Colère paysanne

par Power600

 

On a imposé aux paysans tout un amoncellement de normes et de trucs et de machins dans tous les sens, certes un peu de leur propre faute au départ car comme toujours quand les choses ne sont pas encadrées il y a abus sur abus sur abus.Comme souvent ça a mené à l'excès inverse.
Mais les mises aux normes ont coûté extrêmement cher et il ne leur est pas laissé la possibilité gagner leur vie parce que les remboursements de prêts bouffent vite le peu de bénef qu'ils peuvent encore faire.
La grande distribution qui se fait un plaisir d'exiger plus que ce qui devrait lui être permis a conduit les "transformateurs" à pressurer à leur tour les producteurs, en même temps que leur propre personnel. Car ces couillons là n'ont même pas l'idée de tenir tête aux distributeurs. C'est peut-être les magasins et leurs centrales qui achètent ce qu'ils produisent mais sans fournisseurs il n'y a plus de magasins. Ils préfèrent faire des ententes illicites sur les prix qui finissent tôt ou tard par leur coûter cher et ce sont les bandits de la grande distribution qui en sortent grandis, un comble.
Il n'y a que le pédégé de Nestlé qui a osé l'ouvrir après qu'encore une fois un de ses commerciaux se soit fait traiter comme de la merde dans un magasin. Les autres fournisseurs ont préféré continuer à la fermer. Ils vont même jusqu'à s'engager à défendre les enseignes et les magasins en cas de procès. Le gouvernement cherche à y mettre de l'ordre mais il n'arrive à rien ou presque parce qu'ils sont les premiers à lui mettre des bâtons dans les roues. Ca dépasse l'entendement.

On nous dit aussi que le consommateur final est coupable d'acheter du pas français. Ca c'est du pipeau symphonique.
Le client final n'a plus le choix depuis longtemps, c'est des achats pas cher ou pas d'achats du tout. C'est que la politique de salaires minables "parce que c'est la crise faut accepter pour sauver nos emplois" ça ne marche pas, ça ne mène à rien d'autre qu'une une paupérisation persistante (oui je sais c'est un pléonasme) et ça ne sauve pas d'emplois, bien au contraire. Et encore ça c'est quand il y a un salaire...
Accuser le consommateur de courir au moins cher alors qu'il n'a plus d'autre alternative c'est se tromper de coupable.
Et payer plus cher ne sert à rien, le rapport qualité/prix n'étant pas meilleur qu'avec l'équivalent low cost voire lui étant inférieur. Et là encore ça ne sauve pas d'emplois, c'est juste un peu plus de fric dans les poches d'actionnaires qui se moquent bien de l'emploi.
Le prix payé aux producteurs est couramment de moins de 15% du prix payé par ce portefeuille à pattes appelé "cher client". L'industriel a bien des frais pour transformer les produits et le distributeur a bien le droit de faire du bénéfice aussi mais l'écart est trop important, certains se servent beaucoup trop. Et comme toujours ils continueront à le faire jusqu'à ce qu'une loi vienne enfin les encadrer. Puis comme d'habitude ils pleureront plus tard en se plaignant d'être étouffés par les règlements mais en ne reconnaissant pas qu'ils en sont les responsables. Comme toujours.

Ayant eu des tours de frais j'ai été pris récemment de nuit à un barrage-surprise, à ST-Malo au rond point de la Madeleine. L'ai pas vu venir celui-là. Leur colère étant tout de même légitime j'ai laissé faire. Et puis, il faut dire qu'il se sont montrés calmes courtois et tout. Ouverture de la remorque, deux d'entre eux sont montés sur les palettes pour y trouver de la viande et voir d'où elle venait. Du "Père Dodu" . "Ca c'est bien, au moins avec ceux-là c'est que du français."
D'autres barquettes de provenance étrangère ou inconnue sont allées dans un caddie amené au cul du camion. Caddie pris sans doute à l'hyper Carrefour situé à deux pas de là. Ils ont finalement pris en tout environ la moitié du caddie. Ils m'ont dit "vous avez de la chance il y a beaucoup d'origine française là"...En fait ce sont les destinataires qui ont eu de la chance, un demi-caddie retiré et un peu de casse par les deux gars montés sur les palettes. De la perte mais relativement minime, ils ont été livrés et ne devraient pas être en rupture de stock. A charge pour eux de faire l'inventaire de leur marchandise pour voir ce qui manque.
Pendant l'inspection du chargement j'ai appelé la centrale pour signaler que j'étais capturé et que les paysans faisaent du tri dans la remorque. Le gars à l'entrepôt ne pouvait rien faire d'autre que prendre note et "préparer un mail pour signaler cette interception" à sa direction. Et la nuit s'est terminée sans autre incident.
Un autre frigo était bloqué sur le rond point à ST-Malo, je n'ai pas vu s'il avait ou non été vidé.

Aujourd'hui 22 juillet pas de tour de frais mais j'ai eu à passer par Loudéac. Et là d'autres frigos ont eu moins de "chance" aux barrages entourant la ville. Notamment un semi rempli de poulet brésilien. Deux autres avec des palettes de frais entières directement renversées à terre.

Le gouvernement vient d'annoncer des mesures, mais ce n'est que quelques mesurettes sans lendemain. Des aides qui ne feront que parer au plus pressé et qui ne sont pas demandées par les paysans. Une sommes minime par éleveur de deux à trois mille euros mais un effort financier important pour l'état, plusieurs centaines de millions. Ca ne va donc pas les calmer même si quelques uns vont faire un geste de bonne volonté en levant des barrages.
Ce dont il y a besoin c'est imposer des limites au comportement de la grande distribution et des industriels. On constate comme toujours que là où il n'y a pas de loi où que la loi est permissive il n'y a que des excès, comme pour les chargeurs qui se permettent d'imposer leurs tarifs aux transporteurs sans que ces derniers ne réagissent, et là aussi on voit ce que ça donne. Les chargeurs en question étant parfois ces mêmes industriels qui se laissent béatement "rincer" par les distributeurs.

On a donc un sytème bien foireux avec un cercle vicieux savamment entretenu où le pigeon final doit payer de plus en plus et être de moins en moins payé, divers intermédiaires plus morfales les uns que les autres qui ne pensent qu'à entretenir une rivalité imbécile où chacun fait tout pour écraser son interlocuteur et à l'autre extrémité de la chaine, un autre pigeon qui doit produire de plus en plus à perte. Forcément ça ne peut aps amrcher comme ça indéfiniment. On tourne en rond en allant droit dans le mur.

 

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