
Voila, on est devant le monstre. L’accès a la cabine est démuni de poignées, on s’accroche au volant. Pas de soucis, c’est a la bonne hauteur, et du côté chauffeur, il y a 2 marches. On monte donc a droite. Une fois a l’intérieur, on a le museau qui change un peu, au début ça fait une drôle d’impression, mais on s’y fait rapidement, il faut prendre les virages au plus large, on a l’impression de sortir de la route.
Il y a aussi la conduite a droite a maîtriser, au début on a tendance a rouler presque au milieu de la route, car ca fait bizarre de router collé au talus. Mis a part ca, une fois au volant, on a seulement deux rétros… placés sur les ailes avant. Pour déboucher a certains endroits, il faut regarder deux fois, heureusement on peut se tourner et regarder par les fenêtres arrières, sur ce modèle de chantier.
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voici ce qu'on voit dans le rétro gauche, et ce qu'on voit dans celui côté chauffeur. A noter
toutefois, qu'on y voit pas la même chose selon l'endroit ou l'on se touve lol
On trouve également sous le tableau de bord une prise d’air, pour mettre un pistolet d’air, ou n’importe quoi d’autre.. un gonfleur de pneu, ou une ponceuse…
Prêt a démarrer ? on pousse la clé dans le contact, les lumières s’allument ( si tout va bien bien entendu lol) et on appuie sur le bouton du démarreur… et là, commence le bonheur… le ronronnement typique Saurer résonne, le régime tient bien quand il ne fait pas trop froid, le 6 en ligne tourne bien rond… malgré un arrêt de 6 mois.
on laisse tranquillement monter l’air, il s’arrête a 7.5 bars… faut que je règle la soupape, le faire monter a un bar de plus !
l’aiguille de l’air baisse, le témoin rouge s’éteint, et la soupape d’air fait PSHHHT, c’est bon, on peut déserrer le frein de parc.
Pour démarrer sur terrain plat, on peut partir en 3ème, si l’embrayage n’a pas mis été trop longtemps au repos. autrement, les démarrages sur les 50 premiers kils se feront en 2ème.
c’est bon, on roule. on tire gentiment, on passe la 3 et demi, la 4, et la 4 et demi. La conception de la boite a été faite pour que le couple maxi en 4 et demi soit a 60 a l’heure, limite de vitesse pour les camions sur route cantonale en suisse il y a quelques années encore. L’étagement tire court, c’était bien pour rouler chargé, mais aujourd’hui pour l’usage que j’en fais, c’est presque trop court, enfin c’est un détail, si l’essai aurait été fait y a 30 ans, cela aurait été un bon point.
les demi vitesse sont au volant, un grand levier. La commande de boîte est extrêmement douce, il suffit de guider le levier dans la bonne position, l’assistance fait le reste, et le bruit des changements de rapports est superbe, même que c’est un détail con. L’embrayage quand a lui est un peu plus dur, mais c’est un détail. Beaucoup de chauffeurs ont regretté la boite Saurer au profit de la boite ZF.
Question moteur maintenant, le 250cv est toujours vigoureux, du couple dès les plus bas régimes. Ces moteurs ont vraiment été conçus pour les paysages alpins. Les performances sont bonnes, même au jour d’aujourd’hui. C’est un bon moteur, solide, peu gourmand ( pour l’époque) et fiable.
La direction… ca c’est un autre monde, bien évidemment pas assistée, ou très très peu. C’est de la vraie direction, bien virile, mais très directe. Sur les terrains difficiles, il faut faire attention, un caillou sous une roue, et le volant peut venir casse de la phalange assez rapidement ! la démultiplication est bonne, pas besoin de trop tourner le volant pour braquer a fond. Le volant est très mince, mais bien fait, car on peut s’agripper aux branches pour tourner avec plus de force.
Je pense que la conduite d’un camion comme ça aurait pu refroidir les ardeurs des femmes, car c’est vraiment physique. Heureusement que la direction assistée est apparue !!
Maintenant passons au châssis en général. Il supporte très bien la charge, au vu de sa conception, et il a une très bonne répartition des masses. A vide, ca tape dur, mais moins qu’un 4x4 toutefois, question confort, c’est un Saurer confortable.
La visibilité est bonne, grâce au pare brise arrondi, les rétros malgré leur taille sont pas si mal, et l’avant reste assez visible, malgré le capot. L’arrière est visible si on se retourne. Il y avait un rétroviseur central en option, mais je n’en ai vu sur aucun…
Le chauffage a une seule position, marche arrêt, avec néanmoins différents réglages. ( chauffeur, dégivrer etc)
Passons au point fort des Saurer, le freinage.
Les freins de service sont tout simplement époustouflants. Une pression, même légère, fait littéralement « planter » le camion. Ils sont endurants, mais n’ont nullement besoin d’être fortement sollicités, car ils sont aidés par l’excellent frein moteur breveté Saurer. L’efficacité est vraiment optimale. Sur les premiers 230, c’était trop efficaces, la compression était telle que les moteurs lâchaient.
Le danger naturellement, c’était de caler le camion. A ce propos, lors de mon premier jour de permis PL, c’était la sortie Saurer, j’ai calé dans une descente après avoir tiré le frein moteur sur une petite couche d’eau de jets d’arrosage. J’ai freiné en urgence… museau dans le pare brise !!
Le freinage est pneumatique a l’arrière et hydraulique a l’avant. la modification a été faite, car avec un système entièrement pneumatique, la puissance de freinage était trop forte. les 4x4 n’ont pas pu avoir cette modification…
Voilà, en gros l’essai du Saurer 5D. un essai pas vraiment objectif, puisqu’il s’agit d’un camion « de loisirs », je n’ai jamais pu le tester réellement pendant une semaine. J’ai roulé avec chargé en gravière ( a des poids presque inavouables, j’ai été jusqu'à 23 tonnes sans soucis, question de faire travailler la suspension). C’est un camion plein de charme, bourré de qualités.
Avec cet essai j’espère avoir poussé quelques personnes a se renseigner plus sur du Saurer, marque connue et reconnue pour la qualité de ses produits.
Et si vous passez en Valais, que le temps le permet, vous aurez même droit à une petite ballade !