ON N'A PAS LE CUL

SORTI DES RONCES...

par Phil26

 

Alors que tout le monde prépare les fêtes de fin d'année, on peut d'ores et déjà déclarer que l'année 2008, aura été une année particulièrement merdique et chaotique dans le monde du transport.

A commencer par le prix des carburants en milieu d'année, et désormais la crise mondiale, qui entraîne une pénurie de fret depuis la rentrée, toute cette chienlit aura raison de bon nombre de sociétés et à fortiori de bon nombre d'emplois. Les grands groupes, qui, lorsque les prix du gasoil étaient élevés, riaient sous cape, voient désormais leurs actions dégringoler aussi vite que leurs illusions. Bien entendu, ils entraînent dans leur chute pas mal de petits artisans. Ainsi peut-on voir des hausses de plus de 80% des dépôts de bilans en cette fin d'année.

Imaginons, un seul instant que dans un secteur d'activité donné autre que le notre, il y ait une telle récession, cela ferait sans nul doute la une de tous les médias. Mais au fond, le grand public ne peut que se réjouir de ces défaillances, et oui, ça fera toujours autant de camions en moins sur leurs routes.

Pauvres chauffeurs routiers que nous sommes, nous n'arriverons jamais au chiffres avancés par les prévisionnistes. Lesquels voyaient, du haut de leurs logiciels sophistiqués, une asphyxie totale des axes routiers d'ici 2015. Ainsi, et toujours sur la base de ces prévisions, des projets titanesques sont voués à cohabiter avec le fond des cartons pour encore quelques lustres…

Ainsi, nous pouvons clairement voir les limites de notre monde capitaliste. Je ne ferai pas de politique, pas plus que de leçons d'économie, mais quand même, rien n'empêche de constater . A force de délocaliser, le trafic des transports par containers a augmenté de 80% entre 1999 et 2007. Pour autant, la consommation de nos foyers n'a pas bougé d'autant, ni notre pouvoir d'achat évidemment!

A force de bâtir des modèles économiques basés sur les coûts les plus bas de production, à force de vouloir toujours satisfaire l'actionnaire avant l'humain, on se rend tout de même compte qu'au final, la majorité pâtit de ce système. Des échanges qui auparavant se limitaient au territoire régional, national, voire européen se font aujourd'hui à l'échelon mondial, via la Chine. Multipliant ainsi les opérations de transport, sans que le consommateur final profite d'une baisse de prix notable. Ainsi, des milliers d'emplois issus de ce modèle sont finalement basés sur du vent, de la NON production.

Si je prends comme exemple une poupée que nous appèlerons « poupée Barbante » dont sont friandes toutes les petites filles de la planète, elle est bien sur produite en Chine. Pour ne parler que du secteur France, des dizaines de containers viennent remplir le bâtiment de stockage dans la banlieue de Lyon. Des employés, préparent les commandes, lesquelles sont dispatchées dans toute la France, bien souvent pour être relivrées encore une fois dans d'autres dépôts, tout ceci avant d'être enfin acheminées vers vos magasins dans tout le pays et donc avant d'atteindre le sapin de Noel de nos filles chéries, on peut dire que la « poupée Barbante » en a vu du pays !!! Sans que cela n'apporte finalement aucune richesse économique à notre pays.

Ainsi, le résultat de ce système nous montre aujourd'hui ses limites et pour notre secteur d'activité, ce sont des milliers d'emplois du transport qui sont menacés. Tous secteurs confondus, l'industriel est le premier touché. Le pays entier tourne plus au moins autour de l'industrie automobile et PL, qui est sans doute un de nos derniers bastions, mais qui visiblement ne devrait pas tarder à s'effondrer aussi...

Alors, certes, pas mal d'entres nous vont déchanter, il va y avoir de la casse, c'est sûr, les moins passionnés par ce métier feront autre chose, on peut même espérer un assainissement de la profession. La crise sera peut-être profitable au final, si on recadre un peu un niveau d'échanges équitables et logiques. Il se peut que cela épure le métier de certaines brebis galeuses. Mais combien de gens de valeur vont aussi rester sur le carreau ?

Quand les anciens allaient chercher des épices au bout du monde, ce n'était pas pour une histoire de coûts, mais bien parce que c'était le seul endroit ou on pouvait en trouver. Aujourd'hui la société de consommation à outrance a fait que personne ne sait plus attendre, que tout doit venir à nous tout de suite et peu importe comment… Toute cette révolution de nos habitudes ne va pas se faire sans mal, il ne nous reste plus qu'à espérer que ça soit mieux après.

En attendant la transition risque d'être difficile pour bon nombre d'entre nous, alors serrons les dents, gardons le moral, et n'oublions pas que la roue tourne, qu'un jour il faudra bien que justice soit rendue...

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