Carnet de bord de Janvier 2024 | Partager sur Facebook |
Courage ! Courage à ceux qui vont lire ma prose toute l'année, vous avez toute ma compassion. Je vous souhaite quand même une bonne année, et merci de me lire...
A 7h je suis à Bourogne, je laisse chauffer tranquillement, la météo annonçait un froid polaire, il fait -2° ! Putain les gars -2 ! Si on se paye un -20 ça va être quoi les adjectifs ? Sibérien, intersidéral ? Bref, il fait pas bien chaud mais ça ne dérange que les mouches. Je range mes affaires, j'avais déjà refait mon lit en venant pour mon pare-choc. J'ai rebouché la rayure, un coup d'apprêt, c'est pas fini mais le temps s'est mis à la pluie. C'est pas parfait, je finirai plus tard mais je peux reprendre des photos de face.
A 8h et demi je suis à Vesoul, je n'ai jamais chargé dans cette boutique mais j'y ai déjà vidé, ils achètent les plaques en béton vers Bayonne. J'ai fait le voyage une fois ou deux. J'ouvre un côté, mes palettes sont un peu loin paraît-il, ça traîne un peu. Rien de grave.
Ensuite il me faut monter vers Luxeuil, je passe devant l'AS24 de V'zoul, j'en profite pour faire les pleins.
A 10h et demi je suis à Aillevillers dans une boutique de ferraille, bureau, le gars me dit d'entrer, d'ouvrir, il m'envoie un cariste. C'est pas un mais deux caristes qui se pointent. C'est trop les gars c'est trop. Ils me chargent deux abris en tôle, un de 5m et un de 2m50, ça rentre pile poil de chez pile poil, il ne reste pas 5 cm aux portes. Allez zou !
Je commence demain dans le 87, je descends donc par la route des Vosgiens et je prends du pain à Bucey les Gy. Je fais tirer la première période de 4h30 au max, jusqu'au virage de Navilly, mais ça ne servait pas à grand chose, c'est mort pour Limoges en 4h30.
La météo a changé vers Chalon Moulins il gèle toujours mais il fait sec. Je fais ma seconde coupure vers Montluçon, c'est après que le temps se gâte.Il se met à pleuvoir alors qu'il fait -2°. Je surveille mes rétros, des glaçons se forment, j'ouvre la fenêtre, j'entends toujours le bruit de l'eau sous les pneus. Une première bagnole dans les glissières, une autre plus loin, je n'entends plus l'eau, ça craint cette fois, je lève le pied. Avant la Souterraine c'est un paquet de 3 ou 4 voitures au tas, pompiers gendarmes, la totale, en face deux autres voitures pétées... Là je ne fais plus le malin du tout. Je n'ai pas besoin de Google pour aller à Limoges mais j'allume Maps pour suivre le trafic et coup de bol il me fait sortir à Bessines sur Gartempe. C'est bloqué plus loin, j'ai eu un énorme coup de bol, c'était la dernière sortie avant le bordel. Donc je prends l'ancienne nationale et effectivement c'est un beau merdier sur l'A20. Il pleut toujours, ça patine dans les montées, je roule à 60 grand max. Dans une descente une bagnole tourne à gauche, je fais lècher à peine les freins mais ça part un coup à droite un coup à gauche, j'ai une bonne distance heureusement, quand j'arrive la voiture a tourné. Je roulais vraiment pas vite mais j'avoue que je me suis fait une frayeur. Arrivé vers Limoges c'est fini, c'est sec, l'épisode de verglas aura duré sur 50 ou 70 bornes mais il y a eu de la tôle froissée.
Je pensais couper au Colibri mais à cette heure il n'y a plus de place, je pousse jusqu'au Viaduc à Pierre Buffière. Je loupe la 11 pour 2 minutes, pas grave.
Ce matin France 3 Limousin annonce des accidents en série, 13 blessés et de gros bouchons hier soir, je confirme... Café bain-beurre douche et zou ! Le jour n'est pas levé, je dois louper de jolis coins sur ces petites routes. A 8h je suis à St Yrieix la Perche, la cliente hier m'a parlé d'un chantier, je m'arrête devant une scierie mais c'est pas là d'après le cariste. La cliente me répond enfin, c'est 200m plus loin.
Je lui dépose ses 3 palettes, c'est filmé avec bande de garantie, le contrôle est très vite fait.
De là il n'y a pas de route bien claire pour aller à Angoulême. Le jour s'est levé je me régale, ici on voit bien la différence de géographie et d'architecture des maisons quand on quitte le Limousin, les pierres en granit font place aux pierres claires, les tuiles romaines succèdent aux ardoises sur les toits, le sol devient plus sec il n'y a plus de bruyères et de fougères. Le changement de province est flagrant, autrefois les gens construisaient avec les pierres trouvées sur place, c'est récent de transporter des matériaux.
A 10h et demi je suis à Brie, en fait Brie c'est loin, je suis dans un lieu-dit vers Les Rassats. Vous vous souvenez des Rassats ? Un super resto routier où le patron appelait tout le monde: Monseigneur. Je crois qu'il faut avoir 50 piges pour connaître ce lieu mythique. Bref, c'est pas loin de là. Hier au téléphone quand je me suis présenté le client m'a dit : « ah oui ATS vous aviez un dépôt à Angoulême. » Ben non, ça doit être un homonyme, nous on est une petite maison, aucune agence. Mais il m'a tenu tête le bougre ! Persuadé de son truc. J'ai fini par lâcher l'affaire. Ce matin quand je me gare devant chez lui il reconnaît qu'il s'est trompé. Je lui dépose ses palettes de grillage, il paye le café, tout content de me montrer le chauffage de sa baraque neuve. J'abrège un peu, faut que j'avance.
Je me fais chauffer une soupe avant St Jean d'Angély et à 13h pile poil je suis à mon troisième client de clôture. Je me gare à un carrefour la cliente vient à ma rencontre et me dit d'avancer on est un peu loin. Fatal error ! J'ai failli enliser le chariot dans le mou avec les palettes sur les fourches. Je repose, je referme et je recule où j'étais, je retourne à pied chercher le chariot...faire et défaire...
Je saute de l'autre côté de Rochefort, pas loin d'où j'étais l'autre jour en piscines. Là je livre un abri dans un centre équestre. Ils ne sont pas emmerdés par les voisins, le truc à canassons est tout au bout d'un chemin. Ici pareil c'est mou, avec un truc de 5m en latéral t'es bien obligé de passer dans l'herbe. Et pour repartir ? Eh ben recule ! Il est hors de question de mettre une roue hors du goudron. Au bout, enfin au début, le chemin fait un T, j'arrive à me retourner, j'ai bien eu du bol.
Pour aujourd'hui c'était tout mais il est 15h30, j'appelle le client de Vendée, il veut bien que je vienne ce soir. Ce qui est fait...
Depuis Rochefort La Rochelle pour aller à La Roche sur Yon la route de Marans est interdite aux 26t, il faut aller tourner à Niort ; faire 50 bornes de détour et raquer l'autoroute. C'est pas mon genre. Si vous prenez un atlas vous verrez une route : elle s'appelle D9 dans le 17 puis D 104 en Vendée. Cette route ne traverse pas le moindre patelin, rien, pas de pont, rien, elle est juste interdite aux 26t par caprice. Eh bien les gendarmes sont en place à un rond-point pour empéguer les camions. Leur chef touche des pots de vin pour nous obliger à payer l'autoroute ? Visiblement je ne suis pas le seul délinquant. Ils sont de l'autre côté du rond-point je ne demande pas mon reste. Tout à l'heure quand ils vont rentrer à la brigade ils seront contents d'eux, avec le sentiment du devoir accompli.
A 17h45 je livre mon dernier abri dans une métallerie, la cour me semble petite, la nuit tombe, on va éviter les conneries, je reste sagement dans la rue. Un coup de fourches et c'est livré.
Laurence m'a trouvé un retour, 3 ramasses demain par là autour. Je m'en vais couper au Relax à Montaigu, bien placé pour demain.
Recafé pain-beurre douche rezou ! A 8h je suis chez Smurfit, je vais aux expés mais c'est pas là, j'avais pourtant cette adresse. Le gars n'est pas surpris. En fait je charge aux transports Douaud, ils louent un bout de bâtiment à l'entrée du site. Fallait le savoir. Je monte sur le quai, personne. J'appelle, je fais du bruit, je pars à la recherche de quelqu'un...je pousse une porte, le cariste est là tranquille, cuté sur une chaise. Putain cte grosse feignasse si tu vas pas le chercher, tu peux attendre un moment. On charge des grandes palettes de panneaux photovoltaïques, 21 palettes, donc à la fin il en reste une toute seule. Il veut la mettre en long, ben non c'est con, je complète ailleurs. « Ah oui mais je dois la charger avec un autre chariot celui-ci a des longues fourches. » « Oui oui c'est ça , tu vas chercher l'autre. » Purée j'en ai déjà vu des branleurs mais lui il joue en première division.
Le chargement va au troisième poteau c'est à dire qu'il me reste 3m30 et je dois charger deux lots de 3m, ça va être fin.
La deuxième ramasse est à Nort sur Erdre. La dernière fois que je suis venu dans ce bled, en 2001, j'étais monté en solo depuis la maison pour récupérer une réhaussable Blond Baudoin neuve, j'avais le Magnum 440 neuf aussi, ça faisait un bel ensemble.
On charge dans une boutique de bâches ou de stores, une grande palette que je claque à droite, vite fait. Un gars vient du fond de la cour, il me demande si je veux bien l'aider, ils ont un Premium qui n'a plus de batteries. Il a sorti leurs câbles, j'ouvre mon carénage, vire le cache, au premier coup de clef le taxi démarre. Merci...de rien...tchao.
Le dernier lot se prend chez Blanchard Coutant à St Prouant, je n'y serai pas avant midi, je prends le temps de manger un bout là le long. A 13h30 j'entre dans leur cour, bizarre, je ne vois pas de quais, que des ateliers. Je vais voir au bureau et bien sûr je suis au mauvais endroit, ici c'est le siège, la log est à 1 km de là dans la zone. Ils ne donnent pas la bonne adresse mais ils sont tous bien sympas, j'ouvre le côté, un cariste fait rentrer les palettes au chausse-pied dans le peu de place qui reste. Tip top. Depuis ici ça ne sert plus à rien de remonter à Saumur et Tours pour payer de l'autoroute, je descends par Bressuire Poitiers. Vers Poitiers justement les camions que je croise ont la calandre blanche, non c'est pas de la cocaïne. Mouais bof, ça floconne c'est tout. On est mercredi c'est le retour des programmes Waterair, je fais une petite coupure et je dégrossis l'affaire, 12 clients dans le sud, parfait pour s'occuper.
Baloo m'a vu sur Maps, il m'appelle, on papote un moment et on se croise à hauteur de Bellac. La prudence la station.
La prudence je la joue après La Souterraine, la route commence à blanchir sur la file de gauche, je ne vois aucune saleuse à l'horizon, allez c'est bien, je m'arrête à St Vaury. J'aurais pu rouler encore une heure mais je n'ai pas confiance en nos amis en orange. Demain il fera jour et je n'aurai pas une journée de fou non plus.
Je sirote mon grand crème pain-beurre quand arrive Le Gilles et son chouette 480 turbotruc ATS 35 ans. Il descend d'un Fiat, autant vous dire qu'il est ravi avec son Volvo de Vénissieux. On boit une tournée de cafés, il va se débarbouiller et je vais à la douche.
Premier arrêt à l'AS24 à Digoin, je coupe 15, non je ne bloque pas les pompes comme un gros con, même s'il n'y a personne, j'avance de 50m. Ça roule pas mal, même dans les travaux de la RCEA et les multiples radars du coup les 4h30 m'amènent après Louhans. Je me fais chauffer ma dernière soupe conjugale.
Après Champagnole je tombe sur un chamois, le temps de dégainer l'appareil photo le bestiau a disparu dans le ravin à droite. C'est la première fois que j'en vois un en vrai. Si je l'avais écrasé j'aurais récupéré la peau ( de chamois ) pour laver mon camion. Non ?
A 13h30 je suis à Censeau, je n'ai pas d'adresse, j'appelle le gars, il m'explique, je suis à 200m. C'est sûr, Censeau c'est pas NewYork, tu ne donnes pas rendez-vous à l'angle de la 39ème rue et la 5ème avenue ( c'est à Brooklyn j'ai vérifié ), Censeau il y a deux rues qui se croisent point.
Je dépose la grande palette, ça prend 25 secondes. Je rappelle mon paysan, hier je m'étais annoncé pour 16h, il me dit venir, il est sur place.
A 15h je suis à Pont, client facile à trouver c'est l'énorme ferme à l'entrée du pays. Beaucoup de matos, des John et ce qui m'intéresse aujourd'hui un télesco JCB. Le gars n'est pas trop rassuré, il y va mollo, je n'imagine même pas combien ça coûte s'il benne 2 palettes de panneaux solaires. On met une heure quand même, je balance mes deux palettes de plancher à l'avant. Ça fait 1t500 c'est pas énorme mais c'est toujours mieux de l'avoir devant. C'était prévu demain, il est 16h et c'est livré, je suis content. J'appelle la dernière cliente, elle me dit que je peux venir.
Cyrille m'appelle, il me demande comment je me suis organisé, je lui raconte ma vie. « Je te recharge quelques bricoles demain matin à quai, tu vas pouvoir aller couper à Monteplain. » « C'était exactement comme ça que je voyais l'affaire. »
Je me gare devant la maison juste avant la nuit, un coup de fourches, le client inspecte ses colis, une paire de signatures et c'est bon. Comme prévu je descends au Moulin des Malades. Je vais souper tôt et en ressortant je vois arriver Le Laurent, pauvre, le parking est blindé ! Il est à bout d'amplitude, pas le choix faut trouver une place, je le guide pour qu'il se glisse en travers. Garé à l'arrache mais il ne gène personne.
Quand je vais au troquet Laurent a les rideaux tirés, quand je reviens du déj'-douche il est parti, je voulais lui payer le café... A 8h je suis à Devecey, je me charge 3 lots, un coup de gas-oil et je monte chez Scania. Mes essuies-glace sont morts, ça fait partie du contrat d'entretien. Jean-Marie le chef veut me les monter, je lui dis que je veux bien le faire. « Non non t'inquiète c'est mon boulot. » Purée la honte ! Devoir passer par un mécano pour changer des essuies-glace, c'est le monde moderne.
Mon pôv camion est horriblement dégueulasse, je passe chez Mécano Service à Baume les Dames mais le lavage est fermé à cause du gel. Purée je suis vert ! En sortant de chez Scania j'aurais dû aller chez City Car, j'ai pas assuré.
A 11h je suis à Pont de Roide, je livre une bobine chez Mercier Clausse puis je traverse la rue pour livrer chez les autres Mercier Clausse, des homonymes. En une demi-heure les deux sont faits.
Après il me reste un lot pour Valentigney. Je livre du crépi sur un chantier, les gars sont en intempéries, il n'y a personne sur le chantier, c'était prévu. Je fais mon truc, je prends quelques photos pour me couvrir, je referme le grillage-protection symbolique et je me sauve.
Il est midi et demi, je passe manger à la maison et à 14h je pose le camion à Bourogne. Fin de cette semaine de reprise, bon week' à tous, le ciel vous tienne en joie.
Vous avez vu que Belfort était ce week-end à la une des infos ? Purée on est fiers ! La région de Belfort Montbéliard était zone test pour les petits radars format boîte aux lettres, jusqu'à présent on ne recevait rien mais cette fois ils verbalisent. On est des petits gâtés chez nous n'est ce pas ? Je vous rassure, vous en aurez aussi, je prédis un grand succès à ces petites boîtes discrètes.
La bonne nouvelle de vendredi c'était que mon heure de chargement est avancée. Au départ c'était 15h mais Fabrice est arrêté et Jean-Pierre a un rendez-vous cet après m', du coup je suis décalé à 11h ça m'arrange bien. A 9h je suis à Grandvillars, je dépose une couverture qui traînait au dépôt chez nous et je devais en recharger une pour la Normandie mais elle est annulée. C'est ballot.
Une demi-heure plus tard je suis à l'usine, il y a du monde, ça caille on boit des cafés. Philippe est sous le hall il contrôle je ne sais quoi, je m'installe à sa place pour remplir mes récépissés, il fait plus chaud ici faut pas être con. Le pauvre Jean-Pierre en chie, d'une c'est pas son boulot et de deux les deux premiers camions ont des manques. L'heure tourne mais je m'en fiche un peu, pour moi rien ne presse. Une fois que les problèmes sont résolus ça avance, devant moi c'est Jean-Charles et Joël, deux mecs rapides. A 11h et demi c'est enfin mon tour, j'ai eu le temps de contrôler la quasi totalité. A midi et demi c'est chargé. Punaise trop bien j'avais prévu de décoller à 16h...
Autant dire que je monte plutôt détendu par la 19, d'autant plus détendu qu'en plus de la Solaé reportée j'ai mon premier client de demain matin qui a sauté aussi, j'ai des trous dans le dispositif... Détendu mais concentré, en haut de la bosse à Vesoul je passe bien à 50 devant le radar, la semaine dernière j'étais au téléphone avec le Titi je crois bien que je me suis fait piner, j'en suis pas à un près c'est pas grave.
A Langres il me faut bien prendre un peu d'autoroute, pas le choix, ensuite re N19. Depuis des années je n'ai plus d'habitudes sur cette route, j'ai demandé conseil à Joël, il me dit d'aller à Sourdun. Va pour Sourdun ! J'y ai fort bien mangé, les sanitaires n'ont hélas pas évolués j'ai reconnu une toile d'araignée, elle y était il y a 15 ans quand j'ai soupé avec le Kolak avant son triple pontage.
Quand je tire les rideaux je vois que mon voisin de parking est parti, hier soir il s'inquiétait de ne pas pouvoir sortir à cause de mecs arrivés dans la nuit. Si un mec est con au point de se garer en travers ben tu le fais dégager au matin et voilà. Ça sert à rien de stresser le soir. Ça pèle ce matin, je mets la capuche pour protéger mon vieux crane le temps de traverser.
Je démarre à 7h et demi, il me faut quand même une heure pour monter jusqu'à Brie Comte Robert. Il y a une école dans ma rue, c'est pas la bonne heure, je me gare à l'écart, je n'ai pas l'âme d'un tueur d'enfants. Le client est surpris de me voir arriver en chariot, je lui explique le truc. Quand j'ai fini les mimis sont à l'école, parfait.
Je me paye un bon bouchon sur la Francilienne avant d'arriver à Pontault Combault, pas le choix il n'y a pas d'alternative. L'itinéraire PL fait passer dans le centre ville, c'est étrange, il y a des livreurs de partout, c'est chaud pour slalomer entre les fourgonnettes et les bagnoles. J'avais bien repéré le lotissement sur Google, des voitures, des arbres, je reste à l'entrée. En deux tours la piscine est livrée, le client me file 20 balles de pourliche, ça devient extrêmement rare. Pour ressortir du lotissement il y a un séparateur en béton pour interdire de tourner à gauche, va pour la droite, c'est pas un choix politique, c'est juste une obligation. Plus loin je vois une pancarte A4, je me crois sauvé mais non c'est chié loin. Je passe par le Pléssis Trévise, Champigny Villiers sur Marne, ça n'en finit pas ! Des km de rues coupées à l'équerre, t'es obligé d'aller tout droit. Je me retrouve dans une zone de travaux, putain ça va mal finir, mais non, je rattrape l'autoroute vers Noisy le Grand je crois. Je sors de cette région à la con et je mange un bout, au calme.
J'avais pour consigne d'aller au plus tôt à Bézu St Germain, c'est dans l'Aisne mais c'est la partie parisienne du département. La cliente m'ouvre le portail du jardin et rentre au chaud. Bon, je fais au mieux. Quand j'ai fini je l'appelle pour signer la paperasse, elle chouine parce que j'ai bloqué la tondeuse à gazon avec la palette de colis dans la cabane. « Ouh laa madame ! On est mi-janvier, la tondeuse c'est pas vraiment une priorité. » Moi je ne rebouge plus rien, tu te démerdes.
Pour aujourd'hui il me reste encore une piscine complète de l'autre côté de Laon. J'y suis juste avant 16h, je suis en avance, il n'y a personne, j'appelle le client, il me dit qu'il est à l'entrée du village. On range tout dans le garage, fastoche, lui ne me fait pas de sketch pour la tondeuse...
La suite est demain à Villers St Paul, je dégaine Truckfly, je trouve un troquet aux Ageux, c'est à 10 bornes de mon adresse, parfait. Ce qui est moins parfait c'est l'alerte météo, la patronne du troquet me dit qu'on est bloqués là jusqu'à demain midi. Ma foi, on verra bien...
Vers 1h du mat j'ai tiré le rideau il faisait sec, à 7h c'est pas la même chanson, il pleut et il fait zéro. Les voitures roulent tout doucement. Je prends mon temps pour aller déjeuner et me doucher, sur le trottoir ça glisse mais pas énormément. Je vais pas rester là jusqu'à midi, faut pas déconner.
A 8h et demi je démarre piano piano. Par endroit c'est bien verglacé. Dans Villers St Paul ma rue est dans une impasse, je reste sur l'avenue, les trottoirs sont gelés. J'ai oublié de faire une photo mais le chariot est couvert de glace, c'est joli. Le client a un nom et prénom allemand, il a un fort accent, il a bien du mal avec le français. « Sind sie Deutsch ? » « Non je suis Argentin, mes grands-parents étaient Allemands ». Ouhla, le gars a 50 ans, deux générations avant...ça sent bon les nazis en exil. Je n'insiste pas, j'en sais rien en fait mais c'est le cliché, ça me fait rire. Les victimes de ces ordures rigolaient moins. Bref. Je vais voir à pied pour ressortir du quartier, en fait je ne suis pas loin de la route de Clermont.
Lundi j'étais un peu dég' de ne pas charger la couverture pour le 76, c'est pas bon pour le chiffre de la semaine, finalement vu la météo je suis content de ne pas l'avoir. Je vais directement à Dreux.
Je contourne Paris au plus large par Pontoise Les Mureaux Mantes. Ces pluies c'est traître, il fait toujours zéro mais c'est gelé par endroits seulement, faut surtout pas prendre la confiance. J'ai largement le temps, je roule vraiment cool cool, pas une bagnole ne double, on fait pas trop les malins.
A 14h je suis à Dreux, le client me montre la véranda à l'arrière de la maison : « voilà, faut tout déposer ici, avez-vous besoin d'un coup de main ? » Teuteuteu mon brave ! C'est pas comme ça que ça marche. Je dégaine la phrase magique : « le contrat de transport dit que je dépose où va le chariot, point. Après, j'ai le temps, si vous voulez je peux VOUS aider à ranger. » De suite il redescend sur Terre. Le garçon c'est pas le père courage, une fois ou deux il attrape son téléphone, donc je lui montre bien que moi aussi j'arrête. J'attends, il pleut mais c'est pas grave. Je refuse d'être pris pour un larbin. A l'avant-dernière tôle il se râpe la main contre le crépi, ça saigne, c'est le métier qui rentre.
Gros changement de temps en prenant la route d'Orléans, vers Chartres le thermomètre grimpe, dans la plaine il fait 12° ! Adieu le verglas, c'est pas pour me déplaire.
Je finis cette mini-journée mais bien stressante au relais de Fourneaux à Chaingy, très très bonne adresse, ça fait au moins 1000 ans que je n'étais pas venu.
Pas d'affolement je ne recharge qu'à 13h, je démarre tranquille à 8h. Un peu de petite route et je me retrouve à Baccon. Le client a mis des trucs devant chez lui pour que je puisse me garer, c'est bien gentil mais c'est trop petit et en pente, je n'arriverai pas à sortir les palettes. Je vais me retourner devant la salle polyvalente et je me claque en face. Le gars me dit que le bus d'école va arriver, oui oui ben laisse-le venir. Le bus se pointe, il se gare à mon cul et les marmots marchent 20m de plus, tout va bien. Il m'ouvre le garage, il y a plein de bordel, ça va jamais rentrer. « Ah vous croyez ? » J'ouvre le côté, il comprend. Rien que l'escalier Enjoy bouffe la place, il ouvre un second garage de l'autre côté, c'est mieux. Sa femme fait péter le café, un chèque de banque et je file.
Quand je remonte dans le camion il m'arrive un truc incroyable, asseyez-vous c'est dingue ! Sur le tapis je trouve une pile bouton !!! D'où elle peut venir ? Je n'en utilise pas, elle ne pouvait pas être collée à ma godasse je roule en chaussettes. J'ai beau réfléchir, c'est un mystère. Après l'île mystérieuse, la pile mystérieuse... Il m'arrive des trucs inouis non ? Si Jules Verne était vivant il s'inspirerait de l'anecdote pour faire un bouquin...
Je passe à l'AS24 vers l'ex centre routier à Orléans pour rafraîchir le niveau de gas-oil. Demain j'aurai pas le temps de m'arrêter à Devecey.
Sur les coups de 11h je suis chez Antartic à St Martin d'Abbat. Je vais m'inscrire chez le gardien, il me dit que j'ai rdv à 13h. Je sais, je suis là je suis là, j'attends. A 11h et demi il m'appelle, quai 34. Le cariste charge une fille de chez Rizzo puis c'est mon tour. A midi et demi je me casse, c'est pas beau ?
Je m'arrête manger sur le parking un peu pourave de La Chapelle St Sépulcre. J'ai le temps après Courtenay j'esquive l'autoroute, la départementale descend jusqu'à St Julien du Sault, j'aime bien passer par là. Je reprends l'autoroute à Auxerre pour ressortir à Pouilly, après je fais Dijon Seurre.
A 19h je suis chez le José à Beauchemin, je fais mes devoirs et on vient frapper à ma porte. Oh c'est mon poto Jean-Charles ! Lundi on s'était dit qu'on ne se reverrait pas de sitôt, il devait recharger à Damazan vendredi, il s'est démerdé pour charger ce matin, à Beauchemin il est à bout d'heures. Ça tombe bien !
Réveil 4h le troquet est fermé, je te jure ! Feignasses ! Je déjeune au camion et zou ! A 5h moins le quart je suis chez ITM, il y a déjà du monde au guichet. A 5h10 on me donne un quai. 26 palettes de flotte ça va vite à vider et contrôler, c'est pas du Haribo avec 250 références, des lots et des conditionnements différents. Là c'est soit de la Ondine soit de la marque Chépaquoi étiquettes vertes un peu plus chère. A 6h pétantes je me casse, mieux que sur le plan.
A 8h08 je suis à Seppois, moi je dis que c'est beau. 8 minutes de retard après avoir vidé un complet à Dôle, c'est pas si mal. Fabrice n'a même pas fini de sortir mon voyage. Je vais chercher mes papiers et on prend le temps de boire le café. J'ai 12 clients, donc pas mal de bordel, faut optimiser un peu. Quand c'est fini je laisse la place au jeune Raph, on rereboit le café. Philippe a eu le temps de finir mes enveloppes. Tout bien.
A 10h et demi je pose le camion à Bourogne, la Fiesta est bien gelée, moi aussi. Bon week' à toutes, le ciel vous tienne en joie.
La semaine dernière était cool cool, cette fois avec 12 clients faut taper dans la bute. Comme les vrais à 5h30 je suis à Bourogne, je laisse chauffer et je vais garer la Mustang.
Je passe au dépôt, Pauline, enfin ATS, doit des Europe dans le 30 elle m'a demandé si je pouvais le faire. Allez. Donc, je me charge 8 Europe, je mets un coup de gas-oil, ça me fait un quart d'heure de coupure. C'était le dernier délai pour passer Cayenne, bien sûr les travaux sont à l'arrêt...
Petit arrêt à Buvilly pour du pain ensuite ça déroule jusqu'à Bourg, la circulation est bien calme. Seul truc notable on se croise avec Ptidud, purée avec un frigo blanc ça claque ! La première période de 4h30 m'amène à l'entrée de Lyon malgré le petit crochet au dépôt. A 11h la capitale des quenelles de brochet passe tranquille, ça me va bien je ne suis pas en avance. C'est là qu'on se croise avec Mich 07, heureusement qu'il m'a vu moi je rêvassais comme d'hab'. C'est ma matinée papotage au téléphone avec les FDR's et ça fait plaisir.
J'attaque mon bout de pain jurassien super vite fait du côté de Montélimar. J'appelle mon premier client vers Alès, son chemin me semble bien étroit. « Non vous verrez, le chemin commence au niveau du stade, n'allez pas plus loin. » Effectivement je trouve à me retourner sans trop trop de difficultés, un demi-tour dans une ruelle à l'équerre, un classique. Quand je reviens au camion j'ai 25 minutes de coupure, c'est con je termine.
Je m'inquiétais un peu pour la rocade d'Alès mais il est 15h30, c'est le creux du trafic, ça roule à peu près. Même à Nîmes ça va. Je vais déposer les Europe « de Pauline » dans une petite boutique à Gallargues, c'est vers chez Kuhne donc pas de loin de l'autoroute, la perte de temps est minimale.
C'est évidemment à Montpellier que ça se gâte, j'ai appelé le client pour m'annoncer vers 17h30 /18h mais les minutes défilent. J'avais repéré la rue sur Maps, c'est étroit, il y a des bagnoles partout, je me retourne et je remonte la rue en marche arrière. Les jours rallongent mais c'est encore pas ça, on va éviter de manœuvrer de nuit au milieu des voitures. Un monteur que je ne connais pas est présent, parfait, il pensait qu'on allait devoir tout porter, t'inquiète j'ai ma botte secrète pour passer les tôles dans le portillon. On finit à la nuit, je suis content, ça a bien marché mon histoire.
Seul défaut il me reste 18 minutes de volant. Je les roule et je coupe sur un refuge de l'autoroute. Nan je déconne, je suis au relais du Soleil avec 10h09, autant vous dire que je n'en ai absolument rien à foutre. Quand je passe la porte du troquet j'entends des mecs chanter « joyeux anniversaire », purée je fais une entrée discrète, c'est la bande des chariots embarqués du 85-79. Nan ben les gars j'avais prévu de boire un Perrier citron et d'aller me coucher... l'homme est faible...
Café douche, je démarre du troquet à 7h mais dans le bon sens du trafic matinal, je sors de Montpel', easy ! Je commence à Florensac par une réno fastoche. Il y a juste à côté un petit supermarché abandonné, nickel pour stationner. La dame me dit que sa piscine est de 82, deuxième rénovation. Deux liners en quarante ça me semble correct.
Ensuite je vais à Bassan, pour une réno-margelles. J'aime pas ce bled c'est étroit mais une fois passé le centre du village ça s'élargit, un petit demi-tour à l'équerre et c'est bon. Le papy m'offre le café pendant qu'il fait le chèque, tip top.
Pour ce matin j'ai encore une réno-margelles au Soler. faut prononcer Le Solé et pas Le Solaire. J'arrive à 11h et quelques, pas en avance. Sur Maps la rue me semble petite mais au bout il y a un terrain genre camping. J'appelle le client : « vous pouvez venir tranquille, il y a un grand parking. » Venga ! Je tourne à l'équerre dans la rue, je fais 100m et je suis bloqué. Putain le parking du gars ok il est grand mais tout en longueur, les bagnoles sont garées en épi. Le client se pointe : « ah bon vous ne pouvez pas tourner là ? Pourtant le commercial m'a dit que c'était bon. » Le terrain que j'ai vu sur Maps en fait c'est en contre-bas au bord de la rivière. Sur Maps c'est plat on voit pas le relief. Bon, je livre et je demande au client de venir m'aider à reculer. J'essaie en balançant le cul à gauche pour être à ma main mais entre les poteaux et une barrière en bois en face ça sort pas du tout. J'essaie à droite du coup, à contre-main, mais ça va pas non plus, je suis dans une autre barrière. Le client ne comprend pas, j'ai réussi à tourner en entrant, ben oui mais en reculant c'est pas pareil du tout. Je crois qu'il n'a toujours pas compris... Bon je fais quoi ? Je demande à une voisine de virer sa bagnole, je descends le chariot pour gagner un mètre. En montant les suspensions je passe le porte-à-faux avant au-dessus de bites en ferraille. Deux jeunes en casquette et survêt' viennent me guider ils bloquent la circulation, les gens ne mouftent pas... A un moment je me suis dit : je nique la barrière en bois, je fais un constat et basta ! C'est impossible de sortir de là, point-barre. J'insiste et insiste encore... Je vous la fais courte, j'ai commencé à reculer à midi moins le quart, j'en sors à midi et quart ! Une demi-heure à avancer et reculer ! Je pense que dans les bagnoles j'ai dû me faire insulter. Au final j'ai rien touché, rien cassé, c'est juste un miracle.
La suite est à Espéraza dans l'Aude, normalement il me faudrait aller tourner à Narbonne puis Carca pour revenir à Quillan, ça fait 100 bornes de plus. De la merde ! J'enquille la D117, tous les km tu as un panneau pour dire que le transit est interdit, c'est bon j'ai compris. Je me trouve un parking au calme pour manger un morceau et décompresser un peu. Je ne croise personne dans le défilé de Pierre-Lys, faut dire que dans ce sens c'est plus facile, la roche est à gauche il suffit de rester sur sa file.
A 14h45 je suis à Espéraza, je reste sagement à l'entrée du pays, le dernier coup je me suis retrouvé sur une route, impossible de faire demi-tour, là je suis à 600m, ça va bien. En deux tours la piscine est livrée, au téléphone la cliente m'avait dit d'approcher, j'ai bien fait de ne pas l'écouter, ça suffit les conneries pour aujourd'hui.
Pour ce soir j'ai encore une rénovation à Sorèze, j'y suis avant la nuit, je loupe la rue, me vlà embarqué je ne sais où, je trouve une société de cars ou de bus, en fait c'est tout petit mais j'arrive à me retourner. Un coup de fourches, un chèque et je vais couper au Grillon à l'entrée de Revel, bonne adresse et à 4km du premier client demain, j'avais prévu mon coup.
Sur les coups de 8h j'ai fait les 4km qui séparent le resto de mon premier client. Maison de village, bien trop calme selon moi, il n'y a pas de rideaux aux fenêtres, je frappe, nada, je regarde par un carreau … la baraque est vide ! De suite j'appelle au secours ; messagerie. Purée c'est quoi ce plan ?
J'essaie de faire le tour, je ne vois pas d'autre accès. Je rappelle, un gars me répond. En fait c'est la maison de son père, elle est à vendre. Il me dit qu'il m'envoie sa femme. « Avec un carnet de chèques s'il vous plaît. » Oui, je ne pense qu'à ça. La petite dame se pointe une bonne vingtaine de minutes plus tard : « désolée, on est mercredi, les enfants dormaient encore. » Je suis vraiment un salop de faire lever des mimis un mercredi. Je balance la rénovation dans l'entrée, ciao.
Je roule une trentaine de km direction Toulouse. L'adresse n'est pas claire, je ne trouve rien, j'appelle le client, il tombe des nues. Il me dit qu'il n'a pas été prévenu, il est du côté de Pau Tarbes, il ne rentre que ce soir. Putain j'y crois pas ! Bon j'appelle les clients suivants pour essayer de décaler, mon cul Paul, aucun n'est dispo.
Je monte à Toulouse, je passe à l'AS24 refaire les pleins, si à la remontée je dois prendre des chemins de traverse, autant prévoir. Gros bordel sur la rocade à hauteur de Purpan, les taxis manifestent, en face heureusement. Ah mais non ! Un autre troupeau s'avance sur une bretelle de mon côté. Un flic en mobylette lève le bras, je fais genre j'ai pas vu, je passe. Je pense que je suis le dernier à être passé, les autres vont se péter l'opération escargot.
Je m'arrête à une jolie boulan' vers Blagnac, je me prends une tourte de campagne, c'est un peu gros mais faut être prévoyant. La vendeuse, fort mignonne d'ailleurs, veut la trancher. Malheureuse ! C'est une maladie cette histoire de trancher le pain. J'ai le temps de manger, garé pile poil devant un radar, au moins celui-ci n'aura pas flashé pendant 45 minutes.
A 13h je me fais une réno en pleine cambrousse à Montaigut sur Save, il y a des fossés de chaque côté de la route, impossible de me garer, je ne traîne pas.
Un saut de puce jusqu'à St Paul, sur Save aussi. Je me gare devant l'entrée d'un gros garage abandonné, à 200m de la maison. J'en ai déjà vu des baraques en bordel mais là c'est incroyable. Du merdier partout, et qui ne date pas d'hier, c'est indescriptible. C'est une de ces horribles maisons des années 60 posée sur un sous-sol intégral, il n'y a pas un mètre-carré au sol pour déposer les colis au propre. Il faut d'abord faire de la place. Ici aussi c'est la maison du père mais il doit souffrir du syndrome de Diogène, je suis un piètre psychologue mais là on doit toucher à la psychiatrie pour amasser autant de merdier. Un jeune gars présent m'aide à dépoter les escaliers, mon client numéro 9 absent, je suis chargé n'importe comment du coup, c'est chiant.
Après je vais à Cépet, rebelote, il faut dépoter les escaliers, ici il prend le beige vissé sur la palette. Je dépose la structure derrière la maison, c'est mou, je n'irai qu'une fois sous peine de planter le chariot.
Le client 9 me rappelle, c'est bon il est rentré, je peux venir. Oui oui ok mais il y a un bout de chemin, j'arrive. A 18h30 je suis dans tout petit patelin Les Varennes, heureusement la maison est entre la mairie et l'église, c'est éclairé, pas de manœuvres hasardeuses de nuit, parfait. Premier carrefour à gauche et je retombe sur la route de Toulouse. Douzième client livré, ça c'est fait.
Comme d'hab' on recharge à Tonneins demain matin, je fais chauffer Google Maps, vers Montauban c'est bien le binz. Maps me fait passer par Fronton, par là les routes sont interdites aux 7t5 sauf desserte. Aux grands maux les grands remèdes, pis de toutes façons moi les interdictions...
A 20h30 je suis garé à Bressols, j'en ai plus que ras le cul, j'ai mérité mon Perrier citron.
J'ai rendez-vous à 8h à Tonneins, 120km, normalement en 1h30 c'est fait. Mouais... Je me lève à 5h, je vais déjeuner et je me sauve, à l'issue de mes 9h quand même. L'A62 est fermée à hauteur de Montauban puis Agen, sur Maps c'est plein de petits sens interdit, c'est joli. Je suis de tout cœur avec les paysans mais je ne suis pas d'ici, je vais éviter de me jeter dans le bordel. On peut dire que je suis assez peu solidaire mais un camion de plus ou de moins dans le bordel ça ne va pas changer la donne. Donc me vlà parti sur les départementales, je ne compte pas les interdictions que j'ai franchies ! Pour faire court, j'arrive chez Riguini à 8h moins 5.
Je dépends le chariot, je vais voir le cariste, Joël de son prénom, il me dit de me mettre au quai 2 dès qu'il sera libre. C'est un Norbert en camion-remorque qui l'occupe. Moi je file à la douche.
On charge du 03 71 21 25 55, je ne viderai pas tout je vous rassure, je dirais même que vu l'état du trafic je vais essayer d'en vider 1. Le XPO sort du quai, je sors de la douche, c'est bien foutu. Un gars avec un Scan bas de gamme me demande si je sais changer une ampoule de code là-dessus, désolé je suis en full leds. Putain comment je me la pète ! Blague à part il y a un volet je lui dis que je pense qu'il faut l'ouvrir, dévisser un truc et le bloc phare doit pivoter en avant. Il ne veut pas essayer, bon. Il manquait une palette pour Étalans, ça traîne un peu, à 9h30 je me sauve. J'appelle le Point P de Montluçon, ils prennent jusqu'à 16h30 dernier délai, ça se tente.
Rebelote, je rallume Maps, c'est bloqué de partout. Je prends la route normale jusqu'à l'entrée de Bergerac, là ça se gâte. On s'arrête, j'ouvre ma fenêtre, je discute avec un paysan. Je lui dis que je les soutiens, que ça me casse les couilles mais que je les soutiens. Il me dit de faire demi-tour, et de prendre à gauche à la première route. Me vlà de nouveau sur des chemins, je paume une vingtaine de minutes je pense. De l'autre côté de la ville de Cyrano la route de Périgueux est fermée par les gendarmes, j'enquille par Vergt Lacropte, j'attrape l'A89 à Thenon. Ça roule, pas longtemps, à Brive c'est à nouveau fermé, je me tape toute la traversée de Brive par les boulevards. Après ça va mieux je reprends un petit d'autoroute jusqu'à Égletons. L'heure a bien tourné avec tout ça, si je reste sur l'A89 je monte à Clermont ça va pas le faire. Je ne suis plus à ça près, j'esquive le contournement d’Égletons en passant dans le centre, comme autrefois cela dit. C'est 5 minutes de grattées. Meymac Felletin Aubusson Gouzon c'est pas de la route à camions, je suis quand même tout seul jusqu'à Aubusson où je retrouve le trafic dévié qui vient de Limoges. Je double une paire de Lituaniens qui se traînent, rien de méchant.
A 16h15 je suis au Point P, mission réussie. Le réceptionnaire se demande si c'est pas un camion de demain. Ah non hein ! J'ai téléphoné ce matin. Et j'ai pas fait tout ça pour ça. Et il n'y a que deux palettes. En ouvrant le côté je vois le résultat de rouler sur des chemins, mon camion est crépi de boue. Un jeune cariste se pointe je lui demande un tire-pal. « Pas la peine tu vas voir. » Avec des fourches d'un mètre tu vas sortir une palette de 2m30 ? Je le préviens, il ne veut rien savoir. Bon bon. Ce qui devait arriver arriva. Avec les fourches il casse la porte du dessous, se retrouve coincé. Il appelle son collègue, se fait engueuler. Avec l'autre Fen, ils soulagent la palette et la remettent dans la remorque tant bien que mal. L'histoire a duré 25 minutes. Pour la seconde palette il me file un tire-pal , je la tourne d'un quart de tour, en 15 secondes c'est fait. Je ne suis même pas certain que ça lui servira de leçon. Je sors du magasin et je finis ma coupure sur le trottoir.
Il me reste 1h30 à rouler, le Tom Bar est à 130 km, ça se tente, en roulant à 90 tout du long. Mes espoirs sont douchés à l'entrée de Moulins, la A chépaquoi ex RCEA est fermée, il nous faut descendre à St Pourçain. A la sortie de la ville au routier du pont de Chazeuil j'ai 9h48 de volant. Je jette l'éponge, ras le bol. En plus je valide une seconde 11h, c'est un peu inutile mais bref...
Café croissant douche, je démarre à 6h et demi. Yaya est à l'Euroscar mais ça va pas coller pour le café. Je remonte la N7 jusqu'à Moulins, Maps dit que c'est bon. Eh ben mon cul Paul, la bretelle pour monter sur l'ex RCEA est fermée avec un bon gros tas de fumier. Demi-tour, je prends la première route potable 2 km plus bas, je connais j'y suis passé une fois pendant les travaux de la RCEA, c'est étroit faut croiser personne. Sur une autre route plus loin, à peine plus large, je croise une file de 6 ou 7 camions, beaucoup de Kolega... ils ont du mal à se serrer. A partir de Dompierre sur Besbre ça va mieux, la route est plus large, un peu. A 8h et demi je suis chez Doras à Gueugnon, une palette, vite fait. Ensuite j'ai le Doras de Dijon-Chenôve, gros changement d'ambiance, ici c'est le gros truc. J'ai deux palettes pour eux et une en retour, en fait c'est une porte toute seule.
La suite est à Besançon, je rereresurveille Maps, ça semble bloqué à Besac, c'est là que je vois que Samu est par là. Je l'appelle et on convient de casser la croûte à Bonboillon. J'ai 4h32 de volant presque arrivé au parking, infraction minime. Si je me fais contrôler je dirai que c'était pour manger avec Samu ils comprendront.
Faut absolument que je lave, il pleut mais tant pis, je vais chez Mécano-Services, il n'y a qu'un marchand de bois devant moi, un coup de rouleaux sur la cabine et il libère la place. Purée ça fait 10000 ans que j'avais pas lavé. C'était le truc le plus important, c'est fait, j'appelle le Doras de Besançon, eux le vendredi après-midi... Le mec hésite et me dit de venir. Idem ici aussi j'ai deux palettes, en un quart d'heure c'est fait. Je rentre au dépôt.
Passage à quai, Jean-Charles est revenu du Caces, on vide les lots qu'il me reste. C'est le gars Bruno qui a chargé pour moi ce matin, il est rentré chez lui, donc Jean-Charles déplace l'ensemble. Je transvase, fissa, il pleut toujours. On boit le café, merci Jean-Charles pour le coup de main.
Je passe au gas-oil et je prépare mes affaires. J'ai le choix, la Fiat ou la 208 ? Habitant à côté de Sochaux je prends la Pijo, c'est surtout que c'est plus silencieux. 17h je me rentre, fin de cette semaine bien pénible. Je suis de tout cœur avec les paysans mais je suis rincé, c'est pas marrant de rouler sur des routes pas adaptées, ralentisseur blam blam la cabine qui tremble, rond-point, carrefour, ralentisseur blam blam, ça sur des centaines de km ça use. Bon week à tous, le ciel vous tienne en joie.
Samedi matin je suis allé au don de plasma, en ouvrant mon dossier sur son ordi le toubib est tombé de sa chaise, il paraît que selon l'analyse du dernier don j'ai eu le covid et que j'ai un taux extraordinaire d'anticorps. Il me dit qu'avec on va pouvoir soigner des gens qui font un covid long. J'ai une pensée pour tous les branques antivax et complotistes qui nous disaient qu'il allait nous pousser une couille poilue au milieu du front. Je m'en remets à la science et pas aux bondieuseries. La seule bondieuserie en qui j'ai confiance ce matin c'est saint Griffon, le saint protecteur de la route.
Je démarre de Devecey à 7h, le temps est au beau, mon camion est propre pourvu que ça dure. Comme tous ces jours-ci je reste branché sur Maps. C'est toujours bloqué vers Moulins La Souterraine, Limoges puis Brive. Par l'A89 c'est vert, venga ! La RCEA fermée il y a du monde par Le Donjon Lapalisse mais ça roule. Les 4h30 m'amènent à l'aire des volcans, comme d'hab, depuis Devecey pas depuis Belfort évidemment.
L'A71 est fermée à partir de Riom, je compatis mais je m'en fous un peu, je bifurque sur l'A89. Sauf que depuis ce matin ça a bien changé, l'autoroute est fermée de Ussel à Égletons ! Sortie 24 obligatoire. Merde ! Bon bé ma foi, maintenant que je suis là... Donc je sors à la première d'Ussel, le centre est interdit, il y a une espèce de rocade qui fait le tour par le nord. Au deuxième rond-point c'est planté, j'avais flairé l'embrouille, je reste dans le rond-point. Au bout d'un quart d'heure rien n'a bougé, je ne vous dis pas le bouz derrière, ça s'empile. Sur Maps c'est tout rouge. Demi-tour je passe par les boulevards, ma tante a habité ici j'ai quelques vagues souvenirs il me semble que ça passe. Sauf que par là on retombe sur la route de Bort les Orgues pas la route de Tulle. Je m'embarque sur un chemin ; des fermes, des arbres penchés, un petit pont, gros stress. Je retombe quand même sur la route de Neuvic, là je connais très bien, je souffle. Pas pour longtemps, au rond-point direction St Angel c'est bloqué, cette fois c'est la Confédération Syndicale Agricole des Exploitants Familiaux. Je comprends pourquoi c'était bloqué sur la rocade, j'ai fait le bon choix. Je m'arrête deux minutes, le vieux qui me donne un flyer est surpris que je vienne par ce côté, on discute un peu et il me laisse passer, même si je n'étais pas vraiment obligé de m'arrêter je n'allais pas l'écraser. C'est inutile de se comporter comme un con en plus eux c'est les gentils. Je remonte une interminable file de camions, qui viennent de Tulle donc, beaucoup d'Espagnols, c'est une partie du trafic de la RCEA qui se retrouve là. A Égletons je ne fais pas le malin je respecte la déviation par la zone industrielle, pas comme jeudi. Je sais que c'est bloqué à la bifur de Brive du coup je garde la N89 par Tulle Brive, ça roule normalement. A Brive c'est bien un peu le bordel m'enfin, je sais par où passer je l'ai fait jeudi dans l'autre sens. Je ne connais pas super bien mais il y a un ou deux ronds-points faciles à se remémorer.
Je m'inquiétais un peu pour le secteur Thenon Périgueux, au péage les paysans ont fait un entonnoir avec les tracteurs, il n'y a qu'une voie ouverte. Une fort jolie trentenaire me donne un tract, ici c'est la FDSEA. Ils ont plus de moyens, le tract est en couleur sur du papier glacé, pas comme les péquenots de la Corrèze. Les gens de droite sont toujours plus riches, ils savent mieux se démerder, ou moins respectueux de l'environnement je vous laisse juges.
Après mes misères sont finies, je fais ma deuxième coupure au grand péage après Périgueux. A partir de là ça roule normalement, surprise, même sur la rocade de Bordeaux. Depuis le dépôt j'espérais descendre jusque chez les Portugais à Marcheprime mais j'ai rêvé. Je me gare au centre routier désormais fermé avec 9h58 de volant, pile poil mon histoire. Faute de Portugais je vais manger à pied chez les Marocains sous le pont d'Aquitaine, c'est très bien aussi.
Les bouchons à Bordeaux, c'est sympa mais je vais éviter, je démarre à 6h30 à l'issue de ma 11h. Je vais déjeuner et me doucher à Marcheprime. J'ai le temps je traîne.
A 9h et demi je suis à Pyla sur Mer chez un pépé. Il a bien du mal, il me dit qu'il a été opéré de la hanche, sa piscine est énorme, le liner est en conséquence. Je refuse qu'il m'aide, je me démerde avec une brouette, le reste de la rénovation c'est rien. Il me raconte que sa femme n'est pas en forme c'est lui qui s'en occupe. Punaise avec l'entretien du jardin en plus, moi j'aurais laissé tomber la piscine, c'est trop de boulot à son âge pour ne plus se baigner de toutes façons.
Par ici Google Maps est vert partout, c'est reposant, à 13h je suis à Labouheyre, c'est un papounet qui réceptionne pour sa fifille. C'est lui qui va monter la piscine, il a déjà prévu son truc, réfléchi comment faire, je dépose ça ne traîne pas.
Ensuite il me reste une rénovation dans la pointe du Médoc, il y a 140 bornes ! C'est grand la Gironde. C'est grand et il n'y a pas de voie rapide, c'est plat ça roule mais on passe dans les bleds, une chiée de ralentisseurs, c'est pénible. Je dépose une réno chez une mamy en échange d'un chèque et après ça ben je redescends à Marcheprime.
A 18h30 je suis garé chez les Portugais. J'appelle le client de ce matin, celui qui a demandé à reporter, faudrait que je le fasse demain matin mais je vais devoir traverser Bordeaux à 9h, je le sens mal. Il est sur messagerie. Je retente ma chance une vingtaine de minutes plus tard, il répond. Je lui propose de venir ce soir, ça ne l'arrange pas, il fait nuit, c'est prévu demain. Bon bon. C'est prévu demain matin à 7h30, je lui dis qu'il fera nuit de toutes façons. Oui mais non. Bon.
Il me rappelle 5 minutes plus tard : « oh ben si, vous pouvez venir ». Il a dû réfléchir et ça l'arrange. 20 minutes plus tard je suis dans son lotissement, c'est pas super bien éclairé, je laisse les phares du chariot. Grosse piscine, filtre à sable, pompe à chaleur, j'y passe une bonne heure d'autant que je ne suis pas garé devant. Pas grave je ne vais pas pleurnicher je suis bien content quand même. Quand on fait les papiers il me demande ce que je fais après. Je lui dis que je retourne chez les Portugais, il me répond qu'un resto routier a été repris ici au Barp, il paraît que c'est bien.
Retour au camion je vérifie sur Truckfly, effectivement il y a de bons avis. Venga ! Je confirme c'est une putain de bonne adresse, le patron tenait un resto gastronomique paraît-il, c'est fort bien cuisiné et pas cher. I will be back comme aurait dit Schwarzy.
Je suis réveillé par des vrooouuu vrooouuu, je tire un bout de rideau, c'est une colonne de tracteurs, aucun n'a d'outil ou de remorque, putain ils montent à Bordeaux ! Je saute dans mon futal, purée 8h52 de coupure... j'attends. Hier soir j'avais réservé un croissant, désolé. Quand les 9h sont écoulées je décolle. Petite inquiétude au moment de monter sur l'autoroute mais ça a l'air de rouler. Il y a des tracteurs dans le rond-point mais est ce que c'est les miens j'en sais rien ! Il est 6h donc la rocade est relativement calme.
A Cubzac je prends la nationale et je vais déjeuner et me doucher au Roubisque. Si je me fais bloquer au moins j'aurai le cul propre.
A 8h et demi je suis à Thenac, j'avais vu que le chemin est en cul de sac et bien sûr la maison est tout au bout. Le client est surpris de voir mon camion dans ce sens. Ben oui j'ai reculé les 600m depuis la route. Que je les fasse avant ou après avoir livré ça ne change rien. Il est d'accord. Pis de toutes façons je préfère reculer d'abord j'ai l'esprit plus tranquille.
Hier soir Laurence m'a dit qu'on rechargerait du bois au port de La Rochelle. Je prends la direction et elle m'envoie les éléments quand elle les reçoit. Je m'arrête au pain, si ça merde je pourrai casser la graine à midi.
Pour entrer sur le port il faut faire un badge au poste de garde, ça prend 5 minutes c'est rien. Dès l'entrée on passe devant la base des U-Boot. Quand même, les ingénieurs d'oncle Adolf ils étaient balèzes. Les allemands c'est pas les rois du béton pour rien. Ach, la guerre groß malheur ! Enfin, pas pour tout le monde de 1941 à 43 les Toupy 17 ont dû faire fortune ! Bon c'est pas le tout mais j'ai du taf. Il y a pas mal de camions devant moi mais ils vont tous à la pâte à papier, je suis tout seul pour le bois. Un cariste vient me chercher de suite. Procédure bizarre, on charge, sans faire la tare, ensuite on ira à la bascule pour voir. Bon, c'est étrange. J'ouvre les deux côtés ça va assez vite, c'est du bois lourd, qui vient du Gabon d'ailleurs. Quand le gars estime que c'est bon on va à la bascule, verdict : 45t700. Sans bouger de la bascule il enlève un gros paquet pour en remettre un petit, 43t820. Parfait ! Il est midi je vais faire les papiers avant que le bureau ferme, ensuite j'ai le temps de sangler et fermer. Je prends la direction de Niort et je mange, ça me laisse le temps de peaufiner un itinéraire. Pour aller dans le Jura c'est bloqué de toutes parts. Pas le choix va falloir faire des zigzags. Donc je fais Niort Melle Montmorillon Argenton sur Creuse St Amand Montrond. On va me dire que c'est pas bon, fallait faire ceci ou cela... Ma foi j'ai roulé, j'ai pas été bloqué, c'est déjà pas mal. Je finis la journée dans un petit bled vers Charenton du Cher, je me gare avec 9h58 de volant pile poil l'histoire. Ce soir je mange à la carte, c'est pas un routier mais les plats sont dans les 15 balles et c'est fort bien cuisiné.