UN TOUR EN IRLANDE

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avec Ray

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« Un tour en Irlande ? Bien sûr que ça me tente ! En plus je suis fan de Björk ! »

Eté 2012, la canicule sévit sur toute la France, y-compris entre la Lorraine et l'Auvergne où Régis aime à distribuer ses bouts de ferraille. Et puis soudain… un tour d'Irlande ! Un nouveau pays à découvrir ! Une nouvelle aventure ! Pas d'Eurovignette à prendre sur l'aire de Loisy ! Un dossier à préparer pour fierdetreroutier ! C'est tout simplement génial…

D'autant plus génial que la semaine suivante, une fois la semi attelée, je ne m'en vais pas simplement vers l'Irlande, mais vers Liverpool, l'Irlande, et le Pays de Galles pour recharger.

 

Alors voilà, je fais l'impasse sur mes deux premières étapes (Dijon et Paris), pour débuter notre aventure ce lundi soir, au terminal ferroviaire de Calais. La journée se termine ici avec 9h45 de volant, l'air est frais mais chargé de vapeurs de pisse, le parking est rempli aux ¾ avec environ 100 % de mecs de l'Est dont moi-même (j'habite Lons le Saunier).

Avant de passer de l'autre côté je consacre cette soirée à la préparation de mes itinéraires, avec cartes, GPS et Google pour voir jusqu'au portail de mes clients et éviter les mauvaises surprises.

 

4h du matin, je démarre cette journée en prenant place dans une file d'embarquement du tunnel sous la Manche.

 

Let's go to Liverpool. La traversée de Londres en pleine quinzaine olympique est étonnement fluide… je porte haut les couleurs françaises dans ce 80 km nage libre sur M25 détrempé, catégorie poids lourds.

Première mission : livrer dans une usine en centre de Liverpool.

 

J'ai potassé mes cartes dans tous les sens pour me rassurer un peu… jusqu'à ma dernière coupure de 45 min j'ai étudié les éventuels itinéraires « de secours », et puis il a bien fallu se lancer.

J'arrive à Liverpool par l'Ouest, et me voici agréablement surpris : pas d'interdiction, pas de piège, peu de circulation. Contre toute attente… c'est facile.

 

Les rues sont un peu plus larges qu'à Naples. Ce que je pensais être le centre ville est en fait un espace industriel au cœur de la ville. Liverpool possède un riche patrimoine issu d'une époque où le port donnait à la ville un rôle prépondérant dans les échanges de marchandises, mais aussi d'esclaves pour toute la Grande Bretagne.

A destination. Je suis légèrement en avance… de 24h pour être précis. Dans un anglais parfait, avec toutefois un léger accent Franc-comtois, je parviens à négocier pour vider aujourd'hui. Seulement il me faut attendre le début d'après-midi. J'ai trois heures devant moi. J'essaie de ne pas trop le montrer au cariste, mais je suis content : trois heures pour visiter la ville!

alors me voici en vadrouille avec mon appareil photo, tel le touriste et mon gilet sans manche, tel le routier.

Devant moi… non pas Maubeuge, ni Toulon sur Allier, mais Liverpool. Je pars à l'aventure sans idée précise de ce qu'il y a à visiter.

De Liverpool je ne connais pas grand-chose hormis ceux qui ont rendu la ville mythique, je veux bien évidemment parler des Rolling Stones.

Anciens docks industriels, nouveau port de plaisance

 

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Partout de la brique rouge. Il devait y avoir un bon commercial en briques rouges à l'époque…

 

des friches industrielles plutôt glauques, inquiétantes… voire effrayantes.

 

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On a parfois l'impression que la vie s'est arrêtée, sorte de Pompéi des temps modernes

 

Mais ce n'est qu'une impression : si certains édifices sont à l'abandon la plupart sont restaurés et reconvertis en bureaux, en logements, ou autre. Et puis on trouve aussi des usines toujours en activité, comme cette imposante brasserie. Sans les Scania R Eddie Stobart dans la cour, on pourrait croire à une brèche temporelle…

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en balade, à la recherche de l'étonnement…

 

 

soudain, un bâtiment colossal au loin

 

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La cathédrale anglicane de Liverpool; d'une hauteur vertigineuse, d'une lourdeur accablante, et constitué de briques rouges comme pour se fondre parmi les édifices industriels.

Le parvis

 

A l'intérieur le style est tout aussi massif. Entre les orgues et les vitraux démesurés, on trouve une boutique avec des objets souvenir de Beatles et du Liverpool FC, un snack, un bar, et des touristes imbéciles. Déconcertant.

une drôle de bestiole

 

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Les quartiers habités de la ville

 

Il y a l'une des plus anciennes communautés Chinoises d'Europe à Liverpool. Ici la porte de Chinatown.

Trois heures s'écoulent et je dois retourner au camion; ravis pour une fois d'avoir vu, d'avoir pu voir la ville au-delà de sa zone industrielle. C'est tellement rare.

Je décharge en début d'après midi, comme prévu. Reste mon deuxième client pour demain, en Irlande. Je quitte Liverpool.

un vieil ouvrage métallique, du côté de Runcorn

 

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J'ai un bateau à prendre à Holyhead, Pays de Galles. J'ai compris qu'il s'agissait du pays de Galles en cherchant la ville sur mon Atlas anglais, sans succès. Sur la route je n'ai rien aperçu qui matérialise le passage de l'Angleterre, au Pays de Galles… on s'en rend compte progressivement car les noms de bleds comportent de plus en plus de « Y ». Et puis il n'est pas rare de voir 3, 4,5,6...12,13 consonnes à la suite.

Côté paysages on trouve de l'herbe verte, un ciel gris, une mer sombre et très peu de cocotiers.

 

J'arrive au port de Holyhead. Après 2 minutes d'hésitation : voie de gauche, « Irish Ferries - Freight ». Bingo, c'est bien là.

 

Il est à peine 18h… le bateau part à 2h30. Pas moyen de se promener dans les environs, le port est bouclé par une enceinte de barbelés. Le vent souffle, la pluie est horizontale : tout va bien. Il y a un local chauffeurs avec une douche - pataugeoire et une machine à café en panne. Une seule chose à faire : la sieste.

Le cri des mouettes en fond sonore

 

Sur certains bateaux on chaîne, sur d'autres non… dans le doute mieux vaut mettre le crochet d'attelage, les membres d'équipage sont rarement du genre à se poser des questions et attachent leurs chaînes là où ils peuvent.

Pas un pays dans lequel j'ai voyagé sans voir un Vercesi !… peut-être le chauffeur écrit-il au même moment : « pas un pays dans lequel j'ai voyagé sans voir ce bon vieux Ray ! »

 

Vers 1h du matin, alors que je scie du bois dans ma couchette, quelqu'un frappe à la portière. Nous allons bientôt embarquer. Complètement ensuqué je constate que les travées sont remplies. Quasiment tous des frigos.

Il faut manœuvrer à froid, dans le noir, avec toujours cette bruinasse qui se pose sur les rétroviseurs : pas facile.

Cela dit, on rentre en marche avant et on n'arrime pas.

 

on serre au maximum

me voici à bord du « Ulysses ». L'endroit est du genre très « chic »

avec tout ce qu'il faut pour divertir les touristes…

…et les routiers

 

2 par chambre, c'est la mauvaise surprise. Heureusement mon voisin de fin de nuit est plutôt sympa, il me donne quelques conseils pour le débarquement à Dublin. Et puis nous dormons. Il ronfle un peu, moi aussi sans doute…

La traversée dure à peine 4h. Le haut parleur nous réveille, nous sommes en Irlande.

 

A l'instars de l'Italien, l'Irlandais aime le gros V8.

 

débarquement au port de Dublin

 

Alors attention… pas de pitié ici pour le chauffeur égaré : j'ai rarement vu autant de sales coups entre collègues que dans le port de Dublin. On double n'importe où, on sert dans les ronds-points, on colle au cul… bref l'accueil est plutôt hostile.

 

Sur les conseils de mon voisin de chambre j'ai pris le nouveau tunnel qui rallie le port au périphérique. Résultat : je n'ai pas profité de l'ancienne route qui passe en plein centre et notamment devant les brasseries Guinness, ce qui m'aurait permis de voir un peu plus qu'un magnifique conduit en béton. Dommage.

 

En Irlande on roule à gauche, mais on paie en euros. J'ai pour mission de traverser le pays d'Est en Ouest; sur mon parcours il y a une faible portion d'autoroute avec une seule aire, flambant neuve.

Ensuite, c'est de la route nationale bien large sur laquelle on se décale à gauche pour faciliter les dépassements. On voit les mêmes coutumes en Suède.

Puis arrivent les routes de chèvres. Ici on ne se décale plus, sinon c'est le fossé. Les croisures avec les autres PL sont parfois limites, un peu comme sur les petites routes Italiennes, avec la conduite à gauche en plus. Toutefois on s'habitue très vite à raser le bas côté, seules les intersections amènent des hésitations : pas évident d'aller à l'encontre de ses automatismes, plusieurs fois j'ai dû réfléchir à « où aller concrètement ».

 

Sur mon itinéraire, quelques traversées de villages et nulle part où se garer.

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En effet, j'ai bien pensé prendre des photos souvenir du camion devant n'importe quel paysage évoquant l'Irlande… en vain. Impossible de se poser, aucun parking, rien. Gare à ne pas se faire piéger pour les temps de conduite.

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quelques camions irlandais

 

Comme en Suède : des déflecteurs de Highline sur des topline

 

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On retrouve souvent les mêmes enseignes : Nolan, Carna, Mc Burney… avec toujours beaucoup de Scania

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Plus exotiques, des Hino

 

La signalétique contribue elle aussi à l'impression d'être loin

 

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Les paysages : des pâturages et des vaches. Je pensais voir des moutons partout… j'ai vu des vaches. Globalement je n'ai pas été époustouflé par le décor, je n'ai peut-être pas été dans le meilleur coin de l'île… un peu comme si un Irlandais faisait un Maubeuge - Soissons avec son appareil photo à la main, va savoir?

drôle de couleur la rivière… donne pas envie de s'y baigner…

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tout est fait de vieilles pierres : les clôtures, les maisons, les ponts…

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des paysages rugueux, sauvages…

 

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L'Irlandais est un être humain aux cheveux roux qui aime la bière. Voici quelques clichés de l'institution nationale : le bar.

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la difficile traversée de Longford

 

la poste irlandaise est comme tout ici : verte

 

retour via le petit bout d'autoroute et sa station flambant neuve, un des rares points d'arrêts possibles

 

le périphérique de Dublin

 

 

 

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Retour au port. Le temps à changé plusieurs fois dans la journée avec un vent incessant. Il fait maintenant un grand soleil. Ma mission est accomplie : j'ai livré mes palettes de l'autre côté de l'île et me voici enregistré pour le bateau de 20h50. Rien de véritablement compliqué, un peu de stress avec ces parkings inexistants, voilà tout.

Je reprends le même « Ulysses »

le quadruple ticket d'embarquement.

j'entre dans les entrailles de la bête

collé, serré

ça passe juste en hauteur ?!!

 

Il s'avère nettement plus agréable d'embarquer de jour : on peut profiter un peu de la vue, pointer son museau sur le pont et humer le vent du large.

Le parc à semis du port de Dublin.

les paysages alentours

 

Voici le départ… bye bye l'Irlande ! Il y a Bébert qui me fait coucou au loin…

 

…et puis toute une flopée de paparazzi pour shooter notre Ulysses

ça ressemble à une pochette des Pink Floyd

 

le spectacle est magnifique: coucher de soleil sur le port de Dublin pour célébrer le départ. Grandiose, superbe, émouvant…

 

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Nous sommes quelques uns à en profiter

Routier pensif devant l'horizon… le métier nous offre certains privilèges.

Nadine et Josiane font chauffer l'appareil photo…

 

Josiane la crinière au vent en guise de souvenir…

Tout le monde se prend en photo devant le trèfle !

Oui, tout le monde!

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C'était le tour en Irlande…

 

« tu vois chérie, c'est ce qu'on appelle un coucher de soleil » …. « ha bon? »

ça laisse sans voix

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Revenons-en à la réalité tangible! Il y a sur ce bateau un espace dédié aux conducteurs routiers de mon espèce. On y mange à volonté et pour pas un sous. La grande classe!

 

Compte tenu de l'heure, je n'ai pas dormi pour ce voyage retour. J'ai flâné ça et là, à la recherche de trucs à faire, à voir. Pleins de gens bizarres à bord, plein d'anglais excentriques… ici par exemple un véritable caniche royal.

La mauvaise surprise lorsque le bateau arrive à Holyhead, c'est que les camions sont priés de dégager du port. Même s'ils sont en coupure. Ainsi nous sommes quelques uns à échouer sur un parking de supermarché, avec l'appréhension de se faire déloger par la police.

 

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Finalement non, la coupure arrive à son terme, toujours sur le parking de supermarché. Une nouvelle journée commence, avec une ramasse tout au nord de l'île d'Anglesey. La route longe la mer, le ciel est beau, l'air est frais, le Pays de Galles est vert… c'est superbe.

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Des moutons par milliers et des bétaillères pour les conduire à l'abattoir

la route rêvée

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Ici je peux immortaliser le FH, il y a quelques bandes de bitumes pour se poser, par endroits

 

je voulais prendre le château au loin… il s'agit en fait d'une centrale électrique

 

des moutons qui ressemblent drôlement à des vaches

 

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J'ai chargé un premier lot, puis j'ai continué le long de la côte pour rejoindre les grands axes, direction Chester.

 

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à l'aller il faisait moche et j'étais du mauvais côté de la route… au retour je ne sais plus où donner de la tête tellement c'est beau

si après ça Guillot Bourne ne vend pas d'arbres au Pays de Galles !

pourvu que je n'aie jamais à demander ma route ici !!!

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Et puis, les paysages redeviennent commun, alors on recommence à shooter des camions…

 

au hasard d'une coupure et d'un truck center, je m'autorise un English breakfast pour terminer en apothéose ce beau voyage. 5£90 et l'assurance d'être calé pour la journée!

 

C'est qu'il faut l'avoir le moral, pour affronter ça ! Je fais trois ramasses sur la descente et je roule direction la France. La traversée de Londres, en pleine soirée olympique, est à nouveau incroyablement fluide… C'est peut-être que tout le monde est allé voir le tir au pistolet à 10 mètres?

Ici le Dartford crossing, la Tamise, avec un rafiot Cobelfret et son équipage Russe au loin…

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fin de journée là où il y a de la place : au centre routier d'Ashford.

 

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Au petit matin je quitte l'Angleterre via le tunnel sous la Manche, après avoir tenté la conversation avec la mouette-à-une-patte pour tuer le temps en attendant le train…

Fin de l'aventure, retour en France.

Itinéraire

 

J'ai rayé « Irlande » dans la liste des pays que je dois impérativement visiter avant la retraite, j'ai acheté un souvenir pour mettre dans le pare-brise parce que je suis très fier d'y être allé, j‘ai bizarrement rien trouvé sur Björk...

Ce voyage s'est parfaitement déroulé de bout en bout. Il est bon de se rappeler parfois que nous faisons un métier fantastique !

Prochaine étape : l'Islande, les glaciers, les volcans, U2…