Chauffeur Routier Français
une espèce en voie de disparition
par Phil26
Mes amis, l'heure est grave, c'est la crise, si vous n'avez pas le moral, ne lisez pas ce texte.
Depuis la rentrée de septembre et particulièrement le mois d'octobre, personne n'a pû ne pas voir la lente baisse des volumes transportés. Pas un seul secteur n'est épargné. La forte hausse des carburants en 2008 avait déjà bien entamé les trésoreries de nos entreprises.
Les fêtes ont passé, et nous voilà tous ou presque, avec la gueule de bois. Pas mal de sociétés n'ont pas repris leurs activités à 100%. Du coup, beaucoup de camions sont sur le marché, et tournent à perte, vu la faiblesse des prix des transports imposés par des chargeurs qui ont bien du mal à écouler leurs productions...
Dans l'indifférence générale, nous assistons impuissants à une liste impressionnante de licenciements ou de liquidations pures et simples d'entreprises de transports, même les plus sérieux du pavillon français y laissent des plumes, à commencer par Norbert Dentressangle qui annonce près de 450 emplois à supprimer, Bomex, Pierangelli, TAF, Roulleau (Rouxel), Beaucamp Bluet, Liabeuf et Sapin, Manutrans, La Fosséenne, Rogès etc etc... 10.000 suppressions d'emplois en tout sont à venir, pour le moment.Surtout ne vous attendez pas à un élan de solidarité de vos contemporains, à la lecture des commentaires ici ou là sur les blogs, ils en sont tous ravis. L'ère Sarkozy sera aussi celle sous laquelle le pavillon français du transport aura encore perdu de sa splendeur...
Face à l'effondrement du prix des transports, il va falloir prendre des décisions. Trancher dans le vif. Le système est tel, qu'il ne permet pas de payer le transport au prix fort.
Nos collègues de l'Est connaissent le même sort concernant les volumes de fret, à la différence près qu'ils sont moins bien payés que nous. Avec un peu plus de 2000€ par AN pour un chauffeur roumain, avec 8000€ annuel, le Tchèque est un privilégié, nous avons bien du mal à jouer à armes égales. Ajoutons à celà que ces pauvres chauffeurs ne reçoivent que très peu de formation, et mènent une vie de misère ici. Les délocalisations ont lieu devant nos yeux. Un peu comme si on permettait à des ouvriers de chez Dacia de venir donner un coup de main à leur collègues de Billancourt! Même si notre productivité est meilleure, c'est l'argent qui prime aujourd'hui.
Très bientôt, avec le Grenelle de l'environnement, il faudra compter avec une taxe supplémentaire kilométrique, la même taxe qui a mis en faillite bon nombre d'entreprises suisses, car même à vide, il faudra payer. Ces coûts n'iront surement pas s'ajouter à ceux du transport... Mais forceront les entreprises devront restreindre leurs marges, et sans doute nos emplois au final.
En 2014, le cabotage sera complètement autorisé. Bien sûr, il n'est déjà pas rare de voir des chauffeurs étrangers charger à Paris pour Marseille, tout le monde le sait, mais tout le monde s'en fout, il est bien plus facile pour les autorités de se planquer derrière un péage et de guetter les français, car il en reste quelques uns... Le jour ou le cabotage sera autorisé, il ne nous restera donc plus qu'à aller s'implanter dans le Larzac à elever des chèvres, ou à se jeter sous un camion Polonais (de toutes façons il y aura pas d'autre choix).
Alors à tous ceux qui se font une joie de ne plus voir de camions sur la route des vacances, qu'ils ne se réjouissent pas trop vite, il n'y aura plus de français certes, mais que des étrangers sous payés au volant et donc toujours autant de camions. On suit exactement le même processus que la marine marchande... Bientôt nous aurons du temps pour créer le musée du transport routier français!
Max, si tu nous lis! RELAX !
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