Mon Carnet de bord... Suivez mes aventures, semaine après semaine!

Mars 2012

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Dimanche 4

 

Lundi 5

Lundi 7h30. Je démarre cette semaine lundi à 7h30, un horaire pour travailleur normal, alors que je suis chauffeur routier.
Que se passe-t-il sur l'A39? Rien; rien du tout; il ne se passe jamais rien sur l'A39. De temps en temps on peut surprendre les voitures ou les camions faire un écart, sans doute parce que le conducteur commence à s'évader vers quelques pensées ou quelques occupations diverses sans rapport avec la route, ou encore parce qu'il s'endort. Bref, l'A39 c'est pénible. Mais au bout il y a pire : Lyon... et une certaine rocade Est. Comme tout bon lundi matin sur cette rocade pourrie, ça coince. Je roule souple, relaxe, détendu... je ne cherche pas à défendre à tout prix ma place, je l'offre volontiers au premier clampin sur une voie de lancement... j'essaie de prendre du recul quant à ma condition de "type qui veut aller là-bas au milieu de tous les autres gens qui veulent eux-mêmes aller là-bas".

Je décharge à Davézieux. J'ai une grosse frayeur en ouvrant les portes de la semi : il y a deux cartons écrasés, ratatinés même, sous le poids d'un autre carton nettement plus lourds. Merde. Je vais prendre une bonne réserve et il va falloir la justifier...
Contre toute attente, le responsable du déchargement - un Ardèchois typique m'expliquera Phil26 -, se montre à la fois compréhensif et sympa : il prend le litige en photo pour avertir l'expéditeur mais il ne met pas de réserve car il estime que je n'y suis pour rien. Et en effet, je considère moi même que je n'y suis pour rien ne sachant ce que ces cartons renferment... donc je m'en tire très bien. Sont sympas ces Ardèchois!

Je passe devant le dépôt mais je ne m'y arrête pas, je vais charger des tuyaux. Sur la route il y a un Super U, je m'autorise une demi heure de poussage de caddie pour renflouer ma réserve de boites de thon. D'autant plus que je suis parti non pas pour une, mais pour au moins deux semaines.
Je quitte mon costume de ménagère pour enfiler celui de manutentionnaire : le chargement du jour est un véritable casse-tête, un casse-tête que je dois méticuleusement dessiner sur un plan car je ne fais que charger cette semi, elle sera vidée demain par un collègue. Ainsi, lorsque nous en avons terminé, plus de deux heures après mon arrivée, je roule en direction du dépôt pour la dételer. Je récupère un frigo chargé de poires... et dire que j'en ai acheté pour ma semaine!

Un peu de Gazole, un peu de lavage, et direction le MIN de Lyon. C'est la première fois que je vais au "nouveau" marché de gros, je ne connais pas du tout. A première vu c'est nettement plus aseptisé... par exemple il n'y a plus la file indienne de camionnettes de prostituées le long des bâtiments. Et puis ce qui choque le plus c'est tout cet espace : on arrive même à se mettre à quai! Non franchement... c'est moins typique que l'ancien...

je vois des 4L partout en ce moment

Ardèche

Il a failli me bouffer, je me venge!

Mardi 6

J'ai dormi à quai, portes fermées, et personne ne m'a réveillé : je suis à la fois surpris et content. En avançant, puis en reculant au pas, j'arrive à m'y remettre portes ouvertes tout en restant en coupure... Un réceptionnaire s'occupe de sortir les poires et m'invite à aller boire un café, juste à côté, ce que j'accepte volontiers.
J'aime les brasseries de marché gare! ça discute poireaux et choux fleurs en bouffant des casses croutes, ça boit "un pti noir" au coin du zinc aves la cotte de travail, l'ambiance est encore assez conviviale. Je bois un café, je mange un pain au chocolat. Sur ma table, il y a un Iphone, je le ramène au bar en me disant que "si ça se trouve ils vont se le mettre dans la poche". Mais si ça se trouve, non. Deux jeunes types viennent s'asseoir à la table d'à côté, l'un des deux commande un Ricard... il est 7h30... j'ai cru qu'il s'agissait d'une blague.

En retournant au camion je manque de me faire bouffer par le berger allemand de l'agent de sécurité, en le rencontrant seul à seul dans le couloir de sortie de la brasserie. Pas commode la bête! voir ci-contre.

Cette journée commence officiellement par une ramasse à Genas, chez un prestataire logistique. Lorsque j'arrive sur les lieux, comme souvent, je ne sais à qui m'adresser et personne ne daigne lever le museau. C'est parce qu'il y a une procédure bien particulière ici : il faut prendre un téléphone, composer le numéro nous concernant (aujourd'hui en l'occurrence "affrètement"), alors on tombe sur quelqu'un qui se trouve en fait juste de l'autre côté de la vitre et qui nous fait coucou en disant "j'arrive!". Comme c'est génial!
Je charge pour l'Angleterre, mais là encore ce n'est pas pour moi. Je pars vite en direction de Grenoble faire une autre ramasse, puis je ramène le tout à Jarcieu, au pas de course. Je suis pressé. J'ai rendez-vous à Romans pour un nouveau chargement, que je vais garder cette fois-ci, un chargement pour la Suède.

Dix minutes avant mon heure de rendez-vous : je suis professionnel! Cela dit on m'indique le parking, il y a de l'attente... manifestement tout le monde n'est pas professionnel. Certes, je dévore une salade piémontaise insipide, un yaourt et une pomme. Voici mon repas de midi. Ensuite je passe à quai, on me charge en quelques trente minutes. Je repars à 14h30.

Ici commence une nouvelle ascension en terre Viking. J'en suis très heureux. J'aurais même tendance à croire que je fais un métier formidable et valorisant si un copain à moi ne s'était pas fait pruner comme une merde par la cavalerie. Les boules. Marre de lâcher de l'argent de poche en exerçant notre métier! Imagine-t-on une seconde un type de la SNCF, de chez Renault ou de chez Arcelor verser son propre argent en dédommagement d'un défaut d'appréciation professionnelle? Ce serait la révolution! Mais du côté des routiers ça passe... et ça rapporte pas mal en plus...

Il me manque 10 minutes pour finir ma journée sur l'aire de Sandaucourt-Lorraine où il y a toujours de la place. Celle de Montigny est comble, comme d'habitude... alors j'échoue au milieu de nulle part, à la sortie Montigny, sans chiotte - sans douche - sans café - et sans rien, parce que 10 minutes c'est 135 euro pour ce gros pigeon de chauffeur routier que je suis.

le pays des légumiers

MIN tout en couleurs

artiste? psychopathe? les deux?

pause à Dijon

Mercredi 7

Il gèle. La Haute Marne, ou les Vosges - je ne sais pas vraiment sur quel pays je me trouve-, apparait figé sous ces quelques degrés négatifs. Je m'élance dans un panache de fumée blanche propre au Renault Magnum lorsqu'il a froid. Le soleil se lève sur pas grand chose : les champs à perte de vue, et des renards qui reniflent un éventuel rongeur à becter.
Je dois réfléchir à comment m'organiser en ce qui concerne les taxes et le gazole pour mener à bien mon voyage. Pour commencer, je prends l'eurovignette sur l'aire de Toul. La machine n'accepte pas la mastercard, mais elle est d'accord pour ma visa personnelle... j'adore le principe de l'eurovignette : à l'heure des télépass, des radars automatiques, scanner et autres lecteurs de plaques, voici une taxe qui n'évolue pas et qui n'évoluera peut-être jamais qui sait?
Je fais ensuite l'appoint des réservoirs chez Jules-Edouard. 1,39 euros, c'est sans doute ce qu'il y a de moins cher d'ici la frontière. Et la station est très bien faite à Toul, une fois n'est pas coutume.
Juste avant la frontière je vois l'ami Sweden sur une aire de repos, je klaxonne mais il ne me voit pas... depuis que je roule en magnum il ne me connait plus.
J'entre au Luxembourg et je roule jusqu'à Wasserbillig pour la dernière étape du jour : prendre les taxes allemandes. J'ai le coup de main, tout va très vite, et je décampe avant qu'un chauffeur perdu me demande son aide face à la borne - comme c'est à peu près toujours le cas.

Je suis méchant.

Je ne mange pas au Burger King, la dernière fois m'a laissé de trop mauvais souvenirs. J'entre en Allemagne par la porte habituelle, et j'essaie de progresser en restant patient. Car mieux vaut être patient au volant d'un camion sur les routes et autoroutes germaniques. Il y a les bon gros grumeaux des familles qui se trainent à 68Km'h sur nationale, puis s'élance à 89 sur autoroute comme pour mieux faire chier, et puis il y a les camionnettes de BAG en embuscade, un peu partout, devant qui il faut montrer pate blanche car le contrôleur Allemand est du genre rigoureux. Bref, pour ne pas avoir de soucis, il faut être patient, garder ses distances et se trainasser à 68 en prenant le temps d'admirer la splendeur du paysage.

Je m'arrête prendre une douche sur l'aire de Lichtendorf. Cela me prend 50 minutes : 35 minutes devant la porte à attendre qu'elle se libère, puis 15 minutes à l'intérieur. Il faut vraiment être patient en Allemagne.

Je ne prévois pas de rouler 10h aujourd'hui : il faut impérativement que je garde "une 10h" sous le coude pour un éventuel trajet Lübeck-Luxembourg samedi. Donc je roule 9h. 8h59 précisément, et j'échoue sur une pauvre aire où il n'y a rien, même pas un chiotte. Peu importe, je suis à jour de douche et de toilette, je n'ai qu'à me réchauffer les mains devant ma casserole de riz à la provençale saveur marjolaine, un plat tellement bon avec cette touche de marjolaine...

Dehors il fait un temps épouvantable : humide, froid, moche et pourri.


A31

gazole chez Leclerc

un bon vieux 143

autobahn

Jeudi 8

Réveil à 3H. Je ne me loupe même pas. Le programme est nettement mieux qu'hier : la traversée de l'Allemagne... mais de nuit! Rien à voir (dans tous les sens du terme). Cela dit, même à 3h30 du mat on trouve ces espèces de grumeaux qui se trainassent dans les zones de travaux pour mieux accélérer lorsqu'on décide de les doubler. On peut juste s'autoriser à jouer un peu plus des coudes, les dépassements étant libres.
Je roule d'une traite jusqu'au port de Puttgarden. Il n'y a pas grand monde et j'embarque quasiment sans attendre. Durant la traversée je m'enferme derrière les rideaux pour y faire une sieste.

Me voici au Danemark. Un chauffeur du genre "gros crétin" de chez Kim Johansson accélère tout ce qu'il peut à la sortie du bateau, pour me dépasser. Ce même chauffeur se trainait à 65 sur la portion de nationale, côté Allemand... il est en ADR, bridé entre 80 et 85 comme tous les Johansson... et il sait très bien qu'il me sera interdit de le dépasser durant de longs kilomètres sur l'autoroute Danoise. Bref, cet individu est un bel exemple d'écervelé; et comme je ne tiens pas à me coltiner sa science de la route jusqu'à Copenhague, je double en dépit de l'interdiction. Bel esprit sur la route...

Je traverse le Danemark d'une traite, pied au plancher, en 2h28 d'un port à l'autre.
Depuis Helsingor on ne voit même pas Helsingborg. Il y a du brouillard et sorte de grésil très désagréable qui me fait rater la plupart de mes photos.
Cette fois-ci je sors faire un tour sur le bateau Scandlines durant les vingt minutes de traversée. Ce bateau est neuf, mais il n'y a rien de mieux à faire... alors je retourne dans ma cabine.

Nous arrivons en Suède. Il est 11h00. Un officier de "polis" fait son choix à la sortie du bateau : il désigne quelques camions, selon des critères qui lui appartiennent, camions qu'il envoie sur une plateforme où d'autres officiers préparent le carnet de chèques. J'échappe à ce contrôle. Je ne faisais pas la maille, il m'ont relâché.
D'après le GPS il va me manquer une demie heure pour arriver à destination aujourd'hui. En appelant l'affréteur j'apprends que j'ai rendez-vous demain, à 6h30. Très bien. Inutile de courir comme un imbécile. Je m'arrête donc prendre ma pause déjeuner sur une aire de service : le genre d'anecdote que l'on retrouve que très rarement dans mon carnet de bord! bref, je m'arrête... et que vois-je!?!? un mirage? une illusion? Non ce ne peut pas être un... si c'en est un... un camion Français! incroyable. Je me gare à côté et je fais connaissance avec mon compatriote qui revient tout juste de manger. Bien sympathique - je ne lui ai même pas demandé son prénom-, nous sommes tous deux surpris de nous retrouver là ensemble, compte tenu qu'"il n'y a vraiment plus de Français qui viennent en Suède" me confie-t-il avec 26 ans de scandinavie au compteur.
Nous discutons un moment et j'apprends que l'autoroute est coupée un peu plus haut, à cause de la neige. Je fais donc une bonne pause déjeuner, en attendant que ça passe.

Lorsque je repars, il neigeote mais la route est dégagée. Je roule sans encombre jusqu'à Falköping où je trouve une station avec parking PL. Je m'y arrête avec 9h57 de volant : tout est calculé.


la touche danoise...

et c'est parti pour la Suède!

j'ai trouvé un Français!

un faux menu big mac

attelages suédois

Vendredi 9

Hier soir je me suis motivé à tester la cafétéria de la station. J'ai fait rire en désignant du doigt ce que je voulais manger, la même chose que ce qui était en train de cuire derrière (comme par hasard), c'est à dire une chiffonnade de graillon sur son lit de patates à l'huile, le tout accompagnée de l'indispensable sauce "remoulade" que le Suédois aime à ajouter en quantité industrielle à tous ses plats. Pas mauvais... un peu lourd...
Pendant ce repas je suis resté pantois devant les deux types postés aux machines à sous : ils étaient comme possédés par les trucs qui tournent, avec comme unique signe de vie la main gauche qui appuie machinalement sur un bouton et la main droite qui glisse les billets de 100 couronnes. Si au moins il y avait un côté attrayant à cela... même pas.
Une fois ma salade minceur ingurgitée, je suis allé me coucher.

En attrapant le réveil à 5h00, je me suis dit "ouf... je ne me suis pas loupé!". Et puis j'ai reposé le réveil... et en le ré-attrapant à 5h40 je me suis dit "bordel de (.!..) de put(..!.) de (.!.!!.) de (!!!) , ce qui équivaut à peu près à "saperlipopette" en langage non-violent. Je saute dans mes chaussettes et je mets en route : je ne suis pas en retard mais je n'ai plus une seconde à perdre. La température est positive, on trouve un peu de neige sur la route, je roule, vite mais concentré.
Je fais preuve d'une incroyable nullité à deux pas du but : j'ai déjà fait cette livraison, mais aujourd'hui j'arrive par une toute petite route, et j'ai un peu de mal à me repérer par rapport à la ville de destination. Lorsque j'arrive sur la nationale je prends à droite, et en tournant, je vois qu'il fallait prendre à gauche. Erreur. Anodine au premier abord... mais pas tant que cela : impossible de faire demi tour durant les 10 Km qui suivent. Donc 20km de détour, c'est à dire un quart d'heure (note pour plus tard)

J'ai rendez-vous à 6h30 et j'arrive à 40, avec ce fichu détour. Comme je le redoutais, je me suis fais grillé la politesse par un chauffeur polonais qui vide complet. Je perds près d'une heure. Lorsque mon tour arrive je saute sur le trans-pal-autoporté pour aider le cariste dans sa tâche... et très vite je me retrouve seul : le cariste en question est parti faire autre chose. Le coup classique...
Il est 8h00 pile lorsque je décampe.
Direction Tränas : de l'autre côté du grand lac. Et de l'autre côté du lac : c'est beau. C'est magnifique. C'est superbe... Je respire, il n'y a personne! La route grasse crépis le magnun d'une couche noirâtre : j'ai l'impression d'être loin, j'ai envie de voir ce Magnum complètement recouvert de merde pour immortaliser mon road trip. La neige à fondue, il fait 4 à 5°, partout des maisons de bois rouges dans ce décors de nature à l'état brut : des lacs, des cailloux, des arbres, des chemins, Francis Cabrel.

Je suis à Tränas à 10h30, je charge une moitié de semi.
Cap ensuite sur Nassjö, un peu plus au sud, je charge 2 palettes. J'ai alors pour consigne de passer chez GN. Je fonce. J'y arrive à 16h30.
Je n'ai pas les heures pour le bateau de Malmö - 22h, alors on me réserve un bateau à Helsingborg - 22h. C'est la première fois que je prends cette ligne, je ne savais même pas qu'elle existait.
Je fonce; parce que même pour Helsingborg c'est tendu au niveau des heures. J'arrive au Skane-terminal avec 9h02... l'objectif était de ne pas dépasser 9h compte tenu que j'aurai besoin de ma deuxième 10h demain pour aller au Luxembourg. Non mais c'en devient pathétique... Depuis mardi je roule dans l'angoisse en ne passant QUE tachygraphe... Je fais un super voyage, je vois des super paysages, je suis à 2000km de chez moi mais je ne pense qu'au tachygraphe : "Et est-ce que je ne vais pas dépasser 9H? Et est-ce que sur deux semaines ça ne va dépasser 90h? Et est-ce que si je m'arrête faire des courses je ne vais pas perdre 4 minutes? Ce soir je suis fatigué, non pas de conduire mais de calculer mes moindres faits et gestes pour qu'ils soient en accord avec la RSE. Je vis comme une machine.

La ligne Helsingborg-Lübeck est en fait celle que je croyait dédiée à Börje Jönsson. Pas du tout. Il s'agit manifestement d'une ligne low coast, avec un bateau bien vieux et un équipage venant de je ne sais où... Philippines je crois. Ce bateau n'accueille qu'une dizaine de chauffeurs, et principalement des semi décrochées. J'attends deux heures devant avant d'embarquer. On se gare en marche arrière, la manoeuvre est millimétrée. Ensuite, pour rejoindre les cabines ça ressemble à une épreuve de Fort Boyard : un membre d'équipage me désigne un escalier bien raide... je monte... puis je me perds à l'étage... c'est alors un chauffeur Polonais qui m'indique le parcours : on passe des couloirs étroits, on monte, on redescend, on tourne, on remonte... et voici une porte : le couloir qui mène aux cabines. On est très loin du "confort" de chez Finnlines, ici c'est tout petit et tout vieux. J'hésite à aller manger mais le chef cuisto Philippin m'interpelle dans un couloir : "hep! toi là-bas! vient voir manger!" Enfin un truc qui voulait sans doute dire cela. Ce chef Cuisto est en fait très sympa, très serviable. Bien, mais ça ne rend pas le repas meilleur : spaghetti bolognaises avec des faux spaghetti et de la fausse bolognaise. Autour d'une même table se retrouvent tous les chauffeurs : 11 au total. Que des gars de l'Est apparemment... peut-être un Allemand ou un Suédois. Et moi. Drôle de tableau.

Contre toute attente j'ai une chambre individuelle, de quoi taper du carnet de bord jusqu'au bout de la nuit.

ce n'est pas très propre au levé du jour...

Un Duarig au bord de la patinoire

la touche suédoise...

le décor

des km le long du lac

ici on embarque en marche arrière

Samedi 10

Petit déjeuner de titan : oeufs, lard grillé, saucisses, pain, beurre, miel, café, jus de pamplemousse. Le tout servis par le maitre cuisto Philippin avant qu'il n'aille enrouler les cordes, ouvrir les cales, vérifier le régime moteur et faire les chambres. J'ai dit "low coast".
A table je sympathise avec un chauffeur Allemand, nous partageons le même goût pour le lard grillé. Nous discutons de plein de choses mais essentiellement de football, en anglais. Et toute la table nous écoute parce que notre conversation rompt ce silence pesant inévitable entre gens qui ne se connaissent pas et qui se regardent en chien de faïence. Certes cette conversation n'est pas d'un intérêt existentiel... mais elle a le mérite d'instaurer une once de courtoisie dans l'atmosphère.

Nous accostons. Surprise à l'ouverture du pont levis : une brigade de polizeï est sur le qui-vive. Je me prépare déjà à présenter les documents de bord... mais les playmobil ne sont pas là pour nous : ils s'engouffrent dans le navire et je ne les reverrais plus. Pas très rassurant tous ça...
Je me gare sur la plateforme et avant de partir je fais le point au niveau des heures... et je fais bien! 90h et 11 minutes de volant sur les deux dernières semaines. Il parait qu'il faut s'en préoccuper désormais. Le constat est simple : je dois rester ici. J'appelle l'affrèteur : pas de problème pour lui, je préviens mon chef : pas de problème non plus. Très bien, il n'y a de problème pour personne, si ce n'est pour moi... car un week end à Lübeck c'est la punition. Je pourrais prendre le risque de rouler une heure ou deux pour trouver mieux, mais le risque c'est 135 euros qui planent au dessus de ma tête et menacent de tomber à tout moment et durant 28 jours. Donc je m'incline, et je me pose au milieu, en compagnie des campeurs de l'Est omniprésents. Comment peut-on rester comme ça? entassés, dans les vapeurs de pisse avec un moteur qui démarre à l'improviste toutes les 10 minutes? Je ne reste pas une heure sur mon emplacement, je redémarre... et je vais me caser, en marche arrière, le long des travées pour voitures : pas de voisin, pas de moteur, pas de pisse, pas de jogging, pas de gamelles d'oignons sous ma fenêtre : seul, je veux passer le week end seul.

Il y a une voiture de polizeï qui tourne entre les camions, alors, avant qu'elle ne vienne me déloger de ma place - et pour les habituer à voir ce camion ici-, je le ferme à clé et je pars à pied, faire un tour. Ils n'ont qu'à mettre un sabot, je n'ai pas l'intension de bouger dans les deux jours.

Me voici en vadrouille, pour m'aérer l'esprit. Je pars en direction de Travemünde - ville. Je marche environ une heure.
Je suis assez mitigé quant à ce que je trouve. La ville a du charme, notamment le port de pêche et le marché au poisson où je m'attable pour dévorer "ein schollefilet" (un filet de Sole je pense). Et puis le centre historique nous montre des maisons pittoresques... le côté déplaisant vient du fait que Travemünde est une station balnéaire, c'est à dire un nid à vieux touristes Allemands : la moustache, le chien Kiki, la chemise bien proprette, la grosse BM pour amener bobonne au casino... Cet endroit devient vite chiant : trop propre. Je retourne dans la crasse, sur le parking du port.

Dans la soirée un connard tabasse à la portière et me dit de dégager. J'ai une envie soudaine de lui faire manger cette même portière... bien que ce ne soie pas un flic mais un simple employé du port. Il me montre les places en épis et me dit une sorte de "allez! casse-toi!" dans sa langue si tendre à l'oreille.
Pas le choix, je me casse... j'étais pourtant bien et surtout je ne dérangeais personne...
Mais je suis borné et surtout les places en épis me font gerber... je ne suis pas un routier élevé en batterie, j'aime le grand air et le bon grain! Ainsi je trouve un autre endroit non-officiel, on verra bien.

c'est mon bateau!

le vieux Travemünde

Travemünde c'est aussi un port de pêche...

...avec des vieux pêcheurs

"viens-là Greta que je te montre la Baltique!"

le Kitch allemand

Dimanche 11

De la guitare, de la lecture, un dimanche au port de Lübeck-Travemünde.

panorama sur le camping

mon voisin se lave les pieds

les très beaux Eurolink

atelier cuisine

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