Mon Carnet de bord... Suivez mes aventures, semaine après semaine!
Septembre 2011
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Jeudi 1

Un grand soleil ce matin complète mon tourisme « pare-brise » de Suède. Régis effectue ses ramasses et nous redescendons plus au sud pour décharger. Nous repartons de Suède en début d’après midi. La descente se fait par le Danemark et nous reprenons les bateaux en profitant du paysage. Fin de journée galère, à courir contre le tachygraphe et à chercher de la place sur ces aires d’autoroute allemandes. Régis fini par trouver une place inaccessible en marche avant : C’est donc parti pour une super marche arrière pour remonter le parking et ensuite se garer en contre main. Oui Régis m’a expliqué la manœuvre à contre main, parce qu’il est difficile d’impressionner son interlocutrice quand elle ne connaît pas la difficulté de la manœuvre.
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c'est pas dans ce sens là Régis...
helsingor
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Vendredi 2

Un café et une douche pour commencer la journée comme c’est agréable. Je sais que Régis a fait beaucoup d’efforts de ce coté là pour moi, et j’avoue que c’est le seul truc qui m’a été un peu pénible pendant ces deux semaines. Ce soir nous devons être au Luxembourg pour vider, nous ne sommes donc pas trop pressés et nous partons tranquillement vers 9h. On s’arrête à midi pour manger au resto (elle est cool cette journée !), et nous repartons pour l’après midi. J’expose mon record au spider solitaire et Régis se prend pour la 15ème fois du voyage pour Kurt Cobain en écoutant l’unplugged. Nous dormons sur le parking de l’entreprise luxembourgeoise ou nous avons rejoint un des collègues de Régis. Nous mangeons au camion en regardant son collègue astiquer son camion qui brille dans la nuit.
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Invasion des vieux sur l'aire d'autoroute.
on a vu porcinet aussi. Il faut oser quand même.
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Samedi 3

Ca y est le voyage est fini. Retour en France. Je me surprends à être déjà nostalgique de ce voyage tant il m’a plu. Je n’ai jamais douté du degré de passion à intégrer dans ce métier pour pouvoir le faire, mais j’en ai d’autant plus conscience maintenant. Après, il est vrai qu’il y a dans mon analyse une subjectivité toute liée au pilote…
Je rends donc son carnet de bord à Régis, voila les gars c’est à partir de maintenant que vous pouvez relire les aventures de "tendre Ray" !
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Régis ou le routier qui n'a peur de rien
au revoir et merci FDR !
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Dimanche 4 |
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Lundi 5

Comment ça je repars tout seul? Mais j'ai pris goût au double équipage moi! Non... vraiment? Il faut que je reparte tout seul? Bon, Ok, j'envoie mon CV chez Willi Betz.
J'aurais aimé raconter ces deux semaines de CDB tant il y avait matière à raconter, mais je dois bien reconnaitre que d'une part je ne suis pas d'une assiduité carnet-de-boristique à toute épreuve, et que d'autre part ma narratrice en CDD s'est drôlement bien débrouillée. Je lui dois une fière chandelle... deux semaines de rédaction sur fièredetreresponsablequalité par exemple.
Il est temps d'aborder ici un sujet grave... Non mais que se passe-t-il à la radio en cette rentrée 2011?
En auditeur inconditionnel de FranceInter je ne peux que m'indigner, et j'avoue m'être sérieusement posé la question : Est-t-il Dieu possible que je zappe sur RTL de 11h à 12h30? Après quelques tentatives j'ai la réponse : "NON", les tunnels de pubs me sont infranchissables. Le constat est donc amer : d'un coté Bern et la plupart de ses chroniqueurs refont une sorte de "fou du roi" sur la "première radio de France" entre les Leclerc, Carrouf ou autres Mousquetaires, De l'autre Giordano et ses soporiphiques "affranchis" nous servent 1h30 de verveine dont le seul pic d'intérêt repose dans la chronique de Daniel Morin. Je suis inquièt. Je ne sais plus quoi écouter. Didier Portes fait de l'autodérision au sujet de sa présence sur RTL tout en tapant sur ses anciens collègues d'inter : j'ai de la peine.
Et comme pour m'achever il y a cette campagne de "communication" sur la fraude qui tourne en boucle du matin au soir, ce truc affligeant et nul à un point d'en devenir drôle, ces fausses scènes de vie courantes mal jouées et qui ont pour objet - selon le gouvernement, l'Urssaf, la sécu - de nous sensibiliser, de nous foutre les boules, de nous bousculer... c'est irréel d'entendre ça! Il va dorénavant falloir emmener encore plus de CDs.
Je débarque au dépôt à 9h30. Je fais connaissance avec un pti nouveau : Samy (i?) alias "Coyote" sur FDR; mais comme chaque début de semaine je n'ai pas le temps de m'éterniser, j'ai rdv à 11h à Villefranche, j'y vais.
La route Bourg-Villefranche est pénible : des dos d'ânes dans chaque bled et l'impression de ne pas avancer. Je suis à destination à 11h15. Il y a des camions plein la cour mais je passe devant tout le monde, j'ai bien rdv à 11h. Comme la dernière fois je dois m'équiper de toutes les protections possibles et imaginables, uniquement pour regarder un type sortir les 20 palettes du camion et remettre mes barres... je repense à tous ces endroits où l'on pousse de la bidoche en se fracassant le dos, en se coupant, en se salissant sans même une paire de gants.
Après cette courte formalité, après avoir rendu casque, lunettes et gilet, je fonce direction Vonnas pour amener ma belle lamberêt chez ses propriétaires, non pas pour qu'ils me la gardent (malheureusement), mais pour qu'ils la réparent.
Les mécanos sont sympas, un peu vieux-jeu mais sympas. Comme dans tous les garages du monde, lorsque le chef arrive et jette un coup d'oeil à la semie, je deviens le suspect N°1 : aujord'hui par exemple je viens faire réparer les dégât de ma roue éclatée mais "c'est pas normal", "c'est bizarre", "t'as dû rouler sur un bout de féraille"... avec cette fâcheuse tendance à nous prendre pour des brêles. Je l'ignore.
Je recharge pas trop loin pour le 63, comme je suis léger je reprends direction Villefranche via la route pénible, puis direction Tarare, Balbigny, en passant par la montagne parce c'est joli et il n'y a personne.
J'arrive à destination dans la soirée, je ne peux pas me garer devant, je ne peux pas me garer dans la zone, je ne peux pas me garer nulle part si ce n'est sur le point-information à l'entrée. Je n'aime pas ça mais je n'ai pas trop le choix, et puis je repars tôt demain : je ne vais pas franchement déranger.
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Chez Lamberêt
730ch
près de Tarare
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Mardi 6

Ce matin je livre un Supermarché. Il y a un basard pas possible et une voie déblayée pour accèder au quai : la manoeuvre "à froid" est du genre pas facile. Une heure à décharger puis je me regare sur ma place de fortune pour petit-déjeuner à la boulangerie d'en face, il est 6h, nous sommes 4 mal-réveillés penchés au dessus d'une tasse de café.
Deux croissants plus tard me voici en route pour Moulins. L'objectif est d'arriver avant Thomas pour lui laisser le quai une fois ma semie chargée.
Comme prévu nous arrivons en même temps... quasiment... c'est de ma faute j'ai trainé au café.
Nous chargeons tous deux pour la Suède et tels d'authentiques routiers nous commençons par planifier où nous allons nous arrêter manger à midi. A l'hunanimité nous choisissons Gevrey Chambertin, enfin par là-bas, je ne sais plus quel bled exactement...
En route pour la Burgundy.
On aperçoit des petits groupes de gens, dispersés ça et là sur les pentes, et puis des rangées de camionettes en bas des vignes : c'est les vendanges. Des vendanges qui insvestissent jusqu'à la route : gare aux nombreux engins viticoles sur la nationale!
Je ne suis pas garé sur le parking du resto depuis 2 minutes qu'une voiture se poste devant le camion. Un type en sort. Il vient me dire que les frigos sont indésirables ici, que les voisins "ou lui" appelleront la gendarmerie si je reste. génial. Nous allons manger. le tolier nous confirme que les frigos ne peuvent pas se garer ici, "même à vide"... là il faut m'expliquer!?
Le repas est plutôt correct, nous continuons notre monté.
Une pause à Toul pour la taxe et le café, puis c'est reparti jusqu'au Luxembourg.
Trouver une place à Wasserbillig à partir de 18h c'est fort... alors trouver deux places c'est de l'ordre de l'utopie. Nous décidons de couper un peu avant, sur une autre station hors-autoroute. Il n'y a pas de restaurant, seulement un snack, nous cassons une graine au camion et au lit.
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livraison de supermarché
Vu sur l'Allier
Un T
vendanges en Bourgogne
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Mercredi 7

J'entends frapper délicatement à ma portière, j'ouvre un oeil, puis l'autre, je regarde mon portable... il est 7h30, Nous avions dit "demain, café à 7h00", je me suis loupé. Pour me faire pardonner c'est moi qui offre.
Les montés en Suède via Travemünde ne sont pas trop stressantes niveau timing, on peut voir large. Pour les descentes il en est tout autrement... l'inverse eut été préférable mais bon.
Nous décollons à 8H. A la frontière nous faisons l'appoint en gazole, nous payons la toll collect, et nous rebuvons le café parce qu'une journée avec Thomas c'est 19 cafés minimum. Ensuite tout shuss en Allemagne.
La première partie du parcours est plutôt cool : Thomas roule devant, j'essaie de suivre. Nous n'avons tout juste pas assez d'heures pour atteindre la station désirée, celle avec un burger king, nous choisissons donc un autohof de fortune et Thomas me paie un "hamburgare" pas très bon avec beaucoup de sel et un peu de frites. Nous reprenons ensuite l'A2 direction Hannovre et cette fois je passe devant. Les deux heures à suivre sont infernales : cette portion est surchargée, ça roule fort, ça se double, se redouble, ça pile pour un oui - pour un non... je me serais bien calé à 80 Km'h, en signe d'abdication... mais un ralentissement nous met la pression : il s'agit d'avoir les heures pour arriver au port.
Heureusement Hambourg passe plutôt bien, la suite du parcours est bien plus calme; nous sommes à Lubeck largement en avance, nous prenons même le temps de boire une bière (parce qu'il y en a marre des cafés)
Arrivé en queue de peloton dans les travées j'écoppe de la meilleure place sur le bateau : au milieu - tout devant. Demain je sors en premier. Pour l'heure c'est décrassage en cabine, puis assiette saumon + snitzel avec des faux légumes à peine décongelés et plein d'huile. Bon sang on mange de plus en plus mal sur ce bateau...
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heu... celui de gauche!
Hambourg, ville multimodale
Tout devant dans le bateau
entrée des artistes
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Jeudi 8

Quel incroyable frayeur ce matin! Comme à peu près tous les jours j'ai éteins le réveil sans prendre l'initiative de me lever, convaincu que les hauts parleurs du bateau allaient me sortir du lit en Suèdois... mais non, j'ai continué à dormir... Avec Thomas nous avions rdv au café à 6h30, c'est à 6h37 très précisément que j'ai sauté d'un bon, avec la peur au ventre de regarder l'heure, et la hantise de mettre complètement loupé en sachant que je suis garé en pôle position! Quelle chance j'ai eu! quel bredin je suis! Il n'est "que" 6h37 et le bateau n'arrive "que" dans 20 minutes. De toutes façon Thomas, inquièt, était sur le point de venir me chercher.
On dirait que je manque de sommeil en ce moment.
Nous voici en Suède, avec toujours cette satisfaction inhérente à l'immensité du paysage, l'immensité des autres camions, l'immensité de tout à vrai dire... La Suède c'est comme ailleurs mais en plus grand.
Thomas me signale un gros bouchon sur l'E6 dans 15 Km. Non, il n'est pas devin, il possède un GPS dernier cri qui lui indique à peu près tout, un outil de travail pas si mal auquel je réflérirai peut-être après le minitel, et le tatou. Oui, souvenez vous, le tatou... non? tant pis.
Nous choisissons un itinéraire bis qui nous permet de découvrir de nouvelles routes, de nouveaux villages. Comme d'habitude on ne prends pas trop de risque à choisir un itinéraire bis en Suède : ça passe partout en camion.
A peine 5 minutes de perdues et nous voici à destination. Nous déchargeons chacun notre tour, puis vient l'heure du café (sans crevette) au resto routier du coin. Nos routes se séparent : Thomas part du coté d'Helsingborg, je pars du coté de Karlsham, nous avons tous deux des ramasses sur la planche.
Le temps est inconstestablement suèdois : une alternance de pluie et de soleil toutes les dix minutes. C'est pénible : il faut sans arrêt jongler entre les lunettes "normales" et les lunettes de soleil, d'autant plus que le sol mouillé éblouit. C'est dingue ce que tu as un métier difficile Régis..
Je fais deux chargements, avec juste un peu d'attente au second qui me permet d'engloutir une salade de crevette à la hate (et sans café). Puis vient ce troisième client rajouté à la dernière minute. Il est maintenant plus de 14h, j'entre dans la petite entreprise, je constate qu'il n'y a plus personne aux expéditions. Je vais au bureau, je tombe sur un type très gentil qui me propose d'aller charger lui même. Cool. Problème : il ne trouve pas la palette. Pas cool. De coups de fil en coup de fil le temps passe, les interlocuteurs passent, et toujours pas de palette. Je dois attendre une ultime réponse avant de partir bredouille. J'attends. Le mec, toujours très sympa, me propose le café. Et puis, comme il est décidément très très sympa et qu'aujourd'hui une employée fête son anniversaire, je me retrouve à table en train de manger du gateau. C'est dingue, qu'est ce que je fous là? En train de fêter l'anniversaire de quelqu'un que je ne connais pas quelquepart en Suède : j'aime mon job! Je suis un peu l'attraction du goûter, ce moment est vraiment sympa et le gâteau est vraiment bon... d'ailleurs j'en reprendrais bien une part... non, ils ne m'en reproposent pas... tant pis. J'ai l'air un peu bête lorsque tout le monde retourne à son poste et moi je reste à table parce que je n'ai toujours pas reçu mon coup de fil. Je retourne au camion, j'appelle "pour voir si on ne m'a pas oublié"... non, on ne m'a pas oublié, il faut attendre, encore, toujours. Donc j'attends, au fond de la cour. Près d'une heure passe, je rappelle... et cette fois on m'a bien oublié... génial, tout ça pour entendre dire : "ok, there's nothing here, you can go next loading"; je traduis pour les nuls : "Ouuui mon Régis, va chercher la baballe"
Ma dernière baballe est à une heure et demi de route vers le Nord, j'arrive à plus de 18h avec la crainte de me manger le portail dans les dents... il n'en est rien, je peux encore charger.
Thomas m'annonce la bonne nouvelle du jour : pas de chargement complet pour le retour avant demain. Je traduit pour les nuls : week end sur la route. Tiens? Cette semaine il était "sûr et certain" que je rentre... bon, si je ne suis pas content j'ai qu'à faire du régional.
Je retrouve un Thomas pas plus motivé, on se venge sur un McDo mais vite, vite les gars : l'amplitude tourne! Jamais tranquille...
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Avec Thomas en Suède
grands espaces
méga-citerne
V-rally
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Vendredi 9

J'ai failli pouvoir rentrer... mais plus de place sur le bateau : quand le sort s'acharne...
Thomas fait encore une ramasse ce matin, moi j'attends. Lorsque je dois partir, Thomas qui est revenu doit lui rester. C'est un peu compliqué... on ne pige pas grand chose, je reprends donc la route seul, je descends via le Danemark, on se retrouvera demain si c'est possible.
Je constate que les vacances si finies ici aussi : pas grand monde sur le premier bac. Je profite de cette traversée pour manger un bout, vite fait, dans la cabine, avec mes vieux restes du frigo.
Je déboule au Danemark, je me cale sur l'autoroute à 80, maintenant qu'il m'est impossible de rentrer autant ménager la conso. Et puis no stress, je regarde les autres doubler, je fais les appels, on me remercie, on ne me remercie pas, pas de souci, il est cool le Ray...
Et puis il arrive au second bateau le Ray, il embarque sans attendre... et dire que très pressé il m'est arrivé d'attendre 2h! Ici non plus je ne sors pas de la cabine... Non je ne boude pas, j'ai simlplement envie de taper une sièste et je préfère ma couchette aux banquettes en velour sale du bateau... Cela dit je me cache car normalement il faut sortir.
Je déboule en Deutschland, toujours à 80, toujours à regarder les autres me doubler.
Thomas m'annonce qu'il prend le bateau ce soir, je m'arrète à Reinfeld, juste après Lübeck, histoire que l'on puisse continuer cette route ensemble demain. A Reinfled je me suis casé avec toute une batterie de gars de l'Est dans une sorte de zone d'activité qui juxte un Mcdo. Le but était d'avoir internet... mais comme d'hab je ne parviens pas à me connecter. Je renonce à Ronald, deux soirs de suite c'est deux soirs de trop, je dépense 5 euros à coté, chez Aldi pour une semaine de courses pas bonnes, enfin presque.
Je découvre avec un grand plaisir qu'en ce vendredi soir la zone artisanale dans laquelle je suis garé et je tente de dormir sert de piste d'accélération pour tous les beaufs en voiture tunée de la région qui emmènent leur conquète au Mcdo. Cool.
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des "GDL" partout
j'envoie mon CV!
Le plus bel endroit du voyage
plein de gros Scania
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Samedi 10

Ce matin je n'ai pas loupé le réveil, pourtant rien de bien terrible au programme : traverser l'Allemagne sous la pluie. Thomas a débarqué à 7h et nous nous rejoignons pour un premier café avant Hambourg; le premier d'une longue liste.
L'autoroute est étrangement vide de tous camions : gros contraste avec le voyage - aller. Nous descendons cette fois-ci par l'A1, c'est à dire par Brême. Les inombrables zones de travaux elles sont bien au rendez vous... et les automobilistes y sont toujours aussi pénibles à vouloir dépasser coûte que coûte, malgré l'étroitesse des voies et leur manque de confiance. L'un d'entre eux m'a fait une belle frayeur en se décallant dangereusement sur la droite tandis que j'étais déjà à ras la barrière... bref, il sont chiants.
Nous faisons la pause de midi sur un autohof et nous délaissons le McDo (décidément il y en a vraiment partout) pour un petit resto dans lequel on ne mange pas forcément mieux, en tous cas pas forcément moins gras : Schnitzel au fromage avec frites huileuses, c'est bon pour la ligne.
Toujours grace à son GPS incroyable, Thomas nous permet d'éviter un bouchon en arrivant sur Cologne. Nous décidons à l'hunanimité de ne pas faire la seconde coupure à Blankenheim, tellement cette aire nous dégoûte... d'ailleurs il s'agit plus d'un ghetto que d'une véritable aire de repos. Nous coupons à la Total de Prüm, avec son resto que je découvre et qui présente franchement bien.
14 cafés, des eurovignettes et des tickets toll collect plus tard c'est reparti direction le Luxembourg, direction notre week end.
En ce samedi soir le Grand Duché se traverse très bien, beaucoup d'Audi à signaler tout de même : Il s'agit de Steven, Kevin, François-Xaxier et bien d'autres qui vont bouffer chinois avant de sortir en teboi.
Nous arrivons à destination et comme nous ne savons pas quoi faire, nous vidons nos remorques pour pas un rond. Un samedi soir sur la terre. Il est maintenant 22h, nous avons terminé, avec l'étrange satisfaction d'avoir tout de même fait quelquechose... En récompense RTL nous offre le multiplexe de Ligue1, d'habitude ici c'est Ligue2 le vendredi : on a de la chance!
Même pas mangé ce soir.
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Montgolfière dans le brouillard
pause à l'autohof
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Dimanche 11

Nous sommes dimanche et la pluie me réveille vers 9h30 en se fracassant violemment sur la cabine. Je tire le rideau, Thomas fait de même, Pas besoin de se parler, nous nous sommes compris.
Je voulais faire un footing, impossible, condamné à glander toute la journée. Pour se remonter le moral on met en commun tout ce qui traine dans nos frigos respectifs pour se préparer un repas gargantuesque et varié dans la cuisine de la boite. Et puis au loin on aperçois un distributeur de boisson... c'est parti pour un Coca, vraiment on ne se refuse rien! Et dire qu'il y en a qui ne savent pas quoi foutre le week end...
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un chouette dimanche
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Lundi 12

Hallelujah mes biens chers frères ! ça y est je l'ai fait ! Enfin ! Après tant et tant d'attente : ça y est, j'ai rempli mon livret d'autocollants Aral et j'ai donc le droit de choisir 10 euros d'achat dans la boutique! Génial! Non? pourquoi? oui... effectivement il n'y a rien d'intéressant dans la boutique Aral. Devant ce constat amer je décide de ne pas utiliser mon offre aujourd'hui, mais de réfléchir à ce que je vais prendre la prochaine fois. (Avec ma chance la date de validité sera passée)
Pour info la facture gazole du jour dépassait les 1000 euros... c'est qu'il est amorti le bon d'achat...
Je recharge à Metz pour l'Italie. A ma question "Heu... je passe par la Suisse ?", mon chef m'a répondu "Heu... non, on va pas s'embêter avec ça". Bon...
Du coup je descends tranquillement par la nationale, je n'ai pas d'impératif de livraison. Comme je ne suis pas lourd je passe par le Cerdon, c'est beau. puis je roule jusqu'à Cluse pour ma première coupure en France depuis une semaine : c'est ma facture téléphone qui respire.
Ce soir je me paie un menu "escapade" à "l'Etape", le resto de la Douane. J'aurais bien poussé jusqu'au Châtelard mais ce n'était pas possible d'après mon tachygraphe. Donc "l'Etape". Je me retrouve à table avec deux autres chauffeurs, personne ne parle : on mange en regardant un téléfilm à la con de TF1. Je mange trop de dessert, je colmate avec trop d'eau gazeuse, résultat je retourne au camion complètement brassé. Bien joué Régis.
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en Lorraine
c'était le bon temps...
Cerdon
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Mardi 13

0h01, j'ai un anniversaire à souhaiter, ensuite seulement je peux me coucher.
5h15, j'éteins le réveil.
6h15, mon voisin de parking fait tourner le moteur depuis un bon moment, j'ai envie de le tuer... je sursaute et réalise que cet enfoiré viens de me sauver la vie : je m'étais rendormi. Je saute derrière le volant, je me suis loupé de 10 minutes, rien de bien méchant.
Le tunnel vient tout juste de ré-ouvrir et c'est l'embouteillage dans les lacets; par chance je me faufile sans attendre dans une escorte. Je descends jusqu'à Viverone où je retrouve ma couchette pour 45 minutes de rabe.
Cela fait un petit moment que je n'ai pas posé les roues en Italie, cela remonte à Juillet. Il fait un temps magnifique, une trentaine de degrés, je roule en direction de Milan, j'arrive à destination en fin de matinée. Il s'agit d'une grande base, j'ai peur... mais je passe à quai sans attendre. Une fois vide, je coupe par la campagne pour recharger dans un abattoir au nord de Parme.
Il fait vraiment trop chaud, et puis j'ai un t-shirt qui colle, c'est désagréable... je décide donc de visiter les douches de cet abattoir malgré le mauvais aperçu que j'en ai eu la dernière fois. Pas de place, pas de lumière, pas de porte manteau, pas de pommeau... mais j'insiste, je prends sur moi, j'ai besoin de cette douche. j'approche ma main du bouton, j'appuie... et là un jet puissant et froid m'arrose de la tête aux pieds en une demie-seconde : non seulement il n'y a pas de pommeau, mais l'arrivée d'eau est orientée vers la porte. Je suis trempé. Heureusement personne n'a assisté à cette scène... malheureusement je suis assez bête pour la raconter quand même. Je persiste : je retourne à la charge avec mon gel douche après avoir casé mes affaires dans la poignée de la porte et laissé mes chaussures dehors. L'eau qui sort de ce truc ne m'inspire que très peu confiance... elle aurait servi à nettoyer les porcs que ça ne m'étonnerait pas du tout. Celà dit je me lave. Je retrouve une vague sensation de fraicheur. Et puis je réalise que j'ai oublié de prendre une serviette... je suis dans un cauchemar. Adieux vague sensation de fraicheur : je m'essuie dans mon vieux t-shirt qui pue, avant de retourner transpirer dans la cabine.
Je charge des palettes. Je donne des consignes au cariste pour répartir le poids, je reste un petit moment, il semble avoir compris, alors je retourne au camion car je ne sers plus à rien.
Une bonne heure plus tard c'est terminé, j'avance, je vais fermer. Je suis surpris de voir les dernières palettes si proches des portes : j'escalade pour jeter un oeil... Ô surprise, cet imbécile n'a rien capté : il m'a rangé 6 palettes en paroie derrière, 3 de chaque coté avec rien au milieu et le risque de les retrouver par-terre à destination. Impossible de lui faire modifier quoi que ce soit : il est déjà parti faire autre chose et le quai de type "ascenseur" est contraignant. J'aurais dû rester jusqu'au bout.
Je pars avec ça.
Il me reste 3h de volant, j'attéris à Villanova d'Asti. J'y retrouve Michel, lui aussi en coupure.
Ce soir il y a Barcelone-Milan sur l'écran géant de la station : Je jette un oeil curieux en mangeant mon panino "cotoletta". Dans la salle, une demie douzaine de tifosi dont deux flic manifestent leur émotion, à l'Italienne, c'est à dire démesurément. Ils sont tellement drôles et intrigants que je ne regarde plus le match, je les regarde eux. Mais la mi-temps arrive et les flics réalisent qu'il sont payés à rien foutre, les supporters retournent au café, et moi je me barre au camion.
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le Mt Blanc, ça faisait longtemps
wôh, ça penche!
sur les nationales italiennes
couché de soleil à Asti
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Mercredi 14

Debout à 5h, je vais chercher Michel pour boire le café. Les rideaux sont encore tirés... je le réveille? Je ne le réveille pas? Bon, je ne le réveille pas : il n'a pas de rdv de livraison et doit bien dormir.
C'est parti direction le Fréjus, je vide au Sud de Lyon dans une grande usine à charcuterie que je connais bien, en partuculier le réceptionnaire du genre pénible. La route n'est pas des plus faciles et je prends toutes les précautions avec les palettes mal-rangées; résultat ça s'accumule dans le rétro, ça s'énerve, ça prend tout les risques pour doubler.
J'arrive à 11h15, juste avant la pause, on m'indique le quai 1, je m'éxécute. La manoeuvre est à contre main avec un gros dévers qui oblige à jouer de la suspension, il pleut, je ne vois rien, bref toutes les conditions sont réunies pour rester zen. Et je reste zen : je rentre du premier coup, je suis vraiment trop fort, je m'aime bien.
J'ouvre la porte de réception pour montrer quelle tête a ce gros balaise de conducteur qui vient de manoeuvrer... je tombe sur un gars, très gentil, qui me dit "c'est bon tu peux repartir, produits non-conformes". Cool. La câme ne répond pas au cahier des charges.
Je tape la causette entre les coups de fils qui fusent de toutes parts pour essayer de trouver une solution au problème. Je dois attendre alors je ressors du quai, ferme les portes et remets le frigo en route.
J'attends jusqu'à 14h30, puis j'ai pour consigne de rentrer à Bourg. Je repars donc avec mes palettes bancales, toujours en faisant très attention.
J'arrive en fin d'après midi, au programme : pas grand chose, si ce n'est aller chercher un porteur chez TGC pour faire un dépannage demain, à l'aube d'un grand week end.
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Maurienne
traversées difficiles
la bande FM
voici la fameuse nouvelle pub...
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Jeudi 15

Oui, je sais... je vais faire des envieux... aujourd'hui je roule en Scania. J'ai un aller-et-retour à Moulins à faire, 10 palettes à charger, et c'est tout.
Je commence par un quart d'heure de café à Confrançon, histoire de me réveiller, puis je trace à travers la brume matinale. C'est tout bête mais j'éprouve du plaisir à jouer de la boite manuelle : ça me manque.
9h je suis à quai, 9h30 j'ai fait ma demie-heure, je repars dans l'autre sens.
Midi, je suis au dépôt, je gare le Scania... il va bien mais on va en rester là quand même.
Me voici en weekend. Comme j'ai des heures à rattrapper celui-ci s'annonce étendu. C'est cool.
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ça faisait longtemps que je n'avais pas rempli un disque
petit tour en porteur et puis s'en va
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Vendredi 16 |
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Samedi 17 |
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Dimanche 18 |
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Lundi 19

La nuit touche à sa fin, l'air est froid et humide, il est 5h37 ce matin, j'arrive au dépôt pour une nouvelle semaine d'aventure. J'ai renouvelé mon linge et ma selection de CDs, je balance le tout dans la cabine sans oublier mes indispensables trousse de toilette et ordinateur portable. Mon camion est là, seul, sans semie. Je vais au bureau voir quelle bonne surprise mon casier personnel renferme : comme prévu un complet pour Moulins avec... avec une Chéreau! Yes! une Chéreau! enfin une semie qui ressemble à quelquechose! Je ressors dans le noir, papiers sous le bras, je démarre les 540 chevaux, les laisse respirer 5 minutes, et pars tous phares allumés à la recherche de la belle. Constat amer : je trouve la Chéreau, elle est là, devant moi, les portes sont ouvertes, elle est vide, mon chef s'est à coup sûr tromper de papiers...
Je retourne au bureau, consulte le planning où sont soigneusement couplés prénoms et immatriculations pour chaque journée; je découvre que sous "Régis" repose le numéro "601", la semie de prêt, la croûte, celle que je traine depuis maintenant 5 semaines. Ma motivation est à son comble.
Arrivé 20 minutes en avance, je décolle donc 10 minutes en retard... C'est parti pour Moulins. Je connais la route.
Ne sachant pas si j'ai RDV, et auquel cas l'heure de ce dernier, je roule tout droit sans même prendre le temps d'un café... - café qui m'aurait pourtant fait du bien : je n'ai qu'une 1h30 de sommeil au compteur.
J'arrive à 8h30; pile. Le réceptionnaire m'indique que j'ai bien rdv à 8h30 et que je suis à l'heure; pile. Il m'indique ensuite le quai 16; je recule au quai 16. A ce moment précis, dans un élan de naïveté, je commence à y croire : je me vois vide à 9h, rechargé à 10h, au resto à 13h, à la sièste à 16h et enfin arrèté à 18h. Non, il n'en est rien, je poireaute tout le matin au quai 16, résultat je me démène pour recharger entre midi et 2, puis je n'ai plus qu'à commencer mon ascention Suèdoise sans prendre le temps ni de manger, ni de sièster si je désire rouler mon quota d'heures autorisés dans le cadre de l'amplitude journalière, ces heures de conduites étant indispensables pour atteindre Lubeck demain...
Bref, c'est toujours le même problème et je suis toujours en train de me plaindre. Pourtant... il suffit d'un arc en ciel pour s'apercevoir, entre deux rayons de soleil, que la Lorraine n'est pas si moche... et que cette journée peut mieux finir qu'elle n'avait commencé, malgré les harcelements radiophoniques de pub carglass, de messages contre la fraude, de Strauss Kahn, de Cerise de Groupama, et de bande à Ruquier... les grandes ondes de mon très moderne Volvo FH n'offrant guère plus de choix.
Point de chute : ZI Potaschbierg, Luxembourg. Pas fait de courses donc maquereau et cassoulet au menu.
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autoroute 31
terrain de jeu des Hollandais
le très large péage de Toul
Lorraine
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Mardi 20

J'ai dormi, j'ai bien dormi. Il est 8h44 lorsque je mets fin à une grasse matinée quelque peu abusive : j'avais réglé le réveil à 7h30. Pas d'incidence pour autant, aujourd'hui je n'ai qu'à faire en sorte de prendre le bateau de 22h... d'après mes savants calculs : 9h + 10h + 45min + 45min = 20h30, en prenant en compte le plus mauvais des scénarios il me laisse donc une grosse heure de sécurité. Mais voilà, on ne sait jamais : un contrôle de BAG, un pneu qui éclate, un bouchon de 3h à Hambourg, Cerise de Groupama qui fait du stop... on est jamais à l'abri d'un imprévu, j'aurais dû partir plus tôt.
Je fais mon premier quart d'heure de coupure sous les pompes de wasserbillig, le temps de déverser 700l de pétrole dans les révervoirs, et quelques goutelettes téméraires sur mes avants-bras. Je me gare sur le parking et coure à la borne toll collect pour l'imuhable cérémonie de déclaration d'itinéraire. Tout se passe normalement jusqu'à la troisième portion à payer... "bitte karte entcheken" comme d'habitude, puis "karte entnehmen", (pour les germanophobes "insérer" puis"reprendre" la carte), A ce moment précis je tire sur la carte mais elle ne vient pas, elle reste coincée dans l'appareil avec juste un bout qui dépasse : de quoi tirer dessus avec mon pouce et mon index mais rien à faire : elle est bloquée. bien entendu je m'énerve car je suis bête et impatient mais cela ne change rien. J'essaie d'appuyer sur tout les boutons à ma disposition, rien ne s'affiche à l'écran. Je continue à m'énerver. A croupi devant la machine, l'oeil devant la fente où se trouve ma carte, j'essaie de comprendre... Il y a ne petite buté à l'arrière de cette dernière : il suffit s'insister vers le haut pour la contourner. Victoire.
J'ai une vie passionnante.
Cette anecdote pour rappeler que la toll collect c'est pénible, et pour dire que j'ai 15 minutes en moins sur mon savant calcul.
Me voici en Allemagne. Je ne roule pas 5 minutes sur la nationale Trier-Bitburg que cette dernière est barrée pour travaux. La déviation m'emmène à travers les champs, me fait grimper les collines, me fait croiser la BAG (heureusement occupée à en plumer un autre), et au final me fait perdre encore pas mal de temps... je commence à flipper. Du coup, de retour sur l'itinéraire initial, je renonce à l'idée de faire mes courses à Blankeheim : je reste nez dans le guidon et mon garde manger reste vide.
Cologne passe sans encombre, je fais ma demie heure complémentaire de coupure sur une aire de l'A2; il y a un Burger King, je lache 3,99 euros.
Ensuite c'est la traditionelle portion merdique jusqu'à Hannover : les montagnes russes avec des wagons polonais. J'essaie de rouler intelligemment et surtout de maintenir la distance : sur cette autoroute il suffit d'un rien pour que ça tape.
Les roues tournent toujours, le camion avance, voici Hambourg. Depuis ce matin j'ai peur de Hambourg, de sa zone de travaux. Contre toute attente je passe comme une lettre à la poste. Du coup je suis largement dans les clous, j'arrive au port avec 8h50 de volant : belle performance.
Sur le bateau, vers 21h, l'alarme se déclenche et toutes les portes des couloirs se ferment automatiquement. Un peu surpris quand même je vais à la réception. Les hauts-parleurs s'excusent de la fausse alerte, moi je décide d'aller manger. Vers minuit j'éteins la lumière de ma petite cabine, je ferme les yeux, je rescence tous les bruits de vibrations, puis je finis par m'endormir.
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posé dans l'herbe
frontière sanitaire
mon voisin est facebookien
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Mercredi 21

Un petit 13 degrés, un ciel opaque qui crache une bruine incessante, voici le tableau. Je suis dans le peloton de tête à la sortie du bateau, il est 7h15, je me pose sur la voie de droite de l'autoroute E6 et suis le cortège en direction de Goteborg. J'écoute Nevermind de Nirvana à fond. Je sais, ce n'est pas très original d'écouter Nevermind de Nirvana, ça fait un peu le mec qui écoute ce que tout le monde écoute... rien à battre, même pas honte, j'ai envie d'entendre gueuler Kurt Cobain, j'ai envie d'entendre cogner Dave Grohl, j'ai envie que la basse de Krist Novoselic me remue les boyaux. J'arrive à destination en plein Territorial Pissings, volume 37. La transition est difficile, le retour au monde des poneys pas évident, heureusement Ilgueugueu est là, son sourire enjoleur, son regard charmeur... et son mec juste à coté (oui, les photos affichées au mur attestent qu'ils ne sont pas QUE collègues...)
Je passe à quai pile au moment de la pause, ce qui me laisse le temps de ne pas m'ébouillanter avec mon café. Je vide, je recharge des emballages.
Je dois ensuite charger à Helsingborg, chez un transporteur de renom : Borje Jonsson. Je ne connais pas excactement l'historique de cette de boite mais j'en ai un bon a priori : alors que la plupart des enseignes suèdoises font rouler des gars de l'Est, ici apparemment on résiste, on embauche local... un bien bel exemple n'est ce pas. Et puis il suffit d'entrer dans la cour pour s'apercevoir qu'il y a une "culture camion", une valorisation de l'outil de travail : au fond du parc les générations de Scania et de Volvo cohabitent. Le fleuron de la flotte, un volvo VN rutilant, trône fièrement devant ses cousins européens.
Je viens charger quelques palettes, tout va très vite. Le cariste est très sympa; je lui demande si je peux aller voir les fossiles au fond du parc pour quelques clichés. Il en est véritablement enchanté : non seulement il m'accompagne mais il m'ouvre les portes du garage qui renferme une pépite... un vieux Volvo en pleine restauration. On me présente l'artiste-mécanicien, et on m'explique le déroulement du projet. De nature pas très mécanicien je ne pige pas tout, je fais mine de comprendre et surtout je prends des photos, ce qui n'en finit pas de flatter les deux Hommes. Le camion est impressionnant.
Je quitte Helsingborg sur un a priori encore meilleur.
Il me faut attendre pour recharger complet, alors je pars faire des courses à la Coop-Forum du coin. Puis je mange, il est 15h30. Je dois toujours attendre. On m'indique 16h, puis 17h, puis 17h30, puis non finalement 19h... c'est vers 18h30 que ma marchandise est prête. Je charge et je repars en direction de Malmö pour le bateau de 22h.
En arrivant au port dans les derniers je suis convaincu d'avoir une place pas trop mal dans le bateau. Erreur. A ma grande surprise on m'indique l'étage supérieur, le pire, celui avec la grosse rampe d'accès qui fait froid dans le dos. J'escalade, inquièt de laisser le hayon obsolète de ma semi pourrie dans le dévers... quoique... si au moins ça pouvait la renvoyer au garage... Je me gare comme je peux, comme on me l'indique : entassé avec les autres.
Le resto est particulièrement dégueu ce soir, je mange machinalement des légumes sans goûts histoire de me donner bonne conscience, puis je m'enferme dans ma chambre pour vibrer avec les murs et le plafond.
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idéal suèdois
chez Borje Jonsson
ici on aime le camion
un peu de viande en tube?
FM de compèt'
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Jeudi 22

Non là c'est trop Régis! Se lever à 6h45 alors que les portes du bateau s'ouvrent à 7h ça commence à faire tard!
Oui je pense que le récit du réveil à 9h par la femme de ménage c'est pour bientôt... mais pour l'heure, 6h45 donc, je panique et c'est la moindre des choses. Je saute sous la douche tout en commençant à m'habiller, puis je bourre toutes mes affaires dans mon sac pour aller rendre ma carte magnétique à la réception, il est 6h55. Comme je suis garé en extérieur je vais de toutes façons sortir en dernier, alors no stress, je prends le temps de boire un café en regardant les premiers camions sortir.
Un mec en fluo me guide pour que je manoeuvre "à l'équerre" sans endommager le porte-à-faux de la semie, ce serait dommage, quoique... bref, je sors en avant-avant-dernière position et débarque en terre germanique à 7h30 passées. Je me mets direct en coupure sur le parking du port pour un quart d'heure, le temps de prendre ma taxe...
C'est parti pour au moins 9h de route. Je roule zen, je roule sympa, je roule courtois, du moins je fais des efforts pour.
Je m'arrête manger une salade de patates sous-vide à 11h30, c'est dégueu alors je rajoute du hareng mariné, c'est encore pire. Régis + bouffe suèdoise = cocktail gastronomique explosif.
Je passe aux Pays Bas via Bad Banteim. Je traverse sans encombre ou presque, en 4h j'arrive à la frontière belge pour ma seconde coupure. Sièste.
Depuis hier j'appréhende Anvers : en passant comme ça vers les 17h il y a un fort risque de perdre du temps... or je compte bien atterrir en France ce soir. Aujourd'hui j'ai apparemment de la chance, ça va passer tranquille!... Non... pas du tout. Je passe la bifurc de Liège, je passe la bifurc de Bruxelles, puis soudain je m'arrête, tout le monde s'arrête, il vient d'y avoir un accident grave sous le tunnel Kennedy. "L'avantage" c'est que je ne perds pas d'heures de volant à faire l'accordéon : nous sommes arrêtés; l'inconvénient c'est qu'il y en a pour 3h.
De 16h50 à 19h50 je vais rester ainsi sur l'autoroute... je relativise en me disant qu'il y a plus grave... comme par exemple des gens encastrés dans la tole sous le tunnel...
Mon programme est sérieusement remis en question pour cette fin de semaine. Je dois vider à Amiens, puis au Havre, avant de recharger à Rouen... le tout un vendredi aprem... pas gagné tout ça.
Je roule jusqu'au centre routier de Roncq, il n'y a plus de place alors je me pose dans la rue, sur un trottoir.
Le camion penche et j'ai la tête en bas pour dormir.
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sur le bateau, face aux cabines
ça roule fort entre Utrecht et Breda
ça ne roule plus à Anvers
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Vendredi 23

Le jour se lève et je suis déjà derrière le volant, au beau milieu de la somme. Le brouillard qui se fait épais par endroit, ne disuade pas les plus téméraires automobilistes de prendre des risques inconsidérés pour doubler à l'aveuglette... c'est dingue. Tout ça pour être à 8h02 à la pointeuse et pas à 8h04.
Commençons par Amiens. Je dois décharger une seule palette dans une usine à peu près grande comme Pont de Vaux : perte de temps assurée. J'impressionne au poste de garde en confirmant que je viens bien de Suède et pas de Maubeuge, l'agent de sécurité est tellement confronté aux gars de l'Est qu'il s'était adressé à moi dans un français hésitant, un peu pour voir si j'étais bien français... Ce type est plutot cool apparemment. Il passe moults coups de fil pour connaitre qui à commandé cette palette... puis, n'étant pas plus renseigné il m'envoie au magasin général. J'y rencontre un autre gars très sympa. Je manoeuvre entre les murs pour atteindre un quai tout pourri auquel je ne peux finalement pas accèder : le camion est trop large - portes ouvertes. Oui, parce que les portes de cette merveilleuse semie sont un peu en biais lorsqu'elles sont rabattues... bref. Nous trouvons une autre solution et 10 minutes plus tard je suis en direction du Havre.
11h pile poil je suis arrivé. On m'avait dit avant midi. Je trouve un type qui me fait reculer à contre main dans la cour, puis disparait. J'attends. Il ne revient pas. Un autre chauffeur me dit qu'il y a une réunion d'entreprise. Génial. J'en profite pour manger, pour écouter la radio... "Les affranchis" c'est de pire en pire, je suis à deux doigts de zapper sur RTL pour entendre les dernières pubs de Cerise de Groupama, mais la chronique de Daniel Morin arrive et avec elle la touche de bonne humeur qui manquait à cette journée... compte tenue que mon autoradio qui ne fonctionne qu'en grandes ondes - à condition que je ne mette pas les phares - ne m'a pas permis d'écouter Nicolas Rey ce matin à cause du brouillard. 12h06, elle arrive cette chronique, je suis tout ouie, je suis content, j'esquisse un sourire benet... et là... un fenwick déboule sous ma fenêtre : il est l'heure d'aller décharger.
Je repars énervé, et comme mon telepass me gratifie d'une marche arrière merdique au péage, je ne me calme pas. Il y a bien écrit "ne reculez pas nous arrivons" sur la barrière... j'aurais pû rajouter aujourd'hui "je recule car personne n'arrive".
J'avais compris un seul rechargement, il y en a deux. j'ai donc bien fait de ne pas trainer. Le premier est au Nord de Rouen. Ici aussi, le gardien parle courament le Polonais. Je charge assez rapidement et j'enchaine, je descends à Rouen.
Pour cette seconde ramasse on est nombreux à attendre... J'annonce mon numéro de commande, il n'est pas bon, coup de fil au chef. Puis j'attends la réponse, qui tarde, alors je rappelle, et je me retrouve avec mon nouveau numéro et une troisième ramasse en bonus. Nous sommes vendredi, il est bientôt 17h, je le sens mal.
Heureusement ça va assez vite chez le deuxième, je continue donc, plus au sud.
Je ne sais pas comment j'en suis arrivé là mais j'ai réussi à me mettre en sale position lors de ma manoeuvre : il y a un bout de tole qui dépasse en haut à gauche du quai, et, en voulant le contourner, j'ai fait passer la porte de la semie derrière et il s'est retrouvé en plein sur la trajectoire au cas où je ré-avance. Difficile à expliquer comme ça mais je me suis retrouvé coincé à quai. Pas fier. Certes ma semie est moche mais de là à passer en force en la rayant, non! ce n'est pas le genre de la maison! Du coup je me suis fais aider d'un autre chauffeur et nous avons réussi à re-contourner ce bout de tole en le pliant. Bon ok c'est dur à expliquer, la prochaine fois je filme.
Me voici chargé, près à redescendre. Je roule un bout, je n'ai pas de quoi passer Paris, j'échoue sur l'aire de Rosny, sa station carrouf, son odeur de marée.
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Samedi 24

Un café renversé par terre, pas ramassé, une caissière engrillagée dans sa boutique avec un regard canin comme on en trouve à la SPA, un fumet délicieux en provenance des toilettes qui vient chatouiller les narines, il est 3h30, Régis se réveille dans le décors merveilleux de la Station Carrouf, aire de Rosny. Il boit son gobelet et se casse.
Je traverse Paris comme un éclair, puis ma jauge à gazole m'impose un arrêt ravitaillement. Je sors à Courtenay, il y a une IDS. Je commence par faire une quarantaine de minutes de sièste car je suis bien naze, puis j'aperçois de la lumière au resto, il est plus de 6h. Alors tel le papillon de nuit je me laisse attirer par la source lumineuse, j'évite de m'écraser sur un pare-brise en traversant la route, et je vais boire un nouveau café. Oui le papillon de nuit boit souvent le café. Nous sommes 4 au comptoir, ça sent la fin de semaine, ça radote au sujet du boulot, des jeunes qui veulent pas travailler, des profiteurs du système... comme dans tous les restos routiers du monde. La gérante est plutôt sympa, elle essaie de me faire participer sans arrêt à la conversation avec ce mouvement de tête pour dire "et toi? qu'est-ce t'en penses mon gars?". Moi je n'en pense rien mais je joins le niais au courtois pour lui renvoyer des mouvements de tête traduisibles par "hof... pfff..." ou encre "ben ouai..."
Après je me casse.
Je mets 100l à la station, ce sera suffisant pour arriver sur réserve à Bourg.
Le jour apparait, le brouillard persiste, je suis seul sur l'autoroute, c'est beau.
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café à Courtenay
autoroute 6
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Dimanche 25 |
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Lundi 26

Nous sommes lundi matin, il fait beau, il fait chaud, c'est reparti pour un tour. Je commence cette journée, une fois n'est pas coutûme, par une petite séance de bricolage. Au menu : remettre en place mes deux longue-portés au dessus de la casquette, parce que d'une part ça fait moche tout tordu, d'autre part j'en ai marre d'éclairer les étoiles, j'ai l'air bête, je n'ose plus faire d'appels à mes potes sur la route, j'en souffre énormément. J'avance donc au ras du quai, je sors la caisse à outils (car oui, j'ai une caisse à outils!) et je resserre les écrous qui en ont besoin - c'est à dire tous...
Aujourd'hui ce n'est pas mon anniversaire, ni ma fête, ni toute autre date à célébrer, pourtant j'ai l'immense privilège de ne pas repartir avec ma semie Tradimar. Extraordinaire! J'ai même droit à une Chéreau... une même pas toute blanche... oui, avec la pub "Asotrans" dessus! Retenez-moi je vais tomber! Arrête de te pincer Régis et attelle-la vite avant que le programme ne change!
Je pars à Lyon charger pour Clermont. Cette journée serait définitivement parfaite s'il ne fallait pas impérativement l'achever à Monluçon, devant l'abattoir, prêt à recharger le lendemain...
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Mardi 27

Pour commencer on me charge - parce que moi j'ai une nuit à terminer - les deux paroies de la semie avec des arrières de boeuf. Personne ne me prévient lorsque l'opération est terminée, je me rends compte tout seul au bout d'un moment que cela ne bouge plus à l'intérieur et je vais chercher les papiers un peu amer d'avoir perdu du temps. D'autant plus amer lorsque je découvre le travail effectué : les arrières sont chargés "à l'envers" : normalement il faut mettre le cul contre la paroie, ça bouge moins, ça prend moins de place et ça évide d'abimer la viande avec les frottements... il faut bel et bien toujours être présent au chargement.
Je pars en direction de Roanne. A l'abattoir je retrouve Bernard de chez Vivarais, habitué des lieux. Cette fois-ci c'est moi qui paie le café et nous discutons un moment parce qu'il est très sympa Bernard.
Ensuite c'est Saint-Etienne. Je réussis une manoeuvre pas très évidente du premier coup pour aller charger une cinquantaine de crochets avec mes petits bras musclés. Les taquets "coulissants" ne sont vraiment pas pratiques sauf si on mesure 2m30 et on parvient à les faire coulisser à la main... Je ne mesure pas 2m30 et je ne parviens pas à les faire coulisser avec ma barre à taquets.
Une palette chargée à Lyon et me voici en route pour l'Italie; 5 livraisons au programme.
Parce que j'en ai marre du hareng suèdois et du pain polaire, je décide de manger à l'autoport de Suse le temps d'une demie heure de pause. 7 euros pour une assiette de pâtes, un yaourt, un brugnon et un café ce n'est pas cher.
Il me manque un quart de d'heure pour arriver chez mon premier client ouvert toute la nuit. Tant pis, je coupe sur l'aire de Villaboit.
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Mais comment fait Bernard pour se caser tous les jours ici sans rien abimer?
direction la montagne
Susa autoporto
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Mercredi 28

Par où je commence? J'ai 4 livraisons à Milan, aux 4 coins de Milan. J'hésite jusqu'à la sortie "Arluno" : au dernier moment je décide, assez bizarrement de changer mon programme et de faire la livraison de la région de Busto Arsizio en premier. J'ai pris à droite au rond-point du péage... je me suis surpris moi même... je me suis dit "ha ouai? je commence par celui là? et bien allons-y...
Les routes sont peu évidentes à choisir et à pratiquer dans les environs, il faut y voir clair entre les vraies et les fausses interdiction PL. Ainsi ce matin je me fais une belle frayeur en déboulant, au hasard d'un panneau "interdit PL", suivi d'un autre "interdit bus", devant une sorte de chicane pour passer un pont. Je suis passé vraiment de justesse entre les barrières de sécurité, pas très fier mais aussi dans l'incapacité de capter quoi que ce soit à l'itinéraire idéal pour désservir ce client.
9h15, j'y suis. J'ai une palette à poser. Il faut faire la manoeuvre, même pour une seule palette. Alors va pour la manoeuvre... sur la route, dans un carrefour, à ras les murs, à ras le trottoir, cassé à l'équerre, bref une horreur. Heureusement il y a un type sympa qui me guide.
Pour ma seconde livraison je repasse via la chicane pourrie, le mec en voiture derrière se montre impatient et ne manque pas de me le faire savoir avec son klaxon sur les 4 ou 5 km de l'itinéraire qui me sont interdits mais que je dois prendre... quel imbécile...
Je vide cette fois-ci du pendu, avec un type qui m'explique sa théorie sur la "crise" en Italie. Il est peut-être sympa mais je ne pige pas grand chose et il semble s'en foutre. Du coup je trouve le temps bien long.
On indique un bouchon sur la tangenziale, je contourne par le sud pour aller chez mon troisième client à l'Est milanais. Je décharge ici les deux rails en paroie, je repars donc avec une semie chargée uniquement sur les trois rails du milieu : prudence recquise.
Nouveau bain de viande une demie heure plus tard, au sud de Lecco.
Tout se passe finalement pas si mal, j'arrive à 17h à Verone pour ma dernière partie de viande en l'air du jour. 17h30 la semie est vide, Régis est content, mais il doit trouver un lavage dans les environs.
Guidé par mon intuition je me dirige vers l'interporto de Verone : vu le nombre de camions que ça brasse il doit bien y avoir de quoi les laver. Bingo : je trouve un garage avec un piste. A l'entrée un panneau : "lavaggio interno" 37 euros... et bim!!! Je lis un peu plus bas : 27 euros si c'est moi qui lave. Bon... va pour 27. Je cherche quelqu'un et tombe sur un type qui se montre tout désolé parce que... ça ferme à 18h et là est il moins dix. Le mec est sympa, il m'indique une autre station toute proche.
Il s'agit d'une station Shell, lavage à 25 euros avec laveur et produit bactéricide... je m'en tire bien.
J'ai pour consigne de descendre à Reggio, chargement demain.
J'arrive à Reggio, j'essaie de me garer dans la zone de mon client, sans succès; alors j'essaie de me garer sur la petite place avec le marchand de panini à quelques kilomètres, sans succès; alors ne sachant plus où aller j'échoue sur la station Esso de Cella avec son grand parking PL.
Je n'aime pas cet endroit, comme tout le long de SS9 c'est plein de protituées et de types en bagnoles qui tournent autour.
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des veaux en mini-jupe, on se croirait en boite
on creuse toujours à Monza
à vendre
joli
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Jeudi 29

On vient de frapper à la portière. Le bruit à débarqué comme ça, au milieu de mon rêve, mais maintenant j'en suis sûr : on vient de frapper à ma portière. A peine éveillé je me confirme à moi-même qu'il n'y a aucune raison légitime que l'on frappe à ma portière, il s'agit donc d'un imprévu, et les imprévus au beau milieu de la nuit c'est rarement bon. J'ai toujours de l'appréhension au moment de tirer le rideau : imaginons quelqu'un qui me braque avec une arme... qu'est ce que je fais? Je le braque avec mon téléphone? "Bouge pas mec je te préviens il est chargé!", non...
J'entre-ouvre le rideau. Sous ma fenêtre une femme... du moins un truc qui ressemble à une femme : le visage grossièrement peinturluré, le cheveux gras, l'oeil stupide et vitreux - sans doute sous l'effet d'une quelconque drogue. Elle me dit d'ouvrir, je lui fais un signe de la tête comme pour demander "qu'est que tu veux?", elle me redit d'ouvrir. Je baisse un peu la vitre, elle me demande quelquechose que je ne comprends pas, alors elle fait le geste qui va avec... un geste que l'on peut aussi utiliser pour traduire "se brosser les dents". Je l'envoie bouler. C'est la dernière fois que je dors à Cella, cet endroit me fait gerber.
J'ai peiné à retrouver le sommeil, à cause de cette vision pathétique de ce truc qui ressemble à une femme et qui porte toute la détresse du monde dans ses yeux stupides et vitreux - sans doute sous l'effet d'une quelconque drogue.
J'ai donc peiné à me réveiller. Il est 9h lorsque je trouve assez de motivation pour passer un t-shirt et sortir de ma tannière. Les prostitutés sont allées se démaquiller, les voitures ont cessé les va-et-vient : le soleil revenu, la station service à quitté son décor de terrain de débauche pour redevenir une station service. J'ose à peine aller prendre un café mais je me force.
9h50 je suis de retour à Reggio pour charger, on m'avait dit 10h - pas avant. Je me mets au quai de gauche, comme d'habitude. Une fois la manoeuvre terminée, le chargeur m'explique qu'il y a sans doute une erreur : il n'a rien pour moi. J'attends un instant, je passe des coups de fils, il y a effectivement une erreur, je ne sais pas laquelle mais pour l'heure je peux sortir du quai et laisser ma place au suivant : mon chargement semble être annulé, je n'ai guère plus d'info. Dans le doute je vais me garer pas trop loin et, en attendant d'en savoir plus, j'entreprends un ménage en profondeur.
Une petite heure de poussière plus tard voici le nouveau programme : chargement de viande à Modena.
L'air est nimbé d'une odeur nauséeuse : ça sent le cochon et le pourri à la fois; une sorte d'elixir dans l'atmosphère dont les effets peu ragoûtants prennent tout leur sens lorsqu'il fait, comme aujourd'hui, une chaleur suffocante. Je suis dans une grande usine à viande comme il y en a tant dans les environs. En voyant le tableau, j'en suis à me demander comment est-ce possible qu'il n'y ait pas de problèmes sanitaires, bactériologiques, avec toutes ces matières carnées à l'air libre, toutes ses flaques suspectes au sol, toutes ces mouches...
Je charge une moitié de semie : une demi heure. J'attends les documents : 1 heure.
Je complète à Mantova.
Sur la route du retour, je me retrouve engoncé dans le traditionnel bouchon de la tangenziale milanaise, puis dans un autre bouchon sur l'A4 à hauteur d'Arluno. Je peux m'arrêter à tout moment, je n'ai qu'à rentrer à Bourg d'ici demain. Je décide de continuer car à partir de 22h j'ai la route pour moi tout seul. J'en profite.
Je passe en France à minuit et m'arrête de l'autre coté du tunnel sur l'aire des Houches.
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celui-ci a fait du chemin
une salaison industrielle
convoi exceptionnel
Tout seul au tunnel
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Vendredi 30

brrrrr......brrrrrrrr.......brrrrrr...... BRRRRRRRR......BRRRRRRRRRR!!!!!!! Bordel mais je vais le tuer!!! oui! lui! le mec qui tond la pelouse juste sous ma fenètre! Il est 8h22, je me suis couché à 3h30.
Je ne peux plus dormir, je vais prendre un "grand-crême" à la Total. Tout est hors de prix ici, je renonce donc au croissant, d'autant plus qu'il a l'air frêle et gras à la fois.Après 11h de coupure je décolle.
La descente du Mont Blanc à froid, chargé lourd, je n'aime pas et le camion non-plus.
Il est déjà midi, je viens à peine de débuter cette journée, mais je m'arrête déjà manger... et ho! cool! Nous sommes vendredi et je n'ai rien de plus à faire. Je me retrouve donc attablé entre Nanard et Bébert, au routier de St Pierre en Faucigny. Ici aussi personne ne parle à table, c'est encore moins convivial qu'un repas pris dans la cabine. Alors j'écoute la conversation de la table d'à coté : on compare les nombres d'amis sur facebook, c'est passionnant.
Je suis à Bourg deux heures plus tard, je dois laisser le camion chez Volvo pour une révision de je-ne-sais-pas-trop-quoi, ensuite je suis en week-end.
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pas besoin de réveil ce matin
encore une nouvelle semie, belle déco...
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