Afin de vous donner un aperçu de la situation de notre société, qui a débutée, je vous le rappelle en septembre 2006, je vous mets ici le détail des bilans de 2006, de 2007, et enfin une estimation de 2008. Le bilan 2008, qui est en train de se faire, n'est pas officiel, mais donne un aperçu de la situation.
Au niveau du quotidien de l'entreprise, et en continuant la suite du récit déja publié sur le site, il est bon de noter qu'à ce jour, nous sommes toujours deux à rouler. Mon fils et moi, et toujours en containers.
La fin du précédent récit se situait aproximativement vers le mois de mai 2007. Mon gars faisait depuis un bon moment de la traction chez Gazeau. Moi -même, je commençais aussi de la traction chez Hautiere. J'étais d'ailleurs le premier affrété ou tractionnaire à rouler pour eux. Voulant éviter de tirer des remorques inconnues, j'avais donc envisagé d'échanger le contrat de location de ma tautliner contre un pour un chassis porte-container. La location de cette remorque étant moins cher que l'autre, nous avons négocié le prolongement du contrat pour 6 mois. Ce qui me faisait un an à faire avec cette remorque. Le coût de cette location était de 830 ? HT mensuel. Plus cher qu'un crédit, mais je n'avais pas trop le choix. L'avantage étant que mon prix de transport était plus cher de quelques centimes qu'en traction pure, et que je gardais toujours la même remorque.
Durant l'été 2007, le Stralis de Sébastien, nous causa d'énormes soucis mécanique. Les réparations et dépannages étant pris en charge par le loueur, cela nous enleva une belle épine du pied, comme l'ont dit. Mais les pertes de chiffre d'affaire et les retards chez les clients s'accumulaient. Si bien que la décision fut prise, de changer les tracteurs. Ayant le choix entre des Mercedes, Renault et Man, nous avons pris des Mercedes. Plus cher, mais plus économes et plus fiables.
Mon affréteur savait que j'avais un deuxième camion. Mais il ignorait que mon gars faisait aussi du container pour un "concurrent". Jusqu'au jour où en regardant pas la fenêtre de son bureau, mon affréteur voit mon camion passer alors que je devais être à 500 km. Un petit coup de téléphone pour s'assurer que j'étais bien à ma place, et il a fallu avouer le fait accompli: Mon gars fait aussi du container. Bon, ça n'a rien changé, mais ils auraient bien été interressés pour avoir le deuxième camion chez eux. A vrai dire, moi aussi, car vu le boulot que je faisais et le tarif que j'avais, l'affaire serait plus interressante pour nous.
En septembre 2007, nous avons commandé un chassis porte-container neuf de marque Le Cinena, c'est Espagnol. Ce chassis devait nous être livré en fin de mois, et il a fallu attendre le mois de décembre pour l'avoir. Il était destiné à mon fils. Par contre Gazeau ne voulant pas de tractionnaires avec chassis, ce fut alors l'occasion de leur dire au revoir, et de ramener mon gars avec mon affréteur.
Depuis donc la fin de l'année 2007, nous roulons ensemble nos boites, sur la Bretagne, Pays de Loire principalement. De temps en temps on s'échappe pour faire un tour du Nord, de Marseille ou de Strasbourg (pas pour moi). Nous ne nous plaignons pas du boulot.
2008, fut une année normale. Enfin, disons qu'elle a commençée normalement. Mais bien vite la hausse du gas-oil commençait à avoir raison de notre fond de roulement.
Le contrat de location de mon chassis prenant fin en mai 2008, j'avais depuis quelques mois déja, fait des recherches pour en acheter un. Les délais à cette époque, comme pour les tracteurs se situaient avec 6 à 9 mois d'attente. J'en étais alors presque à renégocier une prolongation du contrat de location, lorsque le commercial de chez Schmitz m'annonça qu'un de ses clients avait décommandé un chassis qui venait d'arriver. Il me l'a proposé à un bon prix, quoique beaucoup plus cher que la Cinena. Mais la qualité n'est pas comparable non plus. Le seul hic, c'était qu'elle était à Calais. J'ai donc demandé un délai de reflexion d'une ou deux semaines, de façon à obtenir un financement. Financement qui n'a pas posé de problèmes puisque cette remorque remplaçait celle en location qui me coutait plus cher.
Nous voici donc en Mai 2008, avec nos deux Mercedes en location longue durée, et nos deux remorques en crédit bail. C'est à cette époque que le prix du gas-oil commençait à monter et mon adrénaline aussi. D'un mois sur l'autre il fallait négocier les prix de transport, alors que le gas oil augmentait jour après jour, d'où un sérieux décalage. Quand celui-ci s'est mis à diminuer, ça allait beaucoup mieux pour mon adrénaline. Mais c'est avec regret que les fins de mois arrivaien entrainant aussi la baisse de la surchage gas-oil.
Les soucis n'ont alors pas tardés à revenir. Avec la chute des capitaux boursiers, correspondait en septembre la chute vertigineuse du transport routier. Même dans le container, il y a eu des baisses. Mais dans notre malheur, nous n'avons pas tropà nous plaindre. Nous avons à faire à des affréteurs sérieux, et qui nous donnent du boulot comme pour leurs chauffeurs. Ce qui n'est pas le cas de beaucoup, qui cassent les prix pour piquer le boulot, ou qui donnent les voyages les plus pourris à leurs tractionnaires, et gardent le meilleur pour leurs chauffeurs.
Voici en gros la suite de notre "multinationale". Il y a encore de l'espoir, je pense que nous devrions pouvoir atteindre la fin de l'année. Seulement, si la socité à mon fils comme gC3rant, c'est moi qui a l'attestation. J'ai aussi bientôt 54 ans. Il reste au moins 4 ans pour finir de payer les credits. Ca me fera 58 ans. Comment sera t'on à cette époque? Je n'en sais rien. Toujours est-il, qu'il n'y aura pas de congés de fin d'activité à 55 ans pour moi. J'osais espérer avoir environ 5 camions et alors arrêter la route et me consacrer au travail administratif encore longtemps. Mais l'économie européenne n'est pas au beau fixe. Est ce que ça vaut le coup de mettre un troisième camion en route? Ca me fera encore du boulot en plus le week end, car il sera hors de question d'arrêter la route s'il n'y a pas un minimum de 4 camions, et avec des bons chauffeurs. Quoiqu'il en soit, mon fils n'ayant pas du tout la volonté de passer ses examens, dans le cas où je "disparaitrais" de la circulation plus tôt que prévu (bref si je meurs), j'ai fait passer les examens à ma fille, pour éventuellement prendre la suite, ou tout au moins limiter les dégats, au niveau de la liquidation de la société. Mais on n'en ai pas là.
Etant donné que dans le cas d'une SARL, comme la notre les comptes sont publics et disponibles à tout le monde au greffe des tribunaux de commerce, ça ne me dérange pas de les publier ici, et des les commenter un peu. Cela donnera peut-être un peu de grain à moudre aux anti-patrons de tout poil. Vous verrez que le métier n'est pas toujours facile et les risques sont grands. Ce n'est pas de l'exhibitionisme (quoique..), mais cela peut servir comme expérience à ceux qui aimerait essayer de se lancer. Il faut souvent avoir le coeur bien accroché pour avoir le courage d'aller jusqu'au bout de ses rêves..
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Voici donc le bilan des 3 MOIS 2006.
C'était donc le début, il fallait partir de zéro, tout chercher. Si mon gars en frigo chez Le Roy gagnait un peu d'argent, c'est sûr qu'avec mon porteur, qui n'était pas carrossé comme je le voulais, je perdais du pognon. D'où la nécéssité de changer d'horizon.
A noter pour les connaisseurs, le montant des frais de constitution de la Société. Le montant des immobilisations financières, qui sont en fait des cautions versées et encaissées, par les fournisseurs, Fraikin pour les tracteurs, Axxes pour les badges d'autoroutes et Lamy pour la bourse de fret.