SARAJEVO 1994/1995 en GBC 8KT

Par Stephian

Le GBC 8KT est un grand classique pour les appelés. Il est soi disant poly-carburant, mais mieux vaut mettre du GO ou du Jet. En version citerne, il est nommé le Camion Citerne Tactique (CCT). Il dispose de 2 cuves, 1 de 3000 litres, 1 de 2000 litres. Il peut aspirer, dépoter, distribuer au pistolet du carburant. Il a aussi beaucoup servi en outre-mer.

De Décembre 1994 à Juin 1995 pour le compte de l’ONU, on chargeait au SEA de l’aéroport de Sarajevo du carburant pour le livrer dans les différents bataillons de l’ONU, les sites UNHCR, quelques stations services du coin.

Voici quelques photos prises à bord. L’appareil photo étant rigoureusement interdit aussi bien par ma hiérarchie que par les différents belligérants de ce conflit, les photos furent prises à l’arrache avec un appareil jetable pas très discret, donc la qualité n’est pas tip-top. Il y a 20 ans déjà, donc il y a prescription.

Welcome to Sarajevo, en sortant de l’aéroport, on est vite mis au pas…..

La route menant de l’aéroport à la ville, passait par un check-point nommé Sierra je sais plus quoi.

A ce barrage, les combattants vérifiaient que le chargement correspondaient bien à ce que l’ONU déclarait (courrier, carburant, matériel, etc…).

Les légionnaires en faction pas trop loin surveillaient à ce que tout se passe bien, ce qui était le cas. Malgré la barrière de la langue et la récurrence des passages, un climat sympathique s’était installé entre nous et certains belligérants.

Kakanj, voilà ce que l’on rencontrait, abandonné autour de la ville. Quoi qu’il arrive, interdiction de sortir de la route à cause des mines.

Sniper alley, sous la trappe devant le lampadaire de cette tristement célèbre avenue se trouve la cuve de stockage de carburant de notre compagnie, qu’il fallait jauger tous les jours pour la gestion du stock de GO et SC.

Comme anecdote, avec 5000 litres de GO, on s’est débrouillé à tomber en panne sèche dans cette avenue, et pendant le réamorçage, il faisait chaud malgré le froid…

Une base désaffectée aérienne serbe

Notre quartier, sur un ancien site de télécommunication. La punition du matin était le démarrage des GBC, une vraie gageure avec le froid. Heureusement qu’on était un peu bourrin, bruler du papier journal à l’admission d’air facilitait grandement le truc.

Réparation feux, la connectique de ces camions laissait vraiment à désirer, et les différents rafistolages rendait la fiabilité de l’éclairage de plus en plus pourrie….

Les beaux jours arrivant, on aperçoit de plus en plus des déplacements de combattants, et on accède à des endroits très impactés par la guerre.

Ce camion, bardé de défauts avec ses caprices électriques, ses démarrages incertains, son confort inexistant fut vraiment notre compagnon idéal.

Avec le temps, je me dis qu’il était à notre image…