Sauvagement interpellé par des Policiers à Valence.

 

 

L'histoire que vous allez lire se passe en France, sur la RN7, en 2005. On aurait pu la transposer sous des latitudes plus exotiques, mais non, c'est chez nous.

Patrice a 45 ans, c'est un beau bébé de 150kg pour 1m86. Patrice n'est pas né de la dernière pluie, il roule depuis ses 21 ans, a touché à tous les métiers du transport du frigo à la toupie, il a même été a son compte pendant un moment. Il respecte autant qu'il peut le code de la route, et respecte les policiers qu'il trouve utiles à la société.

 

 

A présent, parole à Patrice qui nous raconte sa mésaventure :

 

-"Le vendredi 30 décembre, j'ai pris un chargement de salades et épinards à Chateaurenard (13) à destination de Rungis. Je suis parti de Chateaurenard à 20h, je suis monté par la RN86, l'autoroute A7 étant interdite pour cause d'intemperies. J'ai mis 2h30 pour arriver à Valence Nord. Nous étions 4 camions à rouler ensemble en direction de Rungis. J'étais le dernier du groupe.

A Valence-Nord, les 2 premiers camions ont pu acceder à l'Autoroute A7 direction Lyon, le nord. Tout à coup le camion devant moi, s'arrete net, dans le rond-point d'accès à l'autoroute, surpris, je m'écarte en mordant légerement sur le rond-point, afin de me dégager la vue. J'ai donc dépassé au pas, vu l'étroitesse du lieu, et j'ai interpellé un policier en lui demandant si ça ne le genait pas d'empecher les gens de travailler.

Le policier est venu en courant vers mon camion, surpris de le voir arriver comme ça, je suis parti, et j'ai repris la RN7.

A l'entrée de Pont de L'Isère, je vois des gyrophares derrière moi, je me serre machinalement à droite pour leur laisser le passage, je ne pensais déjà plus aux policiers, mais lorsque je les ai vus, j'ai compris et je n'ai pas cherché à m'enfuir, je me retrouve sur la bande de decceleration qui permet l'accès au village de Pont D'Isère.

Les policiers sortent rapidement de leur voiture pour venir m'interpeller comme un vulgaire voleur, l'un d'entre eux ouvre violemment ma portière, monte sur le marche-pied pour saisir les clefs du camion, je ne me suis pas laissé faire. Il est redescendu pour appeller des renforts. Je suis descendu de moi-même du camion, j'ai interpellé l'un des 2 policiers en lui disant: "Allez-y! Vous genez pas, tapez moi tant que vous y êtes" Je commençais à en avoir serieusement marre de cette histoire.

L'autre a tenté de me menotter, j'ai refusé, j'ai voulu me mettre à l'abri dans le camion, à ce moment-là, ils m'ont jetté à terre, m'ont menotté violement dans le dos. L'un des 2 m'a frotté le visage au sol, j'ai pris un coup de pied dans le bas ventre, et vraisemblablement un coup de genoux sur le coccyx, ça par contre, c'est sur. Un temoin était sur place, je ne l'ai pas trouvé à ce jour. Des pompiers se sont arrétés, j'étais toujours au sol, la gueule en sang, trempé jusqu'à la moelle et frigorifié, ils n'ont même pas prété attention à moi et sont partis.

Les flics m'ont embarqué avec eux, et ont fermé le camion à clef. Arrivés au commissariat à Valence, j'étais en haillons, débraillé, un vrai clochard. Ils m'ont obligé à défaire ma ceinture, sachant que mes bretelles avaient été pétées lors de mon interpellation je vous laisse imaginer le tableau! Ils m'ont permis de me nettoyer un peu et m'ont attaché à un banc, peu de temps après, on m'a détaché pour me ramener au camion afin que je le gare correctement, ces 3 policiers étaient un peu plus d'aplomb, ils ne m'ont pas menotté , l'un d'eux est monté coté passager pendant que je faisais ma manoeuvre.

On est retourné au poste, de nouveau attaché à mon banc, le temps qu'on se décide à m'amener à l'hopital, pour savoir si mon état permettait de supporter une garde à vue. Quand le medecin de garde m'a vu, elle a halluciné, surtout lorsqu'elle a appris ma profession, et pourquoi on m'avait interpellé, elle a bien constaté mes blessures, qu'elle a jugé superficielles....

De retour au poste, avec un poil plus d'humanité, on a doublé mes liens pour ne plus que je m'arrache les poignets. On m'a rattaché à mon banc, il devait être 2h du matin. Ils ont cherché à me manipuler afin que je leur déclare ce qui les arrangeait ; ils ont cependant été déstabilisés, lorsqu'ils ont appris mon parcours militaire et mes décorations. Malgré tout, ils n'ont pas jugé nécéssaire de le stipuler sur le PV.

A 5h du matin, j'assiste, désabusé à la relève des policiers, toujours attaché à mon banc. L'avocate commise d'office, arrive à 6h bien tassées, enfin, on me détache et l'avocate invite le policier de faction à nous laisser seuls. Elle a eu bien du mal à comprendre pourquoi ils avaient été si violents avec moi alors que je ne voulais qu'une chose : livrer mes primeurs à Rungis et rentrer chez moi. Une fois qu'elle est partie, j'ai été surpris qu'on ne me rattache pas, ce à quoi le policier m'a répondu : "Ben non, on voit bien que vous n'êtes pas méchant" et il m'invite à venir me reposer un peu dans un espece d'Algeco insalubre.

J'ai dormi un peu, on m'a proposé des gateaux sec et un café, j'ai refusé net cette "offrande". A 9h, un officier enqueteur est venu, et à la vue de mon état, il est rapidement intervenu afin de me faire liberer, le temps de signer les PV (truffés de mensonges) et de me proposer un vague café, un autre enqueteur nous a rejoint et ils semblaient tout deux mal à l'aise, tant et si bien qu'ils m'ont ramenés au camion ce qui n'est pas habituel, je suis monté à l'avant, car vu mon gabarit, ils n'ont pas osé me mettre à l'arrière de la mégane. Arrivés au camion, on a parlé un peu, il y avait une gêne palpable de leur part. C'est aussi à ce moment-là qu'ils se sont posés la question du chargement. En l'occurence un chargement de primeurs qui aurait dû être depuis belle lurette sur les étals du Marché de Rungis.

A 11h30, je suis parti de Pont d'Isere, je suis rentré directement à Pithiviers, chez moi, à 19h, fatigué, désabusé.

Je n'ai trouvé un medecin que le 1er janvier, qui a eu du mal à croire à mon aventure. Du 1er au 19 janvier, je suis resté en accident du travail, suite à des traumatismes physiques et psychologiques.

Je devrais me rendre au Tribunal de Valence, le 7 avril 2006 à 10h30.

 

Ces 2 clichés sont de pietre qualité car prise avec un téléphone.