La Biographie de Claude, Teuf-Teuf 26

 

1966  : Chauffeur dans une boite de déménagements, on me confie un «  SOMUA  ».

Un camion très rustique, mais j'étais fier au volant de ce bolide.

Pour passer les vitesses, sans faire craquer la boite, il fallait faire le double débrayage et le double pédalage aux divers régimes du moteur. Quant à la direction, les deux mains et de bons biscotos pour pouvoir tourner, sans assistance, le volant très large.

Evidemment pas de radio et le chauffage comme inexistant. Pour les grandes distances , une couverture sur les genoux faisait l'affaire.

Comme beaucoup de camions, les équipements n'étaient pas à l'ordre du jour.

Ce véhicule avec une caisse très longue avait un porte à faux immense, ce qui m'a value d'emporter avec moi quelques voitures, quand je tournais à l'équerre dans Paris.

 

 

Plus tard, dans une autre entreprise, j'ai conduit un monstre le «  WILLEME   LD 610 » appelé « nez de requin », Pour moi, s'était le « Nirvana »

Un porteur avec une caisse savoyarde et des ridelles en bois (d'arbre) qui fermaient une fois sur deux et couverte d'une bâche lourde, difficile à plier.

Alors là, la grande route, Paris – Montargis …. dans la journée….No comment.

Avec cette affichette, jaune fluo, collée à l'arrière de la caisse «  Je roule pour vous  ».

Le transport était primaire, les colis étaient chargés en vrac, la palette est venue plus tard.

Dans ces années là, la réglementation était moins stricte qu'aujourd'hui, il n'y avait pas de chrono tachygraphe, lors d'un contrôle, les gendarmes demandaient de voir le « Menteur » où plus communément appelé «  Carnet individuel  »

Carnet rempli par le chauffeur, il indiquait les mêmes renseignements, nom, date, n° minéralogique, lieu de départ et d'arrivée, sauf que c'est lui qui inscrivait par un trait les heures de sa journée (conduite, attente et repos) pareil que sur la face opposée d'un disque donc il nous était possible de tricher un peu. Il fallait quand même faire attention de ne pas marquer 2 heures de volant quand le trajet demandait 3 heures.

Mais ça nous arrangeaient bien, rien que pour les restos, ont prenaient le temps de manger, a rattrapaient après…par les écritures. C'est en 1974 que le premier relais sur autoroute fut créé.

A l'époque les repas coûtaient 15 F , l'ambiance était agréable.

J'ai entendu dire qu'il existait un relais routier qui cachait sa clef sous le paillasson après la fermeture. Les routiers qui étaient des habitués se faisaient un casse croûte et laissaient sur le comptoir l'argent qu'ils semblaient devoir, avant de continuer leur route.

Max MEYNIER lance sur les ondes de RTL l'émission «  Les routiers sont sympas  ».

 

 

A bord de mon «  BERLIET TR 250  » cabine avancée 38 tonnes de PTRA et ses 228 CH, je parcours la France de long en large, calé sur la radio RTL .En pleine charge la vitesse palliait à 70 km/h et la conso frisait les 55 l/100. Puis s'étaient mes premières armes en semi remorque.

Quelle galère, cet ensemble qui se tortille dans tous les sens sans jamais aller ou tu veux …. ! !

Au bout de quelques temps, j'y suis arrivé , mais non sans peine. Et je me lance aussi sur l'international, pas triste non plus.

D'autres pays, d'autres gens, un parlé différent je me sens comme un vrai routier, avec plein de choses à raconter à mon épouse, en fin de semaine.

Dans cette grande maison de Saint-Vallier dans le 26 , je vais en Angleterre, trois tours en quinze jours. Deux week-ends par mois chez les Grands Bretons. Très bonne mentalité, par exemple un camion en panne..et ces cinq ou six ensembles rouges qui sont arrêtés derrière. Et chacun y va de son commentaire, fais comme ci, non comme ça et en deux tours trois mouvements, nous voilà repartis dépanné.

Mais je n'y resterai pas longtemps, la cadence est infernale.

Je charge le vendredi dans le sud des primeurs, direction le Covent-Garden à Londres , livraison dans la nuit de dimanche à lundi, retour illico à Calais, allô Mme D…….je recharge des pommes de terre du coté de Dunkerque et livraison mardi matin à Avignon !  et je dors quand ?

 

 

Du coup je rentre dans une compagnie de car à Saint Donat (26). A moi les beaux voyages, les bons restaurants… A moi aussi , lors d'excursions, les clients qui ne sont jamais contents. La radio ou les cassettes qui ne convient pas, le chauffage trop chaud pour certains et trop froid pour d'autres, sans parler de ceux qui rouspètent car le repas n'était pas ce qu'ils attendaient.

Mise à part cela, c'est vraiment un bon travail, et avant il y avait de la « gratte », une  visite de Paris :

Notre-Dame, par exemple, les clients vont, à la sortie de la cathédrale, dans les boutiques de souvenirs, le chauffeur malin les orientaient sur une seule maison, et après il récupérait 10% de leurs achats. Chut !

 

Au bout d'un certain temps, j'ai voulu me mettre à mon compte. J'ai passé mon attestation de capacité de transporteur. J'ai acheté un tracteur un «  IVECO 190 NT 33  » et j'ai bossé pour la Pan Européenne à Chambéry (Je peux me permettre de citer le nom, puisque ce transporteur n'existe plus), Il a fait faillite .. et moi aussi .. par la même occasion !

Voilà, pourquoi je suis rentré chez «  DEBEAUX  » en 1978 .

Activité principale : Italie deux tours par semaine avec un «  VOLVO F88  » C'est chez eux que j'ai vécu mes meilleures années de transports, une ambiance comme je n'ai jamais retrouvé ailleurs . Des chauffeurs qui étaient près a donner leur chemise pour un rien.

Des gars qui aimaient s'amuser, qui faisaient leur boulot, mais qui étaient fêtards sans arrêt.

Je me souviens d'une crise de rigolade le jour où Mr Debeaux a envoyé un chauffeur à Marseille, pour charger des animaux, oui …. dans une savoyarde, vous avez bien lu.

Après être chargé le chauffeur appelle le patron et lui raconte :

« Chef ! j'ai chargé deux girafes

« Et alors, lui rétorque M. Debeaux

« Chef, ils en ont mis une le sens de la marche et l'autre a l'opposé.

« Et bien qu'est ce qu'il ne va pas ? 

« Bah, chef la première va voir les ponts, elle va pouvoir baisser la tête, pas la seconde…. »

Je vous assure que cette histoire est authentique, seuls les animaux n'étaient pas des girafes, mais de petits porcelets pour un zoo.

Quels bons moments passés, ils nous fallaient arrivés aux environs de 8 h dans les douanes Italiennes, ce qui permettait de se reposer, d'aller déjeuner chez «  La Jeannine  » à Novara

En 1981, juste avant l'élection de François Mitterrand, je suis parti travailler pour Debeaux, en Algérie, à la suite du tremblement de terre d 'EL ASNAM . Nous recevions les remorques de France, chargées pour reconstruire des maisons (7 remorques pour une maison) et nous les acheminions sur site, une fois dédouanées, nous les décrochions et retournions à notre base vie avec les vides. C'était l'Amérique ! pardon l'Algérie .J'y suis resté un an, nous avions tous les deux mois une semaine de permission, ont prenaient l'avion à Oran > Marignane et retour.

Quand je suis revenu en métropole, j'ai eu un «  VOLVO F10  » et à nouveau l'Italie.

En fin 1984, en plein cœur dans la grève des douaniers français du Tunnel du Mont Blanc, une semaine bloqué sur place dans la rampe.

Les secours organisés par les gens du voisinage qui sont venus nombreux nous ravitailler, nous proposer des plats chauds, bel élan de solidarité Français.

 

1988 je suis embauché dans une entreprise frigorifique à Portes les Valence chez «  FRIGAUTO  » là aussi je peux citer le nom, même motif que plus haut . Avec un «  SCANIA   et après un AE 380 »

Je fait la Pologne et la Tchéko , chargement sud de la France , en primeurs pour les services de l'intendance Allemand , livraison dans la nuit de dimanche à lundi, ensuite à vide jusqu'à Varsovie ou Wroklavec le lundi chargement de fruits rouges congelés pour Plérin en Bretagne, livraison impérative le mercredi, après chargement chez TFE à Lorient ou Vanne pour TFE Lyon, livraison dans la nuit de jeudi à vendredi et retour maison pour refaire pareil la semaine suivante.

Un bref passage chez Trs Rimet à Bésayes, avec un «  RENAULT 380  » me voici parti en benne céréalière, bref passage parce que quelques mois après, ils mettaient la clef sous la porte.

Encore en frigo, un an chez un transporteur au Nord de Montélimar, sans grand intérêt, beaucoup de chargement Fret France pour les « Inter marché » avec encore un «  SCANIA  » et ensuite en fixe , je ramasse des poulets dans la région Rhône Alpes que j'emmène chez CHABAS Fraîcheur à Cavaillon et je recharge des primeurs pour les Inter marchés.

Une petite période de chômage me tombe dessus, j'en profite pour passer mes APTH et me revoilà en juillet 91 re-propulsé dans cette grande maison de Saint-Vallier pour conduire une citerne chimique. Un essai d'un mois et je prends conscience que c'est beaucoup moins « speed » qu'avant , donc je reste.

Le camion … c'est la dégringolade … un  «  G 260  » mais le boulot est cool donc motus et bouche cousue, chez eux ont ne discute pas, puis plus tard je touche un «  RENAULT 340  »

Je passe les examens de Formateur, fonction que je garde pendant 8 ans.

Je me bats pour avoir un «  TURBO LEADER  » Hé.. ! passer 15 jours avec un nouveau chauffeur dans une petite cabine….c'est pas l'Amérique… !

Quelques années passent et je suis élu au délégué du personnel et comité d'entreprise .

Je deviens secrétaire du Comité d'Entreprise avec tout ce que cela implique .

Tiens ! voilà qu'on roule en «  SCANIA  » maintenant, pour 3 ans et en «  PREMIUM  » après.

Je passe l'examen d'analyste en accident.

Tout çà jusqu'en avril 2003, et là pars en CFA (Congé de Fin d'Activité) pendant 11 mois , la belle vie , les doigts de pieds en bouquets de violettes.

 

 

Mais catastrophe, en mars 2004, je suis contraint à reprendre du service à cause d'ennuis financiers.

Je reprends le volant pour un an ou deux, chez un transporteur frigorifique de Montéléger, pour livrer des primeurs entre Lyon et Marseille, avec un «  VOLVO 460   Globetrotter X L.

MAIS….. bientôt la quille car départ définitif ( enfin selon la Sécu ) en fin mars 2005.

 

 

QUELQUES CHIFFRES sur trajet de Clermont Ferrand > Lyon

Années
PTAC
CU
Temps
Moyenne Conso
45 - 54
25 t
13 t
4 h 15
55 km/h 55 L/100
55 – 64
32 t
16 t
3 h 30
58 km/h 56 L/100
65 – 74
35 t
22 t
3 h 00
66 km/h 54 L/100
75 – 84
38 t
25 t
2 h 30
80 km/h 50 L/100
85 – 94
38 t
25 t
2 h 10
90 km/h 32 L/100