DE LA BETTERAVE...
AU SUCRE
par Niglo
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Tout d'abord un peu d histoire...
Le sucre,à l'origine est issu d'un roseau, plus connu sous le nom de canne a sucre. Ce sont les chinois, plusieurs millénaires avant JC qui découvrirent le "miel de roseau". Les peuples d occident apprirent son existence vers 325 avant JC. Le prix du sucre de canne etant particulièrement élevé, le chimiste et pharmacien "Andréas Sigismund Marggraf " examina la teneur en sucre des plantes locales. Il découvrit en 1747 que la betterave fourragère produisait un sucre identique à celui de la canne a sucre. Son élève, le physicien et chimiste "Frantz Karl Achard " mena dans son domaine près de Berlin des expériences en vue de sélectionner des betteraves riches en sucre, et parvint ainsi à convaincre le roi Friedrich Wilhelm III de prusse de l'intéret de produire du sucre à partir des ressources nationales. Avec le soutient du roi, la première sucrerie put ouvrir ses portes en Silésie dès 1802.
En France dès 1800 on apprend que des expériences sont en cours sur le possible remplacement du sucre de canne par le sucre de betteraves. Les savants français se penchent donc à leur tour sur cette plante européenne. C'est aussi le temps des guerres Franco-Anglaise... Le 21 novembre 1806, Napoléon institue le blocus continental qui ferme au commerce de l'Angleterre tous les ports du continent, donc plus de sucre de canne puisque les iles françaises sont aux mains des anglais. Il y a fort à parier que sans ce blocus, de nos jours, le sucre proviendrait toujours et uniquement de la canne a sucre, ce qui reviendrait à dire qu'il serait un produit de luxe exclusivement accessible aux plus riches. Plus de sucre donc ne parvient sur le continent, en 1811 Napoléon fait ensemencer 32 mille hectares de betteraves et ouvre des crédits a l'Academie des sciences. La première sucrerie voit le jour en janvier 1812... Son inventeur fut décoré de la propre legion d'honneur de Napoléon.
A la fin de l'empire (1814) plus de 200 sucreries sont en activité et produisent entre 2et 3 miles tonnes de sucre. Cette même anée fut la chute de l'empire et les colonnies inondent le continent de leurs stocks de sucre de canne... C'est la chute de la betterave a sucre, bon nombre de sucreries sont ruinées et ferment leurs portes. Après une période de récession( eh oui déjà à cette époque) l'industrie sucrière poursuit son développement. En 1838, la France compte 585 sucreries réparties sur 44 départements, dont 80% dans le nord du pays. En 1843, à la requête des planteurs coloniaux, le gouvernement dépose un projet de loi visant à interdire la fabrication du sucre de betterave... Cette loi ne verra jamais le jour grâce à l'abollition de l'exclavage qui, de ce fait, fit grimper en flèche le prix du sucre de canne. La betterave retrouve ainsi son essort.
En 1875 la France produit 450 mille tonnes de sucre et est le 1er producteur européen devant l'Allemagne. En 1902, une entente internationale réglemente les productions respectives de la betterave et de la canne afin de mettre un terme a l'anarchie de cette concurrence.
En 1937, puis en 1953, accords internationaux sur les exportations de chaque pays. En 1990, il reste une cinquantaine de sucreries en France dont la production se monte à 3 millions 870 mille tonnes de sucre sur une surface de 417 mille hectares de betteraves. En 2008, moins de 30 sucreries sont presentes, reparties sur 15 départements, pour une production de 4 a 6 millions de tonnes de sucre.
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PETITE PRESENTATION RAPIDE D'UNE CAMPAGNE DE BETTERAVES
Cliquez sur les images pour agrandir
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La campagne betteravière s'etale en général sur un peu moins de 4 mois, enfin pour ce qui est de la sucrerie d'Arcis sur aube, pour l'année 2008, du 19 septembre au 4 janvier.
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 Les chargement s'effectuent avec une pelle munie d'un panier special pour les betteraves. |
Chaque pelle prevue en chargement possède un secteur de chargement définie par la sucrerie, ainsi que sa rame de camions (de 10 à 20 camions par rame).
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Les horaires sont tres variables d'une pelle a l'autre; certaines fonctionnent en "journée", d'autres en poste. Les horaires de ces dernieres s'etalent de 4h à 23h. La sucrerie quand à elle, est ouverte au déchargement de 4h a minuit en général. Quand les betteraves sont arrachées, elles sont stockées sur plateforme, accessible le plus souvent par des chemins pas toujours appropriés a des ensembles routiers, ou simplement directement dans un coin de champ... Galere assurée! Bref betteraves stockées... C'est à nous de jouer....
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Chargement de nuit ici...
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Et à 4h du mat, je vous laisse imaginer le casse tête pour trouver une pelle en pleine cambrousse, encore pire avec le brouillard! Et là pas question de GPS pour trouver un tas... ptdr
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Un acces relativement gentil, glissant quand meme... fangio s'abstenir lol
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A la queue leuleu, en attente de mise en place sous la pelle.
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Une fois le chargement terminé, le grutier passe le badge de chargement. Le badge contient: le nombre de panier chargé, le numéro de silo, ainsi que le nom du planteur. Il est "vidé" en bascule de sortie de la sucrerie, seul restent les données transporteur ainsi que la longueur de la benne pour le passage à l'echantillonneur. Nous voilà donc parés en direction de la sucrette... Avant d'entrer à la sucrerie, pour celle d'Arcis sur aube (cristal union), il y a un dispatch appelé "pré badge" qui nous oriente suivant les données de chargement,
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soit coté "cours"...
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soit coté "ruppro" (echatilloneur)...
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Chacun son tour ensuite, direction la bascule d'entrée, selon l'orientation pré badge donc...
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Les surcharges ne sont pas rares, ça tient à la densité des betteraves... d'un chargement a l'autre, meme nombre de panier, il peut y avoir des écarts de plusieurs tonnes. (La DRE l'a bien compris et a la joie d'attendre le passage en bascule avec des € à la place des mirettes... Pour cette année, en gros tous les 2 jours, ils étaient presents. Pour 40T, toléré 41T et pour 44T, toléré 44t 500.
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Ensuite donc, passage au ruppro si tel a été l'orientation...
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Nous voilà donc sous le ruppro... Ici 3 sondes descendent dans la benne afin de prélever des betteraves. Le système se déclenche par l'introduction du badge dans un boitier, chaque prélèvement est donc identifié par rapport aux données du badge. Ces prélèvements sont ensuite lavés, triés manuellement, pour finir en labo pour vérifier la teneur en sucre.
Une fois sorti des ruppro... c'est pas encore gagné lol... comme partout, c'est chacun mon tour... Ca parait simple a priori, mais étant donné qu'il y a 2 bascules d entrée, l'interet pour eviter des "bagarres", est de bien regarder qui est entré avant nous de l'autre coté... Sachant qu'il y a toujours des petits malins... surtout quand plusieurs de la meme boite se suivent...
Cette logique de passage engendre assez souvent un bouchonnage extrème avec des attentes pouvant aller jusqu à 1h!! Surtout quand la sucrette ralentit volontairement l'usine pour cause de trop de stock sur parc... Alors là c'est festival... La queue commence bien souvent avant le pré badge, on se parque en file dans l'ordre d'arrivée sur le parking.
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(chacun mon tour donc)
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Une fois qu'on se retrouve enfin au bon endroit...
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c'est à dire devant ce joli panneau, on est quasi sauvé, enfin plus près du déchargement déjà lol. Le grand panneau, numéroté de 1 à 6 oriente les camions pour vider dans les fosses (de 1à 3, fosses usine, et de 4 a 6 fosses parc).
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Dès que l'un des feux clignote orange, on se présente dans la fosse correspondante... et "monte bebenne que je me casse de là dedans" mdr hihi!!!
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ici déchargement en fosse usine, la "1" en l occurence...
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Le tapis qu'on peut voir au pied du panneau vient des fosses et alimente en direct l'usine. L'autre panneau oriente les camions sur parc... Les betteraves stockées suintent plus ou moins, et là même a charge, c'est "holliday on ice"!
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le parc de stockage... capacité 22000 tonnes. Une fois les betteraves déchargés, c'est parti pour la transformation...
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Diverses galeres avant chargement...
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Ici il faut faire le tour du tas, ce qui ne m'a posé aucun souci, l'axor passant à peu près partout, d'autres ont eu du mal à faire 10m lol Mais l'arrivée sur le chemin... moi vouloir tourner, mais l axor non lol... |

donc pas le choix...
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On deteste les avoir sur la route, mais dans la mouise, on les adore ces "saletés" de tracteur lol
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"tu veux un chiffon pour nettoyer ta benne Sylvain"... Il etait temps lol
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Xavier nous tente la meme... un premium, beurk lol en pneus de route... mdr!
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une plateforme sensée etre facile d'acces... Rien ne sert de tourner les roues, c'est le dieu axor qui décide lol
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Un peu d attente au chargement ... lol
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Par tous les temps un avantage tout de même... Amédée est en vacances, toutes le routes, même les plus petites sont salées toutes les nuits durant toute la campagne...
Quel pied la campagne bett'ravière...
(y a quand meme des loupés lol)
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un petit peu de brouillard givrant...
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La neige boooh même pas peur ... Oups le dieu DDE s'est oublié!
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Dans les champs c'est pas mieux...
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Ca devient casse gueule donc... mollo mollo!
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Brouillard... beh même pas peur non plus lol
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Ca a du bon...
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... de se lever de bonne heure...
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... Quel spectacle!!!
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Tout a une fin, la campagne ne déroge pas à cette regle...
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Toute la troupe, rdv a la pelle pour le dernier tour... Le verre de l'amitié, casse croute en grande pompe... Une petite coupure donc.
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Puis direction la sucrette pour l'ultime voyage, en convoi bien entendu, girophares et feux de detresse de rigueur.... lol A la sucrette, re concert de klaxon, bien entendu... C'est aussi un jour d'attente pour vider... Mais là, on s'en tape, c'est le dernier tour lol...
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Et hop direction le parking pour rendre le badge et prendre possession du "paiement" de nos mois de labeur.. 2 sacs de 5kgs de sucre en poudre chacun. Au parking on peut y trouver les restes de la fin de campagne... Un camion papillote mdr!
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Vivement l année prochaine!!!!!!!!!!!!!!!.....
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