DEMISSION SYNDICALE

par Lagaffe

A Mr François Chérèque

C F D T

4, Boulevard de la Villette

75019 PARIS

Corbas le 30 Décembre 2010

 

Délaissant un syndicat corporatiste dont la vente du droit d'utilisation d'un logo restauratoire semblait plus lucrative que la défense des routiers, j'étais venu chez vous pensant que je serai mieux défendu.

Je pensais naïvement que mes intérêts seraient mieux pris en considération chez vous mais, après des années de présence, je dois me rendre à l'évidence, je ne vous intéresse qu'une fois par an au moment du calcul de ma cotisation mais, pour le reste, rien. Notre travail n'est pas facile mais, qu'avez-vous obtenu à part plus de contraintes? des lois de plus en plus difficiles à respecter, des contraintes qui nous obligent à prendre tous les risques pour rentrer dans cette fameuse « amplitude » nous faisant souvent oublier de manger ou de dormir à des heures normales, nous trouvant parfois obligés de dormir dans des endroits dangereux à tous les niveaux parce que, le risque d'amende est tellement grand que nous n'avons pas le choix de faire un peu de rab pour dormir dans des endroits surs.

Car, nous sommes la profession qui paye le plus pour le simple fait d'exercer notre travail et, surtout, nous sommes les seuls à nous faire racketter sur notre lieu de travail mais, je peux compter sur vous pour ne rien faire pour assouplir ces contraintes, au contraire, vous serez les premiers à appeler à plus de contrainte, à des lois encore plus dures à respecter et à demander encore plus de contrôles.

Ces braves syndicalistes (dont vous) qui nous on appelés à bloquer les routes ont un peu vite oublié que si tout le monde se sert du réseau routier à la moindre revendication, les routiers, principaux utilisateurs de ce réseau, ont droit au retrait de leur permis (donc à la perte de leur travail) et aux chars d'assaut. Je note au passage que la photo de ce routier débarqué de son camion avec un pistolet braqué sur la tempe lors des grèves pour le permis à point n'a soulevé l'indignation que de quelques chauffeurs. Si, demain, on envoie des chars contre des cheminots ou des flics tirer sur des dockers, le scandale sera retentissant mais, pour nous, rien.

Pour suivre dans le même style les routiers qui restent plusieurs jours coincés sur des bandes d'arrêt d'urgence en plein froid sans rien à manger ni à boire au premier flocon de neige qui tombe ne suscitent AUCUN commentaire de syndicaliste. Que voulez vous, ces gens ne sont qu'à peine humain. Ceux qui sont restés tout le week end de Noël lors de la dernière tempête n'ont vu personne, vous êtes restés bien au chaud sans vous en inquiéter, il aurait quand même été dommage d'interrompre vos vacances pour quelques moins que rien qui sont restés 4 jours sans pouvoir se laver.

Normal aussi de laisser les citerniers rouler le dimanche pour apporter un peu de ce précieux carburant aux automobilistes qui partaient en vacances. Ca ne vous a pas choqué de voir que les bombes roulantes étaient devenues respectables, on leur a même permis de charger 4 T de plus, bonjour la sécurité!

Et vous auriez voulu que nous fassions route commune avec vos revendications alors que vous vous fichez absolument des nôtres? Je crois plutôt que je vais arrêter là cette mascarade, l'argent économisé sur ma cotisation comblera une partie des amendes que les forces de l'ordre (qui refusent de se déplacer quand on nous vole de la marchandise ou du carburant) ne manquent pas de me réclamer à la moindre peccadille.

Les grèves sont devenues un souvenir, les routiers ont très peu participé gardant ainsi leurs permis de conduire et, économisant ce carburant si précieux en évitant aux chars de se déplacer et, cet été, vous n'aurez aucune pensée pour ces pauvres bougres qui vont stationner en pleine chaleur et rentrer chez eux à des heures impossibles voire, ne pas rentrer pour vous permettre d'aller en vacances l'esprit serein.

Je pense que la traditionnelle formule de politesse vous fera le même effet que mes petits problèmes mais, je vous présente quand même mes sincères salutations.

Cette lettre qu'un de vos collaborateurs a certainement jetée sans la lire est publiée ici www.fierdetreroutier.com

 

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