Le rouleau compresseur

par Phil26

Alors même que par ses temps ou l'on nous abreuve de discours politiques puants le mensonge, nous, chauffeurs routiers hexagonaux, assistons impuissants, à la fois à la mort lente, mais inéluctable de notre profession, mais aussi à celle de la plupart de nos industries.

Force est de constater, que le laïus actuel n'est qu'espoir en l'avenir rose, fin des inégalités et lendemains qui chantent. Quand ce n'est pas le borgne qui nous promet de faire le ménage, c'est l'excité de service qui promet de mettre tout le monde ou travail, ou la poupée qui essaie d'imiter le grand Jaurès-Malraux. Viennent ensuite les spécialistes du ni oui ni non, les ex soixante huitards qui ne savent même pas que Mao est mort.

Mais au fond, quelle que soit l'issue de l'élection qui va se dérouler, des choses changeront pour nous, l'Europe sera élargie et le nivellement des salaires se fera par le bas. Le grand public se moque bien de nos préoccupations. Que ce soit un Renault Rouge ou un Scania Orange qui vienne livrer plutôt qu'un camion tuning bardé de chrome, il s'en fout. Ce que le grand public veut, c'est pouvoir partir en vacances, avoir le dernier portable et surtout ne pas rater ni la star ac, ni le foot.

Toi, pauvre imbécile de routier, que tu croupisses 11h, voire plus pourquoi pas, sur un parking de « pue la pisse », sans ombre, mais payant, n'est pas la préoccupation première de nos concitoyens, encore moins des corrompus qui nous gouvernent et nous gouverneront. Le plus dramatique dans tout ça, c'est que beaucoup d'entre nous, ont jeté l'éponge, et c'est souvent contagieux. Les gens rentrent dans le rang, on n'y peut rien c'est comme ça. Ceux qui aujourd'hui rêvent de bosser encore moins, sont les mêmes qui ont cru gagner le pactole lors de la signature du contrat de progrès qui limitait nos heures à 260 par mois. Demain, on limitera encore plus notre travail. Les micro entreprises sont vouées à terme à disparaître, le jour ou l'on verra des tracos de pays lointains chez les pro de la distribution n'est pas si éloigné à mon avis dans cette politique de réduction à tout prix des coûts. Car nous tous, consommateurs voulons toujours payer moins et acheter toujours plus, malheureusement cette logique montre ses limites.

Notre salut, s'il existe ne peut venir que de nous mêmes, on se doit de remettre à sa place celui qui raconte n'importe quoi, au resto ou dans les salles d'attente, pour que la tendance s'inverse, il faut montrer ses qualités et prouver que nous sommes capables de réfléchir, de montrer que nous ne sommes pas tous des abrutis. Malgré le mépris clairement affiché de notre pays envers notre corporation, sans nous, ils ne sont rien, nous les gros culs, les casse bonbons, les incultes, les pue la sueur. En se donnant un peu la peine, un peu de courage, il suffit de peu pour renouer les dialogues, briser des tabous et des idées reçues, il est anormal que nous subissions le diktat de syndicalistes qui souvent ne sont même jamais montés dans un camion. Il est anormal que nous ne puissions pas faire entendre nos voix et peser sur les décisions qui nous concernent au premier chef.

Les moyens de se faire entendre existent, laissez un peu de coté votre téléphone portable, sortez du placard votre CB et communiquez, même si c'est pour échanger des banalités, il faut recréer le lien entre nous, ce lien qui faisait notre force avant. Seuls nous ne sommes rien, un site Internet aussi important soit il, restera une goutte d'eau, les égoïsmes sont l'atout majeur de ceux qui nous dirigent, à nous de les contrecarrer, tout le monde connaît la chanson, diviser pour mieux régner. Ne vous regardez pas tous de haut, chacun a son boulot, ses préoccupations, mais au final, souvent l'amour du métier est le même.

Pour une fois, relevez la tête, regardez comme les choses ont changé en un temps très court, ne perdons pas de temps, le rouleau compresseur nous talonne déjà.

 

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