Les métiers de la formation par Phlweb.

 

 

"Ce qui distingue l'homme comme espèce n'est pas seulement sa capacité d'apprendre, mais également celle d'enseigner..."

(Jérôme S. BRUNER - The Growth of Competence - 1973)

 

 

Entrer dans ce job c'est un peu comme la route, il faut vraiment le vouloir et le pratiquer avec intérêt sans quoi cela devient vite une "prise de tête" et parfois une véritable souffrance...

Les métiers : (car il faut en distinguer plusieurs)

- Moniteur Poids lourds

- Formateur aux métiers du transport et de la logistique

- Prof de L.E.P.

- Moniteur d'entreprise

1 - Moniteur Poids lourds :

Si nous observons l'évolution sociale du transport, nous comprendrons vite que cette filière est entrain de se dissiper... Le moniteur est censé former des individus aux permis de conduire exclusivement. Or la FIMO ayant été généralisée le moniteur ne peut assurer la totalité du cursus de formation d'un futur conducteur professionnel. (Sauf s'il a une expérience de routier ce qui le classe comme formateur...)

Le quotidien se vit en auto-école ou centre de formation avec un contenu assez rébarbatif puisque les permis sont structurés toujours de la même façon ; Code, plateau et circulation... Il doit bien sur être patient et très pédagogue car il fait face à tous type de public, mais il n'a pas à se soucier de la motivation des apprenants, cela étant intuitif pour cause de durée extrêmement réduite des formations.

L'accès à cette qualification est en revanche des plus laborieux : Il faut avoir tous ses permis (lourds) et passer le BEPECASER (Brevet pour l'Enseignement de la conduite automobile et de la sécurité routière) Tronc commun obligatoire d'abord (pour être moniteur voiture) et une mention Groupe lourd ensuite pour être moniteur C, E(C) et D. Inutile de dire que si l'on fait le total de la facture, ça coûte bonbon !!! Mais c'est obligatoire et donne incontestablement un emploi assuré tant les candidats sont rares...

2 - Formateur aux métiers du transport et de la logistique :

La c'est plus pareil, certains d'entre-vous se demandent s'il ne devraient pas franchir le pas, d'autant que l'accès est plus facile puisque principalement l'expérience compte. Je vais essayer d'être impartial et de vous donner mon ressenti par rapport à cette fonction :

S'engager comme formateur est ouvert à tout conducteur qui le souhaite, mais doit être une réelle vocation car si certains désagréments de la route disparaissent, d'autres insoupçonnés vont surgir au quotidien. Tout d'abord ne le faite pas pour l'argent, ni pour la sédentarité, et encore moins pour profiter des joies de la sieste.

Un formateur ça gagne peu (au regard de la fonction), ça bouge beaucoup et il ne dort pas dans sa bagnole (si vous voyez ce que je veux dire) et pour finir, il prépare ses cours quand il le peut c'est-à-dire à l'hôtel ou chez lui (fini le jardinage et la pêche)...

Les organismes de formation sont nombreux et proposent grosso modo les même conditions, les critères de recrutement sont très variables suivant la conjoncture ( si y en a trop on te demande BAC+12 et si on en manque on t'embauche avec une expérience de livreur de pizza !!! ) Je plaisante mais c'est un peu ça malheureusement, malgré que le critère de 5 années d'expérience soit prescrit. Par contre celui qui veut asseoir cette vocation peut préparer un titre professionnel de formateur d'adulte (diplôme du ministère du travail) ce qui lui donnera une reconnaissance incontestée.

Le quotidien du formateur varie entre Théorie et pratique sur des modules tels que FIMO, FCOS et Titre professionnels (ex CFP). Le job est intéressant car il est vraiment accès sur le métier avec toute la dimension culturelle et technique que l'on peut y apporter. Les publics ne sont pas toujours faciles, mais il appartient au formateur de les motiver.

Pour l'animation de modules théoriques, la maîtrise de l'informatique est devenue indispensable et surtout très confortable de plus, les plus performants se verront animer des modules spécifiques tels que ; conduite rationnelle, manœuvres camion remorque, gestion des conflits (en voyageur), etc, etc... Le plus souvent directement dans les entreprises demandeuses.

Côté pratique c'est vraiment "sympa" puisque les stagiaires sont censés savoir conduire (no coment!) du moins ont leur permis et il est donc plus aisé de se consacrer à la vrai conduite professionnelle... hormis pour les titres professionnels qui ont le permis inclus dans la formation.

3 - Professeur de lycée d'enseignement professionnel :

Je connais moins bien alors j'en parlerai peu si ce n'est pour dire que l'on s'attache exclusivement à former des très jeunes au BEP, CAP voire au BAC mais là c'est de l'exploitation et non de la conduite.

Le statut y est intéressant mais les places sont chères et souvent prises avant qu'on ne le sache... (Un bon piston n'est pas négligeable)

Coté boulot c'est pas des plus violent (sinon ça se saurait...) mais attention au bon respect du référentiel qui a un statut biblique dans l'éducation nationale (le proviseur veille au grain !)

4- Moniteur d'entreprise :

Encore une variante mais totalement différente et qui doit être vécu comme une promotion au sein de l'entreprise...

Le moniteur d'entreprise assure généralement les FCOS en interne ainsi que le suivi des conducteurs (conso) et toute les formations aux nouveaux matériels comme l'intégration des nouveaux avec un "formatage" aux bonnes pratiques de la boîte !

Le job est intéressant mais attention à la position hiérarchique qui peut vous exclure de toute relation amicale entre collègues si celle-ci n'est pas clairement définie par le boss !

Le côté sympa c'est que vous pouvez vous offrir le luxe de rester à la pointe du progrès, car vous serez de toutes les manifestations organisées par les constructeurs et institutionnels du métier.

Et en règle générale :

Le maître mot se nomme "PEDAGOGIE" Il est fini le temps ou nous avions des stagiaires qui rêvaient de camions depuis tout petit !!! Maintenant les candidats viennent se former parce qu'ils n'ont rien d'autre et ont besoin de sous à la fin du mois. Et là se trouve une tâche bien plus valorisante de l'enseignant puisqu'il a pour fonction en plus de former techniquement, celle de transmettre l'amour du métier et la satisfaction du travail bien fait. Pas simple...

Coté technique je ne m'épancherai pas car la fin justifie les moyens. (A qui veut l'entendre)

Mais on y trouve son compte, cela fait 15 ans que je "forme" des jeunes et des moins jeunes et je peux vous dire que lorsque vous voyez la lumière de la compréhension s'allumer dans leurs yeux et la progression quotidienne de leur apprentissage vous ne pouvez qu'en redemander.

L'envie toute simple du contact humain peut être aussi un bon vecteur de vocation surtout quand on en a eu raz le bol d'être comme un vieux loup solitaire dans sa cabine...