Maintenant, je vais vous narrer, le premier week-end passé en détention. Cela pourra sans doute donner des idées à certaines personnes, car je suis bien placé pour m'apercevoir que, n'importe qui peut y rentrer, et vite fait en plus.
C'a y est, j'y suis. Le moral est bon. Je suis donc dans la dernière ligne droite. Je suis rentré avec un peu d'appréhension, car je ne savais pas du tout comment cela se passait en semi-liberté.
Il me fallait rentrer à 7H30 ce matin. En fait, j'étais sur le parking à 6H50. J'ai attendu 7H20. J'ai sonné, on m'a ouvert.
Et voilà, maintenant, je suis dans un bâtiment à droite de la cour principale. Le gardien me place dans la cellule numéro 4, au fond à gauche d'un couloir. Dans cette chambre, il y quatre places, dont deux qui sont occupées. Une, par un gars qui est absent pour le week-end et une autre par un gars qui doit arriver dans la matinée.
Les portes des cellules restent ouvertes, comme je l'ai dessiné sur mon plan, il y a un coin cuisine, des toilettes, deux douches, et une petite cour, où l'on peut aller quand on veut, mais qui est fermée la nuit. Manifestement, c'est quand même plus cool que la prison normale. Les surveillants, on ne les voit jamais ici. Mon moral de ce coté-ci de la prison, est nettement meilleur que celui que j'avais, il y a quatre ans.
Depuis ces quatre années, nous avons vécus des périodes difficiles, mais nous voyons enfin le bout du tunnel.
Il reste Sébastien, mon Dieu, faites qu'il s'en sorte. Cela fait une semaine qu'il a eu son accident. S'il lui arrive quelque chose, j'espère que l'on me préviendra quand même.
Il est près de 11H, je viens de voir mon collègue de chambre. Il est là jusqu'à la mi-avril pour des coups portés sur un flic.
J'ai pu faire un tour dans la cour, très petite, 10 mètres sur 4, pas plus et toute en béton. Sachant que je sors demain soir, je n'ai pas à me plaindre, vu les réquisitions du procureur lors de mon procès, je m'en sors bien.
Il est environ 17H, un troisième est arrivé. Un gars d'origine tunisienne, travaillant chez Avon à Vannes, usine, où je chargeais du temps de mon Daily. Mais je ne connais pas ce gars là. Un peu grande gueule, mais j'ai l'habitude de ce genre de mecs, il y en a plein comme ça parmis les routiers. Donc en plus de sa gueule, il fume et il ronfle, cela commence bien. Comme il a travaillé de 5H à 13H, il récupère et fait sa sieste. L'autre est parti jouer à la belotte. On m'a demandé, mais comme je ne sais pas jouer…
Du coup, je suis parti dans la cour lire une revue d'informatique, et comme il fait frais, dès que je l'ai finie, je suis revenu au chaud.
Le moral est bon, il ne faut pas s'inquiéter mais je m'emmerde comme un rat mort. Je redoute la nuit, à cause du mec qui ronfle. Enfin, on verra, je n'ai de toutes façons pas le choix.
Je pense que ce soir, Jeanne est partie voir Seb à l'hôpital, c'est con pour lui. J'espère qu'il n'aura pas de séquelles et que l'on sera heureux tous les trois après. Depuis quelques années, on a assez dégustés comme ça.
Hier soir, samedi, j'ai regardé la télé, Patrick Sébastien. J'étais seul, donc rien à signaler. Un gars était parti jouer aux cartes, l'autre je ne sais pas, et je m'en fous d'ailleurs. Toujours est-il, qu'ils sont revenus tard dans la nuit et sans trop faire de bruit. Par contre, il y en a un qui n'a pas arrêté de ronfler toute la nuit. Une vraie cheminée d'usine, c'est pénible et il est en plus, juste en dessous de moi. A part cela, c'est relativement calme. Le matin, il y a le gazouillement des petits oiseaux.
Il est 8H30, je me suis levé, un coup de peigne, un coup de flotte sur la figure, la douche sera pour ce soir à la maison. J'ai été à la cuisine me faire un café dégueulasse, le même qu'il y a quatre ans. Le premier collègue est levé, quant au second, il dort encore, et il ronfle toujours, putaing, que c'est pénible.
Hier soir, en m'endormant, j'ai eu un coup de cafard. Ho ! Pas méchant. En pensant à l'école du Porteau à Poitiers, j'ai toujours le cafard. Je ne sais pas non plus comment va mon fils. Céline, elle, ç'a va, j'en suis sûr. Bon, il ne me reste plus qu'à attendre 18H30, pour sortir, et les retrouver à l'hôpital.
J'avais emporté des revues d'informatique, et elles sont lues depuis longtemps. Je n'ai donc plus rien à faire d'autre, que de remplir mon journal intime et de commencer à écrire le brouillon de mon livre. Ha! Je crois que la chaudière à ronflements va exploser. Pfou !!!!, Là cela gâche le plaisir de mon week-end. Ca y est, il s'est réveillé. Il paraît que moi aussi, je ronfle, ben merde alors.
Sinon, il fait beau, c'est déjà çà. Je suis allé faire un tour dans la cour. Il y a un radiateur sous la fenêtre et il chauffe à fond, alors que la fenêtre est ouverte. Où sont les économies d'énergie ?
Il est maintenant 17H, c'est long. Dans l'ensemble, ce premier week-end, s'est bien passé. Au niveau de la bouffe, ce midi nous avons eu de l'Avocat, rosbif avec haricots verts et du far. Cela ira mieux la semaine prochaine, j'essaierais de passer des affaires.
J'ai avancé dans la rédaction de mon livre, mais là, je sature un peu. J'ai fais sept pages et demi de rédaction. C'est déjà bien pour la première fois. Moi qui n'aimais pas le Français à l'école. Là dessus, il faut rajouter deux ou trois autres pages pour mon journal intime.