Mon Carnet de bord... Suivez mes aventures, semaine après semaine!
Decembre 2011
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Dimanche 18

Il y a deux grands yeux qui me regardent derrière la baie vitrée. Dorian, en pyjama, du haut de ses trois ans et demi, scrute mon départ. Il est 21h55, je démarre. Je fais un appel de phare, juste pour rendre le spectacle encore plus grandiose. Je suis ému : je me revois moi-même derrière la baie vitrée, à attendre les appels de phares et le coup de klaxon, puis à regarder l'énorme camion tout illuminé s'enfoncer dans la nuit.
Il est maintenant 22h00, je sors de la cour. C'est reparti pour de nouvelles aventures. La mission : monter au Luxembourg en solo, atteler une semi-remorque, monter en Suède. J'ai 5h30 de route et une alerte orange météo à parcourir sans remorque, je ne suis pas tranquille. A cela vient s'ajouter cette drôle de sensation de se retrouver derrière un volant, là, maintenant, après quatre semaines passées à la maison. Difficile.
Je choisis l'autoroute pour éviter les Vosges, mais à peine ai-je passé Dijon que l'alerte orange se confirme : il neige. Très vite une couche blanche se forme sur l'autoroute, il n'y a manifestement pas un gramme de sel.
Je passe deux heures à rouler en solo dans la neige, l'oeil vif, la main souple, le pied ultra-léger. Je progresse entre 60 et 70 km/h.
Première monté d'adrénaline dans les environs de Langres : Il y a six ou sept ensembles échoués en warning dans une côte, la voie de gauche est dégagée, je passe. Seconde monté d'adrénaline après Montigny : les véhicules d'en face me font des appels de phares, je ralentis, puis je tombe nez à nez avec un camion en portefeuille qui vient de traverser le terre-plein central pour finir de mon coté. Je suis le premier sur les lieux, je m'arrête et descends m'assurer que le chauffeur va bien. Il va bien. Plusieurs automobilistes s'arrêtent, appellent les secours, tandis que je dégage quelques débris de glissière pour créer un passage sur la gauche : ça passe juste, mais ça passe. Je roule jusqu'à Toul où je stoppe avec déjà 4h10 de volant.
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C'est reparti!
sous la neige...
...en solo
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Lundi 19

Nous sommes donc déjà lundi matin. La neige a le pouvoir de créer des liens entre gens qui s'ignorent le reste de l'année : tandis que je bois mon café, il y a le caissier qui discute avec un routier et un automobiliste, tous sont enthousiastes de partager leur avis concernant l'incompétence des services de déneigement et chaque phrase se ponctue par le traditionnel : "pourtant c'était annoncé à la météo!". Bah oui, c'est vrai, pourtant c'était annoncé à la météo : je me sens moi-même obligé d'aller ajouter cette info à leur conversation...
J'ai apparemment fait le plus dur : à partir de Nancy la chaussée est noire. Quelques flocons épars virevoltent dans l'air mais ils disparaissent dès qu'ils touchent le sol, rien de bien méchant.
Je fais l'appoint en gazole au Leclerc - sortie Maizières les Metz, une centaine de litres, puis je continue en direction de la frontière.
5h00, me voici dans la cour de GN Transport, au premier plan j'aperçois une tautliner décrochée qui penche méchament de l'avant... j'espère qu'il ne s'agit pas de celle-ci... si, c'est bien elle, la "950". Je parviens à l'atteler, tout juste. J'ai maintenant 25 tonnes accrochées aux fesses, j'entrevois la suite du parcours avec un peu plus de sérénité. Et pourtant. Après la neige c'est le verglas que je redoute : il fait 0°C, il tombe une petite bruine...
Je prends mes tickets "toll collect" à Wasserbillig et je passe en Allemagne.
En 8h50 j'atterris sur une pauvre aire d'autoroute à hauteur d'Euskirchen, le jour se lève, cette première période de conduite se termine dans un froid perçant; j'ai oublié de prendre un bonnet.
Je devais initialement livrer à Halmstad demain matin, j'ai perdu trop de temps.
Je ne parviens pas à programmer le webasto plus de deux heures... je m'endors au chaud vers les 10h, puis je me réveille la stalagtite au nez vers les 16h30. Je rallume mon téléphone, j'ai 3 appels en absence de GN Transport. Il y a du changement : un chauffeur Suédois me rejoint sur ma pauvre aire d'autoroute, nous échangeons de semi. Je récupère une "Ekery" chargée pour Veddinge (Malmö) : mon programme passe de "impossible" à "difficile", car de Euskirchen à Veddinge il y a plus de 800 km, et je dois livrer demain matin. Certes...
Après 11h de coupure je repars pour un road-trip nocturne qui s'annonce donc très tendu.
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coupure à Euskirschen
le bureau de Ray
un complet de Porsche
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Mardi 20

Autoroute A1 du début à la fin, 90 km'h du début à la fin. J'arrive au port de Puttgarden et comme d'habitude il y a un peu d'attente : la fréquence de rotation des bateaux est assez longue au milieu de la nuit. On aimerait faire la sieste dans les travées, mais il faut rester prêt à démarrer à tout moment... ce n'est qu'une fois à l'intérieur du bateau que je m'autorise 45 minutes de sommeil profond en me cachant dans la couchette pour éviter d'avoir à tuer le temps sur les banquettes de l'espace détente ou celle de la cafétaria.
J'entre au Danemark à 5h15, la pire heure : du port de Rodby où je me trouve, à Copenhague où je suis contraint de transiter, il y a environ 1h45... cela signifie que je suis bon pour manger de l'embouteillage. Le coup classique : tu roules toute la nuit dans la campagne déserte et tu te tapes les pires heures de pointe au petit matin avec tout un tas de gens qui viennent de se lever alors que tu aimerais tellement aller te coucher... ôôô quotidien tragique du chauffeur routier...
Je perds une vingtaine de minutes. Je stresse.
Mon changement de programme d'hier me permet d'inaugurer un nouvel itinéraire pour aller en Suède : j'ai pour consigne d'emprunter ce matin la route qui enjambe la baltique entre Copenhague et Malmö , via le pont d'Oresund. Une grande première! En effet pour des raisons tarifaires nous avons ordre de ne jamais passer par là. Un tunnel ultra moderne, puis un pont très haut et surtout très long... ce doit être vraiment très spectaculaire... parce que manque de chance je n'ai pas vu grand-chose, dans cette nuit noire de 7h30 du matin.
J'arrive chez mon client avec 10 heures et 1 minute de volant. Contrarié par cette fâcheuse minute en trop...
Je ne parviens toujours pas à programmer le webasto plus de 2h. Comme hier je m'endors au chaud et me réveille gelé. Je n'ai quasiment pas vu la lumière du jour... il faut dire qu'elle se fait très rare en cette période de solstice d'hiver. Il n'y a strictement rien à faire dans la zone d'activités où j'ai échoué : même pas une route à regarder comme le font mes amis les bovins. Rien.
Je redécolle dans la soirée, rendez-vous avec Magnus, un nouveau chauffeur Suédois avec qui je dois échanger ma belle Ekery contre une Tautliner "mega" beaucoup moins prestigieuse. L'opération se déroule au port d'Helsingborg. Avant de commencer à redescendre je profite de la douche mise à disposition : c'est grand, c'est propre, c'est gratuit, et c'est bon à savoir.
Sur le premier bac je ne sors pas du camion : je préfère mon sandwich à celui de Scandlines.
Arrivé au Danemark je laisse filer le troupeau de collègues qui m'accompagnaient dans le bateau : j'ai l'intention de me caler à 80 km'h, alors il s'agirait de ne pas emmerder tout le monde, quand on peut éviter. Si je décide de me caler à 80 c'est parce que j'ai le temps, et que je ne vois pas d'autre idée pour essayer d'être le plus pro possible que de réduire ma consommation de gazole.
J'arrive au port de Rodby vers minuit, il y a un peu d'attente.
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Copenhague by night
sous la Baltique
j'hérite d'une Ekery
genre je lis le Rostock City...
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Mercredi 21

Cette fois je me motive à sortir de la cabine et à faire un tour sur le bateau. Il y a une heure de traversée et la sièste risquerait de me casser dans mon élan. Alors je me paie un café au bar... un grand café, cher et dégueulasse, avec une touillette en bois qui râpe sur la langue et laisse son goût de bois de cagette dans la tasse... l'extase.
Je flâne un instant dans la boutique qui recèle de tout un tas de cochonnerie apparemment très convoitées vu le monde que cela draine... il y a deux vigiles qui ne me lâchent pas du regard, ils s'imaginent manifestement que je m'apprête à piquer quelque chose... alors je fais exprès d'avoir un comportement suspect : devant le stand Chanel je regarde furtivement autour de moi, devant les montres je fouille dans mes poches, devant les bouteilles d'alcool je compare les étiquettes, devant les chocolats je refais mes lacets... puis une fois que ce petit jeu me lasse je m'en vais, cela ne servait strictement à rien sinon à m'amuser et à agacer les deux catcheurs en costard.
Une fois de plus je laisse filer tout le monde lorsque le bateau accoste en Allemagne... d'ailleurs il s'agit, pour la plupart, des mêmes camions que j'avais déjà laissé filer à Helsingor. Beaucoup d'Espagnols - du moins en ce qui concerne les immatriculations-, et tous sont très pressés de rouler dans les fesses les uns les autres.
L'Allemagne est nettement plus agréable à traverser de nuit. Je roule jusqu'à Osnabrück sans encombre.
Nouvelle coupure de jour sur l'autohof de NeuenKirchen. Je dors à peine 3h. Une fois réveillé je me laisse aller complètement : me voici attablé au Burger King d'en face avec un "extra long chili cheese machin chose" sous mon nez... une insulte au raffinement, un bras d'honneur à mes pseudos valeurs de Bobo écolo vindicatif au point d'écrire des textes dénonçant les aberrations consuméristes sur la triste destiné des bouts de jambons... bravo Ray!
15h20, je reprends le guidon, direction le Luxembourg. J'y suis à 22h, je décharge, je recharge, je discute, je mange un bout de fromage et je vais me coucher.
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autohof de Neuenkirchen
new Actros
ça change des bouts de viande
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Jeudi 22

Ce matin encore je refuse de sortir de la couchette : il fait trop froid! Non mais qu'est-ce que c'est que ce webasto qui ne dure que 2h? N'a-t-on jamais inventé un appareil plus stupide?
Pas de café mais une douche bouillante pour remettre mon thermosta à température. Je fais le point concernant ma fin de semaine avec les affrèteurs, puis je décolle, chargé pour le sud de la France.
Le temps est pourri à souhait alors j'égaye mon esprit à l'aide de mon répertoire téléphonique : j'ai 3 jours à l'étranger à raconter à mes proches... un discours déjà fatigant au bout du deuxième appel...
A 13h je m'arrête manger sur l'aire de Dijon : le parking PL est assailli par une horde de cadres sup en RTT, avec la pouf et le merdeux qui attendent dans la grosse bagnole pendant que papa fait ses exercices de relaxation. Moi je bouffe ma boite de maquereau avec du maïs, histoire de repousser une fois de plus les limites du raffinement.
J'avais annoncé "17h30" à mon chef... j'entre dans la cour du dépôt à 17h29, pas peu fier de mon coup de bol! Pas peu fier non plus d'avoir fait le tour sans remettre du gazole en route... bref, ce soir j'assure, et puis je pavane avec mon immatriculation suédoise qui mme donne automatiquement le statut d'aventurier alors que bon... je reviens de Suède, certes, mais je n'ai vraiment pas fait grand-chose là-haut : à peine 2 heures de volant. Sweden me file un coup de main pour ranger mes sangles... ou plutôt : Sweden range mes sangles... pendant que je fais semblant de faire autre chose pour avoir l'air occupé.
En soirée je reprends la route pour me mettre en coupure chez mon premier client, à Laudun. Le vent souffle fort sur le Gard, la cabine tangue en rafales, je me prépare une casserole de riz en écoutant la radio, je me couche assez tard, au milieu de la nuit.
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A7
la classe...
22C au dépôt
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Vendredi 23

Avant de démarrer ma journée tachygraphique je pars en repérage chez mon client, à pied, pour m'assurer que l'on me décharge de suite. Le cariste est sympa, je rentre avec le camion, il m'aide à manoeuvrer, nous déchargeons en 3 minutes.
Cap sur Alès pour mon second client. Il n'est pas facile à trouver et s'avère être un casse-tête pour ce qui est de la manoeuvre.... pas de surprise, nous sommes bien à Alès.
Une fois vide, je fonce toujours plus au Sud pour recharger un complet de sel. Je perds beaucoup de temps dans la gigantesque usine où les caristes sont d'une mollesse déconcertante : ils arrivent en retard, ils commencent par une clope, ils discutent à n'en plus finir. Ils ont 7 ou 8 et pourtant je reste deux heures à quai.
Ensuite, après avoir consommé une bonne dose de soleil au bord de la mer, par cette belle journée de printemps où le mercure à frôlé les 20°C, je prends la route du retour, noyé dans le flot stressant des conducteurs du dimanche qui s'autorisent à rouler aussi le vendredi.
Passage par le dépôt pour laver et faire le plein... il y a Philippe qui arrose son nouveau scania, je m'autorise un fond de verre de crémant pour trinquer, raconter un peu ma semaine, et surtout faire connaissance...
Oui, faire connaissance... car cette semaine qui s'achève marque un nouveau départ : j'ai décidé de quitter les transports Asotrans; je roule désormais chez Duarig.
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une ferme à autruches
c'est déjà le printemps
Camargue
Aigues-Mortes
Joyeux Noël!
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Samedi 24 |
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Dimanche 25 |
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Lundi 26

7h30. Température négative. la cabine est recouverte d'une fine couche de glace, notamment les rampes d'accès situées à l'extérieur qui ne manquent pas de me geler les mains le temps que j'essaie d'escalader les marches sans me casser la figure. Pas facile. Je fais tourner le moteur pour qu'il dégivre le pare-brise et je range mes chaussettes propres dans les placards. Voici une nouvelle semaine qui débute, un retour à la solitude après deux jours d'allégresse... on devrait célébrer Noël plus souvent.
L'A39 est déserte... du moins encore plus déserte que d'habitude. On ne rencontre guère plus de poids lourds sur l'A31, mais une horde de joyeux automobilistes à la panse rebondie au coup de volant approximatif. Je monte tranquillement. Le jour se lève - on n'y croyait plus. Le paysage ne propose pas grand-chose, la radio non plus : lundi post-festivités en Lorraine ou la déprime totale...
J'ai rendez-vous à 11h près de Nancy, et malgré toute la meilleure volonté du monde je vais avoir un gros quart d'heure de retard. Il faut dire que ma livraison suivante est à moins de 2h de route, et prévue demain car aujourd'hui est un jour férié en Allemagne... ainsi je ne m'étais pas trop affolé pour partir ce matin.
Arrivé à destination je passe à quai sans attendre. Je sors une partie du chargement, en recharge une autre, tout se passe bien. La mission du jour est remplie. Il ne me reste qu'à satisfaire des tâches annexes : faire les courses, manger, mettre du gazole... et j'ai l'après-midi pour cela.
Je cherche un supermarché. Il est midi, je suis à Nancy, je décide de rouler un peu : on verra bien d'ici la frontière Allemande. Et puis, en roulant, j'ai le souvenir du Cora St-Avold où je me suis déjà arrêté. Il se trouve sur mon itinéraire et me paraît idéal pour tout ce que j'ai à faire : il y a même une piste Poids-lourds à la station : un luxe. Alors je roule serein en direction de St-Avold. Pour anticiper sur ma semaine en Suède je m'arrête prendre les eurovignettes sur l'aire de Loisy... il y a là des rayons entiers de pasta-box, je me laisserais presque tenter s'il n'y avait cette étiquette indiquant 6,20 euro juste en dessous... oui, 6,20 euros la boite de nouilles en carton. Passons.
J'aurais aimé rencontrer une boulangerie sur ma route mais non... je n'en ai vu qu'une seule et elle était fermée. D'ailleurs tout a l'air fermé dans les environs. Je roule. On se croirait dimanche.
J'arrive à Saint-Avold, je retrouve le Cora, sa piste PL. L'automate ne m'autorise que 120 euros et je dois m'y prendre à trois reprises pour faire le plein. Devant moi il y a le supermarché... étrangement désert. Carrément désert même. Fermé. Je ne comprends pas : nous sommes lundi? Je vais jusqu'au Leader Price... fermé lui aussi... A ce moment je réalise : ce matin en écoutant France inter en prenant ma douche j'ai entendu parler d'un jour férié en Allemagne... ici nous sommes à ras la frontière et tout laisse à croire que la journée est fériée aussi. Je tente une autre zone commerciale sans plus de succès, alors je finis par me poser sur le parking d'un resto routier, fermé bien entendu. Journée de la loose. J'ai une boite de maquereau, des spaghettis et du fromage sans pain pour me remonter le moral.
Je redécolle juste avant 22h pour passer côté Allemand et me mettre en place chez mon client.
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il gèle
sur le parking du restaurant fermé
vraiment pratique le bureau du Magnum
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Mardi 27

Je suis chez un grand prestataire logistique, sur le parking de réception, sous la pluie, seul, au milieu des semi décrochées. Voici le tableau. Avant de mettre en route et d'entamer mon amplitude je pars à la pêches aux renseignements à pied.
Le gardien est cool, j'essaie de lui parler en Allemand mais je suis vraiment mauvais, il m'invite à retenter au bureau réception. Au bureau réception je suis toujours presque aussi mauvais, mais on me comprend un peu... du moins je m'en sors mieux que le chauffeur Espagnol qui arrive et qui se fait prendre pour un imbécile. "Quai numéro 158"... je m'exécute.
Cette base est une ville, je trouve mon adresse, le numéro 158. Pas d'accès au quai - j'attends dehors. Sur le parking autos il y a une camionette-snack, j'irais bien prendre un truc à manger mais je n'ai pas de monnaie... même pas de billet... juste ma carte. Et merde. Je me console en me disant qu'il n'y a sans doute que des saucisses-mayonnaise...
Tout va très vite : à 9h30 je suis vide, j'ai les CMR tamponnés-signés, j'appelle GN. Comme prévu je dois faire une ramasse au Luxembourg alors je ne perds pas de temps, direction Sarrelouis, je paie ma taxe et je me pause sur l'autoroute.
Je recharge des bobines pour la Suède : il faut tout caler et sangler, il faut porter le gilet, les gants, les chaussures, le casque, les lunettes... bref ici on ne plaisante pas avec le protocole de sécurité.
Je redécouvre les joies du bâché. Je galère pas mal : ayant perdu certains réflexes, je ne suis pas hyper rapide... mais ça revient! Je cale et je sangle tout mon bazar sans même sortir du quai, je suis chez GN avant midi. Assez fier.
La mauvaise nouvelle du jour c'est que je ne monte finalement pas en Suède : changement de programme, j'attèle une Ekeri chargée pour la France. Il faut dire que l'activité tourne au ralenti entre Noël et jour de l'an : la priorité est de faire rentrer les chauffeurs Suédois chez eux. Donc en ce qui me concerne ce sera pour une autre fois. Je retourne en France. Cela me permet de prévoir moi aussi un réveillon à Lons avec plus de certitude.
Je décide de m'arrêter manger sur l'aire de Berchem. Il y a la foule des grands jours, des grands départs en week end. Ils sont un paquet dans les allées de la station à hésiter entre le Yop, les Pringles, ou les deux... parce qu'ils n'ont pas encore vu les Pasta box. Ils sont usants. Même dans la file d'attente de la cafétaria on a envie de les klaxonner. Je mange mes endives au jambon et ma coupe de fruits au sirop, c'est déjà bien assez cher, je déguerpis.
Descente via la nationale 88, je profite d'une coupure pour faire mes courses chez auchan, afin de ne plus avoir à manger dans une cafétaria d'autoroute...
Cruel dilemme : je peux potentiellement passer la nuit à Lons, mais cela ne me ferait pas rouler toutes mes heures. Alors que faire? Je ne connais pas la suite de mon programme, dans le doute je décide de ne pas m'arrêter... il se pourrait que j'aie besoin de ces deux heures vendredi soir par exemple... alors bon...
Je roule jusqu'à l'entrée de Lyon, j'échoue dans une zone industrielle.
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démesure
drôle de bestiole
Régis au pays des sangles
une nuit dans la zone
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Mercredi 28

Saint-Etienne centre. C'est là que je dois aller vider mes tubes en ferraille. Comme pour chaque livraison en centre ville j'appréhende un peu, d'autant plus que je suis lourd : cela ne facilite pas les tournages en rond. J'arrive à 8h30 : pas un chat. Ce qui devrait théoriquement ressembler à une heure de pointe ressemble à une ville fantôme. Ma mission serait même presque facile s'il n'y avait pas la multitude d'obstacles en tous genres moins utiles que plus. Partout ces bons gros trottoirs, biens serrés, sur lesquels il faut parfois faire escalader les essieux de la semi. Je trouve mon destinataire : juste en face de la cité du design, un ancien espace industriel entièrement retapé à neuf et reconverti. J'ai beau sonner, taper à la porte, montrer ma tronche par la fenêtre, personne ne me répond lorsque je me présente à l'usine. Je constate qu'il y a très peu de voitures... j'ai comme l'impression que cela ne sent pas bon...
effectivement, j'apprends dans la seconde qu'il y a eu une erreur administrative : je ne suis pas au bon endroit, j'ai pour consigne d'aller vider dans un autre entrepôt, dans la banlieue stéphanoise.
Il n'est guère plus grand et guère plus accessible mais au moins il y a quelqu'un pour m'accueillir.
Une partie du chargement se décharge au palan, l'autre au chariot. Je dois donc démonter tout ce qui se démonte sur cette remorque : il s'agit de mon baptême d'Ekeri.
Pour dire vrai je ne fais pas trop le malin en manipulant les portes : j'ai peur de mal m'y prendre, on ne m'a jamais montré, j'improvise. Finalement je ne m'en sors pas trop mal, cette carrosserie est vraiment bien pensée. Le plus pénible c'est plutôt la dizaine de sangles à défaire et enrouler.
Il faut deux heures pour décharger mes fardeaux de tubes.
Mon second client se situe au milieu de nulle part, au milieu du Velay. Sur la carte ça fait peur, dans la réalité ce n'est pas forcément mieux... le plus important reste qu'il n'y a pas de neige : je suis à près de 1000 mètres d'altitude et il fait étrangement chaud... 12°C. C'est dingue.
Je trouve du premier coup... il faut dire qu'une usine après une heure à rouler au milieu des champs ça se remarque. Je suis vide en début d'après midi et je n'ai plus qu'à rentrer au dépôt en coupant à travers.
Je prends des routes magnifiques... mais comme je suis au téléphone avec Phil je ne peux pas prendre de photos... je commence à le soupsonner de nuire volontairement à mon carnet de bord!
Dans la soirée je pars faire une ramasse tout près de Jarcieu. Des tonneaux, à vider chez un vigneron demain. En arrivant à tonnellerie je sors "Bon sang c'est pas évident pour venir chez vous?!"... et le tonnelier de me répondre "Houlà... tu verras pour livrer c'est bien pire!".
Demain est autre jour.
Pour me remettre de mes émotions je me fais payer l'assiette Kebab par un copain SDF qui traine dans la cour.
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tourisme à Saint Etienne
pratique Ekeri
entre Haute-Loire et Ardèche
un nouveau collègue du genre rebelle
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Jeudi 29

Bizarre le temps à Jarcieu : lorsque je me suis couché il gelait, et ce matin il fait un bon 6°C. Je ne prends même pas mon blouson pour aller à la douche. certes je serai malade quand-même, mais je trouve cela surprenant.
Nous avons repéré l'accessibilité de mon client sur Google Street, je pars donc assez tranquille en direction du vignoble. C'est pas mal Google Street pour le routier de base que je suis, ça rassure.
Je décolle à 7h30. J'ai volontairement attendu les premières lueurs du jour, histoire de ne pas galérer dans le noir, si galère il y a.
A peine une heure de volant et j'approche déjà du but. J'appelle le destinataire pour prévenir de mon arrivée imminente et prendre les derniers indices qui sont souvent les meilleurs.
Me voici en train de grimper sur les hauteurs de Chavanay. C'est beau. C'est étroit, mais c'est beau. Je n'ai que 8 tonneaux dans la semi, Pas de souci pour le camion, bien qu'il s'agisse d'un Renault Magnum. Le parcours s'avère moins impossible que prévu... seuls les 500 derniers mètres me provoque une monté d'adrénaline : la route est tout juste large comme le camion, et je frôle les piquets de la ligne téléphonique.
Non. Le plus dur c'est pour maintenant. Une fois en place, après avoir fait mon demi-tour dans un mouchoir de poche, je comprends qu'on ne ne va pas être 50 pour décharger... puis comme le vigneron a les fesses bien installées sur son fenwick je comprends que je vais me taper tous les tonneaux à faire rouler. Pour vider pas de problème : il y en a huit et ils sont neufs. Par contre j'en recharge trente, usagés, plus lourds...
Je passe plus d'une heure à faire rouler du tonneau. Je galère comme rarement j'ai galéré : chaque tonneau se roule "sur la tranche", il faut le faire avancer droit, c'est lourd, chiant et encombrant. J'en aurais presque eu marre mais soudain je réalise : "Bon sang mais... mais... je suis en train de jouer à Donkey Kong!!!" Mais si! Donkey Kong avec les échelles et les tonneaux (je parle du premier Donkey Kong, celui sur Nes, car je suis vieux)... Une partie de Donkey Kong grandeur nature, c'est tout simplement extraordinaire!
Je retourne livrer le complet à l'usine de tonneaux, fini de jouer.
A midi je re-mange avec Phil26 en compagnie de la Duarig family, repas malheureusement écourté par l'affrêteur GN qui me sollicite pour échanger de semi. dommage, le dessert avait l'air bon...
Je passe un moment sur la piste de lavage, la journée se termine tranquillement.
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j'ai fait reculer le facteur
mon chargement
vallée du Rhône
belle bête
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Vendredi 30

Réveil, douche, café. Ce matin je m'installe au bureau pour mettre sur papier les trucs et astuces concernant les voyages en Suède. J'essaie de faire des plans à peu près compréhensibles, sachant que ce n'est pas vraiment ma spécialité... non, moi ma spécialité c'est le plan qui commence bien gros au milieu de la page, et qui finit tout rabougri dans un coin... le plan nul...
Il fait un temps exécrable ce matin : une pluie bien froide et soutenue qui dissuade d'aller dehors. Certes j'aiderais bien Sweden à laver son Daf... mais je n'ai pas de capuche alors bon...
Mon camion est au contrôle technique, moi j'essaie de me rendre utile, sur le quai par exemple.
A midi je pars charger un complet chez les Mousquetaires à Albon, pour vider foulée près de chez moi. J'ai rendez-vous à 13h. La base fonctionne au ralenti, le cariste aussi : une heure et demi pour charger.
Je monte direction le Jura sous une pluie battante. Je vide comme prévu, en foulée, chez d'autres mousquetaires tellement plus motivés qu'ils s'y sont mis à deux pour décharger...
A 20h je suis garé sur mon nouveau parking, et je remercie encore Cuicui sans qui ce ne serait pas possible!
Il est temps de cloturer l'année, de manger des huitres et de faire la queuleuleu.
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bazar
la der de l'année
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Samedi 31 |
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