L'injustice à deux vitesses

par Phil26

 

Ce matin du 18 decembre 2008, je roulais bien tranquilement sur la D963 entre Candé et Angers. Au loin, je vois l'habituel panneau d'annonce du radar automatique, mais pas de limitation particulière de vitesse. Je passe donc, à un petit 78, de toutes façons, j'étais pas affolé ce matin là, et paf, je me fais flasher. La portion était sans doute limitée à 70, et je jure la main sur la bible que je n'ai point vu de panneau, j'étais pourtant bien reveillé après seulement 20 minutes de route, malgré l'heure matinale, sortant de mes 11h de coupure... Je ne me plains pas de mon erreur, je suis un professionnel, j'assume ma "betise" si tant est que ça en soit une. Dans quelques jours je recevrais donc une belle lettre avec en-tête tricolore, je serais quitte pour payer 45€ et voir s'envoler un de mes précieux points, sur mon bien aimé permis de conduire, mon sésame pour nourrir ma famille.

Je suis un bon français, bien con, bien naïf, bien obeissant.

Un peu plus tard, je cale ma radio sur la fréquence de France-Inter, et j'écoute la liste de tous ceux qui se sont fait arnaquer par un certain Maddof, courtier financier américain, enfin, on devrait plutot appeler ça un escroc. Déjà, un nom pareil, ça n'inspire pas confiance, ça me rappelle le nom d'un héros de BD américaine, MAD, qui était stupide au point de me faire hurler de rire.

Ce Maddof, a donc sû convaincre ses "amis", des financiers, des banquiers, des assureurs, pourtant rompus au mécanisme de la haute finance de placer leur (enfin votre) argent chez lui, promettant des dividendes énormes, et ce des années durant. Comment des professionnels peuvent être stupides à ce point là? Quand la mariée est trop belle, on sait bien qu'il y a anguille sous roche!!! Sur ce coup là, les financiers n'ont pas eu une paille dans l'oeil, mais une grosse poutre, à croire qu'ils pensent que le père noel existe. Il devrait donc être évident que ce Maddof va derouiller, et finir ses jours dans la misère totale, ce qui serait bien fait pour lui, mais en la matière rien n'est moins sur. Tous ces soi-disant professionnels en costume Smalto ou Hugo Boss, qui se la pètent en Audi en profitant leur vie durant d'une vie de nabab pompée sur les dividendes que leur rapportent tout ce brassage de pognon, tous ces nantis de Palm Beach, qui lui ont confié du blé, ont fait une erreur de jugement terrible pour des professionnels, j'espère aussi que ceux là vont déchanter un peu et descendre quelques temps de leur piedestal, nul doute que dans cette histoire aucun d'entre eux ne va risquer de perdre sa place et venir renforcer les rangs des crasseux au chomage qui sont aujourd'hui sur la paille à cause de la crise. Nul doute que les parachutes dorés ont encore de beaux jours devant eux, finalement qui va encore trinquer dans l'histoire? D'autant plus, que les sommes colossales perdues, vont encore aggraver cette crise, et il est à craindre que d'autres scandales du même accabit, ne tardent pas à eclater au grand jour.

En attendant, quand moi, petit chauffeur routier de merde, je commets une erreur si minime soit-elle, je dérouille, je paye et je ne peux rien dire, vu que je suis un pro, formé, et tenu au courant de l'évolution des règles grâce a notre belle FCOS, je peux même perdre mon emploi si l'infraction est grande... Ce n'est pas leur cas, il y a donc une distinction dans la definition du mot professionnel, une pour ceux qui sont en bas de l'echelle et une autre bien plus confortable pour ceux qui sont en haut.

Je sais bien que peu de banquiers vont lire ce texte minable, mais il fallait que j'écrive ça, je ne m'apitoierais pas une seconde sur le sort de ces pauvres riches investisseurs floués par un des leurs, je n'ai aucune inquiètude sur leur devenir, je ne leur souhaite pas un joyeux noël, et je les meprise profondément. Eux les king de la finance, et ceux qui nous dirigent. Je m'apitoierais bien davantage sur le sort de tous ces autres petits ouvriers que ce genre de carnage va entrainer un peu plus profondement dans la panade, car eux ce sont de vrais pros, qui vivent de leur vrai travail, qui mange avec l'argent gagné à la sueur de leur front, qui assume leur vie sans faire trinquer les autres et qui ont à ce titre tout le respect et l'admiration qu'ils méritent.

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