Carnet de bord de Décembre 2019 | Partager sur Facebook |
Avant de m'arrêter là hier soir je suis allé demander au patron si les douches étaient réparées, c'est fait. L'eau est bouillante même, ce serait bien de régler un peu moins chaud. Je présente mon ticket de caisse d'hier soir, je ne paye la douche qu' 1€50 au lieu de 3 balles. En tout, le repas du soir, café croissant ce matin et la douche ça me fait 15€30, j'adore ce pays.
A 7h et demi je suis chez les transports Cabaillé au Boulou. D'entrée le chef de quai super désagréable me prend à la légère : « pour les Europe revenez à 8h. » Je descends le chariot, range un peu la semi, sort une sangle, retourne au bureau me tirer un café. Le type a changé du tout au tout, cette fois il me tutoye : « viens on fait les papiers, ce sera fait, tu pourras partir direct. » J'en ai déjà vu des lunatiques... Une lune c'est tous les 28 jours, lui c'est 3 minutes.
En face de chez Cabaillé il y a un petit centre commercial avec une Marie Blachère, je me prends une baguette, en ces jours de grève faut être prévoyant.
A 9h et demi je suis ric rac au rendez-vous chez Castel à Béziers. La rue est pleine de camions garés n'importe où, je me claque devant un panneau de stationnement interdit, c'est quoi ce bordel ici ?
Je vais m'inscrire au gardien, en fait le courant est coupé depuis 5h du mat'. Le gardien ne sait pas si c'est à cause de la grève ou quoi mais en attendant ça charge pas. Pas d'ordis, la barrière est fermée, pas de rampes de quais, sans électricité c'est la merde. Ça discute ferme devant l'usine, j'ai passé l'âge de m'affoler, les pieds sur le tableau de bord j'attaque mon bouquin... J'ai bien fait de prendre du pain pour midi.
A 11h je vois que ça bouge, plein de monde au gardien... J'y vais aussi... Je dis au gardien que je suis inscrit depuis tout à l'heure, il regarde sa feuille et me fait entrer direct. Vu le nombre de camions dans la rue je pense que je suis passé devant plein de gars, mais c'est involontaire. Le chef de quai annonce : « système U, quai 5 ! ». Vu le peuple là dedans je ne me fais pas prier, je m'y mets vite. Ensuite j'assiste à un impressionnant balai de Fenwick, ils sont surexcités, c'est même dangereux, je reste sagement près de ma semi, si tu traverses le quai t'es mort ! On voit que c'est bientôt les fêtes, l'essentiel du chargement c'est du pétillant framboise ou pêche, 3° d'alcool, de la merde quoi ! Le cariste va tellement vite qu'il déchire une palette dans le deuxième poteau, il n'a pas remarqué que je l'ai vu, il fait genre ni vu ni connu, t'es gentil mon garçon, je lui fais changer la palette, il râle mais tant pis. A midi je me casse de ce bordel. Franchement je m'en sors bien, j'ai vu le moment où je coupais à l'Oppidum ce soir. C'est une bonne adresse m'enfin on est jeudi.
Pour l'instant j'ai rien vu du jeudi noir. Avant Nîmes les panneaux annoncent l'autoroute fermée mais c'est direction Marseille, sur l'A9 ça roule. J'attaque ma baguette fraîche après Nîmes. Ce week-end je me suis acheté chez Lehmann du Comté 24 mois, il commence à faire des morceaux comme du Parmesan, tu sens les grains de sel, avec la baguette fraîche c'est mortel.
Je finis mes 30 au pied du Grand Boeuf. Avec la grève des transports en commun je me dis qu'à Lyon ça va être le brun, mais bof, ni plus ni moins que d'habitude, c'est pourtant la mauvaise heure.
Je croise Samu, on papote un peu et je me retrouve à la sortie Heyrieux sans m'en rendre compte, ça a roulé nickel. Fin de journée aux Gourmets Jurassiens chez le roi des ficelles, comme on disait avec Samu, on y mange aussi bien que le patron est con, ça vous donne une idée.