Des automobilistes perdent ils leur honneur lorsqu'ils posent une roue sur l'autoroute? On pourrait le croire à entendre les gendarmes raconter les bonnes histoires des autoroutes.

   Pour le lieutenant colonel Mahiou du groupement autoroutier de le région de gendarmerie du Centre à Orléans, certains conducteurs ou leurs passagers rivalisent dans la distraction ou dans l'inconscience.

   " Monsieur, le landau est mal arrimé sur votre galerie, il bouge", dit le receveur du péage. " Tiens ! le bébé vient de se réveiller", dit l'épouse du conducteur en descendant récupérer son rejeton sur le toit de la voiture. " l'histoire est authentique dit le colonel Mahiou.

   La famille est la première victime de l'automobiliste pressé d'arriver en vacances. Monsieur Dupont, un peu trop rapide en besogne, porte plainte pour enlèvement d'enfant. En fait, Dupont junior, oublié dans une station service attend à la gendarmerie à 300 kilomètres de là. Quant à Monsieur Martin, prévenant, il a installé sa belle-mère à l'ombre sous l'arche d'un pont enjambant l'autoroute, assise sur son rocking chair, pour qu'elle surveille la remorque en tricotant. Et il part en voiture chercher un pneu de rechange.

   La bande d'arrêt d'urgence ne doit être utilisée qu'une demie heure en cas de panne grave. Mais les lois humaines ne peuvent rien contre les convictions religieuses. " Un musulman y faisait sa prière, tapis déroulé", relate le colonel. Ni contre les petites fringales: un couple de personnes âgées y avait déposé nappe et couverts. Quand la voiture de gendarmerie est arrivée, la dame a salué les gendarmes d'un " vous tombez bien! C'est l'heure de l'apéritif ! "

   Lors des milliers d'interventions, les 150 gendarmes du colonel Mahiou deviennent souvent de bons samaritains. Ils prêtent de l'argent, recueillent des animaux, ramènent sur le droit chemin des conducteurs qui croient filer sur Lyon, alors qu'ils vont vers l'Atlantique, reçoivent les confidences de ce routier déprimé, débarqué en pleine nuit à la gendarmerie pour parler à quelqu'un, pendant des heures.

   Le gendarme doit savoir fermer les yeux devant les adeptes du bronzage intégral, souvent des " Nordiques ", nus dans leur voiture, ou sévir contre les exhibitionnistes qui peuplent les bas-cotés.

   Il doit aussi avoir un bon jugement: " Il y a des moutons sur l'autoroute ", téléphone un automobiliste. " Bien sûr " sourit le gendarme, en ce 1° avril. Cependant, un camion était bel et bien en train de perdre son chargement, mouton après mouton.

   Le gendarme doit officialiser les aventures les plus folles, telle celle, à rebondissements dont a été victime un automobiliste: " Quelques jours avant ses vacances, dînant avec des amis, il reçoit un lustre sur la tête: huit points de suture. le lendemain, intoxication alimentaire:  huit jours d'hôpital. Au retour, il percute sur l'autoroute un ......kangourou!!  Ses collègues de bureau n'ont jamais voulu le croire. pour les convaincre, il nous a demandé un document certifiant les faits."

   A un péage, un conducteur s'étonne de la modicité du tarif : " Mais c'est toujours plus cher avec une caravane", " quelle caravane?", demande l'employé. Décrochée, elle était restée à 15 kilomètres en arrière. le conducteur ne s'était rendu compte de rien.

   Ces histoires qui se sont déroulées ente Pâques et fin juillet sont cocasses car elles n'ont pas provoquées d'accidents; La vitesse ( le record enregistré par un radar du groupement est de 256 km/h ), est souvent en cause. " Elle ne provoque peut-être pas l'accident, mais elle l'aggrave. Sur l'autoroute, le choc n'est jamais frontal, rarement latéral. Il faut surtout garder ses distances. ", souligne le colonel.

   La vitesse du véhicule n'était pas en cause le jour où les gendarmes du groupement Orléans ont récupérés un curé, en soutane, à vélo ( ce qui est interdit sur autoroute), qui partait déjeuner au restauroute du coin. Ou cet autre cycliste qui l'empruntait parce que c'est plus rapide.

Pat56

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