre est un enfer : ça vibre de partout, je fabrique même des petites cales que je disperse ça et là pour essayer de dormir.
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un ORNI
cliché classic d'une traversée de l'Allemagne
une bonne place dans le bateau
sur le quai
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Jeudi 7

Tiens c'est nouveau? maintenant en guise de réveil il y a des bruits de rivière et de petits oiseaux diffusés dans les hauts parleurs... on se croirait dans les chiottes Sanifair... le seul problème c'est que le volume est dysproportionné : c'est tellement fort que la rivière ressemble à un morceau de noise, les petits oiseaux foutent franchement les boules, le réveil est d'une brutalité sans pareil.
Comme la dernière fois ce voyage en Suède tourne très court : je décharge, et je recharge juste derrière sans perdre de temps à faire des ramasses. Je choisis donc de redescendre via le Danemark.
Le premier bac (Suède-Danemark) ne pose jamais problème : la rotation est rapide et le temps d'attente supportable. Par contre, pour le deuxième (Danemark-Allemagne) il faut compter sur au moins 1h dans les travées avec l'invasion saisonnière des touristes. Toujours l'amplitude en ligne de mire, rien à faire...
Aujourd'hui la mer est particulièrement agitée, c'est même la première fois que je vois le bateau tanguer autant. J'avais initialement prévu de bouquiner... "Le viel homme et la mer" qui traine dans la cabine depuis des lustres... et je me retrouve complètement par hasard dans l'ambiance de ma lecture. C'est dingue. Tellement dans l'ambiance qu'au bout de quelques pages je suis forcé de refermer le livre sous peine de quicher... ça tangue de plus en plus. Je décide d'aller prendre l'air : le couloir central du bateau ressemble à celui du Blue Night à la grande époque : tout le monde titube. Bref passage par les toilettes pour satisfaire un besoin naturel... je suis tout d'abord horrifié de l'état des lieux... puis je comprends en essayant moi-même de viser juste tout en restant sur mes appuis, là encore ça me rappelle le Blue Night.
Le CDB de Régis : une invitation au rêve.
Je débarque en Allemagne, je roule le plus loin possible, c'est à dire jusqu'à Bremen où j'échoue avec 9h58 de guidon.
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old school
dommage qu'il ait pas la remorque
Danemark
Deutschland
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Vendredi 8

Je ne redoute que la traversée de Cologne. Bizarrement ça ne se passe pas trop mal, je perds une poignée de minutes, sans doute parce qu'il est encore tôt (11h30).
Je fonce sur le Luxembourg pour décharger en vue d'un rechargement dans la foulée en France. D'après mes calculs c'est jouable, c'est tendu mais jouable. Mon chef me confirme que le rechargement est prévu si j'arrive avant 22h - j'y serai.
Par souci de ne pas perdre trop de temps, je mets du gazole à Wasserbillig, quitte à perdre mes points Aral de Berchem qui me laissent rêver à un cadeau merveilleux depuis si longtemps déjà... mais le jour viendra j'en suis sûr.
On me décharge la semie pendant que je prends une douche, puis me revoici dans la congestion Luxembourgeoise en direction de la France.
Début du cauchemar vers 20h : j'arrive comme prévu, plein d'espoir... mais je découvre amer que non seulement on ne m'attend pas (comme prévu aussi), qu'en plus il y a environ 10 camions devant moi, que je dois charger dans deux entrepôts, le deuxième étant reporté à demain... Toutes ces bonnes nouvelles comme une rafale de mitraillette pour achever un Régis qui croit en des jours meilleurs où il ne sera plus pris pour un imbécile. et merde.
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c'est une Porsche
c'est des boulettes
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Samedi 9

hier devant mon désarroi on m'a dit "chargement demain première heure". Ce matin toute la marchandise n'est pas prète, je charge non pas à 7h mais à 9h, offrant un peu plus de mon weekend au passage.
Je ne m'en prends pas aux caristes, ils n'y peuvent rien, ils sont tout comme moi déresponsabilisés et ne font que subir cette organisation merdique. Je ne m'en prends à personne, je suis blasé, j'en ai marre, marre de courrir et de stresser pour rien.
Je redescends à Bourg. Dans la cours le Goulasch à remplacé le barbeuc, les temps changent.
fin de la semaine.
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ça va être difficile
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Dimanche 10 |
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Lundi 11 |
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Mardi 12

Une journée qui commence par un chargement à Vaulx en Velin. Puis un relais avec Ali à St Symphorien d'Ozon. Puis une livraison à St Quentin Fallavier. Puis une autre à Mâcon... heureusement annulée car il est trop tard. Jusqu'ici ça fait peu réver mais nous sommes déjà mardi et je rattaque seulement ma semaine, alors bon, il s'agirait de ne pas trop se plaindre.
Je me retrouve au dépôt à 13h... personne pour aller manger alors j'enfourche la 4 ailes jusqu'au Buffalo Grill où je me pose dans un coin et commande une grillade avec des haricots verts. La serveuse est insupportable de politesse, j'en viens même à me demander si elle n'est pas en train de me draguer... non, elle fait pareil avec les autres clients, il s'agirait de ne pas être trop parano.
J'ai pour mission d'aller chercher une semie neuve chez Lamberêt. Encore une. La cérémonie officielle de remise tourne au banal : personne pour faire le tour avec moi, une feuille signée en bas à droite, la pluie qui tombe juste au moment où je tente une photo, une paire de gant "Lamberêt" histoire de dire "on est sympa, on fait un cadeau"... et vas'y roule mon gars. Roule, mais fait gaffe quand même, la semie est neuve, il s'agirait d'en prendre soin.
De retour dans la cour je m'affaire à la mise en circulation de la bête : Je vire les barres et les sangles en surplus, je monte un jeu de crochets, je range 36 palettes dans les coffres, je passe un coup de jet à l'intérieur, je mets 222 litres de fuel... le tout sous une chaleur intenable, tellement intenable que dans un élan de fulgurance je décide de prendre une douche froide avant de reprendre le volant. Il s'agirait de ne pas crever sur place.
Je monte me mettre en place dans un abattoir perdu au coeur de la Bourgogne morvandelle, ou du Morvan Bourguignon - au choix. Je passe Semur en Auxois tandis que le soleil tire sa révérance en tapissant d'un orange flamboyant les vielles pierres de la Cité Médiévale. Me voici à l'abattoir. C'est nettement moins flamboyant. Je me mets au quai 2. Je manque de peu de baptiser le cadre arrière de la semie : il faut lever la suspension pour passer le devers, mais la baisser juste après pour passer sous le toit... heureusement Régis à un oeil de Lynx. Il s'agirait de justifier mon titre de meilleur routier du monde. Et de l'Univers. Et de Pont de Vaux aussi.
Cette soirée est une épreuve thermique et/ou olfactive : Il fait 50 degrés dans la cabine mais dès qu'on ouvre une fenêtre revient cette insupportable odeur de mort. Est-ce bien une odeur de mort d'ailleurs? A y respirer de plus près ça ressemble à une odeur de fumier, une odeur de merde... ou alors de mort, je ne sais pas. heureusement pour apporter un peu de gaité dans la cabine l'autoradio me propose "Auxois FM", c'est à dire des tubes, des tubes, et encore des tubes, que des tubes, que du bonheur, que du bon, que du... j'arrête ici le résumé de cette journée, il s'agirait de ne pas trop en raconter.
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un fossile chez Bassigny PL
ça rutile
un soir sur l'A6
Semur en Auxois
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Mercredi 13

Je ne sais pas quelle heure il est, sans doute très tôt; je sens que ça bouge dans la semie.
Personne n'est venu taper, il n'ont pas besoin de moi, tant mieux, je continue ma nuit. Dehors il tombe des cordes, et le bruit des cordes sur le camion invite à en écraser sévère. Au bout d'un moment je réalise tout de même que cela ne bouge plus derrière... mais je continue malgré tout à en écraser sévère. Il y a bien longtemps que j'ai éteint mon réveil et puis les cordes continuent de me bercer : aucune raison valable de sortir du lit.
Soudain on frappe à la portière.
Un mec avec un casque et du sang sur sa blouse :
_"Salut... c'est finit tu peux partir"
et moi qui me demande si je suis toujours dans mon rêve ou pas :
_"Salut... hun... quoi... déjà... mais quelle heure est-il... 11h?"
Le mec éclate de rire, je me réveille un peu plus; il est 8h15 et j'ai déjà l'air con.
Je décolle sous une pluie torentielle. Je complète ce chargement dans un deuxième abbatoir, toujours en Bourgogne, j'arrive trop tôt. Je mange à la cantine, je paie le café à Eric, je paie le café à Yannick, je paie le café à Bernard, je paie le café à Dédé... oui ici je connais du monde et mon porte-feuilles en souffre.
Je charge pour l'Italie, seulement 2 clients : un tour assez simple.
En cette veille de jour férié mon chef me prévient que le passage par le Mont Blanc risque d'être difficile. C'est le cas. La régulation est mise en place pour drainer les camions, mais le bouchon s'étend tout de même jusqu'à la vallée. Je perds deux heures.
Coté Italien il n'y a pas grand monde, je roule jusqu'à l'aire d'Agrate où je réussis à me caser devant les pompes-voitures. Je n'ai rien à manger dans la cabine... pas fait de courses... pas eu le temps... Alors je reporte tous mes espoirs sur un "Capri" en esquivant toute idée d'hygiène alimentaire.
Et voilà, j'ai des brulures d'estomac...
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l'automne à Louhans
ça devient difficile
j'aime les touristes...
poster FDR juillet 2011
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Jeudi 14

J'ai fait un rêve étrange : je roule, je me fais arrêter par les gendarmes, et je me me prends 400 euros d'amende parce que ma pédale d'accélérateur n'a pas assez de débattement - elle ne s'enfonce pas assez. Qu'est ce que cela veut dire? Et pourquoi je m'en souviens? et c'est quoi cette idée d'accélérateur trop court? Je ne sais pas.
Il est 7h07 lorsque je me réveille d'un bon pour partir à 7h00. Pas de café, pas de douche, je n'ai plus le temps. A 7h09 je suis déjà sur l'A4. Mon premier client est à Verone, c'est celui avec le quai impossible... alors avant la manoeuvre je fais les vitres, je replace les rétros, je lave mes lunettes, j'enlève les accoudoirs, j'éteins l'autoradio et j'invoque les esprits de la sainte-manoeuvre pour protéger cette jeune et innocente penderie Lamberêt durant cette marche arrière de tous les dangers. Je réussis du deuxième coup. (meilleur routier du monde. Et de l'Univers. Et de Pont de Vaux aussi)
Ma livraison suivante est à Padova. Il fait déjà très chaud et j'attends en plein soleil.
Tandis que ses collègues s'occupent de décharger les arrières de boeuf, un type tourne autour de la semie en prenant des notes... puis il sort un mètre, prend des mesures en faisant des petites marques au crayon... Je sors, le type vient vers moi : "Salut, t'inquiète pas, je prends des mesures parce qu'on va mettre une publicité sur cette semie"... tiens, Je n'étais pas au courant... et du coup je me retrouvre à tout mesurer avec lui pour éviter qu'il ait à faire les marques au crayon sur la caisse. Bientôt des barquettes de viande géantes derrière les tracteurs Asotrans...
Il faut que je trouve un lavage. Je tente la petite station Shell de la rocade de Padova, mais je me fais refouler parce qu'elle "n'est pas agrée pour recueillir le sang" d'après le type avec la chemise et la casquette Shell. Depuis quand les pompistes italiens s'occupent d'avoir - ou non - un tel agrément? J'ai beau brandir un bifton de 20 il ne cède pas, pas comme tous ses semblables rencontrés jusqu'à présent. Du coup je continue ma route jusqu'à Legnano, deuxième station équipée d'un lavage PL. Je suis déjà venu ici : la première fois j'ai laché 20 euros, la deuxième 25. Aujourd'hui en arrivant je sors direct : "Salut! Pour laver l'intérieur... 20 euros c'est bon?!" Le mec réfléchit un instant, puis il revient sous ma fenètre : "40 euros!"... moi : "40! pas possible, je n'ai que 20 euros sur moi".... lui : "buon, d'accordo, 25 euros!", moi : "ok 25 euros"...
Nous sommes bien en Italie.
Au moment de grimper dans la semie pour se rouler dans le sang et les bouts de viande, il se montre hésitant... alors comme je n'ai pas de temps à perdre je lui arrache la lance des mains pour laver moi-même, ce qui n'est pas pour lui déplaire... Je recharge à Mantova, tout se passe à merveille, tout va très vite... tellement vite que les caristes se trompent et qu'il faut tout recommencer. 2 heures plus tard c'est reparti.
Je prends ma douche sur place, elle est crade.
Beaucoup de monde sur l'A4, je roule jusqu'à Viverone, je mange un panino "Apollo" parce que je n'ai toujours rien dans le frigo...
Et voilà, encore des brulures d'estomac...
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bidoche time
Ils sont toujours champions du monde...
Montagnana
il fait flipper lui !
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Vendredi 15

Le frigo ne s'est pas éteint de la nuit. J'ai peu dormi.
Plus de liquide pour le café : je pars le ventre vide... j'aurai un ticket-gratuit dans 1h30 au tunnel - je peux attendre.
1h30 plus tard, je bois mon capuccino en mangeant un croissant car oui, j'ai retrouvé de la monnaie dans ma poche gauche.
Il fait beau, je rentre à Bourg.
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Aire de Viverone
paysage du Mt Blanc
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Samedi 16 |
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Dimanche 17 |
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Lundi 18

4h20, le réveil sonne, je sors de la couchette. J'ai à peine dormi une heure : je suis arrivé vers 3h au dépôt, j'ai attelé une semie, j'ai fait mes pleins... et puis je me suis vautré sous ma couette pour le peu de temps qu'il restait.
Me voici parti pour une nouvelle semaine, complètement fatigué. Au programme : 3 livraisons dans les environs de Lyon, 3 grosses bases logistiques, j'appréhende mais peu importe finalement... je ne suis pas si pressé. J'ai théoriquement rendez-vous à 6h chez mon premier hard-discounteur. "Théoriquement" en effet, car première surprise : 6H c'est l'heure d'ouverture de la réception, pas l'heure de rendez-vous, ici personne n'a rendez-vous... deuxième surprise : nous sommes 7 devant le guichet à "ne pas avoir rendez-vous", troisième surprise : il faut bel et bien poireauter ici - derièrre ce guichet car on ne prend ni numéro de portable, ni la peine de venir taper au camion pour donner l'autorisation d'entrer. Je suis dans un cauchemar. Pas de machine à café, rien, que des gros routiers qui gémissent et se rongent les ongles. Puisque je suis à la fois contraint de rester et extrêmement fatigué, je décide de me caler dans ma chaise pour finir ma nuit... ils me réveilleront bien. Quelques minutes plus tard je me surprends à ronfler... ce qui fait rire mes voisins de droite. Je dors une heure sur ma chaise, puis j'entends qu'on m'appelle, il faut que j'aille au quai n°14 pour jeter mes quatres palettes - car oui je n'ai que 4 palettes à vider.
La suite se passe étonnement mieux. Certes j'ai toujours la tête dans les chaussettes, mais je parviens à me frayer l'accès aux quais de livraisons sans trop attendre, si bien qu'à 10h la semie est vide.
A 10h30 je suis en place pour recharger, mais "pas de départ avant 13h30" d'après le chef de quai : je retourne dans ma couchette.
Vers 12h je suis réveillé par la semie qui bouge, je mange des carottes rapées, je vais boire un thé, mais "pas de départ avant 13h30" me confirme le cariste : la marchandise arrive au compte - gouttes.
Je pars finalement à 14h; direction Clermont Ferrand.
Je manque de peu de perdre des points dans la descente de Thiers car effectivement je ne suis pas passé à 50 Km'H devant le gendarme planqué dans le buisson... mais personne ne m'a courru après.
Tout comme la dernière fois la livraison est très rapide... ce qui me laisse largement le temps d'aller manger des sushis, parce que j'aime bien les sushis.
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un tracteur sur l'auroute à Givors
Back to Auvergne
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Mardi 19

Ce matin ça ressemble à la rentrée des classes : je veux pas y aller! Non effectivement, je ne veux pas y aller... A l'instar de Vercingétorix, Urbain II, Blaise Pascal ou Mamour (Le roi du mojitos), je commence à aimer cette ville et à avoir du mal à la quitter. Mais voilà, un chargement de couenne de porc m'attend, et à l'instar de Vercingétorix, Urbain II, Blaise Pascal ou Mamour (Le roi du mojitos) je ne peux y résister.
Il est 11h lorsque je referme les portes de la semie, chargé, complet. Direction le Luxembourg.
Nick Cave and the Bad Seeds, des nuages, des arcs en ciel, du soleil, du déluge, voici l'ambiance plutôt imprévisible des 7h de route à suivre.
Je fais une première pause vers Dijon pour finir mes carottes rapées, puis une seconde à Toul après avoir poireauté 15 minutes au péage faute d'avoir une voie réservée PL. Je prends mon ticket eurovignette et remarque avant de signer que le caissier s'est trompé dans le numéro d'immatriculation... je lui fais remarquer... il sort un stylo et modifie à main levée ce numéro sur le ticket... je suis surpris, je lui explique que cela m'étonnerait que ce ticket soit valable, qu'il faut le refaire... mais il refuse, et j'ai déjà payé. J'insiste, il refuse. Il finit par signer le ticket et mettre un coup de tampon, je doute que ce dernier soit plus valable qu'avant, rien à faire, il refuse de le réimprimer. Je me casse, avec mon faux ticket et l'appréhenssion de me faire arrèter. Génial.
Je fais le plein à la station Esso et trouve une place improbable, en vrac, sur le trop petit parking de l'aire frontalière de Wasserbillig. Le jour merveilleux et improbable où je n'aurais plus à prendre ces fichus tickets Toll Collect, je ne poserai plus une roue ici.
Pour l'heure, "qu'unqu'un" me sert un "burger" chez le roi du genre, tandis que dehors "il fait orage".
J'ai quelques heures de sommeil à rattraper.
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grrrr...
attention...
...sale temps!
"bonnes vacances et bonne route avec APRR"
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Mercredi 20

Je me réveille au milieu du parking désert, je marche jusqu'à la station en prenant soin d'éviter les rivières jaunâtres, j'achète un pack de chrystaline et une baguette, 3 euros 45, je renonce au café en apercevant les 10 clampins qui font la queue devant la machine, je prends mes taxes pour les trois portions d'autoroute, je retourne au camion en prenant soin d'éviter les rivières jaunâtres, je démarre, je pars.
Une monté des plus banales.
Je fais ma pause de 45 minutes le plus tard possible, c'est à dire au bout de 4h24 de volant, afin de n'en faire qu'une d'ici Lübeck. J'en profite pour manger mes carottes rapées, car effectivement je ne mange que des carottes rapées.
Tout aurait pu bien se passer dans le meilleur des mondes peuplé de poneys et parsemé d'arcs en ciel, mais voilà, sur mon itinéraire il y a Hambourg, et à Hambourg il y a des travaux... et des touristes... et des routiers, et des Hamburgers qui rentrent chez eux - ou qui vont au Mc Do. Bref, je suis à peine à la jonction de l'A1 avec l'A7 que déjà ça coince, traduction : ça sent pas bon du tout. Je n'ai pas 3 heures de volant sur ma seconde fraction de conduite et je m'inquiète peu de refaire 45 minutes, je veux juste passer.
Les minutes s'égrainent et j'avance moins vite qu'au pas. Devant moi il y a une voiture qui transporte un cheval dans un van, ce dernier bouge tellement qu'il commence à me faire peur : je garde mes distances... puis un passager sort pour fermer les aérations et plonger la bête dans l'obscurité afin de la calmer, ou de l'étouffer.
Le bouchon est chaotique, nous n'avançons plus du tout. Alors pour se distraire il y a les automobilistes qui font tout et n'importe quoi : ça se rentre dedans par inattention, ça s'arrête pisser sur la BAU, ça sort les pieds par la fenêtre ou par le toit ouvrant, ça fait coucou aux camions, ça balance des trucs sur la route, ça montre ses cuisses, ça fait écouter sa musique aux autres... Nous sommes tous confrontés les uns aux autres et l'étude comportementale est plutôt intéressante.
Cela dit je n'avance pas du tout et j'arrive bien à 4h30 de volant. Comme tout mes collègues galériens tachygraphiés je passe quelques minutes en warning sur la BAU.
Lorsque je repars je n'avance pas plus. Ce bouchon prends une ampleur phénoménale et j'ai un bateau à prendre.
Voici plus de 3 heures que je suis coincé et je cauchemarde de rater le départ. Nous sommes très nombreux en direction de Lübeck : je reconnais les "habitués" Freja, DSV, Bring, DFDS, NVO, Blomquist...etc.
Vers 20h45 j'entrevois une issue : la fin de la zone de travaux, je peux enfin appuyer à droite après près de 4H au ralenti. Je fonce en direction du port, je préviens Finnlines par téléphone (en anglais s'il vous plait) de mon heure d'arrivée, 21h45, "kein problem" d'après mon interlocutrice.
J'arrive sur le fil, j'embarque le dernier juste avant la levée du pont-levis... le bateau n'est qu'à moitié plein.
Du stress encore et toujours, et puis une conduite journalière dépassée qu'il faudra trainer durant 28 jours.
Chili con carne dans le restaurant désert, puis chambre 3078 pour récupérer un peu en vu du stress de demain.
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je veux le même carénage chef?
il ont sorti la série spéciale "furtif" chez Mercedes? J'en croise plein...
3h30 de bouchon à Hambourg
20d un gros Man
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Jeudi 21

Hahahaha... qu'il est con ce Régis. Et dire qu'il s'est démené pour se jeter sur le bateau, pour arriver à l'heure : 8h30 pétante, ce matin à Helsingborg! Rien ne sert de courrir, il faut arrêter d'être pris pour un imbécile comme disait le fabuliste.
8h30, je me présente dans cet immense entrepôt dédié à la logistique bidochière, un type à moustache regarde mon CMR, parle à son pote sur une intonation qui ne me plait pas trop, puis me rend mon CMR : "reviens à 11h". Impossible de négocier, ni moi, ni le donneur d'ordre... "reviens à 11h", c'est tout. C'est génial.
J'attends devant les quais qui restent étonnement vides.
Lorsque je me repointe à 10h50, on m'indique le quai 3... puis une fois au quai 3 on me dit de décharger. Tout seul. Pourquoi m'avoir fait attendre si c'est à moi de décharger? N'y avait-il pas assez de places à quai depuis 8h30? Partagé entre l'idée de tout envoyer chier, et la volonté de ne pas perdre de temps en présage de la suite, je finis par leur balancer leur bidoche sur le quai sans me soucier des consignes de déchargement qu'ils ont osé rajouter sans scrupules.
Je peux recharger à 12h30. A 12h30 c'est la pause. On commence à s'occuper de moi vers 13h30 et, le temps de récupérer les documents, il est 14h10, c'est à dire à peine un quart d'heure trop tard pour attrapper le bateau de 16h à Malmö... ce qui m'aurait fait gagner plusieurs heures de weekend mais bon, quand on a la poisse...
Du coup je redescends via le Danemark, comme les deux dernières fois. Et comme les deux dernières fois ça coince sévère au port de Rodby : 1h d'attente pour monter sur le bateau et attendre à nouveau 1 heure. 1 heure + 1 heure + 1 heure + 1 heure... = je dois comme à peu près tous les jours me soumettre à l'amplitude journalière et renoncer à rouler le temps qui m'est imparti au risque d'être immobilisé pour le week end, car biensûr samedi on ne veut pas de moi sur la route.
J'ai comme l'impression de ne plus rien contrôler? J'ai comme l'impression d'être un pantin qu'on balance entre les touristes, les receptionnaires, les chargeurs, les textes de loi, les flics, la BAG, les Eurovignettes, les ferry, les sociétés d'autoroutes, les autres pantins, les donneurs d'ordre, les escorteurs du tunnel, le col du grand Boeuf, Arnaud Montebour, toi, eux, Zidane et Patrick Sébastien. Oui je pète un cable.
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Blondie Logistic
j'ai retrouvé le FH de mon calendrier Möhlins
aujourd'hui embarquement sur le HH Ferry
Helsingor Danmark
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Vendredi 22

Hier j'ai fait 4 tentatives avant de trouver une pauvre aire pour passer la nuit. Mon voisin de gauche, sans doute un sourd, m'a fait profité du volume de son film pendant un moment... j'ai bien pensé lui faire profité des Dinosaur Jr mais il se trouve que j'avais aussi un voisin à droite...
Ce matin je me réveille d'un coup, 20 minutes après mon téléphone, c'est à dire pile au moment de partir. Donc pas de petit-dej : je saute derrière le volant et je m'élance sur l'A1 pour une journée qui s'annonce pénible touristiquement parlant.
Durant les premières heures de conduite, je suis relativement serein... oui "relativement", car on ne peut être complètement serein en ecoutant Lou Reed. Il n'y a pas encore trop de caravanes et autres camping-car : le vacancier est lève-tard.
Le paysage défile et je n'en retiens rien.
Pour gagner du temps, où plutôt pour ne pas en perdre inutilement, j'envisage une seule coupure... c'est possible... uniquement si je parviens à la caser au bout de 4h10 de volant pour assurer le coup. Le problème c'est qu'il y a Cologne qui se profile à l'horizon : haut lieu de l'embouteillage germanique et no-parkings-land. Je passe devant une station avec 4h02... je me dis alors "ok Régis, vas-y mon gars, maintenant tu t'arrètes dès que possible!". Or cette dernière station était le dernier endroit "possible" pour la demie heure à suivre, je le découvre fou de rage après 4h25. Telle la pauvre bestiole sans défense traquée par son tachygraphe j'entreprends un geste désespéré : je prends une sortie au hasard, j'ai cru apercevoir une ZI, je tourne à gauche au hasard, pas de place, j'échoue là où je peux : un arrêt de bus. 4h29. C'est du grand n'importe quoi.
Je repars 45 minutes plus tard pour me jeter dans le traditionnel bouchon de Cologne dans lequel je me languis une bonne trentaine de minutes.
Je fonce sur le Luxembourg, vraiment pas de temps à perdre : demain c'est priorité aux camping cars.
Je vide, je recharge, je prends une douche, je mange des quenelles.
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après le camion-remorque, le car-remorque
Régis' Machine
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Samedi 23

Allez, allez, allez... si tu ne veux pas écrire un nouveau billet d'humeur concernant cette interdiction injuste de rouler il faut se réveiller maintenant, à 2h, parce que c'est logique : tu seras moins dangereux avec 3 heures de sommeil dans les pates qu'en partant tranquille à 5 heures par exemple... Et puis si tu te fais pincer pour les heures qui vont dépasser, tu t'arrètes sur une aire, tu regardes passer les touristes en mangeant des sandwichs club, puis tu repars à 19h pour consacrer ce qu'il reste de ton weekend à ta famille. Et puis si à 22h tu es toujours sur la route et à deux pas de chez toi, tu t'arrètes à nouveau, tu remanges des sandwich club, et tu repars dimanche soir. J'ai la nausée.
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sous les pompes de Berchem
retour au petit matin
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Dimanche 24 |
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Lundi 25

ce matin je viens tôt, très tôt : non seulement je dois trouver et atteler une semi avant de partir, mais surtout je dois faire vite pour consacrer le peu de temps qu'il me reste à une trop courte nuit, conséquence inéluctable d'un weekend de folie. concrétement je dors à peine une heure dans ma couchette tandis que le jour se lève.
J'ai rendez-vous dans la magnifique zone industrielle des chesnes pour y livrer un entrepôt logistique sublime et merveilleux, comme je les aime tant. A peine suis-je arrivé devant le gardien que ce dernier me fait retourner au camion car je n'ai ni chaussures de sécurité, ni gilet fluo, ni compris qu'il fallait se garer dans la rue en amont et venir à pied avec mes documents. La journée commence bien. J'attends une petite demi-heure. On m'indique la porte 28. Après avoir contourné le batiment, je trouve cette dernière, me poste devant et pars à la recherche de quelqu'un car mes portes sont plombées et je ne peux pas ouvrir. Tous les quais sont fermés ainsi que les deux ou trois accès piétons et l'entrée principale qui fonctionne manifestement avec un interphone auquel personne ne répond. Au bout de 10 minutes de tournage en rond et de pétage de câble, j'abandonne. J'attends. Toujours devant mon quai, toujours les portes fermées. 20 minutes passent et la porte 28 s'ouvre comme par magie. Non je ne rève pas il y a bien quequ'un dans cet entrepôt :
- "bah alors, tu te mets pas à quai ?
- je suis plombé...
- bof... on s'en fout..."
La prochaine fois je le saurai : on s'en fout.
L'entrepôt est effectivement vide, non seulement il n'y a personne mais il y a aussi très peu de marchandises, si bien que lorsqu'on parle ça résonne. Ainsi résonnera cette conversation dénuée de tout intéret et de toute intelligence entre moi, fatigué et énervé, et ce receptionniste peu inspiré durant la demi-heure que durera le déchargement.
Je recharge dans l'ouest lyonnais pour vider dans la foulée au pays des volcans, des pneus, de l'eau minérale et de la truffade. Aujourd'hui pas le temps de faire du tourisme (entre autres), une fois vide, je dois aller me mettre en place à l'abattoir de Montluçon en vue d'un rechargement le lendemain. Autant dire que la soirée s'annonce fantastique.
Calé dans un coin, le long de la piste de lavage où quelques bouts de viande pourris viennent diffuser leur agréable fumet jusque dans ma cabine, je sors mon réchaud pour une assiette de pates des familles.
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the classic...
...voici la "fluidité du trafic"
petite semie, gros tracteur
une balle-ronde rebelle
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Mardi 26

Personne n'est venu taper à la cabine ça m'inquiète et me fais plaisir à la fois. je me réveille tranquillement vers les 7-8h, m'habille, mange ma traditionnelle banane, m'admire dans la glace et prends peur. Pour obtenir quelques renseignements quant à l'heure de chargement, il me faut traverser une foret de carcasses de boeufs au sein de laquelle s'activent les tronçonneuses, couteaux, scies circulaires ou autres engins de torture maniés par des ouvriers casqués, gantés, cotte de maillés et recouverts de sang qui foutent franchement les boules... surtout au réveil. Chargement pas avant midi. Régis content.
Pour tuer le temps en attendant la mort, je m'active sur la piste de lavage avec un jet haute pression qui fuit de toute part et qui m'arrose pendant une demi-heure. Je n'ai plus qu'à changer de pantalon et de chaussettes une fois l'opération terminée. Régis content. A midi je passe à quai, à 12h30 c'est déjà fini.
L'étape suivante se passe à Roanne où je retrouve Bernard et Le Basque de chez Vivarais qui m'offrent charitablement le café car je suis pauvre. Je profite du passage à quai pour remplir mon panier de ménagère au Lidl d'en face à défaut de trouver mieux, car je suis pauvre.
Il me faut maintenant passer à St Etienne, toujours pour compléter ce chargement de viandes pendues diverses et variées.Ici c'est moi qui charge car il est tard et il n'y a plus personne. De plus il me faut organiser stratégiquement la répartition des clients sur les rails pour ne pas perdre de temps à la livraison demain.
Dernière ramasse à Lyon : deux palettes qui me couteront une heure d'attente et mon repas du soir. En effet, pris à la gorge par un retard conséquent il me faut maintenant foncer direction l'Italie et me mettre en place au plus tôt chez mon premier client.
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viande
croisé The Basque
troupeau de winners
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Mercredi 27

C'est dingue comme les viandars italiens manient bien le robot. Le receptionnaire d'aujourd'hui me sort une soixantaine de crochets en 10 minutes, en parlant à ses potes, et en fumant sa clope (car oui nous sommes en Italie et on peut fumer sa clope en manipulant de la viande). La machine à café ne rend pas la monnaie et me mange mon unique pièce de 1 euro en échange d'un centilitre de caféine pure. Ca réveille.
Je dois poser mes deux palettes chez un petit marchand de viande qui a l'habitude de me les sortir à même la rue tellement il est petit, sauf aujourd'hui : je dois bel et bien reculer dans la toute petite cour, perdre 10 minutes pour pas grand chose. Ca énerve. En guise de récompense je reçois néanmoins l'approbation enjouée d'un ancien apparemment étonné de voir un si gros camion entrer ici. Ce genre de petite reconnaissance est toujours très motivante.
A fond direction Milan. Je livre 3 bouts de viande dans une énorme base de distribution où, en dépit des gardiens qui ont tendance à faire du zel, je parviens à ne pas trop perdre de temps. La suite se passe plus au nord de la ville et il me faut affronter le traditionnel embouteillage de la SS36 pour y arriver. Autant dire que je ne suis pas en avance. J'aide à décharger mais malheureusement je ne peux pas aider à récuperer les papiers et je poireaute en me rongant les ongles ainsi que l'intérieur des joues en regardant ma montre pour obtenir le précieux "cachet en bas à droite". Autant dire que je suis encore moins en avance.
D'interlocuteurs en interlocuteurs les coups de télephone défilent mais je ne sais toujours pas si je dois courir ou non chez mon client suivant, il est déjà plus de 19 heures. Dans le doute et la crainte de camper devant chez ce dernier sans avoir vu une douche, je décide de faire une pause-hygiène au nouvel autoport de Brescia est. C'est la première fois que je m'y arrete. L'endroit est comme je m'y attendais, immense. Si la douche de type "boxe" pour 2 euros n'est pas pour me convaincre il faut reconnaitre que l'endroit dispose d'à peu près tout ce dont le routier moyen peut avoir besoin. Et même plus : on peut par exemple faire un brin de muscu, surfer sur le web entre deux livraisons... C'est mieux qu'à l'aire de l'Isle d'Abeau.
De retour au camion je découvre comme par enchantement que mon télephone a sonné quatre fois et que manifestement on veut savoir ou je suis, ce que je fais. Je fonce sur Vérone, je suppose que le client m'attend, c'est effectivement le cas mais comme il y a un camion à quai lorsque j'arrive j'épprouve moins de remords.
Le type qui me décharge est indien, je suppose, ne coûte pas très cher à l'entreprise, je suppose, d'autant plus qu'il travaille en claquettes sans gants ni blouse.
Il me reste quelques bouts de viande à décharger au nord de la ville, ce sera pour demain mais je m'y rends dès ce soir: je peux dormir à quai et le frigo branché en électrique, un confort rare.
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re-viande
les environs de Cuneo
travaux à Milan
re-re-viande
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Jeudi 28

J'ai été réveillé dans la nuit mais je me suis facilement rendormi. C'est vers 7 ou 8h que ma journée a officiellement commencé par un nouveau lavage de remorque tellement agréable au réveil. Ici, le jet ne fuit pas et je peux même me laisser aller à laver l'extérieur pour faire rutiler un peu la bête. Je recharge à Mantova pour vider dans la foulée à Bourg ce qui, en partant de Vérone, devrait passer pile-poil dans les heures. Je retrouve Hervé qui m'accompagne sur la route du retour. Nous faisons 45 minutes à l'autoport d'Aoste, j'en profite pour m'acheter des chausures révolutionnaires : moitié sandales moitié baskets pour être à l'aise à la montagne comme à la plage car samedi je suis en vacances, sans mes chaussures de sécurité. Re-café au tunnel, comme d'habitude, puis je laisse filer Hervé car il roule plus vite et j'ai des carottes rapées à finir. Je me présente comme prévu dans la foulée pour vider, j'apprends que mon rendez-vous est fixé pour 1h du matin. Après 3 clins d'oeil, quelques cafés et une liasse de billets au réceptionnaire, ce dernier m'indique la porte 14, je vide et je file au dépot pour me mettre en coupure. J'ai eu de la chance. Fin de la journée.
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coupure à quai
les environs de Verona
trop contente de bouffer de la crème...
avec Hervé dans la descente
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Vendredi 29

Je suis resté dormir à Bourg ne sachant pas si ma semaine était finie ou non. Ce matin je m'en vais simplement charger à deux pas du dépot, rien d'autre à faire, je suis en vacances, c'est la fête au village.
Il me faut donc débarrasser mon camion de tous mes effets personnels : draps, guitare, tapis, livres, CDs, vélo, sommmier, matelas, baignoire, table à repasser et bien sur mon dressing personnel avec ses nombreuses chemises à fleurs. Une dernière caresse sur la portière et je laisse mon fidèle partenaire entre des mains inconnues pour sauter dans ma 4L et m'en aller vers 15 jours de soleil, de sable fin et de naïades à demi-nue me oignant le torse de monoï.
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Samedi 30 |
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