TRANSPORT D'UNE CHARPENTE EN LAMELLE COLLE DE 31,40m entre Prigonrieux (24) et Brive la Gaillarde (19)

par Solaris1840

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Un convoi exceptionnel se prépare longtemps à l'avance, même si en général le chauffeur qui sera amené à effectuer le transport n'est mis au courant que la semaine précédente, une grande part du travail est déjà effectué et comme on dit y'a plus qu'à!

 

Vendredi 10 juin :

Je reçois mes consignes pour la semaine; je dois transporter une charpente entre Prigonrieux (24) et Brive (19), à vol d'oiseau moins de 120 kms; mais dans l'exceptionnel rien n'est jamais normal. Pour transporter cette charpente de 31,40m pour une longueur totale de 33.50m il faudra bien 2 jours et demi bien tassés.. A cette fin on me remet l'arrêté portant sur l'autorisation individuelle de 3ème catégorie, transcrivant en plus du droit de circuler l'itinéraire précis  et les modalités d'exécution du transport.
Pour ce transport on m'a attribué une remorque Faymonville télémax AAA triple extension avec 3 essieux à direction forcée hydraulique et un PTAC de 61t. Attelée à un MAN TGX 18-440 le PTRA de l'ensemble est abaissé à 50t.

 

 

Lundi 13 juin

Arrivée sur le site de chargement à Prigonrieux, L'itinéraire nous fait faire des tours et des détours, pour éviter l'autoroute A89 à Périgueux, autorisée 1ère et 2ème catégorie mais interdite au 3ème catégorie alors que le tracé de cette autoroute a repris, pour des raisons d'économies, une section de l'ancienne N89...

 

 

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En compensation l'A89 est gratuite entre les échangeurs 14 et 16, mais les T3 sont bons pour plus de 200kms d'évitement... Mais bon, nous en sommes pas là.

 

Pour le chargement, on allonge la remorque à la bonne longueur...

 

Pour cela, la remorque est équipée de 3 extensions et le but du jeu et de garder assez de porte-à faux...

 

 

 

... pour limiter l'empattement entre l'essieu moteur du tracteur et l'essieu 1 de la remorque et donc garder un rayon de giration raisonnable; chose assez facile avec des structures auto-portante comme cette charpente.

 

Pour se faire nous utilisons les manettes sur les cotés, une pour le frein de parc et 3 autres pour chacune des 3 extensions

 

et on déplie la remorque en essayant de pas trop fumer l'embrayage

 

 

 

 

car plus on allonge la remorque, plus elle ploie sous son propre poids augmentant ainsi les frictions. L'allongement terminé on vérifie bien le verrouillage des éléments.

 

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Une fois la remorque allongée, le chargement peut débuter. 5 Poutres de 4.5t seront chargées soit 22.5t de chargement et environ 45 t sur la balance.

 

 

La longueur total de l'ensemble est donc d'environ 33.5m soit près de 2 ensembles semi-remorque cul à cul, on procède à l'arrimage 4 sangles devant, 4 sangles derrière plus 2 sangles pour lier les 5 poutres ensemble sachant également que tout avait été cloué.

Ensuite on aligne la remorque avec le tracteur, pour ce faire on avance le tracteur de quelques mètres et avec la télécommande, on règle les essieux directionnels jusqu'à ce que 2 loupiotes rouges s'allument sur la télécommande; et oui on arrête pas le progrès, ensuite on équilibre la pression du circuit si nécessaire en contrôlant les manomètres de gavages.

 

 

La lettre de voiture signée, le convoi peut se lancer sur la route. En cela, il est escorté par 2 voitures pilote : Une à l'avant et une à l'arrière, permettant de guider le chauffeur dans les passages difficiles. Le premier passage difficile se fait à Gardonne où un virage à angle droit serré nous attend. Pour passer cette difficulté, il faut avancer le camion en face, reculer en envoyant le cul de la remorque à droite et ensuite repartir dans le bon sens sur la D936. La journée étant bien avancée, nous nous arrêtons juste avant Libourne.

 

Mardi 13 juin :

Départ 5:45. Il faut traverser Libourne avant 6:00. La police informée, nous nous élançons. Avec le nouveau viaduc, Libourne se traverse sans difficulté. Ensuite, la route des convois par la RD910B jusqu'à Montlieu où les seules difficultés sont le croisement de certain PL en virage mais tout se passe bien. Nous nous arrêtons à Montlieu boire le café avant d'engager la N10 et son trafic important et surtout les interdictions de dépasser qui créent de longues files de camions derrière nous qui roulons à 60 km/h et encore je pousse un peu à 65km/h.. Mais la peur du gendarme inhibe les ardeurs.. Je pense que ces panneaux d'interdiction devraient mettre des dérogations pour permettre de dépasser les convois et RTMD mais ceci est une autre histoire.
Avec 2 escortes, les fins de 2*2 voies sont beaucoup plus sécurisées car la VP de protection ferme la voie de gauche à la première flèche de rabattement évitant ainsi les coups de frein au TE pour éviter qu'un inconscient commence son dépassement sur la 3ème flèche de rabattement.. Ca empêche pas les coup d'appel de phare et klaxons mais les VP ont le "cuir" solide... lol
La traversée d'Angoulême se passe bien et nous entamons la RN141 et pour ma part, je profite de la déviation de la Rochefoucauld pour la première fois.. Un point noir de moins.. Mais la traversée de Chabanais se dresse devant nous.

 

Chabanais

 

Chabanais donc: un virage à l'équerre sur un rétrécissement de chaussée, dans un village congestionné par le trafic PL/VL (bientôt une déviation, un pont est en construction et réglera le problème). La VP est partie en avant pour bloquer le trafic venant en face. Moi j'attends sur le pont sur une section large. Une fois le contact établi la VP me dit que les camions sont bloqués et que le premier camion bloqué a compris qu'un convoi arrivait. La VP décide donc de pousser plus loin pour faire serrer les voitures qui, en général, quand le trafic est bloqué se mettent un peu à gauche pour voir ce qui se passe...

 

La voiture pilote me donne le feu vert, je commence à négocier le virage, la remorque prend de l'angle, la directions forcée contre-braque la remorque qui se déporte sur le coté gauche de la route évitant ainsi le muret. Quand, soudain, le collègue à l'avant hurle dans le micro que le premier camion s'est élancé et arrive vers moi ! A l'arrière je ne peux reculer... Et le camion ainsi que deux autres qui ont suivi se retrouvent face à moi. Un benneux (plutôt une benneuse que je salue au passage si elle me lit) branchée sur notre canal et garée juste derrière les 3 camions trop pressés, nous a apporté de l'aide en mettant son camion de telle sorte à bloquer le reste de la circulation. Elle, elle avait compris ! Le problème se portait sur le passage des 3 camions. Gardant notre calme nous avons au bout d'1/4 heure débloqué la situation... Mais l'empressement de ce chauffeur et des 2 autres qui ont suivi ont créé un bouchon de plus de 7 kilomètres alors qu'en restant en place en 2 minutes on était sorti.

 

Arrivé près de Limoges, la déviation nous permet de trouver la RN21 beaucoup plus rapidement qu'avant et maintenant direction Périgueux. Je laisse l'appareil photo à la VP de protection qui a pris ces photos de l'arrière. Arrivé à Périgueux on voit la VP avant partir en amont bloquer la circulation pour passer sous le pont de chemin de fer. Nous terminerons la journée aux portes de Brive.

 

 

Mercredi 14 juin :

Nous attendons les motards de la police pour l'escorte finale jusqu'au chantier. Plus qu'à manoeuvrer pour rentrer sur le chantier. Je vous propose l'arrivée et l'accès chantier en vidéo.

Entrée chantier de Brive