LES TEMPS CHANGENT...

Tout fout'l'camp...

par Lagaffe69

 

Je me souviens de mes vacances, mon père m'emmenait souvent dans son camion.


J'avais une dizaine d'années et la France commençait à se couvrir d'autoroutes. Bien entendu, la circulation n'était pas ce qu'elle est maintenant, la civilisation du loisir était balbutiante et, hormis les grands départs, il y avait peu de voitures en semaine. Les chaines de restauration autoroutières l'avaient compris et avaient surtout vu l'intérêt de capter cette clientèle de routiers afin de maintenir un chiffre d'affaire toute l'année. Nous avions droit aux prix routier et à une certaine considération.


Les coupures étaient rarement respectées et nous roulions jour est nuit, et la nuit nous appartenait. Car il y a avait une vie nocturne sur les routes. Les stations services avaient du personnel toute la nuit et il était fréquent de se garer à côté des pompes et de demander au pompiste de nous réveiller au bout d'une paire d'heures. Les restaurants d'autoroutes aussi faisaient à manger toute la nuit et des relais comme Avallon ou Auxerre étaient des lieux de rendez vous pour un diner nocturne. On buvait le café en discutant avec les pompistes, les patrouilleurs et les gendarmes faisaient parfois une apparition. Un lien se nouait avec tous les utilisateurs. On retrouvait bien sur la même ambiance sur les nationales, aux Maisons Blanches sur l'a RN10 ou les Chevreaux sur la RN6 par exemples.


Les temps ont changé, les routiers dorment la nuit et les petits porteurs font du relais express, un aller retour dans la nuit et, vite à la maison. Les touristes sont toute l'année sur les autoroutes et permettent ainsi aux restauroutes de maintenir leur chiffre toute l'année. Le prix routier a disparu de certaines enseignes ou il est tellement cher que personne n'a plus les moyens Les pompistes sont remplacés par des « automates » et le caissier protégé par son rideau de fer laisse le routier faire la conversation avec le distributeur. On a réaménagés les restos agrandissant les parkings et repoussant ainsi les camions le plus loin possibles du restaurant.


Les stations TOTAL ferment les bars pour les remplacer par des distributeurs et, au lieu de discuter trois mots avec la serveuse le temps du petit déjeuner, on se retrouve à manger un croissant industriel sous cellophane devant une machine sans âme. Le café à la machine devient hors de prix et ne parlons pas du café comptoir à 1 € 50.


ASF, qui a bien vu un filon à exploiter, a résolu le problème à sa manière, inaugurant le fameux Truck Etape au parking hors de prix. Avons-nous droit à des horaires plus élargis ? Bien sur que non et, en fait d'accueil le samedi matin, on a droit à une station en libre service et un distributeur de boisson. Rien de plus. Avec un tel investissement, pas question d'agrandir les parkings PL, sur l'A8 ou l'A9, le routier peut dormir sur la bande d'accélération, secoué à chaque passage de véhicule et au mépris de toute sécurité on est là pour faire du bénéfice par pour rendre service à l'usager.


Le routier a compris que sa présence sur l'autoroute permet de faire entrer de l'argent dans les caisses des actionnaires mais, il est considéré comme une gène et il sait qu'il n'a pas grand-chose à attendre. Il peut rouler quand les touristes ne sont pas trop nombreux, il peut s'arrêter sur le parking mais, pas besoin pour lui de venir salir les stations ou les restauroutes. Il n'y à qu'à voir comment on nous traite en cas de chute de neige, parqués comme du bétail sans aucune considération.
Comment s'étonner que la plupart des chauffeurs reste dans le camion pour manger ?



Les restos des nationales aussi ont suivi le mouvement, plus question de manger un « steack deux œufs » à 5 h 00 du patin, sauf quelques cas de plus en plus rarissimes. Les gars qui rentraient le samedi peuvent rarement déjeuner au comptoir d'un resto qui n'ouvre plus le samedi matin. Quand il ne ferme pas simplement le vendredi après midi.
Le responsable de l'enseigne « les Routiers » à qui je me plaignais de trouver de moins en moins de restos ouverts le vendredi soir, m'expliquait le plus sérieusement du monde, que s'était absolument normal et qu'il ne comprenait vraiment pas pourquoi un routier n'était pas chez lui un vendredi après midi.


Si les gens qui sont censés défendre nos intérêts ne peuvent pas comprendre qu'un routier n'a pas forcément des horaires de bureau, comment s'étonner que des chauffeurs slaves viennent rouler les week end à notre place ?

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