CARNET DE BORD D'Oumphr

par Lagaffe

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C'est moi Oumphr

 

Bonjour, je m'appelle Oumphr et j'habite pas très loin du glacier qui recouvre une bonne partie de l'Europe. Je dois vous préciser que nous sommes quelques millénaires avant l'ère chrétienne, inutile de préciser que le climat n'est pas vraiment à la canicule et, malgré les feux de bois que nous allumons pour nous réchauffer, le taux de CO² ne monte pas très vite et, quelque chose me dit que nous ne sommes pas près de sortir de l'ère glacière. Tous les ans, une expédition va vers le sud chercher cette denrée si précieuse que l'on ne trouve que dans les grandes étendues d'eau, j'ai nommé le sel. Parce que, les femmes de ma tribu adorent mettre du sel dans le ragout de mammouth. Il faut avouer que c'est meilleur, vivement qu'on invente le poivre et le clou de girofle.

Voici donc le carnet de bord le plus vieux de l'histoire de FDR

 

Lundi

Nous sommes peut-être au début de l'été mais, en ces périodes glaciaires, les nuits sont fraiches. Des vêtements confortables pour les journées de marche me semblent utiles, j'ai une préférence pour les pantalons en cuir de renne et, bien sur, des bottes de marche avec des semelles en cuir de mammouth c'est ce qui tient le mieux sur les silex coupants des chemins. Pour le voyage aller, j'ai des pierres à feux, frottées sur du silex, ces pierres font des étincelles, ça permet d'allumer du feu facilement, je vais les échanger contre du sel, le voyage de retour est ainsi assuré. Pour la nourriture, j'ai emmené des provisions sous forme de barres énergétiques, un mélange secret de viande d'auroch, de graisse de renne et de céréales sauvages que les femmes de la tribu cueillent à la saison chaude. La recette est un secret d'Olgha ma colloc de caverne.

C'est donc d'un pas ferme et convaincu que je commence mon périple en même temps que le soleil commence le sien autour de l'horizon. La marche à pied, ça a pas mal d'avantages, surtout quand on n'a que ça comme moyen de locomotion parce que, pour ceux qui n'ont pas bien suivi leurs cours d'histoire, on n'a pas encore inventé la roue alors, pour le pot d'échappement catalytique à injection d'AD blue, on va attendre encore un peu.

Ce matin, c'est le départ, je vérifie bien que j'ai tout pris, une couverture en poil d'ours des cavernes pour les nuits fraiches. J'atteinds assez vite le bord du fleuve, pour l'instant ce n'est qu'un ruisseau alimenté par le glacier mais, il va en s'élargissant au fur et à mesure qu'on s'approche de la mer.

Ce midi, j'ai déjà bien progressé. Je m'offre une pause sous un saule (c'est bien la seule espèce d'arbre qui arrive à pousser sous ce climat), un barre énergétique, une petite sieste et, je suis reparti. Je vais marcher le plus tard possible ce soir, je veux aller loin en profitant du temps sec, on ne sait jamais ce qui va arriver. Ce soir, je campe devant un bon feu pas trop loin du fleuve, Ma couverture va peut être me servir cette nuit parce que, les nuages arrivent, rien de bon à prévoir demain.

Le Rhône en amont de Lyon

 

Mardi

Comme je l'avais plus ou moins prévu, il pleut, pas de la grosse pluie mais, suffisamment pour gêner la marche et, surtout, pour me refroidir parce que, bien sur, le feu s'est éteint dans la nuit. Une journée de marche sous la flotte, c'est pas le pied. En parlant de pieds, les miens glissent sur la terre trempée, mes vêtements ruissellent, je ne peux pas dire que je me les gèle parce que, nous autres de la tribu des « Fépacho », on est des durs à cuire et on à l'habitude du froid, en période glacière, c'est préférable mais, l'humidité, je n'aime pas trop. Toute la matinée, je vais marcher sous la pluie en m'éloignant un peu des berges qui deviennent un vrai bourbier. Du coup, je mange en marchant, pas trop envie de me poser dans la boue. Dans l'après midi, les nuages laissent passer un peu de soleil. Si ça ne chauffe pas trop, je ne me mouille plus c'est déjà ça. Je pensais essayer de chasser ce soir mais, je me suis rapproché du fleuve et, j'ai réussi à prendre une truite avec une flèche tenue à la main, Il faut être patient mais, avec la pluie, l'eau est montée et, j'en ai eu une qui s'était perdu le long de la berge, le plus dur, ça va être pour faire du feu, le peu de bois disponible dans le coin est mouillé par la pluie bien sur. J'ai cherché mais, j'ai réussi à trouver des lichens presque secs, en ramant un peu, j'ai réussi à allumer ce feu qui va me permettre de ne pas manger cru ce soir. C'est vrai quoi, on peut être homme préhistorique et aimer le bien manger, on n'est pas chez Kho Lanta. Au loin, dans le soleil couchant, je vois passer une harde de chevaux préhistoriques, mon peuple les chasse en les poussant au bord d'un précipice, à la fin, au bas de la falaise, nous faisons un festin géant, on appelle ça le « steak dare dare »

La belle Olgha me manque déjà

 

Mercredi

Bon, pas de pluie ce matin mais un brouillard pas trop épais, juste de quoi voir où on met les pieds sans trop voir où on est exactement mais, en suivant le fleuve, on est sur d'être dans la bonne direction. Ca se lève dans la matinée, tant mieux car, je veux savoir où j'en suis, si tout va bien, je serai ce soir dans la tribu des « Khap» ils habitent le long du fleuve et le connaissent par cœur à partir de leur niveau. Je suis même un peu en avance, je vais essayer de chasser un peu parce que, j'en ai un peu marre des barres énergétiques d'Olgha. J'ai réussi à tuer un lièvre, je le fait griller sur un feu de bois d'arbre. C'est bien la chasse mais, tout dépend de ce qu'on trouve en route. Ca me fait penser à l'anecdote de mon collègue Houarf qui, pensant trouver une gazelle de la toundra comme plat du jour, est tombé face à un ours des cavernes. Finalement, c'est lui qui a servi de plat du jour

Le soir venu, j'arrive donc dans la tribu des Khap leur chef « Khap Thène Y Glou » M'accueille, il faut dire que je viens régulièrement chez eux, c'est une halte presque obligée quand on va vers le sud parce que, le fleuve, ils le connaissent, ils se sont même fait une spécialité de naviguer dessus avec des radeaux. Nous sommes déjà plusieurs voyageurs qui allons profiter de ce mode de locomotion. Autour du repas du soir, chacun discute des mouvements des troupeaux et, nous sommes d'accord pour remarquer que, chaque année, les troupeaux de mammouths remontent un peu plus loin vers le nord. Quand on vous dit que le climat se réchauffe…

Il y a de plus en plus de poids lourds sur nos routes

 

Jeudi

Ce matin, c'est l'embarquement, nous sommes six voyageurs, deux par radeau plus les navigateurs.

« Khap Thène Y Glou » forme les équipes. Je suis sur le radeau de « Khap Thène Had Hok » avec un voyageur venu de la montagne qui borde le fleuve. C'est le pays de montagnes arides où ne poussent que des châtaigniers préhistoriques. Châtaignes dont se nourrissent les chèvres (préhistoriques aussi). Quand on sait que les chèvres préhistoriques mangent les châtaignes sans les décortiquer, c'est dire si le pays est rude. «  Khap Thène Frak Ace » et « Khap Thène Kro Ché » vont piloter les deux autres radeaux. Nous n'avons rien à faire que d'admirer le paysage alors, nous causons. Mon compagnon de croisière s'appelle « Tché Velu », c'est un rêveur, il me parle de l'avenir de cette vallée, il me parle de machine pour faire le trajet, de trucs délirants de transport combiné. Je lui rétorque qu'on a même pas encore inventé l'âge du bronze alors, pour le ferroutage, il va falloir attendre pas mal de temps. Nous pêchons aussi pour assurer le ravitaillement. Nous pensions prendre des poissons quelconques mais, nous avons réussi à sortir un silure préhistorique, avec deux heures d'efforts quand même parce que, le silure préhistorique, c'est comme le silure mais, en plus balaize mais, chez les préhistos, on n'est pas des mauviettes. Ce soir, nous faisons cuire le silure à l'étouffée, j'adore cette recette, on creuse un trou, on allume un grand feu dans lequel on jette des gros galets et, quand c'est bien chaud, il suffit de poser le poisson et de recouvrir de sable, les galets brûlants font cuire le poisson tout doucement. Pendant que ça mijote, j'en profite pour bien nettoyer mes vêtement parce que, je veux être présentable, c'est pas tous les jours qu'on visite une tribu amie. Je sors mon pectoral en Ivoire de tigre aux dents de sabre, il brille au soleil. C'est important la présentation à tel point que le port du pectoral va se perpétuer au fil des millénaires, certains descendant vont garder la tradition en posant un pare buffle devant leur camion.

Radeau France, en moyennes et grandes ondes

 

Vendredi

C'est presque la fin du voyage, nous arrivons à l'embouchure du fleuve dans cette région de « Came Argh » enfin, un peu plus au sud parce que, en ces temps de glaciation, le niveau des mers a quand même pas mal baissé mais, nous arrivons peu importe le lieu, le principal, c'est de rencontrer la tribu des « Came Argh Gays ». Ils font des tas de sel au bord des étangs qui bordent le littoral, c'est ce précieux sel que nous allons échanger. Ce sel qui fut la première matière échangée par les hommes et qui sera, parfois, une monnaie à part entière, une denrée si précieuse que des caravanes vont traverser des déserts rien que pour échanger ce produit base de la vie et à l'origine de migrations diverses, certains vont même créer un impôt dessus. Pour l'instant, nous n'en sommes pas là, je ne suis qu'un homme qui veut ramener un peu de sel dans sa tribu, un des premiers voyageurs de l'humanité. Ce soir, il y aura un festin, tout le monde prend part aux préparatifs, le silure d'hier va faire partie du festin, nous allons nouer des fraternités éphémères mais, j'ai confiance dans l'humanité, quelque chose me dit que, cette vallée n'a pas fini d'être parcourue par les hommes.

 

 

L'étang de Berre est à marée basse