L'EPICIER

par Phil26

 

Si on reflechit bien, le transport routier moderne, c'est pas si vieux que ça, c'est sans doute un peu normal que les choses évoluent si vite. Il n'y a rien de vraiment gravé dans le marbre. Il n'y a plus grand chose à inventer dans le concept. On dira qu'après le seconde guerre, le transport s'est developpé en même temps que les lignes de chemin de fer fermaient, et que les dimensions et performances des véhicules actuels sont celles que l'on connait grosso modo depuis les années 70. Soit une quarantaine d'années.

Et à chaque époque, le transport a connu, grèves, crises et mutations, parfois dans la douleur.

Le transport d'hier est aujourd'hui un peu comparable à l'épicerie du coin, à côté du bar tabac. Je m'explique.

Avec le developpement des grandes agglomérations, est née une nouvelle race de commerces : les hypermarchés. Ces hypermarchés ont litteralement changé les modes de consommation, envoyant l'épicerie de Tata Suzanne au rang des has been. Fini l'épicier mal embouché avec la gitane maïs au bec, desormais les courses se font librement avec de beaux chariots, une musique d'ambiance et un éclairage d'enfer, ça brille, c'est pas cher, on a envie de tout acheter. C'est comme ça que Mammouth, Leclerc, Auchan, Carrefour sont nés, écrasant tout sur leur passage. Pourtant, certains petits épiciers du coin sont restés debout, contre vents et marées. Ils ont su s'adapter, proposer de vrais bons produits, être à l'écoute de leurs clients, on a tous autour de chez nous, des petits épiciers où on aime aller, pourtant, c'est pas moins cher, mais on s'y sent tellement bien. Bien entendu, on y fait jamais de grosses provisions, mais à chaque fois, sa selection de charcuteries et de fromages terroir, c'est un délice !!! Et puis mon épicier du coin, c'est pas le dernier pour raconter des blagues et prendre des nouvelles du petit dernier.

Jusque là, tout allait bien pour les gros écraseurs de prix. Certains sont desormais côtés en bourse, ont developpé leur concept jusqu'à l'autre bout de la planète. On pensait avoir tout vu, tout gouté, et pourtant... Un jour est arrivé un concept nouveau, venu d'Allemagne, les supermarchés low cost. Bien entendu, on n'y va pas pour des produits d'une qualité extraordinaire, non, les gens y vont pour le prix. Ils y vont parce que là-bas au LIDL ou a ALDI on te propose juste l'essentiel. On n'y trouve pas le dernier CD de Renaud ou de Nana Mouskouri, on y va juste pour le jambon pas cher et les boites de steacks hachés par 50 au prix de 12. On pensait que le travail pour les employés des hypermarchés était mal payé, mais c'est rien en comparaison de la fille du ALDI qui passe dans l'heure du statut de caissière, à celui de cariste et femme de ménage... Les gros groupes de distribution, eux, petit à petit se cassent la gueule et doivent s'adapter, fini le temps ou ils avaient le beurre, l'argent du beurre ainsi que le fond de commerce...

Les clients fuient petit à petit, car ils ont envie de vrai, d'authentique, et c'est pas mon épicier qui dira le contraire, parce que pour lui tout va bien.

Dans le transport, on a assisté un peu à la même chose finalement, les gros ont absorbé les plus petits. Les crises successives ont toutes été réglées par des aménagements de lois plus ou moins discutables. De souple et flexible, les transporteurs les plus gros sont devenus rigides et frileux, perdant des parts de marchés sur les destinations exotiques pour s'occuper de lignes plus rentables, plus simples à gerer, en ayant toujours leurs employés pas trop loin de la base. Le low cost n'explique pas tout finalement... Un peu d'audace et de flexibilité, de courage surtout seraient les bienvenus. Mais est-ce que patrons et chauffeurs ont réellement encore l'envie de réussir? Je n'en suis pas convaincu, et ça, un Siim Kallas, président estonien de la commission européenne du transport l'a bien compris, puisqu'il peut tout se permettre pour privilégier les transporteurs des pays dits "emmergents". Face à lui, il n'a qu'une piètre opposition des transporteurs de l'ouest, et les conducteurs de l'ouest sont devenus quant à eux bien friieux à l'idée de se remettre serieusement au travail, la motivation du routier de 2013 n'a plus rien à voir avec celle du routier des années passées qui se sentaient envahis d'une mission et avaient soif de rouler aux 4 coins de l'europe... Aujourd'hui il veut profiter de sa famille, être chez lui le week-end, avoir des loisirs. Pourtant, il y en a encore quelques uns de routier qui, comme mon épicier resistent encore, juste pour une seule raison : ils aiment par dessus tout leur métier et leur bonheur, c'est la satisfaction de leurs clients !


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