 |
Travailler
en fourgon
par PKW90
|
|
Cliquez sur les images pour agrandir |
MARDI
Le manque de boulot commence à se faire sentir. Depuis Noël, c'est très calme dans le transport express. Un affréteur hollandais me donne la course du siècle : PSA Sochaux (25) pour PSA Mulhouse (68).
J'en ai marre de rester à la maison et il faut bien manger, OK ! C'est parti !
Je dois charger à 10h00 au Magasin A5S. Le chargement se passe sans problème. Une palette de 800 kg. Je prends l'A36 et file sur Mulhouse. Je vais vider au C6. Je me place à l'emplacement taxi, j'enfile mon gilet fluo (avec ça, je ressemble à un gros bonbon) et je vais me présenter à la réception du magasin.
- « Je te tamponne les papiers tout de suite comme ça, tu n'auras pas à revenir. Je t'envoie le cariste ! »
Deux minutes plus tard, je suis vide. Mon téléphone sonne juste au moment de démarrer.
-« Tu peux charger à 14h00 pour Zlaté Moravce ? Il y a quatre palettes poids : 850 kg. Tu y-es déjà allé.»
Je fouille dans mes souvenirs, Zlaté Moravce….. Non, je vois pas…
-« C'est en Slovaquie ! Vers Nitra. C'est à vider pour demain matin. »
-« Ca y est, je vois ! Ok, je prend. Je redescends de Mulhouse et je vais charger. »
Je reprends l'A36 dans l'autre sens et je vais charger chez le client dans le Doubs un peu après l'Isle-sur-le-Doubs. J'ai largement le temps. A 14h00, je suis dans le bureau. En 10 minutes les quatre palettes sont chargées. Elles font 1m de haut. Je ne peux donc pas les laisser gerbées. Je les ai placées au sol. Juste comme j'aime. Il me reste 20 cm de plancher. (Chez nous, les moins de 3.5T, on compte en cm !).
A 14h15, je quitte l'usine direction l'Est. Je suis de nouveau sur l'A36, direction la frontière allemande de Chalampé. Je m'arrête vite fait à la station de la « Porte d'Alsace » pour acheter deux bouteilles de flotte. Cela vous paraît étrange… Mais en Allemagne, ils ont des consignes sur les bouteilles plastiques et en plus, à chaque fois je me plante et j'achète de l'eau gazeuse ! Beuark !
|

Allemagne
|
Il est 15h30 quand je passe la frontière. Je prends l'A5 et je monte en direction de Karlsruhe. Vitesse limitée à 120 km/h sur une bonne portion de la route. Je passe Karlsruhe et prends l'A6 en direction de Nuremberg. Je préfère passer part là plutôt que de prendre Stuttgart, Munich. La différence et de 40 km et je trouve que ça roule mieux. Je passe Sinsheim sans aucun bouchon, depuis que l'autobahn est à trois voies. (Merci la LKW Maut.) Je fais un peu la course avec concorde… Il y en a un d'exposé au musée juste à coté de sa copie : le Tupolev.
|
Je m'arrête pour casser la croûte à mon Autohof préféré, Schwabach Ost (sortie 55). J'en profite pour consulter mon Atlas de Slovaquie. J'avais rajouté au stylo, deux ans plus tôt, l'emplacement exact de l'usine et l'heure d'ouverture : 7h30. Je voudrais faire ici une parenthèse et dire aux jeunes chauffeurs qu'ils n'aient pas peur de griffonner des infos sur les cartes. C'est très utile, et une fois les atlas périmés, ça vous fera des souvenirs.
Une demi-heure plus tard, je continue jusqu'à Nuremberg et je prends l'A3 en direction Regensburg puis Passau. Il est 22h00 lorsque je m'arrête à nouveau à l'aire de Bayerischerwald pour prendre la vignette autrichienne. Un petit café et me voilà reparti.
Je rentre en Autriche et je prends l'A8, l'25, et l'A1 en direction de Linz puis Vienne. Pas de neige. Il fait froid (-7°). Mais ça roule bien. Je voudrais passer Vienne avant les heures de pointes. La fatigue commence à se faire sentir. Déjà 900 bornes dans les yeux… Je réussis à passer Linz mais j'échoue lamentablement pour la traversée de Vienne et je m'arrête pour dormir quatre heures à Sankt Pölten. Il est 23h30.
|

Concorde
|

Contour de Vienne

Douane
|
MERCREDI
3h30 la sonnerie du réveil me tire du sommeil. Dur ! Je mets le vébasto en route avant de sortir du sac de couchage. Brrr.
Un bon café, une toilette rapide et c'est reparti. Je passe le contournement de Vienne vers 4h30. Très peu de trafic à cette heure, tant mieux ! Je prends la direction de Budapest par la nouvelle autoroute A4 et je bifurque juste avant la frontière hongroise en direction de Bratislava. Maintenant, on évite la petite route B9. Je n'avais encore jamais pris ce contournement.
Il est 5h00 quand j'arrive à la douane slovaque. Vide ! (Les anciens ont dû en rêver.)
L'entrée des pays de l'est dans l'espace Schengen a du bon (pour moi !). J'ai eu l'occasion de vérifier ça à Weidaus (CZ). Ce qui n'empêche pas les douanes « volantes » d'effectuer des contrôles aussi soudains que fréquents.
Je me gare quand même pour prendre la vignette slovaque et pour changer quelques euros en couronnes. Je passe Bratislava. Cette petite capitale me fascine, peut-être plus que Prague ou Budapest. Je ne sais pas pourquoi ?
J'ai connu cette ville avant son entrée dans l'Union Européenne. Que de changements !
|
Je quitte Bratislava en direction du Nord-est sur l'E75. Je passe Trnava et sa magnifique usine Peugeot flambante neuve. D'habitude, c'est là que je vide. Mais là je continue sur Nitra un peu plus à l'Est. Je quitte la voie express et je prends une petite route pour terminé ma course sur Zlaté Moravce
|
Bratislava
|

Bratislava |

Nitra |

Usine |
Il est 6h30. J'approche de l'usine, je reconnais les rues. « Vous êtes arrivé à destination ! » Me dit le brave Jacques.
Mais ça y-est, j'y suis, c'est chez les furieux ! (Il m'avait fallu près de deux heures pour vider une palette. Alors là, avec quatre ?)
L'usine est fermée. Je me gare au parking et je roupille pendant une courte heure. Je me jure de redormir après le déchargement.
7h30, j'émerge. L'usine est ouverte, je passe le poste de garde et je vais vider au quai. Je suis seul. Il faudra une heure pour que le cariste sorte son engin et me décharge. Il y a des progrès… Je prends ça à la rigolade, car en France, quelquefois c'est pire…Il essaie de me faire comprendre que je dois recharger pour la Hongrie. Niet, niet, it's not me….
|
Un chauffeur hongrois se pointe et commence à discuter en Allemand. Ach ! Dur dur…Il m'explique qu'il connaît la France, qu'il est allé à ….Il ne sait plus….
J'ai refermé mes portes pour lui laisser la place et il en profite pour me dessiner la carte de France dans la « crasse ». Je sors mon atlas Europe à la page France. Là son visage s'illumine et me montre Strasbourg… Nous discutons encore une dizaine de minutes et je m'en vais… Les portes arrières couvertes de dessins. En fait, il venait pour charger la Hongrie. Un gars bien sympa.
Direction le parking devant le bâtiment où j'ai bien l'intention de finir ma nuit. Un coup de klaxon du Hongrois qui s'en va… Auquel je réponds par un signe de la main. Je grimpe dans ma couchette et dodo…
|

Villanetra |

Un temps superbe...
|
13h00 je me réveille. Un petit café dans un….café ! Et je repars dans l'autre sens. Il fait un temps magnifique. Froid et sec. J'ai faim.. Je vais jusqu'à Nitra. Je sais que j'ai déjà trouvé un Mc Donald dans le coin. Mais était-ce à Nitra ou à Trnava ? Heureusement, Jacques est là. Le GPS m'indique le M jaune de nitra. Je me gare et je vais manger. J'y rencontre même une Française avec ses deux enfants et sa nounou qui fait office d'interprète.
Je reprends la route. Je repasse l'Autriche, l'Allemagne par le même chemin.
A 22h00, j'ai passé Karlsruhe et je n'en peux plus. Je m'arrête au premier parking et je m'endors comme un loir. Je serai à la maison demain matin vers 10h00.
|
JEUDI
Vers 11h00, mon pote, qui fais le même job que moi, me téléphone :
-« T'es rentré gros fainéant ? Dis, il y aura peut-être un départ avec deux fourgons pour la Suède, mais si tu es trop fatigué, je cherche quelqu'un d'autre. Il n'y a rien de sur pour l'instant. Je te tiens au courant. »
-« La Suède, cela ne se refuse pas. Ce ne serait pas poli. Cépouroù ? »
-« J ‘étais sur que tu allais dire oui. Ce serait pour Lulea, 2500 km, mais rien n'est sur !!! »
J'attends impatiemment son coup de fil. Vers 14h30, il me rappelle.
-« Laisses tomber, la Suède ! Il y a 5 tonnes à charger. Ce ne sera pas pour nous. Il y a un chauffeur de porteur qui va être heureux !!! »
Il est aussi désolé que moi… A 18h00, coup de fil d'un affréteur :
-« J'aurais une course pour toi. Il faudrait que tu charge ce soir à Belfort à 19h00 un petit colis pour descendre à Aix en Provence. Livraison demain matin. Poids :1.5 kg. »
-« C'est bon, je prend ! »
|
Séverine n'est pas encore rentrée, je l'appelle et je lui dit que je pars a Aix. Je la croiserai sur la route de Belfort. Je charge mon carton et me voilà parti pour le soleil.
Pour l'occasion, j'ai pris un véhicule plus petit histoire de réduire les frais d'autoroute. Je prend l'A36 jusqu'à Besançon puis la N83 par Lons le Saunier, Bourg en Bresse, Lyon et enfin l'A7. Je m'arrête vers Bollène. Un petit dodo et de bon matin, je redescend sur Aix.
|

A7
|

Aix
|
VENDREDI
Il est 8h00 quand j'arrive sur Aix. Les bouchons sont présents. Je patiente sagement. Je dois livrer en plein centre d'Aix en Provence dans les rues piétonnes. Un bonheur !
Heureusement que je ne suis pas descendu avec le fourgon…Je n'aurais jamais eu la place.
|
9h00, personne. J'appelle mon contact sur place. Il me dit qu'il ne sera là que vers 10h00. Je vais faire un tour sur le cours Mirabeau. A 10h00, je retourne dans ma ruelle, je me pose là avec les warnings. Coup de bol, personne ne passe. Sinon je suis bon pour refaire un tour. Le gars arrive, je lui fais signer ma lettre de voiture et mon B.L. Le gars à l'air surpris. Un coup de fil à mon affréteur pour lui indiquer que la livraison c'est bien passée et retour à la maison.
|

Valence
|
Je m'arrêterais encore une fois pour une sieste sur l'A7 et à 20h00, je suis à la maison. 20h30, le téléphone sonne :
-« Dis j'ai transport pour….. »
Je le coupe tout de suite :
-« Attends, je rentre du Sud.
-« Mais le chargement est à faire lundi matin, 8h00 à Meaux. »
-« Ok, c'est bon. Cépourou ? »
-« Renault Sandouville ! Et c'est en ADR »
-« D'accord quelle classe ? Quel groupe ? »
DIMANCHE
Je quitte la maison en fin d'après-midi. Je prend la N19 jusqu'à Langres. Puis Troyes, Sézanne, Château-Thierry. Je voudrais arriver par l'est de Meaux car il y une aire de repos sur l'A4. Je pourrais dormir là. Je crois que c'est « Changis ». Je me pose pour la nuit. Je mets mon réveil à 7h00.
|

Les plaques oranges

|
LUNDI
Je file vite prendre une douche histoire d'être bien réveillé, un café et en route pour charger. A 8h00 tapantes, je suis devant la grille d'une usine. Je passe par le bureau des expéditions et je tombe sur une personne très sympa qui s'empresse de me faire mon B.L. J'avais eu les consignes de sécurité par mail le vendredi soir.
Elle va me chercher un cariste, lui dit de me charger et m'explique que c'est très urgent. Une citerne termine son chargement et partira peu de temps après moi. Mais l'usine Renault sera en arrêt de chaîne vers midi !!!
Le gars me charge, 4 fûts de résine sur une palette. Je sangle le tout, j'appose mes plaques oranges et en route pour Sandouville. Je passe un coup de fil à David02 (notre spécialiste de la R.P.) Il m'explique qu'il faut que j'évite les tunnels de l'A86. Je passe par la N104. Ca roule mal. Patience…
Je récupère enfin l'A13. Ca va beaucoup mieux. Mais je vais être à la bourre. Je téléphone à l'affréteur pour le prévenir d'un éventuel retard.
Il est exactement 12h02 quand je rentre dans le bureau « réception administrative » de l'usine Renault.
|
Là, une brave dame commence à râler :
-« La réception est fermée entre midi et 13h15 !!! »
-« Oui, je sais bien, mais c'est un arrêt de chaîne, et on m'a demandé de livrer à midi. »
-« Non, vous n'avez qu'à attendre 13h15 ! »
Je n'insiste pas. Je ne la ferai pas craquer. Pourtant j'avais mis tous les atouts de mon coté : Gilet fluo, et godasses de sécurité et mon « air benêt » qui me va si bien.
Je remonte dans mon fourgon et j'appelle mon affréteur.
-« T'inquiètes pas, j'appelle le client pour lui dire que tu es devant la grille. »
C'est deux minutes après que je vois approcher la brave dame de tout à l'heure.
-« Heu… C'est vous qui avez des fûts de résine ? »
-« Oui M'dame, c'est moi ! »
-« Bon.. Ben… Vous pouvez entrer. Il y a un monsieur qui vous attend à la barrière. »
-« Vous avez de la chance que je ne sois pas parti manger au centre routier… »
Je rentre et le gars qui m'attendait, m'emmène à son magasin. C'est lui qui me décharge. Un gars très sympa (il ressemble à Bill d'Isère). En cinq minutes, les fûts sont déchargés et les papiers signés. Je ressort de l'usine j'enlève mes plaques et je vais faire un tour au centre routier voir si notre druide de Pat56 n'est pas là. Personne !
|

Sandouville
|
Je repars en direction de Paris. Arrivé à la hauteur de Val de Reuil, mon affréteur me rappelle :
-« T'es où ? »
Vachement original comme conversation. Je lui indique ma position.
-« Bon, tu retourne charger à Saint-Pierre de Varengeville (76), un container de 460 kg pour la SOVAB à Batilly (57). »
-« A livrer pour ? »
-« 22h00 dernier délai ! »
-« Ok, je prends ! »
|
Demi-tour, je traverse Rouen et je charge mon container. C'est bâclé en dix minutes. Un grand merci au chauffeur du 19 tonnes qui m'a laisser sa place (ses containers n'étaient pas prêts). Je décide de passer par le nord de Paris. Je passe par l'A29 et j'en profite pour tester le nouveau système de télépéage « sans arrêt ». Ca marche ! 30km/h maxi mais ça marche ! Je continue sur Reims, Metz, et enfin j'arrive à Batilly à 20h00. Je fais mes papiers et je ressors vide de l'usine à 20h15. Un record !
Encore trois heures pour être rentré. Je casse la croûte à la Esso juste à la sortie de Nancy. Il est 23h00 quand j'arrive à la maison.
MARDI
Repos forcé. Rien ne va ! On me propose un transport au départ de Gefco Etupes (25) pour Bordeaux (33) mais ce sera annulé. Puis un Rotterdam annulé lui aussi (2.7tonnes).
Et zut. Je glande jusqu'au soir et là on me donne un chargement demain matin 8h00 à Saint-vit (25) pour Essômes sur Marne (02)
MERCREDI
Je me lève à 6h00. Je fais chauffer le fourgon et je gratte mes vitres. Ca caille ! Allez, cent bornes à faire, j'aurais le temps de me réchauffer.
J'arrive à 8h00 dans la cour de l'usine. Le cariste que je connais me dit :
-« Salut, si tu viens pour Essômes, rien n'est prêt. La machine est tombée en panne cette nuit. Si tu attends, tu en as au moins pour 6 ou 8h00 !»
Je vais voir le responsable des expéditions il me demande d'attendre.
-«Jusqu'à quand ? »
Il me répond entre quinze et seize heure.
-« Non, je n'attends pas, vous rappellerez quand les pièces seront prêtes. »
Je suis de mauvais poil (c'est rare). Hier, je n'ai pas eu de bol, et aujourd'hui, on dirait que ça continue. J'appelle mon affréteur pour lui expliquer la raison de mon départ. Il me dit qu'il me contactera quand les pièces seront prêtes.
Je rentre à la maison. En début d'après midi, il me rappelle :
-« J'ai un chargement ce soir à 18h00 à Orbey (68) pour Foggia en Italie. Quatre palettes, 1100 kg. »
-« C'est bon. »
A 18h00 je suis à Orbey. Arrivé au bureau on me dit qu'il faut deux CMR. Une pour Avellino (quatre palettes) et non pas Foggia et une pour Pratola Serra (deux palettes). Grrrrrrrrr. Six palettes, ça ne rentre pas.
|
En fait, il y a un deuxième fourgon (un Italien) de prévu, mais personne n'est au courant. Je charge mes quatre palettes pour Avellino.
A 18h30, je quitte l'usine tout content d'être chargé pour une destination lointaine.
Je descends par l'A36, l'A39, casse croûte à l'aire du « Poulet de Bresse » puis A40 en direction de l'Italie. Je suis descendu par l'autoroute car il neige.
Il est minuit quand je sors du tunnel du Mont Blanc coté Italien.
|

Mont Blanc
|
JEUDI
Je dois livrer à 16h00 à Avellino. C'est à l'est de Naples. J'ai 5 heures d'avance. La neige cesse dès que je suis en Italie. J'ai un coup de barre. Je m'arrête à l'Autoporto avant Aoste. Je dors deux heures. Et c'est reparti. Après la neige, c'est le brouillard très dense. 80 km/h je n'avance pas. Vu l'heure, je vais me taper les bouchons de Milan. Je décide de piquer plein sud par Gènes, la Spézia. Je traverse Gènes à 5h30 sans trop de soucis. Je pense à Fast que l'on charrie sur le forum avec ses tunnels et ses viaducs.
|

Pluie en Italie
|
Le jour se lève, je roule en direction de Livorno que je laisserai sur la droite pour prendre la direction de Florence. Il pleut. Un temps gris. Je passe Florence et je reprends l'A1 pour Rome. Cette portion est un peu galère. De fortes rampes des virages et des radars automatiques partout. Mais ça ne se passe pas trop mal. Je passe Rome et je décide de m'arrêter dormir encore deux heures. Une bonne sieste et un Panini plus tard, je continue sur Naples que je contourne par l'est. Au moment de sortir pour récupérer l'A30. Les CRS italiens sont aux prises avec des manifestants pour une sombre histoire de poubelles. |
Bref, l'autoroute est coupée. Je reprogramme Jacques qui m'indique une petite route qui me tire une épine du pied. Je passe sur l'A16, je longe le Vésuve et enfin j'arrive à Avellino. Il est 15h00 quand je me gare devant la guérite du garde. C'est un transporteur. Je lui montre mes papiers il me dit d'attendre. Il téléphone. Un gars se pointe, me montre où je dois me garer et me dit d'attendre. J'attends. Ce n'est pas donné à tout le monde de faire le poireau au pied d'un aqueduc romain…Le plus risible dans l'histoire, c'est que je suis le seul à décharger. Mais il n'y a personne…
|

Italie
|
|
16h30, je ressors du dépôt enfin vide. Encore cinq bonnes minutes pour l'ouverture de la barrière. Et merde ! Je klaxonne ! Ca marche, la barrière s'ouvre. Je dois être trop discret pour l'Italie….
Je me gare sur le bas coté et j'appelle mon affréteur pour lui indiquer l'heure de déchargement.
-« Tu montes à Turin charger une caisse de 400kg pour Strasbourg ! »
-« Charger à quelle heure ? Car je suis loin de Turin et je n'ai pratiquement pas dormi.»
-« Il faut charger demain entre 8h00 et 16h00. Livraison lundi matin à Strasbourg. Tu peux y être pour 8h00 demain ? »
-« Attends, je suis à 924 km de Turin ! Donc je dors et je charge en début d'après midi. »
-« D'accord, fais comme ça ! »
Je remonte sur Naples, Rome et je me pose à 19h30 peu après Rome Nord. Je me gare tout au fond du parking loin des cars de tourisme. Je mange dans le fourgon puis je m'endors.
|
VENDREDI
Il est 3h00 du matin, je me lève et je vais boire un café. Mais une belle pancarte est posée sur la porte de l'Autogrill : Ouvert de 7h00 à 23h00. En fait, il n'y a personne sur le parking. C'est pour cela que c'était si calme. Tant pis je le boirais à la prochaine. Il faut que je fasse le plein du monstre aussi. Coup de fil de David02 qui vide à 20 km de chez moi. Je lui indique l'endroit où il doit vider.
Je remonte par Gènes. Je guette les camions pour voir si je croise pas un Daf avec une remorque à damiers. Mais rien. J'envoie un SMS à P'tite Pomme. On s ‘appelle et on convient d'une rencontre après le Mont Blanc. Je suis un peu retenu sur la tangenziale de Turin.
|

Gênes

|

San Carlo

|
Il est 12h02 quand j'arrive à l'usine de San Carlo Canavese. C'est un petit patelin paumé assez joli. J'ai les papiers tout de suite mais pour être chargé, c'est une autre histoire.
Je pars et je rappelle Pomme. Elle voulait m'attendre mais ça va trop la retarder. Je lui dit de laisser tomber. Elle est trois heures devant moi.
Tant pis ce sera pour une prochaine fois. Je remonte. Je vais manger à Ivréa. A 15h00 je sors du Tunnel du Mont Blanc. Je roule sur l'A40 jusqu'à l'aire des Ceignes. J'essaie de dormir un peu mais j'ai pas sommeil juste une heure de repos.
|

Remontée
|

idem
|
Je repars jusqu'à Besançon et là, je n'en peux plus. Je sens que je deviens dangereux. Je m'arrête à Marchaux pour dormir à 80 km de la maison. Je rentrerai demain matin.
|
SAMEDI
Il est 9h30 quand je gare le fourgon. Semaine terminée. Il faudra que je me lève à 5h00 lundi matin pour livrer Strasbourg.
Voilà, J'espère que mon récit vous a permis de connaître le job des « petits chauffeurs livreurs ». Il n'y a pas que des beaux transports. Les départs annulés et les plus ou moins longues périodes sans boulot en font partie. Il y a beaucoup d'incertitudes dans notre métier.
J'ajouterais pour terminer que nous sommes plusieurs milliers en Europe à faire ce genre de transports. Je suis loin d'être une exception.
Je suis sur que quand vous croiserez un de ces fourgons vous le regarderez différemment.
|
|
|
|

|