La passion du transport avec Juju42

Les passions sont faites pour être partagées. Juju est un passionné, il partage sa passion sur son espace perso FDR qu’il aliment de temps en temps, quand ça lui pête ! Cette semaine, quelques nouvelles photos à retrouver ici : https://www.fierdetreroutier.fr/piwigo/index.php?/category/juju42

Les premiers camions de Juju42

Très actif sur son blog FDR, Juju42, revient avec nostalgie sur ses premiers amours de jeunesse, du moins, ses premiers camions. Une belle série de plus sur son blog que vous ne manquerez pas ici : https://www.fierdetreroutier.fr/piwigo/index.php?/category/mes-premiers-camions

La Ruhr au quotidien avec Julien des transports IVF

Chaque travail a ses spécificités. Celui qui consiste a effectuer des livraisons et chargement dans la Ruhr à les siens, et ce ne sont pas les plus simples. A elle seule, la Ruhr concentre toutes les difficultés liées aux strictes règles de l’arrimage germanique, à quoi il faut ajouter des problèmes quotidiens de circulation et un manque chronique de places de stationnement.

Fort de sa grande expérience, Julien y traine chaque semaine depuis des années, il nous raconte son quotidien ici : https://www.fierdetreroutier.com/phpbb3/viewtopic.php?f=19&t=16339

Bonne lecture, et réponse aux questions que vous vous poserez ! Le Rurhpott Liner sera toujours là pour vous répondre en direct 😉

Un tour en Brandebourg / Poméranie avec Julien, transports Ivf

Lundi 07 Juin , il est 4h10 lorsque j’arrive au dépôt de mon employeur à Villars 42 , en banlieue stéphanoise.

No stress aujourd’hui  , l’objectif du jour est de rouler 9h maxi , pas de livraison ce lundi , c’est rare et vraiment agréable ! Je range mes affaires tranquillement , les automatismes du lundi matin, la bouffe dans le frigo , les packs d’eau , fringues et affaires de toilette à leur(s) place(s) , le tour du camion , réservoirs GO , pneus , selette , bâche , éclairage , RAS …
À 5h00 pétante je lâche le frein de parc et file direction Lyon accompagné par 4 ou 5 collègues qui montent en Suisse , routine pour eux aussi.
Pas exactement la routine pour moi , car j’ai un voyage un peu exotique cette semaine , par rapport à mon régulier hebdomadaire en multi-lots entre le Rhône-Alpes/Auvergne et l’ Ouest-Allemagne , la Rhénanie du Nord-Westphalie principalement.
Je monte un voyage très cool de 2 clients en ex-RDA , Dessau ( Saxe) et Jüterbog (Brandebourg , 50 kms au sud de Berlinnnn), et j’ai un rechargement prévu la journée de jeudi à environ 140 kms au Nord de la capitale  germanique , à D17 Uckerland , dans une ferme perdue dans les champs du länder de Mecklembourg-Poméranie Occidentale .
Autant dire que la motivation est bien là  , entre cette promenade et un groupage ADR de 8 ou 9 clients sur la Ruhr …. Y a pas match  !
Pause réglementaire de 50′ à Besançon , une seconde de la même durée environ du côté de Bruchsal , au nord de Karlsruhe, pour remettre les compteurs à zéro , après avoir perdu une vingtaine de minutes dans les stau quotidiens des travaux de la jonction A5/A6 …. Rien de nouveau dans le quartier …
Je me pose à la station Bergstraße sur l’A5 entre Heidelberg et Darmstadt avec 8h45 de conduite, il est 15h30 , parking déjà bien plein , j’ai une bonne place à droite de la station sans vis-à-vis côté passager , au top , journée facile.
Un peu de polissage de mes réservoirs ,histoire d’avoir transpiré un peu aujourd’hui  , une douche , une gamelle  , réveil 4h30 demain pour un départ 5h00…

Mardi 08 juin

Comme hier , décollage à 5h00 , l’objectif (modeste) serait de vider mes 2 clients aujourd’hui  , jouable sur le papier, j’ai 480 kms jusqu’au premier à D06 Oranienbaum  , et encore 90 jusqu’au second à D14 Jüterbog.

Première pause après 3h15 de route sans encombre , un endroit que j’affectionne particulièrement , en bon passionné d’ Histoire contemporaine  , l’ancienne douane d’Eisenach sur l’A4 , un des principaux postes-frontieres Est/Ouest jusqu’en 1989.
Un tour à pied pour shooter quelques restes de  » wachturm/mirador » , de chaussées en béton typiques et autres lampadaires d’époque  , il en reste quelques uns 👍😉 ….Avant on trouvait des vieux autocollants ici à la station , siglés  DDR ,Thüringen , bref du local , mais tout à disparu , avalé par l’uniformisation galopante qui fait se ressembler tous les rayons d’accessoires des stations-service d’un bout à l’autre de ce pays  …. Bien dommage ….
J’entre donc en Thüringe après ces 48 minutes de coupure , passe Erfurt , Weimar , Jena et tient une bonne moyenne , faut dire que sans le moindre  » stau » , et avec seulement 7500 kgs dans la Schmitz….Kein problem !
Nouvelle coupure sur une station de l’A9 pas très loin de Leipzig pour prendre une douche rapidos  , car j’ai aucune idée de là où je vais atterrir ce soir , dans la pampa certainement car mon second client est une ferme perdue dans le Sud du Brandebourg , et vaut mieux prévenir que guérir…
J’arrive à 13h05  à Oranienbaum pour vider mes 16 palettes , client facile à 1km500 de la sortie d’autoroute,  dans une grande ZI tranquille avec plein de places PL , je retiens ce bon plan coupure , qui effectivement…me servira bientôt.
À 13h30 je repars  , et renquille l’A9 direction Berlin.
Je téléphone de suite  à mon client pour les prévenir de mon arrivée vers 15h/15h15 , je livre 5 tonnes de barrières en galva pour le bétail , en Allemagne à cette heure  c’est déjà souvent trop tard pour vider ou charger…. Mon contact me dit qu’ils quittent l’exploitation à 15h45, ce n’est  pas un site chimique pénible ( pléonasme) , donc ça s’annonce bien.
Les 30 derniers kilomètres ne sont pas rapides , beaucoup de traversées de villages , routes étroites, vieilles friches industrielles typiques dans leurs jus, des maisons à l’abandon aussi , un plaisir pour les  yeux ce retour dans le Brandebourg , 11 ans après mon dernier voyage à Berlin.
Arrivé à 15h20  , ils m’envoient vider dans une autre de leurs exploitations, à 4 kms de là , je leur demande juste de prévenir leurs collègues que j’arrive sous peu…
Je visualise sur Google Earth et Maps,  c’est pas loin , prochain bled.Juste avant la ferme je traverse un hameau où se trouve une portion pavée limitée à 30 , naïvement j’arrive à 30/40 ,mais j’ai cru perdre toute la boulonnerie de la Schmitz en la voyant danser dans les rétros , 15 à l’heure c’est suffisant ici , langsam fahren comme ils disent….
Sur place à 15h35 , j’ouvre mes 2 côtés ,
vire et range mes 9 sangles , à 16h00 je repars CMR signée , vide et semi balayée , l’efficacité germanique toujours !
Mon affaire a bien marché  , il me reste 300 kms à faire d’ici jeudi 7h30 , demain c’est tourisme !
Par acquis de conscience je veux quand même valider une 11h aujourd’hui, j’ai repéré ( merci Google encore , comment faisait-on avant ?! 🙄😆😏) que 10 bornes plus haut à Luckenwalde  , il y a une ZI  paisible avec de la place et le site d’un ancien Stalag à visiter , y en aura assez pour aujourd’hui  , à 17h je valide ma fin de journée sous mon lampadaire , au calme , parfait.
Un peu de ménage et de rangements, d’études d’itinéraires pour demain, et je file à pied à 800m de là , un bois à traverser , une clairière , et j’arrive au cimetière / mémorial de ce qui fut un des plus grands stalag du 3ème Reich. Beaucoup de prisonniers français, polonais , soviétiques furent retenus et moururent ici des suites de leurs conditions de détention,  du typhus ,….
J’ai une pensée pour mon arrière grand-père qui , comme 1 800 000 soldats français prisonniers en 1940 , a fait ses 5 ans dans un stalag à Perleberg entre Berlin et Hambourg , lui a eu la chance d’en revenir.
Pendant ce temps, en 2021, sur les réseaux sociaux  , on parle de dictature 🙄 ….Autres temps , autres moeurs…
Après un bon tour à pied de 2h je retrouve le DAF , une toilette au bidon , une gamelle au réchaud  derrière la cabine , fin de cette sympathique journée, pas de réveil pour demain !!

Mercredi 09 Juin

J’émerge vers 6h00 , traîne jusqu’à 7h , toilette au bidon , pour une fois je prends le temps de petit-déjeuner assis côté passager , et non pas en roulant. Y a le temps aujourd’hui , je nettoie mes vitres , rétros , feux et jantes ….

Je quitte ma zi tranquillement vers 9h sous un soleil déjà chaud , j’arrive à Berlin par le Sud , et à ma grande surprise malgré l’heure tardive , Maps m’annonce encore des bouchons sur le Ring….
Je vais effectivement lâcher plus d ‘une heure sur l ‘A115 , sans conséquences  pour mon planning du jour , en mode  pré-retraité  ….
Vers 11h je stoppe à la station « Stolper Heide » (au nord-Ouest de Berlin)  pour la douche et casser la croûte , après ce sera la B96 via Oranienburg et Neustrelitz , le Brandebourg profond, rural et dépourvu du moindre autohof selon mon atlas.
La montée plein Nord  est bucolique et paisible sur cette Bundestraße 96 , on dépasse pas le 65 / 70, c’est tout plat entrecoupé de villages , à vide on peut soigner la conso facilement et le XF 480 ne force pas…
J’avais prévu depuis plusieurs jours la possibilité de visiter l’ancien camp de concentration de Ravensbrück selon le timing  , vers 13h15 je me gare à 500m de l’entrée du camp , à côté d’un char soviétique rescapé des combats de début 45.
J’ai  déjà eu l’opportunité de  » visiter » un certain nombre de camps  , Auschwitz, Dachau , Buchenwald, Bergen-Belsen , je ne pensais pas pouvoir venir un jour à Ravensbrück….
Je vais passer  2h30 ici , c’est émouvant et  intéressant quand on est sensible à cette période de l’Histoire  ,notamment les plaques en français en mémoire de nos compatriotes , les inscriptions en russe sur les murs d’enceinte , etc…..
Après avoir beaucoup marché sur tout le site , immense , de retour au camion vers 16h , je reviens à l ‘ année 2021 et ses vicissitudes et je me dégote un bon plan ZI pour ce soir à Woldegk , 50 bornes plus haut, une grande ZI à 10 kms seulement de la ferme où je recharge demain , car pas de possibilité pour se poser chez ou autour de mon client.
À 17h donc ,  je suis en coupure à Woldegk-ZI où je trouve une bonne place avec le soleil dans le dos , je retourne marcher un  moment dans la paisible campagne poméranienne . Il fait encore chaud , et c’est bon pour ce que j’ai, comme dirait un célèbre carnetdeboriste franc-comtois qui se reconnaitra….😉.
Re-toilette au bidon , une bonne assiette de pâtes fraîches/paupiettes de veau au réchaud , que demande le peuple , ça suffit à mon bonheur ce soir !
Je prépare ma CMR et mon itinéraire pour demain en buvant une infusion ,  au coucher du soleil , vitres ouvertes sur les odeurs de la campagne, l’herbe coupée , on a encore des bons moments dans ce métier ….

Jeudi 10 juin

Je quitte la tranquillité de la ZI de Woldegk à 7h30 , le contact ne me voulant pas avant 8h sur place.

Beaucoup de panneaux de circulation et publicitaires sont écrits en allemand et polonais , il y a certainement beaucoup d’ouvriers agricoles qui bossent ici depuis la Pologne toute proche, on est à une soixantaine de kms de Szezcin  ,les voitures et camions en plaque PL sont nombreux.
Lorsque j’arrive  , les 2 grues sont en place  , et sortent la deuxième vis de pressage d’huile bio composant l’ossature de mon rechargement  , 2 vis de 9350 kgs pièce donc  , plus 4 à 5 tonnes de vrac divers ,tuyaux , cuves , caisses de matériels , pour un petit industriel du bio du 42 …..
Georg notre contact sur place me confirme que la journée entière ou presque est prévue pour tout charger à la grue , et l’avenir lui donnera raison…
Je fais mon plan de chargement avec lui et les 3 (dé)monteurs français ,  l’armoire électrique en premier , sanglée au tablier , ensuite 3mpl de vrac divers ,ensuite les 2 vis l’une derrière l’autre au centre  pour ne pas être en surcharge sur la selette ,maxi 10 / 11 tonnes sur l’essieu moteur en D , plus lourd c’est verbalisable …Restera 2m50 derrière pour finir avec du vrac , des cuves , 3 caisses gerbées entre elles , les 2 autres gerbées sur le corps même de la seconde vis en hauteur , un joli Tétris .
Même en calculant bien notre coup , faudra disquer quelques bouts de ferraille qui dépassent  , refaire plusieurs fois ici ou là  , tout ça sous un soleil de plomb et sans  ombre ,on finira rouge et bien sale !
Je soigne l’arrimage , des patins anti-dérapants de partout et à chaque  » étage »  , équerres  à volonté  ,  sangles idem,  j’en utilise  26 , mon coffre finira vidé , comme moi.
J’en termine vers 16h30 , j’avais repéré une douche à l’étage dans le bâtiment, malheureusement l’eau est coupée depuis longtemps  , mais Georg et les gars me montrent le tank à eau dans un coin de la cour , c’est là qu’ils se débarbouillaient les soirs…Je récupère mon gel douche , une serviette et des fringues propres, et me lave entièrement comme ça , au cul du tank et les pieds dans l’herbe , c’était pas du luxe , et ça fera un bon souvenir !
Je pars enfin vers 17h , lesté de 22 / 23 tonnes , d’ici c’est quasiment 1450 kms pour rentrer au dépôt 42 , doucement d’abord sur les petites Landstraße bombées et défoncées  , chargé lourd et haut , jusqu’à attraper l’A20 à Pasewalk-Nord , point le plus haut de ce voyage.
Je m’arrête manger un bout au nord-Est de Berlin sur l’A11 , contourne la capitale par le Ring Ouest et reprend l’A9 direction Sud , Leipzig.
Le soleil se couche quand je franchis l’ Elbe près de Dessau , je choisis d’aller passer ma nuit un peu plus bas , sortie Oranienbaum , dans la grande ZI proche de l’A9  où j’ai vidé mon premier client mardi ….. la boucle est bouclée !
21h45 fin des opérations , je serai au calme ici , avec les bois côté passager , sans vis-à-vis.

Vendredi 11 juin

Il y a bien longtemps que je n’ai pas été aussi loin de ma base un vendredi , m’enfin y a rien qui presse , juste à se laisser descendre sur 700 kms aujourd’hui.

Je repars à 7h45 après 10h de coupure , et garde le même itinéraire qu’à la montée via Eisenach et Frankfurt , plutôt que l’A6 > Nürnberg et Heilbronn , axe  chaotique et accidentogène , notamment sur le tronçon Heilbronn > Sinsheim…
Je m’arrête manger à Eisenach, comme mardi matin 1h tranquille , casse-croûte et photos.
Je passe Francfort vers 16h , et plutôt bien pour un vendredi à cette heure là  , et m’arrête 50 min au sud d’Heidelberg pour remettre les compteurs à 0 , et accessoirement prendre une bonne douche , 3€ natürlich , c’est propre et grand , oui c’est allemand !
Je repars vers 17h30 pour le dernier round du jour , le pire , Bruchsal / Karlsruhe / Freiburg  , des zones de travaux à profusion , des touristes et donc des caravanes ( déjà…..)  Toujours pénible cet axe du Bad-Würtemberg , encore que maintenant il y a des portions à 3 voies où l’on peut enfin doubler les norias de Hoptrans , Transtira , Hegelmann et autres Finéjas , avec leurs Actros 450 d’entrée de gamme , Schmitz de base , et les régules poussives à 80 , 82 valorisées façon Écologie sur les portes, voulant nous faire croire que tout cet  » Eco-System » protégerait l’Ecosystème  , le vrai , que dans leur sillage pur et respectueux , tout sentirait d’un coup  la chlorophyle , l’humus …. À bon entendeur…..🙄
Je sors au Sud de Freiburg à la sortie Hartheim  , mais l’autohof semble plein et refoule jusqu’à l’entrée….
J’ai un excellent plan B à 2 kms , la grande ZI de l’ancien aéroport US , blindée elle  aussi , mais je finis par me garer dans un coin , il est 19h45 , 700 kms , fin des opérations pour aujourd’hui , une gamelle et au lit.

Samedi 12 juin

Lever 4h15 , toilette , rangements ,  je prépare mes biscuits et ma tablette de chocolat  à déguster en roulant ( chacun ses faiblesses 😆🙄)  , et à 4h50 , j’ai 9h05 de coupure  , Dame RSE est satisfaite , c’est reparti pour la dernière ligne droite  , 480 kms direction le dépôt  42  via la frontière française d’Ottmarsheim toute proche .

Je coupe 48′ à Bourg en Bresse vers 9h30 , il y a des années que je n’avais pas roulé un samedi , les français nous sommes bien minoritaires face au rouleau compresseur des divisions Est-Européennes , rien de nouveau finalement  , ….Pas grand-chose à dire sur la descente via A36 et A39 , heureusement que les Podcasts France Culture existent pour tromper l’ennui….
Au dépôt à Villars 42 vers 11h45 , fin d’une  belle semaine exotique  avec 3030 kms et de belles images  plein la tête !!

Une semaine en DAF XF€6 Super space cab avec Juju chez IVF

Habitué (trop?) aux marques allemandes, Juju42 a testé, sur ses parcours habituels entre le Rhône-Alpes et la Ruhr, un DAF XF€6 SSC.

On le sait, Juju est un garçon intelligent, et très objectif, pas le genre de garçon à acheter un âne dans un sac !

Pour connaitre ses très intéressantes conclusion, cliquez ici :  https://www.fierdetreroutier.com/phpbb3/viewtopic.php?f=19&t=14608

 

En Allemagne avec Juju42

Je vous invite à partager quelques jours de mon quotidien entre Rhône Alpes et l’Ouest de l’Allemagne. Rien d’exotique, de la distribution en petit international.
Soyez les bienvenus à bord !!

Dimanche 8 février 2015
Il est environ 22h30, j’arrive au dépôt à Villars 42, proche banlieue stéphanoise.
Moi aussi, comme Ray ici ou d’autres encore, j’ai l’habitude depuis de nombreuses années de rejoindre le camion en soirée le dimanche, partant tôt chaque lundi (entre 1h et 1h45), afin de ranger mes affaires sans courir, ma bouffe dans le frigo, étudier ma tournée et chercher via Google le ou les clients inconnus sur ce tour…

J’ai 9 livraisons cette semaine, semi pleine comme un oeuf, la première près de Baden-Baden, et le dernier client à Bochum au coeur de la Ruhr. J’en connais 7 sur les 9. Demain lundi je devrais pouvoir en vider 3 … Je m’allonge pour une sieste vers 23h30, réveil à 1h00.

Lundi 9 Février 2015
Toilette à l’eau fraîche et claques dans la tronche, bouteille de jus d’orange, brioche et tablette de chocolat à portée de main, je démarre à 1h20 et met le cap sur Lyon. L’unique avantage de cette heure très matinale (ou tardive, au choix !!) est de passer l’A47 à la régule… Poste branché sur Culture, souvent de bons reportages la nuit, puis à 3h sur Inter, j’enquille l’ultra soporifique A39 après Bourg en Bresse. Je déjeune en roulant, mate un peu FDR, rien d’autre à faire, un CD bien fort des Smashing Pumpkins vers Dôle m’aide à dépasser Besançon et je m’écroule pour 50 min de sieste vers Montbéliard.

À 8h30 je suis à l’ouverture du… Leclerc de Sélestat-Nord, avec les papies et mamies du cru déjà fin prêts pour remplir leur caddie !! Je ressors quelques minutes plus tard avec du pain et 2 ou 3 bricoles, casse la croûte pour valider ma deuxième 45′ presque 55′ et j’enquille de nouveau l’A35 richtung Nord.

À 10h45 j’arrive à Sinzheim, Baden-Baden, chez le premier client, petite cour, mais en 16′ j’ai vidé mes 3 palettes de papier. Je garde le rythme, arrive 30 minutes plus tard chez Mercedes à Gaggenau, au pied de la Forêt Noire (Schwarzwald) encore enneigée.
Enregistrement, puis 20′ d’attente débâché, toujours un peu mous les gonzes ici… On me décharge enfin mes 3 box de pièces auto et je file pas bien loin, à Rastatt, chez la marque à l’étoile là aussi, j’ai 4 bacs seulement… Procédure contraignante chez eux, car je dois venir ici uniquement pour m’enregistrer, ils me rendent mes documents 15 minutes plus tard et m’envoient comme la fois précédente vider 7 kms plus haut à Bietigheim chez un transporteur, Schmitt, qui leur assurera ensuite la relivraison des pièces en flux tendu ultérieurement… et bien sûr impossible de monter directement chez ce transporteur, il faut d’abord aller perdre du temps à l’usine… J’ai essayé une fois…
En plus ils chargent d’abord leurs camions chez Schmitt… Je vais y rester 55 minutes, alors qu’en 30 secondes et deux coups de fourche le cariste me délestera des 2500 kgs de pièces acier. Malgré tout j’ai vidé les 3 impératifs du jour, mais ça me semble tendu pour arriver au quatrième à Landau… D’ailleurs je n’y arriverai pas, me manque 15’… et il serait fermé à 15h. J’échoue donc en 9h52 dans « l’industriegebiet Ost » sortie Landau-Zentrum, une z.i. au calme, à 1 km de l’autobahn, vers 15h30.

J’ai à peine rempli mes papiers, clôt ma journée et commencé de nettoyer mes vitres et rétros qu’un FH 4 bleu nuit familier vient à ma rencontre… vous l’avez reconnu…. Samu natürlich !! 1h30 de discut’ toujours enrichissante avec un passionné pur jus.Finalement Sam s’en va vers des contrées lointaines et riantes, la Hesse et le Holstein, moi je mange un bout vers 18h30 et m’écroule définitivement peu après… Fin des opérations…. Zzzzz…

Mardi 10 Février 2015
5h45 je quitte ma z.i. pour rejoindre le quatrième client, j’y suis à 6h05, pas un camion, à quai direct et j’en sors 16′ plus tard allégé de 6 palettes. L’efficacité germanique dès l’aube, j’aime !! Je file sous la douche, puis enfin réveillé je continue mon chemin tout en avalant mon p’tit déj, des Granola… you know ??!…

J’arrive à Raunheim, banlieue de Frankfurt/Main sans avoir coincé dans les « stau » (embouteillages) habituels. Il est 9h. La cour est immense chez DPD, un des leaders du petit colis en Allemagne. Des nuées de fourgons 20 mètres cube surchargés quittent la ruche en saturant la barrière de sortie, s’en allant livrer à Birgit, Karl-Heinz ou Dieter une commande internet, aux 4 coins de la métropole germanique. Moi j’ai une heure d’attente, je m’en doutais, étant déjà venu une fois l’an dernier ici, ils ne vident l’Import qu’à partir de 10h.

10h15, les 7 palettes sont sur le quai, ma CMR signée/tamponnée, je reprend l’A3, ses zones de chantier, ses interdictions de doubler, et son trafic poids-lourds dense direction Koblenz/Köln, prochaine livraison à Neuwied 56566 où je me pointe à 11h30, et y a de l’attente, 1h environ finalement. J’aurais le temps de discuter avec Emil, un tchèque de 48 ans qui roule chez Ritter, boutique familiale autrichienne, beau matos, très bon boulot, mais question salaire : 2300 €/mois max frais inclus pour de l’inter. Bref, je refais 6 palettes chargées volontairement en vrac sur les 11 au total, des colis légers de pansements, car il y avait 18,50 mètres linéaires à faire rentrer pour cette tournée et tout n’est pas gerbable ni dépalettisable. Chaque semaine j’ai des palettes à refaire. Heureusement ce client régulier n’est pas regardant, et les gars du quai, débordés, me foutent toujours la paix.

13h30 je décampe en pensant déjà me faire refouler au prochain, à Cologne, qui ferme tôt selon mes souvenirs. Arrivé à 14h50, on me prend in-extrémis, à 15h j’étais bon pour végéter jusqu’au lendemain 7h. Mes 4 palettes sont vidées, me reste donc plus que 2 clients pour demain mercredi, 4 palettes à Wülfrath près de Düsseldorf, et 1 caisse de 1200 kgs pour Bochum. Je monte d’ailleurs directement à Wülfrath, où je termine ma journée dans une zone industrielle que je connais près du client, il est 17h15.

Mercredi 11 Février 2015
À 7h je suis en warning devant la boutique, on m’indique à quelle entrée s’adresser, et 15 minutes après les portes de la Schmitz se referment direction Bochum. À cette heure matinale de migration forte de l’employé allemand moyen, la Ruhr s’allume en orange bien mûr, voir en rouge sur certains axes. Malgré tout, je ne perds que peu de temps sur l’A40 vers Essen, coeur névralgique du « Ruhrpott » comme ils disent.

À 9h j’arrive à Bochum, chez ce client régulier lui aussi, peu de camions heureusement, la caisse est rapidement vidée. Ma patronne m’avait annoncé hier 3 ramasses pour la descente, et la première ici même, sur place, mais elle attendait confirmation. Les filles du bureau me confirment les 8 palettes et la caisse pour St Étienne, 6 500 kgs. J’en charge quelques unes sur place, et les autres de l’autre côté de la rue, à 30m, leur nouveau et vaste dépôt, et tant mieux car l’ancienne usine est galère et super étroite pour tourner. Je pousse mes caisses au tire-pal’, ça fait de l’exercice, et c’est plus rapide que le débâchage latérale de ma Schmitz, très bon matériel certes, mais en version ridelles et sandows comme la mienne c’est plus chiant qu’une rideaux coulissants traditionnelle. J’aurais du poids devant, impeccable, 6 500 kgs sur 3,50m, et en plus du St Étienne, certainement le dernier client, pour une fois je serai peut être chargé dans l’ordre, c’est pas souvent en travaillant en multi-lots !!

La seconde ramasse est à Dortmund, à 15 kms, on m’annonce 8800kgs pour 14 palettes soit 7mpl pour Villemoirieu dans le 38. J’y arrive pendant leur pause vers 13h, j’en fais autant et casse la figure à deux tranches de jambon et une assiette de salade verte dans cette région de grisaille, du vert fait toujours du bien ! C’est un supporter de l’ASSE qui le dit…

Retour aux affaires peu après, ces cons m’obligent à débâcher le côté alors que je leur ai demandé un trans pal’ pour gagner du temps et me faciliter la vie je vous rappelle ! Ma troisième et dernière ramasse fermant assez tôt apparemment, Ils refusent de me charger par l’arrière,donc j’ouvre un côté, et là le cariste super maladroit et pas rassuré pose les 2 premières à l’arrache, pas serrées, des 100×100 de 700kgs pièce… là ça me gonfle sévère, je leur demande le trans-palette pour les placer correctement, je sécurise avec des patins en caoutchouc dessous pour faire plaisir aux fonctionnaires de la BAG ou POLIZEI en cas de contrôles, et je tirerai les 12 autres une par une toujours au tire-pal afin de bien les serrer entre elles au milieu. Ils m’ont bien fait ouvrir le côté pour rien.

C’est pas tout à fait fini, je leur demande (gentiment) 14 palettes perdues vides pour sangler par dessus, y en a un grand tas à côté du bâtiment. Parce que sangler des rouleaux d’inox debouts sur palettes sans palettes vides dessus c’est pas efficace, ni homologué par la Gestapo. Refus catégorique, sinon il faudra les payer. Pas de chance, je suis tombé sur des cons, c’est vraiment rare en Allemagne ou les expéditeurs sont bien formés aux techniques et responsabilités d’arrimage !! On m’en donne toujours autant que j’en veux des palettes. Donc je sangle en coinçant mes équerres plastic, pas top du tout mais j’ai pas mieux comme opportunité.

Cons jusqu’au bout, ils refuseront même de signer ma CMR, prétextant que la marchandise n’est pas la leur (vrai) et qu’ils n’en sont que les stockeurs… No comment.

À 14h15 je me sauve direction Hattingen, toujours dans la Ruhr, à 30 kms au Sud direction Wuppertal. Reste 3m derrière, ma patronne m’annonce 6 palettes 80×120 et 2800 kgs pour Andrézieux 42, tout bien. 15h pétantes je recule devant le portail, on charge les 6 palettes, le responsable des expéditions vient discuter 5 minutes, étant surpris de voir un camion français et un conducteur de l’Hexagone parlant allemand charger pour la France… Ben voyons !

Portes refermées, je me pose dans un coin de cette ancienne friche industrielle reconvertie en zone d’activités moderne et décide de faire 45′ au soleil enfin sorti, afin de prendre ma douche, de goûter, et accessoirement pouvoir repartir à 16h pour une dernière tranche de 4h30 !! Le goûter s’est bien passé, et c’est ensuite que ça a « merdé ». Passé Remscheid sur l’A1 direction Cologne, trafic ralenti…. puis à l’arrêt complet entre Burscheid et l’autobahnkreuz Leverkusen… puis au pas… Bref comme souvent ici ça coince fort… 1h45 pour les 30 kms autour de Köln, pied dedans dès mon retour sur l’A1 vers Euskirchen, mais le mal est fait, et je me pose en 4h25 de guidon et « seulement » 190 kms dans la paisible et toujours déserte Industriegebiet de Prüm-Dausfeld, à 500m de la B51, il est 20h30 et ça caille dans le nord de l’Eifel. Je me fais une bonne bouffe à base de paupiettes de veau et ratatouille, réchaud posé sur la passerelle derrière la cabine, écoutant les rugissements lointains des frigorificos bulgaro-roumain cavalant sur la 51 en contrebas… Et je capte Culture et Classic21 en FM… Le bonheur tient à si peu de choses.

Jeudi 12 Février 2015
Je repars à 7h30 de mon havre de paix germanique, m’arrête 1h plus tard en frontière D/L à Wasserbillig pour m’acquitter de mon Eurovignette et jeter un oeil en boutique, 20′ plus tard je file à 90 km/h direction Luxembourg et la France, où je rentre peu après.

Si je veux pouvoir vider mon Villemoirieu 38 aujourd’hui, avant 17h30 selon ma patronne, faut pas chômer.

Je rejoins en 4h25 l’aire de Langres-Perrogney sur A31, mange en 32 minutes et repars aussitôt m’infliger pour la deuxième fois cette semaine l’A39 Dijon > Bourg en Bresse en intraveineuse. Quelle purge cet axe !

Je prend quand même le temps d’une douche à l’aire du Poulet de Bresse, ne sachant pas à quelle sauce je serai mangé ce soir, puis je sors à Ambérieu, et via les Départementales du Bugey puis du 38 j’échoue devant chez le client à 17h10… Les gars sont partis, mais le boss, que j’ai eu dans l’après midi au téléphone, me vide sans problèmes mes 14 palettes (le lot du milieu) par le côté et au trans-palettes ça se fait bien, avec des interlocuteurs intelligents et compréhensifs !!

À 18h j’appelle la Kommandantur, bien marché cette affaire. Avant d’aller vider demain mes 2 derniers lots pour le 42, ce qui serait trop facile apparemment, je dois charger EN TABLIER demain à 7h à Lentilly 69, 9 cylindres acier, 5500 kgs et 4 mpl pour Bochum semaine prochaine. C’est un client « direct », donc compréhensif et sympathique, pas de problème pour refaire mon chargement chez eux. J’ai juste les heures pour y monter normalement, via l’A432 et l’A46 Nord, je sors à Genay et coupe par les Monts d’Or, Lissieu, passant devant chez TFRO ou TFMO, on ne sait plus…!!!

Je me pose enfin avec 9h48 de guidon et 765 kms à Lentilly 69, il est presque 20h, dans la ZA de Charpenay déserte. Une assiette de pâtes fraîches au parmesan, une compote, un peu de chocolat parce que faut pas se laisser abattre, vaisselle, ménage, FDR et dodo.

Vendredi 13 Février 2015
Comme prévu, à 7h10 je recule dans le hall étroit de cette petite boutique à Lentilly, pour charger au pont et en tablier mes cylindres. Première chose, me faire passer le trans-pal, et je recule donc mes 2 lots de l’avant vers les essieux de la semi, dégageant 4,50m devant (le plus long des 9 rouleaux mesurant 3, 95m). Je fais gaffe à laisser 2m vides derrière, par sécurité, car il y a encore 10 tonnes sur 6m avec les 2 lots pour le .Y a pas à dire, ça réveille de brasser des caisses de 800 kgs à 7h30…

Une fois le chargement refait, j’ouvre mon toit par l’avant en grimpant sur le porte-flexibles de la Schmitz, et les pieds sur les extincteurs, je dégraffe les oeillets de maintien. Puis je positionne les bandes de « gummi » ou patins, sous les 3 bois de calage, en ayant mesuré avec le pontier l’intervalle nécessaire entre chaque bois, car il y a plusieurs longueurs différentes de cylindres. On fait ça bien propre, arrimage et fermeture, papiers, douche.

A 9h30 je repars et file vider le Andrézieux via l’Arbresle et la RN 89, puis Chazelles/Lyon, et je débarque à 10h45 chez mon client. 10 minutes plus tard je remet en route pour aller chez le troisième et dernier, à St Étienne, à 5 kms du dépôt où je suis officiellement vide à 11h50 (Sauf les cylindres devant si vous suivez les copains …!! ).

Ma patronne m’envoie ramasser 9 palettes pour l’Allemagne à 6 kms de là, arrivé à midi… et bien on charge ! 8 palettes pour Neuwied et 1 palette 100 kgs pour Hanovre, palette qu’il faudra aller poser chez Heppner 4. Hélas mon boss ne veut quasiment plus monter sur Hanovre et préfère la vendre. 2 ans en arrière j’y montais tous les mois, Shit !

Après je descend chez Dimotrans St Étienne, je coupe 45 minutes dans leur cour pendant qu’un régional de chez Duarig charge de l’…. bref charge… Un bel ensemble que j’observe de près en cassant la croûte au soleil. Y a de la Durabright qui scintille !
13h30 je ramasse 6 palettes pour la Suisse, j’attends 14h15 une douane d’un lot chargé ce matin par un collègue, et je vais poser ma palette pour Hanovre avec regret chez Heppner, à 500m d’ici.

« Reviens au dépôt » …
Dans notre cour à 15h, c’est pas encore l’effervescence, alors j’en profite pour faire mon Gasoil et l’AD Blue avant que ce soit le Bronx, et on vide ensuite toutes les palettes de Suisse et d’Allemagne que j’ai ramassé. Je commence de charger ce qui est déjà à nos quais, mais il m’en manque pas mal. Alors on s’ aide entre nous à vider les ramasses, et à les recharger dans la bonne semi pour les départs Suisse de lundi. Je redescend vers 17h au volant du Partner de la boîte chercher une douzaine de douanes Export Suisse chez un transitaire connu rue Necker.
Puis de retour au dépôt on boucle les camions au gré de l’arrivée des collègues.

À 19h j’ai refermé mes portes, cabine rangée, parfumée et nettoyée, semaine terminée, je jette mon sac dans ma voiture et gagne le droit de retrouver ma famille.

J’espère ne pas avoir été trop pénible dans cette narration, et je remercie tous ceux qui sont arrivés jusque ici !!! Comme le dit si bien notre Pierre 70 « Bon week end, et que le ciel vous tienne en joie !!! »